COMPOSITION, ENJEUX ET SENSIBILITES DU CORTEGE AVIFAUNISTIQUE D'UNE FORET DE VERSANT AVANT EXPLOITATION FORESTIERE

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1 Ligue pour la Protection des Oiseaux COMPOSITION, ENJEUX ET SENSIBILITES DU CORTEGE AVIFAUNISTIQUE D'UNE FORET DE VERSANT AVANT EXPLOITATION FORESTIERE FORÊT COMMUNALE DE CHICHILIANNE (ISÈRE) Année 2012 Mésange noire (photo : Raphaël Bussière/LPO) Ligue pour la Protection des Oiseaux LPO Isère 5, place Bir Hakeim Grenoble Tél. : Fax : isere@lpo.fr / / Hervé Coffre Avril 2013 p 1/17

2 COMPOSITION, ENJEUX ET SENSIBILITES DU CORTEGE AVIFAUNISTIQUE D'UNE FORET DE VERSANT AVANT EXPLOITATION FORESTIERE FORÊT COMMUNALE DE CHICHILIANNE (ISÈRE) Année 2012 Relevés de terrain oiseaux nicheurs, analyse, rédaction : Hervé Coffre, chargé d'études Relevés de terrain rapaces nocturnes : David Loose, chargé de mission sud-isère Relecture, validation : Jean-Marc Taupiac, directeur Référence de l'étude : COFFRE H., 2013 Composition, enjeux et sensibilités du cortège avifaunistique d'une forêt de versant avant exploitation forestière. Forêt communale de Chichilianne (Isère). Année Rapport LPO Isère. Parc Naturel Régional du Vercors. 17 pp. Introduction p Zone d'étude p Méthodologie de travail p Analyse de la base de données de la LPO Isère p Le suivi de l'avifaune nicheuse par points d'écoute p Méthodologie p Résultats p Analyse p. 13 D'un point de vue quantitatif p. 13 D'un point de vue qualitatif p Les prospections «rapaces nocturnes» p Méthodologie p Résultats p Enjeux et sensibilités du cortège avifaunistique p. 15 Conclusion et préconisations p. 17 p 2/17

3 Introduction Les écosystèmes forestiers fournissent une contribution importante et spécifique à la diversité biologique. Ils constituent un habitat préférentiel pour la reproduction de cortèges faunistiques et un support pour une flore spécialisée. Ces écosystèmes sont exploités depuis longtemps par l'homme, mais de nouvelles demandes, notamment dans le domaine du «bois énergie», font peser une pression nouvelle et plus importante sur ces espaces. Cette pression implique parfois de nouveaux aménagements d'accès pour lesquels une alternative peut être mise en œuvre : le débardage par câble. Cette technique peut limiter l'ouverture de nouvelles dessertes mais ouvre aussi à l'exploitation des zones jusqu'à maintenant peu rentables à exploiter et de ce fait préservées. Les modalités d'exploitation sont également modifiées et leur impact différent de ceux d'une exploitation classique. Dans ce contexte, et au vu des enjeux naturels portés par les forêts de ce secteur (étude FRAPNA Isère 2012), le Parc Naturel régional du Vercors, avec l'appui financier de la Région Rhône-Alpes, a sollicité la LPO Isère pour réaliser un état des lieux avant exploitation par câble, dans l'optique de mettre en place un suivi sur le long terme des oiseaux et de la flore sur les parcelles concernées par le projet d'exploitation. Un projet d'exploitation par câble programmé par l'onf sur la commune de Chichilianne (38) et partiellement situé au sein de la Réserve naturelle des Hauts-plateaux du Vercors, a été retenu pour effectuer un premier état des lieux avant exploitation. En collaboration avec le Parc Naturel Régionale du Vercors, un état des lieux de l'avifaune nicheuse et des rapaces nocturnes a été réalisé par la LPO Isère sur la zone forestière identifiée pour cette exploitation par câbles suivant deux types de méthodes ciblées : L'inventaire de l'avifaune nicheuse par la technique des indices ponctuels d'abondance (IPA), qui est une méthode de suivi par points d'écoute Le suivi des rapaces nocturnes ciblé en particulier sur la chevêchette d'europe. Les objectifs principaux d'un tel travail sont de compléter les connaissances sur l avifaune globale du site d'une part (état de référence afin de mesurer l'impact de l'exploitation prévue), et d'établir un diagnostic des espèces présentes pour identifier les enjeux et leurs sensibilités afin qu'elles soient prises en comptes dans le cadre de la démarche portée par le Parc naturel régional du Vercors et de l'onf. L'association GENTIANA, association référente sur la botanique en Isère, a fait une expertise similaire sur la partie flore. Les résultats de ce travail font l'objet d'un rapport spécifique. p 3/17

