Civilisations matérielles et folklore

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1 DEUXIÈME PARTIE Civilisations matérielles et folklore I. FOLKLORE ET FOLKLORISTES 1 Problèmes et bilans Il n y avait point encore d engouement en France pour les études d ethnographie populaire; elles restaient la chose d un petit nombre d amateurs, rarement prix au sérieux par les officiels des vieilles corporations scientifiques; elles passaient volontiers pour un de ces jeux frivoles qui aident «les provinciaux» à tuer l ennui que les parisiens leur supposent bénévolement: déjà, je veux dire dans leur première année d existence, les Annales d histoire économique et sociale attiraient l attention de leurs lecteurs sur des problèmes comme celui de la maison urbaine, de l outillage ou du morcellement agraire; déjà elles demandaient à l historien tchèque V. Cerny de signaler l activité du Musée agricole tchèque, fondé en 1918 cependant que Marc Bloch, revenant de Norvège, signalait la valeur et l efficacité des magnifiques musées de plein air qu il avait pu voir en Scandinavie 2 : ceci, en attendant que, par une désignation symbolique dont il voulut bien comme nous comprendre la signification nous appelions de Dr Paul Rivet à siéger parmi les membres de notre Comité de direction cependant qu à l Encyclopédie se fondait, avec le concours actif et clairvoyant d André Varagnac, la Commission des recherches collectives, aux enquêtes modestement fécondes 3. Voilà qui nous donne le droit moral de suivre aujourd hui avec intérêt les progrès d une discipline dont nous avions prévu, dès 1929, l essor actuel et réservé la place au grand Conseil des Sciences historiques, parmi les membres de «ce vaste système d alliances» dont parlait en 1926 l his- 1. Annales d histoire sociale, 1939 [7-1036]. 2. Cf. Lucien FEBVRE, La maison urbaine, dans Annales, t. I, 1929, p Marc BLOCH, Une enquête: les Plans parcellaires, p. 58. V. CERNY, L Histoire rurale en Tchécoslovaquie, p. 78. Marc BLOCH, Musées ruraux, musées techniques, II, p Etc. 3. Sur tout ceci, voir le numéro spécial de la Revue de Synthèse, t. XI, I, février 1936), consacré à l organisation des recherches collectives, particulièrement en Ethnographie populaire (voir, notamment, L. FEBVRE, Les recherches collectives et l avenir de l Histoire).

2 CIVILISATIONS MATÉRIELLES torien belge Des Marez 1 : rappelons qu en sus de l histoire, de l archéologie, de la géographie, de la toponymie, de la philologie et de la linguistique, il devait compter nommément «le folklore et l histoire du droit». Depuis, un nouveau «département», celui des Arts et Traditions populaires, s est constitué dans le cadre de nos musées nationaux; deux musées, héritiers de l ancien musée d Ethnographie du Trocadéro, ont pris possession des galeries du Palais de Chaillot: l un, le musée de l Homme, dirigé par le Dr Paul Rivet; l autre, le jeune musée des Arts et Traditions populaires, mis sur pied par Georges-Henri Rivière, assisté de la façon la plus efficace par André Varagnac. Et voici, précisément, que m arrivent à la fois une plaquette de Varagnac, riche d idées et d expérience; un volume résumant l activité du premier Congrès international de Folklore tenu à Paris l été dernier, et deux gros tomes d un manuel de Folklore français dû à l un des pionniers les plus connus des études folkloriques en France: le tout témoigne combien nous avions eu raison, Marc Bloch et moi, de faire fond dès 1929 sur le progrès d une discipline que certains graves collègues durent nous trouver un peu «exaltés» de prendre ainsi en considération; mais depuis nous n avons cessé de la soutenir ici et ailleurs, de toutes nos forces, dans sa volonté de progrès et d efficience 2. * Le petit livre d André Varagnac s intitule Définition du Folklore 3. Il reproduit essentiellement des leçons professées à l École du Louvre. Il ne répond pas seulement à ce besoin fondamental de clarté qu éprouve tout esprit net, et que je signalais naguère chez P. Saintyves, en rendant compte de son livre posthume, le Manuel de Folklore 4. Chez André Varagnac, philosophe d origine, il répondrait plutôt à un besoin de profondeur ou si le mot risquait de lui faire peur à un besoin d approfondissement. Qu est-ce que le folklore? Les définitions abondent. Beaucoup sont formulées «à la bonne franquette», par des hommes qui font profession de «ne pas chercher si loin», et qui sans doute, à part eux, estiment que mieux vaut récolter des faits au hasard du crochet, comme le chiffonnier de Magendie, que réfléchir d abord sur la nature véritable, le sens et la portée de ces faits. Ce qui, à leur sens, est faire «de la métaphysique» 1. Le Problème de la colonisation franque et du régime agraire de la Basse-Belgique (Bruxelles, 1926), p Même par appel au grand public. Cf., dans la série des causeries sur les Arts et traditions populaires de la France, données au Poste national Radio-Paris et publiées par Les Cahiers de Radio-Paris (IX, 5, 15 mai 1938, p. 439), l Introduction par L. FEBVRE et l Outillage rural par Marc BLOCH. Sans préjudice, naturellement, de neuf autres causeries remarquables dues à Georges-Henri Rivière, à R. Maunier, à A. Varagnac, à M. Jeanton, etc. 3. Paris, Société d Éditions géographiques, maritimes et coloniales, 1938, in-8, 10 fig. h. t. 4. Paris, Nourry, 1936, in-8, VIII-218 p. Sur la définition du folklore que contient cet ouvrage, voir quelques observations dans L. FEBVRE, Un manuel de folklore (Annales, t. IX, p. 400 et suiv.). 819

3 820 CIVILISATIONS le mot étant de tous les plus péjoratif sans doute qu ils puissent trouver 1. D autres définitions sont plus méditées. Telle celle que proposait en 1931 P. Saintyves aux membres du Centre international de synthèse pour le vocabulaire historique entrepris par M. Henri Berr. «Le folklore, écrivait alors Saintyves, est la science de la tradition et de ses lois dans les nations civilisées, et principalement dans les classes populaires.» Définition reprise et développée dans le Manuel de Folklore: Science, est-il dit, «de tout ce que se transmettent oralement de connaissances, de recettes, de secrets, de modèles et de pratiques, d expressions linguistiques et de superstitions, de contes et de légendes, etc., les membres des sociétés civilisées, principalement dans les couches populaires de ces sociétés 2.» Or, André Varagnac, reprenant les termes de ces définitions, objecte et qu il y a un folklore non populaire, puisque bien des coutumes authentiquement folkloriques sont en usage dans la bourgeoisie et dans l aristocratie; et qu il y a un folklore urbain, s il y a un folklore paysan très abondant; et que le folklore n est pas uniquement du passé, puisqu on peut assister à la naissance, de nos jours, de faits folkloriques; et que tradition n est pas synonyme de folklore, puisque, pour ne prendre que ce seul exemple, la culture générale peut se définir un ensemble de traditions intellectuelles: nul ne l intègre cependant dans le folklore. Et enfin qu il est bien difficile de qualifier de folklorique la culture des classes «inférieures» dans nos sociétés civilisées par opposition à la culture des classes «supérieures»: car enfin, la distinction, dans un pays comme la France, s avère malaisée Quelle définition propose donc pour son compte André Varagnac? Folklore, dit-il: «Croyances collectives sans doctrines, pratiques collectives sans théorie.» Pour éclairer sa formule, il invite le lecteur à penser aux outils que jadis les forgerons fabriquaient eux-mêmes, en appliquant non pas des formules déduites de lois, mais des recettes, des secrets, des tours de main purement empiriques et que rien ne reliait les uns aux autres. Aujourd hui, le forgeron ne fabrique plus. Il répare, ou adapte des outils fabriqués dans des usines réglementées par des ingénieurs spécialistes appliquant de plus en plus des données scientifiques. Pratiques artisanales d autrefois, pratiques collectives non déduites de théories: folklore. Pratiques industrielles d aujourd hui, collectives, mais déduites de théories: le contraire du folklore 3. L analyse est ingénieuse. Elle représente un très gros effort, et réellement très intelligent, très compréhensif, pour s élever au-dessus des 1. Je le cueille sous la plume d A. van GENNEP, au tome III du Manuel (dont il est question plus loin), p. 100, n o 17: «C est plutôt [le Manuel de Saintyves] une série de discussions métaphysiques sur divers points de méthode» Décidément, on est toujours le métaphysicien de quelqu un! 2. Cf., Revue de Synthèse, t. I, n o 1, mars 1931, p. 81, et SAINTYVES, Manuel, chap. I. 3. Voir l exposé de cette conception dans le livre cité, p. 18 et suiv.

