ÉQUATIONS DE NAVIER-STOKES SUR DES DOMAINES MINCES TRIDIMENSIONNELS ET ESPACES ANISOTROPES. div u(t, ) = 0 pour (t, x) R + Ω,



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Transcription:

ÉQUATIONS DE NAVIER-STOKES SUR DES DOMAINES MINCES TRIDIMENSIONNELS ET ESPACES ANISOTROPES DRAGOŞ IFTIMIE Introduction Les équations de Navier-Stokes sont les suivantes: t u + u u ν u = P pour (t, x) R + Ω, (N-S) div u(t, ) = 0 pour (t, x) R + Ω, u t=0 = u 0 sur Ω. Ici, u(t, ) est un champ de vecteurs sur Ω, u 0 est la donnée initiale P : R + Ω R est la pression. Le domaine Ω sera R d ou bien R ]0, πε[, ou bien le tore avec une minceur ε dans la troisième direction T ε =]0, π[ ]0, π[ ]0, πε[, ε > 0. Le terme de force est supposé nul seulement par souci de simplicité; les théorèmes qu on donne peuvent être énoncés avec un terme de force. L étude mathématique rigoureuse des ces équations a été commencée par Leray [8]. Malheureusement, le problème de savoir si ces équations admtent des solutions globales pour toutes données initiales assez régulières reste non-résolu, sauf pour la dimension où on sait qu il existe une unique solution globale si la donnée initiale est de carré intégrable. Pour les dimensions supérieures ou égales à 3, on connaî t l existence d une solution globale faible non-unique pour des données initiales de carrés intégrables l existence d une solution locale forte unique pour des données initiales assez régulières. Si, en plus de la régularité de la donnée initiale, on prend comme hypothèse la pitesse de celle-ci, alors la solution forte locale est en fait globale le problème est résolu. Dans ce qui suit, on se propose d améliorer cte condition de pitesse ainsi que la régularité de la donnée initiale. Raugel, Sell [], [] ont eu l idée d utiliser les bonnes propriétés du système -dimensionnel pour trouver des bonnes propriétés pour le système 3-dimensionnel. Evidemment, ceci ne suffit pas pour démontrer que le système 3-dimensionnel est bien posé: on trouve seulement que les données initiales peuvent être choisies grandes si on travaille sur un domaine mince. Les résultats de G. Raugel R. Sell sont difficiles à énoncer, donc on donne une approximation seuleument. Ils se plaçent sur un domaine du type ω ]0, ε[, ω étant un domaine régulier de R, ils considèrent plusieurs types de conditions aux limites; leurs meilleurs résultats s énonçent sur le tore de minceur ε T ε ils démontrent qu il existe une unique solution globale si l on suppose que ou Mu 0 H (T ) Cε 5 4 (I M)u0 H (T ε) Cε 5 48 Mu 0 H (T ) Cε 7 3, Mu 3 0 L (T ) Cε

