Insertion professionnelle et départ du domicile parental : une relation complexe
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- Raphael Déry
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1 Inserion professionnelle e dépar du domicile parenal : une relaion complexe Thomas Couppié, Céline Gasque * L'enrée dans la vie adule es un phénomène mulidimensionnel don la complexificaion es soulignée depuis longemps (Galland 1995 ; Robee 2007 par exemple). Les ravaux sur cee quesion poinen à la fois la désynchronisaion croissane des différenes éapes scolaires, professionnelles e familiales e leur emporalié oujours plus ardive. Ils relèven enre aure le raccourcissemen de la durée de ransiion enre ceraines éapes professionnelles, à commencer par la fin des éudes e l'accès à un premier emploi, e ceraines éapes familiales, don l'indépendance résidenielle (Galland 2000). Ce faisan, ils rappellen l'exisence d'inerrelaions enre siuaions renconrées sur le marché du ravail e accès à l'auonomie résidenielle (Courgeau 2000 ; Caussa 1995 ; Dormon e Dufour-Kipperlen 2000). Nous souhaions donc dans cee éude nous focaliser plus pariculièremen sur la naure des spécificiés de la siuaion professionnelle des jeunes au momen de leur dépar du domicile parenal e nous poser la quesion du rôle que peu jouer la mise en couple ou le choix de s insaller dans un quarier défavorisé comme «moyens» de réduire la conraine économique pesan sur l individu qui souhaie quier le domicile parenal. 1. Cadre héorique Il es radiionnel de relier rajecoires professionnelles e rajecoires familiales. Les ravaux son ainsi nombreux à monrer, si ce n es une causalié, au moins une concomiance, enre décohabiaion e conra de ravail déenu mais aussi emps passé en emploi, durabilié, coninuié e rémunéraion des emplois (Caussa 1995 ; Dufour e Werquin 1997 ; Mora e Sulzer 2008). Le consa d un dépar plus ardif du domicile parenal chez les jeunes généraions es ainsi souven expliqué par les difficulés croissanes renconrées par les jeunes de ces généraions sur le marché du ravail. «Ainsi, un phénomène sociologique majeur le décalage dans le emps du dépar du domicile parenal aurai une explicaion esseniellemen économique : la siuaion des jeunes sur le marché du ravail» (Dormon e Dufour- Kippelen 2000, p. 99). Cerains ravaux conduisen cependan à nuancer cee relaion supposée enre les deux ypes de rajecoires, professionnelle e résidenielle. Ainsi, Dormon e Dufour-Kippelen (2000) monren que si des inerrelaions exisen effecivemen, e plus précisémen si elles monren que rouver un CDI perme de parir plus vie de chez ses parens, de même qu avoir décohabié accélère l obenion d un CDI, en réalié «quoique significaives e non négligeables, les ineracions enre les rajecoires jouen un rôle limié, en comparaison avec les aures variables explicaives» (p. 118), à savoir des variables de naure démographique pour la décohabiaion e de naure économique pour l accès au CDI. Noons ouefois que cee éude ne condui pas à nuancer oues les relaions possibles enre la décohabiaion e les rajecoires professionnelles puisque seul le rôle du CDI es pris en compe ; la quesion des ressources financière n es, en pariculier, pas abordée. D un sric poin de vue économique, quier ses parens pour prendre un logemen séparé revien, pour la grande majorié des jeunes, à se placer sur le marché du logemen. L accès à ce marché suppose de pouvoir disposer d un cerain nombre de ressources nécessaires (direces ou non) 1 pour saisfaire aux demandes des propriéaires. Au momen de la négociaion, les exigences de ces derniers poren en premier lieu sur le niveau des revenus professionnels aendus des locaaires poeniels. Un minimum exigé au raio (salaire du momen/loyer) fai souven office de barrière à l enrée. En deuxième lieu, les * Chargés d éudes au Céreq, couppie@cereq.fr, gasque@cereq.fr. 1 Prendre un logemen séparé ne signifie pas forcémen prendre un logemen indépendan. Le loyer du nouveau logemen peu en effe êre encore supporé par les parens (Villeneuve-Gokalp 1997, 2000). 227
2 propriéaires cherchen à enir compe de la durabilié anicipée de la siuaion professionnelle des locaaires poeniels. L esimaion de cee durabilié anicipée peu se consruire sur plusieurs signaux : naure de l employeur, ype de conra de ravail (sau de foncionnaire, conra à durée indéerminée, conra à durée déerminée, inérim, ec.), aille de l enreprise, ec. En roisième lieu, les propriéaires peuven égalemen exiger, praique pariculièremen généralisée dans le cas de jeunes qui enren sur le marché du ravail, un cerain niveau de «couverure» des aléas via un sysème de cauion. L évaluaion «économique» des candidas à la locaion apparaî donc le plus souven êre une démarche mulicrière pour nombre de propriéaires. 2. Hypohèses e méhode 2.1. Un processus de décohabiaion lié aux rajecoires professionnelles À la fin de leurs éudes, lors de leur arrivée sur le marché du ravail, la plupar des jeunes souhaien quier le domicile parenal e accéder à l auonomie résidenielle ; hypohèse globalemen vérifiée puisque parmi les jeunes ayan quié l école en 1998 e résidan encore chez leurs parens sep ans après la fin de leurs éudes 2, 88 % déclaren souhaier quier le domicile parenal mais ne peuven le faire pour des raisons financières liées anô à leur siuaion sur le marché du ravail, anô aux condiions prévalan sur le marché du logemen (Céreq 2007). Ce accès à l auonomie résidenielle es condiionné, noammen, à leur siuaion sur le marché du ravail e plus précisémen à leur niveau de revenu l acquisiion d un logemen auonome supposan de disposer de ressources suffisanes mais aussi à la sabilié de leur siuaion professionnelle. À parir de l idée d un lien direc enre les condiions renconrées sur le marché du ravail par le jeune e ses possibiliés d accès à une auonomie résidenielle, nous faisons deux hypohèses. D une par, nous posons l hypohèse qu il exise des condiions professionnelles «minimales» pour accéder à cee auonomie, un «socle commun», qui ferai défau à ceux n ayan oujours pas quié le domicile de leurs parens. Cee hypohèse revien à supposer l exisence d une rupure ou d une fronière enre siuaions professionnelles