Boissons Énergisantes: Une Évaluation des Risques Potentiels Pour la Santé en Contexte Canadien

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1 Revue internationale d analyse des risques alimentaires ARTICLE Boissons Énergisantes: Une Évaluation des Risques Potentiels Pour la Santé en Contexte Canadien Regular Paper Joel Rotstein 1, Jennifer Barber 1, Carl Strowbridge 1, Stephen Hayward 1, Rong Huang 1 et Samuel Benrejeb Godefroy 1,* 1 Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada * Corresponding author samuel.godefroy@hc-sc.gc.ca Reçu le 12 février 2013; la version finale reçue le 3 juin 2013 DOI: / Rotstein et al.; licensee InTech. Ceci est un article en libre accès distribué sous les termes de la Creative Commons Attribution License ( qui permet l'utilisation illimitée, la distribution et la reproduction sur tout support, à condition que le travail original est correctement cité. Résumé L objectif du présent document consiste à élaborer une évaluation des risques pour la santé que comportent les boissons énergisantes, et ce, sur la base des évaluations de l exposition à celles ci et du danger pour la santé qu elles représentent alors qu elles sont consommées à titre d aliments au Canada. Dans ce document, la boisson Red Bull MC tient lieu d exemple typique de boisson énergisante: une portion individuelle d une canette de 250 ml de ce produit contient 80 mg de caféine, mg de taurine, 600 mg de glucuronolactone et plusieurs vitamines B. Les données sur le danger pour la santé que comportent les boissons énergisantes se sont avérées rares, et par conséquent, l évaluation des risques a été fondée sur ceux que comportent les ingrédients à titre individuel. La caféine a été désignée comme l ingrédient le plus susceptible d être consommé en quantité telle qu elle soit possiblement préoccupante pour la santé. Compte tenu de ce fait, la consommation excessive de boissons énergisantes devrait entraîner des conséquences pour la santé semblables à celles qui découlent d une exposition immodérée à la caféine. Bien que l anxiété, les céphalées et l insomnie puissent compter au nombre de ses effets les plus légers et passagers, ces symptômes peuvent devenir chroniques. L irrégularité de la fréquence cardiaque, la survenue d un accident vasculaire cérébral et, très exceptionnellement, le décès en sont les conséquences les plus graves. Actuellement, la possibilité d une interaction entre la taurine ainsi que le glucuronolactone et la caféine n a pas été déterminée et, par conséquent, ces substances pourraient ou non exacerber les effets de cette dernière. De plus, les effets sur la santé d un apport excessif en taurine et en glucuronolactone sont inconnus. Selon les conclusions de cette évaluation des risques, la consommation quotidienne par la population adulte en général de deux portions d une boisson énergisante typique serait sans danger et n aurait donc pas de conséquences en matière de santé. Cette conclusion s appuie sur l innocuité des ingrédients autres que la caféine contenus dans les boissons énergisantes lorsqu ils sont consommés en cette quantité et le fait que la caféine des autres sources alimentaires s ajoute à celle ingérée à ces deux portions de boissons énergisantes ne devrait pas comporter de danger pour la santé de la population adulte en général. La consommation de boissons énergisantes par certains sous Joel Rotstein, Jennifer Barber, Carl Strowbridge, Stephen Hayward, Rong Int. food Huang risk et anal. Samuel j., 2013, Benrejeb Vol. Godefroy: 3, 5:2013 1

2 groupes de la population, par exemple, les enfants, les adolescents et les femmes enceintes, ne devrait pas excéder les apports quotidiens maximaux établis pour chacun de ceux ci et recommandés par Santé Canada. A l aide d une modélisation de l exposition, le risque éventuel pour la santé que comporte la consommation de boissons énergisantes a fait l objet d un examen. Toutefois, aucune information sur la consommation de boissons énergisantes au Canada n était disponible. Par conséquent, aux fins de la modélisation de l apport, l hypothèse que les boissons énergisantes sont consommées de la même façon que les boissons gazeuses caféinées a été retenue. La concentration en caféine des boissons énergisantes a été fixée à 320 ppm (80 mg de caféine/250 ml portion) à des fins de modélisation. Dans cette simulation avec le scenario le plus conservateur, l ensemble des boissons gazeuses sucrées contenant de la caféine ont été remplacées par des boissons énergisantes typiques chez les consommateurs qui consomment généralement ces produits (mangeurs seulement). Les résultats de cette estimation prudente ont montré que, parmi les consommateurs habituels de boissons gazeuses caféinées, un peu moins de 30% des adultes, environ 15% des femmes enceintes et plus de 50% des enfants et adolescents étaient au dessus de l apport maximal recommandé en caféine par Santé Canada.. Ce scénario extrême s applique seulement à un sousensemble de la population qui consomment des boissons gazeuses contenant de la caféine et qui ne dépasse pas 8% des jeunes enfants (1 8 ans), 22% des enfants plus âgés (9 14 ans), 32% des adolescents, 20% de la population adulte et 13% des femmes enceintes. En examinant de façon critique les résultats de cette modélisation de lʹexposition, il est apparu, sur la base de ce scénario, que les préoccupations sanitaires pour les enfants et les adultes seraient limitées en raison d une part, du contrôle parental qui renforce lʹaccès déjà limité de ces produits aux enfants et d autre part, en raison de la capacité des adultes et des femmes enceintes à surveiller leur propre consommation de caféine. Ce scénario hypothétique et ses résultats pourraient ne pas être aussi facilement transposés aux adolescents. En effet, les boissons énergisantes ont tendance à être commercialisés plus particulièrement à ce sous ensemble de la population moins susceptible de se conformer aux recommandations de consommation que les adultes. La présence sur le marché de grands volumes de contenants (par exemple 710 ml) augmente la probabilité de dépasser les apports recommandés de caféine dans un contexte de consommation unique. Des mesures de gestion des risques spécifiques pour répondre à ces niveaux de caféine potentiellement élevés dans les grands volumes de boissons énergisantes apparaissent donc souhaitables. Il est admis que certaines lacunes devront être comblées pour améliorer lʹévaluation de lʹexposition et la caractérisation du risque global. Les données relatives à lʹévolution des modes de consommation de ces produits par les différents sous groupes de la population Canadienne devront en particulier être recueillies. L approche de gestion des risques pour les boissons énergisantes proposée par Santé Canada et annoncée en octobre 2011 puis mise à jour en 2012, définit les limites de concentration et la quantité totale en caféine dans ces produits, ainsi que le niveau de caféine requis et précise lʹinformation nutritionnelle qui doit être mise à disposition du consommateur sur les étiquettes. Ces mesures sont à la disposition du régulateur en charge de la sécurité des aliments pour limiter les risques liés à la surconsommation de caféine à partir de ce type de produit et constituent à ce titre des domaines dʹinterventions possibles. Une approche plus concertée (par exemple éducation, sensibilisation et réglementation) et davantage de programme de recherche seront nécessaires pour déterminer lʹefficacité des différentes mesures prises par les organismes de réglementation et les autres parties prenantes. Mots clés Boisson Energisante, Caféine, Taurine, Glucuronolactone, Inositol, Vitamine B Avertissement: Le présent document a été élaboré à titre d examen des données scientifiques disponibles concernant l innocuité des ingrédients susceptibles d entrer dans la composition des boissons connues comme boissons énergisantes contenant de la caféine (boissons énergisantes). Sa rédaction a commencé en 2010 et s est conclue à la fin de Plusieurs références et de études publiées depuis cette date sont maintenant disponibles et n ont donc pas été prises en compte. Une mise à jour de la présente évaluation des risques pour la santé est envisagée en , soit après l examen des informations recueillies par la Direction des aliments de Santé Canada depuis la décision prise en octobre 2011 de réglementer les boissons énergisantes à titre de boissons (c. à d. d aliments) plutôt que comme produits de santé naturels, l ancienne catégorie à laquelle elles appartenaient. 1. Introduction 1.1 Objectif L objectif du présent document consiste établir une évaluation des risques que comportent les boissons énergisantes pour la santé, et ce, en fonction de la consommation de ces produits au Canada. Il a pour but de présenter une analyse scientifique fondée sur l information actuellement disponible. Cette analyse pourra ensuite soutenir l élaboration de mesures adéquates aux fins de la gestion des risques que comportent ces produits lorsqu ils sont consommés à titre d aliments. 2 Int. food risk anal. j., 2013, Vol. 3, 5:2013

3 2. Définir la boisson énergisante typique 2.1 Définir les produits connus comme boissons énergisantes Aux fins du présent document, ce sont les ingrédients, lesquels sont décrits au tableau 1, et les teneurs en ceuxci qui caractérisent la boisson énergisante typique. Ils comprennent la caféine, la taurine, le glucuronolactone, l inositol et une variété de vitamines B. Cette caractérisation est fondée sur la composition des produits les plus populaires de cette catégorie de boissons, à savoir le produit connu sous le nom de Red Bull MC, soit la première boisson énergisante dont la vente a été autorisée au Canada. Selon les données du marché pour l année 2009 de la société de recherche en marketing ACNielsen, 2009), Red Bull MC comptait pour environ 37 % des ventes de boissons énergisantes au Canada, et par conséquent, la plus grande part du marché lui était acquise. Cette donnée s accorde avec les résultats d un rapport plus récent (Agriculture et Agroalimentaire Canada [AAC], 2011) selon lequel les ventes de Red Bull MC représentent 43 % de celles de toutes les boissons énergisantes vendues en Amérique du Nord. Bien que Santé Canada ne dispose pas d une définition des produits connus comme boissons énergisantes ni d une norme les régissant, d autres organismes de réglementation des aliments ont pris une décision sur cette question. Ainsi, selon l Australie et la Nouvelle Zélande, les boissons énergisantes font partie des boissons caféinées composées (formulated caffeinated beverages), lesquelles sont définies comme suit en vertu de l Australia New Zealand Food Standards Code: «Boisson non alcoolisée aromatisée à base d eau contenant de la caféine et, dans certains cas, des glucides, des acides aminés, des vitamines et d autres substances, notamment d autres aliments, et dont la consommation vise à améliorer le rendement intellectuel.» En Europe, plus précisément en Irlande, le Food Safety Promotion Board (FSPB) a mis sur pied un comité d experts externes auquel on a confié le mandat d effectuer une recherche sur les effets qu ont les boissons stimulantes (boissons énergisantes) sur la santé. Dans la version définitive de son rapport à ce sujet, le comité a souligné l absence d une définition consensuelle dans le cadre réglementaire régissant les produits dénommés boissons énergisantes ou boissons stimulantes. Aux fins de ce rapport, l expression boissons stimulantes a été retenue. Le comité les a définies comme suit: «Boissons qui, en règle générale, contiennent de la caféine, de la taurine et une ou plusieurs vitamines et dans certains cas, une source d énergie (p. ex., des glucides) et/ou une ou plusieurs autres substances et sont commercialisées dans le but particulier de procurer des effets réels ou perçus d amélioration sur le plan physiologique et/ou de la performance.» (FSPB, 2003). 2.2 Principaux constituants des boissons énergisantes Au moment de la préparation du présent document, les boissons énergisantes étaient vendues sur le marché canadien en vertu du Règlement sur les produits de santé naturels (PSN). À l époque, selon une estimation, plus de 300 demandes visant la mise en marché de boissons énergisantes en tant que PSN avaient été soumises aux fins d étude par Santé Canada. Seuls 12 de ces produits ont été évalués et ont fait l objet d une licence de mise en marché. Environ la moitié des 300 demandes de licence ont été rejetées ou retirées par les demandeurs concernés. Un certain nombre de produits ont aussi été vendus sur le marché canadien en vertu des dispositions du Règlement sur les demandes de licence de mise en marché non traitées. Les principaux ingrédients typiquement présents dans ces produits en attente d une étude visant l obtention d une licence comme PSN et les teneurs dans lesquels ils s y trouvaient généralement sont énumérés dans le tableau 1 ci dessous. À des fins comparatives, les teneurs de ces boissons énergisantes en leurs principaux ingrédients communs sont aussi énumérées au tableau 1. Substance Composition des produits connus comme boissons énergisantes ayant fait l objet d une licence ou en attente d une étude par Santé Canada à titre de PSN (mg par portion*) Boisson énergisante typique (mg par portion de 250 ml) Caféine Taurine Glucuronolactone Niacine a Vitamine B Vitamine B12 0,002 0,2 0,001 Acide pantothénique Thiamine 0,5 5 2 Riboflavine 0,5 5 1,65 Inositol *En général, la portion déterminée est de 250 à 473 ml. adans les boissons énergisantes, la niacine est présente sous forme de nicotinamide ou d acide nicotinique. Les boissons Red Bull MC contiennent du nicotinamide. Tableau 1. Teneurs des boissons énergisantes en leurs ingrédients principaux Joel Rotstein, Jennifer Barber, Carl Strowbridge, Stephen Hayward, Rong Huang et Samuel Benrejeb Godefroy: 3