(I M)u 0 H (T ε) Cε 8, où M est la projection sur l espace des fonctions qui ne dépendent pas de la troisième variable Mu 3 0 est la troisième composante de Mu 0. L idée de leur preuve est d améliorer les constantes des inclusions de Sobolev en tenant compte de la minceur du domaine. Le même problème d amelioration des inclusions de Sobolev sera abordé d une autre manière dans ce travail. Au lieu d utiliser des espaces de Sobolev classiques, on préfere introduire des espaces anisotropes afin de particulariser séparer la régularité dans la troisième variable. Ceci nous permtra de calculer de manière optimale les constantes des inclusions de Sobolev en fonction de la minceur en la troisième variable. De plus, on pourra prendre des régularités minimales sur la donnée initiale, à savoir régularité L sur la partie -dimensionnelle Mu régularité H sur le reste (I M)u. Le prix à payer est que la nature des espaces qu on utilise nous contraint à travailler sur des domaines sans frontières qu il faut refaire l existence des solutions dans ces espaces inhabituels. Il se trouve que ces espaces anisotropes ont un intêr même sur des domaines qui ne sont pas minces. Ils permtent de prendre des données initiales avec toute la régularité concentrée sur la troisième variable. Comme il n y a pas de régularité requise (autre que L ) dans les deux premières variables, on est en droit d attendre que nos espaces ne soient pas inclus dans d autres espaces de faible régularité utilisés comme espaces de données initiales pour Navier-Stokes. C est effectivement le cas, comme la proposition le montre. L utilisation des espaces anisotropes impliquera l obtention de l existence l unicité globale des solutions dés que ) (I M)u 0 H (Tε) exp ( Mu0 L (T ) Cν Cν. Cte inégalité peut être interprété de plusieurs manières. Elle est vérifiée si ( ) Mu0 L (I M)u 0 H (T ε) exp (T ) Cνε Cν, ou, si pour tout α 0, Mu 0 L (T ) Cν ( + ) α log ε (I M)u 0 H (T ε) Cνε +α. Enfin, si l on a besoin d un Mu 0 plus grand, il suffit de prendre M 0 aussi grand qu on veut, le désavantage étant que (I M)u 0 doit être supposé exponentiellement pit. Les méthodes de G. Raugel R. Sell consistent à appliquer les projections M I M à l équation à faire des estimations d énergie sur les deux équations obtenues. Ils démontrent d abord que (I M)u devient rapidement pit ensuite ils utilisent ceci pour conclure que la solution existe globalement. Une philosophie différente sera à la base de nos démonstrations: on ne va essentiellement utiliser que l équation sur (I M)u ceci en localisant en fréquence en faisant des estimations d énergie sur ces localisations. L idée de la pitesse de (I M)u n apparaî t donc pas. En plus, on obtient que (I M)u 0 peut

être pris considérablement plus gros que Mu 0, ce qui n est pas vrai pour les résultats de G. Raugel R. Sell. Mentionnons aussi que les techniques de nos preuves sont inspirés des travaux de Chemin [3] Chemin, Lerner [4]. Elles contiennent, en particulier, l idée d intégrer en temps avant de prendre les normes en espace. Enfin, citons les travaux de Temam, Ziane [4], [5], où une grande variété de conditions aux limites des domaines courbes sont considérés.. Etude des espaces anisotropes Dans cte partie on va introduire les epaces anistropes on étudiera leurs propriétés. Afin de se placer dans une situation commune au cas des domaines minces au cas des domaines quelconques (mais sans frontière), on commence par prendre des fonctions périodiques sur [0, π] 3, tout en sachant que ce travail peut être formulé dans R 3, par exemple. Ce sera d ailleurs cte formulation qu on va utiliser au moment des comparaisons avec les autres espaces de faible régularité utilisés dans la théorie des équations de Navier- Stokes. Mentionnons aussi que des théorèmes de produit, mais dans des cas sur-critiques, ont été démontrés par Sablé-Tougeron [3] pour des espaces légéremment modifiés, les espaces de Hörmander. Les applications qu on leur trouvait étaient pour des problèmes de régularité à la frontière. On note par M la projection orthogonale dans L (ainsi que dans tout les epaces de Sobolev) sur les champs de vecteurs qui de dépendent pas de la troisième variable. Cte projection est donnée par On introduit la norme Mu(x, x ) = π u(x) dx 3. π 0 u s,s = ( + n ) s ( + n 3 ) s u n l, l espace normé correspondant H s,s Il est clair que cte espace possède la régularité de Sobolev s dans (x, x ) la régularité de Sobolev s dans la troisième variable x 3. On verra plus tard que l espace H δ, δ, 0 < δ < peut être pris comme espace de données initiales pour Navier-Stokes. Il est très tentant de prendre δ = 0 car alors la régularité en (x, x ) est minimale, c est à dire L. Malheureusement, ceci n est pas possible dans le cadre H s,s, car la régularité dans la troisième variable devient H, donc on est amené à faire des produits de fonctions -dimensionnelles qui sont H. Or, on sait très bien que, en dimension, l espace H n est pas une algèbre. Ceci nous suggère de remplacer la régularité de Sobolev par une autre régularité du même niveau qui a la propriété d être une algèbre. Cte régularité sera celle de Besov B,. Il faut donc construire des epaces avec la régularité H s dans (x, x ) la régularité B t, en x 3. Pour faire ceci, on va utiliser une décomposition dyadique double, c est à dire qu on localise séparément les fréquences 3

