La littérature de la jeunesse au service de l apprentissage de la lecture -cycle 2 Virginie Morel, PIUFM 16 février 2011

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1 La littérature de la jeunesse au service de l apprentissage de la lecture -cycle 2 Virginie Morel, PIUFM 16 février 2011 Rappel du BO : hors-série n 3 du 19 juin 2008 CYCLE DES APPRENTISSAGES FONDAMENTAUX - PROGRAMME DU CP ET DU CE1. L apprentissage de la lecture, de l écriture et de la langue française, la connaissance et la compréhension des nombres, de leur écriture chiffrée (numération décimale) et le calcul sur de petites quantités constituent les objectifs prioritaires du CP et du CE1. Les acquisitions en cours dans ces domaines font l objet d une attention permanente quelle que soit l activité conduite. /.. FRANÇAIS : À la fin de la grande section de l école maternelle, l élève a largement accru son vocabulaire, il est capable de s exprimer, d écouter et de prendre la parole. Il comprend un récit lorsqu il est lu par un adulte, il distingue clairement les sonorités de la langue et les signes graphiques qui les représentent à l écrit. Au cours préparatoire, l apprentissage de la lecture passe par le décodage et l identification des mots et par l acquisition progressive des connaissances et compétences nécessaires à la compréhension des textes. Le code alphabétique doit faire l objet d un travail systématique dès le début de l année. Les apprentissages de la lecture et de l écriture, qu il s agisse des mots, des phrases, des textes, menés de pair, se renforcent mutuellement tout au long du cycle. Ces apprentissages s appuient sur la pratique orale du langage et sur l acquisition du vocabulaire ; ils s accompagnent d une première initiation à la grammaire et à l orthographe. Les élèves apprennent progressivement à maîtriser les gestes de l écriture cursive : écrire en respectant les graphies, les liaisons entre les lettres, les accents, les espaces entre les mots, les signes de ponctuation, les majuscules. 1 - Langage oral Au cycle des apprentissages fondamentaux, les élèves continuent leur apprentissage du langage oral : respect de l organisation de la phrase, expression des relations de causalité et des circonstances temporelles et spatiales (pourquoi? quand? où?) ; utilisation plus adéquate de la conjugaison, emploi d un vocabulaire de plus en plus diversifié ; prises de parole de plus en plus longues et mieux organisées, dans le respect des sujets traités et des règles de la communication. Ils s entraînent à écouter et comprendre les textes que lit le maître, à en restituer l essentiel et à poser des questions. La pratique de la récitation sert d abord la maîtrise du langage oral, puis elle favorise l acquisition du langage écrit et la formation d une culture et d une sensibilité littéraires. Les élèves s exercent à dire de mémoire, sans erreur, sur un rythme ou avec une intonation appropriés, des comptines, des textes en prose et des poèmes. 2 - Lecture, écriture /. 1

2 Savoir déchiffrer et reconnaître la signification des mots ne suffit pas pour lire une phrase ou un texte ; les élèves apprennent aussi à prendre appui sur l organisation de la phrase ou du texte qu ils lisent. Ils acquièrent le vocabulaire et les connaissances nécessaires pour comprendre les textes qu ils sont amenés à lire. L appui sur un manuel de qualité est un gage de succès pour cet enseignement délicat. La lecture de textes du patrimoine et d œuvres destinés aux jeunes enfants, dont la poésie, permet d accéder à une première culture littéraire. Les élèves apprennent à rédiger de manière autonome un texte court : rechercher et organiser des idées, choisir du vocabulaire, construire et enchaîner des phrases, prêter attention à l orthographe. Ils sont amenés à utiliser l ordinateur : écriture au clavier, utilisation d un dictionnaire électronique. 3 - Vocabulaire Par des activités spécifiques en classe, mais aussi dans tous les enseignements, l élève acquiert quotidiennement des mots nouveaux. En étendant son vocabulaire, il accroît sa capacité à se repérer dans le monde qui l entoure, à mettre des mots sur ses expériences, ses opinions et ses sentiments, à comprendre ce qu il écoute et ce qu il lit, et à s exprimer de façon précise à l oral comme à l écrit. La compréhension, la mémorisation et l emploi des mots lui sont facilités par des activités de classement qui recourent à des termes génériques, par une initiation à l usage des synonymes et des antonymes, par la découverte des familles de mots et par une première familiarisation avec le dictionnaire. 4 - Grammaire /.Les élèves distinguent le présent, du futur et du passé. /. La connaissance des marques du genre et du nombre et des conditions de leur utilisation sera acquise à l issue du CE1. 5 Orthographe.../ Au CP et au CE1, l attention à l orthographe est développée chez les élèves et les moyens de la contrôler sont progressivement mis en place. NB : même si les programmes de 2008 sont moins détaillés que ceux de 2002, ils préconisent toujours l appui sur les textes de littérature jeunesse, qu ils s agissent d albums, de textes du patrimoine ou de poésie I Compréhension : Pour l apprentissage de la compréhension, il s agit de se faire un déroulé mental à partir de signes graphiques ; cela suppose que les élèves aient maitrisé le décodage, ou que l enseignant le prenne en charge Compréhension et interprétation doivent être dissociées quand on les étudie ; en fait les deux opérations sont conjointes quand on lit, mais il est utile de regarder précisément les deux aspects. Compréhension : on regarde de près ce que le texte veut dire, c est à dire l explicite : trame ; façon dont le récit s organise, les personnages (qui sont-ils? comment sont-ils désignés dans le texte? rapport entre eux? 2