4 La description typique des boissons énergisantes s appliquait à environ 13 % des boissons énergisantes faisant l objet, à titre de PSN, d une demande en attente. Selon les données sur la part de marché produites par AC Nielsen (2009), celle de Red Bull MC, se classant au premier rang, correspondait à environ 37 %. Les boissons énergisantes telles que Monster MC et Rockstar MC, dont la teneur en ingrédients est supérieure à la moyenne ou qui contiennent des ingrédients inhabituels dans de telles boissons, arrivaient au deuxième et au troisième rang avec leur part de marché respective de 5,5 % et de 4,4 %. Ces données ont évolué au fil des années, et il est possible qu elles ne soient pas représentatives de l état actuel du marché. Tant ailleurs dans le monde qu au Canada, une vaste gamme de boissons énergisantes est présente sur le marché. D un produit à l autre, les ingrédients changent, et leur teneur varie également. Même si les principaux ingrédients communs aux boissons énergisantes vendues au Canada sont énumérés au tableau 1, plusieurs autres peuvent s y trouver, particulièrement diverses plantes telles que le ginseng, le ginkgo biloba et le thé vert ainsi que leurs extraits. 2.3 Croissance du marché canadien des boissons énergisantes Selon un rapport publié en 2008 par AAC, la part de l ensemble du marché des boissons gazeuses qui revenait aux boissons énergisantes était estimée à 7 % en Les boissons énergisantes font partie de la catégorie des boissons fonctionnelles tout comme les boissons pour sportifs et les boissons nutraceutiques. Les boissons énergisantes comptaient pour 65 % du secteur des boissons fonctionnelles et 4,6 % de la valeur du marché des boissons gazeuses. Selon un rapport publié en 2011 par AAC, plus de 210 marques de boissons énergisantes ont été recensées en Amérique du Nord. On y lit aussi que la croissance du marché des boissons énergisantes a atteint 60,2 % de 2007 à 2010 et 5,1 % de 2009 à Effets des boissons énergisantes sur la santé 3.1 Introduction Très limitée, la recherche sur les boissons énergisantes se résume à quelque 12 études cliniques et études de cas. En général, seul un faible nombre de sujets (moins de 100) a participé aux études cliniques, lesquelles ciblent des effets très précis sur la santé. La plupart de celles ci portent sur l effet de la consommation de boissons énergisantes sur le comportement et l activité physique, ce qui fait en sorte que les paramètres examinés sont limités et parfois, hors de propos dans l optique de la santé et de l innocuité. D autres études portent sur les conséquences de la consommation combinées de boissons énergisantes et d alcool. 3.2 Effets des boissons énergisantes sur la santé Effets physiologiques aigus des boissons énergisantes Le fait qu une réponse physiologique aiguë, plus particulièrement l élévation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle, puisse être observée chez certaines personnes possiblement plus sensibles que la moyenne aux ingrédients que contiennent les boissons énergisantes suscite des préoccupations. Un résumé des quelques études sur les effets physiologiques aigus des boissons énergisantes est présenté au tableau 2. Rashti et coll. (2009) ont recruté 10 femmes bien portantes âgées de 20 ans en moyenne. Les sujets ont consommé 140 ml d une boisson énergisante ou d un placebo. Chez les sujets du groupe expérimental, la tension artérielle systolique moyenne 1 s est révélée considérablement plus élevée que chez le groupe témoin. Au cours de l étude, aucune différence n a été observée sur le plan de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle diastolique ni sur le plan du profil de l humeur. Une étude portant sur les effets cardiovasculaires des boissons énergisantes a fait l objet d un rapport dans le cadre des American Heart Association s Scientific Sessions (2007). Quinze sujets (8 femmes et 7 hommes d un âge moyen de 26 ans) ont consommé 500 ml d une boisson énergisante. Les chercheurs ont observé une élévation de la tension artérielle systolique et de la fréquence cardiaque au cours des quatre heures suivant la consommation de la boisson (cité dans Federal Institute for Risk Assessment, BfR, Allemagne, 2008). Toutefois, selon les diverses études, la consommation de boissons énergisantes n a pas élevé la pression artérielle au point qu elle atteigne une hypertension. Ces effets sur la tension artérielle étaient semblables à ceux provoqués par la consommation de café (Riksen et coll., 2009). 1 Pendant chaque battement du cœur, la tension artérielle atteint un maximum (systolique) et un minimum (diastolique). 4 Int. food risk anal. j., 2013, Vol. 3, 5:2013

5 Plan d étude En double aveugle comparative avec placebo Aléatoire, en double aveugle, croisée, comparative avec placebo Prospective Produits à l étude (composition) 1 Red Bull Energy Drink (32 mg/dl de caféine, 240 mg/dl de glucuronolactone et 400 mg/dl de taurine). Red Bull Energy hypocalorique (32 mg/dl de caféine, 240 mg/dl de glucuronolactone et 400 mg/dl de taurine). Placebo hypercalorique (eau gazéifiée, eau du robinet et dextrose). Placebo hypocalorique (eau gazéifiée, eau du robinet et dextrose). Remarque: Un aromatisant à la banane et un colorant vert ont été ajoutés à tous les produits de l étude. Meltdown RTD (140 ml contiennent: 230 mg de caféine et des quantités inconnues d acide methyl tetradecylthioacetique acidd extrait de yerba mate, de synéphrine de méthyle, de phényléthylène de méthyle, de 11 hydroxy yohimbine, de chlorhydrate de yohimbine, d α yohimbine et de chlorhydrate de méthyl hordénine e). Placebo (décrit comme semblable au Meltdown RTD en apparence et au goût, mais ne contenant que des substances inertes). Boisson énergisante de marque non précisée (250 ml contiennent: mg de taurine, 100 mg de caféine et des vitamines B5, B6 et B12, du glucuronolactone et du niacinamide sans indication des quantités). Méthodes Résultats Référence Étude 1: 69 sujets (48 femmes, 21 hommes d âge moyen de 20 ans) ont consommé 250 ml de Red Bull MC hypocalorique, un placebo hypercalorique ou hypocalorique. Étude 2: 21 sujets (9 hommes, 12 femmes d âge moyen de 22 ans) ont consommé 250 ml de Red Bull MC avant et après une épreuve au froid. 10 sujets (d âge moyen de 20 ans) ont consommé 140 ml de boisson énergisante Meltdown RTD ou le placebo. 15 sujets (7 hommes, 8 femmes d âge moyen de 26 ans) ont consommé 500 ml (2 canettes) d une boisson énergisante quotidiennement pendant les 5 jours suivants. Étude 1: Aucun changement n a été observé sur le plan de la fonction cardiovasculaire globale ni de la glycémie pendant les deux heures de l essai. Étude 2: Une élévation importante de la tension artérielle diastolique a été observée chez les hommes immédiatement après l immersion de la main dans l eau froide (5 C). Aucun changement important n a été observé chez les femmes. La tension artérielle systolique moyenne s est révélée considérablement plus élevée chez le groupe expérimental que chez le groupe témoin. Aucun changement n a été observé sur le plan de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle diastolique, ni sur le plan du profil de l humeur. Au cours des quatre heures suivant la consommation de la boisson énergisante, la tension artérielle systolique et la fréquence cardiaque ont augmenté considérablement. La tension artérielle diastolique a augmenté considérablement au cours des deux heures suivant la consommation de la boisson énergétique. Ragsdale et coll., 2010 Rashti et coll., 2009 Steinke et coll., Joel Rotstein, Jennifer Barber, Carl Strowbridge, Stephen Hayward, Rong Huang et Samuel Benrejeb Godefroy: 5

6 Comparative avec placebo Boisson énergisante de marque non précisée (250 ml contiennent: mg de taurine, 80 mg de caféine, 600 mg de glucuronolactone et des vitamines B2, B5, B6 et B12, un édulcorant sans sucre ainsi que des agents épaississants sans indication des quantités). Placebo (eau gazéifiée). 50 sujets (34 hommes, 16 femmes d âge moyen de 22 ans) ont consommé 250 ml de boisson sans sucre ou 250 ml d eau gazéifiée (témoin). Par rapport aux valeurs de référence, une augmentation importante de l agrégation plaquettaire a été observée après la consommation de la boisson énergisante alors qu aucun changement n a été observé chez le groupe témoin. La tension artérielle moyenne a considérablement augmenté après la consommation de la boisson énergisante, ce qui n a pas été observé chez le groupe témoin. Worthley et coll., La composition des produits à l étude est présentée telle qu elle l est dans le rapport publié. Tableau 2. Études portant sur les effets physiologiques aigus des boissons énergisantes Effets des boissons énergisantes sur le comportement et la performance Quelques études ont porté sur les effets comportementaux de la consommation de boissons énergisantes contenant du glucose et de la caféine ainsi que d autres agents possiblement actifs (voir le tableau 3 ci dessous). Elles ont permis d observer une amélioration de l attention et/ou de la performance dans des tâches où le temps de réaction est important et avec divers indicateurs mesurant la vivacité d esprit. Par exemple, Alford et coll. (2001) ont consacré trois études aux effets du Red Bull Energy Drink chez 36 volontaires. Par comparaison avec le groupe témoin, une amélioration importante du rendement intellectuel, y compris du temps de réaction par rapport au choix, ainsi qu une amélioration de la concentration et de la mémoire a été observée chez le groupe expérimental. Scholey et Kennedy (2004) ont étudié les effets du glucose seul, de la caféine seule, du ginseng et du ginkgo en teneurs aromatisantes seulement et d une boisson énergisante ou d un placebo chez 20 étudiants. Par comparaison avec le groupe témoin, une amélioration importante du rendement en matière de mémoire secondaire et de la vitesse d attention a été observée chez les sujets ayant consommé la boisson énergisante. Les auteurs de certaines études ont attribué les effets observés au mélange d ingrédients dans les boissons énergisantes plutôt qu à la caféine seulement (Alford et coll., 2001; Reyner et Horne, 2002; Scholey et Kennedy, 2004). Plan d étude Aléatoire, en double aveugle Produit à l étude (composition) 1 Red Bull Energy Drink (250 ml contiennent: de l eau gazéifiée, 21,5 g de sucrose, 5,25 de glucose, mg de taurine, 600 mg glucuronolactone, 80 mg de caféine, 50 mg d inositol, de la niacine, du panthénol et des vitamines B6 et B12 ainsi que de la riboflavine, des aromatisants et des colorants sans indication des quantités). Eau gazéifiée. Boisson énergisante factice (soda tonique aromatisé au moyen de concentrés de lime, de pomme et de cassis sans indication des quantités). Méthodes Résultats Référence 36 sujets (19 hommes et 17 femmes âgés de 18 à 30 ans) dans le cadre de 3 études n ont consommé aucune boisson ou 250 ml d eau gazéifiée ou de Red Bull Energy Drink ou bien d une boisson énergisante factice. Par comparaison avec les boissons témoins, le Red Bull Energy Drink a considérablement amélioré le rendement intellectuel, notamment le temps de réaction de choix, la concentration et la mémoire. Alford et coll., Int. food risk anal. j., 2013, Vol. 3, 5:2013

