Séminaire Schwartz. L. SCHWARTZ La théorie des opérateurs nucléaires. Séminaire Schwartz, tome 1 ( ), exp. n o 12, p. 1-7

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Séminaire Schwartz L. SCHWARTZ La théorie des opérateurs nucléaires Séminaire Schwartz, tome 1 (1953-1954), exp. n o 12, p. 1-7 <http://www.numdam.org/item?id=sls_1953-1954 1 A13_0> Séminaire Schwartz (Secrétariat mathématique, Paris), 1953-1954, tous droits réservés. L accès aux archives de la collection «Séminaire Schwartz» implique l accord avec les conditions générales d utilisation (http://www.numdam.org/legal.php). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright. Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/

. r" Faculté des Sciences de Paris -:-:-:- Séminaire SCHWARTZ Année 1953/1954 Exposé n 12 LA THÉORIE DES OPÉRATEURS NUCLÉAIRES. 1.7 février 1954 1.- La trace. Soit E un espace de Banach dont nous appellerons le dual Et. On sait que - par définition - il existe une correspondance biunivoque et isométrique entre l espace E ) des formes bilinéaires continues sur E x E (xx ) et le dual de E() E. A la forme bilinéaire canonique correspond donc une forme linéaire continue sur E@ Et qu on appelle "trace" et qu on note Tr. Si u = y 03BD on a, par B U "v Tr(u) 03A3 (x,y > >. La forme = Trace est de norme. égale définition, à 1. De plus tout u 6.E@ Et s écrit sous la forme u =2 0 -. avec Il finie, donc la série 03A3 xn, y n> converge absolument et l on a puisque la trace est continue Pour justifier le mot "trace", rappelons qu on peut identifier E()E à l espace des endomorphismes de rang fini de E,et que si E est de dimension finie la forme trace coïncide avec la trace usuelle des opérateurs. Il existe une application continue canonique qu on ne sait pas si elle est biunivoque, on peut seulement parler de la trace d un élément de E, tee. et non de la trace de l opérateur image Tant Rappelons d autre part qu il existe un isomorphisme S (symétrie) entre E @ E et défini par -.- Si on identifie à l espace des applications de rang fini de E dans E et C E ( E s )! à un espace de transformations de

.. l application S correspond la transposition des opérateurs. Grâce à S la trace est aussi définie sur E ( E. On peut alors interpréter la dualité entre E03C0 F et B(E,F) au moyen de la trace : soit A e B(E,F) c -2- ë(e;f ). Si 1 est l identité dans F, A1 envoie E @ F dans F -F. Donc si u ë E(X) F on peut former la trace de (A@ l)(u) et l on a En effet, les deux membres pour A fixé sont des formes linéaires continues en u et elles sont égales pour u = x @ y.. 2.- L application E.(E;F).E.F localement convexes. L indice. désigne la topologie de la convergence uniforme sur les ensembles bornés dans un espace d applications linéaires. Soient E F deux espaces localement convexes séparés quelconques. Aux: éléments de E (g)f correspondent les applications linéaires continues de rang fini de E dans F. Donc Et (E F) car ce dernier espace est l espace des applications faiblement continues. (Cf. Exposé 8, n l) PROPOSITION 1 : La topologie induite sur E F par celle de est identique à la topologie de La topologie de E 0 F est par définition la topologie induite sur E (x)f par ((E") ; F). Or une partie équicontinue de E" est le polaire d un voisinage de 0 dans E qui est lui-même le polaire d un ensemble borné de E donc (théorème du bipolaire) elle est l enveloppe convexe équilibrée faiblement fermée d un borné de E. Or dans une "S -topologie, on peut remplacer les ensembles de ( par leur enveloppe convexe équilibrée fermée. Donc F) et.(e ; F) induisent la même topologie sur E ()F. COROLLAIRE : Si E et F sont complets, il existe une application continue F) oui prolonge l identité sur En effet, la topologie 7T étant plus fine que la topologie 6. il existe une application canonique E (SF_E 1 qu on composera avec l application Et Lb(E03C4 ; F).

.. " 3,- Définition àex applications nucléaires - Gax des espaces / àe Banach. Désormais, le seul -produit tensoriel considéré sera le produit 03C0;ainsi / DÉFINITION 1 :,Si E et F sont des espaces de Banach on note le sous-espace 03C6 ( E à F de (Ej F) Les éléments de L (E; F ).. dits opérateurs nucléaires ou de Fredholm. L1(E,F) sont est un espace quotient de E F. La norme quotient de la norme lt sera dite norme-trace ou norme nucléaire notée On ne connait pas de cas où pax le démontrer en général. 1 Î 1 ou Î) Il Tr. Lf ne soit pas biunivoque ma;i.s on ne sait E @ F étant dense dans E F et q étant continue, tout opérateur nucléaire est limite "uniforme" (dans d opérateurs de rang fini donc en particulier est compact (l image dans F d une boule de E est relativement compacte). Si E = F est un Hilbert, les opérateurs nucléaires hermi-.tiens sont les opérateurs complètement continus dont la sui te (03BBn) des valeurs propres est sommable et 1 Dans le cas des Banach généraux, tout opérateur nucléaire u admet une décomposition 03A303BBi x i yi, x ie;, x i Il u= 1, Il y. )) 1,, et la borne inférieure de 1 Â,J Pour toutes ces représentations est précisément PROPOSITION 2 :.Soient u : un opérateur nucléaire. A us.e application continue H E et B : F2014G. Alors Bou o A est un o opérateur nucléaire et Bou [t A B )) On a en effet le diagramme commutatif (car les 2 applications de E @F dans cf (H; G) que définit ce diagramme sont continues, et coïncident pour u. L E de la forme x y ).. Donc, si u est nucléaire, u.. étant un élément de EF tel que et donc B o u o A est nucléaire. Compte tenu de ce = que Il Il k

