Etude de suites définies par différents types de récurrence

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Transcription:

Etude de suites définies par différents types de récurrence F.Gaudon 22 juillet 2005 Table des matières 1 Suites arithmétiques 2 2 Suites géométriques 2 3 Suites arithmético-géométriques 3 4 Suites récurrentes linéaires 3 5 Suites récurrentes 6 5.1 Monotonie.............................. 6 5.2 Etude de la convergence...................... 7 1

Dans ce qui suit, on considère un corps K = RouC. 1 Suites arithmétiques Une suite arithmétique est donnée par son premier terme u 0 et sa raison r : { n N, un+1 = u n + r u 0 K n N, u n = u 0 + nr u 0 + u 1 +... + u n = (n + 1)u 0 + r n(n+1) = (n+1)(u 0+u n) 2 2 Par récurrence, les deux propriétés sont trivialement vraies au rang n = 0. Si elles sont vraies au rang n N, on a : u n+1 = u n + r = u 0 + nr + r = u 0 + (n + 1)r et u 1 +...+u n+1 = (n+1)u 0 +r n(n+1) +u 2 n+1 = (n+1)u 0 +r n(n+1) +u 2 0 +(n+1)r = (n + 2)u 0 + r n(n+1) + r 2(n+1) = (n + 2)u 2 2 0 + (n+1)(n+2) Donc les propriétés sont 2 vraies au rang n + 1 et par récurrence, elles sont donc vraies pour tout n N. 2 Suites géométriques Une suite géométrique est donnée par son premier terme u 0 et sa raison q (non nulle en général) : { n N, un+1 = qu n u 0 K 2

n N, u n = q n u 0 { (n + 1)u0 si q = 1 u 0 + u 1 +... + u n = 1 q u n+1 Cette somme converge si et 0 si q 1 1 q seulement si q < 1. La limite de la somme vaut alors u 0. 1 q Par récurrence. Les deux propriétés sont vraies au rang n = 0. Supposons qu elles sont vraies à un rang n N. On a alors u n+1 = qu n = qq n u 0 = q n+1 u 0 d une part. D autre part, si q = 1, on a u 1 +... + u n+1 = (n + 1)u 0 + u n+1 = (n + 1)u 0 + u 0 = (n + 2)u 0 et si q 1, 1 q on a u 1 +... + u n+1 = u n+1 1 q 0 + u 1 q n+1 = u n+1 0 + q n+1 u 1 q 0 = u 0 ( 1 qn+1 + (1 q)qn+1 1 q ) = u n+2 1 q 1 q 0. Les deux propriétés sont donc vraies au rang 1 q n + 2 et par récurrence elles sont vraies pour tout n N. 3 Suites arithmético-géométriques Une suite arithmético-géométrique est définie par : { n N, un+1 = au n + b u 0 K avec b 0 et a 1, sinon on retrouve les suites précédentes. Définition Une suite particulière est obtenue pour la suite constante l telle que l = al + b. Cette valeur l est d ailleurs la limite éventuelle de la suite si elle converge. Soit (v n ) n la suite auxiliaire définie par : n N, v n = u n l On a alors : n N, v n+1 = av n. Autrement dit, la suite (v n ) n est une suite géométriques de raison a. On a v n = a n v 0 et u n = l + a n (u 0 l). La suite converge donc ssi a < 1 ou u 0 = l. 4 Suites récurrentes linéaires 3

