Barack Obama reçoit le Prix Nobel de la paix

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1 Université Michel de Montaigne Bordeaux III Institut d Aménagement, de Tourisme et d Urbanisme Licence professionnelle «Ingénierie de Projets de Solidarité Internationale» MODULE 1 Le contexte international REVUE DE PRESE : Barack Obama reçoit le Prix Nobel de la paix CAUËT Olivia

2 Année universitaire MODULE 1 Le contexte international REVUE DE PRESE : Barack Obama reçoit le Prix Nobel de la paix 2

3 SOMMAIRE INTRODUCTION... 4 RESUME... 5 Premier article... 5 Deuxième article... 6 Troisième article... 7 ANALYSE COMPARATIVE ET CRITIQUE... 9 ANNEXES Barack Obama Prix Nobel de la paix Corine Lesnes Le Monde Un bel effort pour changer le monde Allouf Ben Ha'Aretz Le prix de l impuissance Hafez al Barghouthi Al Hayat Al Jadida

4 INTRODUCTION Le 4 novembre 2008, Barack Obama, américain métis d origine kényane, remporte l élection à la plus haute fonction des Etats Unis d Amérique avec 52,9% des voix. Il prend officiellement ses fonctions de président le 20 janvier Son parcours, sa campagne et son élection ont suscité l intérêt du monde entier. Que l on aime ou que l on n aime pas, que l on soit pour ou contre, d accord ou pas d accord, satisfait ou mécontent, tout le monde a un avis sur la question. Sa carrière politique est suivie de près. Alors qu il représentait un espoir de changement pour une large majorité de l opinion publique mondiale, chaque discours est écouté, interprété et analysé, chaque action est commentée, chaque décision entraîne discussions et débats. Sa présidence intervient dans un contexte de guerre en Irak, de guerre en Afghanistan, de crise au Moyen Orient, d'importante récession de l'économie américaine et de crise financière et économique mondiale. Cependant, il reçoit le 9 octobre 2009, soit neuf mois après sa prise de fonction, le prix Nobel de la paix. Une fois encore, cette nouvelle fait débat dans la presse internationale. Les réactions sont vives, les articles tranchés. Nous allons, par l intermédiaire d une revue de presse, résumant et analysant trois articles de trois quotidiens différents, nous pencher sur les différents points de vue à ce sujet, ainsi que sur les arguments de leurs auteurs. Pour ce faire, nous avons récolté, dans le courrier international n 989 du 15 octobre 2009, un point de vue d un quotidien d Israël et de Palestine, ainsi qu un article du quotidien français Le Monde du 11 octobre

5 RESUME Premier article : Le Monde, journal quotidien français a été fondé en 1944 par Hubert Beuve Méry, suite a un souhait émis par le général de Gaulle de créer en France un grand journal tourné vers l international. Connu pour être le point de jonction de plusieurs grands courants d'idées : le christianisme social et le socialisme réformiste sur le plan intérieur, on y trouve une pointe d'antiaméricanisme sur le plan extérieur 1. Ce quotidien est aujourd hui publié à environ exemplaires par jour. Il est le quotidien français le plus diffusé à l'étranger avec une distribution journalière hors France de exemplaires. L auteure de l article étudié est Corine Lesnes, journaliste au Monde depuis 1986, où elle a été reporter. Après avoir été en poste à New York, elle est désormais correspondante à Washington depuis Cet article, intitulé Barack Obama Prix Nobel de la paix, est paru dans l édition du Monde du L auteure ne revient pas de manière factuelle sur l obtention du Prix Nobel par le président des Etats Unis d Amérique, mais entre, dès les premières lignes sur la controverse que la nouvelle a suscitée dans le monde. Puis l article s étend sur la réaction du président, en citant plusieurs bribes du discours qu il a prononcé après avoir appris la nouvelle, mettant en avant le fait que la Maison Blanche n ait pas «fait sauter les bouchons de champagne» 2. Dans le même paragraphe, il est mentionné qu après ce discours, Barack Obama a tenu un cinquième conseil de sécurité national en deux semaines. Ensuite, pour illustrer la fracture politique des réactions à ce sujet, l article cite en exemple plusieurs points de vue. D une part des personnalités politiques américaines 1 Extrait de http// consulté le 21 octobre Extrait de l article Barack Obama Prix Nobel de la paix de Corine Lesnes, paru dans l édition du Monde du