7 En double aveugle En double aveugle Aléatoire, en double aveugle, croisée à cinq permutations, comparative avec placebo Red Bull Energy Drink (250 ml contiennent: 21 g de sucrose, 5 g de glucose, 1 g de taurine, 600 mg de glucuronolactone, 80 mg de caféine, 50 mg d inositol et un complexe de vitamines B sans indication des quantités). Placebo (250 ml contiennent: 21 g de sucrose, 5 g de glucose, 50 mg d inositol et un complexe de vitamines B sans indication des quantités). Red Bull Energy Drink (250 ml contiennent: 21 g de sucrose, 5 g de glucose, 1 g de taurine, 600 mg de glucuronolactone, 80 mg de caféine, 50 mg d inositol et un complexe de vitamines B sans indication des quantités). Placebo (250 ml contiennent: 21 g de sucrose, 5 g de glucose, 50 mg d inositol et un complexe de vitamines B sans indication des quantités). Placebo (250 ml contiennent: eau additionnée d aromatisant et d édulcorants). Boisson 1 (250 ml contiennent: eau additionnée d aromatisant, d édulcorants et de 75 mg de caféine). Boisson 2 (250 ml contiennent: eau additionnée d aromatisant, d édulcorants et de 37,5 g de glucose). 11 sujets (hommes et femmes d âge moyen de 24 ans) ont consommé 500 ml d une boisson énergisante ou d un placebo avant le test du simulateur d automobile. La boisson témoin contenait les mêmes ingrédients, à l exception de la caféine, la taurine et le glucuronolactone. 12 sujets (hommes et femmes d âge moyen de 24 ans) ont consommé 250 ml d une boisson énergisante ou d un placebo avant le test du simulateur d automobile. La boisson témoin contenait les mêmes ingrédients, sauf la caféine, la taurine et le glucuronolactone. 20 sujets (14 femmes, 6 hommes d âge moyen de 21 ans) ont consommé 1 des 5 boissons: le placebo, la boisson 1, la boisson 2, la boisson 3 ou une boisson énergisante pour un total de 6 jours d étude, chacun à 7 jours d intervalle. La boisson énergisante a réduit dans une importante mesure le temps de réaction et les déviations de route, particulièrement au cours de la 1 re heure. Par comparaison avec la boisson témoin, pendant les 90 premières minutes de conduite, la boisson énergisante a diminué dans une importante mesure les incidents routiers provoqués par la somnolence et la somnolence subjective. Par comparaison avec la boisson témoin, la boisson énergisante a considérablement amélioré le rendement en matière de mémoire secondaire et de vitesse d attention. Horne et Reyner, 2001 Reyner et Horne, 2002 Scholey et Kennedy, 2004 Boisson 3 (250 ml contiennent: eau additionnée d aromatisant, d édulcorants, de 12,5 mg d extrait de ginseng et de 2 mg d extrait de ginkgo biloba). Boisson énergisante de marque non précisée (250 ml contiennent: eau additionnée d aromatisant, d édulcorants, de 75 mg de caféine, de 37,5 g de glucose, de 12,5 mg d extrait de ginseng et de 2 mg d extrait de ginkgo biloba). Joel Rotstein, Jennifer Barber, Carl Strowbridge, Stephen Hayward, Rong Huang et Samuel Benrejeb Godefroy: 7

8 En double aveugle, croisée à deux permutations, comparative avec placebo Boisson énergisante de marque non précisée (250 ml contiennent: 80 mg de caféine, mg de taurine, 600 mg de glucuronolactone, 5,25 mg de glucose, 21,5 mg de sucrose, 50 mg d inositol, 20 mg de niacine, 5 mg de vitamine B6, 5 mg de vitamine B5, 1,5 mg de vitamine B2 et 0,005 mg de vitamine B12). Placebo sans sucre (250 ml contiennent: mg de taurine, 600 mg de glucuronolactone, 5,25 mg de glucose, 50 mg d inositol, 20 mg de niacine, 5 mg de vitamine B6, 5 mg de vitamine B5, 1,5 mg de vitamine B2 et 0,005 mg de vitamine B12). 42 sujets (âgés de 18 à 24 ans) ont consommé 250 ml d une boisson énergisante ou d un placebo sans sucre ou à laquelle plus de glucose a été ajouté. Par comparaison avec le placebo sans sucre et celui auquel du glucose a été ajouté, la boisson énergisante a amélioré l attention et le raisonnement verbal. Warburton et coll Placebo (250 ml contiennent: 22,5 mg de caféine, mg de taurine, 600 mg de glucuronolactone, 6,5 mg de glucose, 21,5 mg de sucrose, 50 mg d inositol, 20 mg de niacine, 5 mg de vitamine B6, 5 mg de vitamine B5, 1,5 mg de vitamine B2 et 0,005 mg de vitamine B12). 1La composition des produits à l étude est présentée telle qu elle l est dans le rapport publié. Tableau 3. Effets des boissons énergisantes sur le comportement et la performance Calories À l exception des produits sans sucre, les boissons énergisantes, comme plusieurs autres boissons, contiennent des sucres tels que le sucrose, le glucose et le sirop de maïs à haute teneur en fructose. La teneur en sucre des boissons énergisantes change de l une à l autre, mais elle se situe dans une fourchette de 21 à 34 g par canette de 237 ml (Clauson et coll., 2008). Cette teneur en sucre équivaut à celle des boissons gazeuses contenant de la caféine. Le sucre représente la vaste majorité des calories que procurent ces produits. Une portion de 250 ml d une boisson énergisante typique contient 110 calories, ce qui avoisine les 86 à 130 calories que renferme la même quantité de boisson gazeuse contenant de la caféine (Nutrient Database, United States Department of Agriculture [USDA], 2011). 3.3 Effets sur la santé des boissons énergisantes alliées aux activités sportives La promotion des boissons énergisantes présente souvent ces produits comme des boissons destinées aux adeptes du sport ou d un mode de vie actif. Dans les boissons énergisantes, les glucides et la caféine constituent les principaux ingrédients censés améliorer la performance sportive. En soi, l expression boisson énergisante indique que la consommation de ces produits est susceptible d améliorer la performance au cours des activités physiques. Il faut se garder de confondre boissons énergisantes (Energy drinks) et boissons pour sportifs (Sports drinks). Habituellement, les boissons pour sportifs contiennent un mélange de glucides et d électrolytes conçu aux fins de l amélioration de la performance sportive et de la prévention de la déshydratation et, à la différence des boissons énergisantes, elles ne contiennent pas de caféine. À l inverse, les boissons énergisantes contiennent de la caféine, une substance stimulante, et par conséquent, elles ne peuvent être considérées comme des produits adéquats pour le rétablissement des fonctions physiologiques après l exercice (p. ex., le retour à la normale de la fréquence cardiaque). Les effets des boissons énergisantes sur l exercice ont fait l objet d un examen dans le cadre de quelques études (voir le tableau 4 ci dessous). En règle générale, les conclusions de ces études montrent que les boissons énergisantes améliorent la performance en endurance. Selon Ivy et coll. (2009), la consommation de 500 ml de Red Bull Energy Drink 40 minutes avant un contre lamontre simulé auquel ont participé 12 cyclistes entraînés a considérablement amélioré la performance de résistance par rapport à l ingestion d un placebo sans caféine ni sucre. Forbes et coll. (2007) ont constaté que la consommation de Red Bull Energy Drink, par rapport à l ingestion d une boisson témoin sans caféine isoénergétique, a considérablement augmenté la 8 Int. food risk anal. j., 2013, Vol. 3, 5:2013

9 résistance musculaire du haut du corps, mais sans avoir d effet sur le pic de puissance anaérobie ni sur la puissance moyenne pendant un test anaérobie de Wingate répété chez de jeunes adultes bien portants. Selon Lockwood et coll. (2009), en comparaison de l ingestion d une boisson témoin sans caféine ni sucre, la consommation préalable à l entraînement d une boisson énergisante a considérablement amélioré les adaptations physiologiques en milieu aérobie et contre résistance. Enfin, une étude consacrée à la consommation de Red Bull Sugarfree n a révélé aucune différence sur le plan du temps de course jusqu à l épuisement ou de l épuisement perçu entre de jeunes adultes ayant consommé le produit et d autres ayant ingéré un placebo sans caféine ni sucre (Candow et coll., 2009). Dans l ensemble, les résultats issus des études laissent penser que la consommation de boissons énergisantes est susceptible d améliorer la capacité physique, mais la question de savoir si l effet est dû à la présence dans la boisson énergisante de caféine, de sucre ou de ces deux constituants n est pas tranchée. Plan d étude Produit à l étude (composition) 1 Méthodes Résultats Référence Aléatoire, en double aveugle, croisée, comparative avec placebo Red Bull Sugarfree (2 mg/kg de caféine; ~146 mg de caféine). Placebo (boisson gazeuse citron lime sans sucre ni caféine, soda tonique et jus de lime). 17 sujets (9 hommes, 8 femmes d âge moyen de 21 ans) ont consommé soit Red Bull Sugarfree, soit un placebo sans sucre ni caféine au cours d un essai de trois jours pendant lesquels ils se sont consacrés à des activités physiques. Aucune différence importante n a été observée entre les groupes sur le plan du temps de course jusqu à l épuisement ou jusqu à l épuisement perçu ou bien du lactate de calcium. Candow et coll., 2009 Aléatoire, en double aveugle, croisée, comparative avec placebo Red Bull Energy Drink (2 mg/kg de caféine; ~146 mg de caféine). Placebo (boisson isoénergétique, isovolumétrique sans caféine). 15 sujets (11 hommes, 4 femmes d âge moyen de 21 ans) ont consommé le Red Bull Energy Drink (2 mg/kg de caféine) ou un placebo sans caféine à intervalle de 7 jours. La résistance musculaire a été évaluée au moyen du nombre maximal de répétitions pendant trois séries. Trois tests anaérobies de Wingate ont été utilisés pour évaluer le pic de puissance et la puissance moyenne. Le Red Bull Energy Drink a augmenté considérablement la résistance musculaire du haut du corps, mais n a eu aucun effet sur le pic anaérobie ni sur la puissance moyenne. Forbes et coll., 2007 Aléatoire, en double aveugle, croisée, comparative avec placebo Red Bull Energy Drink (500 ml contiennent: 2 g de taurine, 1,2 g de glucuronolactone, 160 mg de caféine, 54 g de glucides, 40 mg de niacine, 10 mg d acide pantothénique, 10 mg de vitamine B6, 10 μg de vitamine B12). Placebo (500 ml contiennent: une boisson aromatisée). 12 cyclistes entraînés (6 hommes, 6 femmes de l âge moyen de 27 ans) ont consommé 500 ml de placebo ou de Red Bull Energy Drink 40 minutes avant un essai de contre lamontre simulé. Par comparaison au placebo, la boisson énergisante a considérablement amélioré la performance, mais aucune différence n a été signalée sur le plan de l épuisement perçu entre les traitements. Ivy et coll., Joel Rotstein, Jennifer Barber, Carl Strowbridge, Stephen Hayward, Rong Huang et Samuel Benrejeb Godefroy: 9

