Université Saint Joseph Faculté des Sciences Economiques "MONNAIE 2"
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1 Université Saint Joseph Faculté des Sciences Economiques Licence en sciences économiques "MONNAIE " Jean-Baptiste DESQUILBET Professeur à l'université d'artois (France) 1
2 Objectif du cours : présenter des outils d'analyse des politiques monétaires menées dans le monde contemporain. Plan du cours : 1. Une analyse des règles de politique monétaire : modèle BMW. Le biais inflationniste de la politique monétaire 3. Les canaux de transmission de la politique monétaire
3 chapitre le biais inflationniste de la politique monétaire 3
4 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire Introduction : règle et discrétion PLAN 1- La fonction de réaction de la banque centrale en régime discrétionnaire. - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement 3- Biais inflationniste : causes et remèdes 4
5 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - INTRODUCTION Règle = principe de décision (systématique) En matière de politique monétaire : - règle non contingente, cf. règle de Friedman M/M constant - règle contingente, cf. règle de Taylor r = f(y, π) Discrétion = action «au coup par coup», selon circonstances, (non systématique) 5
6 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - INTRODUCTION Trois raisons en faveur des règles : Simons (1936) : Une règle de comportement s impose à la banque centrale, comme à chaque acteur économique, dans une économie libérale. Friedman (1959) : Une règle est indispensable pour la stabilité monétaire, étant donnés les délais longs et variables qui caractérisent le fonctionnement de la politique monétaire. Kydland-Prescott (1977) : Une règle contraint et discipline le comportement de la banque centrale, et permet ainsi d éviter le biais inflationniste d une politique monétaire discrétionnaire. 6
7 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 1- en régime discrétionnaire Introduction PLAN 1- La fonction de réaction de la banque centrale en régime discrétionnaire. - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement 3- Biais inflationniste : causes et remèdes 7
8 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 1- en régime discrétionnaire 1.1- Modifications du cadre d analyse : 1 ère modification : anticipations rationnelles endogènes π e formulée par le secteur privé la rationalité implique une forme de «jeu stratégique» entre secteur privé et banque centrale (Barro & Gordon 1983) : - le secteur privé construit ses anticipations et les utilise dans les contrats salariaux, les contrats de vente - PUIS, observant ces anticipations, la banque centrale choisit le niveau de son instrument de politique monétaire - AUPARAVANT, la banque centrale peut essayer d influencer le secteur privé («effets d annonce»). 8
9 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 1- en régime discrétionnaire chronologie des décisions : annonce π a anticipation π e implémentation π temps La banque centrale n est pas «obligée» de mettre en œuvre la politique annoncée régime «discrétionnaire» régime d engagement : la banque centrale doit agir avant le secteur privé (pas d effet d annonce possible) 9
10 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 1- en régime discrétionnaire La courbe de Phillips s écrit : [PC] π = π e + d y + ε N.B. : en moyenne l écart de production est nul : [PC] y = d 1 (π π e + ε ) E[y] = d 1 (E[π π e ] + E[ε ]) = 0 car π e = E[π] et E[ε ] = 0 Avec anticipations rationnelles, la courbe de Phillips est «verticale». 10
11 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 1- en régime discrétionnaire ème modification : cible d écart de production non nulle fonction de perte que la banque centrale doit minimiser : L = (π π 0 ) + λ (y k) k 0 «k» paramètre constant (objectif d écart de production). k > 0 la banque centrale cible un niveau de production supérieur au niveau «potentiel» (équilibre de long terme). Pourquoi? 11
12 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 1- en régime discrétionnaire Pourquoi k>0? Distorsions sur les marchés des biens et du travail (monopoles, taxes ) induisant un niveau de production d équilibre inférieur au niveau efficace. compenser cette différence par la politique monétaire Choc permanent perçu par la Banque Centrale comme temporaire : la situation courante, y=0, est perçue comme résultant d un choc négatif sur le PIB qui doit être stabilisé. la Banque Centrale n a pas le même modèle que le secteur privé (estimation du PIB potentiel) 1
13 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 1- en régime discrétionnaire La courbe de Phillips s écrit : [PC] π = π e + d y + ε Quelle est la «bonne» estimation du PIB potentiel? de y? Le secteur privé pense que la «bonne valeur» du PIB potentiel est Y* économie à l équilibre quand y = 0. La banque centrale pense que la «bonne valeur» du PIB potentiel est Y* + k économie à l équilibre quand y = k. 13
14 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 1- en régime discrétionnaire 1.- Politique optimale : On peut considérer que ε = 0 et que l équilibre initial est tel que : y = 0 et π = π 0 La banque centrale cherche à amener l économie le plus prêt possible du point (k, π 0 ). Au moment de prendre sa décision, les anticipations sont données : cf. chronologie des décisions. 14
15 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 1- en régime discrétionnaire La banque centrale choisit y pour minimiser L = (π π 0 ) + λ (y k) sous les contraintes : [PC] π = π e + d y (avec ε = 0) et π e donné condition de premier ordre : d(π π 0 ) + λ (y k) = 0 λ soit : [RF discr ] π = π0 ( y k) d 15
16 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 1- en régime discrétionnaire En résolvant le système [RF discr ] & [PC] : π = λ λ + d opt inflation optimale : ( e ) 0 π + dk d + λ + d Moyenne pondérée de la cible (π 0 ) et de l inflation permettant d atteindre la cible d écart de production (π e + dk) π écart de production optimal : y opt = λ λ + d k + d λ + d π 0 d π e Moyenne pondérée de la cible (k) et de l écart de production permettant d atteindre la cible d inflation ((π 0 π e )/d) 16
