SIMILITUDES DANS LE PLAN



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Transcription:

SIMILITUDES DANS LE PLAN Jean Chanzy Université de Paris-Sud 1 Transformations du plan : Dans tout le chapitre, on désigne par P le plan ( habituel ) «R» en tant qu ensemble de points M dont les coordonnées dans un repère orthonormé O; i, j sont des réels (x; y). Définition 1 : 1. Une Transformation T du plan P est une fonction qui à tout point M du plan P associe un unique point M noté M = T(M), et à tout point N du plan P associe un unique point N tel que T(N) = N,. Une Transformation du plan P est une bijection de P dans lui-même. Propriétés : 1. Une transformation T admet une transformation réciproque notée T 1, définie par : N = T 1 (M) M = T(N), M P,. la composée de deux transformations du plan, T 1 suivie de T, est une transformation du plan, notée T T 1. Attention! : en général, T T 1 T 1 T, 3. la composition des transformations est associative. En effet, si T 1, T et T 3 sont trois transformations du plan, alors (T 1 T ) T 3 = T 1 (T T 3 ). Exemples : 1. Les translations, les homothéties, les rotations et les symétries (axiales et centrale) sont des transformations du plan,. la translation de vecteur u a pour transformation réciproque la translation de vecteur u, 3. l homothétie de centre Ω et de rapport k a pour transformation réciproque l homothétie de même centre et de rapport 1/k, 4. la rotation de centre Ω et d angle θ a pour transformation réciproque la rotation de même centre et d angle θ, 5. les symétries (axiales et centrale) ont elles-mêmes pour transformations réciproques. Université de Paris-Sud,Bâtiment 45;F-91405 Orsay Cedex 1

Définition géométrique d une similitude plane :.1 Triangles semblables : Définition : 1. Deux triangles sont semblables ou ont la même forme si les angles de l un sont respectivement égaux aux angles de l autre,. deux triangles sont semblables ou ont la même forme si les côtés de l un sont respectivement proportionnels aux côtés de l autre.. Similitudes planes : Définition 3 : 1. On appelle similitude plane toute transformation T du plan P qui conserve les rapports des distances, c est-à-dire que pour tous points A, B, C, D( C), d images respectives A, B, C, D ( C ) par T, on a AB CD = A B C D,. une transformation T du plan P est une similitude s il existe un réel k > 0 tel que pour tous points M et N du plan P, d images respectives M et N, on ait M N = kmn. Le réel k est appelé le rapport de la similitude. Définition 4 : On appelle isométrie toute similitude de rapport 1. Propriétés : 1. L image d un triangle par une similitude est un triangle semblable,. la transformation réciproque d une similitude de rapport k est une similitude de rapport 1/k, 3. la composée de deux similitudes de rapports respectifs k 1 et k est une similitude de rapport k 1 k, 4. la composée dans un ordre quelconque d une isométrie et d une homothétie de rapport k est une similitude de rapport k, 5. une similitude conserve les angles géométriques. 6. Effet d une similitude sur les configurations : Toute similitude s de rapport k > 0 : multiplie les distances par k et les aires par k, conserve les angles géométriques, donc le paralléllisme et l orthogonalité, conserve les alignements, les milieux, les intersections, les barycentres, transforme une droite en une droite et un segment en un segment, transforme un cercle de centre I et de rayon R en un cercle de centre I = s(i) et de rayon kr. 3 Classification des similitudes planes : Il existe deux sortes de similitudes : 1. celles qui conservent les angles orientés-ce sont les similitudes directes- en particulier, elles transforment un triangle en un triangle directement semblable, c est-à-dire que les angles du triangle et ceux du triangle-image sont dans le même sens,. celles qui transforment les angles orientés en des angles opposés-ce sont les similitudes indirectes ou similitudes inverses- en particulier, elles transforment un triangle en un triangle inversement semblable, c est-à-dire que les angles du triangle et ceux du triangle-image sont en sens contraire.

