ORDONNER LA NATURE HISTOIRE DES CLASSIFICATIONS
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- Colette Fortin
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1 ORDONNER LA NATURE HISTOIRE DES CLASSIFICATIONS
2 Après des années de recherches systèmatiques, on sait seulement que le nombre d espèces animales et végétales est compris entre 3 et 30 millions, voire davantage.
3 SI ON NÉGLIGE LES NOMS, LA CONNAISSANCE DES CHOSES DISPARAÎT AUSSI La systématique est la branche de la Biologie qui synthétise, cimente et harmonise l ensemble de connaissances acquises sur l être vivant selon différentes approches. Elle permet de dresser la classification la plus conforme à la réalité. La taxinomie désigne l ensemble de procédés, méthodes et règles nomenclaturales utilisés par le systématicien, et qui constituent à la fois son outil de travail et ses glissières théoriques de sécurité.
4 Aristote ( av. J.-C) l âme est le premier degré d actualité d un corps naturel ayant potentiellement la vie en lui Aristote édifia une «échelle de la Nature» qui, en essence, était une échelle de complexité croissante de l âme Âme nutritive Âme sensitive Âme appétitive et locomotrice Âme rationnelle
5 Idée solidement ancrée dans notre culture, participant de certaines erreurs communément admises : L anthropocentrisme Le finalisme L essentialisme
6 Classification zoologique proposée par Aristote Animaux sanguins Vivipares Homme Quadrupèdes à fourrure Cétacés Ovipares Oiseaux Quadrupèdes à écailles Ovipares avec un œuf imparfait Poissons Animaux non sanguins Ovipares avec un œuf imparfait Céphalopodes Crustacés Vermipares Insectes Animaux générés par le limon fertile ou par génération spontanée Mollusques (sauf exceptions) Zoophytes
7 Théophraste ( av. J.-C.) Arbres, arbrisseaux, sous-arbrisseaux et herbes Dioscoride (I siècle après J.-C) Plantes aromatiques Plantes alimentaires Plantes médicinales Plantes vineuses Plantes vénéneuses
8 Jusqu au XVIème siècle on a surtout repris Aristote, Théophraste et Dioscoride qui ont été longuement commentés. À cette époque, une série de botanistes fait éclater les classifications existentes en classant les plantes par ordre alphabétique. Foisonnement de systèmes ou méthodes : taille, forme des racines, feuilles, fleurs (Gessner en 1541, Camerarius en 1586 )
9 Paracelse ( ) Il est considéré comme l un des fondateurs de la médecine expérimentale. Précurseur de la toxicologie. La théorie des signatures : la forme et la couleur des plantes, des animaux etc. indiquent leur correspondence avec les organes.
10 Guillaume Rondelet ( ) L'histoire entière des poissons Pierre Belon ( ) La nature et diversité des poissons L'histoire de la nature des oiseaux
11 Les classifications artificielles : Une logique divisive : héritée d Aristote. Partage dichotomique. L un des termes est quasiment tout le temps défini de manière négative par rapport à l autre. Les critères sont choisis a priori. Système végétal de Linné (24 classes) Mariages publics (Fleurs visibles à l œil nu) (1) / M. clandestins (Fleurs peu visibles) (1) Un seul lit (l époux et l épouse partagent le même lit. Toutes les fleurs sont hermaphrodites) (2) / Deux lits (Fleurs mâles et femelles dans la même espèce) (2) Sans affinité (Les époux n entretiennent pas de relations. Les étamines ne sont pas reliées) (3) / Avec affinité (Les époux sont liées entre eux. Les étamines adhèrent les uns aux autres ou au pistil)
12 Joseph Pitton de Tournefort ( ) «Nous considérons donc les plantes, parmi lesquelles la même structure des parties se trouvera, comme des plantes renfermées dans le même genre. Mais comme les plantes de même genre diffèrent encore entre elles par quelque particularité, nous appellerons espèces, toutes celles qui, outre le caractère générique, auront quelque chose de particulier».
13 Identité de la dénomination et de la définition «Mauve annuelle à feuille ronde, à fleurs les plus petites de toutes, blanches, à cinq pétales entourant en verticilles les articulations et aux graines de même étroitement adhérents en verticilles» Tournefort : «(certains noms) sont impossibles à énoncer sans reprendre sa respiration» Rousseau a bien compris l intérêt de la nomenclature : «pour s entendre avec quelqu un qui est absent, il faut bien convenir de noms qu on donne aux objets dont on parle»
14 Carl von Linné ( ) pionnier de la description systématique des espèces et de leur classification. Il fonda la taxinomie moderne. La dixième édition de Systema Naturae, publiée en 1758, marque le point de départ de la nomenclature zoologique. La première édition de Species plantarun, publiée en 1753, marque le point de départ de la nomenclature botanique
15 Niveaux hiérarchiques ou taxons (correspondant aux diverses opérations réitérées de classification) Règne, Classe, Ordre, (Famille), Genre, Espèce, Variété Différence entre dénomination et définition: le nom d un être ne doit pas forcement refléter ses caractéristiques Système binominal : l un des noms donnait le genre, l autre les espèces (ex. Canis familiaris, C. lupus, C. latrans)
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17 Vers une classification naturelle : une logique par agglomération Rassembler les espèces sur de critères de similarité et réitérer l'opération en prenant comme nouvelles unités les groupes ainsi définis. Le principe de subordination des caractères : Bernard de Jussieu ( ) Antoine-Laurent de Jussieu ( ) «Les caractères, dans leur addition, ne doivent pas être comptés comme des unités, mais chacun suivant sa valeur relative, de sorte qu un seul caractère constant soit équivalent ou même supérieur à plusieurs inconstants, unis ensemble»
18 Avec les Jussieu (pour les plantes) et Cuvier (pour les animaux) une étape importante s est trouvée franchie. Néanmoins, le problème de fond se trouvait déplacé ; on n en était plus à chercher une méthode efficace menant à la classification naturelle, mais plutôt à donner un sens à cette classification.
19 Une classification naturelle, et l idée d une échelle des êtres, c est-à-dire une hiérarchie fondée sur le degré de complexité, ne paraissaient nullement incompatibles avec la fixité des espèces, l ordre de la Nature traduisant, pour la plupart des savants de la fin du XVIII ème siècle, la volonté du Créateur.
20 La nature, je l avoue, est dans un mouvement de flux continuel. Buffon ( ) : Histoire Naturelle, IX, 1761 (Animaux communs aux deux continents) L âge de la Terre était estimé, à partir des textes bibliques, à quelques milliers d années. Ce premier obstacle fut levé par Buffon ( ) lorsqu il proposa de multiplier l âge de la Terre par 100.
21 La Paléontologie, sous l impulsion de Georges Cuvier ( ) pour les Vertébrés, montra de façon indubitable que la faune avait considérablement varié au cours des âges.
22 Selon Cuvier, le monde aurait subi de catastrophes anéantissant chaque fois la faune et la flore. Après chaque catastrophe, de nouvelles espèces seraient arrivées d autres lieux et se seraient maintenues à l identique jusqu à la catastrophe suivante
23 Jean-Baptiste Lamarck ( ) : le transformisme Charles Darwin ( ) : l'évolutionnisme
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