Ratinnement du crédit et diminutin de l'épargne: cmment enrayer le cercle vicieux pur lancer la reprise? DISCOURS de Luca Jahier Président du grupe "Activités diverses" du Cmité écnmique et scial eurpéen SÉANCE INAUGURALE 6 juin 2013 CES4127-2013_00_00_TRA_DISC IT-NC/gl FR
- 1 - Chers amis, je vus suhaite la bienvenue à cette cnférence rganisée par le Grupe III sur l'un des prblèmes clés de l'écnmie eurpéenne d'aujurd'hui, et qui est crucial si l'n veut rmpre le terrible cercle vicieux de la récessin écnmique dans laquelle l'eurpe est désrmais plngée depuis trp lngtemps. Tute l'imprtance stratégique de ce thème apparaît encre plus clairement à la lumière des discussins que nus avns eues avec un vaste éventail d'acteurs cncernés, lrs d'un fructueux séminaire tenu il y a quelques jurs à Thessalnique, cncernant les répercussins de la crise sur les cityens grecs et les myens de favriser la relance. Le Grupe III du Cmité écnmique et scial eurpéen prend aujurd'hui l'initiative de rassembler la large gamme des acteurs qu'il représente, afin d'examiner et de discuter des questins ayant trait à l'accès au crédit pur les pérateurs écnmiques et les ménages ainsi qu'à la prtectin de l'épargne. Les cityens, entendus ici au sens de cnsmmateurs, les ménages et les entrepreneurs de tus types se truvent en effet piégés dans un cercle vicieux du fait de la crise: les cnsmmateurs ne savent plus cmment épargner de manière sûre et prductive et les entreprises se heurtent à d'énrmes difficultés pur démarrer une activité, fnctinner et se dévelpper; l'accès au crédit est en effet le deuxième bstacle par rdre d'imprtance rencntré par les PME, quel que sit leur type. Nus avns plus particulièrement l'hnneur d'accueillir aujurd'hui un grand nmbre d'éminents représentants d'rganisatins de la sciété civile eurpéenne qui nt accepté de venir débattre de la situatin cncrète dans laquelle se truvent leurs membres et présenter leurs prpsitins et bnnes pratiques susceptibles de cntribuer à briser le cercle vicieux créé par la crise, à engager le prcessus de relance et à dnner l'impulsin d'un nuveau départ la reprise évquée dans le titre de ntre cnférence à l'écnmie eurpéenne. Les pints saillants des débats sernt synthétisés dans un dcument de cnclusin, lequel sera sumis aux représentants des différentes institutins eurpéennes qui participernt à la séance de clôture de cette jurnée; nus purrns ainsi écuter et faire nôtres leurs prirités d'actin dans les mis à venir. Vus êtes tus invités à apprter aujurd'hui vtre cntributin à ce dcument, que ce sit par écrit u en intervenant durant les débats. En écutant les représentants des cnsmmateurs, des PME, des banques, des ménages, des cpératives, des prfessins libérales u d'rganisatins de défense de l'intérêt public, nus verrns aujurd'hui que tus ces acteurs, bien qu'ils sient très différents, nt en réalité les mêmes exigences: davantage de transparence, une assistance accrue de la part des rganisatins sectrielles pur puvir pser les bns chix en matière d'investissements, une frmatin accrue, de nuveaux mdes d'interactin avec les institutins financières cncernant les demandes de crédit, de nuveaux mdes d'btentin de crédit et de garanties, de nuvelles manières d'investir l'épargne qui cntribuent dans le même temps à la crissance de la sciété et à la prtectin de l'envirnnement, par exemple. Nus sutenns fermement l'hypthèse seln laquelle tus ces acteurs purraient s'allier dans la mesure ù ils nt un intérêt cmmun majeur, à savir un système de crédit plus juste et plus sûr, à même de répndre aux besins des cityens, des ménages, des différentes frmes d'entreprises cmme les prfessins libérales, les PME, les cpératives en un mt, un système prche de la vie qutidienne et de l'écnmie réelle. Dans sn récent rapprt semestriel sur l'accès des PME au financement dans la zne eur (ctbre 2012 mars 2013), la BCE fait état de quelques signes d'encuragement timides par rapprt au semestre précédent: si leurs besins de financement externe cntinuent d'augmenter, les PME indiquent que leur situatin en matière d'accès aux prêts bancaires, bien qu'elle ne sit pas brillante, s'est un peu amélirée (-10 % au lieu de 22 %). Le purcentage de demandes de financement refusées a lui aussi diminué (11 % cntre 15 %) et un purcentage légèrement plus faible de PME a cité l'accès au financement cmme étant leur principal prblème (16 %).
