Chapitre 3: Les séries de Fourier

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Transcription:

Chapitre 3: Les séries de Fourier 6 février 008 1 La base hilbertienne trigonométrique 1.1 L espace de Hilbert L ([, π]) Soit L ([, π]) l espace des fonctions f : [, π] C mesurables au sens de Lebesgue et telles que (1) f(t) dt < +. C est un espace préhilbertien avec le produit scalaire () < f, g >= 1 π f(t)g(t)dt On montre dans le cours d intégration que l espace vectoriel quotient (3) L ([, π]) = L ([, π]) N est complet pour la norme où N = { f L ([, π]); f = 0 p.p. }, (4) f = < f, f > = ( 1 π 1/ f(t) dt). π Autrement dit L ([, π]) est un espace de Hilbert. En toute rigueur les éléments de L ([, π]) sont des classes d équivalence de fonctions mais on peut les considérer comme des fonctions usuelles (i.e. comme des éléments de L ([, π])) à condition de considérer comme égales des fonctions f et g telles que f = g p.p. Nous ferons cette convention dans la suite. Proposition 1.1 : Les fonctions e n, n Z définies par (5) e n (t) = e int, (t [, π]), constituent un système orthonormal dans L ([, π]). On l appelle le système trigonométrique. Notes du cours sur les espaces de Hilbert de M. L. Gallardo, Licence 3-ième année, Université de Tours, année 006-007. Les démonstrations sont données dans le cours oral. 1

1. La base hilbertienne trigonométrique Théorème 1. : Le système trigonométrique {e n ; n Z} est une base hilbertienne de L ([, π]). Les étapes pour arriver à ce résultat fondamental sont les suivantes. On commence par montrer le lemme : Lemme 1.3 : Si f est une fonction continue sur [, π] telle que pour tout n Z, < f, e n >= 0, alors f 0. La méthode que nous utilisons est assez directe 1. Décrivons la succintement. Il est important de prolonger f en une fonction π-périodique sur R. Par l absurde si f n était pas identiquement nulle, elle serait strictement supérieure à une constante positive sur un intervalle qu on peut toujours supposer (moyennant éventuellement de modifier f par une translation et un changement de signe) être l intervalle ] h, h[. Comme f doit être orthogonale à tout polynôme trigonométrique et en particulier à P n (x) = (1 + cos x cos h) n, et comme lim n P n (x) = + pour x ] h, h[ et lim n P n (x) = 0 pour x ] π, h[ ]h, π[, on arrive facilement à une contradiction mais il faut utiliser le théorème de convergence dominée pour justifier que ( h ) + f(x)p n (x)dx 0 (n + ) et le lemme de Fatou pour voir que h h h f(x)p n (x)dx + (n + ). Une conséquence immédiate est que deux fonctions continues sur [, π] qui ont même coefficients de Fourier, sont égales. La deuxième étape consiste à utiliser la densité de l espace C([, π]) dans L ([, π]). C est un résultat qu on démontre en intégration mais qui n est pas élémentaire. On peut faire autrement : Supposons que f L ([, π]) soit telle que < f, e n >= 0 pour tout n Z. La fonction (6) Φ(x) = x f(t)dt (x [, π]), est continue et on voit facilement en permutant les intégrations que pour tout n 0, on a < Φ, e n >= 0 donc Φ est constante sur [, π]. Il en résulte que pour tous x < y dans [, π], on a (7) y x f(t)dt = 0. Mais un résultat bien connu d intégration implique aussitôt que f = 0 p.p. C est ce qu il fallait démontrer. 1 mais peu utilisée dans les livres, donc nous donnons des détails. Cette méthode due à W.Feller n étant pas classique, mais pourtant très simple, nous donnons les détails.