4 CIVILISATIONS MATÉRIELLES apparences, saisir le fond même des choses. Ce qui m arrête simplement, c est ceci: la frontière est-elle toujours si facile à tracer entre le «déduit» et «l accepté tel quel» sans déductions, entre la théorique et le pratique, entre ce que l homme puise dans sa corbeille de mariage et ce qu il extrait péniblement de son intelligence rationnelle? Ce n est pas une mince question. Même pour l historien: ne met-elle pas en cause la genèse même de nos conceptions scientifiques, les relations historiques du magique et du mathématique, la substitution progressive des rapports logiques et quantitatifs aux influences qualitatives et irrationnelles? Ceci dit, je ne puis que louer l ingéniosité et la pertinence, non seulement des critiques d André Varagnac, mais encore de certaines de ses remarques. Celle-ci, par exemple, que tout fait de folklore se distingue par un mélange de répétition et d innovation; et donc qu il ne se transfère pas mécaniquement en quelque sorte; que la fonction qu il remplit aujourd hui n est pas nécessairement celle qu il remplissait autrefois; qu ainsi tout fait folklorique peut répondre au cours des siècles à des besoins différents comme à dans mentalités différentes 1. La remarque va loin, et ne vaut pas seulement pour les faits de folklore. «Croit-on, disait devant moi, l autre jour, un homme d une rare curiosité d esprit, volontiers tournée vers les choses du théâtre, croit-on que nos acteurs sentent, et donc jouent, je veux dire peuvent jouer en 1936 une pièce de Molière comme on la jouait au temps de Molière même? Croiton que le public d aujourd hui sente, et donc goûte, cette pièce comme la comprenait, et la goûtait, le public de 1670? Et ne serait-il point passionnant, précisément, de rechercher en elle ce que nous y mettons que n y pouvaient point mettre les contemporains de Molière et réciproquement?» J avais plaisir à retrouver, derrière ces propos, une vieille connaissance: la méthode même que je préconisais, il y a quelques années, pour l étude de l histoire des sciences, et que je me prépare à appliquer, demain, dans le domaine de l histoire religieuse 2. Varagnac a bien raison de dire, on le voit, que ses remarques ouvrent des perspectives d avenir singulièrement larges. Si larges, que les promesses de fécondité qu elles apportent doivent nous encourager singulièrement dans nos études. 1. Ceci rejoint des idées que j ai eu déjà l occasion d exprimer, sur les conditions dans lesquelles les sociétés humaines acceptent, tout à la fois, les traditions et se dégagent d elles. Il est bien évident que leur masse est si formidable et leur entassement, par sédimentation en quelque sorte, si énorme qu aucun progrès ne serait possible si, par un travail souvent inaperçu d elles, elles ne pénétraient pas perpétuellement les traditions d innovations. L exemple le plus saisissant de cet effet d adaptation, c est celui de la coutume médiévale, que j ai souvent entendu Marc Bloch alléguer: la coutume, immuable par définition, et constamment en évolution cependant, pour répondre aux besoins changeants du temps. 2. Dans une étude parue en Le Problème de l incroyance au XVI e siècle: la religion de Rabelais. Évol. de l Humanité, n o 53, Paris, Albin-Michel. Pour l histoire des sciences, cf. Lucien FEBVRE, Un chapitre de l histoire de l esprit humain: les Sciences naturelles, de Linné à Lamarck et à Georges Cuvier (Revue de Synthèse historique, t. XLIII, 1927, p ). 821

5 822 CIVILISATIONS Ceci dit, reste que le livre, plutôt qu une définition à proprement parler, nous apporte des explications et des interprétations sur le folklore. Il traduit une conception de haute valeur mais qui, peut-être, dépasse un peu les besoins, et les capacités méthodologiques, de ce qu on me permettra d appeler les folkloristes moyens, ces agents indispensables des progrès du folklore. * Pratiquement, à quoi aboutit leur effort? Le beau volume des Travaux du premier Congrès international de Folklore 1, tenu à Paris du 23 au 28 août 1937, à l École du Louvre, peut nous renseigner utilement à ce sujet. Personnellement, retenu très loin de France par une mission, je n ai point participé à l activité de journées qui laissèrent, si j en crois les témoignages recueillis, une grande impression de plénitude aux participants mais il suffit de feuilleter les comptes rendus pour se trouver rapidement au fait. Présidé par le Dr Paul Rivet, le Congrès se divisait en deux sections: Folklore descriptif et Folklore appliqué à la vie sociale. Dans la première, 4 sous-sections: civilisation matérielle; traditions et littératures orales; structures sociales; méthodologie. Dans la seconde, 4 sous-sections pareillement: art populaire, artisanat, costume; construction moderne; musique, théâtre, danse, fêtes; jeunesse et musées populaires de Folklore. De nombreux savants étrangers de tous pays avaient répondu à l appel du Comité et apportaient au Congrès l écho de leurs soucis particuliers. Sans entrer dans un détail impossible, formulons simplement quelques remarques à propos des communications qui furent présentées à la Section de civilisation matérielle. Sur le titre même de cette Section, arrêtons-nous. La civilisation matérielle, qu elle ressortisse au folklore, pas de doute. Mais elle ressortit également à d autres disciplines. Voici la maison rurale. On peut l étudier en tant que géographe: la maison, dans ce cas, sera considérée comme «l expression du milieu géographique», ce milieu étant du reste susceptible d être défini de vingt façons différentes. On peut l étudier en tant qu historien. On partira alors que ce soit pour l adopter, ou pour la rejeter, en tout cas pour la critiquer, de l hypothèse; à chaque peuple sa maison. On peut l étudier encore en tant qu architecte: matériaux, procédé de construction, possibilités d adaptation aux techniques et aux besoins d aujourd hui. On peut enfin l étudier en tant que folkloriste, puisqu elle ressortit au folklore. Comment? J en vois bien des façons. Et, par exemple, en se plaçant au point de vue de ce qu André Varagnac nomme «le transfert»: comment la maison léguée par la coutume, d âge en âge, a-t-elle pu répondre à des 1. Tours, Arrault, 1938, in-8, 448 p., 16 pl. h. t.

