Le continent africain face au développement et à la mondialisation

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1 Le continent africain face au développement et à la mondialisation Riche en ressources et étendu, le continent Africain est pourtant le plus pauvre de la planète. Cependant, depuis une quinzaine d'années, on y observe un développement et une ouverture au monde, encore fragiles et inégaux. Quels sont les défis que le continent africain doit surmonter pour se développer? Dans une première partie nous verrons quelles sont les difficultés auxquelles se heurte le continent, puis dans une deuxième partie, nous montreront les dynamiques qui lui permettent de se développer et de s'insérer dans la mondialisation. Enfin, nous montrerons dans une troisième partie quels défis l'afrique doit encore relever. I. Un continent à l écart du développement et du monde? A. Des indicateurs économiques et environnementaux défavorables Faible poids dans les échanges internationaux (3 % du commerce mondial, PIB continental proche de celui de l'espagne) Le poids de la dette (40 % du PIB moyen absorbé par son remboursement) Une économie de rente prédatrice : faiblesse de l'entreprenariat ; économie marquée par le népotisme de l'etat post-colonial ; gestion prédatrice des ressources (déforestation, marées noires dans le delta du Niger). Des représentations marquées par l'afro-pessimisme lié au souvenir des décennies difficiles des années 80 et 90 (corruption, famine, dictatures). B. Indicateurs de développement humain : Cf carte IDH : IDH continental faible, sauf quelques exceptions comme Libye et Ile Maurice. Problèmes sanitaires : SIDA (25 millions de porteurs du virus sur 34 vivent en Afrique), surtout en Afrique subsaharienne ; mortalité infantile (90 au Niger, 2 à Singapour) ; maladies liées à l'eau et aux parasites comme le paludisme (1M de cas mortels/an sur 250M de malades) ; pénuries de médecins (plus de médecins ghanéens au USA et en Grande Bretagne qu'au Ghana). Insécurité alimentaire en Afrique subsaharienne. C. Déplacements de population, conflits locaux et mauvaise gouvernance 40M de migrants africains, mais 80 % en Afrique. 1 % des personnes nées en Afrique subaharienne vivent dans un pays de l'ocde (contre 3 % des nord-africains, 12 % des centre-américains). Pourquoi? Les conflits ; les crises alimentaires provoquent des vagues de réfigués => 13 millions de réfugiés sur 1md d'habitants, soit plus de 1 % de la pop. Déplacements essentiellement vers les régions dynamiques du continent, flux régionaux : Afrique de l'ouest => Gabon, Nigeria ; Afrique Australe => Afrique du Sud.

2 Etats post-coloniaux marqués par la corruption, le népotisme ; les élites africaines détiendraient à l extérieur environ 700 milliards de dollars soit l équivalent de 50 à 75 % du PIB de tout le continent. Nouvelles rentes : narcotrafic, land-grabbing (vente de terres arabes aux FTN), déchets II. De nouvelles perspectives pour l Afrique? A. Un ensemble hétérogène et dynamique à toutes les échelles : Schématiquement, des situations régionales contrastées : Afrique du nord : 20% de la pop et 30% du PIB du continent Afrique australe : 13% de la pop et 30% du PIB du continent Afrique subsaharienne : 67% de la pop et 30% du PIB du continent AFRIQUE DU NORD AFRIQUE SUBSAHARIENNE A l échelle étatique : Afrique du sud : 23% du PIB continental Nigéria, Egypte, Algérie : 10% du PIB continental chacun Libye, Maroc, Angola, Soudan, Ethiopie : 5% du PIB continental chacun AFRIQUE AUSTRALE Vers le développement et la démocratie? Des Etats dont la situation s'améliore : Ghana (devenu récemment pays à revenu intermédiaire), Liberia, Botswana, qui ont de surcroît fait de grands progrès dans la lutte contre la corruption éveil des revendications politique et démocratique (Sénégal) ; apaisement des conflits régionaux avec par ex Soudan et accords de Nairobi (2005). Plusieurs trajectoires : Avant-garde du développement : Botswana, Ghana, Burkina Faso, Mozambique, Tanzanie, Ethiopie Pays rentiers avec des Etats prédateurs (ressources qui profitent au président et à ses proches) : Angola, Soudan, Gabon Afrique fragile avec des Etats mal gérés (Zimbabwe, RDC, Tchad) ou inexistants (Somalie) B. La démographie : atout ou fardeau? Afrique occidentale 5,8 5,5 Afrique orientale 5,7 5,3 Afrique centrale 6,6 5,7 Croissance démographique soutenue : une Afrique à 2 milliards d'habitants en 2050 et 3,6 en 2100? 50 % de moins de 15 ans en Lent mais constant recul du nombre d enfants par femme, difficulté principale étant accès matériel à la contraception, plus que conceptions culturelles ou religieuses. Pour certains démographes, dynamiques démographiques = source d'avantages :