4 1. Zone d'étude La zone d'étude concerne une partie de la forêt communale de Chichilianne située entre 1200 et 1700 mètres d'altitude et exposée Nord-Est. Il s'agit principalement de forêts mixtes à dominante résineuse (épicéas), avec une strate buissonnante relativement peu dense. 2. Méthodologie de travail La base de données de la LPO Isère fait référence en matière de base données sur la faune vertébrée en Isère. Son analyse a permis d'avoir une approche qualitative (espèces connues, fréquence des observations disponibles...). Pour l'avifaune, des relevés de type «points d'écoutes» (neuf points avec deux passages sur chacun) ont été réalisées afin de disposer de données semi-quantitatives. La méthodologie retenue a été celle dite des IPA. Cette technique d'échantillonnage décrite ci-après est préférée Ces relevés constituent un état initial et permettront à l'issue d'autres passages à venir de cerner les principaux traits d'évolutions quantitatifs sur une partie importante de l'avifaune et aussi de les comparer avec l'évolution à d'autres échelles (Isère, Rhône-alpes, France...). En effet, grâce aux données de référence issues du Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) mené dans le cadre des programmes du muséum national d'histoire naturelle ( il sera possible de dresser un bilan de l'avifaune de notre zone d'étude dans un contexte plus global. Ces relevés semi-quantitatifs étant efficaces principalement pour les passereaux, des prospections complémentaires ciblées sur le reste de l'avifaune ont été réalisées. Ils concernent les traces de pics et les rapaces nocturnes. 3. Analyse de la base de données de la LPO Isère En excluant les résultats des suivis réalisés en 2012, la base de données de la LPO Isère fait état de 65 données d'oiseaux concernant la zone d'étude, représentant 39 espèces. Si les données les plus anciennes datent de 1983, 80% d'entre elles ont moins de 10 ans. Le tableau ci-après dresse la liste des espèces contactées sur le secteur d'étude par année. Notons que certaines espèces présentent ici occupent des zones ouvertes que l'on retrouve dans les parties hautes du site, en limite avec les milieux prairiaux (secteur Pas de l'essaure). Elles ne sont donc pas directement impactées par l'exploitation forestière prévue. Citons par exemple : - l'alouette des champs, - le torcol fourmilier, - le rougequeue noir, - la fauvette babillarde, - le chocard à bec jaune, - le bruant jaune D'autres sont aussi observées de passage comme le vautour fauve, la bondrée apivore ou l'hirondelle rustique. p 4/17