(ξ, ξ ) ξ 3. Soit u une fonction périodique avec la série de Fourier Pour q 0 q 0, on définit u(x) = n Z 3 u n exp(in x), u n C. S qu = n Z 3 u n exp(in x)χ( n q ) S q u = n Z 3 u n exp(in x)χ( n 3 q ) q = S q S q, 0 = S 0 q = S q S q, 0 = S 0 S q,q = S qs q q,q = q q S q = S q,q q = S q S q, 0 = S 0, où χ : R R + est une fonction à support dans ], [ égale à près de [0, ]. Avec cte définiton on peut introduire la norme u HB s,s def = qs+q s q,q u L où la norme l, signifie la norme l en q d abord la norme l en q ensuite. L espace correspondant est noté par HB s,s. Remarquons que u s,s qs+q s q,q u L. Un outil important dans l études des espaces H s,s, HB s,s est le lemme de Littlewood- Paley suivant: l, Lemme. Si u est une fonction périodique sur [0, π] 3 telle que l supp û { ξ R 3 ; ξ < λ, ξ 3 < λ }, a b, a b α = (α, α, α 3 ) est un multi-index, alors α u L b,b Cλ α +α +( a b ) λ α 3+( ) a b u L a,a, où la norme L p,q signifie la norme L q en x 3 d abord la norme L p en (x, x ) ensuite. Les résultats de base sur les espaces anisotropes sont les théorèmes de produit. Ils montrent que la perte de régularité se fait séparément sur les variables (x, x ) x 3 cte perte est celle qu on a classiquement en dimension (perte ), respectivement (perte ). Par conséquent, on a une perte globale de 3, c est à dire la perte optimale en dimension 3; ceci impliquera qu on peut prendre la régularité minimale sur w 0, c est à dire 4,

une régularité de niveau. On peut aussi faire le produit de deux fonctions, dont l une est indépendante de la troisième variable. Dans ce cas, le théorème de produit affirme que la perte ne se produit qu en la variable (x, x ), cte perte est celle correspondante à la dimension. En d autres termes, quand on fait le produit d une fonction -dimensionnelle avec une fonction 3-dimensionnelle, la perte est celle de la dimension non pas celle de la dimension 3. Ceci est très important, c est ce qu il va nous permtre de prendre la régularité minimale sur v 0, c est à dire L. Enfin, le théorème des produits sur les espaces HB s,s montre que la propriété d algèbre réquise est vérifiée: on peut faire le produit de deux fonctions HB s, sans perdre de la régularité inutilement. Les théorèmes suivants sont vrais: Théorème. Soient u H s,s, v H t,t s + t > 0. Alors uv H s+t,s +t tels que s <, t <, s + t > 0, s <, t < uv s+t,s +t C u s,s v t,t. Théorème. Soient v H s (T ), w H t,t tels que s <, t <, s + t > 0. Alors vw H s+t,t vw s+t,t C v s w t,t. Théorème 3. Soient u HB s,s, v HB t,t tels que s <, t <, s + t > 0,s, t, s + t > 0. Alors uv HB s+t,s +t uv HB s+t,s +t C u HB s,s v HB t,t. Théorème 4. Soient v H s (T ), w HB t,t tels que s <, t <, s + t > 0. Alors vw HB s+t,t vw HB s+t,t C v s w. HB t,t Idée de la preuve du théorème. La démonstration immites l argument classique dans les epaces de Sobolev mais séparément en les variables (x, x ) x 3. La modalité pratique est l introduction d une décomposition en paraproduit reste analogue à celle de Bony [], mais dans deux directions indépendantes. On rappelle la décomposition de Bony: uv = T (u, v) + R(u, v) + T (u, v), 5

