Entre deux pluies COMPAGNIE AK ENTREPOT Solo pour une danseuse dès 2 ans // durée : 35 min En co-organisation

Transcription

1 Consultez le dossier «préparer sa venue au spectacle» sur notre site web : Ce dossier a été créé pour les adultes qui accompagnent les enfants au théâtre. Il propose quelques pistes et suggestions sur l accompagnement des jeunes spectateurs avant, pendant et après la représentation. Création Entre deux pluies COMPAGNIE AK ENTREPOT Solo pour une danseuse dès 2 ans // durée : 35 min En co-organisation organisation avec la MPT d Ergué-Armel > SEANCES Vendredi 29 mars + 9h h45 Samedi 30 mars + 11h + 17h Lundi 1 er avril + 11h + 17h Mardi 2 avril + 9h h45 > LIEU : Salle du Quinquis à Ergué-Armel

2 Le spectacle c est un espace-temps, une parenthèse, un entre-temps. c est une pluie sur fond noir. c est le bruit de la pluie c est un tas, un amas de galets noirs. c est le tas qui s écroule. c est le son du tas qui s écroule c est le bruit de la chute c est le corps dans la masse c est le trou blanc dans ce tas c est l infiniment petit qui mit bout à bout grandit. c est le chemin tracé c est le UN dans le tout. c est le galet noir caché que l on a trouvé. c est une course contre la montre, c est la répétition, c est le déplacement du tas d un endroit à l autre, sinon comment trouver sa place. est un solo pour une danseuse, 300kg de galets noirs, et quelques gouttes de pluie L équipe Mise en scène et scénographie // Laurance Henry Assistant et lumière // Erik Mennesson Interprétation // Séverine Gouret Musique, composition sonore // Philippe Le Goff Costume // Charlotte Pareja Constructions // Ronan Ménard

3 // SON HISTOIRE La compagnie AK ENTREPOT Créée en 1998 à Strasbourg, la compagnie est dirigée par un binôme, Laurance Henry et Erik Mennesson. Laurance Henry, scénographe, plasticienne et metteur en scène, formée aux Beaux Arts de Rennes et aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Erik Mennesson, éclairagiste et assistant metteur en scène, ingénieur de formation, a travaillé pour d autres compagnies avant la création de a k entrepôt. Autres spectacles de la compagnie : - «Prémices» en 2003, «Maintenant» en 2004, «Milles morceaux de moi», en 2006, «L oreille au bord des lèvres et l œil dans un nuage» en 2009, «Quand je me deux» en 2010 «A chaque fois les directeurs artistiques Laurance Henry et Erik Mennesson nous entrainent dans des univers esthétiques très beaux où la couleur, le geste, la musique sont au service d histoires fortes qui parlent de l intimité et du lien à l autre. La qualité de cette compagnie est de réussir à trouver le bon équilibre entre image qui en jette et le sens. Il n y a rien de gratuit, elle propose des représentations du monde très éloignées de la grisaille du quotidien qui sont comme des rêves, sans pour autant édulcorer la difficulté ou l âpreté de la vie. C est une compagnie qui enrichit le regard» D.Duthuit, Permission de Sortir, Un jour tout neuf, France Inter, avril 2012 // SA DEMARCHE 1 caillou, 2 cailloux, 3 cailloux je dessine mon chemin. 1 caillou, 2 cailloux, 10 cailloux je construis ma maison. 1 caillou, 2 cailloux un pour toi l autre pour moi. Se poser, pénétrer dans un espace, le transformer avec un peu de rien en un lieu de jeux, de rires, de larmes. Le faire devenir autre : jardin, château, chambre, bateau, mer au grés des mots, des regards et des confidences. Ce temps d enfance, ce temps du «Je» dans le «Jeu» où 3 cubes font de vous bâtisseur, pirate ou princesse ; où les regards sont grands, les émotions vives, les amours éternels. Chaque création se nourrit de ce temps enfoui en moi comme un incessant point de départ. L espace scénographique est la première pierre de chaque création : espace scénique, espace public, espace cocon, espace du funambule, espace jardin. Ou comment faire entendre chaque battement de cœur. L écriture, la seconde pierre, se définit ensuite : celle des mots nourrie de poésie sans barrière, ni mur ; celle des corps construite dans le jeu, le rapport à l autre, le plaisir d être.