Une suite récurrente linéaire est définie par : n N, u n+2 = au n+1 + bu n u 1 K u 2 K avec b 0 Les suites géométriques r n non nulles solution de cette récurrence vérifient : r 2 = ar + b. Soit r solution (éventuellement complexe). Cherchons les autres solutions sous la forme : u n = v n r n. On obtient : v n+2 r 2 = arv n+1 + bv n v n+2 (ar + b) = arv n+1 + bv n (ar + b)(v n+2 v n+1 ) = b(v n+1 v n ) Donc la suite v n+2 v n+1 est une suite géométrique de raison b b ou ou ar+b r 2 enfin r /r si r est l autre racine. On a donc : v n v n 1 = C( r r )n, où C est une constante. On en déduit que : v n = C( r r )n + C( r r )n 1 +... + C( r ) + v r 0. Si r = r alors v n est de la forme αn + β et u n est combinaison des suites r n et nr n. Si r r alors v n est de la forme α( r r )n + β, et u n est combinaison de r n et de r n. proposition : Soit la relation de récurrence u n+2 = au n+1 + bu n. On associe à cette relation l équation caractéristique r 2 = ar + b. L ensemble des suites solutions forme un espace vectoriel de dimension 2 dont une base est : si le discriminant est non nul : (r n 1 ) n et (r n 2 ) n où r 1 et r 2 sont solutions de l équation caractéristique. Dans le cas d un discriminant négatif sur R, on prend (Im(r n 1 )) n et (Re(r n 1 )) n ; si le discriminant est nul : (r n ) n et (nr n ) n où r est racine double de l équation caractéristique. preuve : Posons S = {(u n ) n / n N, u n+2 = au n+1 + bu n } S est un sous-espace vectoriel de l espace vectoriel des suites. Cet espace est de dimension 2. En effet, considérons les deux suites particulières U et V éléments de S, définies par U 0 = 1 et U 1 = 0,V 0 = 0 et V 1 = 1. On prouve facilement par récurrence que toute suite u de S s écrit : u = u 0 U + u 1 V Cette décomposition est unique. Ceci 4

prouve que (U; V ) constitue une base de S. Cette base est malheureusement de peu d utilité car elle ne permet pas de calculer le terme général de la suite. Cherchons donc une autre base. Cherchons les éléments de S qui sont des suites géométriques (r n ) n. r doit alors vérifier : r 2 = ar + b Cette équation est appelée équation caractéristique associée à la suite. Plusieurs cas sont à considérer : sur C : si le discriminant est non nul, il y a deux suites différentes de raisons r 1 et r 2. Il n est pas difficile de montrer que ces deux suites forment un système libre et donc une base de S. Cette base permet de calculer le terme général de toute suite de S ; si le discriminant est nul, alors il y a une racine unique r, égale à a 2, et b = a2 4. Cherchons une autre suite sous la forme v nr n. On obtient alors : v n+2 r 2 = av n+1 r + bv n a 2 v n+2 4 = v a2 n+1 a 2 v n 2 4 v n+2 = 2v n+1 v n v n+2 v n+1 = v n+1 v n Ainsi v n+1 v n est constante. On peut prendre par exemple comme solution particulière v n+1 v n = 1 c est à dire v n = n. Les deux suites (r n ) n et (nr n ) n sont indépendantes. Elles forment une base de S sur R : si le discriminant est positif, c.f. ci-dessus ; si le discriminant est nul, c.f. ci-dessus ; si le discriminant est négatif, alors, en tant que sous espace vectoriel complexe, on peut prendre comme base les suites géomériques de raison r 1 et r 2, nécessairement conjuguées si a et b sont réels. Mais on peut prendre également Re(r n 1 ) et Im(r n 2 ) qui, étant combinaisons linéaires de r n 1 et r n 2 sont bien éléments de S, sont réelles, et engendrent S. Exemples : u n+2 = 3u n+1 2u n u n+2 = u n+1 + u n (suite de Fibonacci) 5

5 Suites récurrentes Une suite est dite récurrente si elle est définie par : u n+1 = f(u n ) pour tout n N et u 0 I où I est un intervalle de R et f est une fonction définie et continue sur I. De façon que la suite soit définie pour tout n, nous supposerons que f(i) est inclus dans I. Dans la suite, on se donne une suite (u n ) n définie par : { u0 I u n+1 = f(u n ) si n 0 où f est une fonction définie sur une partie I de R et à valeurs dans I. 5.1 Monotonie Si f est croissante sur I alors (u n ) n est monotone : (u n ) n est croissante si f(u 0 ) > u 0 (u n ) n est décroissante si f(u 0 ) < u 0 Montrons par récurrence que pour tout n N, u ( n + 1) u n est du signe de u 1 u 0. C est vrai pour n = 0 de manière évidente, supposons la propriété vraie pour un rang n. On a alors : u n+2 u n+1 = f(u n+1 ) f(u n ) qui est du signe de u n+1 u n puisque f est croissante. Par hypothèse de récurrence u n+1 u n est du signe de u 1 u 0 donc u n+1 u n est du signe de u 1 u 0. Si f est décroissante, alors les deux suites extraites (u 2n ) n et (u 2n+1 ) n sont monotones de sens opposé. 6

