La distance euclidienne d dans E est définie par d(x, y) = x y. Le produit scalaire est déterminé par la norme associée:

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2 Produit scalaire Espaces Euclidiens 21 Soit E un R-espace vectoriel Un produit scalaire dans E est une forme bilinéaire symétrique définie positive, noté <, > La norme associée est définie par x 2 =< x, x > L inégalité de Cauchy-Schwartz < x, y > x y entraine l inégalité du triangle x + y x + y La distance euclidienne d dans E est définie par d(x, y) = x y Le produit scalaire est déterminé par la norme associée: < x, y >= 1 4 ( x + y 2 x y 2 ) ( identité de polarisation ) Remarque: une norme dans E n est pas en général associée à un produit scalaire Exemples: 1 Produit scalaire canonique dans R n : < x, y >= n 1 x i y i ; la norme est donnée par le théorème de Pythagore : x 2 = n 1 x 2 i 2 E = C([a, b], R), < f, g >= b a f(t)g(t)dt Un R-espace vectoriel de dimension finie muni d un produit scalaire s appelle espace euclidien 22 Deux vecteurs x et y sont orthogonaux si < x, y >= Sous-espace orthogonale Soit A E; l orthogonal de A est l ensemble de vecteurs de E orthogonaux à tous les vecteurs de A: A = {x E : y A on a < x, y >= } Il est claire que A est un sous-espace vectoriel de E Deux sous-espaces E 1 et E 2 sont orthogonaux si tout vecteur de E 1 est orthogonal à tout vecteur de E 2 Ceci est équivalent à dire que E 2 E1 ou que E 1 E2 Il est évident dans ce cas que E 1 E2 = {} Famille orthogonale Une famille de vecteurs de E est dite orthogonale si les vecteurs de cette famille sont deux à deux orthogonaux Une famille de vecteurs de E est dite orthonormale si elle est orthogonales et tous ses vecteurs sont de norme 1 Lemme Une famille orthogonale sans vecteurs nuls est libre D une famille orthogonale (e 1,, e n, ) on peut facilement passer à une famille orthonormale en normalisant les vecteurs e i : e i = e i e i Exemple 1 Dans l espace des fonctions continues C([, ], R) avec le produit scalaire < f, g >= f(t)g(t)dt la famille (1, cos nx, sin nx) n 1 est orthogonale et la famille ( 1 1, π 1 cos nx, π sin nx) n 1 est orthonormale 1

2 Dans l espace des fonctions continues C([ 1, 1], R) avec le produit scalaire < f, g >= 1 1 f(t)g(t)dt la famille des polynômes (p n (t) = dn dt (t 2 1) n ) n n est orthogonale 23 Coordonnées dans une base orthonormale Soit (e 1,, e n ) une base orthonormale, soit x = n 1 x i e i, y = n 1 y i e i Alors < x, y >= n 1 x i y i, x 2 = n 1 x 2 i ( théorème de Pythagore ) et x i =< x, e i > Coordonnées dans une base orthogonale: < x, y >= n 1 < e i, e i > x i y i x 2 = n 1 < e i, e i > x 2 i et x i = <x,e i> <e i,e i > 24 Orthogonalisation de Gram-Schmidt Soit (v 1,, v n, ) une famille libre dans E On peut construire une famille orthonormale e 1,, e n, telle que V ect(v 1,, v k ) = V ect(e 1,, e k ) pour tout k 1 (Autrement dit, e k est une combinaison linéaire de v 1,, v k ) Construction par récurrence: On pose e 1 = v 1 v i ; ẽ k+1 = v k+1 k 1 < v k+1, e i > e i et e k+1 = ẽk+1 ẽ k+1 Corollaire Tout espace Euclidien admet une base orthonormale Toute famille orthonormale dans un espace Euclidien peut être complétée en une base orthonormale Remarque: le corollaire est faux en dimension infinie: l espace des fonctions continues C([a, b], R) n admet pas de base orthogonale au sens algébrique 25 Projection orthogonale Soit E un espace muni du produit scalaire et F E un sous-espace Motivation On sait que F F = {} Supposons que F est un supplémentaire de F, donc E = F F, somme directe orthogonale (Ceci est toujours vrai en dimension finie) Le projecteur othogonal sur F, noté P F, est par définition le projecteur sur F parallèlement à F Si x E on décompose x = x 1 + x 2 avec x 1 F et x 2 F ; alors, par définition, P F (x) = x 1, la composante orthogonale de x dans F Noter que le projecteur orthogonal sur F est P F = Id P F Définition Soit F E un sous-espace de dimension finie Soit (e 1,, e n ) une base orthonormale de F 2