6 qui rejettent la décision du comité norvégien qui décerne les Prix Nobel de la paix, puis d autres personnalités qui se félicitent de l obtention de ce Nobel par le président des Etats Unis d Amérique. Deuxième article : Haaretz, signifiant Le Pays en hébreux, est le troisième plus grand quotidien national en Israël. Mais son influence est plus importante que sa diffusion. Il a été créé en 1919 à Jérusalem, alors ville palestinienne sous mandat britannique. Ce quotidien est une référence chez les politiques et les intellectuels israéliens de gauche. Son tirage est, aujourd hui, de exemplaires par jour en semaine. Son édition sabbatique est de exemplaires. Il est traduit dans de nombreux journaux à travers le monde ; on en trouve fréquemment des traductions dans l'hebdomadaire français Courrier international. L article étudié : Un bel effort pour changer le monde est paru le dans l Ha'Aretz. Une version traduite en français a été publiée dans le Courrier International n 989 du 15 octobre Son auteur est Allouf Ben. Dans le premier paragraphe de cet article, l auteur décrit de manière très précise le déroulé de la cérémonie de remise du Prix Nobel de la paix. On apprend quelques lignes plus bas, qu une délégation israélienne avait participée à cette cérémonie. L auteur en vient alors aux faits qu il veut énoncer : le Prix Nobel de la paix a été décerné il y a quinze ans, a plusieurs personnalités politiques d Israël et de Palestine pour la création de l Autorité palestinienne. C est en faisant le parallèle entre cette nomination, il y a quinze ans, et celle de Barack Obama cette année que le journaliste revient sur le fait que d habitude, les Prix Nobel sont décernés pour des actions précises et non pour des volontés exprimées dans des discours. Pour autant, le journal ne condamne pas cette décision. Au contraire, il revient sur le fait que d autres lauréats de ce Prix n en ont pas fait d avantage pour la paix dans le monde que le président des Etats Unis d Amérique et que ce Prix est un appel international à continuer dans le sens du début de son mandat : «poursuivre ses efforts pour enrayer 6

7 l escalade en Afghanistan, empêcher une guerre avec l Iran, prendre des mesures pour faire avancer la paix au Moyen Orient et œuvrer à l émergence d un monde sans armes nucléaires» 3. Troisième article : Al Hayat Al Jadida signifie La vie nouvelle en arabe. Ce quotidien palestinien a été créé en 1995 à la suite des accords de paix israélo palestiniens. Il se voulait le journal indépendant de l entité palestinienne naissante. Il a toujours maintenu une indépendance rédactionnelle vis à vis du pouvoir. Il est connu pour être proche idéologiquement du Fatah. Son fondateur est Nabil Amr, un ancien ministre de l Autorité palestinienne, célèbre pour avoir publié une critique de Yasser Arafat, le rendant responsable de l échec du Sommet de Camp David II. Il est aujourd hui distribué à environ exemplaires par jour. L auteur de l article étudié est Hafez al Barghouthi, rédacteur en chef du journal. Cet article s intitule Le prix de l impuissance. Il est paru dans l Al Hayat Al Jadida le Une version traduite en français a été publiée dans le Courrier International n 989 du 15 octobre Cet article relativement court (2000 signes) n épargne pas le président des Etats Unis d Amérique. Dès les premières lignes, après être revenu en quelques mots sur l attribution du Prix Nobel de la paix, l auteur fait une énumération des points négatifs et de l immobilisme de la politique internationale actuelle de Barack Obama. L auteur ne cite que des exemples au Proche Orient. Il utilise un ton ironique et prédit qu il recevra tous les Prix qui renvoie à une cote de popularité (homme de l année, personnalité politique qui marque l Histoire ), mais ne manque pas de rappeler qu il ne fait que professer de belles idées dans des discours sans les mettre en œuvre. 3 Extrait de l article Un bel effort pour changer le monde de Allouf Ben, paru dans l Ha'Aretz le Une version traduite en français a été publiée dans le Courrier International n 989 du 15 octobre

8 L auteur est partial et clame clairement son mécontentement face à la nomination de Barack Obama en argumentant que ses idées sont «totalement inappliquées pour obtenir le Prix Nobel» 4. 4 Extrait de l article Le prix de l impuissance de Hafez al Barghouthi, paru dans l Al Hayat Al Jadida le Une version traduite en français a été publiée dans le Courrier International n 989 du 15 octobre

