Situation financière des institutions de prévoyance 2014



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Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle CHS PP CHS PP Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle Situation financière des institutions de prévoyance 2014

Impressum Editeur Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle CHS PP Case postale 7461 3001 Berne www.oak-bv.admin.ch Mise en page BBF AG, Bâle Photos titre : Shutterstock Date de parution 12 mai 2015

Table des matières 1 Résumé et perspectives 5 1.1 Contexte 5 1.2 Appréciation de la situation (à fin 2014) 5 1.3 Taux d intérêt dans la prévoyance professionnelle 8 1.4 Perspectives 9 2 Enquête sur la situation financière 2014 10 2.1 Réalisation de l enquête 10 2.2 Données de base et chiffres clés principaux 11 3 Approfondissement : les trois taux d intérêt déterminants 15 3.1 Contexte 15 3.2 Les trois taux d intérêt déterminants 15 3.3 Rendement nécessaire et rendement espéré 18 3.4 Résultats de l enquête 19 3.5 Evolution 21 3.6 Conséquences 22 3.7 Appréciation 22 4 Bases techniques et taux de couverture 23 4.1 Bases biométriques 23 4.2 Taux d intérêt technique et taux de couverture 25 4.3 Appréciation 26 5 Promesse d intérêts au moment du départ à la retraite 27 5.1 Primauté des prestations et primauté des cotisations 27 5.2 Conversion du capital en rente de vieillesse 28 5.3 Appréciation 28 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 3

6 Structure et capacité d assainissement 29 6.1 Effets des cotisations d assainissement 30 6.2 Effets d une baisse de la rémunération des avoirs de vieillesse 30 6.3 Appréciation 31 7 Risque de placement 32 7.1 Stratégies de placement 33 7.2 La volatilité comme mesure du risque de placement 36 7.3 Réserves de fluctuation de valeur 37 7.4 Appréciation 38 8 Risque global 39 8.1 Appréciation 40 9 Mesures d assainissement 41 9.1 Appréciation 41 10 Annexes 42 10.1 Caractéristiques des institutions de prévoyance 42 10.2 Calcul des niveaux de risque 44 10.3 Définitions 46 10.4 Liste des abréviations 51 4 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

1 Résumé et perspectives 1.1 Contexte La Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle (CHS PP) exerce sur le régime du 2 e pilier une surveillance uniforme et axée sur les risques. La collecte annuelle de chiffres clés auprès des institutions de prévoyance a été unifiée par la Commission afin de disposer des données pertinentes les plus récentes. Effectué tôt dans l année et pour toute la Suisse, ce recensement uniformisé permet de dresser une vue d ensemble actualisée de la situation financière de la prévoyance professionnelle. L enquête est toujours réalisée en étroite collaboration avec les autorités cantonales et régionales de surveillance LPP. Les analyses ci-après reposent sur les informations fournies par les institutions de prévoyance suisses. Cette année, 93 % d entre elles avaient répondu au questionnaire mi-avril 2015 (91 % l année précédente). Leur somme de bilan cumulée représente 822 milliards de francs (730 milliards l année précédente). Le rapport sur la situation financière des institutions de prévoyance approfondira désormais chaque année une thématique, avec pour ambition d améliorer la compréhension du système par le public. Cette année, l accent est mis sur les différents taux d intérêt utilisés dans la prévoyance professionnelle. Les données de l année sous revue sont collectées le premier trimestre de l exercice suivant. Ce principe a été appliqué pour la troisième année consécutive lors de l enquête sur la situation financière des institutions de prévoyance à la fin 2014. Le présent rapport rend compte de la situation financière des institutions de prévoyance au 31 décembre 2014. Il porte une appréciation générale sur la situation actuelle mais analyse aussi en détail différentes composantes de risque pour le système, à savoir le risque lié au taux de couverture (calculé sur des bases uniformes), le risque lié aux promesses d intérêts au moment du départ à la retraite, le risque lié à la structure des institutions de prévoyance et à leur capacité d assainissement, ainsi que le risque de placement. Les analyses se fondent sur le même modèle de risque que l année précédente, mais le calibrage a été modifié pour les quatre composantes de risque. 1.2 Appréciation de la situation (à fin 2014) Le taux de couverture de la plupart des institutions de prévoyance en Suisse dépassait nettement 100 % fin 2014, après trois années de placements fructueuses. Le rendement net moyen 1 de la fortune a atteint 6,8 % en 2014 (6,2 % l année précédente). Fin 2014, 90 % des institutions de prévoyance de droit privé ou de droit public ne bénéficiant pas d une garantie de l Etat (87 % fin 2013) avaient un taux de couverture d au moins 100 %. Cette proportion était de 34 % (18 % l année précédente) pour les institutions de prévoyance avec garantie étatique, bien que pour celles-ci une capitalisation partielle serait envisageable. Le nombre d institutions de prévoyance a de nouveau diminué en 2014. Ainsi, la concentration se poursuit dans le 2 e pilier. 1 Les parts et moyennes exprimées en pourcent publiées dans le présent rapport sont pondérées en fonction de la somme du bilan. Lorsque cette pondération n a pas été effectuée les années précédentes, les données correspondantes des années précédentes ont été ajustées en conséquence. Elles peuvent donc différer des valeurs publiées dans des rapports antérieurs. Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 5

Fig. 1 : Risque global pour les institutions de prévoyance avec garantie étatique sans garantie étatique 1 faible 2 plutôt faible 3 moyen 4 plutôt élevé 5 élevé Le risque global a baissé en 2014. Les revenus des placements à nouveau élevés y ont contribué de façon déterminante. En outre, la situation s est améliorée du point de vue de la capacité d assainissement des institutions de prévoyance et du risque de placement. Concernant la capacité d assainissement, une distinction est faite pour la première fois dans le présent rapport entre le régime obligatoire LPP et le régime surobligatoire. Dans ce dernier domaine, les possibilités d assainissement sont beaucoup plus importantes. En rapport avec le risque de placement, la volatilité est désormais appréciée sur la base d un indicateur quantitatif plutôt que qualitatif. Le risque global a été apprécié à fin 2014. Il ne tient donc pas compte des effets de l abolition du cours plancher de l euro annoncée le 15 janvier 2015. Fig. 2 : Niveaux de risque lié taux de couverture avec garantie étatique sans garantie étatique 1 faible 2 plutôt faible 3 moyen 4 plutôt élevé 5 élevé Pour la composante de risque «taux de couverture», le taux technique moyen a été déterminé à 2,9 % fin 2014 (3,0 % l année précédente). Une table de génération a été utilisée. Les taux de couverture ont encore augmenté malgré le bas niveau des taux techniques. 6 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