6 CIVILISATIONS MATÉRIELLES besoins changeants, à des mentalités différentes? Car, ne l imaginons pas immuable, intangible, incapable d évolution. Le costume populaire n a cessé d évoluer, tout en restant traditionnel 1. La maison de même. Et le problème devient: comment, gardant intacte sa forme extérieure, la maison remplit-elle, en réalité, des fonctions nouvelles et cesse-t-elle de remplir des fonctions anciennes? Ce qui conduirait à étudier, entre parenthèses, les diverses «fonctions» de la maison de façon beaucoup plus fouillée qu on ne l a jamais fait. Nous n entendons point seulement par là les diverses «utilités» de la maison: abriter contre le froid, le chaud, les intempéries, assurer une protection contre les attaques des hommes ou des bêtes, le vol, le brigandage, etc. La maison, comme tout ce qui naît de l homme comme tout ce qui est de l homme 2 n est pas là seulement pour satisfaire des besoins matériels immédiats de cette sorte; elle prend valeur de Signe. Exactement comme le costume 3, qui n a pas pour seule fonction de conserver à l organisme, au corps, le bénéfice de conditions thermiques optima, mais qui peut, en outre, signifier une nationalité (hier encore, les bas blancs des Allemands, en Tchécoslovaquie); ou bien l état civil (femmes mariées, veuves, vierges, etc.); ou bien l âge, la classe sociale, la confession religieuse, etc. Et la maison sans doute est un vêtement moins plastique que l habit individuel d étoffe, ou de peau: nul doute qu en cherchant bien, on ne puisse cependant restituer autour d elle tout un cortège de fonctions sociales. Car enfin, nous n en sommes plus à croire qu il y a dans nos villages le Paysan avec un grand P habitant la Maison rurale avec un grand M; Marc Bloch a dit là-dessus quelques excellentes choses au Congrès dans sa note: types de maison et structure sociale 4. Et nous savons tous combien la société paysanne est, en réalité, compliquée, et comporte de classes, de catégories et de fonctions diverses. Or, que trouvons-nous dans les travaux du Congrès sur ces problèmes? En tête des pages dévolus à l étude de la civilisation matérielle, un Essai de classification des maisons rurales, d Albert Demangeon. Vigoureux, certes, et reflétant une fois de plus le tempérament et la puissance de travail bien connue de son auteur. Mais je dis: «Une fois de plus». C est qu en effet, cette classification. Albert Demangeon l a déjà proposée, en 1. Cf., le rapport au Congrès de J. Charles Brun, p Il cite Ch. Le Goffic disant des costumes traditionnels, «qu ils ont fini par devenir en quelque sorte le produit d un art instinctif et comme tels ils ont obéi, sans que ceux qui ont aidé leur évolution en aient eu conscience, à des lois secrètes d harmonie». Évolution, le mot y est, qui doit y être. 2. Voir, sur toute cette question, les chapitres successifs de La Terre et l Évolution humaine, Introduction géographique à l Histoire (Paris, Albin Michel), notamment III e partie, chap. III, p. 194 et suiv. 3. On se référera sur ce point, à l intéressante communication de P. Bogatyrew, sur Le costume national villageois au point de vue fonctionnel dans la Slovaquie morave (op. cit., p. 347 et suiv.). 4. Op. cit., p

7 824 CIVILISATIONS tant que géographe, et de la même façon, à quelques détails près, dans les Annales de géographie. En d autres termes, sa communication qui débute par cette affirmation: «La maison, comme tant d autres œuvres humaines sur la terre, est l expression du milieu géographique» ne se tromperait-elle pas de Congrès? Mais quoi, elle fera réfléchir; elle renseignera les folkloristes sur le travail de leurs voisins les géographes; elle donne enfin, au seuil de ce volume, le vif sentiment de ce que n est pas la recherche folklorique: notion négative, aussi précieuse à acquérir qu une notion positive. Pourtant, il nous conviendrait de «rationaliser» notre travail, nous aussi. Et si la communication d Albert Demangeon est folklorique, c est qu elle n est pas géographique. Ou vice-versa. Rien là de surprenant. Les études folkloriques en France n ont guère été le fait, jusqu à présent, que d isolés. Elles commencent à peine à s organiser solidement, scientifiquement. Force leur est bien d accueillir des concours d hommes venus de tous les points de l horizon, et qui n oublient pas aisément ce qu ils sont en abordant des études nouvelles. Petit à petit, tout s éclaircira. Et les jeunes, qui commencent à se former sous l abri, un peu improvisé, que nous, hommes de bonne volonté, leur ménageons, sauront faire demain, à l encontre de nous s il le faut, les discriminations nécessaires. Tant mieux, et que ce soit bientôt! Diverses communications ont trait aux anciens procédés de battage et de dépiquetage des grains en France et à l étranger. Une communication excellente de Charles Parain, qui utilise largement les faits linguistiques et se fonde sur une chronologie précise, rejoint une communication de P. Scheuermeier sur l Italie, une observation intéressante d A. Lunel sur un procédé archaïque de battage survivant à Moulinet (Alpes-Maritimes) et même une bonne étude de Pierre Coutin sur l évolution de la moisson dans un village de Limagne. De Fernand Benoît, l éminent conservateur du Musée Arlaten, signalons une étude remarquable sur les moulins à grains et à olives de la Méditerranée: essai de stratigraphie, dit l auteur. D autres communications, d Étienne Letard, professeur à l École vétérinaire d Alfort, notamment, et aussi de L. Huyghebaert, d Anvers, ont trait aux animaux de travail: chevaux et bœufs en France, chiens en Belgique. Une étude de P. Deffontaines sur la répartition des voitures à deux et à quatre roues en France et, de façon beaucoup plus large, dans toute l Eurasie (avec une esquisse cartographique) ne lasse pas de soulever de fortes objections. Car, qu est-ce que «la» voiture à deux roues, qu est-ce que «la» voiture à quatre roues indépendamment de toute considération de forme, de fabrication, de fonction, de capacité, d attelage, etc.? Et que peut bien signifier, dès lors, une carte d ensemble qui ne tient compte d aucune de ces distinctions? Mais ici encore, disons: tant mieux! Ce schématisme placé crûment sous les yeux d une jeunesse ardente au travail ne peut que la détourer de certaines méthodes

8 CIVILISATIONS MATÉRIELLES dont le moins qu on puisse dire est qu elles sont, vraiment, un peu sommaires Les problèmes alimentaires ont été peu étudiés. Je n en suis pas surpris, et j ai eu l occasion, dans un cours au Collège de France, il y a deux ans, de méditer sur cette carence et d en tirer les conclusion 1. Deux communications seulement. D abord, une note de Maurizio, l auteur de cette excellente Histoire de l alimentation végétale qui, traduite en français par les soins du Dr Gidon, compose à peu près à elle toute seule la bibliothèque française de l historien à naître de la nourriture humaine 2 ; Maurizio étudie «ce qui se mangeait antérieurement à l apparition de l agriculture». L autre note est signée de moi; elle se rattache à la fois à mon enseignement au Collège de France, à la préparation du tome XIV de l Encyclopédie française (bien-être, sports et loisirs 3 ), qui comportera, sur le problème de l alimentation, des études historiques de Marc Bloch, de G. Lefebvre, de Varagnac, etc., mais aussi et surtout à l activité de la Commission des recherches collectives, dont une enquête a porté, à ma demande, sur les fonds de cuisine en France et leur répartition géographique: aire de la cuisine au saindoux, au beurre, au lard, à l huile (d olive, de noix, etc.), à la graisse d oie, etc. La carte de répartition que Marcel Maget a pu extraire de cette enquête est curieuse 4 ; elle appellerait un commentaire que je n ai guère pu donner que sous forme de questionnaire, tant l attention a été peu attirée, jusqu à présent, sur ces problèmes. Mon commentaire ne tient pas compte des études intéressantes, parues depuis, et que le Dr Gidon vient de consacrer à ce qu on pourrait appeler «les antécédents du beurre» 5. Nous ne saurions suivre dans le détail les communications faites dans les autres sections et sous-sections du Congrès. Disons simplement que, par leur valeur, elles paient de leur peine, et largement, les organisateurs d une réunion où, vraiment, il fut bien travaillé et discuté 6. * 1. Voir l Annuaire du Collège de France, Trad. Gidon (Paris, Payot, 1930). 3. N. de l Éd. Ce tome a paru en Il s intitule: La Civilisation quotidienne. 4. Les cartes plutôt, puisque, en dehors de celle qui est reproduite dans le volume du Congrès (planche XI), il en existe une autre, relative aux fonds de cuisine secondaires (graisse d oie, etc.) qui se trouve à l Office de Documentation Folklorique, où l on peut en prendre communication. 5. A. GIDON, Anciennes conserves de lait aigre (Acor jucundus de Pline et Caudelée normande), dans La Presse Médicale, 14 mai 1938, p Le Dr Gidon est un des rares travailleurs français qui s occupe de ces problèmes d alimentation. 6. Signalons l aspect très «pratique» de certains des travaux du Congrès. Les problèmes comme celui de l artisanat, du costume régional, de la maison et de la part qu il convient de faire dans sa construction, aujourd hui, aux éléments folkloriques; le très gros problème des loisirs et de leur utilisation «folklorique»; celui du folklore à l école, etc., ont fait l objet de multiples communications qui ont donné un aspect très vivant à certaines des séances du Congrès. 825

