RAPPORT MENSUEL SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE BURKINA FASO
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- François Jean
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1 The USAID Famine Early Warning System Network (FEWS NET) (Réseau du Système d Alerte Précoce contre la Famine de l USAID) 01 B.P Ouagadougou 01, Burkina Faso, West Africa Tel/Fax: fewsbf@fasonet.bf RAPPORT MENSUEL SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE BURKINA FASO JUIN 2002 Résumé En juin 2002, l accès alimentaire et la situation nutritionnelle deviennent de plus en plus difficiles sur l ensemble du pays. Cela se manifeste par le faible niveau des stocks paysans et des produits céréaliers sur les marchés. Les résultats de la campagne passée faisaient ressortir des besoins d approvisionnement en céréales pour 14 provinces, dont neuf 9 présentaient un déficit céréalier assez important. La population vulnérable devant bénéficier de ces approvisionnements est aujourd hui estimée à personnes et les besoins totaux à tonnes de céréales. Pour l instant, cette mesure d approvisionnement ne connaît pas un début. Les prix des céréales continuent leur hausse depuis le mois janvier sur la plupart des marchés. Comparé à l année dernière et à la moyenne ( ), le prix moyen du mil au mois de juin est nettement supérieur pour les marchés de Bobo Dioulasso et Ouahigouya. Par contre, pour les marchés de Ouagadougou et de Dori, il n a pas connu de progression par rapport à l année dernière, mais reste nettement supérieur à la moyenne. Cette hausse anormale des prix est liée entre autres à la forte demande actuellement et au faible approvisionnement des marchés. L incidence de la hausse des prix varie entre les acheteurs et les vendeurs nets de céréales. D une part, le pouvoir d achat chez les ménages en milieu urbain et semi urbain est en baisse; les ménages à faibles revenus éprouvent d énormes difficultés pour acheter les céréales; il en est de même pour les producteurs déficitaires du mil qui doivent se rebattre sur le marché. D autre part, les producteurs avec des récoltes excédentaires pourront gagner plus d argent par la vente de leurs produits et ainsi faire face à leurs besoins divers. La campagne agricole 2002/03 connaît un démarrage assez timide sur l ensemble du pays. Les pluies sont rares et illégalement reparties. Les producteurs sont occupés par le nettoyage des champs, l épandage de la fumure organique, le labour, les semis et le sarclage dans les bas-fonds. Dans les zones où les paysans ont déjà semé, surtout dans la partie Sud-ouest du pays, le stade le plus observé est la levée première feuille. Dans les centres urbains, le problème d approvisionnement en eau des populations est devenu crucial à cause du niveau très bas des barrages et des retenues d eau.
2 1. Disponibilité alimentaire 1.1. Besoins d aide alimentaire En juin, l accès alimentaire et la situation nutritionnelle deviennent de plus en plus difficile sur l ensemble du pays. Cela se justifie par le faible niveau des stocks paysans et des produits céréaliers sur les marchés. Les résultats définitifs de la campagne agricole 2001/2002 faisaient ressortir que sur les 45 provinces du pays, 14 provinces étaient légèrement déficitaires, parmi lesquelles 9 accusaient un déficit assez important. C est notamment les cas du Soum, du Namentenga, du Sanguié et dans une moindre mesure du Sourou. Dû au problème d accessibilité alimentaire et le fait que ces provinces enregistrent deux campagnes de mauvaises récoltes consécutives, les populations vulnérables pourraient y connaître des difficultés alimentaires pendant la période de soudure (juin-septembre). Selon les informations de la Cellule Technique de Coordination de l information (CT-CI) du Ministère de l Agriculture, il est nécessaire d assurer l approvisionnement des quatorze provinces déficitaires. La population vulnérable devant bénéficier de ces approvisionnements serait estimée à personnes pour un besoin total de tonnes de céréales. Cet approvisionnement s effectuera par les transactions commerciales à des «prix sociaux» (en dessous des prix actuels du marché) et sera assuré par la Société de Production du Faso (SOPROFA). Mais pour l instant cet d approvisionnement n a pas encore démarré. FEWSNET va faire un suivi attentif des besoins d aide des populations de ces provinces