5 Liste des espèces d'oiseaux recensés sur le site d'étude (hors suivis spécifiques 2012) Nom français Bondrée apivore Pernis apivorus Vautour fauve Gyps fulvus Bécasse des bois Scolopax rusticola Pigeon ramier Columba palumbus Chevêchette d'europe Glaucidium passerinum Torcol fourmilier Jynx torquilla Pic noir Dryocopus martius Alouette des champs Alauda arvensis Hirondelle rustique Hirundo rustica Bergeronnette grise Motacilla alba Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes Accenteur mouchet Prunella modularis Rougegorge familier Erithacus rubecula Rougequeue noir Phoenicurus ochruros Traquet motteux Oenanthe oenanthe Merle à plastron Turdus torquatus Merle noir Turdus merula Grive musicienne Turdus philomelos Grive draine Turdus viscivorus Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla Fauvette babillarde Sylvia curruca Pouillot véloce Phylloscopus collybita Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla Mésange huppée Lophophanes cristatus Mésange noire Periparus ater Mésange bleue Cyanistes caeruleus Mésange charbonnière Parus major Grimpereau des bois Certhia familiaris Geai des chênes Garrulus glandarius Chocard à bec jaune Pyrrhocorax graculus Corneille noire Corvus corone Grand Corbeau Corvus corax Pinson des arbres Fringilla coelebs Serin cini Serinus serinus Venturon montagnard Serinus citrinella Linotte mélodieuse Carduelis cannabina Bec-croisé des sapins Loxia curvirostra Bouvreuil pivoine Pyrrhula pyrrhula Bruant jaune Emberiza citrinella 4. L'inventaire de l'avifaune nicheuse par points d'écoute 4.1. Méthodologie La méthode des IPA (Indices Ponctuels d Abondance) est à la base une méthode de suivi pluriannuel reposant sur un nombre défini de points d observations sur lesquels, deux relevés sont réalisés à environ un mois d'intervalle minimum et entre la mi-avril et la fin-juin selon les sites. Pour éviter les biais, les relevés doivent être réalisés par le même observateur d'année en année, et aux mêmes dates plus ou moins 3 à 4 jours (selon la météorologie). Les relevés sont effectués le matin d'1 heure avant le lever du soleil jusqu à 3 heures après, et lorsque les conditions météorologiques le permettent (absence de vent ou vent très faible, absence de pluie). Pour chaque point et à chaque passage, l observateur note l ensemble des individus par espèce contactée dans un rayon de 150 m, durant 20 minutes et en tenant compte du comportement (cris, chant, transport de matériaux, couple, famille, nid, etc.). p 5/17

6 Lorsque les deux passages ont été effectués, on associe un indice à chacune des observations : 1 pour un oiseau chanteur, un couple, des poussins ou des jeunes de l année, une parade, le transport de matériaux ou de nourriture, etc. 0,5 pour un oiseau observé en vol ou pour un cri. Cet indice est calculé par espèce observée, pour chaque point d écoute et à chaque passage. A l issue de cette notation, on ne conserve par espèce, que l indice le plus élevé des deux passages qui correspond alors à son score IPA. La forêt communale de Chichilianne est caractérisée par des boisements mixtes à la strate arbustive assez peu dense donc facilement accessible. En raison de l'altitude, nous avons choisi de réaliser le premier passage en mai, et le second en juin. Ces deux passages permettent un suivi plus efficace et plus complet. Pour couvrir l'ensemble du territoire, 9 points d'écoute sont nécessaires et ont été choisis de façon a ce qu'ils couvrent les lignes de câble identifiées. Dans le temps de suivi fixé par la méthodologie des IPA, et compte tenu du relief accidenté du site, il n'est possible de réaliser que 4 à 5 points par jour. Ainsi, 4 visites ont été nécessaires : les premiers passages ont été effectués les 25 et 26 mai, les seconds les 18 et 19 juin Résultats p 6/17

