biologie au quotidien
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- Côme Jean-Noël Sylvain
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1 Ann Biol Clin ; () : - Importance des caractéristiques de la séparation chromatographique en CLHP pour l interprétation du dosage de l en présence d un variant d hémoglobine Importance of the characteristics of the chromatographic separation in HPLC for the interpretation of assay in the presence of a variant hemoglobin Emmanuelle Guillard Stéphane Jaisson Philippe Gillery Laboratoire de biologie et recherche pédiatriques, CHU de Reims <ecorbe-guillard@chu-reims.fr> Article reçu le mars, accepté le juin Résumé. Les méthodes de dosage de l utilisant la chromatographie liquide haute pression (CLHP) par échange ionique permettent de détecter les variants d hémoglobine les plus courants. La présente observation met en évidence le comportement différent de deux analyseurs CLHP présents sur le marché vis-à-vis de la présence d une hémoglobine Tatras. Dans un cas (analyseur Variant II, Bio-Rad), le variant d hémoglobine est détecté, pas dans l autre (analyseur G, Tosoh Biosciences). Compte tenu de l importance du résultat de l pour la prise de décision thérapeutique, il est important que les biologistes connaissent les caractéristiques de la méthode qu ils utilisent afin de détecter la présence éventuelle d une hémoglobinopathie et d interpréter au mieux le résultat obtenu. Mots clés : CLHP,, hémoglobinopathie Abstract. The methods of assay using ion exchange high pressure liquid chromatography (HPLC) allow the detection of the most common hemoglobin variants. This observation highlights the different behaviour of two HPLC analyzers in the presence of Tatras hemoglobin. By one of the analyzer (Variant II, Bio-Rad) this variant is detected, but not by the other (G, Tosoh Biosciences). As result is crucial for the therapeutic decision, it is important that biologists know the characteristics of the method they use, in order to detect the possible occurence of an hemoglobinopathy and to ensure the best interpretation of the result. Key words: HPLC,, hemoglobinopathy Les méthodes de dosage de l utilisant la chromatographie liquide haute pression (CLHP) par échange ionique présentes sur le marché permettent de détecter les variants d hémoglobine les plus courants, comme les hémoglobines S et C. Des variants plus rares sont soit élués sous forme d un pic surnuméraire, qui n est pas toujours identifié, soit coélués avec l (c est-à-dire invisibles sur le chromatogramme). La présence éventuelle de ces variants doit toujours être prise en compte, conduire à leur identification, et être à l origine de la conduite diagnostique adaptée. Il faut ainsi vérifier, le cas échéant, le bien-fondé d un calcul automatique de l [], ou s orienter vers une exploration biologique mieux adaptée []. L observation Un patient caucasien âgé de ans est hospitalisé, en juin, dans le cadre de son suivi après une transplantation rénale. Parmi les examens biologiques demandés, doi:./abc.. Ann Biol Clin, vol., n o, septembre-octobre
2 Performances analytiques de la CLHP et variants d hémoglobine un dosage d est réalisé sur l analyseur Variant II (Bio-Rad Laboratories, Marnes-la-Coquette, France) équipé de la trousse - NU. L est trouvée à, (valeurs de référence selon l expression NGSP : - ), soit mmol/mol en unités IFCC (valeurs de référence : - mmol/mol). Cependant, le chromatogramme met en évidence la présence d un pic surnuméraire (figures A et B), qui ne permet ni la validation technique de cette analyse, comme le recommande le fournisseur, ni le rendu du résultat d. En raison de l anomalie constatée sur le chromatogramme, le dosage d sur un analyseur utilisant une méthode différente (immunoagglutination) et un dosage des fructosamines sont réalisés. Le dosage de l sur l analyseur DCA (Siemens Healthcare Diagnostics, Puteaux, France) fournit une valeur égale à,, soit mmol/mol Ac A. HbA, c....,,,,, A-. C.. Ac.,,,,... Ac et la concentration de fructosamines est égale à μmol/l (valeurs de référence : - μmol/l). Ces résultats correspondent à des valeurs normales d et de fructosamines. Une étude complète de l hémoglobine est également effectuée (Laboratoire central d hématologie du CHU de Reims, Dr C. Droullé, Pr P. Nguyen). L électrophorèse en gel d agar révèle la présence d un variant d hémoglobine (, ), dont la migration correspond à celle de l hémoglobine J. Le prélèvement est envoyé au service de génétique du CHU Henri Mondor à Créteil (Dr C. Prehu, Pr M. Goossens), qui type ce variant comme étant une hémoglobine Tatras [α(a)lys>asn], cliniquement asymptomatique []. Lors de l hospitalisation suivante, en juin, le dosage de l est à nouveau demandé dans le cadre du suivi B Variant d hémoglobine... Ac. Variant d hémoglobine,,,,,,,, Ac.,,,,,.., Figure. Chromatogrammes obtenus sur l analyseur Variant II (Bio-Rad) : (A) chromatogramme d aspect normal ; (B) échantillon patient () ; (C) échantillon patient (). Ann Biol Clin, vol., n o, septembre-octobre
3 A B C AA..min AB..min F..min LAC+..min SAC..min A..min AA..min AB..min F..min LAC+..min SAC..min A..min Patient AA..min AB..min F..min LAC+..min SAC..min A..min FC Nom Prénom LBRP Patient Figure. Chromatogrammes obtenus sur l analyseur G (Tosoh Biosciences) : (A) chromatogramme d aspect normal ; (B) échantillon patient () ; (C) échantillon patient (). Ann Biol Clin, vol., n o, septembre-octobre
4 Performances analytiques de la CLHP et variants d hémoglobine clinique et biologique du patient. Ce dosage est effectué sur un analyseur G (Tosoh Biosciences, Lyon). L est trouvée à,, soit mmol/mol. Aucune anomalie n est détectée sur le chromatogramme, qui est identique à celui d un échantillon normal (figures A et B). L analyse peut être validée techniquement selon les recommandations du fournisseur, et le résultat d rendu. Compte tenu de l antériorité connue du patient, porteur d une hémoglobine Tatras, et l absence de l anomalie sur le chromatogramme, un deuxième passage de cet échantillon est réalisé, confirmant un aspect habituel du chromatogramme. Par ailleurs, les fructosamines sont évaluées à μmol/l et le dosage de l réalisé sur DCA Vantage (Siemens Healthcare Diagnostics, Puteaux, France) fournit une valeur égale à,, soit mmol/mol. Afin d éliminer une erreur d identification du prélèvement, un échantillon de sang, conservé congelé à - C depuis juin, est analysé sur l automate G. Le chromatogramme présente un aspect normal (figure C), confirmant l aspect obtenu sur le prélèvement de. La valeur de l trouvée est égale à,, soit mmol/mol. L échantillon de juin, conservé congelé à - C pendant la durée de ces investigations, est en conséquence dosé à nouveau sur l analyseur Variant II (figure C). Cette exploration confirme la présence du variant d hémoglobine, avec un résultat d égal à,, soit mmol/mol. Cependant, la présence de l hémoglobine anormale n autorise pas la validation du résultat. Les commentaires Cette observation met en évidence le comportement différent, vis-à-vis de certaines anomalies de l hémoglobine, de deux analyseurs CLHP présents sur le marché, aux performances analytiques validées et comparables par ailleurs [, ]. Ainsi, l analyseur Variant II met en évidence sans ambiguïté la présence d une hémoglobine Tatras. Dans ce cas, le résultat de l ne peut être rendu, compte tenu de l aspect anormal du chromatogramme. En revanche, le chromatogramme fourni par l analyseur G ne présente aucune anomalie apparente contreindiquant le rendu du résultat. L hémoglobine Tatras n est donc pas détectée. Cependant, l examen attentif des chromatogrammes montre que le pic regroupant l labile et l hémoglobine carbamylée sur l automate Tosoh G