9 826 CIVILISATIONS Du Manuel de folklore français contemporain que la maison d édition Auguste Picard a demandé à Arnold Van Gennep 1, nous dirons peu de choses pour l instant. C est que nous n avons encore de ce Manuel que les tomes III et IV. Ils sont certes vierges de toute «métaphysique», et pour cause: le tome III reproduit un certain nombre de questionnaires, généraux particuliers ou régionaux, qui se sont à l épreuve montrés productifs. Suivent deux listes, l une des anciennes provinces avec l indication des départements qu elles ont constitués par leur division, sous la Révolution; l autre, assez singulière et disparate, des pays de France. Listes utilitaires, nous dit M. Van Gennep, et surtout destinées aux étrangers peu au courant de la terminologie géographique française. Soit. Mais l utilité ne dispense pas de méthode stricte, et le moins qu on puisse dire de ces deux listes, c est qu elles surprennent par leur laisser-aller doctrinal dans un manuel de tenue scientifique 2. Vient enfin une bibliographie considérable, par sujet et quand il y a lieu, par régions, avec table alphabétique finale des auteurs, et table de références par provinces. 1. Paris, A. PICARD, 1938, t. III. Questionnaires, Provinces et Pays Bibliographie méthodique; t. IV, Bibliographie (fin), Index variés. À paraître les t. I et II; en préparation: Le Folklore de la France, Moyen Âge et Renaissance, 2 vol. in-8. N. D. L E. Depuis ont paru: t. I, Du berceau à la tombe, 1943, XIII-373 p.; t. II, Mariage, funérailles, 1946, 457 p. 2. S agissant des «Provinces», aucun écho des discussions qui ont eu lieu sur la valeur et l emploi du mot sous l Ancien Régime, à la suite du petit livre d A. BRETTE, Les Limites et les divisions territoriales de la France en 1789 (Paris, 1907). Il est vrai que M. Van Gennep, professant un «utilitarisme» plein de mépris pur les vains savoirs, déclare «suivre un usage à demi populaire»; je veux bien, mais, outre que j aimerais savoir, avec un peu plus de précision, en quoi peut consister cet «usage à demi populaire», je me demande ce que viennent faire alors là les 30 gouvernements de Louis XIV et les 36 gouvernements de Ce dernier chiffre ne laisse pas de m inquiéter [en 1792, 36 gouvernements, écrit expressément M. van Gennep; c est le chiffre adopté ici] lorsque j y vois figurer un gouvernement du comté de Nice (le comté a été réuni, pour la première fois, en 1792); un gouvernement de la Savoie (même observation) et un gouvernement du Comtat Venaissin (réuni le 15 septembre 1791) alors que les départements datent de 1790, et qu il y a donc plus lieu de parler en ce temps de gouvernement. En fait, à la veille de la Révolution, on comptait 33 gouvernements; et il n y eut jamais de gouvernement ni d angoumois, ni de Gascogne (Guyenne). Encore une fois, on peut dire: peu important les anciens gouvernements; le folkloriste a besoin de connaître ces grandes unités, à la fois administratives et culturelles qui apparaissent de bonne heure en France et qui s y perpétuent. Mais alors qu on ne nous parle pas de gouvernements pour en énumérer 36 en 1792, quand ils ont cessé d exister en 1790 et qu ils ne furent jamais que 33. Même flottement quant aux pays. Sous cette rubrique, il y a de tout: des chaînes ou des massifs montagneux, l Argonne, les Albères, etc.; des vallées (vallée de Bethmale), mais alors, pourquoi pas autres vallées qui ont un droit égal, ou supérieur, à figurer au catalogue? J en relève une entre combien d autres, parce qu elle m est familière: ce que nous appelons le Saugeais, en Franche-Comté, la partie de la vallée du Haut-Doubs qui a pour centre Montbenoît et dont le patois, les usages, etc., sont fortement caractérisés comme distincts des patois et des usages voisins. Ce n est pas 28 pages, c est 60 qu il aurait fallu pour relever les noms de toutes ces petites unités. On y trouve des forêts défrichées (la Bière, l Yveline) à côté de pagi mérovingiens: l Amous par exemple, résurrection de savantasses sans aucune racine populaire d aucune sorte, et défini comme le Pays de Dole avec un magnifique circonflexe sur Dole. Tout cela est d une aimable fantaisie, sous prétexte de réalisme.

10 CIVILISATIONS MATÉRIELLES Travail considérable, et sans précédent en France. Il rendra d excellents services, et il faut féliciter à la fois l auteur de sa patience méritoire et l éditeur de sa libéralité. Naturellement, et quel que soit le zèle qu a déployé M. Van Gennep, il y aurait bien des oublis à relever, des erreurs à redresser, et, peut-être, des partis pris à signaler 1? Ne tombons pas dans un pédantisme relativement facile. Prenons ce qu on nous donne ne constatant que le donc est estimable et commode l instrument de travail que constitue la bibliographie. Nous aurons l occasion de revenir sur tout ceci quand, les tomes I et II du Manuel ayant paru, nous pourrons apprécier dans son ensemble une tentative qui, de toutes façons, est courageuse. Une vieille discipline qui s organise scientifiquement se dote de ses instruments de recherche et de travail fondamentaux, et surtout s équipe en hommes jeunes et ardents à la quête du savoir: voilà, en ces temps de tristesse, qui peut redonner quelque goût à la vie Certaines erreurs sont plus que des inadvertances. On voit citer (t. IV, p. 878, n o 5477) J. SION. Le Var supérieur, étude de géographie humaine. Signalement parfait, sauf qu il faut lire: étude de géographie physique et que le livre dès lors n a rien à voir avec le folklore. Un oubli surprenant: le livre fondamental de Marc BLOCH, Caractères originaux de l agriculture française, n est pas connu, ou du moins pas cité. Si je me limite à la région franc-comtoise, je relève une erreur d attribution assez cocasse: le vieux travail de Dey sur la Sorcellerie dans le comté de Bourgogne est classé à la Bourgogne: duché n est pas comté. Je note l absence du livre curieux de Le Quinio sur le Jura, si intéressant cependant. Et celle du livre fondamental en matière de sorcellerie, le Discours des Sorciers de BOGUET (Lyon, Pilehotte, 1602) qui est le classique des classiques. Ne prolongeons pas cet épluchage. Inutile de dire que «tout le reste est de bonne prise». Mais tout de même que d étranges lacunes. Le livre de Maurizio en est une encore: et pourtant que d inutilités dans les publications sur le folklore épulaire (p. 924 et suiv.). Quelques questions; Qu est-ce que «les recherches entreprises récemment par l Institut de synthèse» sur l alimentation, dont M. Van Gennep nous enseigne «qu elles ne sont que» (ah, ne que!) la continuation de recherches antérieures (parbleu!). Mais d abord, qu est-ce que l Institut de synthèse, inconnu de tous à Paris? Et s agit-il de ce qu ailleurs M. Van Gennep nomme (III, p. 55) la Commission des recherches collectives du Centre international de synthèse historique qui est, en fait, la Commission des recherches collectives de l Encyclopédie Française «privée», est-il enseigné ailleurs au lecteur (p. 149); «non officielle» (heureusement!); «en rapports avec l Institut de synthèse historique (encore!) et l Encyclopédie dite de Monzie» (qu il vaudrait mieux «dire», en donnant son nom, l Encyclopédie française, tout en indiquant que le tome VII de cette Encyclopédie, dirigé par Paul Rivet, n est pas tout entier étranger aux études ethnographiques). Quant aux questionnaires de la Commission, «qui sont pour deux tiers, au moins, d ordre économique, pour un tiers à peine de caractère folklorique» (quel étrange dosage!), ils rappellent à M. Van Gennep «les enquêtes de l école de Le Play sur les ouvriers et artisans des Deux Mondes». Ce doit être, j imagine, une bien mauvaise note; mais j avoue que le rapprochement me laisse étonné, au sens que le mot avait au XVII e siècle. Que d inexactitudes et de mauvaise grâce en tout ceci (voir encore le coup de patte du n o 54). Voilà qui m oblige à rester très bref sur les inexactitudes, oublis ou légèretés de cette bibliographie et à n en signaler que l utilité, qui reste grande. Moins qu on ne souhaiterait.