4 Se construit ainsi un puzzle de mots, sens, sons, couleurs, matière, sans narration, autour d un fil. Quand la pelote est formée, la rencontre devient possible, la rencontre entre notre objet et l enfant. Libre à lui d y cueillir un fragment, de le glisser dans sa poche invisible, de repartir avec. Libre à lui de tricoter toutes les pièces et de construire un autre puzzle. L espace de la rencontre. Chaque représentation, unique est un dialogue à reconstruire, une promenade dans l intime : le notre créateur, celui de l enfant, de l adulte spectateur. Ce dialogue onirique et organique, ce temps où tout se donne et se prend ne se tisse qu en la présence de ces petites-grandes personnes.» Laurance Henry Metteur en Scène

5 Note d intention Une goutte, deux, trois, une pluie, une ondée à peine. Le silence, quelques notes de piano. La lumière, un trait de lumière. Au sol, des galets noirs mouillés. Ils attendent. Elle entre, regarde, observe, attend à son tour. Elle circule, s approche, hésite, elle entre dans le temps de la pierre. Soudain, elle y est, pénètre ce champ de galets. Et se glisse dans cet espace. Qui précède, la main? Le pied? Et le corps comment et quand? Dans cette matière, noire, dure, polie, où se pose-t-on? Faut-il patienter ou dans un brusque sursaut, une envie soudaine, une gourmandise qui déborde, tout défaire, y plonger? Tout pousser, d un côté puis de l autre, d une frontière à l autre? Amasser, très vite, comme mue par un dernier envol, se poser, écouter ce tas qui bat. Arracher à nouveau, faire sauter, éclater, envoler, rouler, déplacer. Et ce jeu de recommencer pour inventer sa place. Lentement soudain, entasser les pierres, une à une, en prendre soin. L espace blanc apparaît, se dégage, il accueille. Le tas de pierres noires mouillées bat. Ils s observent.

6 Démarche artistique du spectacle Sisyphe, personnage mythologique, condamné à pousser éternellement jusqu au sommet d une montagne un rocher qui en retombe aussitôt. Tel un Sisyphe, le jeune enfant fait, défait, refait... Mais contrairement à Sisyphe, dans cet acte éternellement recommencé, l enfant, pousse toujours plus loin les frontières de son monde. Il déploie son corps, le contraint dans le jeu, le découvre tout en force et fragilité, le construit. Dans la répétition de son jeu, dans la poésie de l acte, dans le geste quotidien, il écrit sa place. Etroite il l agrandit, chaotique il l organise. Spacieuse elle rétrécit, ordonnée elle se désarticule. Circulaire elle est carrée, Horizontale elle est verticale. Dans sa mesure, à son rythme, l enfant se grandit, se tisse. Dans ce jeu répété, observé, ce déplacement du minuscule vers un autre point minuscule, il naît au monde et comprend que tout est lié. Du plein il va vers le vide. Du vide il retrouve le plein. Quand l enfant entre en jeu, quand prend-il conscience de lui, de son rapport au monde, aux autres, au temps? Quand se rencontre-t-il?

7 Pour aller plus loin «il convient d ouvrir les portes du monde, grandes ouvertes, pour que le tout petit «sorte» de cette enveloppe commune, engage des liens, des transactions, découvre le monde, l autre et se découvre enfin. Vous imaginez le travail, long, parfois douloureux, toujours stimulant. C est là, que le théâtre l attend!» Pascale Mignon, psychologue, auteur de «les bébés vont au théâtre» // ACCOMPAGNER LE TOUT PETIT AU SPECTACLE Accompagner quelqu un, c est «être avec lui pour partager ( ) les jeux, le plaisir ou même la peine c est se tenir derrière lui discrètement ( ) c est l aider à avancer vers où il veut aller. Alain REY Accompagner au théâtre un très jeune enfant, ce serait donc d abord partager ce temps avec lui. Etre là ensemble, pour regarder une même représentation, et être disponible pour l aider «discrètement» à avancer là où il veut. Ce serait maintenir une présence attentive auprès de lui, une parole à son adresse pour qu il puisse laisser libre cours aux émotions qui surgissent sans qu il s y attende, sans pour autant être envahi ou débordé, et ainsi continuer, s il le désire, à regarder le spectacle. Encore faut-il que chacun éprouve du plaisir à être là, à être un spectateur! ( ) Accompagner un enfant au théâtre c est se risquer à la rencontre avec l imprévisible, à ne pas savoir exactement ce qu il faut faire, à être surpris devant l attitude, les réactions, les émotions, les paroles d un enfant. C est se risquer à ne pas juger ces réactions comme étant de l ordre du bien ou du mal, de la gentillesse ou de la méchanceté. C est accepter de ne pas le satisfaire complètement, qu il n ait pas les réactions que l on attendait, qu il se montre différent de ce que l on croyait. C est être un adulte qui n a pas tout prévu, qui ne maîtrise pas tout, mais un adulte présent. ( ) «Les pleurs fonctionnent comme un réconfort lorsque que quelque chose va mal. Ils sont très utiles et nous devons donc reconnaître qu ils ont du bon» D.W Winnicott ( ) Décrypter les pleurs d un bébé lors d une représentation théâtrale pour lui offrir une réponse la plus adéquate possible, demande une grande disponibilité et une grande attention à ce qui se joue pour lui à cet instant-là. Peut-être découvrirons-nous alors qu ils peuvent aussi être le signe d une appréhension ( ) Bien sûr, on peut le faire sortir de la salle, cela peut être une nécessité, mais on peut aussi l aider, en lui traduisant ses pleurs et en étant proche de lui, à aménager le trouble qui vient de l atteindre ( ). Extraits de l ouvrage Les bébés vont au théâtre, Ben Soussan et Mignon, Collection 1001 BB Editions ERES

