Risany Kalifa. L Héritage du magicien

Transcription

1 Risany Kalifa L Héritage du magicien 2

2 2

3 Chapitre premier Autour du vieil homme dans son lit de mort, trois hommes tristes, déprimés et avec les yeux embués, s efforcent de consoler en vain leur vieux père, dont la sagesse des années avait endurci spirituellement. C était le «Hakim» Abu-Lokman, magicien du Royaume du Couchant, homme sage et savant, versé dans toutes les sciences, de l astrologie à l algèbre et de la médecine à la magie. Les vertus de sa prouesse et puissance étaient arrivées à leur apogée, jusqu au lointain empire du Levant. Mais maintenant il était là, étendu comme arbre abattu, avec sa barbe blanche que les mains du benjamin, n arrivait pas en la caressant à couvrir ; il parle à voix basse mais ferme à ses enfants : Mes enfants! J ai peu de temps pour vous donner tous les conseils parce que l ange de la mort plane déjà au-dessus de ma tête, en me faisant signe de monter au Royaume du plus «Haut». Les frères sont comme les doigts de la même main, quelque uns se ressemblent un peu et d autres en rien du tout, vous êtes différents mais chacun a une qualité dont les autres manquent ; si comme les doigts, ils unissent leur 2 3

4 prouesses et travaillent ensemble ils peuvent fortifier le corps et l esprit et déplacer des montagnes. Sinon, je crois que votre génération vivra avec le temps de nouvelles expériences ; les années seront vos maîtres conseillers. Je ne suis point le maître de vos destins ; partagez mon héritage mais je vous défends d ouvrir la pièce des trois cadenas, dans laquelle par le passé je me retirais pour prier et méditer. Il prit alors trois clefs et donna une clef à chacun, et continua disant : Que Dieu écarte de vous la tentation, car de ma tombe je vous maudirai si vous le faites. Kassem le fils aîné, était notaire islamique, Karim négociant et le plus jeune Soliman, privé de talents fructueux ; ont bougé la tête tous ensemble en signe d accord ; et attendant plus de conseils d Abu-Lokman, ils ont seulement vu et entendu l exaltation du dernier soupir, de celui qui était pour eux un bon père, et pour le Royaume entier du Couchant, le «Hakim». 42

5 Chapitre deux Abu-Lokman n avait pas une richesse immense, mais ce qu il a laissé à ses enfants pouvait leur proportionner une vie nantie et calme, cependant, ils n ont pas tous bien profité de l héritage ; car si Kassem a continué à prospérer dans son cabinet et Karim augmenta en même temps la valeur de son commerce de soie, Soliman dilapida sa richesse dans les banquets, les boissons et les femmes jusqu à rester en une année, seulement propriétaire de ce qu il portait sur lui, en somme, presque rien. C était alors, que l idée diabolique d ouvrir la pièce condamnée, défendue par leur père, en convoitant ce qui pourrait s y trouver, est venue à l esprit. Il a exposé l idée à ses frères, mais ils lui ont refusé nettement le droit d ouvrir le lieu de méditation de leur père, qu ils ont considéré sacré, ils ont maudit Soliman et l ont expulsé de la maison de famille, en craignant que son audace le force à ouvrir la pièce pendant l absence des deux frères. Soliman qui abandonna la maison, le cœur plein de colère et avec plus d avidité que jamais, est allé a la résidence du juge de la ville, pour dénoncer ses frères. 2 5

6 Le juge l a reçu immédiatement, par respect à feu son père le Hakim, dans sa salle de réception et audience, et avec politesse il lui a demanda la raison de sa visite. Votre honneur, vous êtes le pilier de la justice et je viens seulement pour cette justice dit Soliman Votre honneur, je suis le benjamin de mes frères et ils me nient le droit à l héritage, pour des biens que notre père Dieu bénisse son âme nous a légué à parts égales, et qui sont toujours dans la grande maison familiale, mais mes frères par égoïsme, veulent les garder pour eux seuls a menti Soliman. Mon Fils! Ni Dieu permettra à vos frères de vous déshériter, ni moi non plus. Et ainsi, le vilain Soliman s est représenté chez eux, avec deux «mokhaznís» 1 et l ordre majestueux du juge, pour ouvrir la pièce de méditation interdite par le Hakim. 1 Mokhazni : le plus simple agent du «Makhzen», gouvernement local. 62