où T (u, v) = S q u q v, q R(u, v) = p u q v, p q T (u, v) = T (v, u). Il est classique que, en dimension d, T : H s H t H s+t d est bien définie continue si s < d. La même chose est vraie pour R si s + t > 0 (voir [], [5]). Ici on utilise l analogue de cte décomposition uv = (T + R + T )(T + R + T ) où le produit est défini comme la somme de 9 termes. Il est facile de donner la définition de chaque terme, on le fait pour T R : T R (u, v) = S p p u p p iv. p,p i= On démontre que chacun des termes est continu de H s,s H t,t à valeurs dans H s+t,s +t sous des hypothèses moins fortes qui se déduisent canoniquement des théorèmes de produit classiques. Pour le terme T R par exemple, il suffit de supposer que s < s + t > 0. La preuve utilise des espaces L p anisotropes le lemme d échantillonage en séparant autant que possible les variables (x, x ) x 3. Enfin, une dernière proposition nous montre comment éviter certains cas critiques au moment des estimations d énergie. Proposition. Il existe une constante C telle que pour tous v H s (T ) w tels que div v = 0, w H t,t, s <, t < s + t > 0 il existe une suite (a q,q ) telle que avec a q,q l =. < q,q (v w) q,q w > Ca q,q q(s+t ) q t v s w t,t q,q w L, Des propositions similaires d évitation de cas critiques sont démontrés dans Chemin [3] Chemin, Lerner [4].. Le cas de l espace entier Le but de section est d exhiber des espaces de données initiales de régularités aussi faibles que possible. Par espace de données initiales on comprend un espace tel qu il existe une unique solution locale pour toute donnée initiale dans c ensemble une unique solution globale pour toute donnée initiale pite dans c espace. Le meilleur résultat dans l échelle des espaces de Sobolev est donné par Fujita,Kato [6]. Ils prouvent qu on peut choisir les données initiales dans H. D autres espaces qui contiennent H ont étés trouvés: Cannone [] Planchon [9] travaillent avec les espaces B + 3 p, p < Kozono, Yamazaki 6 p,

[7] trouvent que les espaces N + 3 p p,q,, q p <, p > 3 suffisent. La norme dans les espaces N + 3 p p,q, est donnée par = u N + 3 p p,q, ( + 3 p )j sup sup R 3 p 3 q j u L q (B(x 0,R)) x 0 R 3 R>0 l, où B(x 0, R) est la boule de centre x 0 rayon R. Il est clair que B + 3 p p, = N + 3 p p,p,. Il est intéressant de remarquer que tous ces espaces sont inclus dans C sont invariants par le changement d échelle qui laisse invariant le système de Navier-Stokes: u(t, x) λu(λt, λ x). Les méthodes employées dans ce travail sont différentes de celles utilisées par M Cannone, F. Planchon, H. Kozono, M. Yamazaki. Ils réduisent tous le problème à une équation intégrale appliquent un théorème de point fixe en prouvant la continuité de l opérateur bilinéaire qui provient du terme non linéaire. Ici, l idée principale consiste à localiser en fréquence, à faire des estimations d énergie sur ces localisations d en déduire une inégalité différentielle qui nous perm de conclure à l aide du lemme de Gronwall. On démontre les théorèmes suivants. Théorème 5. Considérons (N-S) dans R 3. Si 0 < δ < u 0 H δ, δ alors il existe un temps T >0 une unique solution de (N-S) sur [0, T ] qui appartient à L 4 (]0, T [; H + δ, δ ) L (]0, T [; H δ, δ ). De plus, il existe une constante C telle que u 0 δ, δ < Cν implique T =. On a un théorème analogue pour l espace HB 0,. Théorème 6. Considérons (N-S) dans R 3. Si u 0 HB 0, alors il existe un temps T >0 une unique solution de (N-S) sur [0, T ] qui appartient à L 4 (]0, T [; HB, ) L (]0, T [; HB 0, ). De plus, il existe une constante C telle que u 0 HB 0, < Cν implique T =. Il est facile voir que HB 0, C(R x3 ; L (R )). La proposition suivante fait la comparaison entre les théorèmes ci-dessus les résultats déjà connus. ( ) Proposition. i) Si 0 < δ < p > max δ, alors δ H δ, δ B + 3 p p, C. 7

