Isidore Murhi Mihigo et Banywere Nzigire Renatte. Profil de pauvreté féminine à Bukavu : cas des femmes transporteuses de sable

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1 Isidore Murhi Mihigo et Banywere Nzigire Renatte Profil de pauvreté féminine à Bukavu : cas des femmes transporteuses de sable 2

2 1 Isidore Murhi Mihigo : Assistant-chercheur à la faculté des sciences économiques et de gestion de l Université catholique de Bukavu (UCB), au CIDEP/Bukavu et fondateur du Club Economique du Kivu (CEK). (isimumi2000@gmail.com) 2 Banywere Nzigire Renatte : Licenciée en sciences économiques et de gestion de l Université Catholique de Bukavu. 2

3 Introduction Le phénomène de la pauvreté est un problème de dimension internationale au centre des préoccupations de nombreux pays et organisations au monde. D innombrables analyses, recherches, études, mesures et outils ont été développés pour faciliter son appréhension ainsi que sa compréhension, non seulement en raison de leur pertinence dans le ciblage des populations indigentes mais également dans une perspective plus large de politiques économiques de lutte contre la pauvreté et les inégalités (Dansereau, 2009). La pauvreté et le sous-développement sont deux fléaux aussi vieux que le monde et chaque peuple d une manière ou d une outre, a toujours déployé des efforts pour l enrayer enfin de garantir à tous une vie meilleure. Malheureusement au vingt unième siècle, force est de constater que dans certains continents, plus de 50 % de la population vivent avec moins d un dollars par jour, seuil retenu au niveau international (Saley, 2004). 2 3

4 La Banque Mondiale, (2000) montre qu en Afrique Subsaharienne près de 290 millions des personnes sont touchées par le problème de pauvreté sur un total de 1,2 milliard dans le monde. La réduction de la pauvreté est devenue de nos jours un objectif prioritaire de l ensemble des politiques des pays en développement et qui constitue un de défis de Nations Unies à travers les objectifs du millénaire pour le développement (PNUD, 2007). La pauvreté est ainsi considérée comme un phénomène multidimensionnel (Morrison, 2002 ; PNUD, 2009 ; Moummi, 2010 ; Letablier et al., 2009). La pauvreté est depuis la nuit de temps appréhendée à partir de la dimension pécuniaire. La pauvreté pécuniaire ou l insuffisance de revenu entraine des difficultés pour se nourrir, s habiller, se loger et ce, plus ou moins intensément, selon qu on a éventuellement accès à des ressources naturelles valorisables. Elle est estimée au moyen du seuil de pauvreté. Différentes définitions du seuil de pauvreté existent ; les pays développés utilisent généralement un seuil relatif, alors que dans les pays en développement c est au moyen du seuil absolu (Morrison, 2002). En RDC, la pauvreté est perçue essentiellement par le manque des ressources et de capacités financières et humaines. Ainsi, le taux de pauvreté au niveau national avoisine 70 % de l ensemble des ménages. La répartition spatiale de ce phénomène 24

5 montre que le milieu rural enregistre un taux de pauvreté de 72 % contre 59 % pour le milieu urbain (Moummi, 2010). La province du Sud-Kivu n est pas en marge de cette pauvreté qui touche le pays. Depuis 1994, le Sud-Kivu est en proie à une situation de guerre et des conflits armés. Cette situation a entrainé des conséquences dramatiques dans la vie de la population : des millions des morts, des réfugiés, des déplacés, des infrastructures de base et économiques détruites ou endommagés. Et ceci a conduit à une détérioration des conditions de vie de la population représentant un taux de pauvreté élevé. Désormais, la province du Sud-Kivu est comptée parmi les provinces qui ont une incidence de la pauvreté plus forte que la moyenne nationale de 71,3 % (PNUD, 2009). Le DSCRP de 2011 démontre qu une analyse selon le secteur institutionnel des chefs des ménages de la province révèle que la pauvreté sévit le plus dans la catégorie des ménages dont le chef est inactif, chômeur ou retraité (89,1 %) suivis de ceux dont le chef travaille dans l informel (86,6 %). Il est communément admis que les femmes sont les plus touchées par la crise économique que traversent les pays du Sud ces dernières décennies. Cette crise les plonge dans une pauvreté endémique et de ce fait, elle (avec les enfants) forme la majorité la plus démunie et la plus vulnérable dans le monde représentant 60 % sur un total de 550 millions des pauvres recensés 2 5

6 (OIT, 2004). En RDC on compte près de 44 % des femmes et environ 22 % des enfants n ayant aucun revenu (PNUD, 2009). En effet, nombre rapports sur les conflits en RDC ont montré que la femme Sud-Kivusienne 1 a constitué une victime expiatoire des différentes exactions dues à la guerre, viols, pertes de maris, humiliation de tout genre, perte d activité. Pilier de la structure familiale, moteur du développement, la femme voit ses multiples efforts pour la survie du foyer, réduit au néant. C est ainsi qu elle se retrouve au four et au moulin (activité ménagère, activités génératrices des revenus, procréation, etc.). Dans cette dynamique, les difficultés d accès aux ressources et la négociation des capacités des femmes en tant qu actrice de l économie de la province ont occasionné le déplacement de plusieurs femmes dans le secteur informel, par manque de place dans le secteur formel (Alert International, 2009). Ce problème est accentué par la présence d un taux de chômage élevé, l absence d une allocation au chômage et l analphabétisme des femmes en RD Congo. Le manque d éducation se répercute sur le marché du travail car les femmes sont quasiment absentes dans le secteur formel et représentent la majorité des personnes évoluant dans le secteur informel (PNUD, 2009). Du point de vue 1 Désigne les habitants du Sud-kivu. 26