11 828 CIVILISATIONS II. COMMENT ET POURQUOI SE FORMENT LES THÈMES HAGIOGRAPIQUES 1 On sait la manière, on sait les qualités de cet historien des croyances et des traditions populaires, de ce folkloriste si l on préfère, que nous appellerons comme il se nomme lui-même quand, changeant d occupations, il écrit en personne des livres M. P. Saintyves 2. Une érudition d une vaste étendue; des lectures extrêmement abondantes; une curiosité orientée dans des sens multiples et servie par une information fort riche; un goût décidé pour les recherches de détail; un goût moindre, sans doute, pour les ensembles: au total, il est un mot, je crois, qui s applique parfaitement à ce qu il nous apporte chaque année, avec prodigalité, c est le mot de «Contributions» avec tout ce qu il implique, à la fois, de précision d utilité, de désintéressement scientifique: tout ce qu il laisse aussi de possibilités pour ceux qui viendront après lui et qui, sur telle de ses remarques, sur telle des séries de faits qu il nous livre, grefferont de nouvelles études et de fécondes recherches. Le recueil qui porte ce titre, un peu général: En marge de la Légende Dorée 3 mais les sous-titres précisent le dessein de l auteur: Songes, Miracles et Survivances, Essai sur la formation de quelques thèmes hagiographiques est formé de divers mémoires composés, sans plan préconçu, à des dates différentes. Mais tous se trouvent avoir un objet commun. Ils concourent à nous montrer comment, par quels mécanismes se forment les thèmes hagiographiques. Les quatre premiers mettent en lumière le rôle des songes. Étude générale sur la place qu ils occupent dans la littérature hagiographique; étude plus spéciale des thèmes hagiographiques qui en sont issus ou qui leur doivent une part de leur vitalité (croyance aux revenants, songes divinatoires, rêves oraculaires, etc.); indications précieuses sur les songes ambulatoires et les visites en rêve au paradis, à l enfer et au purgatoire reprises en partie et développées dans un mémoire sur les Voyages dans l autre monde chez les mystiques visionnaires et les hagiographes: il y a là de quoi retenir non seulement l historien, mais le psychologue et le sociologue. Suivent plusieurs études qui tournent autour du miracle. Et d abord un très curieux travail sur «les résurrections d enfants mort-nés et les 1. Revue de synthèse, 1932 [7-488]. 2. Voir précisément dans le n o 1, t. I de la Revue de synthèse (t. LI de la Revue de synthèse historique, 1931, p. 81), le projet d article Folklore rédigé par P. SAINTYVES pour le vocabulaire. 3. Paris, Émile Nourry, 1931, in-8, VIII-596 p. La table des illustrations est omise. Par contre, copieux index analytique et table des noms de Saints. En appendice, un très riche et précieux catalogue des Saints Céphalophores.

12 CIVILISATIONS MATÉRIELLES sanctuaires à répit» de tous peut-être celui qui m a le plus vivement intéressé; il plonge très loin, très avant, dans les couches profondes de la sensibilité humaine. Il s agit des enfants morts sans recevoir le baptême et par conséquent incapables d aller au Ciel d après la doctrine catholique: une doctrine qui d ailleurs n a pas cessé de varier, nous y revenons plus loin. Ces enfants, nous dit l auteur, n ont pas commis de péchés personnels: ils n en subissent pas moins, du fait que la souillure du péché originel n a pas été effacée en eux par le baptême, ce qui est la peine essentielle des damnés: la privation éternelle de voir Dieu. Ainsi s explique-t-on que les parents, angoissés à l idée des souffrances qui attendaient des petits innocents, aient porté leurs cadavres dans certains sanctuaires où, invoqué pour eux avec une ardente foi, un Saint ressuscitait l enfant pour quelques instants: juste le temps nécessaire pour qu un prêtre puisse le baptiser et lui ouvrir ainsi la porte des Cieux 1. Inutile de dire que d innombrables miracles de la Vierge ont eu pour objet, eux aussi, de telles résurrections. L enquête de M. Saintyves a porté surtout sur nos pays de l Est, où Franche-Comté, Savoie, Bourgogne s avèrent comme privilégiées à cet égard. Elle nous montre, une fois de plus, avec un relief saisissant, dans quelle atmosphère de miracle perpétuel baignaient des hommes encore tout roches de nous: ceux du XVI e, ceux du XVII e siècle Trois autres mémoires: l un sur le thème du pendu miraculeusement sauvé par un saint qui tantôt le soutient, tantôt rompt la corde fatale 2 ; le second, très fouillé et intéressant, sur les Saints Céphalophores; 1. Même de simples religieuses accomplissent encore au XVII e siècle des miracles de ce genre. Je signale à M. Saintyves l histoire de la résurrection temporaire d un enfant mort-né par la vénérable Françoise Monet, en religion sœur Françoise de Saint-Joseph, entrée en 1626 au Carmel d Avignon. (La Vie de sœur Françoise de Saint-Joseph, par le P. MICHEL-ANGE DE SAINTE FRANÇOISE, carme déchaussé, Lyon, Bruyssel, 1721, in-4, chap. XI, p ). Cette sœur était originaire de la terre de Saint-Claude, dans le Jura, et par conséquent familiarisée avec ces sortes de miracles. 2. Pour le XVI e siècle, ne pas omettre l histoire du pendu de la place Maubert en septembre 1528 qui ressuscite miraculeusement, et que raconte en détail, notamment, le Journal d un Bourgeois de Paris sous le règne de François I er, édition Bourrilly, Paris, Picard, 1910, p Ce qui est intéressant ici, c est que ce sont des gens du peuple, une pauvre femme, des hommes de la rue qui crient au miracle quand le pendu dépendu commence à remuer, et qui ont peine à le tirer des mains du bourreau, puis des griffes du Parlement. Il est curieux de noter que dans sa Chronique parisienne, Pierre DRIART, le chambrier de Saint-Victor, intitule son récit (p. 135): «Exécution miraculeuse, comme on disoit» et use de propos plutôt sceptiques en narrant l histoire «Et disoit-on aulcuns que c estoit miracle, pour ce qu il avoit eu singulière dévocion à la Vierge Marye, quod pie creditur.» Cf. aussi Le Livre de raison de Fr. Versoris, p Le Bourgeois de Paris précise que la Vierge qui ressuscita le supplicié était N.-D. de Recouvrance des Carmes. Il n émet quant à lui aucun doute. Et il signale un peu plus loin (op. cit., p. 323) un autre miracle survenu à Lyon en avril 1529, lors de la Grande Rebeine: celui d un pauvre écolier qui avait ses ordres de prêtrise et avait été condamné à mort bien qu innocent; sa corde rompit et il «s en alla à Saint-Claude en pèlerinage remercier Dieu et le Saint de la grande grâce qu ilz luy avoient faicte». En plus, il y chanta sa première messe. On voit que saint Claude, le thaumaturge universel, ne chômait pas au XVI e siècle. DOM BENOIT omet ces miracles dans son Histoire de l abbaye et de la terre de Saint-Claude, Montreuil-sur-Mer, 1892, 2 in