. équilibrées. 4.- Définition des opérateurs nucléaires. Cas mènerai. DÉFINITION 2. Ou dit qu une application linéaire u : EF, où et F sont des espaces localement convexes séparés, est nucléaire, s il existe deux espaces de Banach E1 et F1. mi opérateur nucléaire... 03B2 E. F1, et deux opérateurs continus (X : EE1, S: F1F tels quo u = /B o 03B2 03B1 E REMARQUE : Il suffit que F étendre ô. soit Banach et E. normé, car on peut Pour simplifier, on appelle disque tout ensemble convexe équilibré. En remplaçant E. par o (E) et F. par (0) on peut supposer que C est une épijection et Y une injection ; mais on sait (exposé 7) que E. sera isomorphe à et F à Eu pour v disque ouvert de B, 1 i partie complétante de F. Comme le dual de Eu est E, où A = U J3 provient d un élément 03B20 élément u0 = (t03b1 de E A et u = 03B1 03B2 o 03B1 provient or t03b1 03B1 n est autre 03B1(03B20) de E;F ; o dans E @F. Il y a même que l application canonique de E E A FB1 l plus : u provient d un FB1, mais on sait (exposé 5) que u0 appartient à un ensemble de la forme t (A (X)B) dans E, i et F. D où la PROPOSITION 3? Un opérateur u s est défini par E A t où A et B sont compactes est nucléaire si et seulement 0 sont convexes compactes (donc complétantes). On peut donc supposer dans la définition 2 que 0( et 03B1 sont des applications compactes. Remarquons d autre. part que E., " étant le dual de E., 0 on a deux applications continues "canoniques" E A FBLb(EA ; FB)Lb(E;F). Comme un élément de E., sous la forme

on a une telle égalité dans Réciproquement, si + si x. est une suite équicontinue et si est contenue dans une partie complétante de F..L jl 1 converge dans (E;F) et définit un opérateur nucléaire. PROPOSITION 4 : Pour qu un opérateur u soit nucléaire, il faut et il suffit qu il soit de la forme u= SB. 03A3 03BBi +,(x i) suite équicontinue, (y.) suite contenue dans une partie complétante. PROPOSITION 5 s Si u est nucléaire. est nucléaire (prop. 2) COROLLAIRE : nucléaire de E dans F elle le reste quand on renforce la topologie de E et qu on affaiblit celle de F ; si E. est un sous-espace de E, F un sous-espace de F1, u est nucléaire de E. dans F.. Par contre si u est une application nucléaire de E dans F et si u(e) est contenu dans un sous-espace F2 de F, u n est pas nécessairement nucléaire de E dans De même si u est nulle sur un sous-espace E de E elle n est pas nécessairement nucléaire de dans F, 5- Transposée d une application nucléaire. alors tu L1(F ;E ) et tu1 PROPOSITION 6 : Soient E et F deux espaces de Banach. 1!)uiL. Réciproquement si F est réflexif. et u nucléaire, u est nucléaire et tu1 = u 1. Soit en effet u L1(E;F), u = 03C6((u0), u0 E 0F. Soit i l injection de dans alors u = u)), F2014, donc u est nucléaire. Comme S est une isométrie et que i H 1 (on peut même montrer que i est une isométrie) on a Si enfin F est réflexif et u nucléaire, u e8t nucléaire de E" dans F" = F, donc u est nucléaire de E dans F. Dans tous les cas connus, la propriété subsiste sans l hypothèse de réflexivité de F. COROLLAIRE : Soient E. F deux espaces localement convexes séparés ; si u : EF est nucléaire. E b est nucléaire, et tu : F be b ou F ce c. En effet on a tu = (Cf. définition 2) t03b2 est nucléaire, 0 est continue est continue de F c dans F si Y est compacte, ce qu on a le droit de supposer.

6- Propriétés de relèvement. " PROPOSITION 7 Soient E. F, G trois espaces localement convexes E :F : soit u une application nucléaire E -G. Il existe alors une application nucléaire v : F le cas des Banach on peut supposer v1 u1 +. Bornons-nous à faire la démonstration dans le cas des Banach. Considérons le diagramme déjà vu (prop. 2) 1 plus dans.. i= injection de E dans F Le trajet est un. épimorphisme métrique, donc aussi, âj PROPOSITION 8. Soient E. F, G trois espaces localement convexes séparés F C. E, F fermé ; on suppose que tout dg,sga_, com act de 4 est l image d une partie complétante de E. Dans ces conditions, toute application nucléaire u : provient par passade au quotient tion nucléaire v : GE. De plus dans Banach on peut supposer Posons H = E/F. Supposons que u provienne d un élément u. de est une partie complétante compacte de H (prop. 3). Soit B. une partie complétante de E qui se projette sur B. On a un épimorphisme Eg HB et il suffit de montrer que u0 s obtient, à partir d un élément de G A EB l par projection, c est-à-dire qu on peut se ramener au cas des Banach. Mais dans ce cas on a le diagramme suivant P, projection canonique de E sur H. Ici encore est un épimormhisme, donc,.. REMARQUES. 1 ) On est dans les conditions d application de la proposition 8, si E est un Fréchet, ou si E est un dual d espace de Fréchet et F faiblement

-7- f ermé. 2 ) Reprenons la proposition 7 9 si l on utilise la proposition 4 9 on peut é crire u sous la forme u. t, z. et si grâce à Hahn Banach on 1 1 1 prolonge simultanément les r. en des formes r. équicontinues sur F 9 -;, _""", 1 Z on peut poser v = 03A3 03BBi y i z. l 9 proposition 7. De même pour la, proposition 8. v prolonge u ce qui redémontre la