- 2 - Cependant, le rapprt indique aussi que les cnditins de financement des PME cntinuent à diverger de manière significative au sein de la zne eur et à être en général plus difficiles que celles des entreprises plus grandes. Enfin, btenir un prêt est relativement plus difficile dans certains pays que dans d'autres. Par cnséquent, les difficultés existent et cntinuernt d'exister, la plitique mnétaire mise en œuvre par la BCE n'a pas encre prduit les effets suhaités - dans certains pays de la zne eur, la diminutin des taux d'intérêt n'est tut simplement pas parvenue jusqu'aux cityens - et les plitiques natinales d'austérité n'nt certainement pas prduit les bénéfices escmptés. Si les banques ne prêtent pas à des taux raisnnables, les cnséquences snt dramatiques: les entreprises ferment, les investissements et la cnsmmatin stagnent, l'écnmie réelle se ferme, paralysée par le manque de cnfiance des investisseurs et des prêteurs dans l'efficacité du secteur financier. Cmme je l'ai dit, la situatin varie sensiblement d'un pays à l'autre et d'un secteur à l'autre, de l'entreprise individuelle à l'écnmie sciale, mais ce qui est sûr dans l'ensemble de la zne eur, c'est que les ménages et les entreprises, cnfrntés à une trisième vague de raréfactin du crédit, snt mins cnfiants pur dépenser (cnsmmer) et investir. Cette situatin a des répercussins immédiates sur le PIB de tute l'eurpe qui, il est bn de le rappeler, tire 80 % de sa valeur ttale de la cnsmmatin privée et des investissements dans ses prpres entreprises. C'est la raisn pur laquelle de nmbreuses régins de la zne eur suffrent désrmais d'une déflatin sévère qui s'aggrave cnstamment, précisément parce que le crédit et les recettes cntinuent à diminuer. Pur prendre l'exemple de mn pays, l'italie, il y a quelques semaines, dans sn discurs d'uverture de l'assemblée générale de la Cnfindustria, le président de celle-ci a évqué une trisième vague de raréfactin du crédit et a estimé que rien qu'en Italie, la fermeture des rbinets a réduit les liquidités de 50 milliards d'eurs. Ces chiffres nt été cnfirmés hier par les dnnées de Standard&Pr pur 2012. Et les chiffres de l'institut Tagliacarne (bservatire des PME Lexjus Sinacta), qui fait autrité en la matière, cnfirment que 50 % seulement des PME nt btenu le crédit demandé, 21 % se snt vu refuser tut crédit et 13 % des start-up, tutes catégries cnfndues, n'nt pas eu recurs au crédit. L'Unin eurpéenne prend actuellement des mesures afin de lutter cntre les risques pur le secteur financier et remédier aux anciennes faiblesses de ns systèmes de régulatin et de supervisin: évaluatin des risques du secteur bancaire et recapitalisatin des banques; établissement d'une unin bancaire eurpéenne cmprenant un mécanisme de surveillance unique destiné à cntrôler 80 % des actifs bancaires dans la zne eur, assrti du système de réslutin unique pur éviter que le pids de la faillite des établissements bancaires ne rejaillisse sur les cntribuables; surveillance des niveaux d endettement privé et des risques financiers cnnexes, cmme les bulles immbilières, dans le cadre du Cmité eurpéen du risque systémique (CERS) et de la nuvelle prcédure de l'ue visant à crriger les déséquilibres macrécnmiques. Tutes ces mesures visent à prtéger les cityens et à rétablir la cnfiance dans les marchés financiers ainsi qu'à garantir "une culture bancaire durable et diversifiée de l'ue essentiellement dans l'intérêt des cityens" telle que l'appelle de ses vœux le viceprésident du Parlement eurpéen, Othmar Karas, dans la réslutin de mai 2012 sur l'activité des établissements de crédit et la surveillance prudentielle des établissements de crédit et des entreprises d'investissement. Cmme la Cmmissin eurpéenne l'a rappelé dans l'analyse annuelle de la crissance de 2013, au niveau natinal, les États membres peuvent faire davantage d'effrts pur prmuvir les autres surces de financement, augmenter la liquidité et réduire la
