Les suites. Introduction. 1. Définitions Définition d une suite

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Transcription:

Les suites Vidéo partie Premières définitions Vidéo partie Limite Vidéo partie 3 Exemples remarquables Vidéo partie 4 Théorèmes de convergence Vidéo partie 5 Suites récurrentes Fiche d'exercices Suites Introduction L étude des suites numériques a pour objet la compréhension de l évolution de séquences de nombres (réels, complexes ) Ceci permet de modéliser de nombreux phénomènes de la vie quotidienne Supposons par exemple que l on place une somme S à un taux annuel de 0% Si S n représente la somme que l on obtiendra après n années, on a S 0 = S S = S, S n = S (, ) n Au bout de n = 0 ans, on possédera donc S 0 = S (, ) 0 S, 59 : la somme de départ avec les intérêts cumulés Définitions Définition d une suite Définition Une suite est une application u : Pour n, on note u(n) par et on l appelle n-ème terme ou terme général de la suite La suite est notée u, ou plus souvent ( ) n ou simplement ( ) Il arrive fréquemment que l on considère des suites définies à partir d un certain entier naturel n 0 plus grand que 0, on note alors ( ) nn0 Exemple ( n) n0 est la suite de termes : 0,,, 3, (( ) n ) n0 est la suite qui alterne,,,, La suite (S n ) n0 de l introduction définie par S n = S (, ) n, (F n ) n0 définie par F 0 =, F = et la relation F n = F n F n pour n (suite de Fibonacci) Les premiers termes sont,,, 3, 5, 8, 3, Chaque terme est la somme des deux précédents n Les premiers termes sont, n 4, 9, 6,

LES SUITES DÉFINITIONS Suite majorée, minorée, bornée Définition Soit ( ) n une suite ( ) n est majorée si M n M ( ) n est minorée si m n m ( ) n est bornée si elle est majorée et minorée, ce qui revient à dire : M n M M 0 m 3 Suite croissante, décroissante Définition 3 Soit ( ) n une suite ( ) n est croissante si n ( ) n est strictement croissante si n > ( ) n est décroissante si n ( ) n est strictement décroissante si n < ( ) n est monotone si elle est croissante ou décroissante ( ) n est strictement monotone si elle est strictement croissante ou strictement décroissante Voici un exemple d une suite croissante (mais pas strictement croissante) : Remarque ( ) n est croissante si et seulement si n 0 Si ( ) n est une suite à termes strictement positifs, elle est croissante si et seulement si n Exemple La suite (S n ) n0 de l introduction est strictement croissante car S n /S n =, > La suite ( ) n définie par = ( ) n /n pour n, n est ni croissante ni décroissante Elle est majorée par / (borne atteinte en n = ), minorée par (borne atteinte en n = )

LES SUITES LIMITES 3 3 4 5 6 - La suite n est une suite strictement décroissante Elle est majorée par (borne atteinte pour n = ), elle est n minorée par 0 mais cette valeur n est jamais atteinte Mini-exercices La suite n n n est-elle monotone? Est-elle bornée? La suite n sin(n!) n est-elle bornée? n 3 Réécrire les phrases suivantes en une phrase mathématique Écrire ensuite la négation mathématique de chacune des phrases (a) La suite ( ) n est majorée par 7 (b) La suite ( ) n est constante (c) La suite ( ) n est strictement positive à partir d un certain rang (d) ( ) n n est pas strictement croissante 4 Est-il vrai qu une suite croissante est minorée? Majorée? 5 Soit x > 0 un réel Montrer que la suite x n est décroissante à partir d un certain rang n! n Limites Introduction Pour un trajet au prix normal de 0 euros on achète une carte d abonnement de train à 50 euros et on obtient chaque billet à 0 euros La publicité affirme «50% de réduction» Qu en pensez-vous? Pour modéliser la situation en termes de suites, on pose pour un entier n : = 0n v n = 0n 50 est le prix payé au bout de n achats au tarif plein, et v n celui au tarif réduit, y compris le prix de l abonnement La réduction est donc, en pourcentage : v n = v n 0n 50 = = 0, 5 5 0n n 0, 5 n Il faut donc une infinité de trajets pour arriver à 50% de réduction! 50%