10 En double aveugle comparative avec placebo Boisson énergisante de marque non précisée (12 oz liq. [360 ml] contiennent: de l eau gazéifiée, de l acide citrique, des arômes naturels [citron lime], du sucralose, 60 mg de vitamine C, 1,7 mg de riboflavine, 20 mg de niacine, 2 mg de vitamine B6, 6 μg de vitamine B12, 300 μg de biotine, 10 mg d acide pantothénique, 50 mg de calcium, 50 μg de chrome, 6 mg de sodium, mg d un mélange de taurine, d extrait de guarana et de feuilles de thé vert, de caféine, de glucuronolactone et d extrait de gingembre [200 mg de caféine au total]). 38 sujets (hommes de 18 à 45 ans) ont consommé des boissons énergisantes et ont fait de l exercice ou ont seulement consommé des boissons énergisantes ou un placebo ou bien ils ont consommé un placebo et ont fait de l exercice pendant 10 semaines (une boisson par jour) Par comparaison avec le groupe témoin qui a fait de l exercice, une diminution beaucoup plus importante de la masse adipeuse corporelle, du pourcentage de graisse corporelle et de la puissance de l effort, de même que du seuil ventilatoire, a été observée. Lockwood et coll., 2009 Placebo (12 oz liq. [360 ml] contiennent: de l eau gazéifiée, de l acide citrique, des aromatisants naturels [citron lime] et du sucralose). 1La composition des produits à l étude est présentée telle qu elle l est dans le rapport publié. Tableau 4. Études portant sur les boissons énergisantes et l exercice 3.4 Boissons énergisantes et alcool En raison des préoccupations suscitées par les mélanges de boissons énergisantes et d alcool, Santé Canada recommande depuis 2004, soit depuis la date de délivrance de la première licence autorisant la vente d une boisson énergisante comme PSN, de ne pas mélanger ces produits avec de l alcool (Santé Canada, Votre santé et vous, 2010). Néanmoins, la consommation de boissons énergisantes accompagnées d alcool gagne toujours en popularité (Santé Canada, Votre santé et vous, 2010). Une enquête menée auprès de 496 étudiants universitaires américains a porté sur la fréquence de la consommation de boissons énergisantes dans les six situations suivantes: pour pallier le manque de sommeil, pour augmenter l énergie, en étudiant, en conduisant pendant des périodes prolongées, pour accompagner de l alcool et pour traiter la «gueule de bois». La majorité des utilisateurs ont consommé une boisson énergisante dans la plupart de ces situations (notamment, en présence d une «gueule de bois», d un manque de sommeil, pour augmenter l énergie et conduire pendant des périodes prolongées), bien qu ils aient affirmé qu en ingérer trois ou davantage avec de l alcool au cours de soirées était pratique courante (49 %) (Malinauskas et coll., 2007). Une enquête menée auprès de étudiants universitaires américains a révélé que 24 % (697 étudiants) ont consommé des boissons énergisantes avec de l alcool (O Brien et coll., 2008). Un résumé des études portant sur l utilisation de boissons énergisantes avec de l alcool figure au tableau 5 ci dessous. Les notions élémentaires de physiologie donnent à penser que la gazéification de la boisson énergisante accélère l absorption de l alcool tandis que la caféine contenue dans la boisson énergisante masque possiblement la somnolence découlant de la consommation d alcool. Malgré les rares données probantes à l appui, les boissons énergisantes mélangées à de l alcool peuvent empêcher les utilisateurs de ressentir les symptômes de l ivresse alcoolique, ce qui risque d augmenter les conséquences liées à la consommation d alcool (Ferreira et coll., 2006) 2. Selon une enquête réalisée auprès d étudiants universitaires américains, O Brien et coll. (2008) ont constaté que par rapport aux personnes qui n avaient consommé que de l alcool, celles qui ont pris de l alcool mélangé avec des boissons énergisantes courent beaucoup plus de risques de subir des conséquences découlant de la consommation d alcool, notamment: être exploitées, être exploitées sexuellement par un autre étudiant, voyager à bord d un véhicule dont le conducteur est en état d ivresse ou être blessées. De plus, le mélange de boissons énergisantes avec de l alcool est mis en cause à l égard de l augmentation des épisodes de consommation excessive d alcool et des épisodes d ébriété hebdomadaires. Thombs et coll. (2010) ont effectué une étude sur le terrain dans un quartier de bars aux États Unis pour laquelle ils ont interrogé 802 personnes choisies ou s étant proposées à titre de répondants. Cela leur a permis de constater que les personnes qui ont mélangé des boissons énergisantes avec de l alcool courent trois fois plus de risques de quitter le bar en état d intoxication élevée et sont quatre fois plus susceptibles d avoir l intention de conduire leur véhicule pour sortir du quartier en question que celles qui n ont pas mélangé d alcool avec des boissons énergisantes. 2Pendant la préparation du présent document, une étude permettant de supposer que les boissons énergisantes ne masquent pas l effet de l alcool a été publiée (Alford et coll., 2012). De plus, en 2012, le Committee on Toxicity du R. U. a publié une déclaration concluant que les rares données probantes existantes ne permettent pas de soutenir une interaction nocive entre l alcool et la caféine. 10 Int. food risk anal. j., 2013, Vol. 3, 5:2013

11 Plan d étude Produit à l étude 1 Méthodes Résultats Étude En double aveugle comparative avec placebo Green Monster (16 oz liq. [500 ml]) contiennent: 160 mg de caféine, 52 g de sucre, mg de taurine, 400 mg de ginseng et une quantité non indiquée de guarana). Boisson alcoolisée et caféinée (16 oz liq. [500 ml] contiennent: 6 % d alcool, 87 mg de caféine, 47 g de sucre, des quantités non indiquées de taurine, de ginseng et de guarana). 27 sujets féminins (d un La boisson énergisante accompagnée âge moyen de 22 ans) ont d alcool a diminué la performance après consommé de la boisson l essai selon une notation totale de l état énergisante Monster neuropsychologique, plus Energy seule (une boisson) particulièrement sur le plan visuel spatial avec de l alcool ou une et structural, et en matière de boisson témoin sans alcool performance linguistique. ni caféine. Curry et Stasio, 2009 Aléatoire, en double aveugle Enquête et essai sur le terrain Enquête par sondage en ligne Boisson sans alcool ni caféine (16 oz liq. [500 ml] contiennent: 5 g de sucre). Red Bull Energy Drink (250 ml/canette). Boissons énergisantes de marques non précisées. Boissons énergisantes de marques non précisées. 26 sujets masculins (d un âge moyen de 23 ans) ont consommé une canette de Red Bull Energy Drink avec de la vodka (0,6 g/kg ou 1 g/kg) ou de l alcool seulement ou bien une boisson énergisante seulement. 496 étudiants universitaires américains ont rempli le questionnaire. Enquête menée auprès de étudiants de 10 universités de la Caroline du Nord. Par comparaison à l ingestion d alcool seulement, la consommation dʹalcool mélangé à de la boisson énergisante a atténué considérablement la perception de céphalée, de faiblesse, de sécheresse buccale et des troubles en matière de coordination motrice. La majorité des personnes ayant consommé des boissons énergisantes ont fait état d un manque de sommeil (67 %) et du besoin d un regain d énergie (65 %) ou les ont ingérées en accompagnement de boissons alcoolisées au cours de soirées (54 %). Boire 3 boissons énergisantes ou davantage au cours de soirées est pratique courante (49 %). 29 % des utilisateurs ont subi des épisodes de fébrilité et d abattement, 22 % ont eu des céphalées et 19 % ont éprouvé des palpitations cardiaques par suite de la consommation de boissons énergisantes. 697 étudiants (24 %) ont dit avoir consommé de l alcool mélangé à des boissons énergisantes. Les étudiants masculins, blancs, athlètes au sein de leur établissement d enseignement, membres d associations d étudiants ou de confréries et de plus jeune âge se sont révélés plus susceptibles de consommer de l alcool accompagné de boissons énergisantes. La consommation de boissons énergisantes avec de l alcool a été mise en cause à l égard de l augmentation des épisodes de consommation excessive d alcool et des épisodes d ébriété hebdomadaires. Les étudiants consommant des boissons énergisantes avec de l alcool couraient aussi beaucoup plus de risques de subir des conséquences découlant de la consommation d alcool. Ferreira et coll., 2006 Malinauskas et coll., 2007 O Brien et coll., Joel Rotstein, Jennifer Barber, Carl Strowbridge, Stephen Hayward, Rong Huang et Samuel Benrejeb Godefroy: 11

