FEMMES, SANTE, TRAVAIL

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1 FEMMES, SANTE, TRAVAIL Femmes, Travail et Santé - CEPAG-FPS Marianne De Troyer

2 PLAN Professions et conditions d emploi des hommes et des femmes Professions Conditions d emploi Travail non rémunéré Des atteintes à la santé différentes : Exposition aux risques professionnels des hommes et des femmes Accidents du travail Discrimination hommes-femmes dans les maladies professionnelles Conclusions 2

3 Mais où en est-on dans l égalité de traitement entre les hommes et les femmes sur le marché du travail? L'égalité entre les hommes et les femmes au travail est l'un des objectifs les plus anciens de l'union européenne. Principe inscrit dans les traités depuis 1957 Les femmes travaillent toujours dans des conditions moins favorables qui les hommes Salaires inférieurs (Belgique 2015 : 22%) Précarisation de l emploi Assurent toujours l essentiel du travail non rémunéré Sont toujours exclues plus rapidement du marché du travail après 50 ans 3

4 4 1. PROFESSIONS ET CONDITIONS D EMPLOI DES HOMMES ET DES FEMMES

5 Ségrégation professionnelle selon le genre EU-27 (%) CITP/ISCO code 1 digit Professions Hommes Femmes 1 Directeurs, cadres de direction et gérants 2 Professions intellectuelles et scientifiques 3 Techniciens (au sens large) Employés de type administratif Personnel des services directs aux particuliers, commerçants et vendeurs Agriculteurs et ouvriers qualifiés de l'agriculture, de la sylviculture et de la pêche Métiers qualifiés de l'industrie et de l'artisanat (bâtiment, métallurgie, imprimerie, etc..) Conducteurs d'installations et de machines, et 85 ouvriers de l'assemblage 15 9 Professions élémentaires (manoeuvres, vendeurs, aides de ménage, éboueurs, etc.) Total Source: EWCS, Agnès Parent-Thirion et al, 2012

6 Ségrégation selon les secteurs industriels EU27 (%) 6 Source: EWCS, Agnès Parent-Thirion et al, 2012

7 Ségrégation dans les conditions d emploi (EWCS, Belgique, 2015) Temps de travail par semaine Femmes Hommes heures 39,5 59,1 Moins de 34 heures 48,9 15,7 Plus de 40 heures 11,6 25,2 Temps partiel = facteur de ségrégation et de précarisation du travail des femmes. 7

8 Ségrégation dans les conditions d emploi (EWCS, quelques pays européens, 2015) Temps de travail par semaine Pays Moins de 34 h/sem Autriche 54,7 Belgique 48,9 Allemagne 53,6 Irlande 50,4 Pays-Bas 78,8 Royaume-Uni 52,1 8

9 Mon supérieur hiérarchique direct est (EWCS, 2015) Femmes Supérieur hiérarchique = Homme Autriche 56,6 10,6 Belgique 48,4 19,3 Allemagne 56,1 9,9 Irlande 44,8 20,8 Pays-Bas 52,3 14,8 Royaume-Uni 38,5 20,1 Hommes Supérieure hiérarchique = Femme 9

10 Travail «non rémunéré» (France, INSEE, 2015) Temps domestique quotidien moyen en minutes 10

11 2. Des atteintes à la santé différentes. 11

12 Exposition aux risques physiques selon le sexe ( un quart du temps ou plus) - EU27 (%) 12 Source : EWCS (Eurofound. Parent Thirion et coll., 2012)

13 Travailler à vitesse élevée selon le genre et la profession EU 27 (%) 13 Source : EWCS (Eurofound. Parent Thirion et coll., 2012)

14 Ne pas disposer de suffisamment de temps pour faire son travail selon le genre et la profession EU 27 (%) 14 Source : EWCS (Eurofound. Parent Thirion et coll., 2012)

15 Mon travail est à risque pour ma santé et ma sécurité selon la profession et le genre EU27 (%) 15 Source : EWCS (Eurofound. Parent Thirion et coll., 2012)