On définit P F : E E par P F (x) = n 1 < x, e i > e i Alors on a Lemme P F est un projecteur sur F parallèlement à F Démonstration Si x F, alors P F (x) = x, donc PF 2 = P F Donc P F est un projecteur Le noyau Ker(P F ) = {x E :< x, e i >=, i = 1,, n} = {x E :< x, y >= } pour tout y F, donc Ker(P F ) = F Corollaire Si F est un sous-espace de dimension finie, F est un supplémentaire de F : E = F F, somme directe orthogonale On a aussi (F ) = F Projection orthogonale dans une base quelconque Le vecteur y = P F (x) est caractérisé par les conditions y F et < y, z >=< x, z > pour tout vecteur z de F Soit (e 1,, e n ) une base de F La dernière condition est donc équivalente à < y, e j >=< x, e j >, j = 1,, n Posons P F (x) = n 1 y i e i pour déterminer les coefficients y i on doit résoudre le système: n1 y i < e i, e j >=< x, e j >, j = 1,, n La matrice de ce système G = (< e i, e j >) s appelle matrice de Gram Soit (ẽ 1,, ẽ n ) une base orthonormale et e j = i a ijẽ i, donc a ij = (< ẽ i, e j >) Soit A = (a ij ), alors G = t AA En particulier, G est définie positive et dét G= (dét A) 2 26 Projection othogonale et meilleur approximation en moyenne quadratique Distance à un sous-espace Lemme Soit F est un sous-espace de dimension finie et x E Alors la projection P F (x) réalise la distance minimale entre x et les vecteurs de F : x P F (x) = min { x z, z F } Exemple Ajustement affine Soit x 1 < x 2 < < x n et S = (x 1,, x n ) Soit E l espace des fonctions définies sur S à valeurs réelles Le produit scalaire dans E est défini par < f, g >= n 1 f(x i )g(x i ); Etant donné f, l ajustement affine par les moindres carrés consite à déterminer une fonction affine φ(x) = ax + b telle que l écart f φ 2 = n1 [f(x i ) φ(x i )] 2 soit minimal La réponse est donnée par la projection orthogonal sur le sous-espace des fonctions affines Les coefficients a et b sont les solutions du système linéaire: < φ, 1 >=< f, 1 >, < φ, x >=< f, x > Plus explicitement, na + ( x i )b = f(x i ), ( x i )a + ( x 2 i )b = x i f(x i ) 3

Exemple Meilleure approximation en moyenne quadratique par des polynômes trigonométriques Un polynôme trigonométrique de dégré n est la somme p(t) = a + ni=1 (a k cos kt + b k sin kt) Soit f C([, ]) une fonction continue On cherche on polynôme trigonométrique p de degré n tel que l écart (f(t) p(t)) 2 dt soit minimal La réponse est donnée par la projection orthogonal dans C([, ]) sur le sous-espace des polynômes trigonométriques de dégré n; le produit scalaire est < f, g >= f(t)g(t)dt On a la famille orthogonale: (1, cos nx, sin nx) n 1 On en déduit les coefficients du polynôme p(t) de meilleure approximation: f(t)dt, a k = 1 π f(t) cos(kt)dt, b k = 1 π f(t) sin(kt)dt a = 1 27 Inégalité de Bessel et égalité de Bessel-Parseval Soit E un espace Euclidien, soit (e 1,, e n ) une famille orthonormale Soit x E et x i =< x, e i > Il est claire que n i=1 x 2 i x 2 Lemme Soit x E Les propriétés suivantes sont équivalentes: (i) n i=1 x 2 i = x 2 (ii) x = n i=1 x i e i (iii) x appartient à l espace vectoriel engendré par (e 1,, e n ) (donc x est une cobinaison linéare des vecteurs e 1,, e n ) Soit maintenant dim(e) = Théorème Soit (e 1,, e n, ) une famille orthonormale infinie, x E et x i =< x, e i > A Pour tout n on a n i=1 x 2 i x 2 et la série i=1 x 2 i converge B Les propriétés suivantes sont équivalentes: (i) i=1 x 2 i = x 2 (ii) x = lim ni=1 n x i e i (iii) x appartient à l adhérence de l espace vectoriel engendré par la suite (e 1,, e n, ) Egalité de Bessel-Parseval dans une base orthogonale Si (e 1,, e n, ) est une famille orthogonale et x appartient à l adhérence de l espace vectoriel engendré par la suite (e 1,, e n, ), alors x 2 = i=1 <x,e i > 2 <e i,e i > 4

Exemple: séries de Fourier Avec le produit scalaire < f, g >= f(t)g(t)dt dans C([, ]) la famille (1, cos nt, sin nt) n 1 est orthogonale; les combinaisons linéaires des ses fonctions - les polynômes trigonométriques - sont f(t)dt, a n = 1 π denses dans C([, ]) Soit a = 1 b n = 1 π f(t) sin(nt)dt On a l égalité de Parseval: f(t) 2 dt = 2a 2 + n=1 (a 2 n + b 2 n) 1 π f(t) cos(nt)dt, 5