9 ANALYSE COMPARATIVE ET CRITIQUE La différence flagrante de traitement de l information entre les différents articles se traduit dès le titre. En effet, alors que le journal Le Monde laisse percevoir une absence de parti pris en intitulant son article par le simple fait lui même : Barack Obama, Prix Nobel de la paix, les journaux israéliens et palestiniens sont eux, beaucoup plus tranchés et donnent la teneur de leur article dès le titre : respectivement Un bel effort pour changer le monde et Le prix de l impuissance. On y voit clairement apparaître une opinion dont les auteurs ne démordront pas jusqu au dernier mot. Cependant, bien que le journal Le Monde donne des points de vue divergents sur le thème, on sent un avis distinct de l auteur. Ce dernier commence son article par une formulation très péjorative : «Ironie de l Histoire». De plus, on relève tout au long de son texte maintes allusions aux guerres que mènent actuellement les Etats Unis d Amérique contre plusieurs pays du monde. Cette remarque est toutefois valable pour les deux autres articles qui le mentionnent aussi. Il est intéressant de soulever que dans les trois argumentations, chaque auteur met également en avant un manque d actions concrètes de la part du président des Etats Unis d Amérique par rapport à la volonté prononcée dans ses différents discours. A l évidence, aucun journaliste n est de mauvaise fois et aucun d entre eux ne renient les faits ou les non faits. Ils se basent tous sur la stricte vérité pour construire leur argumentation. Là où les avis divergent, c est dans le traitement de cette information. Al Hayat Al Jadida exprime un mécontentement face à ce Prix, évoquant l immobilisme de la politique étrangère américaine, revenant largement sur la situation au Proche Orient en rappelant que cette situation se dégrade en faveur des israéliens, et cela avec le soutien du gouvernement étasuniens. Ha Aretz, quant à lui, ne s arrête que brièvement sur ces faits pour revenir plutôt sur les engagements pris par Barack Obama. 9

10 Il est à noter, à ce stade de l analyse, que l article du Monde a été écrit au lendemain de la déclaration du Prix à Barack Obama, alors que les articles de Al Hayat Al Jadida et Ha Aretz sont datés de la semaine qui a suivi cette nomination. C est sans doute pourquoi, Le Monde revient de manière plus descriptive sur son discours qui a suivi l annonce de la nouvelle. Le journal insiste également sur les réactions intérieures face à cette nouvelle sans parler des réactions internationales. L accent est mis sur les désaccords, entre différents partis mais aussi dans les mêmes sphères politiques, que les réactions ont causées. Les réactions sont à chaud. La différence majeure de traitement de l information, entre l article paru dans le quotidien israélien et l article paru dans le quotidien palestinien, provient de l angle sous laquelle l argumentation est prise et de la capacité qu à eu l auteur israélien à relativiser le manque d action du président. En effet, les relations internationales qu entretiennent les Etats Unis d Amérique avec l Etat d Israël laissent penser d avance que les journalistes israéliens vont prendre position en faveur du Prix Nobel de la paix décerné à Barack Obama. Pour se faire, et sans nier les faits (c'est à dire le manque d actions du président depuis le début de son mandat, comparé aux promesses électorales) l auteur ne pouvait que comparer cette nomination avec les précédentes. En effet, l auteur ne dit pas que Barack Obama a bien fait, mais qu il n a pas moins bien fait que ses prédécesseurs, faveur que ne lui accorde pas un journaliste d un pays «rival» des Etats Unis d Amérique aujourd hui. 10