LES SUITES LIMITES 4 Limite finie, limite infinie Soit ( ) n une suite Définition 4 La suite ( ) n a pour limite l si : pour tout ε > 0, il existe un entier naturel N tel que si n N alors l ε : ε > 0 N n (n N = l ε) On dit aussi que la suite ( ) n tend vers l Autrement dit : est proche d aussi près que l on veut de l, à partir d un certain rang l ε l l ε N n Définition 5 La suite ( ) n tend vers si : La suite ( ) n tend vers si : Remarque A > 0 N n (n N = A) A > 0 N n (n N = A) On note lim n = l ou parfois l, et de même pour une limite ± n lim n = lim n = 3 On raccourcit souvent la phrase logique en : ε > 0 N (n N = l ε) Noter que N dépend de ε et qu on ne peut pas échanger l ordre du «pour tout» et du «il existe» 4 L inégalité l ε signifie l ε l ε On aurait aussi pu définir la limite par la phrase : ε > 0 N (n N = l < ε), où l on a remplacé la dernière inégalité large par une inégalité stricte Définition 6 Une suite ( ) n est convergente si elle admet une limite finie Elle est divergente sinon (c est-à-dire soit la suite tend vers ±, soit elle n admet pas de limite) On va pouvoir parler de la limite, si elle existe, car il y a unicité de la limite : Proposition Si une suite est convergente, sa limite est unique Démonstration On procède par l absurde Soit ( ) n une suite convergente ayant deux limites l l Choisissons ε > 0 tel que ε < l l Comme lim n = l, il existe N tel que n N implique l < ε De même lim n = l, il existe N tel que n N implique l < ε Notons N = max(n, N ), on a alors pour ce N : u N l < ε et u N l < ε

LES SUITES LIMITES 5 Donc l l = l u N u N l l u N u N l d après l inégalité triangulaire On en tire l l εε = ε < l l On vient d aboutir à l inégalité l l < l l qui est impossible Bilan : notre hypothèse de départ est fausse et donc l = l 3 Propriétés des limites Proposition lim n = l lim n ( l) = 0 lim n l = 0, lim n = l = lim n = l Démonstration Cela résulte directement de la définition Proposition 3 (Opérations sur les limites) Soient ( ) n et (v n ) n deux suites convergentes Si lim n = l, où l, alors pour λ on a lim n λ = λl Si lim n = l et lim n v n = l, où l, l, alors lim ( v n ) = l l n lim ( v n ) = l l n 3 Si lim n = l où l = \ {0} alors 0 pour n assez grand et lim n = l Nous ferons la preuve dans la section suivante Nous utilisons continuellement ces propriétés, le plus souvent sans nous en rendre compte Exemple 3 Si l avec l ±, alors ( 3 ) u n n l( 3l) l Proposition 4 (Opérations sur les limites infinies) Soient ( ) n et (v n ) n deux suites telles que lim n v n = lim n v n = 0 Si ( ) n est minorée alors lim n ( v n ) = 3 Si ( ) n est minorée par un nombre λ > 0 alors lim n ( v n ) = 4 Si lim n = 0 et > 0 pour n assez grand alors lim n = Exemple 4 La suite ( n) tend vers, donc la suite ( n ) tend vers 0 4 Des preuves! Nous n allons pas tout prouver mais seulement quelques résultats importants Les autres se démontrent de manière tout à fait semblable Commençons par prouver un résultat assez facile (le premier point de la proposition 4) : «Si lim = alors lim = 0» Démonstration Fixons ε > 0 Comme lim n =, il existe un entier naturel N tel que n N implique ε On obtient alors 0 ε pour n N On a donc montré que lim n = 0 Afin de prouver que la limite d un produit est le produit des limites nous aurons besoin d un peu de travail Proposition 5 Toute suite convergente est bornée

LES SUITES LIMITES 6 Démonstration Soit ( ) n une suite convergeant vers le réel l En appliquant la définition de limite (définition 4) avec ε =, on obtient qu il existe un entier naturel N tel que pour n N on ait l, et donc pour n N on a = l ( l) l l l l l l N Donc si on pose on a alors n M M = max( u 0, u,, u N, l ) Proposition 6 Si la suite ( ) n est bornée et lim n v n = 0 alors lim n ( v n ) = 0 Exemple 5 Si ( ) n est la suite donnée par = cos(n) et (v n ) n est celle donnée par v n = n, alors lim n ( v n ) = 0 Démonstration La suite ( ) n est bornée, on peut donc trouver un réel M > 0 tel que pour tout entier naturel n on ait M Fixons ε > 0 On applique la définition de limite (définition 4) à la suite (v n ) n pour ε = ε M Il existe donc un entier naturel N tel que n N implique v n ε Mais alors pour n N on a : On a bien montré que lim n ( v n ) = 0 v n = v n M ε = ε Prouvons maintenant la formule concernant le produit de deux limites (voir proposition 3) «Si lim = l et lim v n = l alors lim v n = ll» Démonstration de la formule concernant le produit de deux limites Le principe est d écrire : v n ll = ( l)v n l(v n l ) D après la proposition 6, la suite de terme général l(v n l ) tend vers 0 Par la même proposition il en est de même de la suite de terme général ( l)v n, car la suite convergente (v n ) n est bornée On conclut que lim n ( v n ll ) = 0, ce qui équivaut à lim n v n = ll 5 Formes indéterminées Dans certaines situations, on ne peut rien dire à priori sur la limite, il faut faire une étude au cas par cas Exemple 6 Cela signifie que si et v n il faut faire faire l étude en fonction de chaque suite pour déterminer lim( v n ) comme le prouve les exemples suivants lim n (en ln(n)) = lim n n = n n n = 0 n lim n

