ROLIN Camille 12/03/2011 TECO1. Devoir de Philosophie- Nietzsche

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1 ROLIN Camille 12/03/2011 TECO1 Devoir de Philosophie- Nietzsche Le texte de Nietzsche est un extrait de son livre Le Gai savoir et a moins pour but de dénoncer l'illusion crée par le savoir de la conscience que de montrer l'origine de cette conscience. Le thème abordé est donc la conscience. La thèse défendue par l'auteur est que la conscience n'est pas naturelle à l'homme, elle s'est imposée à lui comme une nécessité pour survivre, il opère ainsi une réfutation de la pensée cartésienne. Il s'oppose ici à la philosophie classique qui voudrait faire de la conscience la manifestation de l'âme et le lieu de la pensée, et affirme la primauté d'un inconscient beaucoup plus riche que la pensée consciente qui arrive à l'homme. La seconde thèse de l'auteur, et beaucoup plus importante consiste à montrer en quoi la conscience est le corollaire du langage. «Nos pensées naissent toutes habillées», en disant cela Wilde montrait l'interdépendance entre conscience et langage, Nietzsche dans son texte nous fait part que c'est par le besoin d'échanger avec autrui, c'est à dire une nécessité sociale, que l'homme s'est vu contraint de développer une conscience (nous entendrons sous ce terme la faculté proprement humaine de pouvoir se représenter à soi-même et au monde). Conscience qui repose inéluctablement sur la langage (c'est en cela que Nietzsche rejoint Wilde) puisque le langage est le moyen d'expression de la pensée. Reste que sa thèse est ambigüe : les hommes communiquent-ils parce qu'ils ont une conscience ou ont-ils une conscience parce qu'ils leur faut communiquer? De même que lorsqu'il fait la critique de cette conscience en nous faisant part de l'existence d'un inconscient, n'est-il pas permis de penser que la valeur de la conscience est basée sur le savoir de cette conscience? Qu'elle place accorder à l'inconscient face à nos pensées conscientes? Nous allons essayer de comprendre la pensée de Nietzsche tout en l'étayant, notre première partie portera sur la définition de la conscience que donne Nietzsche (lignes 1 à 3), puis nous verrons en quoi elle est apparue comme une nécessité sociale (lignes 3 à 9), enfin en quoi la conscience ne représente qu'une infime partie de ce que nous pensons. Nietzsche nous donne dès le départ une définition assez limitée de la conscience, par l'emploi de 'n'être que', il réduit la conscience à n'être qu'un 'réseau de communications entre hommes'. C'est à dire qu'il conçoit la conscience comme un langage et par la lui accorde moins une fonction réflexive qu'expressive. Par le terme de réseau, nous entendrons un ensemble d'entités (ici les hommes) interconnectés les uns aux autres (ici grâce à la conscience). Ainsi Nietzsche explique la conscience comme un lien qui unit les individus, la conscience serait donc constitutive du lien social. En ajoutant que la conscience est ce qui a permis la communication entre les hommes, elle serait donc par essence collective puisqu'elle relie les membres d'une société. Sa thèse s'oppose à la thèse classique qui voudrait définir la conscience comme propre à chaque homme, de façon interne et singulière. La conscience par l'intermédiaire du 'Cogito' s'impose pour Descartes au détour d'une réflexion solitaire,d'un retour à soi, l'homme se retrouve face à lui-même. C'est ce qu'il explique dans ses 'Méditations Métaphysiques', où il semble prendre conscience de son existence alors qu'il apparaît en proie au doute, sa conscience est pour lui un moyen de communiquer mais à travers un monologue. C'est sur ce point que Nietzsche s'oppose à la pensée cartésienne, pour lui la conscience est le produit de la vie en société, elle est donc extérieure à l'individu et sa fonction communicative doit servir l'échange entre les hommes. Là où Descartes définit la conscience comme intrinsèque, propre à chaque homme, Nietzsche lui donne un rôle d'utilité collective, il rejoint par là Husserl qui en définissant l'intentionnalité de la conscience nous fait part d'une projection vers le monde, d'un mouvement de la conscience vers l'extérieur, Nietzsche en utilisant le terme de 'réseau' fait