11 CONCLUSION Il est intéressant de voir à quel point une même information, traitée d une façon à priori identique aucune vérité n a été déformée, aucun élément n a été ajouté ou retiré, les mêmes faits sont cités dans les trois articles étudiés peut laisser transparaître des points de vue tout à fait différents. Cet exercice soulève un point très important : pour être réellement informé, il est nécessaire de s intéresser à différents points de vue et ne pas se cantonner à nos lectures habituelles. Afin d avoir les clefs d analyses et les grilles de lectures primordiales pour se forger sa propre opinion, il faut s être renseigné sur les différents regards et les différents arguments apportés à un évènement. De nombreux sujets créent la polémique, s intéresser aux débats est une action citoyenne, mais il ne faut pas s arrêter aux lectures de journaux de notre couleur politique, à priori proches de nos opinions ou dont on a l impression qu il nous ressemble. Dans le cas de cette revue de presse, il aurait été trop facile de s arrêter à la lecture du Monde, qui ne retranscrit pas les réactions internationales face à la nomination de Barack Obama en tant que Prix Nobel de la paix Inversement, si nous avions arrêté notre lecture au journal palestinien, notre vision aurait peut être été faussée par des faits dénoncés (une action aujourd hui réduite du président des Etats Unis d Amérique face à la scène internationale et au processus de paix annoncé) qui ne sont relativisés que dans le quotidien israélien. Grâce à la lecture combinée des trois articles, il est plus aisé de se forger sa propre opinion. Pour ma part la question qui reste entière est : sur quels critères véritables se basent le comité qui décernent les Prix Nobel de la paix? Au delà de la critique que l on peut faire à Barack Obama sur sa politique actuelle, y a t il une réelle neutralité du comité norvégien, ou est il influencé par une éventuelle puissance politique ou financière? Car en effet, n y avait il pas dans le monde quelqu un dont les actions auraient d avantage méritées ce Prix? Il est certain que si, mais en y regardant de plus près, on s aperçoit que la personne la plus influente au niveau mondial dont la cote de popularité avait besoin d être redorée à ce moment n était autre que Barack Obama. 11

12 ANNEXES 12

13 Premier article : Barack Obama Prix Nobel de la paix Corine Lesnes Le Monde Ironie de l'histoire, Barack Obama a été récompensé d'un prix Nobel de la Paix, le troisième jamais attribué à un président américain en exercice, quelques heures avant une nouvelle réunion de son "conseil de guerre" sur l'afghanistan, la cinquième en deux semaines. Ironie supplémentaire, l'attribution du prix a plongé la classe politique dans la discorde. Les républicains ont protesté que Barack Obama n'avait encore rien accompli et ne méritait pas de récompense. Les démocrates les ont accusés de réagir "comme les talibans et le Hamas". Si le comité norvégien a cru bien faire en couronnant Barack Obama, moins d'un an après son élection, on ne peut pas dire que la Maison Blanche ait fait sauter les bouchons de champagne. Les premiers conseillers qui ont appris la nouvelle, à l'aube, ont cru qu'on se moquait d'eux, surtout après la douche froide de la semaine précédente, lorsque Chicago avait été éliminée au premier tour dans la compétition pour l'organisation des Jeux olympiques. Les "plumes" du président ont mis plusieurs heures pour rédiger un discours susceptible d'éviter les écueils politiques alors que la machine républicaine, qui tourne déjà à plein régime sur la réforme de la santé et le "socialisme" présidentiel, bombardait les ondes de réactions outragées contre les démocrates et "leurs alliés de la gauche internationale". M.Obama a fait un discours de six minutes, respectueux de l'honneur fait à travers lui à l'amérique et à ses valeurs fondatrices, mais sans effusion. Pour mettre les événements en perspective, il a expliqué que ses filles lui avaient annoncé la nouvelle le matin, en ajoutant que c'était aussi l'anniversaire de leur chien. Il a dit qu'il acceptait avec une profonde humilité, ce prix qu'il ne "mérite pas". Habilement il a glissé qu'il était "le commandant en chef d'un pays qui a une guerre à 13