16 Distribution des accidents du travail selon le secteur d activité (FAT, 2014) 16

17 2.1. Accidents de travail (FAT, 2014) Accidents sur le lieu de travail selon le genre : évolution Année Genre N % N % N % N % N % Femmes ,6% ,1% ,2% ,0% ,2% Hommes ,3% ,9% ,8% ,0% ,8% TOTAL % % % % % Taux de fréquence des AT plus élevés chez les H que chez les F néanmoins la part des femmes dans les AT augmente 17

18 2.1. Accidents du travail Accidents sur le lieu de travail selon le genre : distribution selon les conséquences Genre de la victime Suite de l'accident CSS IT IP Mortels N % N % N % N % N % Femmes ,7% ,6% ,8% 2 3,4% ,2% Hommes ,3% ,4% ,2% 57 96,6% ,8% TOTAL % % % % % TOTAL Commentaires CSS : cas sans suites, IT : incapacité temporaire, IP : incapacité permanente prévue 18

19 2.2. Discrimination hommes-femmes dans la reconnaissance des maladies professionnelles (FMP:2012) 2012) Première demande de reconnaissance pour une incapacité de travail (secteur privé) demandes dont 29% de femmes Nombreuses demandes rejetées (pas de différence significative h/f dans le % de rejets) Nature de la pathologie : Hommes : affections lombaires, surdités, troubles respiratoires Femmes : deux groupes importants : tendinites (reconnue depuis 2012) et syndromes du canal carpien 19

20 3. Discrimination hommes-femmes dans la reconnaissance des maladies professionnelles (FMP,2012) Reconnaissances en incapacité permanente Pour les hommes, 2/3 des décisions sont positives et reconnaissent une incapacité permanente (1.015 cas) Pour les femmes, seules 10% des décisions sont positives (soit 63 cas sur 592) Ratio hommes/femmes : est de 16 à 1 Taux d incapacité permanente moyen : F= 15,3% et H= 18,5% Situation systématique depuis qu il existe des statistiques selon le sexe! 20

21 2.2. Discrimination hommes-femmes dans la reconnaissance des maladies professionnelles (FMP,2012) Droits dérivés : indemnisation à la suite d un décès 459 décisions positives dont 7 femmes (moins de 2%) Poids du passé : silicose reste la cause principale Poids du présent : pratiquement aucun cancer professionnel reconnu pour les femmes (entre 2 et 3 cas par an sur une moyenne de 150/200 cas); presque pas de TMS reconnus en Belgique par rapport à d autres pays européens 21

22 2.2. Discrimination hommes-femmes dans la reconnaissance des maladies professionnelles Hypothèses pour comprendre Interactions entre des facteurs juridiques et des facteurs non juridiques (médicaux, pratiques sociales, stéréotypes, etc.) Facteurs en amont : production scientifique en santé au travail, ségrégation et dévalorisation du travail des femmes, cloisonnement entre politiques de l égalité et de la santé 22

23 Des pratiques sociales Moins de surveillance et de prévention de la santé au travail pour les femmes: nettoyage, ALE, restauration, hôtellerie, Moindre traçabilité des expositions professionnelles Des expositions moins analysées parce que «plus périphériques» Les femmes sont d office suspectes: «avez-vous des enfants?», «faites vous le ménage?» Méconnaissance des maladies professionnelles et des conditions de travail des patients par les MG 23

24 DES STEREOTYPES CARICATURAUX «90% de notre population souffre du dos parce dès l école primaire l individu est mal assis pendant des heures et qu ensuite par des dizaines de gestes quotidiens, il esquinte son dos, en soulevant un bac de limonade, en ramassant un papier, en se brossant les dents courbé sur le lavabo. On apprend à la femme enceinte à plier les jambes plutôt que le dos, mais une fois le bébé né elle se penche sur le berceau même l infirmière qui soigne les grands opérés de la région lombaire peut être vue en flagrant délit de position très peu ergonomique» (Mme Ugeux, ex-administratrice générale adjointe du FMP) 24

25 Aller au-delà des stéréotypes : les postes de travail occupés par des femmes sont-ils light? Les femmes occupent fréquemment des postes de travail où elles doivent être très attentives et conscientes de l apparence d un produit. Ces postes demandent de l attention visuelle, de la précision et de la vitesse: un facteur de risque musculo-squelettique qui est souvent oublié et peu évident à observer. 25