7 Année 2012 LPO Isère / avril 2013 p 7/17

8 Résultat des points d'écoute 2012 (méthodologie IPA) Nom français Point 0 25/05/ /06/2012 Pigeon ramier Columba palumbus Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes Rougegorge familier Erithacus rubecula 2 2 Merle noir Turdus merula Grive musicienne Turdus philomelos Grive draine Turdus viscivorus 1 1 Pouillot véloce Phylloscopus collybita Roitelet huppé Regulus regulus 2 2 Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla Mésange noire Periparus ater Mésange charbonnière Parus major 1 1 Grand Corbeau Corvus corax 0,5 0,5 Pinson des arbres Fringilla coelebs Nom français Point 1 25/05/ /06/2012 Pigeon ramier Columba palumbus 1 1 Rougegorge familier Erithacus rubecula Merle à plastron Turdus torquatus 1 1 Merle noir Turdus merula 1 1 Grive musicienne Turdus philomelos 1 1 Grive draine Turdus viscivorus 1 1 Roitelet huppé Regulus regulus 1 1 Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla Mésange boréale Poecile montanus Mésange noire Periparus ater 1 1 Pinson des arbres Fringilla coelebs Bec-croisé des sapins Loxia curvirostra 1 1 Nom français Point 2 25/05/ /06/2012 Pigeon ramier Columba palumbus 1 1 Coucou gris Cuculus canorus 1 1 Pic noir Dryocopus martius Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes Rougegorge familier Erithacus rubecula Merle à plastron Turdus torquatus 1 1 Grive musicienne Turdus philomelos Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla Roitelet huppé Regulus regulus 1 1 Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla Mésange boréale Poecile montanus Mésange huppée Lophophanes cristatus 1 1 Mésange noire Periparus ater Sittelle torchepot Sitta europaea 1 1 Pinson des arbres Fringilla coelebs Bec-croisé des sapins Loxia curvirostra 1 1 Bouvreuil pivoine Pyrrhula pyrrhula 1 1 p 8/17

9 Nom français Point 3 25/05/ /06/2012 Pigeon ramier Columba palumbus 1 1 Pic épeiche Dendrocopos major 0,5 0,5 Rougegorge familier Erithacus rubecula Merle à plastron Turdus torquatus Merle noir Turdus merula Grive musicienne Turdus philomelos Grive draine Turdus viscivorus 1 1 Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla 1 1 Roitelet huppé Regulus regulus Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla 2 2 Pinson des arbres Fringilla coelebs Bec-croisé des sapins Loxia curvirostra 3 3 Bouvreuil pivoine Pyrrhula pyrrhula 1 1 Nom français Point 4 25/05/ /06/2012 Coucou gris Cuculus canorus 1 1 Pic épeiche Dendrocopos major 1 1 Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes Rougegorge familier Erithacus rubecula Merle à plastron Turdus torquatus 1 1 Merle noir Turdus merula Grive musicienne Turdus philomelos Roitelet huppé Regulus regulus 2 2 Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla Mésange à longue queue Aegithalos caudatus 2 2 Mésange noire Periparus ater 1 1 Pinson des arbres Fringilla coelebs Nom français Point 5 26/05/ /06/2012 Pigeon ramier Columba palumbus Pic épeiche Dendrocopos major 0,5 0,5 Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes Rougegorge familier Erithacus rubecula Merle noir Turdus merula Grive musicienne Turdus philomelos Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla Mésange boréale Poecile montanus 1 1 Mésange noire Periparus ater Mésange charbonnière Parus major 1 1 Grimpereau des bois Certhia familiaris Pinson des arbres Fringilla coelebs Bec-croisé des sapins Loxia curvirostra 2 2 p 9/17