Fig. 3 : Niveaux de risque lié à la promesse d intérêts avec garantie étatique sans garantie étatique 1 faible 2 plutôt faible 3 moyen 4 plutôt élevé 5 élevé De nombreuses institutions de prévoyance ont réduit en 2014 les promesses d intérêts au moment du départ à la retraite (c est-à-dire les taux de conversion en primauté des cotisations). Toutefois, le niveau des taux d intérêt a baissé dans des proportions beaucoup plus fortes, si bien que le risque encouru par les institutions de prévoyance a augmenté en définitive. Le risque lié aux promesses d intérêts est élevé ou plutôt élevé pour 54 % des institutions de prévoyance sans garantie étatique et même pour 98 % de celles avec garantie étatique. Fig. 4 : Niveaux de risque lié à la capacité d assainissement avec garantie étatique sans garantie étatique 1 faible 2 plutôt faible 3 moyen 4 plutôt élevé 5 élevé S agissant du risque lié à la capacité d assainissement, il est désormais tenu compte des nouvelles possibilités d assainissement pour les institutions de prévoyance assurant davantage que le minimum LPP. Etant donné que les avoirs de vieillesse surobligatoires représentent plus de la moitié des capitaux d épargne totaux de nombreuses institutions de prévoyance, le risque lié à la capacité d assainissement se trouve réduit. Sans ce changement, ce risque n aurait décru que légèrement. Il demeure élevé ou plutôt élevé auprès de 47 % des institutions de prévoyance sans garantie étatique et auprès de 84 % de celles avec garantie étatique. Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 7

Fig. 5 : Niveaux de risque lié à la stratégie de placement avec garantie étatique sans garantie étatique 1 faible 2 plutôt faible 3 moyen 4 plutôt élevé 5 élevé La composante de risque «placements» a été déterminée au moyen d une nouvelle méthode basée sur le calcul de la volatilité (écart-type) de la stratégie de placement. Cette méthode permet une appréciation plus fine de la situation et a entraîné une baisse du niveau de risque. Le risque lié à la stratégie de placement demeure élevé ou plutôt élevé pour 27 % des institutions de prévoyance sans garantie étatique et pour 32 % de celles avec garantie étatique. 1.3 Taux d intérêt dans la prévoyance professionnelle Les trois taux d intérêt déterminants pour les institutions de prévoyance suisse sont le taux de rémunération de l avoir de vieillesse, le taux technique et le taux d intérêt promis au moment du départ à la retraite. La loi régit la rémunération et le taux de conversion minimal de la part obligatoire de l avoir de vieillesse (avoir de vieillesse LPP). En revanche, l institution de prévoyance fixe librement le taux technique. Le taux technique sert principalement à estimer les engagements et les prestations futures. Il constitue un instrument de contrôle important et permet d apprécier la situation financière et les modalités de financement d une institution de prévoyance. S il est fixé à un niveau trop élevé, le taux de couverture de l institution de prévoyance sera surestimé et ses besoins financiers seront sous-estimés. Inversement, s il est fixé à un niveau trop bas, les prestations seront trop basses et l employeur et les employés payeront des cotisations trop élevées. Le rendement nécessaire pour assurer l équilibre financier futur d une institution de prévoyance dépend de ces trois taux déterminants. Si le rendement des placements escompté est inférieur au rendement nécessaire, une lacune de financement voit le jour. Pour y remédier, il faut généralement baisser le taux d intérêt technique et adapter en conséquence les prestations et le financement. De nombreuses institutions de prévoyance ont procédé à cette correction ces dernières années. Cela dit, des mesures supplémentaires semblent inéluctables vu le niveau actuel extrêmement bas, voire négatif, des taux. 8 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

1.4 Perspectives Le taux de couverture de la plupart des institutions de prévoyance en Suisse dépasse nettement 100 % suite à trois années fructueuses au niveau des placements. Au 31 décembre 2014, l épargne constituée couvrait donc les engagements actuels. Les paramètres techniques sous-jacents ont été adaptés ces dernières années et les appréciations sont désormais plus prudentes. Toutefois, les réserves de fluctuation de valeur de la plupart des institutions de prévoyance, c est-à-dire les réserves nécessaires pour faire face à la volatilité des rendements, restaient encore inférieures aux objectifs. Vu le niveau extrêmement bas des taux d intérêt, les institutions de prévoyance devront réexaminer leur taux technique et, en corollaire, rediscuter leurs prestations et leurs modalités de financement, de même que les adaptations déjà décidées. Les institutions de prévoyance avec garantie étatique dont le taux de couverture est encore inférieur à l objectif de 80 % devront revoir les paramètres de leur plan de financement. La décision de la BNS n a donc pas fondamentalement changé la problématique des taux bas, mais elle l a encore accentuée. Un vif débat s est engagé sur les conséquences concrètes pour les institutions de prévoyance de la décision du 15 janvier 2015 de la Banque nationale suisse (BNS) d abolir le cours plancher de l euro et de déplacer la marge de fluctuation du LIBOR à trois mois encore davantage dans la zone négative (la fourchette va désormais de -1,25 à -0,25 %). D après les informations disponibles, selon la CHS PP, les effets suivants seront constatés : Les fluctuations des taux de change n affectent que marginalement la plupart des institutions de prévoyance vu les stratégies de placement qu elles appliquent. Ainsi, les placements en devises exposés ou non couverts contre les risques de change ne représentaient que 17 % du total. De plus, il ne s agit pas uniquement de placements en euros ; les institutions de prévoyance sont également exposées en d autres devises, dont le dollar américain, lequel s est fortement apprécié vis-à-vis du franc depuis la mi-janvier. Etant donné que les intérêts servis sur les placements à faible risque les obligations de la Confédération, par ex. sont bas, voire négatifs, la contribution de ces investissements au produit des placements sera très modeste ces prochaines années. Les institutions de prévoyance sont contraintes d investir dans des placements plus risqués si elles veulent maintenir leurs revenus. Il appartient à chacune d entre elles d examiner les possibilités de prendre des risques de placement supplémentaires ou d améliorer sa capacité à prendre des risques en procédant à des modifications des prestations ou du financement. En revanche, la réforme Prévoyance vieillesse 2020, dont le Parlement est saisi, apparaît de plus en plus nécessaire et urgente. Elle ouvre notamment le débat sur le niveau futur des cotisations et des prestations (rentes) dans le 2 e pilier. Il est essentiel de dégager des solutions réalistes et équitables pour toutes les générations concernées. Un défi attend encore les institutions de prévoyance : il leur appartient de faire comprendre aux futurs ayants droit la valeur et le coût des prestations de vieillesse. L équilibre entre risque et rendement ainsi qu entre les différentes générations d assurés n est jamais acquis et doit être rediscuté périodiquement. Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 9