13 830 CIVILISATIONS le troisième, sur l incorruptibilité des cadavres considérée comme signe de la sainteté complètent la «section miraculeuse» du livre. La dernière partie s intitule Survivances: elle montre combien prodigieuse est la perpétuité des rites, qu on pourrait nommer leur quasiindestructibilité, en étudiant tour à tour le miracle de l apparition des eaux dans ses relations avec la liturgie; puis les «sorts des saints», réincarnation des Sortes Virgilianae ou des Sortes Homericae des anciens et des humanistes; ensuite histoire de saint Guignefort, métamorphosé en chien; enfin, les vols de reliques à travers les siècles 1. Ce que cette énumération ne peut dire, c est le nombre énorme de faits curieux qui sont cités et allégués par l auteur; c est la richesse en suggestions diverses d un livre plein de textes, de dates et d enseignements. La seule chose que je lui reprocherais, c est de rester trop étranger au souci de localiser géographiquement, ou plus précisément de cartographier les faits recensés. Il n est pas de domaines, il n est pas de science où la méthode cartographique ne trouve son intérêt. Dans les études du genre de celles que notre auteur poursuit, on voit fort bien comment elle serait révélatrice de rapprochements, comment elle inspirerait des études et des relations neuves. Et si un jour M. Saintyves pouvait suggérer au bon éditeur Nourry de s intéresser, activement, à une entreprise de cartographie hagiographique qui viendrait à son heure je crois qu il accomplirait une bonne, une très bonne action Par ailleurs et pour nous, historiens, un tel livre ose à chaque instant des problèmes de date. Ou, si l on veut, de périodes. Car l attitude des hommes vis-à-vis des miracles, des croyances, des superstitions est loin de rester identique d une époque à l autre. Le plan que suit l auteur, son dessein même et sa méthode l empêchent d aborder ces problèmes autrement qu en passant: ils n en existent pas moins. Ne prenons qu un exemple. Quelques-unes des pages les plus intéressantes du livre sont consacrées, nous l avons vu, aux enfants morts avant le baptême et dont on implorait la résurrection momentanée, une résurrection leur permettant de recevoir le sacrement libérateur. Mais libérateur de quoi? Pour saint Augustin et ses tenants, pas d hésitation 2 : contre Pélage assignant aux non baptisés, 1. Dans la période moderne, il y aurait lieu de signaler, entre autres vols célèbres, celui du Saint Suaire de gênes enlevé par deux frati pour l archevêque de Sens et restitué par ordre de Louis XII; il revient à Gênes en grande pompe en C. BORNATE, Il furto del S. Sudario nel 1507 (Rivista ligure di Scienze, Lettere ed Arti, Genova, 1915). Pour l Italie, cf. égaement les indications de RODOCANACHI, La Réforme en Italie, t. I, p. 71. Pour l Allemagne, des indications dans H. SIEBERT, Beiträge zur vorreformatorischen Heiligen und Reliquien Verehrung, Fribourg-en-Brisgau, 1907, in-8. Se rappeler l électeur de Saxe, Frédéric le Sage, le futur protecteur de Luther, montant en reliques l Église de Wittemberg dans la première moitié du XVI e siècle. (Cf. L. FEBVRE, Un destin, Martin Luther, Paris, Rieder, 1928, in-16, p Pour tout ce qui suit, cf., dans le tome I de l Histoire des dogmes de J. TURMEL, Paris, Rieder, 1931, in-8, le chapitre XXIII: Conséquences du péché originel dans la vie future.

14 CIVILISATIONS MATÉRIELLES comme lieu de repos, un séjour de bonheur intermédiaire entre la demeure des damnés et celle des bienheureux, saint Augustin déclarait sans ménagement qu ils auraient à subir le supplice du feu éternel. Il faut descendre jusqu à Abélard pour voir naître une doctrine moins rude, Abélard s avisant, dans son désir de concilier le respect dû à l évêque d Hippone et un désir avoué de laver la justice divine du reproche de cruauté, que le feu éternel de saint Augustin voulait dire, simplement, la privation de la vision béatifique. Après quoi, saint Thomas fit un nouveau pas. Abélard avait délivré les innocents non baptisés du feu infernal mais non de la souffrance. Saint Thomas, les libérant de la souffrance, décida qu ils seraient heureux qu ils n auraient pas sans doute la vision intuitive, mais la connaissance et l amour naturel de Dieu, source de joie pour eux. Et pendant deux siècles, les docteurs furent à peu près unanimes jusqu à ce que Bellamin et Petau prennent la tête d une réaction très vive elle fut suivie par Bossuet contre le pélagianisme larvé des thomistes, réaction qui du reste avorta. Mais qui ne voit l intérêt qu il y aurait à rythmer pour ainsi dire aux sons variables de la doctrine théologie commune 1 tantôt plus violents et tantôt adoucis l intensité plus ou moins forte des résurrections temporaires dans les sanctuaires à répit? Qui ne voit, la question du baptême des enfants s étant osée d une façon aiguë devant les Réformateurs, l intérêt qu il y aurait à chercher si, dans leur réaction contre la doctrine catholique, la considération du sentiment de justice humaine lésé par la conception des Augustiniens est entrée, de façon consciente ou non, pour quelque chose? Songeons aux violences des controverses entre anabaptistes, luthériens et calvinistes sur ces problèmes: au fond, et si l on applique ici cette méthode dont j ai essayé de donner quelques exemples ailleurs 2, quelle place faudrait-il faire, dans ces débats psychologiques, à des questions de sentiments fort puissants? Tout ceci, encore, M. Saintyves n avait pas à se le demander. Mais, 1. Il faudrait reprendre notamment la question des protestations formulées par les statuts synodaux que cite M. Saintyves et qui sont de 1452 et 1479 (Langres); 1557 (Lyon); 1592 et 1696 (Besançon). Dates curieuses à première vue. 2. Voir mon étude: Une question mal posée, les origines de la Réforme française et le problème général des causes de la Réforme (Revue historique, t. CLXI, 1929 et Au cœur religieux du XVI e siècle, S.E.V.P.E.N., 1957, pp. 3 à 70). Sur l attitude de Calvin, voir l Institution, livre IV, chap. XVI. Le passage capital, celui-ci, est au 26: «Nostre Seigneur dit que quiconque croit au Fils, il a la vie éternelle et ne viendra point en condamnation, mais est ja passé de mort à vie. Nulle part il ne damne ceux qui n auront point esté baptizez. Ce que n entendons estre dit en contemnement du baptesme, comme si on le pouvoit négliger; mais seulement nous voulons monstrer qu il n est pas tellement nécessaire que celuy ne soit excusable de ne l avoir point receu, qui aura eu empeschement légitime.» Au contraire, dit Calvin, à suivre les anabaptistes, on devrait penser que tous les non baptisés, même quand il n y va pas de leur faute, «seroyent condamnez sans exception, jaçoit qu ils eurent la foy» et de même, les anabaptistes aboutissent à condamner «tous les petits enfants auxquels ils dénient le baptesme, qu ils disent estre nécessaire au salut». 831