LES SUITES LIMITES 7 «0» 3, «0 0»,, lim n lim n lim n ln n en = n ln n = 0 (n ) = n 6 Limite et inégalités Proposition 7 Soient ( ) n et (v n ) n deux suites convergentes telles que : n, v n Alors lim n lim n v n Soient ( ) n et (v n ) n deux suites telles que lim n = et n, v n Alors lim n v n = 3 Théorème des «gendarmes» : si ( ) n, (v n ) n et (w n ) n sont trois suites telles que n v n w n et lim n = l = lim n w n, alors la suite (v n ) n est convergente et lim n v n = l l w n v n Remarque Soit ( ) n une suite convergente telle que : n, 0 Alors lim n 0 Attention, si ( ) n est une suite convergente telle que : n, > 0, on ne peut affirmer que la limite est strictement positive mais seulement que lim n 0 Par exemple la suite ( ) n donnée par = n est à termes strictement positifs, mais converge vers zéro Démonstration de la proposition 7 En posant w n = v n, on se ramène à montrer que si une suite (w n ) n vérifie n, w n 0 et converge, alors lim n w n 0 On procède par l absurde en supposant que l = lim n w n < 0 En prenant ε = l dans la définition de limite (définition 4), on obtient qu il existe un entier naturel N tel que n N implique w n l < ε = l En particulier on a pour n N que w n < l l = l < 0, une contradiction 0 N l ε = l l w n l < 0 Laissé en exercice 3 En soustrayant la suite ( ) n, on se ramène à montrer l énoncé suivant : si ( ) n et (v n ) n sont deux suites telles que : n, 0 v n et lim n v n = 0, alors ( ) converge et lim n = 0 Soit ε > 0 et N un entier naturel tel que n N implique v n < ε Comme = v n = v n, on a donc : n N implique < ε On a bien montré que lim n = 0

LES SUITES 3 EXEMPLES REMARQUABLES 8 Exemple 7 (Exemple d application du théorème des «gendarmes») Trouver la limite de la suite ( ) n de terme général : Mini-exercices = ( )n n n Soit ( ) n la suite définie par = n n En utilisant la définition de la limite montrer que lim n = Trouver explicitement un rang à partir duquel, 999, 00 Déterminer la limite l de la suite ( ) n de terme général : ncos n n sin n et trouver un entier N tel que si n N, on ait l 0 3 La suite ( ) n de terme général ( ) n e n admet-elle une limite? Et la suite de terme général 4 Déterminer la limite de la suite ( ) n de terme général n n Idem avec v n = cos n sin nln n Idem avec w n = n! n n? 3 Exemples remarquables 3 Suite géométrique Proposition 8 (Suite géométrique) On fixe un réel a Soit ( ) n la suite de terme général : = a n Si a =, on a pour tout n : = Si a >, alors lim n = 3 Si < a <, alors lim n = 0 4 Si a, la suite ( ) n diverge Démonstration est évident Écrivons a = b avec b > 0 Alors le binôme de Newton s écrit a n = ( b) n = nb n b n k b k b n Tous les termes sont positifs, donc pour tout entier naturel n on a : a n nb Or lim n ( nb) = car b > 0 On en déduit que lim n a n = 3 Si a = 0, le résultat est clair Sinon, on pose b = a Alors b > et d après le point précédent lim n b n = Comme pour tout entier naturel n on a : a n = b n, on en déduit que lim n a n = 0, et donc aussi lim n a n = 0 4 Supposons par l absurde que la suite ( ) n converge vers le réel l De a, on déduit que pour tout entier naturel n, on a a n En passant à la limite, il vient l Comme de plus pour tout entier naturel n on a a n a, il vient en passant de nouveau à la limite l Mais comme on a déjà l, on obtient une contradiction, et donc ( ) ne converge pas 3 Série géométrique Proposition 9 (Série géométrique) Soit a un réel, a En notant n k=0 ak = a a a n, on a : n k=0 a k = an a

