Ce séminaire constitue le premier temps fort qui marquera cette année.

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1 Ouverture Séminaire sur la Préservation et la Valorisation des ressources locales de la Guyane (Antoine KARAM, Président de Région - Vendredi 25 Février 2005) Intervention du Président de Région dans le cadre de l ouverture du Séminaire sur la Préservation et la Valorisation des ressources de la Guyane les 25 et 26 février 2005 à l auditorium de l ENCRE. Madame la Présidente de la République de l Equateur et Secrétaire Générale de l OTCA, Mesdames et Messieurs les Conseillers Régionaux, Mesdames et Messieurs les intervenants, Chers invités, Tout d abord je tiens à vous exprimer la grande satisfaction que j ai à accueillir Madame Rosalia ARTEAGA-SERANNO, actuellement Secrétaire générale de l OTCA (Organisation du Traité de Coopération Amazonienne) anciennement Présidente de la République d Equateur. J ai encore en mémoire l accueil très chaleureux que vous nous avez réservé lors de notre visite à Manaus à l occasion de la foire internationale d Amazonas. Durant l audience que vous nous avez accordé, nous avons été très heureux d apprendre que la Guyane représentera la France en qualité d observateur au sein de l Organisation que vous présidez. Je me réjouis de votre présence parmi nous ce matin. Ce séminaire sur la préservation et la valorisation de nos ressources locales constitue une nouvelle étape de l action régionale, engagée en 2002, en faveur de l émergence d une politique de développement durable pour la Guyane. Il fait en effet suite au livre blanc du développement durable qui présentait des recommandations pour notre région. C est dans cette continuité que la Collectivité, lors de sa plénière du 28 janvier dernier, a déclaré l année «2005, Année du développement durable». Ce séminaire constitue le premier temps fort qui marquera cette année. D ores et déjà, d autres événements et actions sont programmés. Au mois de juin prochain, lors de la Semaine Nationale du Développement Durable, il est prévu le lancement de l Agenda 21 régional qui va définir pour les trois prochaines années un plan d actions en faveur du développement durable de la Guyane. Les trois axes prioritaires retenus sont les suivants : - La préservation et la valorisation des ressources locales. - La jeunesse, un atout pour la Guyane ;

2 - L accès équitable aux services de base sur l ensemble du territoire ; Autant de points qui touchent à des questions fondamentales de développement économique et social et qui sont cruellement d actualité. J ai demandé au Vice-Président José GAILLOU, délégué à la recherche et à l environnement, également Président du Conseil de Développement Durable, de mettre l accent sur des actions concrètes. En effet, le peuple guyanais dans son ensemble doit être impliqué dans des actions démonstratives et reproductibles du développement durable. Il convient de démontrer qu elles touchent le quotidien de chaque guyanais. Je tiens également à ce que tout le territoire de la Guyane soit concerné. Même si cela est compliqué en matière de logistique, nous devons tout mettre en œuvre pour que les habitants des communes de l intérieur, même enclavées, puissent s approprier les actions de l Agenda 21 local. Permettez-moi, en cette occasion, de remercier toutes les bonnes volontés qui se sont manifestées au sein des groupes de travail, lors des enquêtes et des réunions de concertation dans les communes. Nous porterons une attention particulière à ce que le document final et la mise en œuvre des actions de l Agenda correspondent bien aux besoins exprimés. Nous avons également en chantier la révision du Schéma d Aménagement Régional. Les groupes de travail qui ont été constitués, ont reçu comme recommandation de prendre en compte les fondamentaux du développement durable. Nous sommes aussi avec l Etat et le Conseil Général en phase de préparation du prochain programme européen qui fera suite au DOCUP Dans ce cadre, les propositions de l Agenda 21 régional seront utilement mises à profit pour la définition des stratégies d actions. Comme vous pouvez le constater, l action que nous menons ne suit pas une mode, mais s inscrit bien dans une volonté politique de développement intégré, dans lequel l homme est au centre de nos préoccupations. Nous devons faire face aux urgences du présent, sans perdre de vue une vision à long terme de notre développement. Ce séminaire est l occasion pour la Région de faire un état des lieux partagé de nos ressources végétales, animales, halieutiques et culturelles ainsi qu une analyse des conditions de leur exploitation et de leur valorisation. Je souhaite que nos travaux puissent déboucher sur des propositions concrètes en faveur d une meilleure gestion de nos ressources. C est pourquoi, je me permets d insister sur une large participation aux ateliers de demain qui sont le lieu privilégié d échanges pour ces propositions.