12 Questionnaire Interviews aléatoires sur le terrain Boissons énergisantes de marques non précisées. Boissons énergisantes de marques non précisées. 450 étudiants universitaires ont rempli le questionnaire. 802 clients de 7 bars pendant 4 soirées consécutives. Un client sortant du bar sur trois a été interrogé. 56,9 % des étudiants ont déclaré consommer des boissons énergisantes. 48,4 % des consommateurs prenaient souvent des boissons énergisantes avec de l alcool. Les personnes ayant mélangé les boissons énergisantes et l alcool couraient trois fois plus de risques de quitter le bar dans un état d intoxication avancée et quatre fois plus d avoir l intention de conduire pour sortir du quartier des bars que celles qui n ont pas consommé de tels mélanges. Oteri et coll., 2007 Thombs et coll., La composition des produits à l étude est présentée telle qu elle l est dans le rapport publié. Tableau 5. Études portant sur la consommation de boissons énergisantes avec de l alcool Sujet Produit Effets Issue Six boissons composées Œdème pulmonaire hémorragique. de Red Bull et de vodka. Femme âgée de 19 ans Femme âgée de 31 ans Homme âgé de 20 ans A consommé du Red Bull avec de la vodka. A consommé du Red Bull avec de la vodka. Perte de réactivité, chute, fibrillation ventriculaire. Crises aiguës, a souffert d épilepsie juvénile, mais sans manifestations depuis l âge de huit ans. Tableau 6. Études de cas suédoises portant sur les boissons énergisantes mélangées à des boissons alcoolisées Décès, sans que la cause ait pu être clairement établie. Décès, sans que la cause ait pu être clairement établie. Inconnue; la cause n a pu être clairement établie. En Allemagne, le BfR a déclaré ce qui suit: «Lorsque d importantes quantités de ces boissons sont consommées en s adonnant à des activités physiques intenses ou en buvant des boissons alcoolisées, des effets indésirables ne peuvent être exclus.» Le BfR a consulté les études de cas publiées par son homologue suédois,, la National Food Administration, l organisme de réglementation en Suède. Les renseignements obtenus à la lecture de la documentation suédoise sont décrits au tableau 6 cidessous. Les boissons énergisantes peuvent être consommées avec des médicaments d ordonnance et des drogues récréatives. Diamond et coll. (2000) ont démontré que la caféine peut augmenter les effets de certains analgésiques, notamment de l ibuprofène. Staib et coll. (1987) ont recommandé la réduction de l apport en caféine chez les personnes prenant certains antibiotiques, car ceux ci peuvent faire obstacle à l élimination de la caféine absorbée par l organisme. Des études mettant à contribution des sujets humains ont permis de démontrer que la caféine entraîne des effets subjectifs et comportementaux qui sont semblables à ceux provoqués par des drogues constituant des stimulants psychomoteurs typiques qui sont, comme généralement admis, médiés par la dopamine (p. ex., amphétamines, cocaïne). La caféine, tout comme les amphétamines et la cocaïne, procure un sentiment de bien être accru, plus de motivation à la tâche, d énergie et de concentration; elle augmente également la vigilance et le rendement à l égard de tâches psychomotrices (Garrett et Griffiths, 1997). Globalement, les données probantes n indiquent pas de manière concluante l existence d une interaction toxicologique nocive entre les boissons énergisantes et l alcool. Mais les données sont limitées et des incertitudes importantes subsistent. Le fait que ce sont de jeunes adultes qui sont le plus fréquemment impliqués dans les événements indésirables à l égard desquels la consommation de boissons énergisantes avec de l alcool est mise en cause a été souligné. Cette sous population touchée est relativement inexpérimentée en matière de consommation d alcool et est sujette à subir la pression des pairs. Par conséquent, la recommandation conseillant de s abstenir de mélanger des boissons énergisantes avec de l alcool pourrait être justifiée à titre de mesure prudente de sécurité Déclaration des effets indésirables signalés au Canada La Direction des produits de santé commercialisés (DPSC) de Santé Canada a réalisé une recherche dans la base de données en ligne des effets indésirables de Canada Vigilance 4 portant sur la période allant du 1 er 3 Au cours de la rédaction du présent document, le Committee on Toxicity of Chemicals in Food, Consumer Products and the Environment du R. U. a publié une déclaration au sujet de l interaction entre la caféine et l alcool (2012). Le comité a conclu que compte tenu de l ensemble des données probantes actuellement accessibles, une interaction nocive entre l alcool et la caféine n est pas démontrée. Il ajoute toutefois qu il subsiste une incertitude considérable à l égard de cette conclusion. 4 Le nombre d événements indésirables répertoriés dans la base de données en ligne des effets indésirables de Canada Vigilance 12 Int. food risk anal. j., 2013, Vol. 3, 5:2013

13 janvier 1965 au 20 juillet 2010, ce qui a permis de recenser 61 réactions indésirables pour lesquelles les boissons énergisantes sont mises en cause 5. Trente deux de ces réactions sont considérées comme graves, et 15 de cellesci touchaient le système cardiaque (arythmie, élévation de la fréquence cardiaque, palpitations et douleurs thoraciques). Les victimes de 6 de ces 15 incidents cardiaques étaient âgées de 13 à 17 ans. Selon ces rapports et l analyse de la documentation scientifique disponibles, la DPSC a détecté un signal 6 révélant un lien entre des troubles cardiaques et la consommation de boissons énergisantes. Presque tous ces rapports concernent de jeunes personnes à ce moment bien portantes, ne souffrant d aucune maladie et ne prenant aucun médicament. Des causes sous jacentes, par exemple une maladie ou l interaction entre la boisson énergisante et un médicament, n ont pas été décelées chez ces personnes. Quatre réactions cardiaques indésirables à la prise de boissons énergisantes ont été considérées comme hautement probable et huit comme possible en utilisant lʹalgorithme dʹévaluation de la causalité de l OMS 6.Trois des réactions indésirables à l égard desquelles des boissons énergisantes ont été mises en cause, y compris deux décès, n ont pu être évaluées en raison d un manque d information. La survenue d incidents cardiaques, insuffisamment caractérisés dans la documentation scientifique, s avère rare chez les jeunes gens bien portants. En outre, l absence de données issues d essais cliniques et d études d observation sur les boissons énergisantes fait obstacle à la comparaison entre les réactions à l égard desquelles ces produits sont mis en cause et la fréquence historique des incidents cardiaques. Le fait que les taux de signalement de réactions indésirables constituent une sous estimation est reconnu, particulièrement au sujet des PSN 7. Tant les consommateurs que les praticiens de la santé perçoivent généralement les PSN comme des produits sans danger; la majorité d entre eux ignorent que ces produits peuvent être à la source de réactions indésirables et qu il leur est possible de déclarer celles ci à Santé Canada. Bien que les boissons énergisantes étaient régies à titre de PSN (donc à titre de produits de santé pouvant faire l objet de déclarations de réactions indésirables) de 2004 à 2011, il est possible qu elles n aient pas été reconnues en tant que tels, étant donné la façon dont elles ont été présentées au public (dans les épiceries, à côté des autres boissons, dans ne permet pas d établir des données d incidence aux fins de l estimation des risques que comporte un produit particulier puisque ni le nombre total de réactions survenues ni le nombre de patients exposés à ce produit de santé ne sont connus. 5 La licence autorisant la vente de Red Bull en 2004 fut la première à être octroyée pour ces produits au Canada. 6 Un signal est un renseignement déclaré sur lʹexistence possible dʹun lien de causalité, auparavant inconnu ou insuffisamment documenté, entre un événement indésirable et un médicament (Organisation mondiale de la Santé, 1991). les dépanneurs et les stations service). Le fait que ces produits aient été perçus à titre de boissons (c. à d. d aliments) n incitait pas à la déclaration systématique des réactions indésirables associées aux produits de santé. Bien qu il importe de tenir compte de ces réactions indésirables, elles doivent tout de même être mises en perspective en songeant à leur faible nombre par rapport à la quantité d unités de ces produits vendues sur le marché (selon les données publiées par ACNielsen au sujet de l année 2009, environ 91 millions d unités sont vendues annuellement au Canada). Cette comparaison se révèle réductrice. Il serait plus juste d établir une comparaison entre le nombre d effets indésirables et le nombre de consommateurs de boissons énergisantes au Canada, mais actuellement, ces données ne sont pas disponibles. Néanmoins, on peut se permettre d affirmer que le nombre de réactions indésirables rapportées à Santé Canada demeure faible par rapport à la consommation générale de ces produits. 3.6 Résumé Les boissons énergisantes, comme les autres boissons contenant des sucres ajoutés, sont fréquemment associées à des apports caloriques élevés. Ces boissons ne font pas partie des boissons pour sportifs, car elles contiennent au moins un ingrédient stimulant (caféine). Malgré les résultats issus d études donnant à penser que la consommation de boissons énergisantes avant l exercice peut améliorer la performance, des préoccupations subsistent, car la caféine peut retarder le retour à la fréquence cardiaque au repos. Les résultats de quelques études ont indiqué que la consommation modérée de boissons énergisantes (deux portions) pourrait être à l origine d une élévation de la tension artérielle systolique et de la fréquence cardiaque. Toutefois, selon les diverses études, la consommation de boissons énergisantes n a augmenté la pression artérielle que de façon passagère et en aucun cas au point qu elle atteigne une situation d hypertension artérielle. Selon Riksen et coll. (2009), ces effets sur la tension artérielle sont semblables à ceux qu exerce la consommation de caféine. Les enquêtes permettent aussi de présumer qu en contexte de socialisation (p. ex., dans les bars et les réunions festives), la consommation élevée ou modérée de boissons énergisantes avec de l alcool n est pas rare et qu elle peut susciter l adoption de comportements risqués puisque ces boissons peuvent camoufler les effets de l alcool. Au Canada, des effets indésirables découlant de la consommation de boissons énergisantes, que ce soit avec de l alcool ou non ou avec d autres substances physiologiquement actives, ont été observés. Seuls 4 des 15 réactions indésirables correspondantes à des incidents cardiaques ont été considérées comme ayant un lien probable avec la consommation de boissons énergisantes. Joel Rotstein, Jennifer Barber, Carl Strowbridge, Stephen Hayward, Rong Huang et Samuel Benrejeb Godefroy: 13

14 L importance relative de ces réactions indésirables signalées doit être abordée dans la perspective de leur faible nombre par rapport à la quantité d unités de boissons énergisantes consommées et de l absence de données issues d essais cliniques et d études d observation, ce qui fait obstacle à l établissement d une comparaison entre les réactions à l égard desquelles ces produits sont incriminés et la fréquence de base des incidents cardiaques. Dans le but d établir la caractérisation des dangers pour la santé des boissons énergisantes, les données toxicologiques se sont avérées insuffisantes. Par conséquent, leurs principaux ingrédients ont été évalués individuellement dans le but d établir la détermination et la caractérisation des dangers que chacun comporte, et cette méthodologie a été envisagée dans le but d enrichir les connaissances sur la caractérisation des dangers pour la santé que les boissons énergisantes peuvent représenter. 4. Évaluation des ingrédients individuels composant les boissons énergisantes 4.1 Introduction Dans d autres pays, l évaluation des boissons énergisantes a reposé sur les aspects nutritionnels et toxicologiques des ingrédients qu elles contiennent. Cette démarche a été adoptée, car la documentation publiée au sujet des boissons énergisantes ne comptait que quelques études cliniques et études de cas. Aucune étude préclinique (sur des animaux) pertinente n a été réalisée. Dans le cadre d une étude, une boisson énergisante a été administrée à des souris pendant 13 semaines, mais ces travaux ont été jugés inutiles aux fins d évaluation de l innocuité puisque la quantité du produit consommée par les murins ne correspondait pas à une dose très élevée (cité dans Autorité européenne de sécurité des aliments [EFSA], 2009). En revanche, une bonne compréhension de l aspect biologique de chaque ingrédient composant les boissons énergisantes est acquise et des informations à leurs sujets sont disponibles. En conséquence, cette démarche a été appliquée à la présente caractérisation des dangers. En règle générale, il est possible de caractériser les boissons gazeuses en tenant pour acquis qu elles contiennent les ingrédients suivants: de la caféine, de la taurine, du glucuronolactone, de l inositol et une variété de vitamines B, notamment de la thiamine, de la niacine, de la vitamine B6, de la vitamine B12, de l acide pantothénique et de la riboflavine (comme mentionné au tableau 1). Ci dessous, les sources alimentaires de ces ingrédients, de même que leurs aspects nutritionnels et leur toxicité, font l objet d un examen. 4.2 Caféine La caféine est consommée comme un constituant naturel du café, du thé, du chocolat et d autres sources telles que le guarana et le yerba mate. On l utilise aussi à titre d additif alimentaire, et elle est présente dans certaines boissons gazeuses. Certains produits thérapeutiques en contiennent aussi, par exemple les médicaments pour le rhume et les allergies. On estime qu au Canada, au quotidien, les hommes et les femmes adultes en consomment en moyenne 281 et 230 mg respectivement (Enquête sur la santé des collectivités canadiennes, ESCC, 2004). Ces quantités correspondent à environ trois fois les 80 mg de caféine contenus dans une seule portion de 250 ml de boisson énergisante typique. Lorsqu une portion individuelle d une boisson contenant de 40 à 120 mg de caféine 8 est consommée, son principal effet biologique consiste à agir comme stimulant; elle favorise la vivacité d esprit, un meilleur rendement intellectuel et la résistance physique en plus d alléger la fatigue (Doherty et Smith, 2004; Lorist et Tops, 2003; Astorina et Robertson, 2010). Une seule portion de caféine peut aussi causer des effets indésirables passagers, de l insomnie, des céphalées et de la nervosité chez les personnes qui y sont sensibles (Nawrot et coll., 2003; Higdon et Frei, 2006). Au cours d un examen approfondi de la documentation, Santé Canada a évalué plus de 300 études portant sur les effets éventuels de la caféine sur la santé (Nawrot et coll., 2003). Ces travaux ont mené à la conclusion qu un adulte bien portant peut tolérer un apport maximal de 400 mg de caféine par jour (l équivalent de 6 mg/kg pc/jour pour un adulte de 65 kg). Cette quantité de caféine n a été liée à aucun effet indésirable sur le plan de la toxicité générale, sur l état cardiovasculaire, osseux ou comportemental, ni sur la fertilité chez les hommes ou l augmentation de l incidence du cancer. Qui plus est, en fonction des effets sur le plan de la reproduction (avortement spontané, retard de la croissance fœtale), l évaluation a permis de conclure que les femmes en âge de procréer pourraient tolérer un apport atteignant 300 mg de caféine par jour (ce qui équivaut à 4,6 mg/kg pc/jour pour une adulte de 65 kg). Enfin, sur la base de certains effets comportementaux légers et passagers, les enfants âgés de 4 à 12 ans seraient en mesure de tolérer de 45 à 85 mg de caféine par jour (l équivalent de 2,5 mg/kg pc/jour pour un enfant pesant de 18 à 34 kg). 8En règle générale, une portion de thé ou de cola contient environ 40 mg de caféine alors que le café, selon le type dont il s agit et la méthode d infusion, peut en contenir jusqu à 120 mg et même davantage. 14 Int. food risk anal. j., 2013, Vol. 3, 5:2013

