Les bibliothèques: une tâche publique

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1 Les bibliothèques: une tâche publique Argumentaire pour les autorités, les parlements et les politiques A l ère d Internet, où peut-on encore créer du lien social? Aujourd hui, qu est-ce qui fait l identité d une commune ou d une région? A ces deux questions, on peut répondre: la bibliothèque, lieu de dialogue et de rencontre par excellence. Que coûte une bibliothèque?* Réponse: 14,90 francs par année et par usager ( / personnes 1 ). Une bibliothèque peut donc acheter la moitié d un livre neuf par année et par lecteur! Un prêt revient à 6,80 francs ( / ). D après l expérience acquise jusqu ici, le nombre de prêts devrait augmenter d un tiers, ce qui ramènerait le coût du prêt à moins de 5 francs. * Les chiffres qui suivent sont relatifs à une municipalité prise comme exemple (Gossau) ; ils doivent être adaptés au contexte local. 1 Crédit sollicité à la Municipalité divisé par le nombre moyen de lecteurs en (Gossau ; à adapter) 2 Crédit sollicité à la Municipalité divisé par le nombre moyen de prêts en (Gossau ; à adapter)

2 2 Pourquoi une commune devrait-elle gérer une bibliothèque? Parce que la politique l exige. Gérer et financer une bibliothèque est, si on l envisage comme une tâche publique, une décision éminemment politique. La bibliothèque contribue à l autonomie de la commune comme une piscine de plein air ou une installation sportive. Le fait que Morges, Martigny ou Porrentruy choisisse ou non de proposer moyennant une modeste contribution des livres, des audio-livres, des DVD, des CD et un accès à Internet à ses citoyens en dit long sur sa politique culturelle. Parce que la démocratie le veut. L accès à moindres frais aux documents et à l information est le fondement de ce droit fondamental de l être humain qu est la liberté d expression. La démocratie a besoin d électeurs éclairés, capables de faire des choix en connaissance de cause. Il n y a que les dictateurs pour dire non à l éducation et brûler les livres. Parce que la recherche sur le cerveau le recommande. La lecture et l écriture sont les compétences culturelles les plus élémentaires. Sans lecture, pas de culture. Sans écriture, pas de structure. Or celui qui ne lit pas perd tôt ou tard cette compétence. Nous avons donc besoin de centres d entraînement de la lecture, de centres accueillants et bien équipés. En lisant, on fait travailler ses neurones et, grâce à la recherche sur le cerveau, on sait désormais qu il est possible d apprendre tout au long de la vie et de lutter ce faisant contre les dégénérescences liées au vieillissement.

3 3 Qui a encore besoin d une bibliothèque? Le parti le plus populaire. 44% de la population fréquente une bibliothèque: c est le constat dressé en 2010 par l Office fédéral de la statistique. Aucun parti ne récolte autant de voix! Cela représente 3,5 millions d usagers et 15 millions d entrées par année. Les bibliothèques sont plus fréquentées que les musées, les cinémas, les théâtres et les salles de concert. Les gens les plus qualifiés. L étude de l Office fédéral de la statistique montre que plus le niveau de formation est élevé, plus les personnes sont nombreuses à se rendre dans une bibliothèque. Les bibliothèques contribuent dans une large mesure à la formation et elles ont pour mission de donner à toutes les couches de la population, à toutes les générations la possibilité de se former et les chances qu elles n ont pas pu saisir du temps de leur scolarité. Les personnes les plus faibles. Un quart des habitants de la commune X est né ailleurs qu en Suisse et ne maîtrise pas le français aussi bien que sa langue maternelle. Beaucoup, parmi eux, veulent apprendre notre langue. Pour ce faire, ils ont besoin, primo, de documents dans leur langue et, secundo, de supports dans notre langue. Les bibliothèques contribuent à l intégration des allophones qui souhaitent s engager dans cette voie et qui n ont pas ou que partiellement suivi leur scolarité dans notre pays.

4 4 Que coûte une bibliothèque? Presque rien. Prêter un livre occasionne des frais, mais revient bien moins cher que de l acheter. Le fait que les documents proposés par les bibliothèques soient utilisés par de multiples lecteurs permet de diminuer massivement les coûts moyens. Le gain issu de l utilisation des fonds est difficile à chiffrer. Les usagers des bibliothèques travaillent «gratuitement» dans le sens où ils lisent et se forment. Autant que vous voulez. Les bibliothèques n ont jamais assez de place, jamais assez de documents, jamais assez de personnel. Et leurs heures d ouverture sont toujours insuffisantes! La commune X peut construire la plus grande bibliothèque qu elle veut il arrivera toujours un jour où celle-ci ne suffira plus à répondre aux besoins. Pourquoi? Parce que les bibliothèques offrent, dans notre monde en constante effervescence, un bien devenu très rare: de la tranquillité pour lire et se former. Moins que les réseaux sociaux. Qui dit réseaux sociaux, dit blog, Facebook et Twitter. Jamais ils ne remplaceront ce qui fait la cohésion d une société, à savoir le contact personnel, la rencontre de visu. Pour les communes, les bibliothèques sont un lieu de rencontre où la collectivité peut encore s incarner. Sans collectivité, pas de communauté. Sans communauté, pas de valeur. Et sans valeur, pas de sens.

5 5 En conclusion: Sans la société de la lecture et ses livres, Charles-Ferdinand Ramuz n aurait jamais appris ni à lire ni à écrire. Aujourd hui, l œuvre de cet écrivain suisse fait partie du patrimoine de la littérature mondiale. Sans bibliothèques, la société, l économie et le progrès technique se scléroseraient. Sans livres, la société du savoir n est pas viable. Sans accès aux médias, aux documents, à l information et à la littérature, il n y a pas de démocratie. Voilà pourquoi la bibliothèque du Parlement américain est l une des plus grandes du monde. Logo de la campagne «Initiative Bibliothèques Suisse» une campagne lancée par la CLP, qui exige des bases légales cantonales pour toutes les bibliothèques de Suisse (dessin: Furrer/CLP).