LES SUITES 3 EXEMPLES REMARQUABLES 9 Démonstration En multipliant par a on fait apparaître une somme télescopique (presque tous les termes s annulent) : ( a) a a a n = a a a n a a a n = a n Remarque Si a ], [ et ( ) n est la suite de terme général : = n k=0 ak, alors lim n = a De manière plus frappante, on peut écrire : a a a 3 = a Enfin, ces formules sont aussi valables si a \ {} Si a =, alors a a a n = n Exemple 8 L exemple précédent avec a = donne 4 8 = Cette formule était difficilement concevable avant l avènement du calcul infinitésimal et a été popularisée sous le nom du paradoxe de Zénon On tire une flèche à mètres d une cible Elle met un certain laps de temps pour parcourir la moitié de la distance, à savoir un mètre Puis il lui faut encore du temps pour parcourir la moitié de la distance restante, et de nouveau un certain temps pour la moitié de la distance encore restante On ajoute ainsi une infinité de durées non nulles, et Zénon en conclut que la flèche n atteint jamais sa cible! L explication est bien donnée par l égalité ci-dessus : la somme d une infinité de termes peut bien être une valeur finie!! Par exemple si la flèche va à une vitesse de m/s, alors elle parcoure la première moitié en s, le moitié de la distance restante en s, etc Elle parcoure bien toute la distance en 4 8 = secondes! 4 33 Suites telles que < l < Théorème Soit ( ) n une suite de réels non nuls On suppose qu il existe un réel l tel que pour tout entier naturel n (ou seulement à partir d un certain rang) on ait : < l < Alors lim n = 0 Démonstration On suppose que la propriété < l < est vraie pour tout entier naturel n (la preuve dans le cas où cette propriété n est vraie qu à partir d un certain rang n est pas très différente) On écrit = u u u 3 u 0 u 0 u u ce dont on déduit u 0 < l l l l = ln et donc < u 0 l n Comme l <, on a lim n l n = 0 On conclut que lim n = 0 Corollaire Soit ( ) n une suite de réels non nuls Si lim n = 0, alors lim n = 0

LES SUITES 3 EXEMPLES REMARQUABLES 0 Exemple 9 Soit a Alors lim n a n n! = 0 Démonstration Si a = 0, le résultat est évident Supposons a 0, et posons = an n! Alors = an (n )! n! a = a n n Pour conclure, on peut ou bien directement utiliser le corollaire : comme lim = 0 (car a est fixe), on a lim = 0 Ou bien, comme = a n, on déduit par le théorème que pour n N > a on a : u = a n n a N < a N < = l et donc lim n = 0 Remarque Avec les notations du théorème, si on a pour tout entier naturel n à partir d un certain rang : > l >, alors la suite ( ) n diverge En effet, il suffit d appliquer le théorème à la suite de terme général pour voir que lim n = Toujours avec les notations du théorème, si l = on ne peut rien dire Exemple 0 Pour un nombre réel a, a > 0, calculer lim n n a On va montrer que lim n n a = Si a =, c est clair Supposons a > Écrivons a = h, avec h > 0 Comme h n n n h n = h = a (voir la preuve de la proposition 8) on a en appliquant la fonction racine n-ème, n : h n n a On peut conclure grâce au théorème «des gendarmes» que lim n n a = Enfin, si a <, on applique le cas précédent à b = a > 34 Approximation des réels par des décimaux Proposition 0 Soit a Posons = E(0n a) 0 n Alors est une approximation décimale de a à 0 n près, en particulier lim n = a Exemple π = 3, 45965 u 0 = E(00 π) 0 = E(π) = 3 0 u = E(0 π) 0 = E(3,45) 0 = 3, u = E(0 π) 0 = E(34,5) 00 = 3, 4 u 3 = 3, 4 Démonstration D après la définition de la partie entière, on a donc ou encore Or la suite de terme général lim n = a E(0 n a) 0 n a < E(0 n a) a < 0 n 0 a < 0 n 0 est une suite géométrique de raison n 0, donc elle tend vers 0 On en déduit que