10 Nom français Point 6 26/05/ /06/2012 Pigeon ramier Columba palumbus Coucou gris Cuculus canorus Pic noir Dryocopus martius 1 1 Rougegorge familier Erithacus rubecula Merle noir Turdus merula Grive musicienne Turdus philomelos Roitelet huppé Regulus regulus 1 1 Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla 1 1 Mésange noire Periparus ater 1 1 Loriot d'europe Oriolus oriolus 1 1 Pinson des arbres Fringilla coelebs Nom français Point 7 26/05/ /06/2012 Pigeon ramier Columba palumbus Rougegorge familier Erithacus rubecula Merle noir Turdus merula Grive musicienne Turdus philomelos Grive draine Turdus viscivorus 1 1 Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla 1 1 Pouillot véloce Phylloscopus collybita Roitelet huppé Regulus regulus 1 1 Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla 1 1 Mésange boréale Poecile montanus 1 1 Mésange huppée Lophophanes cristatus 1 1 Mésange noire Periparus ater Mésange charbonnière Parus major 1 1 Grimpereau des bois Certhia familiaris Pinson des arbres Fringilla coelebs Bec-croisé des sapins Loxia curvirostra 1,5 1,5 Bouvreuil pivoine Pyrrhula pyrrhula 1 1 Nom français Point 8 26/05/ /06/2012 Pigeon ramier Columba palumbus Pic épeiche Dendrocopos major 0,5 0,5 Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes 1 1 Rougegorge familier Erithacus rubecula Merle noir Turdus merula 1,5 2 1,5 Grive musicienne Turdus philomelos Grive draine Turdus viscivorus 1 1 Roitelet huppé Regulus regulus 1 1 Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla Mésange huppée Lophophanes cristatus 1 1 Mésange noire Periparus ater Sittelle torchepot Sitta europaea 0,5 1 1 Pinson des arbres Fringilla coelebs 2 2 Sur les 9 points d'écoute, 26 espèces d'oiseaux ont été contactées. p 10/17

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12 Synthèse des résultats obtenus sur les 9 points d'écoute en 2012 Nom français Score Point 0 Point 1 Point 2 Point 3 Point 4 Point 5 Point 6 Point 7 Point 8 global Pigeon ramier Columba palumbus Coucou gris Cuculus canorus Pic noir Dryocopus martius Pic épeiche Dendrocopos major 0,5 1 0,5 0,5 2,5 Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes Rougegorge familier Erithacus rubecula Merle à plastron Turdus torquatus Merle noir Turdus merula ,5 14,5 Grive musicienne Turdus philomelos Grive draine Turdus viscivorus Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla Pouillot véloce Phylloscopus collybita Roitelet huppé Regulus regulus Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla Mésange à longue queue Aegithalos caudatus 2 2 Mésange boréale Poecile montanus Mésange huppée Lophophanes cristatus Mésange noire Periparus ater Mésange charbonnière Parus major Sittelle torchepot Sitta europaea Grimpereau des bois Certhia familiaris Loriot d'europe Oriolus oriolus 1 1 Grand Corbeau Corvus corax 0,5 0,5 Pinson des arbres Fringilla coelebs Bec-croisé des sapins Loxia curvirostra ,5 8,5 Bouvreuil pivoine Pyrrhula pyrrhula Rappelons que la méthode des IPA est une technique de suivi et pas d'inventaire. Elle suit des règles strictes (20 minutes d'écoute par point d'écoute d'un rayon d'action estimé à 150 mètres environ). Ces résultats constitue donc un état initial des données à un instant T, d'autres séances de suivi seront nécessaires pendant et après exploitation pour pouvoir interpréter les résultats et établir un diagnostic précis des impacts de l'exploitation forestière. p 12/17

13 4.3. Analyse Les résultats de cette première année de suivi fournissent plusieurs informations. D'un point de vue quantitatif : Indices cumulés des 9 points d'écoute par espèce dans l'ordre décroissant Pinson des arbres Rougegorge familier 14, ,5 Merle noir Roitelet à triple bandeau Grive musicienne Mésange noire Pigeon ramier Roitelet huppé Troglodyte mignon Bec-croisé des sapins Grive draine Coucou gris Merle à plastron Mésange boréale Fauvette à tête noire Mésange huppée Mésange charbonnière , Bouvreuil pivoine Pic épeiche Pic noir Pouillot véloce Mésange à longue queue La dominance assez nette du pinson des arbres et du rougegorge familier, deux espèces communes et généralistes. 1 0,5 Sittelle torchepot Grimpereau des bois Loriot d'europe Grand Corbeau Répartition des espèces contactées par types de strates forestières (N = 26) Total des indices d'espèces par types de strates forestières 3 5,5 50,5 6 Strate arborescente Strate arbustive Non forestières Strate arborescente Strate arbustive Non forestières Même si les espèces inféodées à la strate arborée restent les plus présentes et abondantes, notons que la proportion d'espèces occupant la strate arbustive reste assez importante avec près d'un tiers des effectifs. Signalons notamment le rougegorge familier (deuxième espèce la plus abondante du site) qui est très présent sur la zone d'études avec 2 individus par point. Dans une moindre mesure, le troglodyte mignon et la fauvette à tête noire sont bien représentés aussi. p 13/17