2 Enquête sur la situation financière 2014 2.1 Réalisation de l enquête La CHS PP a été créée en 2012. Elle répond de l uniformité de la surveillance de la prévoyance professionnelle en Suisse et son approche est axée sur les risques. Il lui faut donc disposer de données pertinentes. L enquête sur la situation financière des institutions de prévoyance est un outil important à cet égard. La CHS PP a uniformisé les chiffres clés déterminants pour l appréciation des risques systémiques et, surtout, elle a accéléré le processus de collecte des données. Les principaux paramètres de risque des institutions de prévoyance peuvent être comparés grâce aux chiffres clés fournis par celles-ci, tel que leur taux technique. Réalisée sur des bases identiques dans toute la Suisse, l enquête donne une vue d ensemble de la situation financière du régime du 2 e pilier ; contrairement à la statistique des caisses de pensions de l Office fédéral de la statistique, elle inclut une évaluation et une appréciation des risques systémiques. Le processus de collecte des données intègre le fait qu en général les institutions de prévoyance ne disposent que de chiffres provisoires pour l année écoulée au moment de l enquête. Le présent rapport rend compte des principaux résultats de l enquête. Il repose sur les indications fournies par les institutions de prévoyance pour définir et évaluer les risques financiers et actuariels majeurs auxquels elles sont exposées. La CHS PP est consciente que les données à disposition ne sauraient évaluer en totalité les risques spécifiques de chaque institution de prévoyance. Il appartient à l organe suprême de chaque institution d apprécier les risques propres, en s appuyant sur les recommandations de l expert en matière de prévoyance professionnelle. L enquête doit permettre l évaluation objective des risques systémiques des institutions de prévoyance suisses. Les données et les analyses détaillées de la CHS PP sont mises à la disposition de l autorité de surveillance de la région ou du canton concerné. Le tableau ci-après renseigne sur le taux de retour des questionnaires à la mi-avril. Fig. 6 : Taux de retour des questionnaires Nombre Part 1) Nombre Part 1) Nombre Part 1) Questionnaires envoyés 2 045 100,0 % 2 219 100,0 % 2 589 100,0 % Questionnaires retournés 1 899 92,9 % 2 016 90,9 % 2 204 85,1 % dont d institutions en liquidation dont d institutions non soumises à la loi sur le libre passage Questionnaires exploités pour le présent rapport 43 2,1 % 64 2,9 % 189 7,3 % 11 0,5 % 47 2,1 % 153 5,9 % 1 845 90,2 % 1 905 85,8 % 1 862 71,9 % 2014 2013 2012 1) Part en pour-cent des questionnaires envoyés 10 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

Le nombre total de questionnaires envoyés a nettement diminué, car des institutions ont été mises en liquidation. Le taux de questionnaires retournés a encore augmenté par rapport à l année précédente. Ce sont plutôt des petites institutions de prévoyance qui n ont pas retourné le questionnaire. Par conséquent, les données permettent de tirer des conclusions fiables sur la situation financière de l ensemble des institutions de prévoyance suisses. 2.2 Données de base et chiffres clés principaux Les principaux chiffres clés des institutions de prévoyance suisses au 31 décembre 2014 sont les suivants : Fig. 7 : Données de base des institutions de prévoyance sans garantie étatique 2) 2014 2013 2012 Nombre d institutions de prévoyance 1 802 1 847 1 796 Nombre d assurés actifs 3664657 3574 632 3315 149 Nombre de rentiers 714 906 783 627 755 701 Masse salariale de base 269 623 260 892 223930 Masse salariale assurée 197 333 192 120 167 776 Somme des rentes 19 295 19 133 18 338 Somme du bilan 716 500 625 153 574 135 Réserves de cotisations d employeur sans déclaration de renonciation Réserves de cotisations d employeur avec déclaration de renonciation 7 036 6 742 6 513 2 127 2 317 2 263 Avoirs de vieillesse LPP 185 051 pas de donnée pas de donnée Capital de prévoyance des assurés actifs 404236 324 941 322 900 Capital de prévoyance des rentiers 242 963 263 733 223331 Provisions techniques 31 531 27 985 31 571 Cotisations réglementaires 37 180 35 964 33 385 Autres contributions 1 945 4400 2 573 La baisse du nombre de rentiers et du capital de prévoyance des rentiers par rapport à l année précédente s explique par le fait que les rentiers réassurés auprès d assurances ne sont plus pris en compte. 2) Les montants sont exprimés en millions de francs. Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 11

Fig. 8 : Principaux chiffres clés des institutions de prévoyance sans garantie étatique 3) 2014 2013 2012 ø Rémunération des avoirs de vieillesse (primauté des cotisations) 2,34 % 1,98 % 1,80 % ø Taux d intérêt technique 2,91 % 3,05 % 3,22 % Tables de génération (part) 23,9 % 23,9 % 20,3 % ø Taux de couverture calculé sur des bases individuelles 113,5 % 110,8 % 106,1 % ø Taux de couverture calculé sur des bases uniformes 112,5 % 109,5 % 104,9 % Situations de découvert (part) 10,2 % 12,9 % 15,8 % Primauté des prestations (part) 6,9 % 8,3 % 8,8 % ø Taux de conversion prévu (dans cinq ans, à l âge de 65 ans, primauté des cotisations) ø Promesses d intérêts au moment du départ à la retraite (dans cinq ans) 6,06 % 6,11 % 6,41 % 3,4 % 3,5 % 3,9 % Institutions de prévoyance enregistrées (part) 97,8 % 97,9 % 98,4 % Avoirs de vieillesse LPP dans le capital de prévoyance des assurés actifs (part) 45,8 % pas de donnée pas de donnée Engagements liés aux rentes (part) 37,5 % 44,8 % 40,9 % ø Impact de la perception de cotisations d assainissement 0,4 % 0,4 % 0,4 % ø Impact d une baisse de la rémunération des avoirs de vieillesse 0,6 % 0,5 % 0,6 % Valeurs réelles dans les placements (part) 54,4 % 53,8 % 50,3 % ø Rendement net des placements 6,7 % 6,0 % 7,4 % ø Exposition au risque de change 16,6 % 17,0 % 16,3 % ø Volatilité attendue 5,7 % pas de donnée pas de donnée ø Objectif des réserves de fluctuation de valeur 17,5 % 17,5 % 16,9 % 3) Les parts et les moyennes sont pondérées en fonction de la somme du bilan. 12 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