Propriété caractéristique des similitudes planes : 1. Une transformation s du plan est une similitude directe si et seulement si son écriture complexe est de la forme s(z) = az + b, où a C, b C, et z est l affixe dans le plan complexe d un point M quelconque du plan, et s(z) celui de l image de M dans la similitude,. une transformation s du plan est une similitude indirecte si et seulement si son écriture complexe est de la forme s(z) = az + b, où a C, b C, et z est l affixe dans le plan complexe d un point M quelconque du plan, et s(z) celui de l image de M dans la similitude. Dans les deux cas, a est appelé le rapport de la similitude. 3.1 Similitudes planes directes : Soit s une similitude plane directe, dont l expression dans le plan complexe (O; u, v) est s(z) = az+b, avec a C et b C. Définition 5 : 1. On appelle rapport de la similitude s le réel strictement positif k = a, et angle de la similitude s le réel θ = Arg(a) [π]. Si A et B sont deux points distincts du plan, d images respectives A et B par s, alors pour tout point M du plan, d image M par s, on a ( AM, A M ) = ( AB, A B ) [π], et l angle ( AB, A B ) est l angle de la similitude s.. Toute similitude plane directe autre que la translation (a 1) admet un unique point fixe Ω appelé centre de la similitude, dont l affixe ω est tel que ω = aω + b, et donc ω = b 1 a. Remarques : 1. Si a = 1, la similitude s est une translation,. si a = 1, la similitude s est une rotation d angle Arg(a) [π], 3. si θ = 0 [π], la similitude s est une homothétie de rapport a R, 4. toute similitude plane directe de rapport 1 est appelée un déplacement. Tout déplacement est soit une translation, soit une rotation, soit l identité. Théorème 1 Toute similitude plane directe s de rapport k et d angle θ est soit une translation, si k = 1 et θ = 0, soit la composée dans n importe quel ordre d une rotation de centre Ω et d angle θ et d une homothétie de même centre Ω et de rapport k. Elle admet une écriture complexe de la forme s(z) = ω + ke ıθ (z ω), ω étant l affixe de Ω. Théorème : Étant donnés quatre points A, B, A et B, tels que A B et A B, il existe une unique similitude directe s transformant A en A et B en B. Elle a pour rapport A B et pour angle AB ( AB, A B ). Démonstration : Si la similitude existe, on peut l exprimer en complexe par s(z) = pz + q. Soient a, b, a et b les affixes respectifs de A, B, A et B. On a a b et a b. Les conditions A = s(a) et B = s(b) se traduisent par le système : { pa + q = a pb + q = b. 3

On en déduit que p = b a b a, q = ab ba, et donc p = b a a b b a = A B AB et arg(p) = ( AB, A B ) [π]. 3. Similitudes planes indirectes : Soit s une similitude plane indirecte, dont l expression dans le plan complexe (O; u, v) est s(z) = az + b, avec a C et b C. Théorème 3 : Étant donné une droite, toute similitude indirecte s est la composée de la symétrie σ d axe et d une similitude directe s 1. Démonstration : Soit σ la symétrie d axe. On pose s 1 = s σ. s 1 est la composée de deux similitudes, donc c est une similitude. Comme s et σ sont des similitudes indirectes, elles transforment les angles orientés en leurs opposés, et s 1 conserve donc les angles orientés. s 1 est donc une similitude directe. Par ailleurs, on a s 1 σ = (s σ) σ = s (σ σ). Or σ σ = Id P, donc s 1 σ = s. Théorème 4 : Toute similitude ayant deux points fixes est soit l identité, soit une symétrie axiale. Démonstration : Soit s une similitude, d expression complexe s(z) = az + b ou s(z) = az + b, a C et b C, ayant deux points fixes I et J( I), d affixes respectifs z I et z J. Si s est une similitude directe, { zi = az I + b z J = az J + b, donc z I z J = a(z I z J ), et comme z I z J, a = 1 et par suite z I = z I + b, donc b = 0. s est donc l identité de P. Si s est une similitude indirecte, d après le théorème 3, s est la composée de la symétrie σ d axe (IJ) et d une similitude directe s 1, donc s = s 1 σ. D où s σ = (s 1 σ) σ = s 1 (σ σ) = s 1. Alors s 1 (I) = (s σ)(i) = s(σ(i)) = s(i) = I et s 1 (J) = (s σ)(j) = s(σ(j)) = s(j) = J. Par suite s 1 est une similitude directe ayant deux points fixes, donc s 1 est l identité du plan. Ainsi s = σ et s est une symétrie axiale. Proposition (admise) : Toute symétrie σ d axe ( ) a pour expression complexe σ(z) = e ıθ z + b, où θ est l angle polaire de ( ) (ou «inclinaison» de ( ) par rapport à l axe des réels, voir figure ci-dessous), et b droite ( ). est l affixe du pied H de la perpendiculaire (D) menée de l origine O du repère sur la 4

y axe des imaginaires ( ) ( ) b H O v u θ axe des réels x (D) 5