ii)h 0, C. iii)si q p < 3q, p > 3, alors HB0, N 3 p p,q, donc HB 0, iv)hb 0, C. B + 3 p p, p <. La propriété i) montre les solutions du théorème 5 ont déjè été construites par Cannone [], Planchon [9] Kozono, Yamazaki [7]. Le point ii) montre que l espace H 0, est très intéressant comme espace de données initiales, mais on ne peut pas l inclure dans nos résultats. Enfin, la propriété iii) dit que l espace HB 0, n est inclus dans aucun des espaces de Kozono, Yamazaki au moins pour certains p q. L auteur ne sait pas si ceci reste vrai dans les autres cas. 3. Le cas périodique sans hypothèse de minceur Le but de cte partie est de montrer que si l on prend une pite perturbation d une donnée initiale -dimensionnelle de carré intégrable, alors on obtient une donnée initiale qui génère une unique solution globale. On donne aussi une estimation de la taille de l erreur. Il est clair maintenant pourquoi on a besoin d équations périodiques; autrement une fonction -dimensionnelle de carré intégrable n est pas de carré intégrable en tant que fonction 3- dimensionnelle, constante dans la troisième variable. Des résultats de stabilité ont déjà été démontrés par Ponce, Racke, Sideris,Titi [0] mais la norme de la perturbation n est pas estimée la partie -dimensionnelle est prise dans H L non pas dans L, l hypothèse optimale. La raison de cte perte de regularité est que les espaces de Sobolev usuels ne sont pas bien adaptés pour faire le produit d une fonction -dimensionnelle avec une fonction 3-dimensionnelle. Cte difficulté est évitée ici en utilisant les espaces anisotropes. Ces espaces sont en même temps plus grands que les espaces de Sobolev usuels, donc on obtient aussi des théorèmes plus généraux. Considérons une donnée initiale u 0 qui s écrit comme la somme d une fonction -dimensionnelle v 0 d un reste w 0. On écrit le système de Navier-Stokes comme deux systèmes couplés; le système de Navier-Stokes -dimensionnel avec donnée initiale v 0 le système sur w qui se déduit. () () t v + v v ν v = p div v(t, ) = 0 v t=0 = v 0 t w + w w + w v + v w ν w = p div w(t, ) = 0 w t=0 = w 0. Comme v est -dimensionnel comme les estimations d énérgie usuelles suffisent pour assurer l unicité des solutions -dimensionnelles, il s ensuit que l équation sur v n est pas importante. Donc seule l équation sur w compte vraiment. C est sur cte équation qu on va appliquer les méthodes développées dans le cas de l espace entier. On montre le théorème suivant. 8

Théorème 7. Il existe une constante C = C(δ) telle que si la donnée initiale se décompose u 0 = v 0 + w 0, où v 0 w 0 sont de moyenne divergence nulle, v 0 L (T ), w 0 H δ, δ (3) w 0 δ, δ exp ( v 0 L Cν ) < Cν, alors le système (N-S) adm une unique solution globale avec w dans L 4 (]0, [; H + δ, δ ) L (]0, [; H δ, δ ), où v, w sont les solutions des systèmes couplés () (). De plus, si on rénonçe à la condition de pitesse, on obtient alors une solution locale avec les mêmes propriétés. Un théorème analogue est vrai dans le cadre des espaces HB s,s, c est à dire si l on prend v 0 de carré intégrable w 0 HB 0,. Esquisse de la preuve. Dans ce qui suit on donne une idée de la preuve on montre comment la condition de pitesse (3) apparaî t naturellement. En appliquant q,q à l équation de w en multipliant par q,q w on obtient d dt q,q w L + ν q,q w L C q,q (I M)(w w) q,q w + C q,q (v w) q,q w + C q,q (w v) q,q w. En sommant sur q, q, en utilisant la caractérisation des espaces H s,s dyadiques, les théorèmes de produits ainsi que la proposition on trouve d dt w δ, δ+ν w δ, δ C v w δ, δ w δ, δ + C w δ, δ w δ, δ C ν v w δ, δ + C w δ, δ w δ, δ + ν w δ, δ. On en déduit d dt w + 3ν δ, δ w C δ, δ ν v w + C w δ, δ δ, δ w δ, δ. Supposons que w δ, δ ν C. Ceci entraî ne d où, par Gronwall, d dt w δ, δ + ν w δ, δ C ν v w δ, δ, w(t) δ, δ w 0 δ, δ exp ( t 9 0 C ) ν v(τ) dτ. par couronnes

