I. Le déroulement de la guerre froide

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1 Thème 2 : La guerre au XX ème siècle : De la guerre froide à de nouvelles conflictualités : La guerre froide, conflit idéologique, conflit de puissances Plan du sujet : I. Le déroulement de la guerre froide II. Berlin : un lieu de la Guerre Froide III. La guerre du Vietnam : un conflit de la Guerre Froide I. Le déroulement de la guerre froide a. Un monde bipolaire divisé en deux blocs Les Deux Grands : En 1947, l Alliance entre les EUA et l URSS prend fin. Le monde devient bipolaire car il est dominé par deux pôles : les Etats-Unis et l URSS. C est le début de la Guerre Froide ( ). o Ce sont deux superpuissances qu on appelle les deux Grands. o Chaque superpuissance règne sur son propre bloc, les Etats-Unis sur le bloc occidental et l URSS sur le bloc de l Est. Le mot «bloc» suggère une alliance mais en fait, les Etats des blocs sont sous la domination des deux Grands. o Pendant toute la guerre froide, une superpuissance n intervient jamais militairement dans le bloc de l autre. Les conflits interviennent en dehors des blocs, dans la zone appelée «périphérie». Un conflit idéologique : o Ce qui est nouveau, c est le caractère idéologique du conflit. Ce ne sont pas des peuples/races, qui se battent entre eux comme lors de la Seconde Guerre mondiale, mais des Etats qui défendent et veulent répandre leur idéologie, parce qu ils considèrent qu elle est la meilleure. o La confrontation Est-Ouest est une lutte entre deux modèles et deux systèmes de valeurs jugés opposés : l un communiste, l autre libéral ou capitaliste. Le modèle des Etats-Unis : démocratie libérale, régime présidentiel, société qui garantit les libertés individuelles, modèle capitaliste et libéral Le modèle soviétique : communisme, société encadrée et prise en charge par l Etat, société sans libertés fondamentales, société surveillée, société de l'égalité matérielle, sans classes sociales... o La rivalité entre les deux grands est multiforme : économique, militaire, spatiale, sportive etc. b. Une Guerre qualifiée de «Froide» Pourquoi «froide»? L expression «guerre froide» se popularise dès 1947 pour qualifier une situation très tendue où il n y a pas d affrontements directs entre les armées des Etats-Unis et de l URSS. Cet état de fait s explique notamment par l invention de l arme nucléaire dans les années En 1949 l URSS se dote elle aussi d une bombe atomique. Dès lors, l affrontement direct 1

2 entre les superpuissances devient moins probable car il conduirait à la destruction mutuelle assurée. Des affrontements par alliés interposés : Mais la guerre froide n est pas «froide» partout : les superpuissances s affrontent hors de leurs territoires dans des conflits régionaux en s appuyant sur leurs alliés. L URSS utilise par exemple l armée du Vietnam en Asie, ou celle de Cuba en Afrique. Les Etats- Unis peuvent compter sur la France en Afrique ou sur l Arabie Saoudite et Israël au Moyen Orient. On parle d affrontement par alliés interposés. Une guerre pas «froide» partout : Les interventions des superpuissances hors de leurs blocs sont nombreuses. Les Etats-Unis s engagent au Vietnam ( ) et l URSS en Afghanistan ( ). La guerre de Corée ( ) est un cas particulier : les Etats-Unis y interviennent à la tête d une coalition mandatée par l ONU (l URSS boycottait alors le Conseil de Sécurité). c. Les lieux de la Guerre Froide Centres et périphéries : On peut dire que le système de la guerre froide a des centres, où la guerre n est pas envisageable et des périphéries, où les conflits sont possibles là où aucune des superpuissances n a assis sa domination de manière stable. Le centre : Le centre est constitué par les deux blocs. Chaque bloc comprend : o le territoire de la superpuissance (Etats-Unis ou URSS) o Des pays intégrés dans une alliance militaire : l OTAN (1950) autour des Etats-Unis et le pacte de Varsovie (1955) autour de l URSS. Tout autour des blocs, il y a de nombreuses bases militaires. L Europe du rideau de fer : En Europe, les deux armées sont massées le long d une ligne de front très spectaculaire, c est le rideau de fer. Ce «rideau», qui coupait l Europe en deux, comportait des