3 Nous avons également tenus à ce que ce séminaire soit ouvert au grand public. Il est en effet important que les guyanais s approprient les problèmes liés à la gestion durable de nos ressources. Nombreux sont ceux qui sous-estiment encore la valeur de notre patrimoine naturel et culturel. Ce séminaire ne va pas résoudre d un coup de baguette magique tous les problèmes liés à la gestion de nos ressources. Pour autant, il a pour ambition de contribuer à une prise de conscience des enjeux et de lancer le chantier d un plan d action global sur la préservation et la valorisation des ressources de la Guyane. Chaque thème sera repris au cours de l année 2005, à travers des groupes de travail plus spécialisés, afin de définir des modalités pratiques de mise en oeuvre des actions. Les bonnes solutions ne pourront émerger que dans le cadre d un partenariat actif entre les collectivités, les professionnels et l Etat. L intitulé du séminaire associe la préservation et la valorisation. En effet, elles sont complémentaires et indissociables. La valorisation justifie d investir dans la préservation pour une exploitation durable de la ressource. La préservation permet de conserver le potentiel d une exploitation future de la ressource. Par ailleurs, nous avons pris soin de ne pas limiter le champ de la réflexion aux ressources naturelles. Le terme «ressources locales» inclut également nos ressources patrimoniales et culturelles qui sont trop souvent occultées en tant que ressource et facteur de développement. Lors de ce séminaire quatre grands thèmes seront abordés : les mines, l halieutique, la biodiversité et le patrimoine culturel. Tous ces thèmes sont d actualité et très sensibles. Je souhaite qu ils soient pris en compte avec lucidité dans un souci d émergence de propositions concrètes d actions. Les questions relatives aux mines et à la pêche posent de manière cruciale le problème du contrôle des activités clandestines. Un point précis devra être fait sur l adéquation des moyens aux problèmes à résoudre. Vu les enjeux qui nous concernent tous, les élus guyanais, toutes collectivités confondues, peuvent s associer aux services de l Etat pour demander plus de moyens d intervention. Cependant, la réflexion doit également se prolonger sur l adaptation de ces moyens au contexte particulier de la Guyane pour une meilleure efficacité des actions de police. Concernant plus particulièrement la pêche, nous manquons d informations fiables sur l état de la ressource et sur les prélèvements effectués. Il est néanmoins certain que l activité illégale ne fait qu aggraver une situation déjà largement dégradée. C est dans ce cadre que la Région a financé six missions aériennes au dessus de l ensemble des zones de pêche et d activité minière, de décembre 2004 à février Un compte rendu en sera fait ce soir lors de la séance audiovisuelle, à travers un film de 15 minutes. Les élus régionaux qui ont participé à ces missions m ont fait part de leur grande émotion à la vision