14 La forte présence de ces espèces souligne l'intérêt de la strate arbustive pour leur conservation. D'un point de vue qualitatif : Le site accueille le cortège habituel des oiseaux représentatifs des zones de moyenne montagne réunissant des milieux boisés mixtes (résineux et feuillus) : nombreuses espèces de mésanges (5 espèces au total), 3 espèces de turdidés et 2 espèces de pics. Notons la présence ponctuelle aussi de trois espèces inféodées à d'autres milieux : le grand corbeau, espèce rupestre nichant sans doute sur les falaises contiguës. le merle à plastron, espèce de la zone de combat forêt/prairie en montagne systématiquement contactées sur les 4 points d'écoute les plus proche des zones prairiales situées au dessus de la forêt communale. le loriot d'europe, espèce de ripisylves dont la présence ici reste surprenante ; sans doute un individu de passage. La grande majorité des espèces forestières est composée d'oiseaux assez communs et ubiquistes, occupant tous types de milieux forestiers. Seules 3 espèces sont inscrites en listes rouges (départementale, régionale et/ou nationale) : le grand corbeau : catégorie «quasi menacé» de la liste rouge iséroise. le bouvreuil pivoine : catégorie «vulnérable» de la liste rouge française ; espèce en régression en Isère. La mésange noire : catégorie «quasi menacé» de la liste rouge française ; espèce inféodée aux forêts montagnardes. p 14/17

15 5. Les prospections «rapaces nocturnes» 5.1. Méthodologie Des prospections de nuit ont été réalisées en mai 2012, ciblées en particulier sur la chevêchette d'europe en utilisant notamment la technique de la repasse. L'ensemble de la zone d'étude a été prospectée Résultats Si aucun contact de chevêchette d'europe n'a été établi durant les relevés ciblés en 2012, notons que l'espèce a cependant été entendue dans le secteur de Grenon à l'automne Le seul autre rapace nocturne contacté est la chouette hulotte. Notons cependant que le site est très favorable aux chouettes de moyenne montagne comme la chouette de Tengmalm qui est probablement présente malgré l'absence de données cette année, hypothèse confirmée par la présence de vieux arbres favorables aux pics dont elle occupe les cavités. La chouette de Tengmalm est inféodée aux vieux peuplements possédant des cavités favorables à la nidification. Elle affectionne les vieux boisements de conifères mêlés de feuillus, entrecoupés de clairières, particulièrement en altitude (au-dessus de mètres) et dans des endroits reculés, souvent difficiles d accès. Elle y trouve, entre autres, des cavités de pics dans lesquelles elle stocke sa nourriture et se reproduit. La chouette de Tengmalm a un statut de conservation préoccupant (catégorie vulnérable / liste rouge Rhône-Alpes) son aire de répartition est plus restreint que celle de la chevêchette d'europe. Les secteurs plus favorables à la chevêchette d'europe se situeraient plutôt sur les parties hautes de la forêt, au niveau de l'écotone forêt/prairies (zone de combat), ainsi que les arbres morts sur pied (chandelles très favorables pour leur reproduction). La Chevêchette d'europe a un statut de conservation préoccupant (catégorie vulnérable / liste rouge Isère et Rhône-Alpes) bien qu'en Isère son aire de répartition semble en augmentation depuis ces dernières années. La conservation de ces espèces passe obligatoirement par le maintien d'arbres à cavités de pics. Ce sont généralement des arbres plus âgés voire sénescents qu'il conviendra donc de maintenir autant que possible. 6. Enjeux et sensibilités du cortège avifaunistique Les espèces d'oiseaux nicheuses sur le site sont typiques des forêts de versant à boisement mixtes. Certaines espèces bien que considérées comme communes présentent des dynamiques de population inquiétantes comme le rougegorge familier, le bouvreuil pivoine ou le troglodyte mignon. Le projet d exploitation par câble entraînera une perte d'habitat pour ces espèces qui devront se reporter sur d'autres habitats aux caractéristiques identiques. Certaines espèces sont à prendre en compte dans le projet d'exploitation prévu : La chouette de Tengmalm et la chouette hulotte qui occupent d'anciennes loges de pic noir dans la p 15/17

