Stress, alimentation et génétique

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1 PROBLÈMES DIGESTIFS Stress, alimentation et génétique NOTRE ENQUÊTE réponses en Belgique Les problèmes digestifs apparaissent sous diverses formes : ballonnements, renvois, mais aussi constipation et hémorroïdes... Qui n a jamais souffert d un de ces troubles? Nous avons examiné la santé digestive des Belges. Vous êtes très nombreux à affirmer être parfois ou régulièrement confronté à des maladies digestives. Rien d étonnant, car sous cette appellation sont regroupées plus de 40 affections aiguës et chroniques allant des troubles digestifs communs à de très graves maladies. En Europe, on estime que 40 à 80 millions de personnes en sont victimes. Pour ne donner que deux exemples, de 10 à 15 % des Euro- Entre octobre et novembre 2011, nous avons mené une enquête sur les problèmes digestifs. Réalisée en collaboration avec des organisations de consommateurs d Italie, du Portugal, d Espagne et du Brésil, elle nous a permis d analyser réponses valides, dont pour la Belgique. Sauf spécification contraire, les chiffres mentionnés dans cet article se réfèrent uniquement à la situation belge. C est-àdire aux réponses représentatives de la population belge âgée de 18 à 74 ans selon le sexe, l âge, la région et le niveau d éducation, complétées par un questionnaire en ligne réalisé auprès d un échantillon de internautes. Nous avons mesuré les différentes dimensions liées aux troubles digestifs : la fréquence, la typologie, les niveaux de gravité, les causes, l impact sur la qualité de vie et le bien-être, les traitements (et autotraitement tels que l alimentation, l adaptation du style de vie, l exercice physique ou l automédication) et la satisfaction qui en découle. Le comportement alimentaire a également été examiné et mis en corrélation avec la prévalence des problèmes digestifs. 20

2 péens sont touchés par le syndrome du côlon irritable et entre 20 et 30 % sont atteints de constipation. Lors de notre enquête, nous avons constaté qu au sein des cinq pays faisant partie de l étude, les problèmes les plus communs sont similaires. En première position, on trouve le reflux gastro-œsophagien, autrement dit les brûlures d estomac : 23 % des adultes considèrent qu il s agit de leur principal trouble digestif vécu au cours des 12 derniers mois. Viennent ensuite, la constipation, les hémorroïdes, la gastro-entérite/diarrhée et l indigestion/dyspepsie. Mais les Belges ne sont pas les plus à plaindre, car dans l ensemble, ils montrent une meilleure santé digestive que leurs compatriotes italiens, portugais, espagnols et brésiliens. Personnes ayant déjà souffert de troubles digestifs (en %) Reflux gastro-œsophagien/ brûlures d estomac 31% 4% Hépatite Indigestion/dyspepsie Syndrome du côlon irritable 10% 11% Constipation 25% Hémorroïdes Génétique et stress L origine des troubles digestifs n est pas toujours connue. Pour preuve, bon nombre de répondants n ont pas su répondre à cette question, soit parce qu ils ne se sont pas renseignés, soit parce que les causes sont difficiles à définir. Celles-ci sont nombreuses, mais certaines reviennent très régulièrement (tableau ci-contre). Les infections bactériennes, virales et parasitaires constituent un des principaux facteurs et sont à l origine de la plupart des diarrhées et des gastro-entérites. La génétique joue un rôle important dans le fonctionnement digestif. La variation de gènes spécifiques influence le risque de développement de certaines maladies (syndrome du côlon irritable, intolérance au gluten, allergies 10% 22% Gastro-entérite/diarrhée 25% Ulcère d estomac 5% Calculs biliaires 4% Maladies inflammatoires chroniques de l intestin (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique ) PRINCIPALES CAUSES DES TROUBLES ÉNONCÉES PAR LES PATIENTS 67 % des Belges souffrant du syndrome du côlon irritable, considèrent que l origine du problème est le stress Génétique infections bactériennes, virales et parasitaires Stress Je ne sais pas Reflux gastro-œsophagien/ brûlures d estomac 18 % 3 % 36 % 26 % Hémorroïdes 30 % 0 % 16 % 37 % Constipation 33 % 0 % 39 % 33 % Gastro-entérite/diarrhée 16 % 38 % 29 % 35 % Syndrome du côlon irritable 15 % 7 % 67 % 18 % Maladies inflammatoires chroniques de l intestin (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique ) 15 % 3 % 55 % 39 % alimentaires en général...). Le stress est également une cause majeure. Lorsque l on éprouve du stress, le corps détourne l énergie, le sang, les enzymes et l oxygène provenant des organes digestifs vers d autres parties du corps, ce qui affecte l efficacité du système de digestion. La dépression, l inactivité et le stress augmentent également le risque de constipation. Plusieurs médicaments provoquent des effets secondaires qui affectent les organes et la digestion. Les antiacides, les antihistaminiques, les pilules contraceptives, les anti-inflammatoires et les antibiotiques en font partie. Enfin, les habitudes alimentaires sont étroitement liées à la santé digestive, tout comme le style de vie. Les jeunes sont les plus touchés Nous ne sommes pas tous exposés de la même manière à ces troubles. Age, sexe, mais aussi mode de vie influencent la santé digestive. Hommes et femmes souffrent principalement des mêmes maux : ballonnements, lourdeurs, reflux acides, constipation... Pourtant, à l exception de la diarrhée, du sang dans les selles et des renvois, les 21