Fig. 9 : Données de base des institutions de prévoyance avec garantie étatique 2) 2014 2013 2012 Nombre d institutions de prévoyance 43 58 66 Nombre d assurés actifs 339 380 358 116 385349 Nombre de rentiers 153 912 159 705 155 244 Masse salariale de base 25 450 26 782 29 168 Masse salariale assurée 20 614 21 041 20 597 Somme des rentes 5079 5196 5092 Somme du bilan 105 594 105 040 98760 Réserves de cotisations d employeur sans déclaration de renonciation Réserves de cotisations d employeur avec déclaration de renonciation 72 48 65 9 820 22 Avoirs de vieillesse LPP 22007 pas de donnée pas de donnée Capital de prévoyance des assurés actifs 56061 57 772 59 365 Capital de prévoyance des rentiers 63517 62191 58594 Provisions techniques 5 723 8833 8192 Cotisations réglementaires 5107 5156 6241 Autres contributions 1 471 209 194 2) Les montants sont exprimés en millions de francs. Le nombre d institutions de prévoyance et la plupart des autres indicateurs ont baissé par rapport à l année précédente, car des institutions de prévoyance qui bénéficiaient de la garantie de l Etat satisfont désormais au principe de la capitalisation complète et sont dès lors classées parmi les institutions sans garantie étatique. Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 13

Fig. 10 : Principaux chiffres clés des institutions de prévoyance avec garantie étatique 3) 2014 2013 2012 ø Rémunération des avoirs de vieillesse (primauté des cotisations) 2,50 % 1,90 % 1,63 % ø Taux d intérêt technique 3,28 % 3,34 % 3,56 % Tables de génération (part) 7,9 % 6,1 % 6,1 % ø Taux de couverture calculé sur des bases individuelles 86,1 % 80,4 % 80,3 % ø Taux de couverture calculé sur des bases uniformes 80,6 % 76,3 % 75,0 % Situations de découvert (part) 66,3 % 81,6 % 94,9 % Primauté des prestations (part) 74,1 % 76,5 % 73,9 % ø Taux de conversion prévu (dans cinq ans, à l âge de 65 ans, primauté des cotisations) ø Promesses d intérêts au moment du départ à la retraite (dans cinq ans) 6,28 % 6,29 % 6,53 % 3,8 % 3,8 % 4,0 % Institutions de prévoyance enregistrées (part) 100,0 % 100,0 % 99,9 % Avoirs de vieillesse LPP dans le capital de prévoyance des assurés actifs (part) 39,3 % pas de donnée pas de donnée Engagements liés aux rentes (part) 53,1 % 51,8 % 49,7 % ø Impact de la perception de cotisations d assainissement 0,2 % 0,2 % 0,2 % ø Impact d une baisse de la rémunération des avoirs de vieillesse 0,5 % 0,5 % 0,5 % Valeurs réelles dans les placements (part) 57,8 % 58,2 % 57,5 % ø Rendement net des placements 7,6 % 7,6 % 7,5 % ø Exposition au risque de change 19,2 % 19,8 % 22,9 % ø Volatilité attendue 5,8 % pas de donnée pas de donnée ø Objectif des réserves de fluctuation de valeur 15,2 % 16,0 % 15,1 % 3) Les parts et les moyennes sont pondérées en fonction de la somme du bilan. 14 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

3 Approfondissement : les trois taux d intérêt déterminants 3.1 Contexte Ces dernières années, tant les taux d intérêt techniques que les taux de conversion ont été régulièrement abaissés pour éviter que l amoindrissement des rendements espérés ne mette en péril le financement des institutions de prévoyance. L intérêt servi sur les avoirs de vieillesse a lui aussi suivi une tendance à la baisse depuis le début du XXI e siècle. 3.2 Les trois taux d intérêt déterminants Les trois taux d intérêt déterminants pour les institutions de prévoyance suisses sont : l intérêt servi sur l avoir de vieillesse ; le taux d intérêt technique ; le taux d intérêt promis au moment du départ à la retraite. Servant principalement à estimer les engagements d une institution de prévoyance et les prestations qu elle sera appelée à verser, le taux d intérêt technique est un instrument d évaluation de la situation financière et du régime de financement de cette dernière. S il est trop élevé, l institution de prévoyance surestimera son taux de couverture et sous-estimera ses besoins de financement. En revanche, s il est trop bas, les prestations sont trop faibles et tant l employeur que les salariés acquittent des cotisations excessives. L intérêt servi sur les avoirs de vieillesse et le taux d intérêt promis au moment du départ à la retraite exercent une influence directe sur les prestations versées aux assurés. S ils sont élevés, l institution de prévoyance court le risque de voir son taux de couverture se réduire, ce qui la contraindra à diminuer ses prestations aux assurés et aux rentiers de demain. A l inverse, si la rémunération des avoirs de vieillesse est faible, ces derniers bénéficieront des atouts propres à une institution dont le taux de couverture est élevé. Des taux d intérêt promis réduits garantissent le versement des rentes et permettent, en fonction de circonstances, de les adapter à l évolution du coût de la vie, ce qui est tout avantage pour les bénéficiaires et, le cas échéant, leurs survivants. La plupart des institutions de prévoyance calculent chaque année l intérêt servi sur l avoir de vieillesse des assurés actifs et invalides en primauté des cotisations sur la base des dispositions légales (taux d intérêt minimal), de leur situation financière et du produit de leur fortune au moment du calcul. Le taux d intérêt technique permet quant à lui aux institutions de prévoyance d évaluer leurs engagements en vue de la présentation des comptes annuels et de calculer le montant des cotisations (apports) et des prestations futures (versements). Enfin, la détermination du taux de conversion utilisé en primauté des cotisations et des bases techniques appliquées en primauté des prestations contient implicitement une promesse d intérêt au moment du départ à la retraite. Le calcul de ce taux promis part de l hypothèse qu il est possible d estimer l espérance de vie avec une précision suffisante. Les trois graphiques suivants illustrent l influence de ces trois taux d intérêt déterminants sur les prestations et les cotisations. Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 15