LES SUITES 4 THÉORÈME DE CONVERGENCE Exercice Montrer que la suite ( ) n de la proposition 0 est croissante Remarque Les sont des nombres décimaux, en particulier ce sont des nombres rationnels Ceci fournit une démonstration de la densité de dans Pour ε > 0, et I =]a ε, a ε[, alors pour n assez grand, I Mini-exercices Déterminer la limite de la suite ( ) n de terme général 5 n 4 n Soit v n = a a a n Pour quelle valeur de a la suite (v n ) n a pour limite 3 (lorsque n )? 3 Calculer la limite de n n 4 Montrer que la somme des racines n-èmes de l unité est nulle 5 Montrer que si sin( θ ) 0 alors cos(θ) cos(θ) cos(nθ) = sin((n )θ) sin( θ ) (penser à e i θ ) 6 Soit ( ) n la suite de terme général = ln( ) ln( 3 ) ln( n ) Déterminer la limite de Que peut-on en déduire? 7 Déterminer la limite de π n 3 5 (n) (où π = 3, 4 ) 8 Soit a un réel Montrer que pour tout ε > 0 il existe un couple (m, n) (et même une infinité) tel que a m ε n 4 Théorème de convergence 4 Toute suite convergente est bornée Revenons sur une propriété importante que nous avons déjà démontrée dans la section sur les limites Proposition Toute suite convergente est bornée La réciproque est fausse mais nous allons ajouter une hypothèse supplémentaire pour obtenir des résultats 4 Suite monotone Théorème Toute suite croissante et majorée est convergente Remarque Et aussi : Toute suite décroissante et minorée est convergente Une suite croissante et qui n est pas majorée tend vers Une suite décroissante et qui n est pas minorée tend vers Démonstration du théorème Notons A = { n } Comme la suite ( ) n est majorée, disons par le réel M, l ensemble A est majoré par M, et de plus il est non vide Donc d après le théorème 4 du chapitre sur les réels, l ensemble A admet une borne supérieure : notons l = sup A Montrons que lim n = l Soit ε > 0 Par la caractérisation de la borne supérieure, il existe un élément u N de A tel que l ε < u N l Mais alors pour n N on a l ε < u N l, et donc l ε

LES SUITES 4 THÉORÈME DE CONVERGENCE 43 Deux exemples La limite ζ() Soit ( ) n la suite de terme général : = 3 n La suite ( ) n est croissante : en effet = (n) > 0 Montrons par récurrence que pour tout entier naturel n on a n Pour n =, on a u = = Fixons n pour lequel on suppose n Alors = (n) n n n, donc n, ce qui achève la récurrence Donc la suite ( ) n est croissante et majorée par : elle converge On note ζ() cette limite, vous montrerez plus tard qu en fait ζ() = π 6 Suite harmonique C est la suite ( ) n de terme général : = 3 n (n) Or Calculons lim n La suite ( ) n est croissante : en effet = n > 0 Minoration de u p u p On a u u = = ; u 4 u = 3 4 > 4 4 =, et en général : u p u p = p p > p }{{ p } = p p = p p termes p lim n = En effet u p = u p u = (u u ) (u 4 u ) (u p u p ) p donc la suite ( ) n est croissante mais n est pas bornée, donc elle tend vers (n) n(n) = 44 Suites adjacentes Définition 7 Les suites ( ) n et (v n ) n sont dites adjacentes si ( ) n est croissante et (v n ) n est décroissante, pour tout n 0, on a v n, 3 lim n (v n ) = 0 Théorème 3 Si les suites ( ) n et (v n ) n sont adjacentes, elles convergent vers la même limite Il y a donc deux résultats dans ce théorème, la convergence de ( ) et (v n ) et en plus l égalité des limites Les termes de la suites sont ordonnées ainsi : Démonstration u 0 u u v n v v v 0 La suite ( ) n est croissante et majorée par v 0, donc elle converge vers une limite l La suite (v n ) n est décroissante et minorée par u 0, donc elle converge vers une limite l Donc l l = lim n (v n ) = 0, d où l = l

LES SUITES 4 THÉORÈME DE CONVERGENCE 3 Exemple Reprenons l exemple de ζ() Soient ( ) et (v n ) les deux suites définies pour n par n = k = 3 et v n n = n k= Montrons que ( ) et (v n ) sont deux suites adjacentes : (a) ( ) est croissante car = (n) > 0 (b) (v n ) est décroissante : v n v n = (n) n n = n(n) (n)(n) (n)(n) = n (n)(n) < 0 Pour tout n : v n = n > 0, donc v n 3 Enfin comme v n = n alors lim(v n ) = 0 Les suites ( ) et (v n ) sont deux suites adjacentes, elles convergent donc vers une même limite finie l Nous avons en plus l encadrement l v n pour tout n Ceci fournit des approximations de la limite : par exemple pour n = 3, 4 9 l 4 9 donc, 36 l, 86 Exercice Soit ( ) n la suite de terme général : = 3 3 3 n 3 Montrer que la suite ( ) n converge (on pourra considérer la suite (v n ) n de terme général v n = n ) Remarque On note ζ(3) cette limite On l appelle aussi constante d Apéry qui a prouvé en 978 que ζ(3) / 45 Théorème de Bolzano-Weierstrass Définition 8 Soit ( ) n une suite Une suite extraite ou sous-suite de ( ) n est une suite de la forme (u φ(n) ) n, où φ : est une application strictement croissante φ(0) φ() φ() φ(3) Exemple 3 Soit la suite ( ) n de terme général = ( ) n Si on considère φ : donnée par φ(n) = n, alors la suite extraite correspondante a pour terme général u φ(n) = ( ) n =, donc la suite (u φ(n) ) n est constante égale à Si on considère ψ : donnée par ψ(n) = 3n, alors la suite extraite correspondante a pour terme général u ψ(n) = ( ) 3n = ( ) 3 n = ( ) n La suite (u ψ(n) ) n est donc égale à ( ) n φ(0) = 0 φ() = φ() = 4 φ(3) = 6 0 ψ(0) = 0 ψ() = 3 ψ() = 6 0 - -