3 «pression créatrice» en stimulant l intensification des techniques agraires (ex du processus de reverdissement du Burkina Faso et au Niger alors que on associe ces pays à l avancée inexorable du désert.). marchés intérieurs potentiels pour l'avenir, stimulant construction d'infrastructures et échanges. C. Nouvelles formes de décollage. Croissance moyenne = 5 %/an. Afrique contribue à 2,5 % de la croissance mondiale depuis 2000 (Chine 20%). Comment expliquer cette forte croissance? Facteurs internes : Emergence de couches modestes mais solvables et consommatrices => développement du marché intérieur. Dynamisme des marges et espaces frontaliers (différentiel de réglementation et de monnaie L économie informelle, un composante non négligeable du développement : Ces activités se sont surtout développés en milieu urbain (quartiers administratifs, quartiers des gares, carrefours...). Assure des services (transports, branchements électriques...) et des commerces de proximité. Relance progressive des politiques publiques Une économie plus diversifiée : Part des différents secteurs économiques dans le PIB africain 45% 14% secteur des services secteur industriel secteur primaire (dont industries extractives) 41% Facteurs externes : Hausse du prix des matières premières exportées (en valeur, le pétrole représente 58 % des exportations) IDE des BRICS (projets d infrastructures) et IDE des PDEM (exploitation des ressources et hydrocarbures). transferts migratoires via les remises (qui représentent 11 % du PIB malien) Ghana, Nigéria, Mali, Sénégal, Cap Vert sont les principaux pourvoyeurs de l émigration vers l Europe. La région de Kayes au Mali est celle de 80% de la diaspora malienne en Europe. ; les remises représentent environ 1/3 des revenus pour le Mali. Mais risque d une fuite des élites dramatique pour l Afrique ; on estime à plus de cadres perdus chaque année pour l Afrique.