Fig. 11 : Intérêt servi sur l avoir de vieillesse : plus le taux d intérêt est élevé, plus l avoir de vieillesse augmente (valeur future à dix ans et intérêt annuel fixe) 160 140 120 122 134 148 100 100 110 80 valeur future 60 40 20 0 0 % 1 % 2 % 3 % 4 % intérêt sur l avoir de vieillesse Pour un apport de 100, le versement à dix ans va de 100 (pour un taux d intérêt de 0 %) à 148 (pour un taux d intérêt de 4 %). En vertu de l art. 15, al. 2, LPP, le Conseil fédéral fixe chaque année le taux d intérêt minimal légal pour l exercice suivant. Si l avoir de vieillesse des assurés dépasse le minimum légal, sa rémunération doit être fixée par l organe suprême de l institution de prévoyance. Selon les circonstances, cet intérêt peut alors être inférieur au taux d intérêt minimal ou fixé a posteriori. Fig. 12 : Taux d intérêt technique : plus le taux d intérêt technique est bas, plus la valeur actuelle du versement futur est élevée (valeur actuelle d un capital versé dans dix ans et taux d intérêt technique fixe) 100 100 91 80 82 valeur actuelle 60 40 74 68 20 0 0 % 1 % 2 % 3 % 4 % taux d intérêt technique Toutefois, si le versement dans dix ans est fixé à 100, sa valeur actuelle va de 68 (avec un intérêt technique de 4 %) à 100 (intérêt technique de 0 %). 16 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

La détermination du taux d intérêt technique est fonction du rendement espéré de la fortune à moyen et long terme. Cet horizon permet d atteindre deux objectifs : garantir la stabilité du financement et éviter les injustices à court terme. La LPP ne contient que peu de dispositions relatives au taux d intérêt technique. En vertu de l art. 48e OPP 2, la détermination de ce taux incombe à chaque institution de prévoyance, qui fonde sa décision sur les recommandations émises par l expert en matière de prévoyance professionnelle (art. 52e, al. 2, let. a, LPP). Chaque institution de prévoyance doit ainsi déterminer son taux d intérêt technique sur la base de sa stratégie de placement, du rendement espéré de sa fortune, de ses coûts, de sa structure, de sa capacité de risque et de sa tolérance au risque. Fig. 13 : Taux d intérêt promis au moment du départ à la retraite : plus le taux d intérêt promis est élevé, plus la rente de vieillesse l est aussi (montant de la rente de vieillesse annuelle basée sur un intérêt convenu au moment du départ à la retraite) 7 6 6,5 rente de vieillesse annuelle 5 4 3 2 3,7 4,4 5,1 5,8 1 0 0 % 1 % 2 % 3 % 4 % taux d intérêt promis au moment du départ à la retraite Pour un avoir de vieillesse de 100 à la retraite, la rente annuelle varie de 3,7 (taux d intérêt promis de 0 %) à 6,5 (taux d intérêt promis de 4 %) si l on prend comme base les hypothèses habituelles en matière de probabilité de mariage et d âge du conjoint survivant. Dans ce calcul, il n est pas tenu compte de la totalité des frais. S agissant du taux d intérêt promis au départ à la retraite, la loi fixe un taux de conversion minimal de 6,8 % pour la partie obligatoire de l avoir de vieillesse (art. 14, al. 2, LPP), soit, actuellement, un taux d intérêt promis (net) d environ 4,5 %. Pour la partie surobligatoire, l institution de prévoyance est libre de fixer le taux de conversion et, par conséquent, le taux d intérêt promis. Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 17

Le tableau suivant présente les caractéristiques de chacun des trois taux d intérêt. Fig. 14 : Tableau schématique des trois taux d intérêt déterminants Taux d intérêt servi sur l avoir de vielleisse Taux d intérêt technique Taux d intérêt promis Utilité Rémunération des avoirs de vieillesse des assurés actifs et invalides Estimation des engagements Détermination des cotisations nécessaires Calcul du taux de conversion techniquement correct en primauté des cotisations Calcul des prestations de sortie en primauté des prestations Primauté des cotisations : taux d intérêt promis découlant du taux de conversion effectif Primauté des prestations : taux d intérêt promis découlant des bases techniques Périodicité du calcul Annuelle (a posteriori, le cas échéant) Périodique, en principe Périodique, modification graduelle dans la plupart des cas Garantie Taux minimal LPP fixé chaque année Aucune Uniquement pour les rentes en cours Facteurs Situation financière Rendement de la fortune Taux d intérêt minimal légal Rendement espéré de la fortune Coûts Structures Situation financière Rendement espéré de la fortune Financement Capacité et tolérance au risque Dispositions légales (taux de conversion minimal) 3.3 Rendement nécessaire et rendement espéré On entend par rendement nécessaire le produit suffisant, en fonction du plan de prévoyance, pour que le taux de couverture de l institution de prévoyance reste stable, que ce soit à court ou à long terme. Ce rendement est fonction de la structure et du financement de l institution de prévoyance ainsi que des trois taux d intérêt dont il est question dans ce chapitre. Si la structure et le financement ne varient pas, le rendement nécessaire s élève au gré de la progression de ces trois taux et diminue en fonction de l augmentation des cotisations. L autre rendement, le rendement (net) espéré, est fonction de la stratégie de placement, du rendement attendu de la fortune et des coûts attendus. Plus cette stratégie de placement est agressive, plus le rendement espéré est potentiellement élevé, avec, pour corollaire, un risque accru de ne pas atteindre le rendement attendu. Pour garantir son équilibre financier à long terme, l institution de prévoyance doit avoir un rendement espéré supérieur au rendement nécessaire. 18 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

