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BUREAU D'APPLICATION DES METHODES STATISTIQUES ET INFORMATIQUES DT 07/2002 Ressources Humaines e Libéralisaion : une approche sraégique Cas du seceur élecrique en Afrique subsaharienne Samuel AMBAPOUR BAMSSI BAMSI B.P. 13734 Brazzaville

DT 07/2002 Ressources humaines e libéralisaion : une approche sraégique Cas du seceur élecrique en Afrique subsaharienne* Samuel AMBAPOUR** Résumé : Les opéraeurs hisoriques d élecricié en Afrique bénéfician d une proecion naurelle à la concurrence, on eu dans la plupar des cas, une poliique de gesion des ressources humaines peu propice au progrès de la producivié. Dans ce exposé, on veu monrer que désormais, dans le conexe de libéralisaion, la nécessié d une gesion inciaive des ressources humaines s impose. Mos clés : conesabilié, inciaion, libéralisaion, efficience, privaisaion, producivié, sraégie. *Communicaion présenée au 14ème congrès de l UPDEA, 23-26 juin 2002, ICC Durban, Afrique du Sud ** SNE BP 95 Brazzaville ; Courriel : ambapour_samuel@yahoo.fr Ces documens de ravail ne reflèen pas la posiion du BAMSI, mais n engagen que ses aueurs 2

Inroducion Depuis les années quare ving, on assise à un mouvemen planéaire de privaisaion, moivé selon les économises, par un besoin d efficacié producive e/ ou allocaive. Même les monopoles dis naurels opéran à rendemens croissans ne son pas en marge de ce mouvemen. C es le cas des indusries de réseau comme l élecricié ou les élécommunicaions, où le marché devien de plus en plus «conesable*». On assise en effe (Girod ; 2002) à l éclaemen des anciennes srucures : dé inégraion vericale e horizonale, segmenaion des marchés, décomposiion des aciviés, démuliplicaion des foncions Dans ce conexe mondial de libéralisaion, e de pression concurrenielle accrue, quelle serai alors la meilleure sraégie pour gérer les ressources humaines. Il serai hasardeux d affirmer l exisence d une sraégie unique e efficace. Il fau enir compe du conexe : social, poliique e macroéconomique. Dans la première parie de ce exe, on caracérise la gesion anérieure des ressources humaines par les opéraeurs hisoriques d élecricié. Ces derniers bénéfician d une proecion naurelle à la concurrence, on eu pour la plupar des cas une gesion peu propice aux progrès de la producivié. Dans la deuxième parie, on veu monrer que désormais dans un environnemen concurreniel, une gesion sraégique e efficace s impose e doi êre basée sur la héorie des inciaions. On esquisse cerains élémens de cee gesion qui son aujourd hui au cenre de la nouvelle économie indusrielle e de la microéconomie de l emploi. * Au sens que l économise W. Baumol donne à ce erme, à savoir la suppression des barrières à l enrée e à la sorie, l absence de comporemens prédaeurs (Baumol W., Panzar J. and Willig R., Conesable Markes and he heory of indusry Srucure, NY : Harcour Brace Jovanovich, 1982) 3

1. La gesion des ressources humaines par les opéraeurs publics 1.1. Une Organisaion bureaucraique. On peu relever que, la plupar des sociéés d élecricié en Afrique subsaharienne on eu une organisaion publique bureaucraique. La Sociéé Naionale d Elecricié du Congo (SNE) par exemple, éai considérée au débu des années quare ving comme une «fédéraion d eniés» avec plusieurs niveaux hiérarchiques. Quan à l enreprise ivoirienne d élecricié (EECI), elle ne compai pas moins de 18 niveaux en 1990. Les défaus d une elle srucure son connus : - engorgemen du cenre de décision sraégique ; - leneur de la communicaion ; - pere de l informaion ; - ec. Selon Simon H.A (cié par Plane ; 1997) : «ce son des phénomènes ypiques d une hypohèse cogniive où les agens son supposés inenionnellemen raionnels, mais seulemen de façon limiée puisqu ils échouen à promouvoir les meilleures soluions en raison de leur inapiude à connaîre e raier efficacemen oue l informaion». 1.2. Une gesion peu propice au progrès de la producivié En maière de moivaion e d inciaion, on remarque qu il n y a pas de différence majeure enre le sau du personnel des enreprises publiques e celui de la foncion publique. Dans les deux cas l on consae que : - la rémunéraion es éroiemen condiionnée par le posiionnemen de l agen dans une grille de salaire ; - la rémunéraion de la performance si elle exise, résule d une simple appréciaion de la hiérarchie e non sur une base inciaive ; - dans la grille des salaires, l agen y figure en foncion de son niveau de diplôme au momen du recruemen ; - l évoluion de carrière es foncion de l ancienneé. 4

