Sujet de 1ere S3: épreuve documentaire avec consigne. Consigne: Otto Dix face à l expérience combattante.

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1 Sujet de 1ere S3: épreuve documentaire avec consigne. Consigne: Otto Dix face à l expérience combattante. Compétences A B C D Capacité à observer le document et à y faire référence Capacité à analyser en utilisant des connaissances du cours. Capacité à structurer un devoir en parties Capacité à rédiger une introduction problématisée Capacité à rédiger une conclusion Appréciation globale La Guerre d Otto Dix, huile et tempéra sur bois, , Staaltliche Kunstammlungen Neue Meister, Dresde. Panneau central 204X204. Panneaux de gauche et de droite: 204X102cm.

2 Correction de l épreuve documentaire avec consigne sur l expérience combattante. Code de couleur pour la correction : Noir : la référence au document. Bleu : interprétation et analyse du doc. Vert : connaissances tirées du cours. Violet : les limites du document Introduction C est dans le contexte de la montée en puissance de l extrême-droite en Europe, suite à la crise multiforme de 1929, que le peintre allemand Otto Dix réalise son triptyque avec prédelle intitulé La guerre. Le danger politique d alors fait émerger les anciennes douleurs de la Grande guerre de et la nécessité de les exorciser. Comment cette œuvre d art exprime-t-elle une expérience combattante marquée par l ensauvagement des pratiques de guerre? I La guerre de position et les nouvelles techniques de combat. 1) L équipement du soldat. Tout d abord, l œuvre évoque la guerre de position qui se déroule dès le début de l hiver 1914 et se prolonge jusqu au début de l année Les soldats apparaissent une seule fois dans leur intégrité physique, sur le panneau de gauche. Certes, ces derniers sont de dos, noyés dans une brume inquiétante qui semble être un mauvais présage. Il est visible que les soldats portent leur «barda», qui alourdit leur marche. Ils portent également un casque, et une veste longue de couleur beige marron contrairement aux poilus français qui au début de la guerre portaient un pantalon rouge garance puis un uniforme bleu horizon pour se fondre davantage dans le paysage. Ils tiennent à la main des baïonnettes, utilisées au début de la guerre mais qui se révèleront vite inappropriées au combat de la guerre de position en raison de l étroitesse des tranchées. D autres armes, ne respectant pas les conventions de La Haye, seront utilisées dont le gourdin ou l arme blanche, mais ne sont pas visibles sur ce témoignage que nous donne à voir Otto Dix de son expérience combattante. Les soldats allemands sont en route pour le front et pour la première phase de la guerre, appelée guerre de mouvement qui se déroule de l été 1914 à novembre de la même année. Les soldats peuvent aussi se diriger vers les tranchées et faire ainsi référence à la guerre de

3 position qui dure de novembre 1914 au début de l année Quoi qu il en soit, les panneaux de l œuvre traduisent la chronologie de la guerre et de la bataille. 2) La guerre de tranchée en rase campagne : une première militaire. En effet, Otto Dix restitue dans le panneau central une bataille en rase campagne qui fait suite chronologiquement au panneau de gauche. A l automne 1914 les Soldats s enterrent dans les tranchées, représentées ici dans leur état de délabrement suite à une offensive tragique. De ces tranchées sont lancées des offensives qui ne font pas réellement repousser la ligne de front et dont la seule issue semble être la mort si on en juge au paysage de désolation que peint Otto Dix, qui lui aussi a combattu dans les tranchées. Le paysage est méconnaissable et si les victimes sont nombreuses, il est impossible de savoir s il s agit de la bataille de la Somme ou de la terrible bataille de Verdun où l on a pu compter jusqu à un mort par mètre. Cette désolation symbolise la guerre sur tous les fronts dans ce qu elle a de plus vile. Les armes modernes et nombreuses produites à l arrière par les obusettes et les munitionnettes, en font une guerre industrielle. Le ciel inquiétant, couleur de mort dans le panneau central, est éclairé par le rouge sanguinaire du panneau de droite. La présence du noir, du jaune et du rouge s explique par les tirs d obus, de lance flammes et de grenade qui zèbrent le ciel. La peur omniprésente du gaz moutarde, dit aussi Ypérite car employé la première fois en Belgique, est évoqué par le personnage du panneau central qui porte un masque à gaz. D autres armes redoutables tels que les tanks ou les avions, qui commencent à prendre une place croissante dans le conflit, ne sont pas représentées sur le tableau. II ravagent les corps et les esprits. 1) Déshumanisation et désagrégation du paysage. D autre part, c est en raison d un armement produit de manière industrielle et qui a vocation à tuer en masse que s expliquent les ravages de la Grande Guerre sur les corps et les esprits. La guerre est synonyme pour Otto Dix de déshumanisation et de désagrégation d un paysage dévitalisé à l image des corps démembrés. Si dans le premier panneau du triptyque, les soldats sont présents dans leur intégrité physique, ils sont de dos et forment une armée humaine sans visage et sans identité qui se dirige vers un front qu il n est pas possible de localiser en l absence de décor. L expressionnisme, courant artistique auquel appartient l artiste, exagère la réalité afin de provoquer une réaction émotionnelle et angoissante chez le spectateur. Dans le panneau central, le paysage est à l image des restes humains. C est dans un décor de ruines calcinées, de tranchées effondrées près d un abri renversé que gisent des restes humains. Ainsi, au premier plan, l usage de la couleur organique rouge représente les boyaux et viscères sanguinolents d un cadavre. Cette couleur organique est utilisée aussi dans le troisième panneau pour montrer l embrasement du ciel infernal sous l emprise des flammes.