4 concrète du saccage et du pillage de la nature et de nos ressources. Le troisième thème du séminaire concerne la biodiversité. La prise en compte de la biodiversité nous plonge dans une vision planétaire de la protection du vivant et du patrimoine génétique mondial. Mais elle nous ouvre aussi les yeux sur les enjeux locaux liés notamment au développement de notre pays et au bien être de nos populations. Sur ce point, je souhaite que les débats puissent aborder l analyse des services rendus par la biodiversité, notamment en ce qui concerne la santé et les loisirs mais surtout le potentiel de développement économique et d innovation qu elle recèle. Car nous avons un pays à construire et des jeunes à insérer dans la société. Une délégation guyanaise était présente au dernier séminaire international sur la biodiversité qui s est tenu à Paris du 24 au 25 janvier dernier. Les conclusions de ce séminaire ont mis l accent sur la nécessité de placer l homme au centre des stratégies d action. L approche transversale et intégrée des problèmes est considérée comme incontournable. Ces deux aspects avaient déjà été mis en avant, il y a deux ans dans les recommandations du livre blanc du développement durable de la Guyane. Nous sommes donc tout à fait en accord avec ces conclusions. Il nous faut en tout état de cause, d abord reconnaître que traditionnellement les guyanais ont toujours eu un respect de la nature et des ressources qu on peut en tirer. Cependant, une meilleure communication en direction de la population sur la valeur de notre biodiversité serait souhaitable. J ai moi-même été surpris par quelques chiffres : les 7,2 millions de Km2 de la forêt amazonienne renferment 20% de l eau douce mondiale. Cet espace forestier, le plus étendu de la planète, est un concentré de biodiversité. C est ainsi qu un hectare de forêt amazonienne contient plus de biodiversité que l ensemble du patrimoine végétal et animal de l Europe continentale. On estime qu à peine 10% de cette biodiversité amazonienne a été identifiée. De plus, 40% des médicaments sont issus de plantes et 70% d entre eux sont issus de plantes tropicales. Ceci me conforte sur le bien fondé des priorités formulées par le Pôle Universitaire de la Guyane. Il nous faut des chercheurs guyanais spécialistes de la biodiversité même si l Université doit rester aussi ouverte aux enseignements traditionnels et à tous nos jeunes. Le dernier séminaire international sur la biodiversité auquel je faisais allusion précédemment, a d ailleurs mis l accent sur la pénurie mondiale et nationale de chercheurs dans ce domaine. La Guyane a là, l occasion de développer un pôle d excellence dont les enjeux environnementaux et économiques sont plus qu évidents.

5 Nous avons volontairement intégré le patrimoine culturel dans les ressources locales. Il s agit d un domaine souvent oublié ou sous-estimé. Cinq points me semblent essentiels à ce sujet. La reconnaissance, la conservation, la transmission, la protection et la valorisation de ces savoirs traditionnels. Nous avons invité des chefs coutumiers, un juriste spécialiste du droit coutumier et les avocats guyanais intéressés par cette question. La directrice du Musée des cultures guyanaises nous posera de manière globale la problématique culturelle en Guyane. Le problème de fonds qui va très probablement apparaître est le constat des limites juridiques de notre capacité d action. Les contraintes du cadre réglementaire actuel vont certainement poser la question de l adaptation législative. Cette réflexion soulève également une question fondamentale : Quelle gouvernance locale pour la gestion durable de nos ressources? Le champ d action approprié posera nécessairement la question de l évolution institutionnelle. Comme vous le savez tous, il s agit d un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Ce n est pas le lieu ni le moment pour rouvrir ce débat. Cependant je tenais à relever que tous les grands problèmes touchant à notre développement et à notre devenir, nous conduisent immanquablement à cette question. Je terminerai en remerciant les services de la Région, les services de l Etat, les organismes de recherche et les organisations professionnelles ainsi que les intervenants venus de France Métropolitaine, du Surinam et du Brésil, et qui ont contribué à la préparation de ce séminaire. Je remercie aussi le personnel de l ENCRE et de l OCRG qui nous mettent à disposition l auditorium et les salles des ateliers. Plusieurs de nos artisans vous feront déguster des spécialités guyanaises ce soir avant la séance audiovisuelle. Nous ferons j en suis sûr honneur à leurs produits. J apprécie à sa juste valeur l implication des élus régionaux à ce séminaire et plus particulièrement les élus qui vont présider les ateliers : Mme. Chantal BERTHELOT, M. Robert CIBRELUS et M. Jean-Paul FEREIRA. Ils auront la lourde tâche d animer les débats. Je tiens à saluer le fervent engagement de José GAILLOU qui a porté sur ses épaules depuis deux ans l organisation de ce séminaire. Mais toutes les peines s effacent lorsque l objectif est en vue. Je vous souhaite donc un bon séminaire et surtout de bonnes réflexions dans les ateliers de demain. Ceci afin que le développement durable de la Guyane soit une réalité partagée par tous. Je vous remercie. Antoine KARAM