associées à la période de la première décohabiaion e siuaions professionnelles anérieures, fronière ou rupure qui ranscenderai les différens groupes sociaux don on sai par ailleurs qu ils renconren des siuaions rès disparaes sur le marché du ravail. Auremen di, si les condiions économiques conraignen effecivemen la possibilié d une décohabiaion, alors on doi s aendre à observer une ceraine convergence des siuaions renconrées sur le marché du ravail au momen de la première décohabiaion enre individus relevan de groupes sociaux différens. D aure par, nous supposons que la période d accès à un logemen auonome s accompagne d une amélioraion singulière des condiions professionnelles, en ou cas d une évoluion plus imporane que celles que les jeunes peuven connaîre à d aures périodes ; cee amélioraion pouvan se faire en ermes de rémunéraion e/ou de sabilisaion. Nous porerons ainsi une aenion oue pariculière aux évoluions connues par les jeunes enre les mois qui précèden e les mois qui suiven leur décohabiaion. 2 Soi 16 % de la cohore. RELIEF N
3 Encadré 1 DÉFINIR LA DÉCOHABITATION Il exise de nombreuses définiions du dépar du domicile parenal (par exemple Galland 1995 ; Villeneuve-Gokalp 1997) prenan en compe noammen la durée de la période hors du logemen des parens ou encore la personne payan le logemen. Une des définiions de Galland (1995) ne reien ainsi comme dépars que ceux conduisan à une insallaion dans un logemen non financé pour les parens. Pour Baagliola, Brown e Jaspard (1997) au conraire, les jeunes s insallan dans un el logemen, lorsqu ils ne son plus en éudes, son bien considérés comme paris de chez leurs parens, arguan comme le di Villeneuve-Gokalp (1997) qu ils son émancipés même s ils ne paien pas eux-mêmes leur loyer. Remarquons que si il fu un emps où les jeunes habian dans des logemens payés par leurs parens éaien esseniellemen des éudians, la proporion de jeunes dans ce cas alors qu ils son enrés dans la vie acive va croissan (Galland 2000). Par ailleurs, les ravaux son nombreux à avoir monré que ce dépar du logemen parenal ne se faisai pas forcémen de façon insananée mais au conraire qu il pouvai se passer un cerain emps enre des premières «siuaions résidenielles provisoires» (dépars seulemen quelques jours de la semaine par exemple) e un vériable dépar, au sens d une «indépendance résidenielle» (Villeuve-Gokalp 1997). De même les phénomènes de reour, en lien avec des problèmes professionnels ou une rupure de couple par exemple, son fréquens (un dépar sur cinq es suivi d un reour d après Villeuve-Gokalp (1997), évaluaion qui ien compe ouefois des reours des éudians) ; conduisan cerains à ne reconnaîre comme vériable dépars que ceux d une durée minimale de six mois (Villeneuve-Gokalp 2000). Pour nore par, nous reenons une approche exrêmemen simplifiée du dépar du domicile parenal, appelé ici «première décohabiaion». Nore définiion repose sur l enregisremen d un calendrier habia dans l enquêe Généraion 1998 qui disingue rois éas possibles de résidence : au domicile des parens, hors du domicile parenal e seul, ou hors du domicile parenal e en couple. Ce calendrier ne prend pas en considéraion la personne qui paie effecivemen le loyer ; on ne peu donc parler ici de logemen «indépendan» (Galland 2000), mais seulemen de logemen «séparé». Tel qu il es collecé, ce calendrier résideniel ne perme pas de saisir oues les mobiliés résidenielles (ni ous les changemens de siuaion marimoniale, d ailleurs). En revanche, il perme de saisir clairemen la dae de la première décohabiaion qui sui la fin des éudes e de rapprocher ce événemen de la siuaion que vi à ce momen là le jeune sur le marché du ravail. Soulignons que nous ne nous inéresserons pas ici au phénomène évenuel de reour ulérieur au domicile parenal, phénomène qui es loin d êre négligeable Un lien pouvan êre relâché Dans ce cadre général lian le processus de décohabiaion aux rajecoires professionnelles, nous envisageons qu il exise deux ypes de «moyens» de réduire ce lien qui soien esables à parir des données don nous disposons. Nous faisons ainsi l hypohèse que s insaller en couple comme emménager dans une zone urbaine sensible (ZUS) son des moyens de réduire les conraines économiques e professionnelles pesan sur l accès à un logemen auonome. S insaller en couple, pluô que seul, revien à parager ces conraines ; les ressources financières disponibles son mulipliées. Mais cela peu aussi permere de déporer sur l aure ces conraines, en faisan reposer sur lui la nécessié d un cerain revenu mais égalemen d une ceraine sabilié d emploi. S insaller dans une ZUS, e par là accéder à un marché du logemen aux prix largemen plus modérés qu ailleurs, peu égalemen aider les jeunes à quier le domicile parenal, en réduisan les exigences financières pesan sur eux (Couppié e Gasque 2009 ; Pan Ké Shon 2006). 229
4 2.3. Méhode Les données : l enquêe «Généraion 1998» Cee analyse s appuie sur les données des rois inerrogaions de l enquêe Généraion 1998 permean d observer les sep premières années de vie acive des jeunes soris de l école en 1998 (voir encadré n 2) Le champ de l éude L éude pore sur l ensemble des jeunes soris de formaion iniiale en Ne son pas pris en compe : les jeunes habians aux rois daes d inerrogaion, 2001, 2003 e 2005 dans une zone rurale ou une zone urbaine sans ZUS (6 700), considéran que la possibilié pour ces jeunes de s insaller dans une ZUS es neemen plus faible que pour les aures ; e, parmi les jeunes urbains, les jeunes ayan déjà décohabié au momen de la fin de leurs éudes en 1998 (3 300). En effe, pour ces jeunes, on peu considérer d une par que la décohabiaion, inervenue en cours d éudes, c'es-à-dire a priori (dans la plupar des cas) sans indépendance financière, ne relève pas des mêmes problémaiques qu une décohabiaion inervenan plus ard (voir encadré 3) ; e que, d aure par, ceraines informaions mobilisées dans nos analyses son de oue façon manquanes pour ces jeunes (elles que le quarier de résidence des parens, le mode d habia, ec.). Les jeunes n ayan pas encore décohabié son, eux, conservés dans l analyse. Au final, nous ravaillons donc sur individus représenan jeunes