3 - De quoi parle l histoire? - Action des personnages, l espace et le temps ; le sens littéral : il s agit d un apprentissage à continuer - Le vocabulaire : la recherche nous montre que la familiarité de groupes de mots aide à en comprendre le sens - Les enchainements (surtout logiques, chronologiques en cycle 2), et les reprises des personnages (les pronoms) - Le travail des inférences : opérations qui supposent d aller chercher des éléments épars ; apprendre à repérer les indices La littérature jeunesse va dans le sens d une plus grande complexification : répartition toujours plus marquée texte-image (Véronique Boiron) - Illustration de ce propos : «N oublie pas de te laver les dents» : Philippe Corentin (abonnement EDL) : le texte ; qui parle? (c est de plus en plus fréquent de ne pas préciser qui parle ; l enfant doit le faire seul) - Autre élément : auto référentiation : (les auteurs considèrent qu on doit connaitre leurs œuvres ; cf. G de Pennart ; A Ramos (c est moi le plus fort, c est moi le plus beau) ; idem pour celui-ci (mise en abime, cf. V ache qui rit) - Omniprésence des albums : pratiquement on ne trouve que des albums en cycle 2 ; les images leur sont toujours données. Il faut être vigilant et permettre aux enfants de construire aussi des représentations des textes par la lecture - Transmission des valeurs de la société dans les albums ; représentation de la famille Quel Travail sur la compréhension? Relation texte image : - il faut se demander comment on va présenter l album aux élèves? Présenter d abord le texte, d abord l image??? ensemble? Il serait judicieux de varier ces présentations et de penser le dévoilement des supports - la lecture magistrale des enseignants est une première entrée dans la lecture fine (nécessité lecture active) ; mais il faut varier les formes de lecture présentées aux E (exemple : «et pourquoi?», 3

4 M Van Zeveren, Pastel, EDL : le texte n et pas univoque, il peut présenter des interprétations différentes (les possibles du texte) ; si on lit de façon neutre les élèves ne comprennent pas, c est la mise en voix, l accentuation qui permet aux E de comprendre toutes les subtilités du texte par la lecture Quel travail permet l apprentissage de la compréhension? - Choisir un angle (une ou deux compétences à cibler dans une séquence) travaillés de façon régulière (se familiariser par la régularité- stabilisation des tâches) - exemple : «Michka le petit ours de Noël, Père Castor» : choix par l enseignante d un angle de travail ; questions sur le sens général, les personnages, vrai, faux ; texte à trous où les enfants ont à prendre des indices (comment on s y prend? démarche travaillée avec les élèves) pour l ensemble des séances autour de cet album : ces stratégies méritent d être travaillées régulièrement et plusieurs fois pour que les élèves soient en situation de réussite à tout coup ; - on peut choisir également le repérage du vocabulaire ou bien de repérer les paroles du personnage (sur un album précis) Se repérer dans la trame du récit : exemple de travail de classe à partir de deux albums de C Boujon «Bon appétit monsieur Lapin» : dictée à l adulte collective pour chaque album (reformulation) et l interprétation (le message de l auteur), ou bien «Bon appétit Monsieur Renard» ; idem pour que les élèves en cycle 3 arrivent à faire un résumé - Autre exemple : «L anniversaire de M Guillaume», Anaïs Vaugelade, EDL - : récit répétitif ; pour accompagner la prise de conscience de ce récit répétitif, on peut construire un tableau récapitulatif avec les personnages, les plats préférés, les synonymes de «préféré», de «grand restaurant», les objets objectif final ; écrire un 4

5 autre anniversaire de M Guillaume, en s aidant du premier tableau, et donc écriture «à la manière de - Autre exemple sur la trame de l histoire : «Le géant de Zéralda» de Toni Ungerrer ; en vignettes successives, écrits de travail ; - ce qui se passe au début de l histoire ; ce qui arrive (élément déclencheur) ; la solution ; à la fin l histoire se termine - Chaque nouvelle trame doit être schématisée pour que les élèves se l approprient - C Poslaniec dans son ouvrage «Comment utiliser les albums en classe» explique qu un certain nombre de récits fonctionne avec des scénarios identiques (Ex / la Brouille de C Boujon, ou bien autre exemple «Bascule» ; Yuichi Kimura, Didier Jeunesse - Premier temps, on s arrête au crescendo de la Brouille (début, élément déclencheur répété qui va crescendo) ; et puis lecture de la dernière page ; que s est il passé entre les deux pages? L objectif est de venir sur des récits récurrents, de repérer les invariants (la ruse, les personnages antinomiques ) Le travail sur le temps dans le récit : le narrateur met l accent sur 3 points : - A quel moment je me place : Le narrateur raconte le plus souvent l histoire au moment où cela se passe ou bien non précisé (mais dans Dents d acier, récit de Grand-père 5