par une mission d évaluation sur le terrain dans les prochains jours Les conditions agro-météorologiques La situation pluviométrique au mois de juin 2002 n a pas connu de véritable bond. Elle a été surtout caractérisée par de faibles pluies enregistrées sur l ensemble du territoire (graphique 1). L insuffisance et la mauvaise répartition des pluies font que le niveau des activités agricoles varie suivant les localités. Selon les images satellitaires (non montrées), la première décade du mois de juin a été marquée par une pluviométrie et une répartition spatio-temporelle relativement bonnes sur l ensemble du pays. Comparée à la moyenne ( ), la pluviométrie est excédentaire pour les parties Sud (vers Gaoua), Ouest (vers Boromo), et le Sahel (vers Gorom-gorom). Par contre elle est déficitaire à l Est (vers Diapaga) et normale sur les autres parties du pays. La pluviométrie de la deuxième décade de juin est caractérisée par de faibles pluies. Le fait remarquable pour cette décade est qu une partie du pays, le Sahel (vers Dori) n a pas reçu aucune pluie. La pluviométrie de cette deuxième décade de juin, comparée à la moyenne, est normale au Sud du pays et déficitaire dans les autres parties. La troisième décade de juin est caractérisée par de fortes pluies dans les parties Nord, Centre et Est du pays. La pluviométrie de cette décade est excédentaire au Centre, à l Est et à l Ouest, déficitaire au Sud et au Centre Est et normale pour les autres parties.
3 Graphique 1: Comparaison du cumul pluviométrique du 1 avril au 30 juin: 2002, 2001 et Moyenne ( ) 350 Hauteurs d'eau en mm Dori Fada Bobo N'gourma Dioulasso Ouahigouya Dédougou Ouagadougou Gaoua Moyenne Avril-Juin Avril-Juin Avril-Juin Source: Direction de la Meteorologie Nationale Graphique: FEWS NET/Burkina Faso Le niveau des barrages et autres points d eau d une localité à une autre est fonction de la quantité d eau de pluie reçue. L insuffisance des pluies fait que le niveau des points d eau demeure peu satisfaisant. Les grands centres urbains comme Ouagadougou connaissent des problèmes d eau et l Office National de l Eau et de l Assainissement (ONEA) était obligé de procéder à des rationnements d eau au niveau des secteurs de la ville. La situation est si préoccupante que le Gouvernement Burkinabé a promis de reprendre le plus rapidement possible «l opération Saaga» (opération de pluies provoquées par l ensemencement des nuages). Cette opération est prévue en juillet. Actuellement, l état des pâturages dans le Nord et à l Est est assez déplorable car il est pratiquement inexistant en quantité et en qualité. Ainsi, certains agro-pasteurs apportent des compléments d aliment aux troupeaux. Les animaux sont faibles et parfois très maigres.
4 Graphique 2. Conditions Végétatives (NDVI) au juin 2002 Graphique 3. Comparative des conditions végétatives (NDVI) au Juin 2002 vs Juin Moyenne Le graphique 2, image satellitaire sur l indice de végétation par la différence normalisée (NDVI), montre l effet après un certain décalage de temps, du cumul pluviométrique à la troisième décade de juin où le front végétatif a atteint la moitié sud du pays. Le graphique 3 montre que l état végétatif, comparé à la moyenne ( ), est moins favorable pour les parties Est et Centre où un andain large se situe en dessous de la moyenne. En résumé, la campagne agricole 2002/2003 connaît un démarrage assez timide sur l ensemble du pays. Les producteurs sont occupés par le nettoyage des champs, l épandage de la fumure organique, le labour, Source: NASA, USGS les semis et le sarclage dans les bas-fonds. Dans les zones où les paysans ont déjà semé, surtout dans la partie Sud-ouest du pays, le stade le plus observé est la levée première feuille. Dans le cadre de l initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés), le Gouvernement Burkinabé est entrain d aider les producteurs avec des intrants (semences et engrais) dont plusieurs tonnes ont été déposées dans les différents magasins provinciaux ; la répartition au niveau des producteurs se déroule normalement selon les Directions Régionales de l Agriculture (DRA). Nous pourrons compléter ces informations dans les prochains rapports après la sortie sur le terrain. 2. Accessibilité alimentaire Les prix des céréales, depuis le mois de janvier, subissent une augmentation considérable. Cette augmentation des prix est variable d une localité à une autre selon qu on se trouve en zone de production agricole ou en zone non agricole. Le graphique 4 indique l évolution du prix moyen du mil de janvier à juin 2002 et 2001 ainsi que la moyenne des cinq dernières années ( ) sur quelques principaux marchés du pays. Par rapport au mois de mai, les prix du mil en juin ont subi une légère hausse sur les marchés de Bobo Dioulasso (3%) et Dori (1%). Ils se sont stabilisés sur le marché de Ouahigouya (0%) et baissés sur le marché de Ouagadougou (-10%). Cette baisse de prix du mil sur le marché de Ouagadougou pourrait