Corollaire 1.4 : La famille (f n ) n N où f 0 1 et f k (t) = cos kt et f k 1 (t) = sin kt (k N ) est aussi une base hilbertienne de L ([, π]). D après le théorème 3.14 du chapitre, on a donc le corollaire suivant Corollaire 1.5 : Toute fonction f L ([, π]) est somme (au sens de L ) de sa série de Fourier 3. Remarque : Le résultat précédent signifie que la suite des sommes partielles n S n (f) = < f, e k > e k de la série de Fourier convergent vers f quand n, i.e. k= n (8) lim n f n k= n < f, e k > e k = 0. Attention ceci n implique pas que la suite de fonctions (S n (f)) converge vers f au sens usuel (de la convergence simple). Ceci peut arriver dans certains cas que nous examinons dans le paragraphe suivant. Remarque : Maintenant qu on sait que la famille des fonctions (e n ) n Z est une base hilbertienne de L ([, π]) tous les résultats démontrés au chapitre, en particulier au paragraphe 3.4 s appliquent aux séries de Fourier classiques : égalité de Bessel-Parseval etc.... Nous sommes sûr que le lecteur est capable d appliquer ces résultats sans qu il soit nécessaire de les recopier ici. Quelques résultats sur la convergence simple ou uniforme des séries de Fourier.1 Rappels de L sur les séries trigonométriques Définition.1 : On appelle série trigonométrique toute série de la forme (9) c n e int ou [a n cos nt + b n sin nt], où les suites c n (resp. (a n ) et (b n )) sont appelées les coefficients de la série trigonométrique. Exemple : La série de Fourier d une fonction f L ([, π] est une série trigonométrique de la forme (10) c n e int avec c n = 1 f(t)e int dt π (n Z), mais c est aussi une série + [a n cos nt + b n sin nt] avec (11) a 0 = 1 π pour tout n 1. f(t)dt, a n = 1 π f(t) cos nt dt, b n = 1 π 3 sous la forme exponentielles complexe ou sous la forme sinus-cosinus f(t) sin nt dt 3

Proposition. : Si c n e int (resp. c n < + (resp. ( a n + b n ) < + ) la série [a n cos nt + b n sin nt]) est normalement donc uniformément convergente et sa somme est une fonction continue sur R. Proposition.3 (règle d Abel) : Soient (v n ) et (ε n ) deux suites de nombres complexes telles que : 1) il existe C > 0 tel que pour tous n < m N : v n + v n+1 + + v m C. ) la série ε n ε n+1 est convergente. 3) lim n ε n = 0. Alors la série ε n v n est convergente. Exemple : Si (ε n ) est une suite décroissante de nombres positifs et qui tend vers zéro, alors pour tout t kπ, les séries (1) ε n e int, ε n cos nt et ε n sin nt sont convergentes. De plus, en utilisant le critère de Cauchy de convergence uniforme, on montre que : Proposition.4 : Si (ε n ) est une suite décroissante de nombres positifs et qui tend vers zéro, alors les séries trigonométriques (1) sont uniformément convergentes sur tout intervalle de la forme 0 < α t π α < π.. Deux cas très simples de convergence d une série de Fourier Soit f : R C une fonction π périodique. Théorème.5 (cas d une fonction de classe C ) : Si f est de classe C sur R, sa série de Fourier est uniformément convergente sur R et sa somme est égale à f. Théorème.6 : Si f est intégrable sur [, π] et dérivable en un point x 0, alors f(x 0 ) = + < f, e n > e inx 0. Autrement dit, en tout point où elle est dérivable, f est somme de sa série de Fourier. Il existe une preuve très élégante mais peu connue de ce résultat. Nous l indiquons brièvement : Par translation de la variable et addition éventuelle d une constante, on peut se ramener au cas ou f est dérivable en x = 0 et f(0) = 0. Considérons alors la fonction g définie par g(t) = f(t) e it 1. Cette fonction est intégrable 4 sur [, π] et pour tout k Z, on a < f, e k >=< g, e k 1 > < g, e k >. 4 noter qu elle est prolongeable par continuité en t = 0. 4

