Commission spéciale de prévention
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- Martin Lacroix
- il y a 8 ans
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1 Commission spéciale de prévention La prévention des risques professionnels peut-elle être proposée d une certaine façon comme un modèle pour la prévention en santé publique? France
2 La prévention des risques professionnels peut-elle être proposée d une certaine façon comme un modèle pour la prévention en santé publique? Directeur général Institut national de recherche et de sécurité (INRS) France Quelques réflexions Au niveau national comme au niveau international, la prévention des risques professionnels composée essentiellement de médecins du travail, de techniciens et d équipes pluridisciplinaires, constitue une des pierres angulaires de la politique sociale. Toutefois, on constate qu elle fait l objet de conceptions différentes (aussi bien dans son contenu que dans ses modalités d application) dans les diverses branches de l assurance sociale auxquelles elle contribue. Pour améliorer encore l efficacité des systèmes de protection sociale, on peut légitimement se demander si l expérience acquise dans certains domaines peut être mise à profit dans les autres. Les modèles d organisation de la prévention des risques professionnels sont-ils transposables en santé publique? Les modalités et démarches de la prévention des risques professionnels sont-elles toutes, ou en partie, transférables ou transposables à d autres domaines? Le problème se pose de savoir ce que pourraient apporter les modèles d organisation de la prévention des risques professionnels à la prévention en santé publique. En effet, ces deux domaines ont à relever des défis semblables, celui de l évaluation des risques, notamment, qui doit être un préalable à toute mesure de prévention, mais aussi à la définition d une stratégie sociale de préservation de la santé et de l intégrité physique et psychique de l être humain, quelle que soit l origine des risques pour la santé. Comme dans le domaine professionnel, les stratégies de prévention des autres domaines devraient prendre en considération, systématiquement, et en parallèle, les trois aspects technique, comportemental et organisationnel. L acquis en matière de formation à la prévention des risques professionnels montre que l adulte oppose des habitudes de comportement face aux risques. La formation précoce à la prévention
3 2 (dès l enfance ou l adolescence, en milieu scolaire, comme par exemple l information sur l hygiène bucco-dentaire, sur les risques du tabac, la prévention du SIDA, etc.), peut-être efficace ultérieurement et contribuer à une évolution des comportements. En matière de risques professionnels, c est la démarche qui a été adoptée en France, à savoir l intégration de leur connaissance et de leur prévention dans les programmes de l enseignement technique faisant l objet d un accord cadre entre la Caisse nationale de l assurance maladie et l éducation nationale. Les offreurs de soins sont-ils organisés pour faire de la prévention en santé publique? Le peuvent-ils? Rappelons tout d abord que prévenir doit répondre à des préoccupations sociales, éthiques mais aussi à des considérations économiques. Il s agit, grâce à une bonne prévention, de tendre à réduire souffrances humaines et pertes financières dues aux accidents et maladies. Il faut ensuite s interroger sur la place de la prévention en santé publique. Pour être efficace et la plus large possible, elle doit se situer dans le cadre des politiques de santé publique définies par les décisionnaires politiques (ministères chargés de la santé, qui peuvent s appuyer sur des agences spécialisées en sécurité alimentaire, promotion de la santé, etc.). Cette politique peut se fonder sur des données statistiques de mortalité et de morbidité, de conduites à risques, d habitudes hygiéno-diététiques, etc., mais aussi sur des constats de demande sociale accrue en matière de santé, relayée par les médias. Elle peut ainsi définir des critères pour fixer des priorités nationales. Les déclinaisons de ces choix en matière de prévention peuvent être diverses (campagnes médiatiques de sensibilisation ou d information, dépistages ciblés, vaccinations de certaines populations, etc.). Mais les offreurs de soins (médicaux et paramédicaux) qui relèvent bien souvent de la branche Maladie de l assurance sociale, et dont la vocation première est de réparer les dommages causés à la santé, sont-ils organisés, formés, soumis à obligation pour relayer activement ces différentes formes d action de prévention et/ou s y impliquer? En ont-ils le temps lors de leur pratique quotidienne, en ont-ils les moyens? Leur mode de rémunération, souvent centré sur les actes et la prescription, est-il favorable à leur implication dans ces actions? Les données et expériences acquises dans le domaine de la prévention des risques professionnels sont-elles transférables, ou suffisamment transférées, dans le domaine de la santé publique? Les risques hors travail sont considérables, qualitativement et quantitativement (circulation routière, activités de loisirs, sports, activités domestiques de bricolage et de manipulation de produits dangereux, habitudes alimentaires et alcoolo-tabagiques (AT), etc.), et l interaction entre la vie professionnelle et d autres activités de l homme, ainsi qu avec la protection de l environnement, va croissante.
4 3 En ce qui concerne certaines maladies, les connaissances acquises relatives à la causalité multifactorielle dans le contexte professionnel peuvent être utilisées pour orienter des actions de prévention en santé publique. Citons quelques exemples de pratiques de prévention transférables du milieu professionnel au milieu extra-professionnel: information sur les accidents de circulation en mission sensibilisation aux accidents de la route hors mission, notamment des jeunes de moins de 25 ans; études/recherches sur les effets des champs et ondes électromagnétiques information sur un usage raisonnable du téléphone portable ou usage proscrit aux porteurs de stimulateurs cardiaques; démarches d évaluation des risques dans le secteur agro-alimentaire information du public, traçabilité pour éviter des maladies mais aussi pour calmer des angoisses relatives aux risques induits par l alimentation; dispositifs de formation pour les commerces de bricolage qui présentent un taux d AT relativement élevé consignes aux bricoleurs du dimanche pour éviter des accidents ou des intoxications; éducation aux comportements posturaux et gestuels les plus sûrs; ergonomie des postes de travail étude de produits ergonomiques dans le cadre d une utilisation domestique ou scolaire; conception de locaux de travail formation des architectes pour concevoir des locaux d habitation sans nuisances etc. Faut-il intégrer les offreurs de soins à une politique de santé publique qui s appuierait davantage sur la prévention? Le suivi par un même médecin, qui connaît les habitudes et l environnement de vie de ses patients, peut être un facteur favorable d amélioration de la santé. Encore faudrait-il lui donner plus de temps pour dialoguer avec les patients, recueillir les éléments indispensables à une évaluation des risques et lui apporter les informations nécessaires, dans un système de soins qui de par son mode de financement, peut conduire à l inflation des actes et des prescriptions (on parle du coût de la maladie, et non de celui de la santé). Est-ce qu en prenant exemple sur le modèle de l assurance accidents du travail-maladies professionnelles et de la protection de la santé au travail, une meilleure prévention de la santé, au sens large de santé publique, peut-être organisée? Tout en préservant les spécificités des approches santé au travail et santé publique, les stratégies des différentes branches de l assurance sociale pourraient alors bénéficier d une certaine synergie.
5 4 Est-ce que, dans une logique d assureur, un plus grand investissement de la branche Maladie de la sécurité sociale dans la prévention, en y associant les offreurs de soins, induirait des baisses de coûts? Ces offreurs de soins doivent-ils être et sont-ils formés pour être le vecteur essentiel de cette prévention? Et sinon qui pourrait en être le protagoniste?
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