LES SUITES 4 THÉORÈME DE CONVERGENCE 4 Proposition Soit ( ) n une suite Si lim n = l, alors pour toute suite extraite (u φ(n) ) n on a lim n u φ(n) = l Démonstration Soit ε > 0 D après la définition de limite (définition 4), il existe un entier naturel N tel que n N implique l < ε Comme l application φ est strictement croissante, on montre facilement par récurrence que pour tout n, on a φ(n) n Ceci implique en particulier que si n N, alors aussi φ(n) N, et donc u φ(n) l < ε Donc la définition de limite (définition 4) s applique aussi à la suite extraite Corollaire Soit ( ) n une suite Si elle admet une sous-suite divergente, ou bien si elle admet deux sous-suites convergeant vers des limites distinctes, alors elle diverge Exemple 4 Soit la suite ( ) n de terme général = ( ) n Alors ( ) n converge vers, et ( ) n converge vers (en fait ces deux sous-suites sont constantes) On en déduit que la suite ( ) n diverge Exercice 3 Soit ( ) n une suite On suppose que les deux sous-suites ( ) n et ( ) n convergent vers la même limite l Montrer que ( ) n converge également vers l Terminons par un résultat théorique très important Théorème 4 (Théorème de Bolzano-Weierstrass) Toute suite bornée admet une sous-suite convergente Exemple 5 On considère la suite ( ) n de terme général = ( ) n Alors on peut considérer les deux sous-suites ( ) n et ( ) n On considère la suite (v n ) n de terme général v n = cos n Le théorème affirme qu il existe une sous-suite convergente, mais il est moins facile de l expliciter Démonstration du théorème 4 On procède par dichotomie L ensemble des valeurs de la suite est par hypothèse contenu dans un intervalle [a, b] Posons a 0 = a, b 0 = b, φ(0) = 0 Au moins l un des deux intervalles a 0, a 0b 0 a0 b ou 0, b 0 contient pour une infinité d indices n On note [a, b ] un tel intervalle, et on note φ() un entier φ() > φ(0) tel que u φ() [a, b ] a b a 0 b 0 En itérant cette construction, on construit pour tout entier naturel n un intervalle [a n, b n ], de longueur b a, et un n entier φ(n) > φ(n ) tel que u φ(n) [a n, b n ] Notons que par construction la suite (a n ) n est croissante et la suite (b n ) n est décroissante b a Comme de plus lim n (b n a n ) = lim n = 0, les suites (a n n ) n et (b n ) n sont adjacentes et donc convergent vers une même limite l On peut appliquer le théorème «des gendarmes» pour conclure que lim n u φ(n) = l Mini-exercices Soit ( ) n la suite définie par u 0 = et pour n, = Montrer que cette suite est croissante et majorée par Que peut-on en conclure? Soit ( ) n la suite définie par = ln 4 ln 5 ln 6 ln 7 ln 8 que la suite ( ) converge ln 9 ln(n) ln(n) Étudier la croissance de la suite Montrer 3 Soit N un entier et ( ) n la suite de terme général = cos( nπ N ) Montrer que la suite diverge 4 Montrer que les suites de terme général = n k= k! et v n = n (n!) sont adjacentes Que peut-on en déduire? 5 Soit ( ) n la suite de terme général n ( ) k k= k On considère les deux suites extraites de terme général v n = et w n = Montrer que les deux suites (v n ) n et (w n ) n sont adjacentes En déduire que la suite