urbains Les rajecoires professionnelles La caracérisaion des cheminemens professionnels reenue ici se fai en deux éapes. Suivan l exemple de Grele (1994), la première éape vise à caracériser l espace des siuaions professionnelles renconrées à parir des siuaions mensuelles sur le marché du ravail. Afin de prendre en considéraion les conraines à la fois en ermes de rémunéraion e de sabilisaion qui pèsen sur le processus de décohabiaion, nous reenons sep éas possibles : emploi à durée indéerminée (EDI), c'es-à-dire CDI ou foncionnaire, avec un salaire supérieur à euros mensuels ; emploi à durée indéerminée (EDI), c'es-à-dire CDI ou foncionnaire, avec un salaire inférieur ou égal à euros mensuels ; CDD avec un salaire supérieur à euros mensuels ; CDD avec un salaire inférieur ou égal à euros mensuels ; conras aidés ; chômage ; inacivié, formaion hors emploi ou reprise d éudes. Pour un individu donné, nous résumons alors l informaion concernan ses sep premières années de vie acive des jeunes par le emps passé dans chacun de ces éas. Le ableau croisan individus (en lignes) e par du emps passé dans chacun des sep éas (en colonnes) fai l obje d une Analyse en composanes principales (ACP) qui perme d idenifier l espace facoriel des siuaions professionnelles renconrées au cours des sep années. Ce espace va, dans une deuxième éape, nous servir de cadre d analyse (le «fond de care», pour reprendre l expression de Grele (1994)) de la dynamique emporelle des rajecoires professionnelles des individus par projecion de profils d individus supplémenaires par sous-période. RELIEF N
5 Le découpage emporel Dans une perspecive dynamique, nous ne reenons pas une approche chronologique sandard : nous nous siuons au conraire dans le cadre d une consrucion «événemenielle» du emps, en prenan comme poin de référence, comme emps 0, la période de décohabiaion. Le découpage en sous-périodes idenifie alors, auour du rimesre qui marque la décohabiaion, des périodes survenan avan e après ce événemen. Ainsi nous disinguons neuf épisodes emporels : le rimesre de la décohabiaion (noé ) Quare périodes qui précèden cee décohabiaion : le rimesre qui la précède immédiaemen (noé -1) le rimesre précéden (noé -2) le rimesre encore précéden (noé -3) e enfin la période remonan jusqu à la sorie du sysème éducaif, période variable selon les individus (noé ) Quare périodes qui suiven cee décohabiaion : le rimesre qui sui immédiaemen la période de décohabiaion (noé +1) le rimesre suivan (+2) la période qui sui encore (+3) e enfin la période qui se ermine lors de l inerrogaion des jeunes en 2005 (). Les neufs périodes ainsi définies ne concernen pas forcémen, chacune, ous les individus. Selon le momen où ils on quié le domicile parenal, les jeunes peuven ainsi n êre concernés que par ceraines d enre elles. Le ableau 1 indique pour chaque période le nombre d individus non concernés e la proporion qu ils représenen dans l ensemble. Par ailleurs, concernan les jeunes n ayan jamais décohabié au cours des sep années, une période «héorique» de décohabiaion leur a éé aribuée en foncion de la dae moyenne de décohabiaion (soi mai 2001). L analyse a éé égalemen conduie sans eux e les résulas obenus son sricemen ideniques. Tableau 1 LE DÉCOUPAGE TEMPOREL Périodes emporelles Nombre d individus non concernés Proporion d individus non concernés % % % % 0 0 % % % % % Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. Pour chacune des périodes emporelles ainsi définies nous pouvons déerminer le emps passé dans chacun des sep éas idenifiés sur le marché du ravail. 231
6 Une double appréciaion des rajecoires : en ermes de disance parcourue e de direcion du déplacemen Nous projeons, dans l espace facoriel consrui iniialemen, les profils de siuaions connues par différens groupes d individus 3 à chacune des périodes emporelles définies. Nous reconsiuons ainsi leur rajecoire professionnelle e pouvons apprécier l évoluion de leur siuaion économique d une période à l aure par l inermédiaire du déplacemen qu ils effecuen dans ce espace facoriel. Pour caracériser ces déplacemens, nous reenons deux grandeurs : la disance parcourue par un groupe de jeunes enre deux poins e la direcion de ce déplacemen. Nous observons donc, dans l espace facoriel, des déplacemens orienés. La disance nous perme de savoir si la siuaion professionnelle d un individu s es foremen modifiée au cours des sep années mais aussi au cours d une période donnée e en pariculier au momen de sa décohabiaion. Auremen di, une disance imporane 4 enre le rimesre précédan la décohabiaion (- 1) e celui la suivan () radui un changemen imporan des condiions renconrées sur le marché du ravail. La direcion nous perme, quan à elle, d apprécier les ypes de changemens inervenus : ils peuven concerner l un e/ou l aure des deux axes d évoluions définissan l espace facoriel. Enfin, à côé de ces deux grandeurs, nous uilisons égalemen direcemen le posiionnemen des différens groupes de jeunes dans l espace facoriel les uns par rappor aux aures : nous pouvons mesurer la disance séparan deux groupes lors d une période donnée e observer commen cee disance évolue dans le emps. Le calcul praique des disances enre deux poins s appuie sur la disance euclidienne uilisée par l ACP. Pour apprécier la direcion des déplacemens, nous uilisons simplemen l angle que forme le déplacemen éudié avec la direcion générale de déplacemen observée pour l ensemble de la populaion enre la période e la période. Par convenion, un angle nul correspond à un déplacemen parallèle e dans la même direcion que cee direcion générale, un angle négaif correspond à un déplacemen «plus au nord» e un angle posiif à un déplacemen «plus au sud» Tes de significaivié : boosrap Conformémen aux recommandaions de Lebar e al. (1997) noammen, nous uilisons la méhode du Boosrap (Efron e al. 1995) afin de eser la significaivié de nos différens déplacemens. À cee fin, l échanillon a éé répliqué fois. Dans un premier emps, nous avons vérifié que le méa-échanillon, consiué par l empilemen des échanillons, consrui un espace facoriel sricemen similaire à celui produi par l échanillon original. Nous uilisons ensuie les réplicaions d échanillons pour calculer les profils des groupes d individus qui son raiés en supplémenaires, leur projecion dans l espace facoriel consrui à parir de l échanillon original, e finalemen les déplacemens (disance, direcion, disance relaive) observés. Nous sommes ainsi en mesure de donner des inervalles de confiance des déplacemens comprenan enre 5 % e 95 % des valeurs observées au sein des échanillons répliqués, auan pour les disances (inervalles de longueur) que pour les direcions (cônes formés par l inervalle d angle). 