lignes de barbelés séparées par des no man's land, des champs de mines et des miradors armés de mitrailleuses du côté soviétique (doc. 5 p. 125). La section la mieux fortifiée, surveillée et la plus célèbre était le mur de Berlin, qui coupait la ville en deux. Les deux armées ne s affronteront toutefois jamais en Europe. Le Tiers-Monde : La périphérie est constituée essentiellement de pays alors dits du «Tiers-Monde», d Afrique et d Asie où les deux superpuissances s affrontent indirectement. L Amérique Latine est sensée faire partie du bloc occidental, mais le rapprochement entre Cuba et l URSS en 1959 complique la situation. Dès 1955, à la Conférence de Bandung, certains Etats, comme l Inde, l Egypte et la Chine, cherchent à échapper à la l influence des deux Grands et fondent le Mouvement des Non-Alignés. d. Les étapes principales de la Guerre Froide Première phase ( ) : o La guerre froide commence en 1947 avec la rupture de la Grande Alliance conclue par les Etats-Unis et l URSS contre Hitler. o La première phase de la Guerre Froide est particulièrement dure avec le blocus de Berlin ( ) et la guerre de Corée ( ). o Après la mort de Staline en 1953, Khroutchev, nouveau dirigeant de l URSS lance une période de coexistence pacifique entre les deux Grands, c est une période de dégel des relations internationales. o Mais la tension redevient très forte avec la crise de Berlin en 1961 puis avec la crise de Cuba en

3 Deuxième phase ( ) : o La seconde phase de la Guerre Froide est la Détente. Les grandes puissances restent en rivalité mais elles cherchent à établir un dialogue pour éviter le risque d un affrontement nucléaire. o Les tensions recommencent au milieu des années 1970, mettant fin à la Détente. Troisième phase ( ) : o En 1979, avec l intervention de l armée soviétique en Afghanistan, la guerre froide connaît de nouveau une phase très tendue. o La politique de réformes menées en URSS depuis 1985 par un nouveau dirigeant, Gorbatchev conduit finalement à la fin de la guerre froide. o Le bloc de l Est s effondre en 1989, quand Moscou laisse aux pays d Europe de l Est le choix de déterminer leur type de gouvernement. La plupart des pays adoptent alors le modèle capitaliste. La même année, les premières brèches sont ouvertes dans le rideau de fer, et le mur de Berlin tombe. o L URSS en tant que pays disparaît en 1991, laissant place à la Russie. II. Berlin : un lieu de la Guerre Froide a. Le blocus de Berlin ( ) La situation en 1945 : En 1945, l Allemagne est vaincue. Elle est divisée en quatre zones d occupation, chacune administrée par les Etats-Unis, l URSS, la Grande- Bretagne et la France. Sa capitale, Berlin, est située en zone soviétique, mais elle est également divisée en quatre. Cette situation inquiète Staline car il ne veut pas d un territoire occidental au milieu de sa zone d influence. Dès 1945, Staline impose la création d un parti communiste, le SED (Parti socialiste unifié d Allemagne) dans sa partie de l Allemagne. Le SED devient le seul parti autorisé. L URSS crée donc un gouvernement communiste en Allemagne de l Est. Pour éviter que le reste de l Allemagne ne tombe sous domination communiste, Américains et Britanniques font fusionner leurs zones le 1 er janvier Les Français, jusqu alors réticents de peur d une renaissance de la puissance allemande, acceptent le 1 er juin 1948 l unification des trois zones occidentales lors de la Conférence de Londres. Le blocus de Berlin : Staline perçoit cette unification comme une menace. Le 24 juin 1948, il réplique en déclarant le blocus de Berlin-Ouest. Il bloque toutes les voies d accès terrestres (routières, ferroviaires) à la zone occidentale. Il espère ainsi forcer les Occidentaux à quitter la ville. Le président américain Truman, plutôt que de rouvrir de force les routes, ce qui risquerait de dégénérer en guerre, choisit de ravitailler Berlin-Ouest par un voie aérienne, il crée une sorte de pont aérien (doc. 3, 4 et 5). Les Soviétiques n osent pas non plus attaquer les avions américains. En mai 1949, après un an de blocus inutile, Staline lève le blocus. Cette période marque les débuts d un 3