2 référence à une relation, un lien et de ce fait lui aussi cerne la conscience comme un mouvement extérieur. Nietzsche ne veut pas réduire la conscience à cette expression, mais nous montre plutôt que c'est ce besoin d'échanger qui a fondé la conscience chez l'homme, par là il affirme que la conscience ne sert moins l'individu que l'espèce, lorsqu'il dit que "c'est en cette seule qualité qu'elle a été forcée de se développer", il souhaite montrer que les hommes ont du acquérir une conscience pour communiquer afin d'augmenter leur puissance : tous luttent pour l'existence, or la vie en collectivité augmente leurs chances de survie, l'homme a donc grand intérêt à communiquer avec ses semblables pour exister. Or pour communiquer, il a fallu que l'homme développe une conscience. Il explique la nécessité qu'elle avait de se développer et qu'elle n'a pu le faire que grâce à l'expression de la pensée, car pour Nietzsche la communication doit être entendue comme un langage exprimant une pensée. La conscience apparaît comme le fruit d'une réussite: celle de pouvoir communiquer. Si la conscience a été forcée de se développer, elle n'est donc pas innée, et n'appartient pas à l'instinct. Nietzsche s'oppose ici à Descartes qui la définit comme une connaissance immédiate, une intuition. Il montre ainsi que la conscience n'est pas liée à la nature humaine, n'est pas constitutive de l'essence de l'homme dans ce qu'il a de singulier, elle lui permet d'appartenir au tout qu'est la société grâce à la communication et au lien que cette même conscience permet. La conscience serait donc plutôt le résultat de la culture et n'apparait pas comme propre à la nature de l'homme. L'homme est un animal social (Aristote), et c'est par l'intermédiaire de la conscience que l'échange entre les hommes est possible. La conscience apparaît donc comme une nécessité dans les rapports interhumains et résultat de la coalition des hommes. Après avoir défini la conscience comme une nécessité sociale et la réduisant à sa fonction expressive, Nietzsche nous fait part de la subjectivité qu'elle induit pour nous livrer ensuite que c'est la survie de l'espèce qui a exercé un pouvoir coercitif sur le développement de la conscience (ainsi, la conscience serait par essence collective). Nietzsche nous définit d'abord le contenu de la conscience et détruit dans le même temps le postulat philosophique qui cerne la conscience essentiellement comme une pensée. Nos actions dépassent nos pensées, dans le sens qu'elles nous rendent capables de produire un objet concret. Elles sont directement liées à notre conscience, sans se joindre à Sartre et dire que nous sommes ce que nous faisons, nos actions nous déterminent presque autant que nous les déterminons, et les actes d'un homme pour être raisonnables doivent avant tout être éclairés par la conscience morale afin que leur finalité ne soit pas vaine. Nos pensées déterminent notre singularité, c'est à elle que nous devons nos perceptions et sensations. Et si deux hommes peuvent agir de la même façon, l'analyse de cette action (et la cause qui les a déterminés à agir) par chacun en sera différente car subjective. De même, deux pensées sont toujours plus ou moins nuancées dans leur position. La pensée est ainsi reflet de l'intelligence humaine et édifie l'homme en ce qu'il a d'unique. Du même raisonnement, nos sentiments sont qualificatifs de notre unicité, du fait qu'ils renvoient à des émotions subjectives. Les sentiments apparaissent comme le trait d'union entre le corps et l'esprit, prenons un individu amoureux: clair que son comportement en sera modifié, le sentiment amoureux provoquera en lui un dynamisme et une énergie débordante, son faciès et ses gestes reflèteront directement ses émotions. Enfin, Nietzsche nous fait part de nos mouvements, il fait ici référence au corps car nous les entendrons sous le terme de comportement. Ainsi Nietzsche nous fait part des différents éléments qui constitue l'homme en tant qu'être et qui le distinguent de l'animal. Mais Nietzsche loin de définir l'homme comme un être parfait et supérieur, nous rappelle combien nous ne maitrisons pas cette puissance: 'du moins en partie' montrent que nos pensées,actes,... n'arrivent pas tous à la surface de notre conscience, il introduit là, la notion d'inconscient que l'on retrouve plus tard dans le texte, expliquée plus clairement.