Par ailleurs, aucun licenciemen économique n a jamais éé prononcé dans les enreprises. L ajusemen des salaires e des emplois obéi aux règles inernes e conraines insiuionnelles se déconnecan ainsi des flucuaions du marché du ravail. Les conséquences d une elle gesion son aussi connues (Chambas e ali ; 1995) : «à l abri de oue conesabilié, les salariés à ous les niveaux de la hiérarchie, rouven à ce niveau un errain ferile à la capure de renes (absenéïsme réel ou ficif, promoion rapide e quelque peu arificielle du personnel, corrupion ) source d inefficiences producives e/ ou allocaives». 1.3. Quelques sraégies adopées Au cours des années 80, dans le cadre de leur resrucuraion, ceraines enreprises d élecricié on eu à adoper des sraégies visan par exemple à adaper la masse salariale à l évoluion de la producivié. On a pu noer rois ypes de sraégies (Lessueur, Plane ; 1994) : - sraégie de mainien du salaire. Elle a pour objecif, l adopion d une poliique inciaive par le mainien du salaire e la résorpion de l excéden de main d œuvre. Une elle poliique devrai normalemen conduire à une amélioraion de la producivié du ravail ; - sraégie de mainien de l emploi. Ici, le mainien de l emploi pour ous les salariés amène ces derniers à supporer une dégradaion du salaire réel. Dans ce cas, il es fréquen que la producivié baisse e que l absenéisme s accroisse ; - sraégie du parage de l emploi e du salaire. C es une acion combinée des deux sraégies précédenes. Elle perme donc d amoindrir «les effes sociaux d un ajusemen brual des emplois e le caracère démoivan d une baisse prononcée du salaire réel». Le résula d applicaion de ces rois sraégies par les enreprises africaines d élecricié, a monré que par rappor à l objecif visé, celui d obenir des gains de producivié, la première sraégie (mainien du salaire) e la dernière (parage de l emploi e du salaire) se son révélées efficaces du poin de vue économique. Cependan, cela n a pas suffi pour arrêer le mouvemen mondial de privaisaion commencé pluô. 5

2. Libéralisaion e sraégie de gesion des ressources humaines 2.1. Inroducion : héorie des inciaions Les opéraeurs hisoriques d élecricié son enrés dans une phase de privaisaion. Cee dernière s accompagne le plus souven de la libéralisaion du seceur. Dans celle ci, la gesion des ressources humaines es condiionnée par le degré de conesabilié des aciviés. A la recherche de l amélioraion de la producivié, l inensié e la qualié du ravail résulen alors d un ensemble d inciaions liées à l organisaion e aux modes de rémunéraion. Dans la héorie des inciaions, les sysèmes de récompenses sancions, les noions de moivaion, d effor, occupen une grande place dans l analyse e son au cenre de la nouvelle économie indusrielle e de la microéconomie de l emploi (Perro ; 1998). Cee héorie s inscri dans un corpus plus général, celui de la héorie de l informaion (Laffon ; 1991) qui posule le relâchemen de l une des principales hypohèses du modèle sandard, celle de l informaion parfaie. De cee héorie, on reiendra dans ce exe, le modèle du ype principal/agen ou en encore mandan /mandaaire qui raie des changemens dans les srucures inciaives, consécuives aux ransfers de propriéé e des conséquences qui en découlen en ermes d efficacié echnique (Voisin ; 1995). En clair, pour que se pose un problème d inciaion, il fau que la saisfacion du principal dépende de l informaion cachée de l agen. Dans ce qui sui, après avoir rappelé un exemple d une organisaion moderne, nous esquissons deux élémens d une gesion inciaive des ressources humaines. 2.2. Un exemple d une organisaion moderne Un des exemples les plus ciés, concernan une privaisaion réussie en Afrique subsaharienne es sans doue celui de l EECI. Eudian le cas d une organisaion moderne, celle de la nouvelle sociéé CIE (Compagnie Ivoirienne d Elecricié), Plane (1997) noe qu elle es caracérisée par une resrucuraion de la gouvernance ; pariculièremen par : - une coordinaion hiérarchique e horizonale ; - un allégemen du schéma pyramidal préexisan pour donner la priorié aux conras de confiance ; 6