3 Le profil des siuaions connues par un groupe d individus donné à une période donnée correspond à la moyenne des pars de emps passées dans chacun des sep éas (normalisées à 100 %) au cours de la période considérée. Ces profils son raiés comme des individus supplémenaires dans l ACP. 4 Imporane, en valeur absolue mais aussi en relaif, en rapporan la disance parcourue au cours de cee période à la disance parcourue depuis l arrivée sur le marché du ravail (enre e ). RELIEF N
7 Encadré 2 L'ENQUÊTE GÉNÉRATION 98 Le Cenre d éudes e de recherches sur les qualificaions (Céreq) organise régulièremen des enquêes chargées d'observer les condiions d'inserion professionnelle des jeunes quian le sysème éducaif. Dans ce cadre, il a inerrogé à rois reprises (prinemps 2001, prinemps 2003 e auomne 2005) des jeunes soris en 1998 des différenes filières de formaion iniiale. Cee enquêe, bapisée «Généraion 98», a permis de rassembler : des données individuelles longiudinales (mensuelles) sur les parcours professionnels décrivan les épisodes d'emploi, de chômage, de formaion, ec., renconrés (sep années reconsiuées) ; des informaions concernan les caracérisiques sociodémographiques des jeunes (formaion, origine socioculurelle, modes d'habia, ec.) ; des informaions à caracère subjecif sur le parcours professionnel (élémens de saisfacion professionnelle, perspecives d avenir, senimen de discriminaion, ec.) ; des données mensuelles sur le mode d habia, chez les parens, seul ou en couple. Opéraion de géocodage e repérage des zones urbaines sensibles Au prinemps 2006, le Céreq e la Délégaion inerminisérielle à la Ville on noué un parenaria qui a permis de géocoder l'adresse du domicile des jeunes au momen où ils achevaien leurs éudes, au momen de l'enquêe de 2003 e au momen de l'enquêe de Trois caégories de localisaion on éé idenifiées : un domicile siué dans une zone urbaine sensible (ZUS), un domicile siué hors d'une ZUS mais dans une aggloméraion urbaine conenan une ZUS e un domicile siué dans une zone rurale ou une aggloméraion urbaine dépourvue de ZUS. Cee éude s'appuie sur l'exploiaion spécifique de l'enquêe «Généraion 98» enrichie de ces informaions. On esime le aux de jeunes de la Généraion 98 «originaires» d'une ZUS à 6,9 % (esimaion à parir de l'enquêe de 2001). Ce aux es inférieur à ce qu on pouvai aendre ; bien qu on ne dispose pas d élémens sricemen comparables, rappelons que les ZUS accueillen 8 % de la populaion méropoliaine e que cee populaion es relaivemen jeune. L'enquêe «Emploi» de l Insee esime, pour sa par, que 8,6 % des jeunes de la cohore 98 résiden en 2004 en ZUS. Cependan, une comparaison des caracérisiques sociodémographiques recueillies dans les deux enquêes monre que les principales spécificiés des jeunes originaires de ZUS son conservées d'une enquêe à l'aure. Le calendrier habia L enquêe fourni égalemen des informaions mensuelles sur le mode d habia de l individu, chez ses parens, seul ou en couple. Un el calendrier nous perme donc d idenifier avec précision le momen où le jeune quie le domicile parenal pour s insaller dans un logemen séparé (voir graphiques en annexe). Cependan, comme l on déjà poiné Mora e Sulzer (2008) l informaion collecée es enachée d erreurs de mesure liées à des incohérences de déclaraion enre les différenes inerrogaions. Ces erreurs de mesure enden à concenrer les dépars du domicile parenal (informaion collecée à l inerrogaion N) dans le mois qui sui l inerrogaion N-1, du fai d imprécisions de la mémoire e des règles de collece. Ainsi, la proporion de jeunes habian chez leurs parens chue exagérémen enre avril e juille 2001, période de la première inerrogaion (-7,6 % conre -2,3 % aendus lorsqu on lisse les valeurs moyennes observées sur les douze mois) e de nouveau enre avril e juille 2003, période de la deuxième inerrogaion (-3,5 % conre -1,3 % aendus). Pour un cerain nombre de jeunes, la mesure de la dae de première décohabiaion es donc enachée d erreur avec une fore probabilié, erreur de mesure associée à une anicipaion de la dae de décohabiaion e généran un biais qui conduirai a priori a sous-esimer les écars de siuaion professionnelle enre le rimesre précédan la décohabiaion e le rimesre suivan la décohabiaion. Cependan, ce problème de mesure ne semble pas affecer beaucoup nos résulas, puisqu une analyse excluan les individus don la probabilié d erreur de mesure es fore (individus don la première décohabiaion dae de mai, juin ou juille 2001 ou de mai, juin ou juille 2003) condui à des résulas rès proches en ermes d espace facoriel e de projecion des différens individus supplémenaires. Enfin, concernan la localisaion du quarier de résidence, les données disponibles nous obligen égalemen à réaliser quelques approximaions suscepibles de générer là encore des erreurs de mesure. Ainsi, son considérés comme s éan insallés en ZUS après leur dépar du domicile parenal les jeunes qui : on décohabié avan 2003 e habien dans une ZUS lors de l inerrogaion de 2003 on décohabié après 2003 e habien dans une ZUS lors de l inerrogaion de L approximaion vien ici de la possibilié que les individus on pu déménager plus d une fois enre le momen où ils s apprêen à quier le domicile parenal e la dae d inerrogaion, e donc de considérer de façon erronée que le logemen de 2003 caracérise effecivemen le premier logemen suivan la décohabiaion. Il n y a ici guère de moyens d évaluer les conséquences de ces erreurs de mesure. On peu indiquer deux ypes de résulas pour clarifier les idées : d une par les individus ayan décohabié avan 2003 l on fai en moyenne en juille 2000 soi 32 mois avan la dae d inerrogaion. Pour ceux ayan décohabié enre 2003 e 2005, la dae moyenne correspond au mois de février 2004, soi 21 environ mois avan l inerrogaion de D aure par, nous savons que les déplacemens muliples ZUS / hors ZUS (e réciproquemen) son relaivemen limiés (Couppié e Gasque 2009) e nous pouvons donc faire l hypohèse que, s il y a eu succession de déménagemens, ils on eu lieu pour une large par dans des quariers du même ype. 233