3.4 Résultats de l enquête Fig. 15 : Intérêt servi sur l avoir de vieillesse avec garantie étatique sans garantie étatique 0% 20% 40% 60% 80% 100% Moins de 1,00 % De 1,00 à 1,49 % De 1,50 à 1,99 % De 2,00 à 2,49 % De 2,50 à 2,99 % 3,00 % et plus En 2014, les institutions de prévoyance en primauté des prestations ont servi un taux d intérêt moyen de 2,34 % sur l avoir de vieillesse, soit 0,6 % de plus que le taux d intérêt minimal LPP de 1,75 %. Si l on garde à l esprit que l inflation annuelle s est inscrite à 0,0 %, l intérêt réel moyen servi en 2014 est, dans l ensemble, remarquable. Toutefois, l intérêt servi sur les avoirs de vieillesse varie considérablement selon les institutions de prévoyance. Ainsi, 52 % d entre elles ont versé un intérêt supérieur à 1,75 %, 15 % d entre elles un intérêt inférieur à 1,75 % et 1 % d entre elles un intérêt nul. De nombreux organes suprêmes ont eu à trancher un dilemme : répercuter une partie de l excédent sur les assurés, vu la bonne tenue des placements ou constituer des réserves et des provisions supplémentaires, compte tenu du niveau extrêmement bas des intérêts. Ces chiffres ne tiennent pas compte d autres améliorations des prestations (intérêt supplémentaire et versements uniques), octroyées notamment pour compenser la réduction des taux de conversion. Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 19

Fig. 16 : Taux d intérêt technique avec garantie étatique sans garantie étatique Pas de rentes payées directement par l IP Moins de 2,50 % De 2,50 à 2,99 % De 3,00 à 3,49 % De 3,50 à 3,99 % De 4,00 à 4,49 % 4,50 % et plus La tendance à la baisse des taux d intérêt techniques s est poursuivie en 2014, conformément aux prévisions. C est surtout parmi les institutions de prévoyance sans garantie de l Etat que la part de celles qui servent un intérêt inférieur à 2,5 % a nettement augmenté. Actuellement, 16 % d entre elles seulement utilisent encore un intérêt égal ou supérieur à 3,5 % (contre 35 % en 2012). Si la même tendance se dégage parmi les institutions avec garantie de l Etat, elles accusent toutefois un retard d environ deux ans. Eu égard aux rendements actuels des obligations, extrêmement bas, voire négatifs, il est probable que la tendance à la baisse du taux d intérêt technique s accentuera. Fig. 17 : Taux d intérêt promis applicable aux futures rentes avec garantie étatique sans garantie étatique Assurance / Prestation uniquement sous forme de capital Moins de 2,50 % De 2,50 à 2,99 % De 3,00 à 3,49 % De 3,50 à 3,99 % De 4,00 à 4,49 % 4,50 % et plus En moyenne, les taux d intérêt promis à long terme restent supérieurs de 0,5 % aux taux d intérêt techniques, notamment parce qu il faut adopter des mesures dans le domaine du financement, et aussi modifier le régime des prestations (taux de conversion). En outre, de nombreuses institutions de prévoyance constituent des provisions ou perçoivent des 20 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

cotisations, voire combinent ces deux mesures, pour tenir compte du taux de conversion, ce qui permet d échelonner l adaptation des prestations. Il n en reste pas moins que les taux d intérêt promis enregistrent eux aussi un net recul : en 2012, le pourcentage d institutions de prévoyance sans garantie étatique à promettre un taux d intérêt de 3,5 % ou plus était encore de 69 %, alors qu il a chuté à 40 % à fin 2014. Les institutions de prévoyance avec garantie étatique ont, elles aussi, réduit légèrement les taux d intérêt promis, même si elles sont encore 84 % à avoir un taux égal ou supérieur à 3,5 % (contre 87 % en 2012). De même que pour le taux d intérêt technique, il faut s attendre à d autres abaissements des taux d intérêt promis, qui seront plus marqués. 3.5 Evolution Ces 25 dernières années, le niveau des intérêts n a cessé de reculer. Fig. 18 : Evolution du niveau des intérêts des 25 dernières années 8% 7% 6% 5% 4% 3% 2% 1% 0% 1990 1995 2000 2005 2010 2014 Rendement des obligations de la Confédération Taux d intérêt technique moyen Taux d intérêt minimal LPP Le graphique montre que ni les taux d intérêt techniques appliqués ni les taux d intérêt minimaux LPP n ont, en dépit des multiples adaptations, chuté aussi rapidement que le niveau des intérêts. Il n est dès lors plus possible, contrairement à ce qui se passait au début des années 1990, d obtenir un rendement similaire à ces taux en investissant uniquement dans des placements à faible risque. Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 21

Fig. 19 : Baisse du taux d intérêt technique (de 2013 à 2014) sans garantie étatique avec garantie étatique Augmentation Inchangé Baisse jusqu à 0,50 % Baisse de 0,51 à 1,00 % Baisse supérieure à 1,00 % En un an, 24 % des institutions de prévoyance ont réduit leur taux d intérêt technique, principalement de 0,25 ou de 0,5 %, voire de plus de 0,5 % dans 30 % des cas. 3.6 Conséquences Les effets de cet abaissement généralisé des taux d intérêt dans la prévoyance professionnelle sont les suivants : 3.7 Appréciation Ces 25 dernières années, le niveau des intérêts et, avec lui, les rendements espérés des institutions de prévoyance n ont cessé de diminuer. Or les rendements espérés doivent être au moins équivalents aux rendements nécessaires pour garantir à long terme le financement de ces institutions. Dans la plupart des cas, il faut ainsi abaisser le taux d intérêt technique et combiner cette mesure avec une hausse des cotisations et une réduction des prestations. Du fait de l abaissement des taux d intérêt techniques, la valeur des engagements des institutions de prévoyance augmente et leur taux de couverture diminue. Il n en reste pas moins que le rendement des placements ces dernières années, généralement très positif, a compensé cette évolution, de sorte que les taux de couverture se sont malgré tout accrus. L abaissement du taux d intérêt technique et les mesures de correction diminuent le risque pour les institutions de prévoyance d enregistrer un découvert en raison de la faiblesse des intérêts et du rendement insuffisant des placements. La plupart des institutions de prévoyance se sont rendu compte qu il fallait agir et ont adopté les mesures qui s imposaient. Les institutions de prévoyance ont soit réduit les taux de conversion (prestations surobligatoires), soit provisionné les pertes sur les retraites. Dans de nombreux cas, les institutions de prévoyance ou l employeur ont compensé la réduction des prestations de vieillesse pénalisant les assurés actifs âgés. Ces institutions devront relever les cotisations d épargne pour maintenir le niveau des prestations de vieillesse. Les cotisations pour les risques de décès et d invalidité augmentent en conséquence. Cependant, eu égard au recul constant du nombre de nouveaux cas d invalidité ces dernières années, de nombreuses institutions de prévoyance ont pu éviter une hausse des cotisations. Suite à l abaissement des trois taux d intérêt, les rendements nécessaires ont décru pour les institutions de prévoyance. Selon l ampleur de l abaissement, les risques supplémentaires induits par l adoption d une stratégie de placement plus agressive peuvent être écartés. Tout porte cependant à croire qu il faudra appliquer des ajustements supplémentaires plus draconiens afin de garantir le financement à long terme de ces institutions, étant donné la faiblesse persistante des intérêts et les intérêts parfois négatifs enregistrés actuellement. Cette situation concerne aussi, et surtout, les institutions de prévoyance bénéficiant de la garantie étatique, dont la plupart appliquent des taux d intérêt techniques élevés et des taux d intérêt promis généreux. Les collectivités concernées devront vraisemblablement procéder à d autres ajustements. Les organes suprêmes des institutions de prévoyance sans garantie étatique, surtout de celles dont la proportion de rentiers est élevée, devront eux aussi adopter des mesures de financement supplémentaires et des réductions de prestations qui soient à la fois efficaces, équilibrées et raisonnables. 22 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