3 Par cette énumération des attributs humains, il rejoint dans une certaine mesure Descartes lorsque celui ci dit 'Je suis une chose qui pense, qui veut, qui sent' mais comme nous l'avons vu plus haut, les pensées nietzschéennes et cartésiennes divergent sur un point important: Descartes pense que la conscience est naturelle à l'homme alors que Nietzsche affirme qu'elle est 'le résultat d'une nécessité de survivre', ce qui l'amènera à la définir comme un besoin. Nietzsche ne nie pas l'existence de la conscience mais il lui donne une source différente, il ne la pense pas vraiment liée à la nature raisonnable de l'homme mais plutôt à la satisfaction du besoin de survivre. Descartes définissait la conscience comme une entité autonome, indépendante du corps, l'exercice du doute montrait que l'esprit se distinguait du corps et que ce dernier apparaissait comme secondaire. Or Nietzsche montre le contraire, la conscience apparaît comme liée aux exigences du corps. Le 'besoin de protection' est directement lié aux dangers qui pouvaient mettre en péril le corps, car pour Nietzsche c'est le corps qui fait de l'homme un être vivant, et le corps toujours qu'il était indispensable de préserver pour survivre. La conscience pour Nietzsche comme il l'écrit dans 'Volonté de puissance' n'est qu'un instrument, qui ne joue qu'un rôle mineur et qui apparaît comme beaucoup moins riche que le corps. La conscience n'est donc pas objet d'une volonté propre mais apparaît comme le seul moyen de survie en société et pour la société. En nous rappelant la condition originelle de l'homme ('le plus menacé des animaux') il nous rappelle par là combien l'homme était vulnérable à l'origine et combien il a du développer une 'conscience' afin d'interagir avec autrui. La conscience apparaît donc comme la condition qui a permis à l'homme, à l'espèce humaine de survivre car elle seule a permis à l'homme de s'affranchir des contraintes naturelles. Puisqu'elle est définie par Nietzsche comme un réseau de communications, c'est donc l'échange (grâce au langage, siège de la puissance expressive) qui a permis aux hommes de s'affranchir d'une 'nécessité qui a longtemps dominé l'homme' (ne le domine t-elle plus?). Il définit donc la conscience comme un processus historique en plus du caractère social qu'elle a et que nous avons expliquer dans une première partie, en insistant sur le fait que la conscience était par essence sociale. Nietzsche rejoint ici Marx lorsque celui ci définit l'homme comme un 'produit social' c'est à dire que la conscience individuelle n'est que le reflet de conditions historiques dans lesquelles l'individu vit (idées, pensées, idéologies viennent d'un conditionnement intellectuel et social). Nietzsche en détruisant la thèse qu'elle est innée, induit que la conscience est le résultat d'acquisitions. Le fait de le qualifier d'animal rappelle à l'homme que c'est par sa seule conscience qu'il se distingue de ceux ci, la conscience apparaît donc comme une puissance qui permet à l'homme d'exprimer sa supériorité. En insistant sur la notion de besoin, il fait référence à la nécessité qu'ont eu les hommes d'acquérir une conscience. Sans la vie en collectivité permise par le lien social crée par la conscience, l'espèce humaine n'aurait pu survivre. L'homme est rendu 'obligé de savoir dire ce besoin, de savoir se rendre intelligible', il définit par la la conscience comme une faculté, puissance qui donne à l'existence humaine une intelligibilité. Nietzsche apparaît contre la vision religieuse, qui accorde à un Dieu la création d'un homme doté de conscience, car il nous dit que la conscience est apparu après comme réponse à un besoin de protection, besoin d'autrui, besoin de communiquer sa pensée. L'homme avait besoin d'être compris, il a donc trouvé dans le langage le moyen d'exprimer sa conscience et ainsi d'extérioriser ce qui le constituait intérieurement. La conscience a permis l'exercice de la parole qui assure le lien entre les hommes. Car ce n'est que par l'échange de signes compris par tous que le secours a pu être apporté, que l'apprentissage a pu être transmis, que la science politique a pu être crée. Nietzsche nous fait part ensuite que sans conscience, aucun savoir n'est possible, aucune expression n'est possible d'où aucune relation n'est possible, c'est à dire que la conscience lie ce qui apparaît individuel (sensations, idées, besoins) à une nécessité collective d'échanger, la conscience permet d'identifier, de formuler ses besoins. L'homme a eu besoin d'acquérir une conscience afin de développer une connaissance de soi, afin de pouvoir se représenter à soi-même en tant qu'être, afin de pouvoir dire 'je'. Nietzsche rejoint Hegel quand celui ci dit que ' l'animal se sent exister, l'homme se sait exister', la conscience permet un savoir de nous-même et apparaît comme la voie d'accès