15 Par contre, pour les adolescents âgés de 13 à 18 ans, en raison de l insuffisance des données, il n a pas été possible de recommander un apport maximal tolérable quotidien en caféine. La recommandation faite aux adultes pourrait ne pas convenir aux adolescents puisque le poids corporel de beaucoup d entre eux est inférieur à celui de l adulte moyen. Mais le fait que les adolescents sont moins développés que les adultes et que, par conséquent, leur corps en croissance est possiblement plus vulnérable aux effets indésirables de la caféine compte encore davantage. Un auteur a avancé que la caféine pourrait nuire au développement du cerveau chez les adolescents (Temple, 2009). Autrement, les adolescents, moins habitués à consommer de la caféine, pourraient être plus vulnérables à ses effets. Dans tous les cas, une incertitude importante subsiste sur la question de savoir si la recommandation à l intention des adultes devrait s appliquer à eux également. Par précaution, il serait prudent de recommander aux adolescents un apport quotidien de caféine inférieur ou égal à la quantité calculée à partir de la dose utilisée pour déterminer l apport maximal recommandé aux enfants (2,5 mg/kg pc/jour) et le poids personnel de chacun (la plage moyenne estimative du poids corporel des adolescents s étend de 40 à 70 kg). Cette dose donnerait à penser qu en fonction du poids corporel de chacun, les adolescents pourraient consommer de 100 à 175 mg de caféine quotidiennement. Il convient de noter que tous ces apports maximaux recommandés en caféine sont considérés à titre de quantité quotidienne qui serait le résultat d une consommation cumulative au cours de cette période. L ingestion de l apport quotidien maximal en peu de temps, c est à dire en une à deux heures, risquerait de provoquer des réactions indésirables, par exemple de l insomnie, des céphalées, des maux d estomac, de la nervosité, des nausées ainsi que des réactions plus graves. Par exemple, selon certaines études, l ingestion en une seule occasion de plus de 250 mg de caféine par un adulte bien portant peut aussi entraîner l élévation de la tension artérielle (Maughan et Griffin, 2003), et s il en consommait plus de 450 mg de la même façon, provoquer une tachycardie (Nawrot et coll., 2003). 4.3 Taurine La taurine est un acide aminé présent naturellement dans l alimentation. Plus précisément, elle se trouve dans la viande et les fruits de mer. Selon les estimations de l apport quotidien en taurine chez les humains, celui ci varie entre 40 et 400 mg (Hayes et Trautwein, 1994). Ces quantités de taurine de source alimentaire sont relativement faibles comparativement aux mg de taurine présents dans une seule portion d une boisson énergisante typique. Le foie produit aussi de la taurine à partir de la cystéine, un acide aminé, et d autres composés soufrés. Elle joue un rôle dans plusieurs processus biologiques, notamment dans la production des sels biliaires, la stabilité de la membrane cellulaire, la modulation du flux de calcium et l excitabilité neuronale (FSPB, 2002). La taurine compte au nombre des nutriments essentiels au développement normal des nourrissons et par conséquent, il s agit d un ingrédient habituel des préparations pour nourrissons, et ce, dans une mesure telle que ceux ci en ingèrent environ 280 mg par jour (ce qui correspond à une dose de 17 mg/kg pc/jour). La taurine est aussi l un des acides aminés les plus abondants dans le corps humain. Elle est présente en quantité relativement élevée dans le squelette et le muscle cardiaque (Timbrell et coll., 1995), et les données probantes issues des études chez les animaux de laboratoire donnent à penser qu elle est essentielle au maintien d une musculature et d une fonction musculaire normale (Warskulat et coll., 2007). Selon un nombre limité de publications, les compléments de taurine pourraient exercer un effet bénéfique sur les personnes souffrant d insuffisance cardiaque congestive, d hypertension, de diabète et de troubles des muscles squelettiques (références citées dans Bouknooghe et coll., 2006; Shao et Hathcock, 2008). Les résultats des études chez les humains permettent de supposer qu elle est absorbée rapidement à partir des aliments consommés et que la concentration plasmatique en taurine atteint son apogée au cours de l heure suivant l ingestion de celle ci (Comité scientifique de l alimentation humaine, CSAH, 2003). Cette observation correspond aux constatations issues d une étude au cours de laquelle des rats ont reçu de la taurine en une seule dose orale de 300 mg/kg pc. Selon les résultats obtenus, la taurine exogène est absorbée rapidement par l organisme, un état d équilibre avec les ressources endogènes de la substance est établi, et toute quantité excessive en celle ci est rapidement éliminée par la voie rénale. L étude a aussi permis de démontrer que le traitement de 14 jours au moyen de la taurine n a pas modifié le devenir de la dernière dose orale unique (Sved et coll 2007), ce qui donne à penser que sur le plan métabolique, l organisme est apte à gérer quotidiennement des quantités relativement importantes de taurine. La toxicité orale aiguë de la taurine est considérée comme relativement faible, alors qu aucun effet indésirable n a été observé à la suite de l administration à des rats d une dose unique de mg/kg pc ou, chez les humains, d une dose atteignant 150 mg/kg pc (ce qui correspond à mg pour un adulte de 70 kg). Joel Rotstein, Jennifer Barber, Carl Strowbridge, Stephen Hayward, Rong Huang et Samuel Benrejeb Godefroy: 15

16 Dans le cadre d études de courte durée portant sur des sujets humains, l ingestion de quantités de taurine atteignant quotidiennement mg pendant 42 jours et mg par jour pendant 90 jours, aucun effet indésirable n a été observé (CSAH, 2003). Au cours d une étude de 90 jours, de la taurine a été administrée par gavage à des groupes d animaux (20 animaux/sexe/dose) à des doses de 0, de 300, de 600 ou de mg/kg pc/jour. Par rapport aux paramètres toxicologiques standards, aucun changement lié à la taurine n a été observé, à l exception d un changement comportemental relatif à la dose (intensification de l activité, automutilation) observé chez les trois groupes d animaux traités, et ce, chez les deux sexes (CSAH, 2003). Par la suite, une seconde étude d une durée de 90 jours a été entreprise et dans ce cadre, la taurine a été administrée par gavage à des groupes de rats (20 animaux/sexe/dose) à des doses de 0, de 600 ou de mg/kg pc/jour, et un autre ensemble de rats (20 animaux/sexe/dose) a reçu de la taurine dans de l eau potable à des doses de 0, de ou de mg/kg pc/jour. En plus des paramètres toxicologiques standards, une batterie d observation fonctionnelle a été utilisée, et des données sur l activité locomotrice ont été recueillies aux semaines 0, 6 et 12 de l étude réalisée en aveugle (le fait que l étude précédente de 90 jours n a pas été réalisée en aveugle a fait en sorte que les observations issues de celle ci ont été considérées comme biaisées par l auteur de l étude.). Les résultats ont indiqué que la taurine n a été liée à aucun décès ni changement pondéral ou macroscopique, ni à aucune toxicité clinique ou différence dans la consommation d eau et de nourriture. La batterie d observation fonctionnelle et les données sur l activité locomotrice n ont pas révélé d effets liés à la taurine. Au cours de cette seconde étude, aucun effet comportemental indésirable n a été observé. Une DSENO (dose sans effet nocif observé) pour la taurine a été établie à mg/kg pc/jour, laquelle est fondée sur la dose la plus élevée mise à l essai au cours de la première étude de 90 jours, laquelle comportait une évaluation histopathologique (EFSA, 2009). Une étude toxicologique sur le développement chez la souris a démontré qu administrée à une dose de mg/kg pc/jour aux jours 7 et 14 de la gestation, la taurine ne constitue pas un agent tératogène, c est à dire qu elle ne cause aucune anomalie congénitale (Takahski et coll., 1972). Dans le cadre des études additionnelles, des essais in vitro sur des cellules bactériennes ou des cellules de mammifères n ont pas révélé d effets mutagènes ou génotoxiques potentiels produits par la taurine. (S.A. Laidlaw et coll.,1989; R. Cossi et coll., 1995). Aucune étude de toxicité ou de cancérogénicité de longue durée n a été menée afin de déterminer si la taurine compte au nombre des substances cancérogènes, mais selon les études de toxicité de courte durée, rien n indique qu elle le soit. Dans le cadre de plus de 30 études auxquelles des adultes, des enfants et des bébés ont participé, la taurine n a suscité aucune préoccupation en matière d innocuité. Les participants à la plupart de celles ci ont ingéré quotidiennement des doses de taurine allant de à mg pendant un mois et même plus sans que des effets indésirables sur la santé se soient manifestés (EFSA, 2009). Les résultats d une étude en double aveugle chez 14 volontaires humains a démontré qu un mélange de taurine et de caféine en concentration semblable à celle que l on trouve dans les boissons énergisantes typiques n a pas eu d effet sur la mémoire à court terme, comme l a démontré une version raccourcie d un test courant visant l évaluation de la mémoire à court terme. Toutefois, ce mélange a entraîné une diminution de la fréquence cardiaque et une augmentation de la tension artérielle moyenne. Cette constatation s est révélée étonnante puisqu en règle générale, la caféine stimule la fréquence cardiaque. Il conviendra de procéder à un examen plus approfondi du mélange de ces deux substances (Bichler et coll., 2006). 4.4 D Glucurono γ lactone Le D Glucurono γ lactone (glucuronolactone) est la γ lactone de l acide glucuronique. Il s agit d un métabolite humain normal formé de glucose et d acide glucuronique. On ne le trouve naturellement que dans quelques aliments, par exemple le vin et les gommes végétales (p. ex., gomme de guar, gomme arabique). Selon une estimation, l apport quotidien moyen est de 1,2 mg/jour, et un apport élevé atteindrait 2,3 mg/jour (CSAH, 1999). Par rapport aux 600 mg de glucuronolactone que contient une seule portion d une boisson énergisante typique, il s agit de très faibles quantités. On allègue que le glucuronolactone constitue une source d énergie rapide et qu elle peut contribuer à la détoxication des xénobiotiques (CSAH, 1999). Les études chez les rats et les humains démontrent que le glucuronolactone ingéré est absorbé, métabolisé et excrété rapidement sous forme d acide glucarique, de xylitol et de L xylulose. Ces composés ne sont pas considérés comme ayant une importance sur le plan toxicologique (Australia New Zealand Food Authority, ANZFA, 2001). À la différence des humains, les souris et les rats ont une voie métabolique qui leur permet d utiliser l acide 16 Int. food risk anal. j., 2013, Vol. 3, 5:2013