- un accroissemen significaif des responsabiliés au niveau des agens (gesion par objecifs) ; - une décenralisaion géographique des responsabiliés ; - ec. Cee nouvelle organisaion rappelle de façon opporune les avanages ayan suscié le glissemen des enreprises américaines de la srucure unifiée de la gouvernance vers la srucure mulidivisionnelle décrie par Chandler (Plane, Hofman ; 1999). En comparaison avec l ancienne srucure (celle de l EECI), l éude de l efficacié producive a monré que le changemen de droi de propriéé à indui des gains d efficacié echnique (Plane, Hofman ; 1998) 2.3. Elémens d une gesion inciaive des ressources humaines B. Reynaud (1995), noe qu il y a deux façons d obenir à la fois une ceraine inensié e une ceraine qualié de ravail : l organisaion d un conrôle par les conremaîres ou la mise en œuvre des procédures salariales inciaives. C es la fameuse sraégie de «la caroe e du bâon». Les deux formes d organisaion réponden à des objecifs inernes d efficience du ravail dans l enreprise. Elles son pariellemen subsiuables e peuven s inégrer dans un modèle que l on peu eser par les méhodes de l économérie. 2.3.1. Sraégie de salaire d efficience (la caroe) Le mode de rémunéraion inciaif le plus éudié acuellemen dans la liéraure es celui du salaire d efficience. La héorie du salaire d efficience repose sur l idée d une corrélaion posiive enre salaire e producivié. Il exise plusieurs varianes du modèle du salaire d efficience. Dans le cas qui nous inéresse (cas de l informaion cachée de l agen), on peu cier : - les modèles du ire-au-flanc. Dans ce modèle, l enreprise (le principal) observe avec inceriude l effor fourni par le ravailleur (l agen), c es-à-dire que ce effor ne peu êre ni conrôlé ni mesuré. En présence de cee asymérie de l informaion, l enreprise applique un sysème d inciaion à l effor en proposan un salaire plus élevé que le niveau de rémunéraion en vigueur sur le marché exerne. Cee proposiion augmene le coû d opporunié de la paresse e doi incier le ravailleur à fournir un effor plus élevé ; surou si l augmenaion de ce coû es renforcée par une menace de sancion par le licenciemen ; 7

