Cours 4, Littérature CUF SP Charles VINCENT. Explication linéaire et Commentaire composé

Transcription

1 Cours 4, Littérature CUF SP Charles VINCENT Explication linéaire et Commentaire composé

2 Le commentaire littéraire C est la base de toute la discipline. C est à partir de lui, c est-à-dire d une étude précise, détaillée, des œuvres, que s échafaude toute la recherche en littérature. Sans cette étape, les études littéraires deviennent un magma de généralités. C est la chair de l œuvre, sa microscopie. A l inverse, le commentaire se nourrit d une connaissance du co-texte et du contexte. L unité fondamentale de compréhension reste l œuvre.

3 Deux approches, linéaire et composée. Un même objectif : analyser le texte, ses enjeux, sa composition, ses effets, sa structure, sa progression. Les éléments principaux doivent être les mêmes, la démarche d analyse est similaire. Cependant, le commentaire linéaire est plus sensible à l unité d un développement partant d un point A pour arriver à un point B dans le récit. Le composé insiste au contraire sur la construction du passage en strates de sens du plus simple au plus complexe, subtil.

4 L introduction Entrée en matière. Situation de l extrait. (Lecture à l oral) Caractérisation du passage. (composé : structuration) Problématisation Annonce de plan.

5 Le développement Il doit être structuré, qu on soit en linéaire ou en composé. Il faut ménager des transitions entre vos parties. Parties du linéaire : les moments successifs de l extrait. Parties du composé : les axes de lecture.

6 La conclusion Deux moments dans la conclusion : - Le bilan du commentaire. - L ouverture. Le Bilan doit récapituler de manière synthétique les grands acquis du développement en répondant à la problématique posée. L ouverture suggère des liens extérieurs.

7 La longueur On réserve généralement l explication linéaire à de courts extraits pour l oral. Le commentaire composé est la norme de l écrit. Dans un devoir rédigé, aucun titre ne doit apparaître. On saute une ligne avec alinea quand on change de partie, on passe à la ligne avec alinea quand on change de sous-partie. Toute partie doit comporter au moins deux sousparties. On attend de deux à quatre parties (axes ou moments).

8 Qu analyse-t-on? Le(s) type(s), genre(s) du texte (description, portrait, narration, discours, poème, article, caractère ) L énonciation (narrateur, point de vue, etc.) La temporalité (verbes, vitesse de l action, succession des actions). Le style (figures de style, rythme des phrases, versification).

9 ATTENTION CHACUN DES ELEMENTS PRECEDENTS NE VAUT QUE PARCE QU IL EST MIS AU SERVICE D UNE ANALYSE GLOBALE DE L EXTRAIT ET NON COMME UN TRESOR A PART SOI.

10 Un exemple extrait de La Garçonne L affrontement de Boisselot et Blanchet Extrait p (partie III, ch. 3) : «Ce qui, par-dessus tout. Sa pipe qui brasilla»

11 Introduction : 1. Situation : Après avoir mené une vie de garçon par désillusion amoureuse, Monique s est éprise de Regis Boisselot, écrivain conservateur qui veut la ramener dans le droit chemin et qui est de plus en plus jaloux et possessif. Monique étouffe dans cette relation et insiste pour assister à un dîner où se trouve Blanchet, penseur progressiste dont Boisselot est jaloux. La tension monte sourdement au cours de la discussion qui rappelle une discussion similaire sur le mariage au début du roman avec les mêmes personnages. 2. Caractérisation. Notre passage est un extrait de la discussion politique au cours de laquelle les deux hommes s affrontent sous les yeux des convives et surtout de Monique. Après un morceau de récit qui permet une analyse introspective des sentiments des trois protagonistes, le dialogue politique reprend au style direct, rebondissant sur une accusation de Blanchet contre Boisselot : «vous crachez sur votre pain».

12 3. Problématisation Nous verrons que les positions politiques de chacun et les accusations de rhétorique servent une sousconversation éthique et affective dans laquelle Boisselot, agressif, devient de plus en plus antipathique, précipitant sa chute dans le cœur de Monique. 4. Annonce de plan : Le dialogue intervient tout d abord dans un dîner mondain qui lui sert de cadre. Nous verrons ensuite que deux positions s affrontent sur les liens entre la politique et la rhétorique. Nous analyserons ensuite l influence de Monique, silencieuse mais enjeu implicite du débat, sur la discussion.

13 1. Un diner mondain. 1. Les pensées de Monique et de Boisselot. 2. Le départ des Muroy. 3. Les interventions de Vignabos et l interruption ironique de Mme Ambrat.

14 2. Politique et rhétorique, l affrontement des deux hommes. 1. Le pour et le contre. Boisselot contre la rhétorique et la révolution.. Blanchet pour un bon usage de la rhétorique en politique (Jaurès). 2. Les paradoxes du réel.. Les applaudissements contradictoires.. Le singe et l homme.. Le manoir à l envers. 3. Littérature et rhétorique. Les Lettres contre la rhétorique (Boisselot).. La rhétorique dans toute argumentation (Blanchet).

15 3. Monique, enjeu sous-jacent du discours. 1. Un carrefour de l existence : les doutes de Monique sur Boisselot et sur Blanchet. 2. Le cas de Monique au cœur de la discussion politique. 3. Agressivité et raillerie. L épreuve de force des deux hommes.

16 Conclusion Bilan : Derrière la civilité apparente d une soirée mondaine se joue ainsi l avenir des relations amoureuses de Monique. La discussion politique rappelle le contexte révolutionnaire sur l égalité des mœurs qui agite la société des années folles, mais permet aussi de mettre en abyme le roman lui-même par des allusions à la littérature et à son rôle rhétorique d entraînement vers un avenir meilleur. Ouverture : Le mélange permanent de politique, de littérature et de morale de cet extrait est caractéristique des objectifs de l ensemble du roman. Il rend compte de la manière dont Victor Margueritte cherche à mettre en scène dans un drame personnel et conjugal les errances d une époque de doute et de transformations importantes des mœurs et de la condition féminine.