Or, les estimations d énergie classiques montrent que ce qui conduit à t 0 v(τ) dτ C ν v 0 L, w(t) δ, δ w 0 δ, δ exp ( C ν v 0 L ). Par conséquent, si le terme de droite est assez pit, on peut en déduire que w 0 reste pit en norme H δ, δ pour tout temps. D où l existence globale de la solution forte. 4. Le cas du tore mince Le but de cte section est de faire l étude asymptotique des équations de Navier-Stokes sur T ε = [0, π] [0, π] [0, πε] quand ε 0. Par étude asymptotique on comprend la démonstration de l existence de l unicité globale des solutions pour des données initiales dans des ensembles optimaux, dont les diamètres devraient converger vers l infini quand l épaisseur converge vers 0. Pour faire ceci, il est naturel de travailler dans des espaces où la troisième variable est distinguée. Il apparaî t que les espaces anisotropes introduits sont de nouveau bien-adaptés. Afin d avoir une dépendance optimale de ε des normes de w, il faut avoir de l homogèneité dans la troisième direction, à savoir Mw = 0. Or, si ceci est vrai à l instant initial, rien ne dit que ça reste vrai pour tout temps dans le cadre des systèmes (), (). C est pour cte raison qu il faut les remplacer par d autres systèmes couplés. Ils s obtiennent en notant v = Mu, w = (I M)u en appliquant les projections M I M à l équation vérifiée par u. t v + v v + M(w w) ν v = p div v = 0 v t=0 = v 0 (= Mu 0 ) t w + v w + w v + (I M)(w w) ν w = p div w = 0 w t=0 = w 0 (= Mw 0 ). Afin d avoir une dépendance optimale de ε, il faut travailler avec des normes homogènes. Il faut tout redéfinir canoniquement, afin d obtenir des espaces naturels. Dorénavant, toutes les constantes sont supposées indépendantes de ε. Pour une fonction périodique u qui s écrit sous la forme ( u(x) = ε u n exp i(n x + n x + n ) 3 ε x 3), n Z 3 0

on redéfinit u s,s = u n ( + n ) s ( n 3 Mu(x, x ) = u(x) dx 3, πε 0 ( q,q u(x) = ε u n exp i(n x + n x + n ) 3 ε x 3) n Z 3 ε )s, l πε φ( n q )φ( n 3 ε q ), avec φ une fonction appropriée. La norme homogène s,s s applique à des fonctions homogènes dans la troisième variable (Mu = 0) est équivalente à la norme s,s. Théorème 8. Considérons les équations de Navier-Stokes sur le tore T ε 0 < δ. Il existe une constante C = C(δ) indépendante de ε telle que si l on considère une donnée initiale u 0 de moyenne divergence nulle, v 0 = Mu 0 L (T ), w 0 = (I M)u 0 H δ, δ ( ) v0 L w 0 δ, δ exp (T ) < Cν, Cν alors les équations de Navier-Stokes ont une unique solution globale avec w = (I M)u appartenant à l espace L 4 (]0, [; H +δ, δ ) L (]0, [; H δ, δ ). Un théorème analogue est vrai avec v 0 de carré intégrable w 0 HB 0,. Idée de la preuve. La remarque essentielle est que les constantes des théorèmes de produits écrites en normes homogènes ne dépendent pas de ε. Comme les preuves qu on donne reposent sur ces théorèmes de produit, il s ensuit que la constante qui sort à la fin est indépendante de ε. C est exactement l énoncé du théorème. Montrons que la constante du théorème ne dépend pas de ε. Soit u ε (x, x, x 3 ) = εu(x, x, εx 3 ). Calculons la norme s,s de u en fonction de la norme s,s (pour ε = ) de u ε. On a u s,s = u n ( + n ) s ( n 3 ε )s = ε s u n ( + n ) s n s l 3 = ε s u ε s,s. l Avec ces remarques, le théorème écrit en norme homogène pour ε = implique trivialement celui pour ε arbitraire. En eff, uv s+t,s +t = ε s t (uv) ε s+t,s +t = ε s t u ε v ε s+t,s +t u s,s v t,t = ε s ε t u ε s,s v ε t,t. D où le résultat. Un corollaire immédiat dit