- les modèles de sélecion adverse (ou ani sélecion). Dans ces modèles, à l embauche, l enreprise n a aucune informaion sur le ravailleur. La relaion d efficience s éabli donc au momen du recruemen : «pour augmener sa chance d êre recrué, rien ne ser de proposer un salaire inférieur au marché car l enreprise inerpréerai cela comme le signe d une faible producivié du salarié», (Weiss, cié par Reynaud ; 1994). Ces modèles de salaire d efficience on, du poin de vue méhodologique, l inconvénien de ne pas prendre direcemen en compe, la deuxième forme d inciaion qui es le conrôle e la surveillance. Cependan, ils permeen de comprendre la srucure hiérarchique des emplois, qui ne couvre pas nécessairemen celle des salaires. 2.3.2. Sraégie de conrôle hiérarchique (le bâon) Ici, la résoluion du problème d asymérie de l informaion enre le principal (l employeur) e l employé (l agen), es faie grâce à l arrivée d un roisième aceur, le superviseur. L employeur qui observe imparfaiemen l effor de l employé délègue au superviseur la foncion de conrôle du ravail de l agen : on es alors en présence des relaions d agence imbriquées. Il fau noer que l éablissemen d une elle srucure hiérarchique peu se subsiuer à la seule conraine salariale inciaive reenue dans les modèles précédens. L inérê de ce modèle à rois niveaux réside dans le fai, qu il perme d expliquer dans quelles siuaions l ajou d un échelon hiérarchique inermédiaire es avanageux pour l enreprise. Pour des raisons liées à la symérie de l informaion, ceraines srucures des enreprises comme celles déjà évoquées son ainsi suscepibles d êre expliquées. Signalons enfin, que si l on reien une foncion de coû de surveillance dans laquelle le salaire e la fréquence de conrôle son les deux variables de décision de l enreprise, Eaon e Whie (1983) monren qu une poliique de salaire élevé peu se subsiuer à un conrôle coûeux du personnel d exécuion. 2.3.3. Quelques ess effecués Pour le gesionnaire d une enreprise, le discours enu jusqu à présen peu sembler rop héorique. Or, il es di qu une héorie non vérifiée par la praique peu êre vouée à l échec. Les modèles de salaire d efficience on éé esés de façon inensive dans les pays indusrialisés, e on donné des résulas rès insrucifs, si l on juge par le nombre d aricles publiés. On peu signaler rès brièvemen quelques ypes de ess effecués. Ils poren sur (Blanchard e ali ; 1994) : 8

- l esimaion sur données individuelles des salariés d un modèle don la variable endogène es le logarihme du salaire de l individu en foncion d un ensemble de variables explicaives elles que le niveau d éducaion, l expérience, l âge, le sexe ainsi que des variables indicarices pour le seceur d acivié ; - l évaluaion, à parir d une mesure direce de l effor fourni par les salariés, les faceurs qui influencen ce effor ; - l esimaion d une foncion de producion incluan impliciemen une foncion d effor de la main d œuvre : ce qui perme de eser une relaion d efficience, éan donné que l effor n es pas observable e es sensé dépendre noammen du aux de chômage, e du salaire relaif ; - l analyse du lien exisan enre les coûs de supervision e les salaires. Ce qui es un es de la version du ire-au-flanc de la héorie du salaire d efficience. Dans la liéraure économique, il exise peu d applicaions de ces héories dans les pays en développemen e pariculièremen en Afrique. Néanmoins ceraines éudes on éé menées en Côe d Ivoire (voir ravaux de Lesueur e Plane) aussi bien dans des seceurs abriés, que dans ceux soumis à la concurrence. Dans ce pays, des poliiques de salaire d efficience propices à la recherche de gains de producivié on éé enregisrées dans les seceurs de l indusrie foremen exposés à la concurrence. Par conre dans des seceurs abriés comme ceux de l indusrie agro-alimenaire e des biens de consommaion, les poliiques salariales on éé proches de celles des enreprises parapubliques. P. Blanchard (Blanchard e ali : op. cié), donne un jugemen opimise sur ces héories, en écrivan : «ces ravaux, quoique conesés par différens aueurs suggèren que la héorie du salaire d efficience a un cerain degré de perinence, noammen en ce qui concerne le lien enre salaire e efficacié producive». C es jusemen sur cee dernière idée que, plusieurs applicaions du modèle du salaire d efficience on éé faies (cas de la Côe d Ivoire). Nous allons donc brièvemen présener ce modèle. 2.3.4. Efficience echnique e arbirage salaire-conrôle hiérarchique La noion d efficacié echnique ou producive es une noion ayan rai à l organisaion maérielle e echnique de l acivié de producion. Pour une enreprise, cee noion fai ressorir la possibilié d obenir une quanié maximale d oupu à parir d une quanié donnée des faceurs de producion. Les enreprises echniquemen efficaces son celles qui se siuen sur leur fronière des possibiliés de producion. Deux grandes familles de méhodes son concurrenes dans la manière de consruire la fronière e donc de calculer l efficacié echnique : les méhodes 9