26 Aller au-delà des stéréotypes : les postes de travail occupés par des femmes sont-ils light? Lorsque les mains effectuent des mouvements rapides et précis, elles doivent être bien soutenues car le reste du corps est en posture statique (principalement les épaules et la partie supérieure du dos) Et tout le corps, si elles sont en position debout 26

27 Mobilisation pour la santé au travail des ouvrières de l industrie électronique en France 1960 Caractéristiques de l entreprise et de la population ouvrière Entreprise (montage de téléviseurs grand public), crée en 1958, en province, région agricole Majorité de jeunes femmes, peu qualifiées mais formation professionnelle en couture : habileté Absentéisme important (tendinites, maux de dos, crises de nerfs, évanouissement, dépressions ) Turn-over important et en augmentation (usure) Démissions du fait des conditions de travail (pas pour se marier) 27

28 Les ouvrières se reconnaissent quand on parle De la variabilité de leur travail répétitif (30% aléas) De l activité mentale intense nécessaire pour réaliser un travail répétitif et monotone mais plein d aléas non reconnus (micro-décisions en continu) De leur épuisement nerveux par un travail «idiot» et sous cadences : «on ne peut faire vite et bien!» De la «lourdeur» physique d un travail «léger» et le coût musculaire de l immobilité posturale De leur usure précoce de jeunes femmes s excluant ellesmêmes de l emploi, «n y tenant plus» 28

29 Conclusions La ségrégation professionnelle concentre une proportion plus élevée d hommes dans des activités où les risques matériels sont immédiats et visibles : la construction, le transport, les industries Ségrégation professionnelle fait aussi que les hommes sont plus exposés aux risques chimiques toxiques, au bruit et aux vibrations Mais la ségrégation professionnelle fait que les femmes sont plus exposées aux mouvements répétitifs, aux risques biologiques, aux TMS, aux RPS mais plus d invisibilité de ces risques 29

30 CONCLUSIONS Manutention de personnes : les hommes plus affectés par le port d objets lourds et les femmes par la manutention de personnes Retrait du marché du travail des femmes très important à partir de l âge de 50 ans : La santé des femmes est marqué par l impact cumulé des expositions professionnelles et particulièrement l usure associée au travail répétitif, sous pression, avec des charges émotionnelles importante + reconnaissance et autonomie faibles Les femmes dont la santé est détériorée se retirent du marché du travail 30

31 CONCLUSIONS Le travail des femmes est toujours considéré comme moins dangereux que celui des hommes et comme nécessitant moins de mesures de prévention des risques spécifiques (!métiers de services) On continue de concentrer la prévention dans les secteurs à haut risque et de réduire les obligations patronales dans les secteurs à bas risque Il n existe pas de secteurs à «bas risque» : tout dépend du risque qu on envisage (cf. les TMS, les RPS) Lier l égalité entre les hommes et les femmes à la lutte pour la santé au travail est indispensable et devrait être une priorité syndicale 31

32 CONCLUSIONS Elections sociales (mai 2016) : importance de la représentation syndicale dans les CPPT : là où il y a une représentation, elle est assurée principalement par des hommes. Travail égal salaire égal : exposition à Herstal pour les cinquante ans de la grève des femmes de la FN 32

33 Comment tenir compte de la dimension du genre dans l évaluation des risques? 33

34 Reconstruire le «puzzle» Travail rémunéré/non rémunéré Santé au travail/santé publique Inégalités sociales de santé Politiques d égalité et santé au travail Méthodologie participative/rechercheaction

35 35 Merci pour votre attention! mdetroyer@etui.org

36 «Sexe» et «Genre» : de quoi parle-t-on? Le sexe renvoie aux différences biologiques entre les femmes et les hommes. Le genre correspond aux différences sociales : comment une société traite-t-elle la question de la différence des sexes? Quels rôles attribue-t-elle aux femmes et aux hommes? Qu attend-on des unes et des autres, avec quelle considération? Faire une analyse en terme de genre revient à interpréter ces éléments comme une construction sociale qui peut donc évoluer et non comme un fait de nature par essence immuable. 36