8 Encadré 3 LES JEUNES AYANT DÉCOHABITÉ AVANT LA FIN DE LEURS ÉTUDES Parmi les jeunes urbains, environ avaien déjà quié le domicile parenal lorsqu ils on achevé leurs éudes en Ces jeunes, exclus de l analyse de la première décohabiaion, son avan ou des jeunes diplômés du supérieur (68 % d enre eux), plus souven des femmes (57 %), plus largemen que les aures issus de familles où les deux parens son nés en France (87 % d enre eux conre 77 % pour les aures) e où le père es cadre (respecivemen 35 % conre 17 %). Par ailleurs, ces jeunes ayan acquis leur auonomie résidenielle de façon relaivemen précoce ne se disinguen pas des aures en ermes de mode d habia, mise en couple ou insallaion seul, comme de lieu de résidence (ZUS ou un aure quarier). 3. Résulas 3.1. La populaion observée L éude pore sur les jeunes ayan quié l école en 1998, n ayan pas décohabié avan cee dae e ayan habié au moins une fois (en 1998, 2003 ou 2005) dans une zone urbaine conenan une ZUS (voir ableau n 2). Ces jeunes, en majorié des hommes, son pour près de la moiié diplômés du secondaire e dans 35 % des cas diplômés du supérieur. Pour plus des rois quars d enre eux, leurs deux parens son nés en France, 28 % avaien un père ouvrier e 17 % un père cadre. Lorsqu ils on fini leurs éudes en 1998, 10 % d enre eux résidaien (chez leurs parens) dans une ZUS. Sep ans plus ard, 15 % d enre eux habien oujours chez leurs parens. Ces jeunes n ayan jamais décohabié présenen un profil rès spécifique : les rois quars d enre eux son des hommes, plus de 40 % son soris de l école sans aucun diplôme, seulemen 60 % on leurs deux parens nés en France andis que 26 % d enre eux on leurs deux parens nés hors d Europe. Ils proviennen égalemen beaucoup plus souven d une ZUS (18 %) e d un milieu populaire (36 % avaien un père ouvrier e seulemen 10 % un père cadre). Lorsqu ils on quié le domicile parenal c es presque aussi souven pour s insaller seul (49 %) que pour s insaller en couple (51 %). On rerouve parmi ceux s éan insallés en couple plus de femmes (54 % conre 42 % de ceux habian seul), plus de diplômés du secondaire (52 % conre 45 %) e moins de diplômés du supérieur (respecivemen 34 % e 43 %) e moins de jeunes de parens nés en France (78 % conre 84 %) mais au conraire plus de jeunes don les parens son nés hors d Europe (11 % conre 7 %). Enfin, les jeunes qui se son insallés en couple avaien plus souven un père cadre (15 %) e moins souven un père ouvrier (31 %) que ceux insallés seuls. En revanche on n observe aucune différence quan à l imporance de la domiciliaion en ZUS, qu il s agisse du lieu d origine, en 1998, lorsqu ils habiaien chez leurs parens (enre 7 e 9 % habiaien en ZUS) ou de leur quarier d insallaion après leur décohabiaion (8 % e 9 % se son insallés dans une ZUS). Lorsqu ils on quié le domicile parenal, en moyenne 8 % des jeunes se son donc insallés dans une ZUS. Conformémen aux aures descripions des populaions jeunes résidan dans de els quariers (Couppié e Gasque 2007a, 2007b), cee populaion se disingue des aures par une plus fore proporion de non diplômés (25 % conre seulemen 12 % pour ceux ayan pris leur auonomie en s insallan hors d une ZUS) e beaucoup moins de diplômés du supérieur (seulemen 24 % conre 40 %). Ces jeunes son égalemen marqués par leurs origines familiales, beaucoup moins souven enfans de deux parens nés en France (56 % conre 83 %) ou d un père cadre (seulemen 10 % d enre eux conre 19 %). Dans plus de la moiié des cas, ces jeunes qui prennen leur auonomie en s insallan dans une ZUS n y résidaien pas en Enfin, le mode d habia choisi diffère rès peu, comme on l a déjà vu : qu ils emménagen dans une ZUS ou non, environ un jeune sur deux s insalle en couple. RELIEF N
9 Tableau 2 DESCRIPTION DES POPULATIONS SELON LE LIEU ET LE MODE D INSTALLATION APRÈS LE DÉPART DU DOMICILE PARENTAL (%) Après avoir quié le domicile parenal Ils se son Ils se son insallés insallés seuls hors d'une Ils se son insallés en couple Ils se son insallés dans une ZUS Ils n'on pas quié le domicile parenal Ensemble ZUS sexe Femmes Hommes Ensemble Diplôme Diplômé du supérieur Diplômé du secondaire Non diplômé Ensemble Pays de naissance des parens Ses deux parens son nés en France Ses deux parens son nés hors d Europe Ses deux parens son nés en Europe Un paren né en France l aure à l éranger Ensemble Profession du père Père ouvrier Père cadre Lieu de résidence en 1998 Habiai hors d'une ZUS en 1998 Habiai en ZUS en Ensemble Mode d'habia lors de la décohabiaion S'es insallé en couple S'es insallé seul Ensemble Lieu d'insallaion lors de la décohabiaion S'es insallé hors d'une ZUS S'es insallé dans une ZUS Ensemble Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. 235
10 3.2. Les sep premières années de vie acive Les individus son repérés selon le emps passé dans chacun des sep éas sur le marché du ravail. Enre 1998 e 2005, ils on ainsi passé plus de 80 % de leur emps en emploi ; plus de la moiié du emps en EDI (27 % du emps avec un salaire supérieur à euros mensuels, 30 % avec moins), en CDD pendan un peu plus de 20 % du emps, principalemen avec un salaire de euros ou moins (16 % du emps conre 7 % du emps en CDD avec un salaire dépassan euros ne mensuels) e seulemen quelques mois en conras aidés. Ils son égalemen resés environ 10 % du emps, soi près de 10 mois, au chômage e 10 % en inacivié, formaion ou reprise d éudes. La réalisaion d une Analyse en composanes principales à parir de ces informaions perme de caracériser l espace dans lequel les rajecoires s effecuen (voir graphique n 1 ci-dessous). Le premier axe (représenan 24 % de l inerie) parage l espace selon le niveau de rémunéraion des individus en EDI, opposan ceux gagnan plus de euros mensuels à ceux en gagnan ou moins 5. Le deuxième axe (représenan 20 % de l inerie) es un axe de sabilisaion opposan l accès à ceraines posiions «sabilisées» sur le marché du ravail (EDI, qu ils dépassen ou non euros nes mensuels) à des siuaions précaires, hors emploi e conras de ravail à durée déerminée 6. Graphique 1 LES DEUX PREMIERS AXES DE L ESPACE FACTORIEL Esapce facoriel. Axes 1 e 2. 