17 glucuronique afin de produire de la vitamine C. Les rongeurs peuvent aussi mettre à profit le glucuronolactone exogène pour produire de l acide glucuronique, puis de la vitamine C. Cette voie additionnelle a semé le doute quant au bien fondé de recourir à des rongeurs à titre de modèles pour les humains (CSAH, 1999). Toutefois, un examen plus poussé de la question a permis de déterminer que cette voie métabolique chez les rongeurs joue un rôle relativement mineur à l égard du glucuronolactone, ce qui donne à penser que les résultats observés chez ces derniers sont pertinents chez les humains (CSAH, 2003). La toxicité orale aiguë du glucuronolactone est très faible, à tel point que chez la souris, la DL50 est supérieure à mg/kg pc et chez le rat, d environ mg/kg pc. La toxicité orale à court terme du glucuronolactone a été évaluée dans le cadre d une étude où les groupes de rats (20 animaux/sexe/dose) ont reçu par gavage une dose quotidienne unique de 0, de 300, de 600 ou de mg/kg pc pendant une période pouvant atteindre 90 jours (CSAH, 2003). Les résultats n ont indiqué aucun décès découlant du traitement, aucune différence importante du poids corporel ou de la consommation de nourriture ni de changement dans les paramètres hématologiques ou relatifs à la chimie clinique. L analyse des urines a démontré que chez le groupe des mâles recevant mg/kg pc, le ph était plus faible que chez le groupe témoin, et que chez les mâles des groupes recevant 600 et mg/kg pc, la gravité spécifique était plus faible que chez le groupe témoin. Les résultats d un examen histopathologique ont permis d observer une vacuolisation et des changements inflammatoires sur la papille du rein chez les femelles; ainsi à des doses de 0, de 300, de 600 et de mg/kg pc/jour, les incidences respectives étaient de 11/20, de 9/20, de 11/20 et de 11/20. L incidence de l effet n était pas proportionnelle à la dose administrée, mais les examinateurs de l étude ont noté que la gravité de cette lésion rénale augmentait avec la dose. On a constaté qu à des doses de 0, de 300, de 600 et de mg/kg pc/jour, l incidence d une lésion de grade 2 (gravité légère) s est établie respectivement à 1/20, à 1/20, à 5/20 et à 8/20. Les examinateurs ont conclu que pour l étude, la DSENO était de 300 mg/kg pc/jour. Lors d une seconde étude de 90 jours chez des rats, la toxicité du glucuronolactone a été évaluée dans la perspective particulière des reins (CSAH, 2003). L étude précédente par gavage a été reprise, mais cette fois en y ajoutant quatre ensembles d animaux (20 animaux/sexe/dose) auxquels du glucuronolactone a été administré dans de l eau potable et qui ont aussi reçu par les deux voies d administration des doses nominales de 0, de 300, de 600 ou de mg/kg pc pendant 90 jours. Les résultats n ont indiqué aucun décès lié à la dose ni aucun effet sur les observations cliniques, la consommation d eau et de nourriture, le poids corporel, les paramètres physiques, le poids des organes ou les paramètres de chimie clinique en lien avec la fonction rénale. L analyse des urines n a révélé aucun effet lié au traitement ni aucune différence entre les groupes ayant reçu la substance par gavage et ceux auxquels elle a été administrée dans de l eau potable. Enfin, aucune observation microscopique ni macroscopique liée à la substance à l étude n a été signalée. Cela vaut pour les reins où une quantité normale de lésions naturelles chez cette lignée de rats a été observée. La substance à l étude n a provoqué aucune vacuolisation des cellules des parois des canaux collecteurs du rein. Cela donne à penser que les lésions rénales observées lors de la première étude n avaient pas d importance étant donné que l eau potable administrée dans le cadre de la deuxième étude s avérait plus pertinente en contexte humain. La DSENO pour l étude a été établie à mg/kg pc/jour, soit la plus élevée des doses à l essai. Aucune étude n a visé la toxicité du glucuronolactone sur la reproduction et le développement, mais dans le cadre de l évaluation de l innocuité du glucuronolactone, la réalisation de telles études n a pas été jugée nécessaire puisque le corps hydrolyse l acide glucuronique, un métabolite endogène chez les humains que l on retrouve normalement dans leur alimentation (EFSA, 2009). Un système de mutation bactérienne inverse a montré que le glucuronolactone n est pas mutagène (Kuroda et coll., 1986). Une étude (Ahrens et coll., 1987) a porté sur la toxicité à long terme du glucuronolactone. Des doses de 0 mg (eau), de 125 mg et de 250 mg d acide glucuronique ou de 125 mg de glucuronolactone ont été administrées par voie orale à des groupes de 25 rats mâles depuis l âge d un an jusqu à leur décès (à environ 3 ans). La quantité quotidienne de glucuronolactone équivalait à environ 250 mg/kg pc/jour. Aucune différence digne de mention n a été observée entre les groupes expérimentaux concernant les causes de décès, le poids corporel au moment du décès ni les résultats d autopsie. Le caractère potentiellement cancérogène du glucuronolactone n a pas été évalué dans cette étude ni dans aucune autre. Cependant, selon les études de toxicité de courte durée et le rôle de la substance dans le métabolisme humain, rien n indique qu il s agit d un agent cancérogène. On a signalé qu en raison de sa capacité à inhiber l activité de la β glucuronidase virale et bactérienne, le glucuronolactone a été administré à des doses de 1 à 3 g/jour (1 000 à mg/jour) à titre de traitement à long terme à des sujets porteurs de la typhoïde. Aucun effet indésirable n a été signalé dans ce cadre (Kohler et Schmid, 1980). Joel Rotstein, Jennifer Barber, Carl Strowbridge, Stephen Hayward, Rong Huang et Samuel Benrejeb Godefroy: 17

18 4.5 Inositol Le myo inositol (inositol) est un constituant du phosphatidylinositol, un phospholipide qui joue un rôle essentiel dans la croissance, la régulation du métabolisme et la transduction de signal. L inositol est un constituant normal des tissus humains et peut être synthétisé dans certains de ceux ci. Sous forme de phytate, il s agit aussi d un constituant normal des aliments fabriqués à partir de végétaux; on le trouve sous forme d inositol libre et phosphorylé ainsi que d inositol phospholipide dans les aliments de source animale. Selon les estimations, les adultes en ingèrent de 500 à mg par jour. Cette quantité est relativement supérieure aux 50 mg d inositol présents dans une portion individuelle d une boisson énergisante typique telle que décrite au tableau 1. La diminution de la cholestérolémie et par ricochet, de la maladie cardiovasculaire, compte au nombre des bienfaits qu il pourrait procurer (ANZFA, 2001). La toxicité attribuée à l inositol est très faible, à tel point que la DL50 chez la souris atteint mg/kg pc. Aucune étude n a visé la toxicité de l inositol pour la reproduction et le développement, ni sa génotoxicité. Bien que la cancérogénicité de l inositol n ait jamais été examinée, plusieurs études ont porté sur sa capacité à prévenir l apparition du cancer chez des modèles murins. Les résultats ont indiqué qu un apport de 3 % d inositol dans l alimentation (ce qui correspond à une dose de mg/kg pc/jour) n a pas augmenté la formation de cancer (Estensen et Wattenberg, 1993). Chez les humains, l inositol a été administré à titre de traitement expérimental pour lutter contre la dépression, la panique et le trouble obsessionnel compulsif. Selon un rapport, les sujets en ont consommé jusqu à mg par jour pendant 2 semaines (Arendrup et coll., 1989). Un autre rapport signale l administration de 18 g d inositol par jour pendant 6 semaines (Koponen et coll., 1997). Dans ces rapports, de même que dans plusieurs autres, aucun effet indésirable n a été signalé (Colondy et Hoffman, 1998). 4.6 Vitamines B La plupart des boissons énergisantes contiennent des vitamines B ajoutées, notamment de la thiamine, de la riboflavine, de la niacine, de la vitamine B6, de la vitamine B12 et de l acide pantothénique Thiamine (vitamine B1) La thiamine est présente dans de nombreux aliments, y compris dans la viande, les légumineuses et les produits céréaliers entiers ou enrichis. La ration alimentaire recommandée (RAR) 9 pour la thiamine est de 1,2 mg/jour 9 Les apports nutritionnels de référence (ANREF) sont les valeurs de référence en nutriments qui remplacent les apports chez les hommes adultes et de 1,1 mg/jour chez les femmes adultes (Institute of Medicine, IOM, 1998). Selon les données issues de l Enquête sur la santé des collectivités canadiennes (ESCC, 2004), le 95 e centile de l apport alimentaire indique que les adultes consomment jusqu à 4 mg de thiamine par jour. Comme décrite au tableau 1, la composition typique des boissons énergisantes habituelles ne contient pas de thiamine, mais d autres boissons énergisantes peuvent en contenir jusqu à 5 mg par portion. À cause de l insuffisance des données sur les effets indésirables de la thiamine, l IOM des États Unis n a pas été en mesure d établir un apport maximal tolérable (AMT) pour cette substance (IOM, 1998). De plus, la Commission européenne a conclu que bien qu il ne soit pas possible de calculer d AMT pour la thiamine, les apports actuels de toutes les sources ne comportent pas de risques pour la santé de la population en général (Commission européenne, 2011). Cependant, l ANZFA établit une limite maximale de 20 mg/250 ml de thiamine dans les boissons contenant de la caféine, et ce, à titre de seuil prudent fondé sur la quantité quotidienne maximale de 40 mg de thiamine (ANZFA, 2001). La thiamine consommée par voie orale est utilisée de longue date à titre de complément, et ce, sans que des effets indésirables lui aient été attribués. Il n existe aucun rapport faisant état d effets indésirables de la thiamine prise par voie orale, même à raison de plusieurs centaines de milligrammes par jour (Commission européenne, 2001). Au Canada, dans le cadre d une évaluation de l innocuité de l oligo élément, la thiamine a été classée à titre de nutriment sans effets indésirables connus (Program on Food Safety, 1996) Riboflavine (vitamine B2) Une grande variété d aliments contient de la riboflavine, mais le lait et les produits laitiers sont considérés comme les principales sources alimentaires de la substance. Les œufs, la viande et les légumineuses contiennent aussi d importantes quantités de riboflavine (Groff et Gropper, 2000). La RAR de riboflavine chez les hommes adultes est de 1,3 mg/jour et chez les femmes adultes, de 1,1 mg/jour (IOM, 1998). Selon les données issues de l ESCC (2004), le 95 e centile de l apport alimentaire indique que les adultes consomment jusqu à 4,5 mg de riboflavine par jour. Comme décrite au tableau 1, la composition typique des boissons énergisantes habituelles contient 1,65 mg de riboflavine par portion de 250 ml, alors que d autres nutritionnels recommandés (ANR) de 1990 établis au Canada et les rations alimentaires recommandées publiées en 1989 aux États Unis (Santé Canada, sc.gc.ca/fnan/nutrition/reference/dri_using util_anref fra.php). Les ANREF comprennent des rations alimentaires recommandées (RAR) et des apports suffisants (AS). 18 Int. food risk anal. j., 2013, Vol. 3, 5:2013