15 832 CIVILISATIONS pour un historien, l interrogation jaillit aussitôt. Et la lecture attentive du livre que nous signalons a précisément l intérêt de lui montrer à chaque page la nécessité de travaux d ensemble sur de pareils problèmes. Ce n est certes pas l un de ses moindres bienfaits. III. UNE ENQUÊTE: la forge de village 1 Les lecteurs des Annales connaissent, par une note 2 de son très dévoué et actif secrétaire, André Varagnac, la Commission des recherches collectives cette «coopérative de travail scientifique» que j ai voulu greffer sur le jeune tronc de l Encyclopédie française, et que j ai pu réaliser avec le concours du Centre international de synthèse, la Fondation de mon ami Henri Berr. Des deux enquêtes actuellement en cours de diffusion, l une concerne les usages de moisson et, notamment, les divers types de construction des gerbes en France; l autre porte sur l ancienne forge de village, ses rapports avec la charronnerie, son outillage artisanal et ses récentes transformations. Déjà, en réponse au questionnaire établi par d éminents spécialistes et diffusé en juillet 1935 il y a tout juste quatre mois une soixantaine de réponses précieuses sont arrivées de tous les points de la France. Elles émanent de correspondants bénévoles: instituteurs pour la plupart, professeurs, érudits locaux auxquels se sont joints chose notable quelques forgerons de village. Il m a paru que, dans le numéro spécial des Annales consacré aux «techniques», il serait bas de donner, en reproduisant quelques extraits des réponses, reçues (trop sobres et trop peu nombreux sans doute, mis expressifs), l idée de tout ce que peuvent apporter de positif et de varié des enquêtes comme celles que la Commission des recherches collective se propose de multiplier et qu il est urgent d entreprendre: car les années passent vite et, dans un demi-siècle, plus rien ne subsistera des réalités qu il s agit d enregistrer pendant que le souvenir même n en est point aboli 3. Il n est pas inutile, d autre part, de montrer aux collaborateurs de l enquête (dont on voudra bien noter la fermeté d écriture et la sobriété dépouillée de langage) que leur effort bénévole n est pas perdu et qu ils sont associés réellement, non à l entreprise privée d un individu, utilisant pour des fins demi personnelles les 1. Annales d histoire économique et sociale, 1935 [11-745]. 2. Annales, t. VII, 1935, p Inutile de dire que les réponses complètes à l enquête de véritables et précieux mémoires sont à la disposition des travailleurs au siège scientifique de la Commission. S adresser au secrétaire, M. André Varagnac, au siège du Comité de l Encyclopédie Française, 13, rue du Four, Paris (VI e ).

16 CIVILISATIONS MATÉRIELLES résultats de leur labeur, mais au progrès collectif d une science désintéressée. Puisse cette démonstration valoir à la Commission de nouvelles et précieuses sympathies. Le temps presse, l œuvre est immense. Il faut pouvoir se hâter. * Et donc, voici tout d abord, «croqué» en quelques lignes par deux correspondants, l un du nord-est et l autre du centre de la France, l artisan lui-même le Cyclope enfumé et redoutable dans sa forge noire: «Le forgeron était vêtu de toile grossière, chaussé de gros sabots, les reins ceints de la traditionnelle barrette de cuir, surchargée d innombrables rapiéçages. Le cou et les bras nus. Constamment noir comme ramona il ne se lavait que le dimanche. Il avait la peau durcie et parcheminée par la chaleur. J ai vu maintes fois le maréchal, quand sa forge était éteinte, enfoncer ses doigts sous la cendre du foyer de la cuisine, et rapporter dans le creux de sa main une poignée de charbons ardents pour rallumer son feu 1. «J ai fait connaissance avec la forge de Moreau, plus connue sous le sobriquet de «Chamoueza» c est-à-dire barbouillé de charbon et de suie en 1882 ou 1883: les ciseaux de mon grand-père, tailleur de pierre, s émoussaient vite au contact du granit; pour les remettre en état, je faisais de nombreux voyages chez «Chamoueza», l homme trapu, aux manches retroussées, aux muscles saillant des bras velus, et portant toujours sur l abdomen un tablier en cuir épais et crasseux, les pieds enfouis dans deux sabots en bois. Lorsque Chamoueza était devant le fourneau brillant de sa forge noire et enfumée, tenant de la main gauche la chaîne actionnant le soufflet, gros et bedonnant d abord, ratatiné après, et de la main droite, à l aide d une paire de pinces aux bras très longs, le ciseau enfoncé dans la houille brésillante, j étais saisi de crainte et pensais que cet ouvrier devait être féroce C était un bien brave homme 2.» L outillage maintenant. Outillage traditionnel, et qui, longtemps, ne se modifia guère: «L outillage du forgeron d il y a cinquante ans ne différait guère de celui que nous décrit un inventaire de La machine à percer est le seul principal outil qui soit venu moderniser cet outillage. Les soufflets sont devenus plus petits, le bassin où trempait la mouillette ne se trouve plus sur la forge, mais dessous. On l y voyait aussi autrefois. Dans ma région l ange était ordinairement une pierre creusée, ronde et, dans bien des cas, le coffre d une sépulture par incinération gallo-romaine était utilisé à cet effet 3.» 1. Paulin LEBAS, Sévigny-la-Forêt (Ardennes). 2. ROTHONNET, Ajain (Creuse). 3. Albert HUGUES, Saint-Geniès de Malgoirès (Gard). 833

17 834 CIVILISATIONS «Mon outillage se compose: 1 o d un soufflet à piston, dit double-vent, actionné par une branloire; un tuyau de plomb va souffler dans la tuyère dite tuyère anglaise qui est installée sur un foyer bâti en pierre et en briques où est le nid, sorte de cavité ronde, recouverte de mortier et terre glaise où se fait la combustion; 2 o l enclume à deux bigornes, une ronde et une carrée; 3 o le bassin où je trempe le fer: c est un bac en ciment de forme rectangulaire où sont les tenailles de différentes formes qui servent à tenir le fer pour le mettre à chauffer; 4 o l établi est formé d un madrier de chêne; il est fixé contre la fenêtre éclairant la forge. Deux étaux y sont placés, l un tournant, l autre fixe. Sur l établi se trouvent lime, marteau, pointeau, poinçon bouterolles, filières, avec jeu de tarauds; scie à métaux. Sur des étagères, les clous à ferrer les chevaux et les bœufs, les pots de peinture, les pinceaux. Tout autour de la pièce de bois qui tient l enclume, sont suspendus gros marteaux, tranches, chasses, étampes, le tout servant à la profession de maréchal-forgeron et de serrurier, car je m occupe aussi de la construction de grilles, rampes, entourages de cimetières, portails. «Dans une petite mallette, se trouvent les outils à ferrer les bêtes: un petit marteau appelé mailloche, une paire de tricoises, rogne-pieds, rapes à cornes, reinettes et bistouris. Dans un coin de la forge, la meule à affûter la taillanderie. La perceuse, machine très utile, est composée d un bâti en fer où tournent des axes coniques, munis d engrenages à deux changements de vitesse; au-dessus, un grand volant rend la rotation moins pénible; au-dessous, l étau sert à fixer les pièces où l on veut pratiquer des trous. La commande se fait par une manivelle qu on tourne à la main. Un petit baquet en fonte contient le suif à tremper les haches. Le métier ou «tramail» (travail) qui sert à ferrer les bœufs se trouve en dehors de la forge. Tout en bois de chêne, il est muni d un tour qui permet, avec des sangles en corde, de soulever de terre la bête à ferrer 1.» L approvisionnement est de même décrit par les enquêteurs. Il résulte de leurs réponses que la chauffe au charbon de bois paraît avoir été générale en France jusque vers le dernier tiers du XIX e siècle sauf dans le cas où des mines se trouvaient à proximité relative de la forge. Voici, se rapportant à la Dordogne, un témoignage intéressant à ce sujet 2 : «L approvisionnement se fait directement chez l importateur, par le moyen de camions. Mais c est depuis cinq ou six ans seulement. Avant, depuis l ouverture de la ligne de chemins de fer d Angoulême à Ribérac (1893), il se faisait par wagons entiers en gare de Larochebeaucourt, à sept Karl Marx. De là, le charbon était transporté jusqu aux Graulges avec des charrettes à bœufs. Plus anciennement on s approvisionnait à Angoulême, 1. André LACOMBE, forgeron, Le Peuch, par Saint-Germain-les-Vergnes (Corrèze). 2. G. MOLINIER, professeur agrégé (Paris), Les Graulges (Dordogne).