0,8 0,6 Chômage 0,4 Inacivié-Formaion CDD<1200euros CDD>1200euros 0,2 Conras aidés ,8-0,6-0,4-0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 EDI>1200euros -0,2-0,4-0,6 EDI<1200euros -0,8 Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. 5 Noons ici que nous ne prenons pas en compe dans nore analyse les sources de revenus aures que celles émanan de l acivié professionnelle, à savoir en pariculier les ressources perçues en période de non-emploi e surou les aures ressources de ransfer don peuven bénéficier les jeunes au momen de leur arrivée sur le marché du ravail, en provenance de leurs parens en pariculier (Laférère 2000). 6 On rerouve sur les roisième e quarième axes respecivemen les conras aidés e l inacivié mais nous réduisons ici nore analyse exclusivemen aux deux premiers axes. RELIEF N
11 La projecion des siuaions semesrielles perme d inroduire une dynamique emporelle dans cee descripion des sep premières années de vie acive (voir Graphique n 2). Cee représenaion nous perme de rerouver des résulas déjà largemen connus (voir noammen Fénélon, Grele, Houzel, Lebeaux 1999) : avec le emps, les condiions d inserion des jeunes s amélioren, en ermes de sabilisaion sur le marché du ravail mais égalemen de rémunéraion. Graphique 2 L ÉVOLUTION DES CONDITIONS D INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES AXES 1 ET 2 DE L ESPACE FACTORIEL Vers un sau précaire (EDD, hors emploi) sur le marché du ravail 1,4 1,2 sem01 1 0,8 sem02 0,6 sem03 sem04 0,2 rémunéraions rémunéraions salariales faibles salariales élevées 0 sem05 ou absenes -1-0,8-0,6-0,4-0,2 0 0,2 0,4 0,6 sem06-0,2 sem07 0,4 sem08 sem09-0,4 sem10 sem12 sem11 sem13 sem15 sem14-0,6-0,8 Vers une sabilisaion sur le marché du ravail Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. Ces résulas rès généraux peuven cependan masquer une réalié rès conrasée selon les individus (voir Tableau n 3 e Tableau n 4). Afin de eser la validié de nos résulas nous projeons alors les rajecoires professionnelles de différenes sous-populaions don nous connaissons par ailleurs l héérogénéié des parcours professionnels, selon leur sexe (hommes/femmes), selon leurs origines en ermes de domiciliaion (opposan les jeunes ayan fini leurs éudes dans une ZUS aux aures) ou encore selon leur niveau de diplôme (disinguan les jeunes soris sans aucun diplôme, ceux déenan un diplôme du secondaire e ceux possédan un diplôme du supérieur). La projecion dans l espace facoriel des rajecoires des hommes e des femmes révèle un déplacemen relaivemen similaire des deux populaions (voir Graphique n 3). La mesure de la disance parcourue enre les sep années, comme de la direcion des rajecoires, ne perme pas de relever de différences significaives enre les parcours des hommes e des femmes ; il exise «seulemen» un décalage enre les deux, les femmes resan dans une siuaion moins favorable, en ermes financier comme en ermes de sabilié, en débu comme en fin de période. 237
12 Graphique 3 LES TRAJECTOIRES PROFESSIONNELLES DES HOMMES ET DES FEMMES AXES 1 ET 2 DE L ESPACE FACTORIEL. Vers un sau précaire (EDD, hors emploi) sur le marché du ravail 1,4 1,2 1 0,8 Femmes 0,6 0,4 Hommes ,2 rémunéraions rémunéraions -3 salariales faibles +1 salariales élevées -2 ou absenes ,8-0,6-0,4-0, ,2 0,4 0, ,2-0,4-0,6-0,8 Vers une sabilisaion sur le marché du ravail Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. On rerouve en revanche neemen l influence du niveau de diplôme sur les premières années de vie acive (voir Graphique n 4) ; influence inervenan an dans l ampleur de l amélioraion des condiions d inserion (longueur des déplacemens) les progressions éan d auan plus grandes que le niveau de diplôme es élevé que dans leur sens l amélioraion de la siuaion des diplômés du supérieur se faisan largemen plus que les aures en ermes financiers. Au final, après sep années sur le marché du ravail, les écars de siuaion enre les jeunes selon le niveau de diplôme se son accrus. RELIEF N
13 Graphique 4 LES TRAJECTOIRES PROFESSIONNELLES DES JEUNES SELON LEUR NIVEAU DE DIPLÔME AXES 1 ET 2 DE L ESPACE FACTORIEL Vers un sau précaire (EDD, hors emploi) sur le marché du ravail 1,4 1,2 1 0,8 Non diplômés rémunéraions salariales élevées ,8-0,6-0,4-0,2 0 0,2 0,4+1 0,6-0, Diplômés du supérieur ,6 0,4 0,2-0,4 Diplômés du secondaire rémunéraions salariales faibles ou absenes -0,6-0,8 Vers une sabilisaion sur le marché du ravail Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. Enfin, on rerouve égalemen l influence du quarier d origine mais celle-ci s exprime en ermes de disance parcourue e non de direcion du déplacemen (voir Graphique n 5). Auremen di, au cours de leurs sep premières années de vie acive, les jeunes ayan fini leurs éudes en ZUS comme les aures progressen à la fois vers une plus grande sabilié e vers de meilleures rémunéraions, la différence enre les deux résidan dans le fai que cee amélioraion es neemen moins prononcée pour les jeunes originaires de ZUS. 239
14 Graphique 5 LES TRAJECTOIRES PROFESSIONNELLES DES JEUNES SELON LEUR QUARTIER DE RÉSIDENCE EN AXES 1 ET 2 DE L ESPACE FACTORIEL Vers un sau précaire (EDD, hors emploi) sur le marché du ravail 1,4 1,2 1 0,8 Habiai dans une ZUS en 1998 rémunéraions salariales élevées ,8-0,6-0,4-0,2 0 0, ,4 0,6 +1-0, ,6 0,4 0,2-0, Habiai hors d'une ZUS en 1998 rémunéraions salariales faibles ou absenes -0,6-0,8 Vers une sabilisaion sur le marché du ravail Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. Tableau 3 DIRECTION ET LONGUEUR DES DÉPLACEMENTS CONNUS PAR LES JEUNES ENTRE LA PREMIÈRE ET LA DERNIÈRE PÉRIODE Direcion générale des déplacemens enre la première e la dernière période (en degrés) Inervalles de confiance Longueur oale des déplacemens enre la première e la dernière période Inervalles de confiance 5 % 95 % 5 % 95 % Ensemble des jeunes -3,0 5,3 0,2 0,3 Sexe Hommes -4,0 7,2 0,2 0,3 Femmes -5,4 6,0 0,2 0,3 Diplôme Diplômés du supérieur -4,9 3,3 0,4 0,5 Diplômés du secondaire -5,4 15,6 0,1 0,2 Non diplômés -5,1 43,2 0,1 0,2 Lieu de résidence en 1998 Habiaien en ZUS en ,9 50,2 0,1 0,2 N'habiaien pas en ZUS en ,7 3,9 0,3 0,3 Jeunes n'ayan jamais décohabié -72,2 11,9 0,0 0,1 au cours des sep années Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. RELIEF N