4 contraste entre la prospérité de Berlin-Ouest, alimentée par l aide américaine et Berlin-Est, beaucoup plus austère. b. La naissance des deux Allemagnes Les deux Allemagnes : La crise accélère la séparation de l Allemagne. Deux Etats sont créés en les trois zones d occupation occidentales forment la République Fédérale d Allemagne (RFA, capitale Bonn) alliée aux Etats-Unis. Les Soviétiques créent la République Démocratique Allemande (RDA, capitale Berlin-Est), intégrée au bloc communiste. Les deux Etats se développent parallèlement. En juin 1953, une grève générale et une révolte éclatent à Berlin-Est, contre les conditions de travail durcies et l absence d élections libres. L agitation est terriblement réprimée par des chars soviétiques (doc.2 p. 123). Les Occidentaux ne bougent pas, ils respectent la règle tacite de non-intervention dans le bloc adverse. Une ville coupée en deux ( ) Située au cœur de la RDA, Berlin-Ouest reste un territoire de la RFA capitaliste! Elle devient alors le symbole de la liberté pour les citoyens de la RDA, qui fuient le régime soviétique en passant par Berlin pour rejoindre le bloc capitaliste. La répression de 1953 augmente le flux de réfugiés, 2,7 millions de personnes passent entre 1949 et Pour mettre un terme à cette migration, la RDA fait édifier, dans la nuit du 12 au 13 août 1961, un mur tout autour de Berlin-Ouest (doc. 1-2 p. 124). Ce mur devient un haut lieu de l affrontement idéologique entre les deux blocs. Il n y a pas d affrontement militaire là-bas mais les discours des deux blocs s affrontent autour du mur dans un effort de propagande : o Les autorités est-allemandes justifient la construction du mur par les «activités subversives» et les «menées agressives» des puissances occidentales. Cette propagande participe aux efforts menés par l URSS au cours de ces années pour se présenter comme le camp de la paix face au militarisme américain. o Dans le camp adverse, le président de l époque, John F. Kennedy dénonce le mur de la honte, symbole de l échec du système totalitaire soviétique. Berlin-Est et la RDA sont comparés à des prisons (doc. 1 p. 122) où la population est surveillée par la STASI (p. 122) et réprimée quand elle tente de s évader. Kennedy se rend à Berlin- Ouest en 1963 pour y affirmer la solidarité du monde libre. Dans son discours, il proclame «Ich bin ein Berliner!». La Détente permet un apaisement de la situation à Berlin. En 1971, les quatre puissances occupantes signent l accord quadripartite sur Berlin pour améliorer le sort des Berlinois (doc. 4 p. 123). Cet accord est suivi par un traité (1972) par lequel les deux Etats allemands se reconnaissent mutuellement comme Etats d une même nation. c. La chute du mur de Berlin (1989) En 1989, le nouveau dirigeant de l URSS, Gorbatchev annonce que l URSS n interviendra plus dans les Etats d Europe de l Est, désormais libres de choisir leur système politique. La même année, la Hongrie ouvre le rideau de fer avec 4

5 l Autriche et des milliers d Eropéens de l Est en profitent pour fuir vers l Ouest. Les manifestations se multiplient en RDA et le 9 novembre 1989, quand les dirigeant annoncent l ouverture de la frontière avec la RFA, des manifestants commencent à détruire le mur (doc. 5 p. 123). Cet événement symbolise la fin de la Guerre Froide et annonce la réunification allemande (3 octobre 1990). Ainsi, dès 1948, Berlin est un enjeu capital de la Guerre Froide et symbolise la scission entre les deux blocs, même si celle-ci s exprime aussi en d autres lieux. III. La guerre du Vietnam a. De la décolonisation à la guerre froide La décolonisation de l Indochine : o En 1940, l Indochine (doc. 2 p. 133), qui était une colonie française, est occupée par les Japonais dans le cadre de la Seconde Guerre moniale. o Lors de la capitulation japonaise, en 1945 le principal mouvement de décolonisation indochinois, le Vietminh communiste, s insurge. Le 2 septembre, Hô Chi Minh, leader du Vietminh proclame l indépendance du Vietnam. Il crée la République Démocratique du Vietnam (RDV). o La France tente de reprendre le contrôle de son ancienne colonie, ce qui entraine la guerre d Indochine, de 1946 à Les Etats-Unis soutiennent la France car ils sont contre les communistes, dans le cadre de la Doctrine Truman. L indépendance du Vietnam : Les