18 CIVILISATIONS MATÉRIELLES à 33 Karl Marx., chez les marchands en gros. Mon père, qui était «roulier», après avoir conduit à Angoulême sa carriole chargée de foin, de paille, de bois pour le chauffage et plus habituellement de traverses pour le chemin de fer, de carassounas (piquets en bois de châtaignier pour les vignes), de cercles à barriques (en bois de châtaignier aussi), la ramenait chargée de denrées et de produits indispensables à la vie des campagnes: c est lui qui transportait le sel, le sucre, les raisins secs servant, après la disparition des vignes, à la fabrication des piquettes de vin, les engrais et les graines, le charbon et le fer, ravitaillant ainsi les épiciers, les cultivateurs et les forgerons. «J ai entendu dire qu avant 1870 on forgeait au charbon de bois. Il est certain que cet usage a dû se prolonger plus qu ailleurs dans notre région qui a été une très grande productrice de charbon de bois, tant qu elle en a trouvé l écoulement. Au reste, nous avons, dans les forêts qui nous entourent, des témoignages innombrables que le minerai était traité là, très grossièrement, au charbon de bois, dans des trous creusés sur place 1. Aujourd hui certains travaux se font exclusivement au charbon de bois: la fabrication ou tout au moins le finissage de tous les outils à taillant (haches, serpes, volants, planes, faucilles), qui ont besoin d être trempés. Cette chauffe, plus douce et plus uniforme, donne à l outil, paraît-il, une qualité incomparablement supérieure.» * À quoi tenait cependant l ancien prestige du forgeron? Essentiellement, à ses activités «en marge». Nos correspondants les passent en revue: Le forgeron guérisseur. «L autorité du forgeron était grande dans le village. On recourait très souvent à lui, car il était à la fois sorcier, guérisseur, médecin et vétérinaire. Il inspirait une telle crainte qu on suivait toujours ses conseils. Les enfants surtout le redoutaient. Leur frayeur était si grande qu ils faisaient de longs détours pour ne pas le voir ou même pour éviter de passer devant la forge. «Souffrait-on des dents? Le forgeron se changeait en dentiste. Il s asseyait, faisait asseoir le patient devant lui par terre, lui tenait la tête solidement entre ses genoux, et armé de ses redoutables pinces, il arrachait la dent du malheureux qui n osait se plaindre. Ces pinces étaient une sorte de tenailles portant à chaque mâchoire une pointe que le forgeron introduisait sous la dent. Cet outil s appelait un «loup». Mais le forgeron guérissait bien d autres maux! Il saignait volontiers les gens. D autres fois, après avoir fait placer la tête du malade sur l enclume, il tapait sur celle-ci en marmonnant des paroles que l on croyait magiques. L effroi 1. «Mon grand-père transportait à dos de mulet dans la vallée du Bandiat le minerai ramassé dans nos bois, à la surface du sol ou à quelques centimètres de profondeur». 835

19 836 CIVILISATIONS causé par ses paroles et la crainte de voir le marteau retomber sur sa tête faisaient que le patient se relevait en se déclarant guéri. Cependant la suggestion ne suffisait pas toujours à triompher du mal, mais le client se gardait bien de le dire. Si ces coutumes ont disparu depuis une quarantaine d années, le souvenir en demeure vivace 1.» Le forgeron vétérinaire. «En ce qui concerne les animaux, au Graulges, comme ailleurs, le maréchal était un vétérinaire empirique. Pendant toute mon enfance, il n y a jamais eu de vétérinaire diplômé dans la région. Celui qui exerce à Mareuil (à 5 km.) depuis une trentaine d années, est le premier qu on ait connu dans le pays. Avant lui, c est un maréchal de Mareuil qui soignait les bêtes. Je le revois encore dans son petit char à bancs traîné par un poney endiablé; pour les vêlages et les coliques, on l appelait de partout. Et il arrivait, avec un chargement de drogues et de spécialités. Je me rappelle aussi que le maréchal des Graulges, Michel Faure, saignait avec virtuosité les bœufs trop nourris. Il attachait le patient à un arbre, lui plaçait un clou sur le cou, au droit de la grosse veine et d un coup de marteau faisait jaillir le sang. Ah! quel admirable jet de pourpre! Je ne me rappelle plus comment il arrêtait l écoulement du sang, mais je le vois encore tamponnant la plaie avec une poignée de son de blé. Actuellement le maréchal, en tant que guérisseur de bêtes, se contente d arracher aux bœufs les dents malades, de raboter celles des chevaux quand ils ont une difficulté à manger, ou d aider le vétérinaire dans les opérations pénibles» 2. La forge, forum du village. «La forge est un lieu de rendez-vous, surtout les jours de pluie. On y discute de tout, du temps, des récoltes, de la politique, des nouvelles locales, et de tous les potins. On la surnomme: «le lavoir des hommes». Après la discussion, on passe aux contes vieux comme le monde: l orgueilleux saint Éloi puni par Jésus-Christ se présentant comme ouvrier maréchal; le robuste cavalier brisant les fers à cheval peu solides, et le robuste maréchal brisant les écus du paiement. «On dit des histoires. Il faudrait un livre pour les rassembler, de même que les farces traditionnelles: la blouse du badaud, clouée sur l établi et qui se déchire quand l homme se lève; la bigorne dans la hotte et celui qui la porte tombant à la renverse, etc.» 3. Mais le forgeron ne se borne pas à forger. Son activité s apparente, sous des formes diverses, à celle du charron. Le plus souvent, il apparaît comme l auxiliaire de ce dernier. En voici des exemples: «Comme il y a dans le bourg un charron très expérimenté et achalandé, 1. Mlle AURIAC, directrice d école, Astien (Ariège). 2. G. MOLINIER. 3. L. LAVIGNE, directeur d école (Verdun), Avillers-Sainte-Croix (Meuse).

20 CIVILISATIONS MATÉRIELLES le forgeron n a pas à cumuler ces deux métiers. Dans ce domaine, son rôle est celui d auxiliaire temporaire du charron. Il n a pas à fabriquer pour lui les pièces de fer qui entrent dans les voitures et charrettes, car le charron est aussi un forgeron spécialisé; mais il l aide régulièrement dans le rude travail que constitue le cerclage des roues. Il faut les voir tous les deux, dans la cour du charron, autour du brasier où brûlent les débris et déchets de l atelier, et où rougissent quatre, six, huit bandages de roues à la fois, s affairant, activant le feu et, leurs énormes pinces à la main, soulevant et fixant le cercle sur le bois qui grésille 1. «En tant que cercleur et lorsque la provision de roues à cercler est assez grande, le forgeron les charge sur son char à bœufs et les conduit à proximité du ruisseau qui longe le village. Il raccole quelques hommes de bonne volonté pour l aider, chauffe ensuite avec des genêts ces cercles sur place et les ajuste avec de grandes pinces. Les roues sont mises à refroidir dans le ruisseau» 2. * Quel est cependant, au village, le rôle social du forgeron? L enquête fournit beaucoup de renseignements à ce sujet. Ils ne concordent pas tous. Il appert des réponses obtenues que les variantes régionales sont ici considérables et qu elles devront être étudiées en fonction d un plus grand nombre de réponses, compte tenu des transformations récentes de la profession. Deux extraits (Charente, Ille-et-Vilaine) donneront quelque idée de ces variations: L autorité du forgeron dans le village. «Autorité» ne convient peut-être pas exactement ici. «Popularité» convient mieux. Interpellez le forgeron, il répondra toujours avec gaîté Un charroi a versé dans un chemin creux: les témoins de l accident se dévouent, mais on ne peut pas libérer l attelage. On court chercher le forgeron, car il aura vite brisé une chaîne, coupé une sangle: il est fort, adroit. Il s entend mieux que pas un à l extinction des feux de cheminée. Il se prodigue, lors d un incendie. Aussi, dans nos campagnes, le forgeron est généralement aimé et sa popularité est grande. On dit de lui parfois: «il est commerçant, il sait y faire»; il y a plus, il y a parfois du dévouement chez le forgeron. Aussi est-il hélé de tous côtés pour boire un verre de vin, qu il ne refuse jamais à noter entre parenthèses la proximité du café et de la forge. Il est rare qu un café ne se soit pas installé dans le voisinage de la forge. Je l ai constaté en Touraine, en Bretagne, un peu partout, et notre région confolentaise ne fait pas exception à la règle» G. MOLINIER. 2. VERGNOL, instituteur, Messeix (Puy-de-Dôme). 3. R. SIMON, instituteur, Ambernac (Charente). 837

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