LES SUITES 5 SUITES RÉCURRENTES 5 ( ) n converge 6 Montrer qu une suite bornée et divergente admet deux sous-suites convergeant vers des valeurs distinctes 5 Suites récurrentes Les suites récurrentes définies par une fonction forment une catégorie essentielle de suites Ce paragraphe est l aboutissement de notre étude des suites, mais sa lecture nécessite aussi la maîtrise préalable de l étude de fonctions (voir «Limites et fonctions continues») 5 Suite récurrente définie par une fonction Soit f : une fonction Une suite récurrente est définie par son premier terme et une relation permettant de calculer les termes de proche en proche : u 0 et = f ( ) pour n 0 Une suite récurrente est donc définie par deux données : un terme initial u 0, et une relation de récurrence = f ( ) La suite s écrit ainsi : u 0, u = f (u 0 ), u = f (u ) = f (f (u 0 )), u 3 = f (u ) = f (f (f (u 0 ))), Le comportement d une telle suite peut très vite devenir complexe Exemple 6 Soit f (x) = x Fixons u 0 = et définissons pour n 0 : = f ( ) C est-à-dire = Alors les premiers termes de la suite sont :,,,,, Une suite récurrente donnée n est pas forcément convergente Lorsqu elle admet une limite, l ensemble des valeurs possibles est restreint par le résultat essentiel suivant Proposition 3 Si f est une fonction continue et la suite récurrente ( ) converge vers l, alors l est une solution de l équation : f (l) = l Si on arrive à montrer que la limite existe, cette proposition affirme qu elle est à chercher parmi les solutions de l équation f (l) = l y y = x l l l 3 x Une valeur l, vérifiant f (l) = l est un point fixe de f La preuve est très simple et utilise essentiellement la continuité de la fonction f : Démonstration Lorsque n, l et donc aussi l Comme l et que f est continue alors la suite (f ( )) f (l) La relation = f ( ) devient à la limite (lorsque n ) : l = f (l) Nous allons étudier en détail deux cas particuliers, celui ou la fonction est croissante, puis celui ou la fonction est décroissante

LES SUITES 5 SUITES RÉCURRENTES 6 5 Cas d une fonction croissante Commençons par remarquer que pour une fonction croissante, le comportement de la suite ( ) définie par récurrence est assez simple : Si u u 0 alors ( ) est croissante Si u u 0 alors ( ) est décroissante La preuve est facile par récurrence : par exemple si u u 0, alors comme f est croissante on a u = f (u ) f (u 0 ) = u Partant de u u on en déduit u 3 u, Voici le résultat principal : Proposition 4 Si f : [a, b] [a, b] une fonction continue et croissante, alors quelque soit u 0 [a, b], la suite récurrente ( ) est monotone et converge vers l [a, b] vérifiant f (l) = l Il y a une hypothèse importante qui est un peu cachée : f va de l intervalle [a, b] dans lui-même Dans la pratique, pour appliquer cette proposition, il faut commencer par choisir [a, b] et vérifier que f ([a, b]) [a, b] y b f ([a, b]) a a b x Démonstration La preuve est une conséquence des résultats précédents Par exemple si u u 0 alors la suite ( ) est croissante, comme par ailleurs elle est majorée par b, elle converge vers un réel l Par la proposition 3, on a f (l) = l Si u u 0, ( ) est une décroissante et minorée par a, et la conclusion est la même Exemple 7 Soit f : définie par f (x) = 4 (x )(x ) x et u 0 [0, ] Étudions la suite ( ) définie par récurrence : = f ( ) (pour tout n 0) Étude de f (a) f est continue sur (b) f est dérivable sur et f (x) > 0 (c) Sur l intervalle [0, ], f est strictement croissante (d) Et comme f (0) = et f () = alors f ([0, ]) [0, ] Graphe de f

LES SUITES 5 SUITES RÉCURRENTES 7 y f (y = x) u 0 u u u u 0 x Voici comment tracer la suite : on trace le graphe de f et la bissectrice (y = x) On part d une valeur u 0 (en rouge) sur l axe des abscisses, la valeur u = f (u 0 ) se lit sur l axe des ordonnées, mais on reporte la valeur de u sur l axe des abscisses par symétrie par rapport à la bissectrice On recommence : u = f (u ) se lit sur l axe des ordonnées et on le reporte sur l axe des abscisses, etc On obtient ainsi une sorte d escalier, et graphiquement on conjecture que la suite est croissante et tend vers Si on part d une autre valeur initiale u 0 (en vert), c est le même principe, mais cette fois on obtient un escalier qui descend 3 Calcul des points fixes Cherchons les valeurs x qui vérifient (f (x) = x), autrement dit (f (x) x = 0), mais f (x) x = 4 (x )(x ) () Donc les points fixes sont les {,, } La limite de ( ) est donc à chercher parmi ces 3 valeurs 4 Premier cas : u 0 = ou u 0 = Alors u = f (u 0 ) = u 0 et par récurrence la suite ( ) est constante (et converge donc vers u 0 ) 5 Deuxième cas : 0 u 0 < Comme f ([0, ]) [0, ], la fonction f se restreint sur l intervalle [0, ] en une fonction f : [0, ] [0, ] De plus sur [0, ], f (x) x 0 Cela se déduit de l étude de f ou directement de l expression () Pour u 0 [0, [, u = f (u 0 ) u 0 d après le point précédent Comme f est croissante, par récurrence, comme on l a vu, la suite ( ) est croissante La suite ( ) est croissante et majorée par, donc elle converge Notons l sa limite D une part l doit être un point fixe de f : f (l) = l Donc l {,, } D autre part la suite ( ) étant croissante avec u 0 0 et majorée par, donc l [0, ] Conclusion : si 0 u 0 < alors ( ) converge vers l = 6 Troisième cas : < u 0 < La fonction f se restreint en f : [, ] [, ] Sur l intervalle [, ], f est croissante mais cette fois f (x) x Donc u u 0, et la suite ( ) est décroissante La suite ( ) étant minorée par, elle converge Si on note l sa limite alors d une part f (l) = l, donc l {,, }, et d autre part l [, [ Conclusion : ( ) converge vers l = Le graphe de f joue un rôle très important, il faut le tracer même si on ne le demande pas explicitement Il permet de se faire une idée très précise du comportement de la suite : Est-elle croissante? Est-elle positive? Semble-t-elle converger? Vers quelle limite? Ces indications sont essentielles pour savoir ce qu il faut montrer lors de l étude de la suite