D où n k= n < f, e k >=< g, e n 1 > < g, e n > 0 si n par le lemme de Riemann-Lebesgue (énoncé ci-dessous). D où k Z < f, e k > e i0 = 0 = f(0), Q.E.D. Lemme.7 (de Riemann-Lebesgue) : Si f est intégrable sur l intervalle compact [a, b], on a (13) lim n + b a f(t)e int dt = 0..3 Le théorème de Dirichlet-Jordan On considère ici une fonction f : R R π périodique et bornée. Le résultat qui suit s applique à la plupart des fonctions usuelles. Il est admis. Théorème.8 : Si f est bornée et monotone par morceaux sur [, π], alors la série de Fourier de f converge simplement en tout point x R et on a (14) < f, e n > e inx = 1 (f(x + 0) + f(x 0)), où f(x + 0) = lim t x x<t f(t) et f(x 0) = lim t x f(t). En particulier en un point x où t<x f est continue, on a + < f, e n > e inx = f(x). Remarque : Ce résultat de Jordan généralise un théorème de Dirichlet vu en L où on suppose que la fonction f est de classe C 1 par morceaux 5. Il est beaucoup plus difficile à démontrer ; c est la raison pour laquelle il est admis 6. 3 Le théorème de Fejer Il existe des fonctions continues π périodiques qui ne sont pas somme de leur série de Fourier. Pour remédier à cet inconvénient, Fejer a eu l idée ingénieuse de considérer les moyennes des n premières sommes partielles de la série de Fourier pour forcer la convergence vers f. Ce résultat a de nombreuses applications. Soit f une fonction π-périodique et continue sur R. Définition 3.1 : Soit N. On appelle n-ième somme de Fejer, la fonction σ n (f) définie pour x R, par (15) σ n (f)(x) = 1 n 1 S k (f)(x), n où S k (f)(x) = k j= k < f, e j > e ijx est la k-ième somme de Fourier de f. k=0 5 Voir le livre de A. Gramain : intégration, Hermann éditeur (p.60). 6 pour une démonstration voir le livre de Valiron : théorie des fonctions, Masson éditeur. 5

Proposition 3. (expression intégrale de σ n (f)) : On a la formule (16) σ n (f) = f(x t)φ n (t)dt, où Φ n est une fonction appelée noyau de Fejer d ordre n, donnée par ( (17) Φ n (t) = 1 ( sin nt )) πn sin t et vérifiant les propriétés suivantes : 1) Φ n est une fonction positive, π-périodique et paire. ) n 1, Φ n(t)dt = 1. 3) ξ > 0, α n (ξ) = ξ Φ n(t)dt = Φ ξ n(t)dt 0 si n +. Théorème 3.3 (Fejer) : Soit f une fonction π-périodique et continue sur R. Alors la suite de fonctions (σ n (f)) converge uniformément vers f sur R quand n + i.e. ( ) (18) lim n sup σ n (f)(x) f(x) x R 3.1 Applications du théorème de Fejer = 0. Une application immédiate du théorème de Fejer est le résultat suivant Théorème 3.4 : Soit f une fonction π-périodique et continue sur R. Si la série de Fourier + < f, e n > e inx de f est convergente en un point x R, alors sa somme est égale à f(x). La démonstration utilise le lemme suivant (exercice de L1) : Lemme 3.5 : Soit (u n ) n N une suite de nombres complexes telle que lim n u n = l C existe. Alors on a aussi (19) lim n u 0 + u 1 + + u n 1 n = l. On peut déduire le théorème de Weierstrass du théorème de Fejer : Théorème 3.6 (de Weierstrass) : Toute fonction f continue sur un intervalle compact [a, b] est limite uniforme sur [a, b] d une suite de polynômes. Le théorème de Fejer permet aussi de donner une autre démonstration du résultat suivant qui implique la totalité du système trigonométrique : Théorème 3.7 : Les polynômes trigonométriques sont denses dans l espace C([, π]) des fonctions continues sur [, π] pour la norme de L ([, π]). Il faut procéder soigneusement pour démontrer ce résultat. On commence par considérer une fonction f C([, π]) telle que f(π) = f(). Alors pour tout ε > 0, il existe une somme de Fejer σ N (f) de f telle que σ N (f) f ε. Pour une fonction f C([, π]) quelconque, on commence par construire une fonction f ε C([, π]) telle que f ε (π) = f ε () et f ε f ε/, puis on prend une somme de Fejer σ N (f ε ) telle que f ε σ N (f ε ) ε/. Alors f σ N (f ε ) ε ; c est le résultat cherché. 6