5 expliquer le fait que les commerçants céréaliers, sentant la période de soudure très proche, aient commencé à déstocker leurs céréales. Comparé à l année dernière et à la moyenne ( ), le prix moyen du mil au mois de juin est nettement supérieur pour les marchés de Bobo Dioulasso (15% et 34%, respectivement) et Ouahigouya (9% et 34%, respectivement). Par contre, pour les marchés de Ouagadougou et de Dori, il n a pas connu de progression par rapport à l année dernière (-1% et +2%, respectivement), mais reste nettement supérieur à la moyenne (25% et 30%, respectivement). Quelques facteurs (soulignés dans les précédents Rapports) pourraient expliquer la hausse anormale des prix à cette période, à savoir : Le passif de l année dernière : reconstitution des stocks ; remboursement en nature des emprunts de subsistance qui font réduire l offre sur les marchés; La forte demande due aux différents appels d offres lancés par certaines structures comme la Société National de Gestion du stock de Sécurité alimentaire (SONAGESS), le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et certaines ONG auprès des commerçants et des organisations paysannes ; Les exportations formelles aussi bien qu informelles vers les pays voisins ; Le fait que l achat du coton par la SOFITEX ait suivi de paiement au comptant, les producteurs de la zone cotonnière ne sont pas pressés de vendre leurs céréales cette année. Cette hausse des prix est un des facteurs qui contribuent à la baisse du pouvoir d achat chez les ménages en milieu urbain et semi urbain et entraîne des difficultés d accès aux céréales pour les ménages à revenus faibles. Par contre les producteurs ayant un stock important en ce moment à vendre, pourraient se procurer beaucoup d argent et ainsi faire face à leurs besoins de santé, cérémonies, déplacement. Cet état de fait pourrait les inciter à augmenter leur production pour cette campagne agricole. Les commerçants qui avaient pu faire des stocks juste après les récoltes, pourront profiter de la situation actuelle de hausse des prix, en vendant leurs stocks. La plupart des ménages à faibles revenus substituent le mil (souvent la céréale la plus chère) aux autres céréales comme le maïs et le sorgho (souvent moins chers). Le prix du kilogramme de maïs reste moins cher par rapport à celui du mil pour les marchés de Ouagadougou (par 12%), Bobo Dioulasso (14%), Fada N Gourma (11%) et Ouahigouya (6%). Par contre il reste plus élevé à Dédougou (8%) et à Dori (3%). Ainsi les ménages consomment beaucoup plus de maïs que d habitude. Il faut alors s attendre à une augmentation éventuelle des prix du maïs, conséquence de la forte demande. Ceci augmentera les difficultés d accès à la nourriture par les ménages à faibles revenus dans les mois à venir. Le graphique 5 montre l évolution des prix du maïs, du sorgho et du mil sur le marché de Ouagadougou. Les prix du maïs n ont pas connu une hausse sensible durant les trois derniers mois. Ils restent toujours bas par rapport à ceux du mil et du sorgho. En juin, les prix du mil et du sorgho sont sensiblement les mêmes. Les ménages à faibles revenus pourraient alors acheter le maïs en faisant des économies.
6 Graphique 5: Evolution des prix moyens du maïs, du sorgho et du mil à Ouagadougou en Maïs Sorgho Mil Francs CFA/Kg Janvier Février Mars Avril Mai Juin FEWS NET/Burkina Faso Source: SIM A l approche de la période de soudure, la sécurité alimentaire a commencé à se dégrader. Les perspectives d une bonne pluviométrie pourraient contribuer à faire baisser les prix des céréales, laissant percevoir de bonnes récoltes pour cette campagne agricole. Les producteurs et les commerçants pourraient alors déstocker leurs céréales, contribuant ainsi à augmenter l offre.
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