15 Tableau 4 ÉVOLUTION DE LA DISTANCE SÉPARANT CERTAINS GROUPES D INDIVIDUS, ENTRE LA PREMIÈRE ET LA DERNIÈRE PÉRIODE Inervalles de confiance Disance femmes / hommes Disance diplômés du supérieur / diplômés du secondair Disance diplômés du supérieur / non diplômés Disance diplômés du secondaire / non diplômés Disance habian en ZUS en 1998 / habian hors ZUS en % 95 % Première période 0,3 0,5 Dernière période 0,4 0,6 Première période 0,6 0,7 Dernière période 1,1 1,2 Première période 0,7 0,9 Dernière période 1,4 1,6 Première période 0,1 0,4 Dernière période 0,5 0,8 Première période 0,3 0,5 Dernière période 0,4 0,6 Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS Le processus de décohabiaion En même emps qu ils arrêen leurs éudes, arriven sur le marché du ravail e s insèren progressivemen dans la vie acive, les jeunes acquièren peu à peu leur auonomie résidenielle. Après leur sorie de l école les jeunes décohabien progressivemen : en janvier 1999 ils son 91 % à vivre encore chez leurs parens, cee proporion descendan à 69,5 % un an plus ard, puis à 54,5 % en janvier À parir de mai 2001 moins de la moiié des jeunes ayan fini leurs éudes en 1998 habien oujours avec leurs parens, cee proporion coninuan progressivemen à diminuer, jusqu à aeindre environ 19 % en ocobre Au final, on esime à près de deux ans e demi le emps moyen pour décohabier après avoir fini ses éudes. Ce ryhme d accès à un logemen auonome varie cependan considérablemen selon les individus (voir Graphiques en annexe 1). Les hommes quien le domicile parenal beaucoup plus ardivemen que les femmes : alors qu en juin 2000 moins de la moiié de ces dernières son encore chez leurs parens, c es encore le cas des rois quars des hommes e il fau aendre encore près de deux années (février 2002) pour que plus d un homme sur deux vive dans un logemen séparé. Après sep années de vie acive, on compe encore près d un quar des hommes chez leurs parens andis que cela ne concerne plus que 12 % des jeunes femmes. De la même façon, l accès à l auonomie résidenielle es lié au niveau de diplôme, e donc de façon sousjacene à l âge des individus : en avril 2000 soi un peu plus de deux ans après la fin de leurs éudes, seulemen 49 % des diplômés de l enseignemen supérieur habien encore chez leurs parens, quand c es le cas de 70 % des diplômés de l enseignemen secondaire e même de 85 % des jeunes soris sans aucun diplôme. En ocobre 2005 on compe encore 40 % de non diplômés habian chez leurs parens, 18 % des diplômés du secondaire e seulemen 8 % des diplômés du supérieur. Enfin, comme nous l avons vu par ailleurs (Couppié, Gasque 2008 e 2007b), l accès à un logemen séparé apparaî comme un processus «reardé» pour les jeunes vivan dans des ZUS. En mai 2001, alors qu il rese moins d un jeune sur deux chez leurs parens parmi ceux qui ne vivaien pas dans une ZUS en 1998, la proporion es encore de 63 % pour ceux qui y vivaien e il fau aendre juille 2002 pour que 241
16 cee proporion descende en dessous de 50 %. Au bou de sep années plus de 31 % d enre eux viven oujours chez leurs parens 7. Après cee rapide présenaion saisique du processus de décohabiaion, il es emps de revenir à nore quesion principale, à savoir les liens enre ce processus e les rajecoires professionnelles des individus, leur accès à une ceraine sabilié sur le marché du ravail e à un cerain niveau de rémunéraion (Mora e Sulzer 2008). Plus précisémen nous allons examiner les hypohèses formulées précédemmen supposan, d une par, qu accéder à un logemen auonome es lié à la conraine d avoir aein une siuaion professionnelle «minimale», en ermes de sabilisaion e de rémunéraion e, d aure par, que la décohabiaion suppose une amélioraion imporane des condiions d inserion professionnelle Accès à un logemen auonome e condiions professionnelles indispensables Concernan la première hypohèse, c es avan ou la grande diversié des siuaions professionnelles des jeunes lors de leur accès à un logemen auonome qui apparaî : la décohabiaion ne coïncide pas avec une siuaion professionnelle e une seule mais au conraire se déroule dans des conexes sensiblemen différens, depuis une réelle inserion professionnelle, en ermes de rémunéraions comme de sabilisaion, jusqu à des condiions largemen plus dégradées dans l un ou l aure des domaines, voire dans les deux. On observe par exemple que les femmes décohabien alors qu elles perçoiven des rémunéraions relaivemen faibles e occupen des posiions peu sabilisées sur le marché du ravail, andis que les hommes se rerouven dans des posiions beaucoup plus favorables lors de leur dépar du domicile parenal ; résulas égalemen mis en avan, à parir des mêmes données, par Mora, Sulzer (2008) qui noaien que l accès à un emploi à durée indéerminée apparaî comme une condiion nécessaire pour que les hommes accèden à un logemen séparé, andis que sphère professionnelle e sphère familiale semblen plus déconnecées chez les jeunes femmes. Cependan, s il n exise apparemmen pas de «minimum» requis, il es en revanche indéniable que les jeunes n ayan pas décohabié connaissen des siuaions professionnelles largemen plus dégradées que les aures : c es vrai si l on compare leurs siuaions au momen de la décohabiaion (soi en moyenne en avril-mai-juin 2001) mais c es égalemen vrai les années suivanes. Ainsi, après sep années sur le marché du ravail, les jeunes n ayan jamais quié leurs parens n on oujours pas aein les condiions d inserion que les aures jeunes connaissen au momen de leur décohabiaion. Ce résula global ne se rerouve cependan pas de façon sysémaique e en pariculier, la siuaion financière des jeunes n ayan pas décohabié n es en réalié pas forcémen rès éloignée de ceraines aures : leur niveau de rémunéraion ne se différencie