8 Le tout petit enfant ne choisit pas d aller au spectacle : c est l adulte qui choisit pour lui. Accompagner l enfant au spectacle, c est aussi être spectateur et être prêt à partager un moment de plaisir entre adultes et enfants. «Pendant la durée de la représentation, chaque enfant s exprime de différente manière devant ce monde nouveau pour lui. Il vocalise, il babille, il rie, il pleure, il questionne, il commente c est sa façon de dire que là, dans la pénombre, il reçoit et ressent des émotions neuves. Pour l adulte qui l accompagne, c est souvent une double découverte : il assiste aussi au spectacle inouï de l enfant spectateur pour la première fois. ( ) Tout au long de la représentation, l adulte est disponible à l enfant. Il est sensible à ses réactions qui pourraient témoigner d une certaine détresse devant l inédit et attentif à ses manifestations qui pourraient déranger les artistes et les autres spectateurs. L adulte aide l enfant à être confiant et curieux de tout, ce qui se passe sur la scène. ( ) Quand le spectacle est terminé, il faut un certain temps pour revenir à soi quand on a été «ravi». Chaque enfant réagit, encore une fois, à sa manière. ( ) On ne va pas au spectacle pour apprendre, on y va pour prendre. On y va pour explorer et découvrir pour le plaisir. Le spectacle laisse des traces secrètes qui accompagnent notre vie. ( ) ces moments rares que nous avons choisi de partager et de transmettre à ces jeunes enfants adultes de demain.» Joëlle Rouland, Le très jeune enfant, l adulte et le spectacle vivant, in Regards n 2, Nova Villa, // UN PROJET DE SOCIETE Le spectacle «petite enfance» tend à placer la culture comme axe fondamental du développement humain. Et, en dépit du scepticisme qui peut accueillir ces propositions, nous sommes au cœur d un enjeu essentiel pour l avenir de notre société. Confronter des bébés à des formes artistiques, théâtrales, sensibles proposer un projet artistique au centre de son éducation, c est avoir le souci de former des citoyens qui seront capables de comprendre le monde dont ils seront, un jour, les acteurs. Cette responsabilité nous incombe à nous adultes : artiste, parent, accompagnateur, programmateur, médiateur et ainsi donner une alternative aux propositions d une société consumériste. Considérer l enfant non plus comme simple consommateur mais tendre à le considérer comme une personne à part entière, un être humain, un citoyen en devenir est un projet de société à construire ensemble. Replacer l art au centre de l éducation de l enfant dès son plus jeune âge est la politique que Très Tôt Théâtre revendique à travers sa programmation et les actions de médiation menées tout au long de ce temps fort dédié à la petite enfance. D. Le Déault, Spectacle Petite Enfance, phénomène de mode ou projet de société, in mémoire MSV Brest.

9 // BIBLIOGRAPHIE : PETITE ENFANCE ET SPECTACLE VIVANT > OUVRAGES Cyrille PLANSON, Accompagner l enfant dans sa découverte du spectacle vivant, éd. La Scène Millénaire Presse Pascale MIGNON et Patrick BEN SOUSSAN, Les bébés vont au théâtre, éditions ERES, 2007 Claire DE, Ouvre les yeux! éd. Panama 2006 // A toi de jouer! éd. Les Grandes Personnes 2010 Chantal GROZELIAT, Rimes et chansons des p tits loupiots, éd. Didier Jeunesse 2004 Etty BUZIN, Papa, maman, laissez-moi le temps de rêver, éd. Albin Michel, 2002 Boris CYRULNIK, La naissance du sens, coll. Pluriel, éd. Hachette Littératures, 1995 Chantal GROZELIAT, Les bébés et la musique, coll. Mille et Un bébés, éd. Eres, 1998 Serge LEBOVICI, En l homme le bébé, coll. Champs Flammarion, éd. Flammarion, Hubert MONTAGNIER, Les débuts de la tendresse, éditions Odile Jacob, Marie-Odile NEMOZ-RIGAUD, Des artistes et des bébés éd. Eres, coll. Mille et Un bébés, > OUVRAGES COLLECTIFS Cultiver, collection Mille et Un bébés dirigée par Patrick BEN SOUSSAN, éd. Eres 2000 La Culture des bébés, collection Mille et Un bébés dirigée par Patrick BEN SOUSSAN, éd. Eres 1997 Petite Enfance et cultures en mouvement, collection Mille et Un Bébés, éd. Eres, > MEMOIRE DE FIN D ETUDES Spectacles petite enfance : phénomène de mode ou projet de société? Dominique LE DEAULT DESS MSV (disponible auprès du centre de ressources de Très Tôt Théâtre).