Français perdent la guerre d Indochine et doivent signer les accords de Genève le 21 juillet Le Cambodge, le Laos et le Vietnam gagnent leur indépendance mais le Vietnam est séparé en deux (doc. 2) : o Nord-Vietnam ou RDV : dirigé par Hô Chi Minh, capitale Hanoï, allié de l URSS et de la Chine, communiste. o Sud-Vietnam : dictature militaire, capitale Saïgon, allié des Etats-Unis, capitaliste. La début du conflit Nord-Sud : Les américains craignent la propagation du communisme en Asie du Sud-Est, selon la théorie des dominos. Ils veulent faire du Sud-Vietnam un Etat capitaliste modèle qui donnerait envie à tous les autres pays d Asie. Mais dans les faits, le Sud-Vietnam est gouverné par une dictature autoritaire et corrompue. Dès 1960, des vietnamiens du Sud créent un mouvement de guérilla, le Front national de libération (FNL) pour lutter contre le gouvernement pro-américain et réunifier le Vietnam. Les adversaires du FLN l appellent le Vietcong (ce qui signifie le Vietnam-communiste). b. L enlisement et le retrait américain L intervention des EUA : Les EUA commencent par fournir une aide matérielle militaire à l armée sud-vietnamienne et à lui envoyer des conseillers technique pour l aider à lutter contre le FNL. Dès 1964, le Président Johnson fait voter la résolution sur le golfe de Tonkin (doc. 3-4) et commence l envoi de troupes américaines au Vietnam, sans faire de déclaration de guerre officielle toutefois (doc. 1). L enlisement américain : 5

6 o L armée américaine a une supériorité technologique et matérielle (aviation, bombardements, napalm, agent orange, hélicoptères ). o Mais les membres de la guérillas sont mobiles, ils ont une bonne connaissance du terrain, et ils sont approvisionnés par le Nord-Vietnam et la Chine via la piste Hô Chi Minh. o En 1968, a lieu l offensive du Têt. Il s agit d une grande offensive des Vietcongs contre plus de 100 villes du Sud-Vietnam. L offensive est finalement repoussée mais elle montre la vulnérabilité du Sud-Vietnam. Les Américains commencent à douter de leur chance de gagner la guerre. Les manifestations contre la guerre : En même temps, aux Etats-Unis et dans tout le bloc occidental ont lieu d énormes mouvements de protestation contre la guerre du Vietnam (Woodstock) et l interventionnisme américain. Le désengagement américain : o En 1968, le Président Nixon est élu grâce à la promesse d une paix dans l honneur. Il poursuit la politique de désengagement militaire commencée par Johnson. Il accélère la vietnamisation du conflit, c està-dire le retrait des troupes américaines et le renforcement des troupes sud-vietnamiennes. o Finalement, il signe les accords de Paris (27 janvier 1973) avec la RDV qui assurent le retrait américain. o La guerre se poursuit toutefois entre nord et sud. En 1975, les Vietcongs prennent Saigon et unifient le Vietnam sous un régime communiste. La même année Cambodge et Laos passent dans le camp communiste. c. L échec américain Un conflit meurtrier : Le conflit de la guerre du Vietnam a été asymétrique et très meurtrier : 2 millions de victimes chez les Vietnamiens pour seulement 58'000 soldats américains. C est un exemple typique de conflit de la guerre froide, qui n est pas froid, mais où les armées soviétiques et américaines s affrontent par alliés interposés (l Armée américaine intervient, tandis que les Soviétiques et Chinois aident matériellement leurs alliés les Vietcongs). Le déclin américain : L échec des Etats-Unis, qui perdent la guerre, provoque une période de déclin de leur puissance dans les années C est la fin de la Détente et de nombreux pays asiatiques et africains deviennent communistes. L anti-américanisme : Enfin, la guerre au Vietnam constitue une nouvelle étape de l affrontement idéologique car elle débouche sur une forte poussée d anti-américanisme dans le monde. L Amérique est même critiqué à l intérieur même de ses frontières. Si au début, elle cache son engagement dans la guerre au peuple américain, les médias finiront par relayer les informations de la guerre en direct. Plus il y aura d Américains mobilisés, plus les médias et l opinion publique seront critiques de la guerre. La guerre du Vietnam ternit ainsi beaucoup l image des Etats-Unis (p ). 6