4 A la droite du panneau central, un corps démembré gît, en pleine décomposition comme le souligne le vers qui jaillit de sa bouche ouverte. Une main tendue évoque une tentative désespérée de se raccrocher à la vie ; mais la couleur blanche indique que l homme n est déjà plus homme et plutôt un mort vivant. Au dernier plan des jambes blanches, couleur de mort et criblées de balles, surgissent et expriment la rigidité du cadavre. C est un amas de morts. Les blessés sont quasi absents alors qu ils ont été nombreux dont des gueules cassées que Dix représentera dans d autres tableaux. 2) Entre vision pessimiste du monde et sanctification du soldat. D autre part, à travers la vision pessimiste du monde, Otto Dix tente de sanctifier le soldat. Le peintre utilise comme technique la peinture sur bois et emprunte à l art médiéval le triptyque, réutilisé d ailleurs dans la peinture de la Renaissance pour les retables. Aux trois panneaux, dont les deux latéraux se replient sur le panneau central, il ajoute la prédelle sous le panneau central. Les soldats disparaissent ainsi complètement une fois les panneaux repliés pour ne laisser apparaître que la prédelle. Celle-ci présente un homme allongé, blessé, plus probablement mort comme en témoigne le pessimisme de l œuvre. Cet homme peut s apparenter au corps du Christ mort pour sauver l humanité. Ce corps est allongé dans une sorte de caveau ou de cercueil collectif traduisant le fait que la seule issue de la guerre est la mort. En somme, le choix d un support à caractère plutôt religieux pour accueillir l œuvre semble sanctifier les martyrs de la guerre que sont les soldats. La seule lueur d espoir de l œuvre est peut-être contenue dans le troisième panneau. Un homme, le seul d ailleurs qui fasse face au spectateur et qui a donc la capacité de voir, porte péniblement le corps d un blessé. C est un sauveur, surgit des décombres, qui peut éventuellement représenter Otto Dix. Ce sauveur souhaite peut-être mettre en garde les Hommes contre la guerre, les atrocités et le non-sens des combats. Toutefois, ce sauveur au visage blafard est lui aussi bien inquiétant et ressemble davantage à un zombie. Est-il lui aussi blessé ou a-t-il perdu son âme dans cette guerre? Conclusion La Première guerre mondiale a été évoquée par Vallotton à travers l enfer de Verdun. Quant à Otto Dix comme tout soldat de la Grande Guerre, il a été atteint physiquement et moralement par cette boucherie. Les événements de l entre deux guerres à savoir la crise économique qui déferle sur l Europe et provoque l avènement des totalitarismes, ont certainement réactivé chez l artiste la crainte d une nouvelle guerre. Son tableau est très certainement un hymne au pacifisme pour éviter ce qu il peint à savoir un carnage, l apocalypse, la bêtise humaine et ce que des historiens ont appelé l ensauvagement ou la

5 brutalisation. Otto Dix attend de tous ceux qui verront l œuvre une réaction de dégoût, de nausée afin d empêcher que l histoire inexorablement se reproduise. C est dans cette perspective aussi que les Grands hommes de l époque, Wilson en tête, avaient prévu la mise en place d une SDN garante d une paix mondiale.