4 III. Mais des défis à relever A. Croissance démographique et croissance urbaine 1. Faire face à la croissance démographique la plus forte de la planète : La population du continent a été multipliée par 7 depuis 1900 ; x par 3 entre 1960 et Avec une croissance moyenne de 2,5% par an, la population devrait doubler d ici 25 ans pour ne se stabiliser qu'en 2100 au rythme actuel. En 2050, l'afrique comptera quelques-unes des gandes puissances démographiques de la planète : Nigéria (320M hab), Ethiopie (175M), RDC (165M). Une transition démographique en cours : stabilisation du % de -15 ans sauf pour 4 pays (Sierra Léone, Niger, Ouganda et Guinée Conakry) ; la fécondité au Maghreb a fortement diminué en se situant autour de 1,8 en Tunisie. Mais avec près de 50 % de pop de moins de 15 ans, forte intertie qui entretient la croissance démographique. => une population à nourrir, loger, soigner, former, employer Maitriser la croissance urbaine : Une croissance rapide et massive : taux d'urbanisation : 40 % (415M d'urbains), très variable selon les régions d'afrique. En 2050 : 60 % de population urbaine (1,2Md d'urbains). 47 villes dépassent le million d habitants, dont Le Caire Lagos > à 15 m d hab, Kinshasa autour de 8 m. dynamisme des villes ; classes moyennes émergentes et petite élite qui affiche une boulimie de consommation de produits de luxe importés et ne participent que faiblement aux investissements faute d une épargne suffisante. A l'opposé, le citadin urbain consacre 60 à 70% de son budget pour se nourrir. B. Nourrir la population et préserver l'environnement 1. Subvenir aux besoins alimentaires : Emeutes de la faim en 2008, 2010 : une situation alimentaire périodiquement tendue notamment pour les populations urbaines qui dépendent de produits importés, au cours volatil. En cause : les mauvaises récoltes liées aux calamités (sécheresses périodiques au Sahel, dans la Corne de l'afrique), à la guerre, à la faible productivité agricole. La hausse de la demande mondiale (croissance démographique et transition alimentaire) et à la spéculation sur les céréales. le manque d'infrastructures qui gêne les transports et le stockage de denrées alimentaires, voire provoque des pertes. Renouveau des projets de valorisation agricole, notamment pour la culture du riz (Sénégal, Mali) mais, faute de budget, les Etats s'associent à des FTN ou à des Etats étrangers qui se voient concéder d'immenses superficies. Le risque est l'accaparement des terres agricoles et l'exportation des récoltes vers des marchés extérieurs (land grabbing) que la FAO cherche à encadrer. 2. Gérer les questions environnementales Les enjeux environnementaux sont très importants en Afrique : pression humaine sur les ressources, déforestation, pression démographique dans les bidonvilles qui génère de véritables questions de santé publique (pollution, déchets..)

5 C. Surmonter les divisions et progresser vers une intégration continentale : émergence d une voix et d une voie africaines 1. Conflits et intégrations régionales Persistance de conflits et de foyer d'instabilité : Nombreux conflits en cours dans le Sahel et en Afrique centrale : Soudan du Sud, Darfour, Centrafrique, RDC, Niger, Nigéria, Mali... Conflits liés à des rivalités pour s'approprier une ressource (ex : pétrole au Soudan du Sud), à la présence de groupes terroristes (Boko Haram au Nigéria, Al-Shabab en Somalie), à des affrontements interethniques (Touaregs contre les ethnies du Sud au Mali)... Conflits rendus possibles par la faiblesse de nombreux Etats. une intégration régionale en cours : une organisation continentale : Union Africaine, ambitieuse, mais peu efficace un ensemble d'organisations économiques et monétaires locales, souvent juxtaposées concurrentes (CEDEAO et UEMOA par exemple), voire paralysée par les conflits internes (Union du Maghreb Arabe). La CEDAO semble la plus aboutie, avec une force militaire commune. 2. Les convoitises des grandes puissances et des puissances émergentes : Des IDE en forte croissance : multiplication par 2 depuis 2003, prévision d'un stock d'ide de 150md en Quelques espaces privilégiés : Afrique du Sud (16 % des IDE) Afrique du Nord, Nigéria et Angola. Près de 40 % pour les infrastructures et 30 % pour la production industrielle ou agricole. Chine est devenue le second partenaire de l Afrique (pétrole, mines, infrastructures). Mais l afflux massif de produits manufacturés à bas coûts perturbe les circuits locaux de production (textile) ; les FTN chinoises ont une politique prédatrice vis-à-vis des ressources naturelles et encouragent peu la bonne gouvernance (Soudan). En dépit d'une forte pauvreté, le continent africain connaît des dynamiques de développement qui permettent l'intégration progressive à la mondialisation de certains espaces (Maghreb, Afrique Australe, littoraux, métropoles). Cependant, le continent africain doit encore relever de nombreux défis pour s'assurer une intégration satisfaisante à la mondialisation.