4 Bases techniques et taux de couverture 4.1 Bases biométriques Les bases biométriques (appelées aussi tables de mortalité) indiquent les probabilités de décès et d invalidité calculées sur une période. Les bases utilisées en Suisse portent le chiffre de l année où elles ont été publiées. Les plus couramment utilisées sont les tables LPP, lesquelles, à part les données de la caisse de pension de la Confédération (Publica), comportent uniquement des données d institutions de droit privé. Les tables VZ, en revanche, sont fondées sur les données d institutions de droit public. Les institutions de prévoyance qui bénéficient d une couverture d assurance au moins pour les risques décès et invalidité et ne versent pas de rentes elles-mêmes n ont normalement pas besoin de bases biométriques. C est notamment le cas pour les institutions qui disposent d une réassurance complète auprès d une compagnie d assurance. L espérance de vie future est calculée au moyen des bases biométriques. On parle de tables périodiques quand elles se réfèrent à une période donnée du passé (par ex. les années 2005 à 2009 pour la table LPP 2010). Lorsque des tables périodiques sont utilisées, les engagements liés aux rentes sont consolidés afin de tenir compte de l augmentation constante de l espérance de vie ; sinon, on utilise des tables de génération, qui sont fondées sur une estimation de l espérance de vie future. L engagement pris en compte est moins élevé lors de l utilisation de tables périodiques que lors de l utilisation de tables de génération, dans ce cas les rendements nécessaires devront être plus importants car il y a lieu de former des réserves supplémentaires chaque année. Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 23

Fig. 20 : Bases biométriques avec garantie étatique sans garantie étatique CFP 2000 et plus anciennes LPP 2005 et plus anciennes LPP 2010 VZ 2005 et plus anciennes VZ 2010 Autre Aucune On constate que la grande majorité des institutions de prévoyance sans garantie étatique utilisent les bases biométriques les plus récentes (LPP 2010, VZ 2010). Leur proportion est passée en un an de 95 à 99 %. Cette proportion a également augmenté pour les institutions de prévoyance avec garantie étatique (de 83 à 92 %). Cette variation importante s explique par la mise en œuvre, par diverses collectivités publiques, des changements exigés par la loi. Fig. 21 : Tables périodiques et tables de génération avec garantie étatique sans garantie étatique Tables périodiques Tables de génération Pas de rentes payées directement par l IP La proportion d institutions de prévoyance qui utilisent des tables de génération a légèrement augmenté, passant de 23 à 24 %. 24 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

4.2 Taux d intérêt technique et taux de couverture Comme exposé au chapitre 3, le taux d intérêt technique sert à déterminer la valeur d un versement futur. Il est fréquemment fixé sur la base d une estimation conservatrice du rendement attendu. Plus il est élevé, plus le niveau affiché des engagements s abaisse, ce qui a pour effet d augmenter le taux de couverture. La performance future des placements doit toutefois être suffisamment élevée pour maintenir l équilibre financier, ce qui, en général, implique un risque plus important. Le taux de couverture est le rapport entre la fortune disponible et les engagements. S il est d au moins 100 %, tous les engagements peuvent être remplis au jour de référence. S il est inférieur à 100 %, des mesures d assainissement s imposent 2. Pour les institutions de prévoyance qui comptent plusieurs caisses affiliées, le présent rapport utilise le taux de couverture moyen, quand bien même chaque caisse affiliée calcule son propre taux de couverture. Fig. 22 : Taux de couverture calculé sur des bases individuelles avec garantie étatique sans garantie étatique Moins de 80,0 % De 80,0 à 89,9 % De 90,0 à 99,9 % De 100,0 à 109,9 % De 110,0 à 119,9 % 120,0 % et plus Etant donné que le taux de couverture dépend des bases biométriques et du taux d intérêt technique utilisés, il est indispensable de le calculer au moyen d hypothèses uniformes si l on veut procéder à une comparaison des risques entre les institutions de prévoyance. Il faut pour cela estimer les effets d une modification des hypothèses. Pour avoir une estimation aussi précise que possible, la moyenne des taux techniques de 2,9 % (3,0 % l année précédente) a été utilisée. La base biométrique utilisée est LPP 2010 avec une table de génération. 2 Exception : des dispositions légales spéciales s appliquent aux institutions de prévoyance en capitalisation partielle, qui doivent toutes bénéficier d une garantie étatique. Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 25