- 3 - dépendance traditinnelle des entreprises vis-à-vis du financement bancaire, et les exemples snt légin: faire juer aux banques publiques et aux institutins publiques de garantie un rôle plus actif dans le financement des PME; prmuvir de nuvelles surces de capitaux, ntamment les prêts interentreprises; multiplier les pssibilités d émissin d bligatins d entreprise et faciliter l accès au capital-risque; réduire les retards de paiement par les puvirs publics; instaurer le régime de la faillite persnnelle permettant de mdifier les cnditins des hypthèques afin d'éviter les saisies; permettre aux banques d emprunter à un taux plus faible à cnditin d ctryer davantage de prêts à lng terme aux entreprises u de furnir des prêts mins cûteux et plus accessibles aux PME. Il est par ailleurs encurageant de savir que l'n peut cmpter sur les instruments financiers de l'ue, existants u nuveaux, pur juer le rôle de catalyseurs d'investissements ciblés cmme la récente augmentatin de 10 milliards d'eurs du capital de la BEI qui, cmme le sulignent les cnclusins du Cnseil eurpéen de mars 2013, permettra à la banque d'accrder 60 milliards d'eurs de prêts supplémentaires pur sutenir la crissance et l'empli ce qui, avec le cncurs du Fnds eurpéen d'investissement, aura un effet catalyseur pur des prjets puvant atteindre 180 milliards d'eurs au curs de la péride 2013-2015. Tutes ces mesures snt certes utiles, mais elles restent insuffisantes. Dans une étude récente, la Cmmissin a estimé qu'une plitique vigureuse d'améliratin de l'accès au crédit ainsi qu'une réductin sensible du cût de lancement de nuvelles activités écnmiques purraient se traduire par une augmentatin de 1,5 % du PIB eurpéen envirn. Et le président du CESE, Henri Malsse, aime à rappeler qu'au mins 3 millins de PME eurpéennes dispsent d'un imprtant ptentiel de crissance et d'innvatin "drmant" qui, s'il était dynamisé, purrait créer 15 millins d'emplis si chacune de ces PME engageait cinq persnnes. Vilà qui dnne une idée de l'ampleur du défi auquel nus smmes cnfrntés mais aussi de cet énrme gaspillage de ptentiel. Il peut être utile pur ntre réunin d'aujurd'hui de savir que lrs du Cnseil eurpéen de mars qui a fixé les rientatins de plitique écnmique des États membres et de l'unin eurpéenne pur 2013, un débat a eu lieu, en présence du président Draghi, sur l'accès au crédit pur les entreprises en tant que mteur de crissance, la cmpétitivité sus tutes ses frmes et le fnctinnement du marché du travail, en particulier pur les jeunes. Lrs de ce débat, la répnse à la questin "Qu'est-ce qui détermine la crissance?" a été : la cnfiance, le crédit et la cmpétitivité. Mais, plus imprtant encre, la nécessité de mener une plitique de l'empli spécifique pur une crissance à plus frte intensité de travail. Pur cmprendre les cnséquences d'un manque éventuel de cette cnfiance et de la stabilité financière qui l'accmpagne, il suffit de penser à la structure écnmique et financière de l'écnmie de la zne eur telle qu'elle ressrt de la dernière analyse de la BCE sur les finances et la cnsmmatin dmestique d'avril: 43,7 % des ménages nt cntracté un crédit (quel qu'en sit le type); 23,1 % nt un crédit hypthécaire et 29,3 % un crédit nn hypthécaire; 96,4 % des ménages nt des dépôts prpres (cmpte à vue u cmpte d'épargne) et 33 % nt suscrit une assurance retraite privée u une assurance-vie. Tutes les autres activités financières cncernent mins de 15 % des ménages. Cnfiance, stabilité, sécurité, rendement, cmpétitivité. Tels snt les éléments essentiels pur la reprise assrtis du sutien à une série d'autres mesures d'accès au crédit et à l'épargne, dnt certaines sernt passées en revue aujurd'hui et dnt les principaux acteurs
- 4 - snt tutes les parties prenantes cncernées: des institutins aux jeunes en passant par les banques, les investisseurs privés, les entreprises, les cnsmmateurs et les ménages. Tus snt appelés à agir dans une ptique différente, celle de la durabilité, pur une sciété plus juste, vuée au bien-être des persnnes qui la cmpsent. C'est purqui je pense qu'il est pssible et n ne peut plus urgent de cnclure une alliance frte entre les ménages et les entreprises, entre les cnsmmateurs et les entrepreneurs de tus types pur une gestin de l'épargne et du crédit plus saine, plus sûre et plus accessible à tus. Les richesses snt là, les chiffres le pruvent; il faut qu'une prprtin plus élevé des fnds qui circulent glisse des rentes vers l'écnmie réelle et récmpense le risque au myen de frmes adéquates de garantie et d'assurance, qui snt également dispnibles. C'est en diffusant les nmbreuses bnnes pratiques existantes que nus purrns briser le cercle vicieux et mettre l'écnmie eurpéenne sur les rails de l'avenir. CES4127-2013_00_00_TRA_DISC IT-NC/gl