16 plupart des cas, tandis que la chevêchette d'europe occupera plutôt celles du pic épeiche. Ces deux espèces de pics étant bien présentes sur le site, il convient de rester très vigilant quant à la coupe d'arbres pouvant contenir des loges. Il existe un enjeu particulier avec le merle à plastron mais ce dernier fréquentant la zone de combat et la zone alpine, n'est a priori pas concerné par la zone d'exploitation forestière. Bien que les espèces d'oiseaux ne présentent pas de caractère patrimonial, la grande majorité d'entre elles sont protégées par la loi française et certaines ont des dynamiques préoccupantes de population. Afin de limiter les impacts liés à la perturbation de leur milieu, toute intervention en période de reproduction est à exclure, à savoir entre avril et août à cette altitude. p 16/17

17 Conclusion et préconisations Cette première année de suivi constitue un état des lieux de l'avifaune avant exploitation. Les résultats font été de 27 espèces d'oiseaux dont la grande majorité sont communes et typiques des forêts de moyenne montagne. Ce nombre n'est pas exhaustif car la méthode employée est ciblée sur les passereaux nicheurs, méthode qui a été complétée par des prospections axées sur les rapaces nocturnes. D'autres oiseaux sont susceptibles d'êtres présents dans cette forêt de versant mais n'ont pas été détectés ou pris en compte car ils ont été contacté hors protocole IPA. Dans le cortège d'oiseaux présents, on note une forte présence d'oiseaux liés à la strate arbustive (rougegorge familier, troglodyte mignon...). Dans le cadre de l'exploitation, il sera donc nécessaire de veiller à la conservation voire l'augmentation de cet habitat dont la superficie est déjà limitée dans cette forêt. En termes de diagnostic patrimonial, aucune espèce recensée n'étant particulièrement rare ou menacée, une attention particulière devra être portée à la présence d'arbres possédant des cavités de pics et d'arbres morts sur pieds (chandelles) qui pourraient accueillir des rapaces nocturnes comme la chevêchette d'europe, la chouette hulotte et la chouette de Tengmalm dont la présence est fortement suspectée. Il est donc vivement recommandé de conserver sur pied les arbres à cavités ainsi que les chandelles. L'exploitation forestière engendre de forts dérangements liés à la perturbation structurelle du milieu d'une part, mais aussi aux nuisances sonores. La grande majorité des espèces étant protégée par la loi française, leur destruction reste interdite. Il est donc important de veiller à ce qu'aucune coupe ne soient faites en période de reproduction, à savoir entre avril et août pour un site de moyenne montagne. Ce travail étant un état de référence, il n'a d'intérêt que si d'autres suivis sont réalisés pendant et après les travaux d'exploitation afin de pouvoir en mesurer les impacts sur l'avifaune. Enfin, un diagnostic portant sur les chauves-souris serait pertinent à réaliser en lien avec la présence des arbres à cavités. p 17/17