Corollaire. Il existe une constante C > 0 indépendante de ε telle que si ) w 0 H (Tε) exp ( v0 L (T ) Cν < Cν, alors les équations de Navier-Stokes admtent une unique solution globale avec donnée initiale u 0. Preuve. Il résulte immédiatement de la remarque H H δ, δ. Références [] J.-M. Bony, Calcul symbolique propagation des singularités pour les équations aux dérivées partielles non linéaires, Annales de l École Normale Supérieure, 4, 98, pp. 09-46. [] M. Cannone, Ondeltes, Paraproduits Navier-Stokes, Diderot éditeur, Arts Sciences, 995. [3] J.-Y. Chemin, Remarques sur l existence globale pour le systeme de Navier-Stokes Incompressible, SIAM J. Math. Anal. 3, No., pp. 0-8, 99. [4] J.-Y. Chemin N. Lerner, Flot de champs de vecteurs non-lipschitziens équations de Navier-Stokes, Journal of Differential Equations,, 995, pages 34 38. [5] J.-Y. Chemin, Fluides parfaits incompressibles, Astérisque, 30, 995. [6] H. Fujita T. Kato, On the Navier-Stokes initial value problem I, Archiv for Rationnal Mechanic Analysis, 6, 964, pp. 69-35. [7] H. Kozono M. Yamazaki, Semilinear heat equations and the Navier-Stokes equation with distributions in new function spaces as initial data, Comm. in Partial Differential Equations, 9, 994, pp. 959-04. [8] J. Leray, Sur le mouvement d un liquide visqueux remplissant l espace, Acta Mathematica, 63, 934, pages 93-48. [9] F. Planchon, Global strong solutions in Sobolev or Lebesgue spaces to the incompressible Navier-Stokes equations in R 3, Ann. Inst. Henri Poincare, Anal. Non Lineaire, 3, Nr. 3, 996, pp. 39-336. [0] G. Ponce, R. Racke, T.C. Sideris E.S. Titi, Global stability of large solutions to the 3D Navier-Stokes equations, Comm. in Mathematical Physics, 59, 994, pages 39-34. [] G. Raugel G. R. Sell, Navier-Stokes equations on thin 3D domains. I: Global attractors and global regularity of solutions, Journal of the A.M.S., 6,993, pages 503-568. [] G. Raugel G. R. Sell, Navier-Stokes equations on thin 3D domains. II: Global regularity of spatially periodic solutions, Pitman Res. Notes Math., 99, 994, pages 05-47. [3] M. Sablé-Tougeron, Régularité microlocale pour des problèmes aux limites non linéaires, Ann. Inst. Fourier, Grenoble, 36,, 986, pp. 39-8. [4] R. Temam M Ziane, Navier-Stokes equations in three-dimensional thin domains with various boundary conditions, Adv. Diff. Eqns., 4, 4, 996, pp. 499-546. [5] R. Temam M Ziane, Navier-Stokes equations in thin spherical domains, Contemporary Mathematics, 09, 997, pp. 8-34. IRMAR, Université de Rennes, Campus de Beaulieu, 3504 Rennes Cedex.