Fig. 23 : Taux de couverture calculé sur des bases uniformes avec garantie étatique sans garantie étatique Moins de 80,0 % De 80,0 à 89,9 % De 90,0 à 99,9 % De 100,0 à 109,9 % De 110,0 à 119,9 % 120,0 % et plus Le taux de couverture moyen pondéré en fonction de la somme du bilan et calculé sur des bases uniformes pour les institutions de prévoyance sans garantie étatique est de 112,5 % en 2014 (109,5 % l année précédente). Sans la réduction du taux technique utilisé pour ce calcul 3, l amélioration moyenne du taux de couverture aurait été de 3,5 %. Pour les institutions de prévoyance avec garantie étatique, le taux de couverture calculé sur des bases uniformes a augmenté, passant de 76,3 à 80,6 %. Sans la réduction du taux technique utilisé pour ce calcul 3, l amélioration du taux de couverture aurait été de 4,8 %. Plus le taux de couverture est bas, plus le risque de financement est élevé pour l institution de prévoyance. A court et à moyen terme, il s agit là du risque mesurable le plus important auquel une institution est exposée. 4.3 Appréciation 2014 a été une bonne année pour les institutions de prévoyance : le rendement net moyen de la fortune a été de 6,8 % (6,2 % l année précédente) et les taux de couverture se sont par conséquent améliorés. La proportion des institutions de prévoyance sans garantie étatique présentant un découvert est passée de 13 à 10 %. De nombreuses institutions ont à nouveau abaissé leur taux d intérêt technique et d autres baisses sont à prévoir. Par ailleurs, pour tenir compte de l augmentation constante de l espérance de vie, un quart des institutions de prévoyance utilisent déjà des tables de génération et, là aussi, il faut s attendre à ce que la proportion augmente. Or, si ces mesures ont toutes deux pour effet d augmenter les engagements et de réduire le taux de couverture, elles diminuent également les rendements nécessaires (voir chapitre 3). La modélisation du taux de couverture au moyen de bases uniformes permet de représenter schématiquement la répartition des taux de couverture. Au bas de l échelle, ces taux continuent de baisser car les institutions en question utilisent pour leurs calculs des paramètres moins prudents. Vu la probable nécessité d abaisser encore le taux d intérêt technique, ces institutions devront impérativement appliquer d autres mesures d assainissement. Les principales concernées sont les institutions de prévoyance de droit public, dont le taux de couverture est actuellement inférieur à 80 %. Quand bien même la loi les autorise à prendre des mesures d assainissement moins importantes lorsque le système de la capitalisation partielle a été retenu, les employeurs concernés n en doivent pas moins financer leurs prestations à long terme. 3 La réduction du taux d intérêt technique (qui est passé de 3,0 à 2,9 %) se traduit en moyenne par une modification du taux de couverture de 0,5 %. 26 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP

5 Promesse d intérêts au moment du départ à la retraite Toute institution de prévoyance enregistrée, quel que soit son taux de couverture, doit fournir les prestations minimales légales. Au-delà de ce minimum, les prestations sont fixées dans le règlement de l institution. Leur niveau, dans le système de la primauté des prestations, dépend du salaire assuré et des années de cotisation acquises. Dans le système de la primauté des cotisations, il dépend des cotisations créditées, des taux d intérêt et du taux de conversion appliqué en cas de retraite, de décès ou d invalidité. de 7 % environ, alors que celle des institutions avec garantie étatique est toujours de 74 %. Dans l ensemble, la plupart des institutions de prévoyance appliquent donc le système de la primauté des cotisations, mais il existe aussi des exemples de formes mixtes et d autres formes. La Suisse compte encore 57 caisses composées uniquement de rentiers, mais leur part dans la somme du bilan ne dépasse pas 0,3 %. 5.1 Primauté des prestations et primauté des cotisations Depuis des années, le système de la primauté des prestations perd du terrain. La part des institutions de prévoyance sans garantie étatique proposant encore ce système n est plus que Dans le système de la primauté des prestations, les prestations promises sont définies en pourcentage des derniers salaires versés. Puisque ces derniers peuvent encore augmenter peu de temps avant la retraite (par ex. pour compenser l inflation), le risque pour les institutions de prévoyance est plus élevé que dans le système de la primauté des cotisations, où cela est pris en compte dans l évaluation des risques au moyen d une prime de risque forfaitaire. Fig. 24 : Primauté des cotisations et primauté des prestations pour les prestations de vieillesse avec garantie étatique sans garantie étatique Primauté des cotisations Forme mixte Autre Primauté des prestations Caisse ne comptant que des rentiers Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP 27

5.2 Conversion du capital en rente de vieillesse Dans le système de primauté des cotisations, le taux de conversion détermine quelle part de l avoir de vieillesse accumulé est versée chaque année sous forme de rente. Les institutions de prévoyance sans garantie étatique utilisent en moyenne un taux de conversion de 6,06 % en cas de retraite à 65 ans. Cette moyenne s établit à 6,28 % pour les institutions de prévoyance avec garantie étatique. En convertissant le capital accumulé en une rente de vieillesse, l institution de prévoyance fait implicitement, au moment du départ à la retraite de l assuré, une promesse d intérêts. Si l on part de l hypothèse qu une estimation réaliste de l espérance de vie est possible pour l effectif des assurés, l institution de prévoyance assume exclusivement le risque d intérêts. Si la performance effective, après déduction des frais, est plus importante à moyen terme, elle répartira les excédents entre les rentiers. Du point de vue économique, il s agit d une option sur taux d intérêt : plus l intérêt promis est important, plus grand est le risque auquel s expose l institution. Aucun calcul n a été fait pour les institutions de prévoyance qui font verser les rentes de vieillesse par une assurance ou qui ne versent que des prestations sous forme de capital. En effet, ces institutions n assument pas le risque d intérêts pour les rentiers. 5.3 Appréciation Comme cela a été exposé précédemment, les promesses d intérêts au moment du départ à la retraite sont en moyenne de 0,5 % plus élevées que les taux d intérêt techniques utilisés par les institutions de prévoyance pour évaluer leurs engagements. La loi n a pas prévu cette différence, qui ne peut pas être, de ce fait, préfinancée par les cotisations paritaires. Sachant que des rentes trop élevées ne peuvent plus être réduites après coup, elles doivent donc être financées par les employeurs et les assurés. Les coûts sont ainsi transférés à la génération suivante, qui devra supporter le fardeau de l assainissement. Dans le système de primauté des prestations, la promesse d intérêts se calcule au moyen du taux d intérêt technique et d un supplément de longévité. Dans celui de la primauté des cotisations, elle découle du taux de conversion appliqué. Plus celui-ci est élevé au moment du départ à la retraite, plus grande est la promesse concernant le versement de la rente. 28 Rapport sur la situation financière 2014 CHS PP