4 privilégiée à la connaissance. La conscience est la première évidence sur laquelle nous pouvons construire toutes nos connaissances. Parce qu'avant de pouvoir transmettre, échanger, il fallut qu'en premier l'homme sache s'il se sentait bien, s'il voulait manger...mais alors que ce 'savoir de soi' aurait pu rester à l'état d'instinct, le langage a permis de mettre en mots ces pensées et ainsi, plus loin que le simple échange de signes, les hommes ont pu développer une conscience. La question que nous pouvons nous poser repose sur la valeur de ce savoir. N'est il pas qu'illusoire? C'est la question que nous pose finalement Nietzsche, en nous faisant part de l'existence d'un inconscient qui nous déterminerait et sur lequel nous n'aurions aucun contrôle. Nietzsche induit tout d'abord que la pensée n'est pas le propre de l'homme mais de toute créature vivante, en revanche seul l'homme est dans la nécessité d'en formuler une partie pour communiquer/ échanger avec ses semblables. 'L'homme pense constamment', il est vrai qu'à partir du moment où l'homme est dotée d'une conscience, il semble difficile qu'il ne puisse penser à rien ( en mandarin et si le parallèle n'est pas trop osé, la négation du verbe penser n'existe pas, elle porte toujours sur la subordonnée). Car même si nous pouvons avoir du mal à hiérarchiser ce que nous pensons du fait que trop d'éléments perceptifs ou sensitifs nous arrivent, il reste que nous allons enregistrer ces éléments. Mais parfois nous ignorons que nous pensons, enfin nous ne pensons pas que nous pensons car nous avons des automatismes, j'ajouterais heureusement, car si toute information, sentiment, sensation, réflexion, acte s'accompagnait d'une pensée consciente telle que 'je pense que je vais prendre cette fourchette, je pense que je suis devant la télé', beaucoup trop d'hommes se prendraient pour philosophes à penser aussi souvent! Tant qu'il vit, l'homme pense, et bien que certains cas de comas ne permettent pas un accès conscient à la vie, nous savons que l'homme même inconscient continue à penser, imaginer, formuler des désirs. La conscience nous dit Nietzsche, ne saisit pas toute l'activité humaine, il introduit la notion d'inconscient, par là il rejoint Freud sur le fait que seule une partie superficielle de notre pensée nous apparaît (image de l'iceberg : en dessous de l'eau se trouvent nos désirs refoulés,actes manqués,instincts profonds que la conscience ignore...) il y a analogie de leurs raisonnements sur le fait que la conscience serait la partie la plus infime et la moins représentative du moi cependant leurs théories sont bien distinctes et il est impossible de voir un quelconque lien outre celui ci entre les pensées freudiennes et nietzschéennes. Là où le premier fait de l'inconscient le lieu des refoulements, d'actes manqués, le deuxième le considère comme beaucoup plus riche que la conscience, parce qu'il donne moins l'illusion de contrôle. Nietzsche souhaite nous montrer que notre savoir de la conscience est illusoire, il nous offre qu'une connaissance morcelée des mécanismes qui nous gouvernent. L'ignorance qui vient de notre conscience même nous conduit à se croire libre, il nous fait ainsi part du doute quant à la liberté du sujet. La valeur de la conscience n'est pas fiable, il rejoint par là la pensée de Spinoza qui dit que la conscience n'est pas liée à la liberté humaine, elle est le lieu de manifestation des sentiments et des mouvements mais l'homme n'a pas de contrôle. Par exemple, l'homme est conscient qu'il désire mais il ignore qu'elle est la cause de son désir. En se représentant la pensée consciente comme la partie la plus infime et mauvaise, l'homme se rend compte qu'il ne maitrise pas tout ce qu'il pense. C'est pour cela que Nietzsche dévalorise autant la conscience et la définie comme la partie la plus superficielle. La conscience illusionne l'homme en lui donnant un semblant de pouvoir mais il est dans une certaine mesure déterminé par la partie de sa pensée qu'il ne contrôle pas. Pour finir, il reprend la thèse initiale du texte, la pensée se limite à ce que nous pouvons communiquer à autrui : la fin du texte montre que le langage et pensée sont intrinsèquement liées, inséparables. Le développement de la conscience n'a été rendu possible que grâce à l'échange. En ce sens, la conscience semble être tributaire du langage, car elle se limite à ce que nous pouvons communiquer. La conscience est dite locutrice, on entend par la qu'il est impossible d'isoler une pensée pure, et que l'homme a besoin du langage pour exprimer cette même pensée. Le mot permet

5 à la pensée d'exister, la conscience et le langage sont donc fortement interdépendants, et apparaissent tous deux comme les signes distinctifs de l'homme par rapport aux animaux, lui donnant la capacité d'exprimer sa pensée. Le langage est aussi vieux que la conscience, et l apparition du langage au cours de l évolution est à rapprocher de l apparition de la conscience de soi. Nous avons vu en quoi la condition originelle de l'homme a rendu nécessaire la conscience mais ce besoin se fait ressentir aussi à l'échelle humaine, c'est le cas chez l'enfant, le fait de mettre en mots ce dont il a besoin correspond au développement de sa conscience de soi, c'est à l'aide du langage qu'il va définir son 'moi' en tant qu'être et par rapport aux autres. En considérant la conscience comme un simple réseau de communications rendu nécessaire, Nietzsche fait d'elle un simple outil répondant à un besoin vital, il induit donc que la conscience a pour simple but d'identifier ses besoins du corps et de pouvoir les exprimer aux autres. La conscience d'après Nietzsche nous est donc définie comme le reflet pour chacun de son existence collective et repose sur le langage, qui au même titre que la conscience est un assemblage de signes transmissibles. La où la seconde est constituée d'idées, le premier l'est de mots, là où la conscience est censée être morale et raisonnée, le langage n'a pour seule finalité l'échange mais tous deux restent deux éléments constitutifs de la culture humaine.