19 boissons de ce type peuvent en contenir jusqu à 5 mg par portion. À cause de l insuffisance des données sur les effets indésirables de la riboflavine, l IOM n a pas été en mesure d établir un AMT pour cette substance (IOM, 1998). De plus, la Commission européenne a conclu que bien qu il ne soit pas possible de calculer un AMT pour la riboflavine, les apports actuels de toutes les sources ne comportent pas de risques pour la santé humaine (Commission européenne, 2000). Cependant, l ANZFA établit une limite maximale de 20 mg de riboflavine dans les boissons contenant de la caféine, et ce, en fonction de la composition du Red Bull et de la consommation régulière connue de ce produit à raison de 500 ml par jour (ANZFA, 2001). La toxicité de la riboflavine est considérée comme très faible, en partie à cause de l excrétion rapide de toute quantité excédentaire de la substance (ANZFA, 2001). Les données subchroniques issues des études chez les humains et des études pharmacocinétiques n ont fait rapport d aucun effet au sujet de la toxicité orale de la riboflavine. Mis à part quelques troubles gastrointestinaux mineurs, lesquels ne sont pas clairement liés à l apport en riboflavine, aucun effet secondaire grave ne lui est attribué (Commission européenne, 2000). 10, Niacine (vitamine B3) Le terme niacine désigne la vitamine B3, et l acide nicotinique et le nicotinamide en sont deux formes différentes. Les sources alimentaires les plus riches en niacine sont le thon, le bœuf, les autres viandes et les grains céréaliers (Groff et Gropper, 2000). La RAR de niacine chez les hommes adultes est de 16 mg/jour et chez les femmes adultes, de 14 mg/jour (IOM, 1998). Selon les données issues de l ESCC (2004), le 95 e centile de l apport alimentaire indique que les adultes consomment jusqu à 76,7 mg de niacine par jour. Comme décrite au tableau 1, la composition typique des boissons énergisantes habituelles contient 18 mg de niacine par portion de 250 ml, alors que d autres boissons de ce type peuvent en contenir jusqu à 40 mg par portion. Dans ces produits, la niacine est généralement présente sous forme de 10 Pendant que le présent document était en cours de rédaction, Santé Canada a publié le document intitulé Document d orientation particulier à une catégorie Autorisation de mise en marché temporaire Boissons énergisantes contenant de la caféine (mars 2012). Une quantité maximale quotidienne de 5 mg de thiamine a été établie pour l adjonction aux boissons énergisantes. 13 Selon le texte intitulé Document d orientation particulier à une catégorie Autorisation de mise en marché temporaire Boissons énergisantes contenant de la caféine (mars 2012) publié par Santé Canada, l apport quotidien maximal en riboflavine issue des boissons énergisantes est établi à 27 mg. nicotinamide, lequel y est fort probablement ajouté en raison du rôle qu il joue dans le métabolisme énergétique. L IOM des États Unis a établi, en 1998, un AMT de 35 mg/jour pour la niacine, et ce, en raison d un effet indésirable qu elle provoque: les bouffées vasomotrices 12. Les bouffées vasomotrices sont les premiers symptômes observés à la suite d un apport excessif en niacine et en général, à une dose inférieure à celle provoquant d autres effets. Les bouffées vasomotrices qui font en sorte que les patients décident de diminuer leur apport en niacine (c. à d. d en réduire la quantité consommée en une occasion ou de la retirer du traitement) ont été choisies comme le fondement de l AMT. Bien que le nicotinamide ne semble pas provoquer de tels effets, un AMT en acide nicotinique fondé sur l apparition de bouffées vasomotrices est considéré comme une mesure protectrice contre d autres effets indésirables éventuels du nicotinamide (IOM, 1998). D autres instances ont établi des AMT tant pour l acide nicotinique que pour le nicotinamide. Toutefois, comme le nicotinamide est habituellement la forme de niacine présente dans les boissons énergisantes, il ne sera question dans le présent document que de l AMT établi pour celui ci. La Commission européenne a établi un AMT de 900 mg/jour (12,5 mg/kg pc/jour) pour le nicotinamide, et ce, en se fondant sur une DSENO de 25 mg/kg pc/jour calculée à partir des études auxquelles ont participé des sujets à risque du diabète (Commission européenne, 2002). Le groupe d experts sur les vitamines et les minéraux (Food Standards Agency, 2003) a établi un apport d orientation de 560 mg/jour en nicotinamide puisque selon les rares données existantes portant sur la toxicité du nicotinamide, celle ci serait assez faible. Sur la base de son évaluation, l ANZFA a établi une limite maximale de 40 mg/jour de niacine (2 canettes en contenant 20 mg/250 ml) dans les boissons caféinées (ANZFA, 2001) 13. Aucune donnée probante n indique que la consommation de la quantité de niacine qui se trouve dans un régime alimentaire normal est à la source d effets indésirables. Par comparaison avec des apports en acide nicotinique de mg/jour, des effets indésirables ont été observés 12 L expression bouffées vasomotrices désigne une sensation passagère de chaleur extrême. 13 Selon le texte intitulé Document d orientation particulier à une catégorie Autorisation de mise en marché temporaire Boissons énergisantes contenant de la caféine (mars 2012) publié par Santé Canada, l apport quotidien maximal en nicotinamide issu des boissons énergisantes est établi à 450 mg. Joel Rotstein, Jennifer Barber, Carl Strowbridge, Stephen Hayward, Rong Huang et Samuel Benrejeb Godefroy: 19

20 quand les apports en nicotinamide excédaient mg/jour (ANZFA, 2001). Des effets indésirables peuvent être observés à la suite de la consommation d apports élevés en acide nicotinique, lesquels peuvent découler de l ingestion de préparations pharmacologiques ou de compléments alimentaires. Les effets indésirables pour lesquels l acide nicotinique est cité concerne les médicaments, particulièrement lorsque l acide nicotinique est ingéré en doses égales ou supérieures à 1 g par jour. Ces effets indésirables comprennent: Des lésions hépatiques éventuelles, comme l indiquent des concentrations sériques élevées en enzymes d origine hépatique (p. ex., les transaminases) et l obstruction de la circulation normale de la bile depuis le foie jusqu à l intestin grêle; L apparition de troubles dermatologiques, par exemple les démangeaisons; L élévation de la concentration plasmique en glucose (Groff et Gropper, 2000) Pyridoxine (vitamine B6) Les bananes, les haricots ronds blancs et les noix de Grenoble comptent au nombre des aliments consommés fréquemment qui constituent d excellentes sources de vitamine B6 (Groff et Gropper, 2000). La RAR pour la vitamine B6 chez les hommes adultes est de 1,3 à 1,7 mg/jour et chez les femmes adultes, de 1,3 à 1,5 mg/jour (IOM, 1998). Selon les données issues de l ESCC (2004), le 95 e centile de l apport alimentaire indique que les adultes consomment jusqu à 4,5 mg de vitamine B6 par jour. Comme décrite au tableau 1, la composition typique des boissons énergisantes habituelles contient 2 mg de vitamine B6 par portion de 250 ml, alors que d autres boissons de ce type peuvent en contenir jusqu à 10 mg par portion. Sur la base d une DSENO de 200 mg/jour et en appliquant un facteur d incertitude de 2 pour tenir compte de l aspect limité des données, l IOM a établi un AMT de 200 mg/jour en vitamine B6 (IOM, 1998). En se fondant sur les apports moyens en vitamine B6 (100 mg) issus de l étude de Dalton et Dalton (1987) et en appliquant un facteur d incertitude de 4 pour tenir compte de l apport à long terme, la Commission européenne a établi un AMT de 25 mg/jour en vitamine B6 (Commission européenne, 2000). Pour sa part, en se fondant sur les antécédents de consommation plutôt que sur l AMT des États Unis, l ANZFA a déterminé une limite maximale de 10 mg/jour de vitamine B6 dans les boissons caféinées (ANZFA, 2001). L apport en vitamine B6 issu des sources alimentaires ne suscite aucune préoccupation. Toutefois, des effets neurologiques indésirables ont été décelés chez les humains après qu ils en aient consommé des doses très élevées (> 500 mg/jour, ce qui équivaut à environ 8 mg/kg/jour) 14. Des symptômes neurologiques mineurs peuvent se manifester à des doses de 100 mg/jour ou plus consommées pendant des périodes prolongées. Aucune indication selon laquelle certains sous groupes de la population seraient plus susceptibles que d autres de subir des effets secondaires provoqués par la vitamine B6 n a été recensée (Commission européenne, 2000) Cobalamine (vitamine B12) Dans l alimentation humaine, seuls les produits d origine animale procurent de la vitamine B12, dénommée cobalamine, laquelle est produite par des microorganismes. La viande, les produits à base de viande, la volaille et les œufs sont les aliments les plus riches en cobalamine. La RAR pour la vitamine B12 chez les hommes et les femmes adultes est établie à 2,4 μg/jour (microgrammes/jour) (IOM, 1998). Selon les données issues de l ESCC (2004), le 95 e centile de l apport alimentaire indique que les adultes consomment jusqu à 6 μg de vitamine B12 par jour. Comme décrite au tableau 1, la composition typique des boissons énergisantes habituelles contient 1 μg de vitamine B12 par portion de 250 ml, alors que d autres boissons de ce type peuvent en contenir jusqu à 20 μg par portion. En raison de l insuffisance des données sur les effets indésirables de la vitamine B12, l IOM des États Unis n a pas été en mesure d établir un AMT pour cette substance (IOM, 1998). La Commission européenne est parvenue à la même conclusion puisqu aucun effet indésirable produit par la vitamine B12 n a été clairement défini (Commission européenne, 2000). En se fondant sur les antécédents de consommation, l ANZFA a déterminé une limite maximale de 10 μg/jour de vitamine B12 dans les boissons caféinées (ANZFA, 2001). Chez des personnes bien portantes, aucun apport excessif en vitamine B12 issue de l alimentation ou de complément n a été identifié comme étant à l origine d effets indésirables (Commission européenne, 2000) Acide pantothénique (vitamine B5) Les viandes, particulièrement le foie, les jaunes d œufs, les légumineuses et les grains céréaliers constituent de bonnes sources d acide pantothénique. L apport suffisant (AS) pour l acide pantothénique chez les hommes et les 14 Dans les cas d ingestion de doses inférieures à 500 mg/jour, les effets indésirables se sont révélés réversibles. 15 Selon le texte intitulé Document d orientation particulier à une catégorie Autorisation de mise en marché temporaire Boissons énergisantes contenant de la caféine (mars 2012) publié par Santé Canada, l apport quotidien maximal en vitamine B12 issue des boissons énergisantes est établi à 25 μg/jour. 20 Int. food risk anal. j., 2013, Vol. 3, 5:2013