14 terminer". Autrement dit, il ne se laisserait pas enfermer par un prix fut il consacré à la paix. Tout aussi habilement, il a partagé son prix avec "la jeune femme qui marche en silence dans les rues bien qu'elle soit confrontée aux bastonnades et aux balles", une allusion transparente aux manifestantes iraniennes et à la jeune étudiante Neda, tuée à Téhéran; ainsi qu'avec "la dirigeante de l'opposition, assignée à résidence, parce qu'elle refuse de renoncer à son engagement en faveur de la démocratie", allusion cette fois à Aung San suu Kyi, sans toutefois désigner nommément l'iran ou la Birmanie En fin de journée, il a tenu la cinquième réunion de son conseil de sécurité nationale en deux semaines. Contrairement à mercredi où il avait été question du Pakistan, c'était cette fois au tour de l'afghanistan. Ce ne sera pas la dernière réunion, a indiqué son porteparole Robert Gibbs. La décision n'interviendra pas avant "quelques semaines". La gauche a abondamment relevé la coïncidence. "Un président qui commande deux guerres, en plein cœur du monde musulman, ne mérite pas de prix, surtout s'il réfléchit à une escalade", a dit le commentateur progressiste David Sirota. La part d'encouragement à une diplomatie "pacifiste" n'a pas échappé aux faucons. Ceux ci qui tiennent le comité du Nobel à peu près en aussi piètre estime que l'onu s'en sont donnés à cœur joie et on a vu resurgir la traditionnelle méfiance à l'égard des Européens, qui cherchent à "castrer" l'amérique, selon l'expression du héraut de la droite populiste Rush Limbaugh. "Obama n'est pas seulement le premier président post racial. Il est aussi le premier président post accompli, s'est il moqué. Sa tête a tellement grossi que maintenant ses oreilles lui vont." A part son ancien rival John McCain, qui a rappelé que tous les Américains avaient lieu d'être "fiers" d'un tel honneur, les républicains ont critiqué le prix et tout autant le comité. Jamais Ronald Reagan n'a reçu le Nobel, a dénoncé le sénateur de l'utah Orrin Hatch. "Et pourtant il est l'homme qui a mis fin à guerre froide". "Si les Européens voulaient faire quelque chose, pourquoi ne pas envoyer de troupes" en Afghanistan? a interrogé Aaron David Miller, spécialiste du Proche Orient. L'attribution du prix a aussi montré le fossé entre ceux qui pensent qu'il n'a réussi de percée sur aucun dossier, et ceux qui voient un changement radical. Zbigniew 14

15 Bzrezinski, l'ancien conseiller diplomatique de Jimmy Carter, a estimé qu'en moins d'un an, Barack Obama avait "redéfini les relations de l'amérique avec le reste du monde", "nettement amélioré son image", "fait une série de promesses pour tenter de résoudre certains conflits d'une manière non unilatérale" et engagé l'amérique à poursuivre des buts "élevés" tels que la réduction des armements nucléaires. "C'est un accomplissement énorme", a t il dit à la chaîne PBS. Il a estimé que le Nobel donnait une "légitimité internationale" à sa politique et serait utile sur l'iran ou la question palestinienne. Un autre chercheur Walter Russell Mead, du Council on Foreign relations, a estimé que le Nobel montrait que les Etats Unis avaient toujours "un rôle unique" dans la définition de l'agenda international. "Après la décision sur les Jeux Olympiques, Obama semblait avoir perdu la dynamique. De nouveau, il a l'air d'être l'étoile la plus brillante au firmament politique." 15

16 Deuxième article : Un bel effort pour changer le monde Allouf Ben Ha'Aretz Les prix Nobel de la paix sont décernés dans la salle d honneur de l hôtel de ville d Oslo, et, à la fin de la cérémonie, les lauréats sont conviés à un repas agrémenté de vins capiteux en présence du roi et de la reine de Norvège. Il y a quinze ans, les envoyés spéciaux israéliens avaient ainsi assisté à la remise du Nobel de la paix au Premier ministre d Israël Yitzhak Rabin, à son ministre des Affaires étrangères Shimon Pérès et au président de l OLP (Organisation de libération de la Palestine) Yasser Arafat. Ils étaient récompensés pour la signature des accords d Oslo et la création de l Autorité palestinienne (AP). Après la cérémonie et la remise de leurs médailles aux lauréats du Nobel, Rabin était apparu, légèrement titubant. Udi Segal, correspondant de Gallei Tsahal [radio militaire israélienne], lui avait tendu son micro : Monsieur le Premier ministre, nous permettezvous de vous poser une question? Hébété, Rabin avait bredouillé : C est à quel propos? avant de s engouffrer dans l ascenseur Cette réaction incroyable de Rabin, C est à quel propos?, m est revenue à l esprit ce week end, lorsque, comme tout un chacun, j ai appris que le prix Nobel de la paix avait été décerné à Barack Obama. En temps normal, les Nobel récompensent des réalisations concrètes, pas de simples déclarations d intention, et encore moins de pieuses professions de foi. La chimiste israélienne Ada Yonath vient de recevoir le Nobel de chimie en récompense de plusieurs décennies de travail solitaire à l institut Weizmann, alors que Barack Obama a été primé pour une simple promesse d aggiornamento et des discours flamboyants prononcés au Caire et devant l assemblée générale de l ONU, dans lesquels il promettait un monde meilleur fondé sur le respect mutuel, le dialogue et un monde dénucléarisé. Il est certes tentant de se moquer du Nobel décerné à Obama. En neuf mois de présidence, il n a mis un terme ni à la guerre d Afghanistan ni à celle d Irak. Au Moyen 16