paramériques e les méhodes non paramériques (Ambapour ; 2001). Nous avons choisi les premières, car elles s y prêen à la siuaion que l on va décrire. Si l on représene la echnologie par une foncion de producion à deux faceurs, la fronière paramérique sochasique s écri : LogQ = A + a LogK + LogL + a + e (1) Où : 1 3 Q représene le volume de l oupu de l année ; K e L représenen respecivemen les services du capial e du ravail en ; a1 e a 2 respecivemen l élasicié du volume de l oupu par rappor aux services du capial e du ravail ; a 3 es le progrès echnique auonome don l effe es supposé endanciel par rappor au emps. A es une consane posiive ; e = v u ; u mesure l écar enre l oupu observé e l oupu maximum réalisable par la echnologie efficace ; il représene l inefficacié echnique qui résule par exemple d une mauvaise gesion, d un mauvais choix echnologique ou d un personnel incompéen ; v es l écar dû aux aléas qui influencen la producion e qui ne son pas direcemen sous le conrôle du gesionnaire. Si l on se donne une disribuion pour le erme d erreur semi normale, l efficience echnique es alors définie par : v disons par exemple une loi TE = exp( uˆ ) ; Avec : u uˆ = E( ); E = espérance mahémaique e L efficience echnique une fois définie, on suppose par la suie qu elle dépend d une foncion d effor ( Z ) faisan apparaîre la subsiuabilié de l incian salarial ( W ) e du conrôle hiérarchique ( CM / O), e d aures faceurs. Le conrôle hiérarchique es mesuré en rapporan l effecif des cadres e maîrise ( CM ) au personnel d exécuion ( O). L incian salarial es obenu par exemple, par un indice de salaire réel, en rapporan le salaire moyen à l indice des prix à la consommaion des ménages. Cee foncion L efficience echnique une fois définie, on suppose par la suie qu elle dépend d une foncion s écri : LogTE = LogZ + B (2) 10

Où : B es une consane prenan en compe les aures faceurs exogènes. LogZ = blogw + clog( CM / O) (3) Finalemen d après (2) e (3), on obien : LogTE = blogw + clog( CM / O) + B (4) Sous cee forme, on voi que le modèle peu êre esé pour un seceur d aciviés ou sur données des enreprises. Nous avons appliqué ce modèle aux données de l enreprise SNE Congo, sur la période 1981-1992. En effe au cours de cee période, on a observé une amélioraion du aux d encadremen, e cerains incians salariaux on éé enregisrés, noammen avec l adopion des nouvelles convenions collecives en 1981 e en 1992. Les résulas obenus son décevans, pariculièremen en ce qui concerne l esimaion de la foncion de producion. A nore avis, cela es dû, plus à la qualié des données qu à la méhode uilisée. Les invesigaions doiven êre poursuivies ; celles de reraier les données afin d obenir des esimaions robuses. Conclusion Les opéraeurs hisoriques d élecricié son enrés dans une phase de privaisaion. Cee dernière s accompagne le plus souven de la libéralisaion du seceur. On a voulu monrer dans ce exposé que, désormais, à la recherche des gains de producivié, la gesion sraégique des ressources humaines dans les enreprises du seceur doi êre basée sur un ensemble d inciaions liées à l organisaion e aux modes de rémunéraion. 11

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SERIE DES DOCUMENTS DE TRAVAIL DU BAMSI 01/2001 «STATIS : une méhode d analyse conjoine de plusieurs ableaux de données» Samuel AMBAPOUR 02/2001 «Esimaion des fronières de producion e mesures de l efficacié echnique» Samuel AMBAPOUR 03/2001 «Esimaion d un modèle d emploi de cour erme avec ajusemen pariel» Samuel AMBAPOUR 04/2001 «Noe sur la moralié infanile» Samuel AMBAPOUR 05/2001 «Dix ans d ajusemen en Afrique : applicaion d un modèle de compage» Samuel AMBAPOUR 06/2001 «Mesure des aenes de la clienèle e évaluaion du niveau de saisfacion» Samuel AMBAPOUR, Diana Lyse MAPOUATA 07/2002 «Ressources humaines e libéralisaion : une approche sraégique» Samuel AMBAPOUR 14