est légèrement augmenté (, ), en lien avec l élévation de l urémie du patient (, mmol/l). L absence d une explication de ce type aurait pu faire évoquer la présence d une hémoglobinopathie. Ce cas clinique illustre d abord l importance de prendre en compte systématiquement les résultats antérieurs des patients, lorsqu ils existent, et de les confronter aux nouvelles données biologiques et cliniques. Il attire ensuite l attention sur l importance des modalités de séparation chromatographique des analyseurs CLHP, et sur le traitement des chromatogrammes par les logiciels des automates. En effet, lors de la détection de variants d hémoglobine ou en présence de fractions interférentes d hémoglobine, telles que l hémoglobine glyquée labile ou l hémoglobine carbamylée [, ], leur impact sur la valeur d rendue est capital. En dehors des cas où la valeur obtenue est incompatible avec les antériorités ou le contexte clinico-biologique, la présence d une hémoglobine anormale ne peut être évoquée que lorsque la technique de dosage de l met en évidence qualitativement l anomalie. Cette capacité varie selon les analyseurs, même lorsqu ils sont basés sur un même principe général. Dans le cas exposé ici, l hémoglobine anormale est mise en évidence dans un contexte asymptomatique [], qui n entraîne en particulier pas d hémolyse, cause principale de remise en cause de la valeur séméiologique du taux d comme marqueur rétrospectif de l équilibre glycémique []. Cependant, même en l absence d hémolyse, la présence d une hémoglobine anormale peut engendrer non seulement des difficultés méthodologiques en raison des interférences potentielles, mais également perturber le processus normal de glycation. À notre connaissance, aucune donnée robuste sur la vitesse de glycation des variants par rapport à celle de l HbA n est en effet disponible dans la littérature. Conclusion Compte tenu de l importance du résultat de l pour la prise de décision thérapeutique, il est important que les biologistes connaissent précisément les caractéristiques de la méthode qu ils utilisent et prennent en compte toutes les données que leur fournit l analyseur, notamment l aspect du chromatogramme, afin de détecter la présence éventuelle d une hémoglobinopathie et d interpréter au mieux le résultat obtenu. Remerciements. Les auteurs remercient Madame Nathalie Leroy et Monsieur François Chastang pour leur assistance technique. Conflit d intérêts : aucun. Références. Lemée V, Hue G, Lahary A, Lavoinne A. Détection fortuite d anomalies de l hémoglobine lors du dosage de l hémoglobine glyquée par une technique de chromatographie liquide haute pression. Ann Biol Clin ; : -. Ann Biol Clin, vol., n o, septembre-octobre
5 . Gillery P, Hue G, Bordas-Fonfrède M, Chapelle JP, Drouin P, Lévy-Marchal C, et al. Dosage de l hémoglobine A c et hémoglobinopathies : problèmes posés et conduites à tenir. Ann Biol Clin ; : -.. Wajcman H, Bost M, Blouquit Y, Prehu C, Riou J, Galacteros F. Two new α chain variants found during glycated hemoglobin screening : Hb Tatras [α (A) Lys-Asn] and Hb Lisbon [α (B) Glu Asp]. Hemoglobin ; : -.. Lavalard E, Szymezak J, Leroy N, Gillery P. Évaluation de l analyseur Variant II équipé de la nouvelle trousse - NU (Bio-Rad) pour le dosage de l. Ann Biol Clin ; : -.. Chapelle JP, Teixeira J, Maisin D, Assink H, Barla G, Stroobants AK, et al. Multicentre evaluation of the Tosoh G analyser. Clin Chem Lab Med ; : -.. Szymezak J, Leroy N, Lavalard E, Gillery P. Interférence de l hémoglobine glyquée labile sur le dosage de l par une méthode de chromatographie liquide haute performance. Ann Biol Clin ; : -.. Szymezak J, Lavalard E, Martin M, Leroy N, Gillery P. Carbamylated hemoglobin remains a critical issue in measurements. Clin Chem Lab Med ; : -. Ann Biol Clin, vol., n o, septembre-octobre
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