preuve : Si f est décroissante, f f est croissante donc par la proposition précédente (u 2n ) n et (u 2n+1 ) n sont monotones. On a en outre u 2n+2 u 2n qui est du même signe que u 2 u 0 et u 2n+1 u 2n 1 de même signe que u 3 u 1. Si f f(u 0 ) > u 0 alors u 2 u 0 > 0 et f f(f(u 0 )) < f(u 0 ) donc u 3 u 1 < 0 donc (u 2n+1 ) n est croissante et (u 2n ) n est décroissante. Si f f(u 0 ) < u 0, (u 2n ) n est décroissante et u 2n+1 ) n est croissante. 5.2 Etude de la convergence On suppose dans la suite que f est continue d un intervalle I fermé dans lui-même. Si (u n ) n converge vers l, alors l [a; b] et f(l) = l.l est donc un point fixe de f. Par continuité de f, si (u n ) n converge vers l, alors (f(u n ) n ) converge vers f(l), Mais f(u n ) = u n+1 donc par unicité de la limite l = f(l). Conséquence : Si f n a pas de point fixe, (u n ) n diverge. Remarques : Une fonction continue peut avoir un seul point fixe et la suite (u n ) n peut diverger. En effet, par exemple, f : x x sur [0; 1] admet 0 pour unique point fixe et la suite (u n ) n associée diverge. Si I = [a; b] alors f admet au moins un point fixe. Soit g : I R définie par x I g(x) = f(x) x. On a g(a) = f(a) a 0, g(b) = f(b) b 0 et g est continue sur I donc par la théorème des valeurs intermédiaires, il existe c [a; b] tel que g(c) = 0 c est à dire f(c) = c Dans la suite, on supposera I fermé borné, i.e. I = [a; b] avec a < b. On suppose f croissante sur I : u 0 I, (u n ) n est monotone et converge vers l un des points fixes de f. 7

On a vu que f admet au moins un point fixe, que (u n ) n est monotone. Comme elle est bornée, elle admet donc une limite qui ne peut-être qu un point fixe de f. Remarque : Si f est strictement décroissante, f admet un unique point fixe, envisager la convergence de la suite (u n ) n. On a vu que f admet un point fixe. Montrons qu il est unique. Si l 1 et l 2 sont deux points fixes distincts, on peut supposer l 1 < l 2 et on a alors f(l 1 ) > f(l 2 ) puisque f est strictement décroissante. Or pour i {1; 2}, f(l i ) = l i donc l 1 > l 2 ce qui est absurde et montre l unicité. On suppose f k-contractante sur I, c est à dire (x; y) I 2 f(x) f(y) x y. Alors f admet un unique point fixe l et u 0 I, (u n ) n converge vers l. preuve : Sous réserve d existence, montrons d abord l unicité. Si l 1 et l 2 sont deux points fixes pour f on a donc f(l 1 ) = l 1 et f(l 2 ) = l 2. Par suite l 1 l 2 = f(l 1 ) f(l 2 ) k l 1 l 2 donc (1 k) l 1 l 2 0 ce qui impose l 1 l 2 = 0 d où l unicité. Pour l existence, soit (u n ) n la suite définie précédemment. Montrons qu elle est de Cauchy. Soient donc n et p entiers : u n u p = p 1 l=0 u n+l+1 u n+l p 1 l=0 u n+l+1 u n+l = p 1 l=0 f(u n+l) f(u n+l 1 ) k p 1 l=0 u n+l u n+l 1... p 1 l=0 kn+l 1 u 1 u 0 = k n 1 p 1 l=0 kl u 1 u 0 n 1 1 kp = k u 1 k 1 u 0 kn 1 u 1 k 1 u 0 quantité qui tend visiblement vers 0 quand n tend vers indépendamment de p. Donc la suite (u n ) n est de Cauchy dans I complet et par conséquent elle converge vers une limite l. On a : n N l f(l) = l u n+1 + f(u n ) f(l) l u n+1 + f(u n ) f (l) l u n+1 + k u n f(l). Comme (u n ) n converge vers l, cette quantité peut donc être rendue aussi petite que l on veut et par conséquent l = f(l). 8