17 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 1- en régime discrétionnaire N.B. : inflation optimale et écart de production optimal dépendent des anticipations (π e ) 1.3- Représentation graphique (à la craie!) 17
18 Chapitre : biais inflationniste - - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement Introduction PLAN 1- La fonction de réaction de la banque centrale en régime discrétionnaire. - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement 3- Biais inflationniste : causes et remèdes 18
19 Chapitre : biais inflationniste - - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement.1- Inflation surprise : Si le secteur privé croit l annonce de la banque centrale : alors π e = π a et [PC] s écrit : π = π a + d y la banque centrale a deux instruments : - l annonce (π a ) - la politique effectivement mise en œuvre (π) pour deux objectifs : y et π. 19
20 Chapitre : biais inflationniste - - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement L = (π π 0 ) + λ (y k) est nulle si : π = π 0 π a est telle que y = k, soit, d après [PC] : π a = π 0 d k < π 0 π a < π 0 l inflation annoncée est inférieure à l inflation mise en œuvre. Si le secteur privé croit l annonce de la banque centrale, alors la banque centrale a intérêt à implémenter une politique plus accommodante (moins rigoureuse) que celle annoncée. «inflation surprise» 0
21 Chapitre : biais inflationniste - - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement Pourquoi? D après [PC] (π = π e + d y), le seul moyen d obtenir y > 0 est de faire en sorte que π > π e. «tromper» les anticipations D où le problème de crédibilité de la politique monétaire en régime discrétionnaire : si l inflation optimale est supérieure à l inflation annoncée, le secteur privé ne croit pas l annonce! N.B. : (i) π e = π a S λd = π 0 π = π0 + k > π a = π 0 λ + d (ii) si k = 0, alors pas de problème de crédibilité! 1
22 Chapitre : biais inflationniste - - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement.- Anticipations rationnelles : Avec des anticipations rationnelles : π e = E[π]. Le secteur privé anticipe que l inflation est déterminée conformément à opt λ ( e ) d π = π + dk + π 0 λ + d λ + d soit : π e = ( ) π λ e d λ e d π + dk + 0 π + dk + λ + d λ + d λ + d λ + d E = ( ) π0 d où (en résolvant ce système de deux équations en π et π e ) : π e =π = π 0 + dk
23 Chapitre : biais inflationniste - - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement Remarque : en termes de théorie des jeux l équilibre à anticipations rationnelles est en quelque sorte l équilibre de Nash du jeu entre la banque centrale, qui décide de π, et le secteur privé, qui décide de π e. «meilleure réponse» de la banque centrale : λ ( e ) d π = π + dk + π 0 λ + d λ + d «meilleure réponse» du secteur privé : π e = E[π] équilibre de Nash = intersection des fonctions de meilleure réponse. 3
24 Chapitre : biais inflationniste - - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement A l équilibre à anticipations rationnelles : l inflation est supérieure à la cible : π A = π 0 + dk «biais inflationniste» de la politique monétaire (dk) l écart de production est nul, conformément à [PC] : y A = 0. avec anticipations rationnelles, la courbe de Phillips est «verticale» : cf
25 Chapitre : biais inflationniste - - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement.3- Engagement : La banque centrale aurait intérêt à pouvoir s engager de façon crédible sur une «règle» qui la contraindrait à atteindre sa cible d inflation. engagement : la banque centrale agit avant le secteur privé π e = π observée y = 0 L = (π π 0 ) + λ k perte minimale pour π = π 0 5
26 Chapitre : biais inflationniste - - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement.4- Récapitulation : (à la craie!) Quatre points remarquables : C cible y C = k π C = π 0 L C = 0 S λk S λd S surprise y = π = π k 0 + L S = λ + d λ + d A anticipations rationnelles y A = 0 π A = π 0 + dk L A = d λk λ + d λ d k E engagement y E = 0 π E = π 0 L E = λ k 6
27 Chapitre : biais inflationniste - - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement Les niveaux de pertes sont ordonnés ainsi : L C < L S < L E < L A «tentation» de recourir à l inflation surprise (L S < L A ) intérêt à engagement sur «règle» contraignante (L E < L A ) 7
28 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 3- causes et remèdes Introduction PLAN 1- La fonction de réaction de la banque centrale en régime discrétionnaire. - Inflation surprise, anticipations rationnelles, engagement 3- Biais inflationniste : causes et remèdes 8
29 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 3- causes et remèdes 3.1- Cause : Cibler y = k > 0 entraîne un biais inflationniste dans la politique monétaire. La banque centrale tente de «tromper» les anticipations pour atteindre y = k. Mais, à l équilibre avec anticipations rationnelles, c est impossible. Il en résulte une inflation excessive le modèle est un modèle positif de l inflation élevée (cf. Barro & Gordon 1983, «A positive theory on monetary policy in a natural rate model», Journal of Political Economy vol. 91, pp ). 9
30 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 3- causes et remèdes 3.- Remèdes : des conclusions normatives ont été tirées (1) Diminuer la priorité accordée à la stabilisation de l écart de production (λ) : Rendre la banque centrale «indépendante» (abriter la politique monétaire de manipulations politiciennes) et nommer un banquier central ayant une aversion forte à l inflation (indépendance des objectifs). Solution du «banquier central conservateur» (Rogoff 1985). Inconvénient : une moindre stabilisation de la production. (arbitrage crédibilité flexibilité) (cf. J-C Trichet, BCE ) 30
31 Chapitre : biais inflationniste de la politique monétaire - 3- causes et remèdes () changer l objectif de la politique monétaire (cibler k = 0) mieux évaluer l écart de production (le PIB potentiel) et mieux communiquer/expliquer l évaluation (transparence) difficulté : le PIB potentiel n est pas mesurable objectivement source de désaccords avec la banque centrale. 31
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