pas significaivemen de celui que connaissen à ce momen-là les jeunes sans diplôme ou avec au mieux un baccalauréa. Il n exiserai donc pas, d une par un «niveau minimum» de rémunéraion e d aure par un «niveau minimum» de sabilié pour parvenir à s insaller un logemen séparé, mais, si un «socle commun» exise, il s agirai pluô d une combinaison spécifique d une siuaion financière e d une sabilié professionnelle Accès à un logemen auonome e amélioraion des condiions d inserion professionnelle L observaion de la rajecoire des jeunes n ayan oujours pas quié le domicile parenal va dans le sens de nore deuxième hypohèse, à savoir une imporance pariculière de la période précédan la décohabiaion. En effe, si ous les jeunes ne quien pas leurs parens dans les mêmes condiions professionnelles, en revanche, ous connaissen d imporanes évoluions lors de cee période là (voir Tableau n 5). Pour ces jeunes, quels qu ils soien, les évoluions connues enre le rimesre précédan e le rimesre suivan leur décohabiaion, représenen au moins 20 % de leurs parcours depuis leur arrivée sur le marché du ravail, e même jusqu à plus de la moiié pour les jeunes diplômés de l enseignemen supérieur. 7 Il s agi ici d un effe «apparen» du quarier, des ravaux précédens ayan monré que les différenciaions dans les processus de décohabiaion des jeunes selon leur quarier d origine s expliquaien en réalié par des différences dans les populaions, en ermes de niveau de diplôme, d origines familiales, ec. (Couppié, Gasque 2007b). RELIEF N
17 À l inverse, la période avril-mai-juin 2001 (dae moyenne de décohabiaion) ne présene aucune paricularié pour les jeunes n ayan pas quié le logemen parenal (moins de 10 % de leurs parcours depuis leur sorie de l école). Tableau 5 DIRECTION ET LONGUEUR DES DÉPLACEMENTS CONNUS PAR LES JEUNES ENTRE LE TRIMESTRE PRÉCÉDANT ET LE TRIMESTRE SUIVANT LA DÉCOHABITATION (INTERVALLES DE CONFIANCE) Direcion des déplacemens enre le rimesre précédan e le rimesre suivan la décohabiaion (en degrés) Disance des déplacemens enre le rimesre précédan e le rimesre suivan la décohabiaion Disance des déplacemens enre le rimesre précédan e le rimesre suivan la décohabiaion, rapporée à la disance oale (%) Inervalles de confiance Inervalles de confiance Inervalles de confiance 5 % 95 % 5 % 95 % 5 % 95 % Ensemble -3,0 5,3 0,2 0,3 32,3 38,3 Sexe Hommes -4,0 7,2 0,2 0,3 27,4 34,3 Femmes -5,4 6,0 0,2 0,3 33,4 43,0 Diplôme Diplômés du supérieur -4,9 3,3 0,4 0,5 51,3 63,0 Diplômés du secondaire -5,4 15,6 0,1 0,2 17,3 26,0 Non diplômés -5,1 43,2 0,1 0,2 9,0 25,9 Lieu de résidence en 1998 Habiaien en ZUS en ,9 50,2 0,1 0,2 13,4 32,1 N'habiaien en ZUS en ,7 3,9 0,3 0,3 33,6 40,0 Jeunes n'ayan jamais décohabié au cours des sep années -72,2 11,9 0,0 0,1 2,8 9,3 Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. 243
18 Graphique 6 DIRECTION DES DÉPLACEMENTS AU MOMENT DE LA DÉCOHABITATION SELON LE SEXE <--- vers des rémunéraions plus élevées Direcion générale des déplacemens (rimesre précédan / rimesre suivan la décohabiaion) selon le sexe Femmes Hommes <--- direcion moyenne <--- vers la sabilisaion du conra de ravail Graphique n 7 DIRECTION DES DÉPLACEMENTS AU MOMENT DE LA DÉCOHABITATION SELON LE DIPLÔME <--- vers des rémunéraions plus élevées Direcion générale des déplacemens (rimesre précédan / rimesre suivan la décohabiaion) selon le niveau de diplôme Diplômés du secondaire Non diplômés Diplômés du supérieur <--- direcion moyenne <--- vers la sabilisaion du conra de ravail Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. RELIEF N
19 Graphique 8 DIRECTION DES DÉPLACEMENTS AU MOMENT DE LA DÉCOHABITATION SELON LE QUARTIER D ORIGINE <--- vers des rémunéraions plus élevées Direcion générale des déplacemens (rimesre précédan / rimesre suivan la décohabiaion) selon le quarier d'origine de ZUS hors de ZUS <--- vers la sabilisaion du conra de ravail Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. 245
20 3.4. S insaller en couple perme de réduire les exigences professionnelles nécessaires à la décohabiaion S insaller en couple pluô que seul peu êre un moyen de réduire, par la mise en commun des ressources, e/ou de déporer sur l aure les exigences en ermes de siuaion professionnelle nécessaire à l insallaion dans un logemen auonome. Graphique 9 LES TRAJECTOIRES PROFESSIONNELLES DES JEUNES SELON LEUR MODE D INSTALLATION APRÈS LE DÉPART DU DOMICILE PARENTAL. AXES 1 ET 2 DE L ESPACE FACTORIEL Vers un sau précaire (EDD, hors emploi) sur le marché du ravail 1,4 1,2 1 0,8 0,6 Se son insallés seuls Se son insallés en couple rémunéraions salariales élevées ,8-0,6-0,4-0, ,2 0,4 0,6 +2-0, ,4 0, rémunéraions salariales faibles ou absenes -0,4-0,6 Vers une sabilisaion sur le marché du raval -0,8 Source : Céreq, enquêe «Généraion 1998», roisième inerrogaion. Champ : ensemble des jeunes n ayan pas décohabié avan 1998 e résidan au moins une fois, en 1998, 2003 ou 2005 dans une zone urbaine conenan une ZUS. Cee hypohèse es largemen confirmée, d une par par les différences de projecion dans l espace facoriel observées enre les rajecoires des jeunes insallés en couple après leur dépar du domicile parenal e de celles des jeunes s éan insallés seuls (voir Graphique n 9), e d aure par par la mesure de la longueur e de la direcion de la rajecoire juse avan la décohabiaion (voir Tableau n 6). L observaion des deux rajecoires révèle que jusqu au rimesre précédan leur décohabiaion les jeunes qui s insalleron seuls connaissen à la fois une moindre sabilisaion sur le marché du ravail e des rémunéraions un peu plus élevées. Le posiionnemen relaif des deux populaions se modifie au momen de leur dépar du domicile parenal : la disance sur le premier axe facoriel, refléan le degré d'aisance financière procurée par le ravail, en faveur des jeunes qui s insallen seuls s accroî, andis qu il n exise plus aucune différence le long du deuxième axe facoriel associé à la sabilisaion sauaire dans l'emploi ; comme si l insallaion en couple permeai de réduire les conraines financières, en les paragean, mais pas forcémen les exigences de sabilié (Graphique n 10). RELIEF N
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