6 Les escargots n ont pas d histoires, récit d un escargot) : différence entre le narrateur et l histoire - faire prendre conscience de la durée du récit Cf. ; «un bébé tombé du ciel» (Archimède, récit qui apporte des infos documentaires surtout sur les animaux) : faire prendre conscience de la durée du récit (et le vocabulaire) ; chute de naissance (qu est-ce que c est pour des élèves européens? tomber de deux mètres ); si cela n est pas formulé explicitement les enfants ne peuvent accéder à ces subtilités ; associer la durée des quatre semaines, au nombre de pages utilisé dans l album - «La querelle», T Toshiba : très intéressant sous l angle du temps : que s est-il passé? suite de pages en Noir et Blanc, puis retour de la couleur... ce jour-là : régularité travaillée en CP, puis ordre chronologique au CE1 ; il est nécessaire que les E aient avant lecture des points d appui pour comprendre (connaissances antérieures, par exemple la seconde et troisième de couverture), puis formulation d hypothèses) Chronologie et trame par la production d écrits : Inversion d ordres «Et pourquoi»?, système de causalité inversé : travailler la systématisation des questionnements successifs ; la production d écrits sensibilise les élèves à une meilleure compréhension de l écrit : 6

7 Il est intéressant de se constituer un répertoire des mots indiquant le temps (collection) ; qui servent d articulations au récit qui se trouvent plutôt au début, plutôt à la fin ou au cours du récit Vocabulaire : L Afrique de Zygomar : verbes de paroles en fonction des personnages un possible ; relevé des «C est à moi, ça», M Van Zeveren récit répétitif, peu varié mais travail possible de production d écrits Les référents qui désignent des personnages (les petits mots) : pronoms personnels ; par exemple chez C Boujon «La queue cassée» procédé de reprise des personnages, comment sont désignés les personnages, par des textes à trous, si l histoire est simple, on peut s e focaliser sur un des aspects de la compréhension Conclusion sur cette partie : ce travail permet aux élèves d automatiser un certain nombre de conduites déjà littéraires ; il y a nécessité d équilibre entre décodage et compréhension aussi bien en CP (par l écoute par exemple) qu en CE1 7

8 II Interprétation : Cela consiste en une lecture fine et un travail sur l implicite (ce que ne dit pas exactement le texte, les blancs du texte, ce que le texte ne dit pas mais qu il est nécessaire de faire réapparaître) On sort du sens littéral, on prend d e la distance, on va apprendre tout ce qui est sous-jacent dans le texte (lien avec le cycle 3) Les inférences ; repérer des indices pour construire la réponse ouvrage de référence : Stratégies pour lire au quotidien (de la GS au CM2), CRDP de Bourgogne ; apprendre à inférer : répertoire des toutes les inférences (10 types dont le lieu ; l agent, le temps, l action ) Pour chaque entrée, sont proposées des devinettes très simples L important est de donner à voir ce qu on fait successivement (construction de la pensée) ; cf. le travail de M Brigaudiot ; «première maitrise de l écrit», Hachette «Le cinquième» (Norman Junge & Ernst Jandl / Ecole des loisirs ): Ordre inversé : quels sont les indices relevés? Comment peut-on construire la réponse? Par l expérience des enfants (salle d attente du médecin) et les indices prélevés dans le livre 8

9 Agathe (petite fourmi à la plage) : le lieu ; notion d échelle d un tout petit animal (relativité) puis observer et construire : prélever des indices et travailler les inférences en exercices décrochés et des albums ; idée du jeu de piste pour le lecteur ; énigme, enquêteur (posture demandée au lecteur, qui est différente de celle du travail de la compréhension) Dans le travail d interprétation, il y a recherche d indices pour compléter un texte Exemple : N oublie pas de te laver les dents ; pourquoi y a-t-il d e l eau autour du petit crocodile? Plusieurs interprétations possibles ; projection de l imaginaire du crocodile ou celui de la petite fille : On le justifie par la similitude avec des scénarios communs (cf. Papa!) ou bien «Max et les maximonstres» : rapport avec l eau (indices) ; l eau dans le rêve, comme vecteur de l imaginaire ; nécessité de se questionner montrer qu on peut avoir des lectures différentes, qu on doit trouver un indice qui permet de construire une hypothèse c est la démarche qui est intéressante à montrer et à faire construire : ouvrir des perspectives aux élèves. 9

10 Des ouvrages qui offrent deux pistes d interprétation, «Ami-ami», Rascal, D Girel (EDL) : «L enfant des sables» Nadja Ceux qui laissent un peu perplexes : «Dans la forêt» A Browne N oublie pas de te laver les dents Conclusion : Ne laissons rien de côté Pour aller plus loin :