17 Orient, il a du mal à relancer des négociations israélo palestiniennes, il n est pas parvenu à faire basculer la Syrie dans le camp pro occidental, l Iran continue son programme nucléaire et Israël poursuit sa colonisation de peuplement [en Cisjordanie]. Pourtant, le comité Nobel ne s est pas fourvoyé en honorant Barack Obama pour ses efforts visant à renforcer la diplomatie et la coopération multilatérales. D une part, ceux qui ont obtenu avant lui le Nobel de la paix ne sont pas davantage parvenus à instaurer la paix au Moyen Orient, que l on songe à Anouar El Sadate, à Menahem Begin, à Yitzhak Rabin ou à Yasser Arafat. D autre part, en un an, le monde a changé et c est à Obama et à lui seul qu on le doit. En lui accordant ce prix, les Norvégiens se sont contentés d encourager Obama à poursuivre ses efforts pour enrayer l escalade en Afghanistan, empêcher une guerre avec l Iran, prendre des mesures pour faire avancer la paix au Moyen Orient et œuvrer à l émergence d un monde sans armes nucléaires. 17

18 Troisième article : Le prix de l impuissance Hafez al Barghouthi Al Hayat Al Jadida Barack Obama a obtenu le prix Nobel de la paix à peine dix mois après son entrée en fonction, alors qu il n a pas remporté le moindre succès et n a pas réussi à instaurer la paix où que ce soit. Au contraire, la guerre s intensifie en Irak et en Afghanistan, la colonisation israélienne se poursuit en Cisjordanie et le projet nucléaire iranien n a pas été arrêté. On peut donc se demander sur quelle base s est fondé le comité Nobel. La situation du président américain ressemble largement à celle de beaucoup de dirigeants arabes qui se montrent aux cérémonies officielles en uniforme militaire et accrochent sur leur poitrine de clinquantes médailles alors que leurs engagements militaires se résument en une succession de défaites. Obama n a encore rien réalisé. Il a promis la paix au Moyen Orient et la dénucléarisation de la région. Mais pas une pierre n a bougé dans les colonies, les destructions de maisons [palestiniennes] se poursuivent à Jérusalem Est, et la centrale nucléaire de Dimona [dans le Néguev israélien] et les installations nucléaires iraniennes sont toujours là. Il s est servi de sa qualité de Noir américain jusqu à son arrivée à la présidence. Aujourd hui, il se sert de ses idées totalement inappliquées pour obtenir le prix Nobel. Il sera probablement aussi déclaré homme de l année et inclus dans la liste des cent personnalités qui ont fait l Histoire, alors qu il n a pas provoqué de cheveux blancs chez Nétanyahou, ni un poil de barbe blanc chez Liebermann [le ministre des Affaires étrangères israélien] ou Ben Laden. Il a même reculé sur plusieurs points, comme la colonisation et Jérusalem Est. De même, il ne s oppose plus aux colonies, mais seulement à la poursuite de la colonisation, il désigne Israël comme l Etat des Juifs, ce qui veut dire que les Peaux Rouges [les Arabes israéliens] sont bons à être transférés ou éliminés par tout moyen. Il évoque la normalisation des relations israélo arabes comme préalable à la paix et il ne parle plus de la création d un Etat palestinien dans les frontières de Jusqu à preuve du contraire, Obama ne mérite pas le prix Nobel pour les belles idées 18

19 qu il ne cesse de professer. En réalité, c est un président incapable de concrétiser ses discours, et le seul prix auquel il pourrait postuler est celui de l impuissance. Toutefois, ceux que cette distinction embête le plus, ce sont les officiels israéliens. Nous pourrons alors nous féliciter de ce Nobel si Obama en profite pour amener les Israéliens à se conformer au processus de paix. 19