LES SUITES 5 SUITES RÉCURRENTES 8 53 Cas d une fonction décroissante Proposition 5 Soit f : [a, b] [a, b] une fonction continue et décroissante Soit u 0 [a, b] et la suite récurrente ( ) définie par = f ( ) Alors : La sous-suite ( ) converge vers une limite l vérifiant f f (l) = l La sous-suite ( ) converge vers une limite l vérifiant f f (l ) = l Il se peut (ou pas!) que l = l Démonstration La preuve se déduit du cas croissant La fonction f étant décroissante, la fonction f f est croissante Et on applique la proposition 4 à la fonction f f et à la sous-suite ( ) définie par récurrence u = f f (u 0 ), u 4 = f f (u ), De même en partant de u et u 3 = f f (u ), Exemple 8 f (x) = x, u 0 > 0, = f ( ) = Étude de f La fonction f :]0, [ ]0, [ est une fonction continue et strictement décroissante Graphe de f y u 0 u u 3 u x Le principe pour tracer la suite est le même qu auparavant : on place u 0, on trace u = f (u 0 ) sur l axe des ordonnées et on le reporte par symétrie sur l axe des abscisses, On obtient ainsi une sorte d escargot, et graphiquement on conjecture que la suite converge vers le point fixe de f En plus on note que la suite des termes de rang pair semble une suite croissante, alors que la suite des termes de rang impair semble décroissante 3 Points fixes de f f Donc f f (x) = f f (x) = f = = x x x = x x x f f (x) = x x 5 x = x x x = 0 x, 5 Comme la limite doit être positive, le seul point fixe à considérer est l = 5 Attention! Il y a un unique point fixe, mais on ne peut pas conclure à ce stade car f est définie sur ]0, [ qui n est pas un intervalle compact

LES SUITES 5 SUITES RÉCURRENTES 9 4 Premier cas 0 < u 0 l = 5 Alors, u = f (u 0 ) f (l) = l ; et par une étude de f f (x) x, on obtient que : u = f f (u 0 ) u 0 ; u f f (u ) = u 3 Comme u u 0 et f f est croissante, la suite ( ) est croissante De même u 3 u, donc la suite ( ) est décroissante De plus comme u 0 u, en appliquant f un nombre pair de fois, on obtient que La situation est donc la suivante : u 0 u u 3 u La suite ( ) est croissante et majorée par u, donc elle converge Sa limite ne peut être que l unique point fixe de f f : l = 5 La suite ( ) est décroissante et minorée par u 0, donc elle converge aussi vers l = 5 On en conclut que la suite ( ) converge vers l = 5 5 Deuxième cas u 0 l = 5 On montre de la même façon que ( ) est décroissante et converge vers 5, et que ( ) est croissante et converge aussi vers 5 Mini-exercices Soit f (x) = 9 x 3, u 0 = 0 et pour n 0 : = f ( ) Étudier en détail la suite ( ) : (a) montrer que 0 ; (b) étudier et tracer le graphe de g ; (c) tracer les premiers termes de ( ) ; (d) montrer que ( ) est croissante ; (e) étudier la fonction g(x) = f (x) x ; (f) montrer que f admet deux points fixes sur, 0 < l < l ; (g) montrer que f ([0, l]) [0, l] ; (h) en déduire que ( ) converge vers l Soit f (x) = x, u 0 = et pour n 0 : = f ( ) Étudier en détail la suite ( ) 3 Soit ( ) n la suite définie par : u 0 [0, ] et = u n Étudier en détail la suite () 4 Étudier la suite définie par u 0 = 4 et = 4 Auteurs du chapitre Auteurs : Arnaud Bodin, Niels Borne, Laura Desideri Dessins : Benjamin Boutin