3 PROBLÈMES DIGESTIFS hommes possèdent une meilleure santé digestive. En outre, il semblerait que les femmes formulent plus de plaintes et vont plus facilement consulter. Contrairement à ce que nous pourrions penser, les jeunes (18-34 ans) sont plus touchés que les ans, mais également que les personnes plus âgées (55-74). Une situation qui s expliquerait de deux manières. Plus préoccupés par leur santé, les ans consulteraient plus régulièrement les prestataires de soins et contrôleraient donc mieux leurs symptômes. Les jeunes, quant à eux, auraient de plus mauvaises habitudes nutritionnelles, dormiraient moins et seraient davantage soumis au stress lié au travail et à une vie plus active. Le manque d heure de sommeil, la malbouffe et le stress sont, en effet, trois facteurs aggravants. Une nuit de 7 h 30 en moyenne est préférable à une durée de sommeil allant de 6 h à 7 h 30 et, à plus forte raison encore, à une nuit de moins de 6 h. Le manque de sommeil joue sur les nerfs, les petits dormeurs seraient plus nerveux et plus enclins aux problèmes digestifs. Dans cet ordre d idées, on remarque qu environ 40 % des troubles apparaissent avant 35 ans. En moyenne, l hépatite se manifeste vers 24 ans. Les premières hémorroïdes sont décelées vers 34 ans, le syndrome du côlon irritable l est à 30 ans et les brûlures d estomac se manifestent à l approche de la quarantaine, comme l ulcère de l estomac. Les apparitions les plus tardives sont le cancer colorectal et celui de l œsophage (tous les deux à 58 ans en moyenne en Belgique). La force d un mode de vie sain Que cela soit moins ou plus de trois fois par semaine, la pratique d un sport a une influence positive sur les troubles digestifs. Personne souffrant au moins parfois de problèmes liés à la digestion (en %) Interview Prof. Pierre Deprez Gastro-entérologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc Trois alarmes Tabac et excès d alcool sont très nocifs pour la santé digestive. Comment prévenir les maladies digestives? Une alimentation équilibrée basée sur la pyramide alimentaire est essentielle. Il est aussi conseillé d éviter le tabac. Il a un effet relaxant sur le sphincter entre l œsophage et l estomac, ce qui peut augmenter le reflux gastro-œsophagien. Il accroît la production d acide dans l estomac et peut mener à une maladie ulcéreuse. Il a un effet toxique sur le pancréas et augmente le risque de pancréatite chronique. Sans oublier l accroissement des maladies inflammatoires de l intestin et, bien entendu, le développement des cancers de l œsophage, et du pancréas, par exemple. L excès d alcool provoque aussi du reflux. Il a une action toxique sur l œsophage, l estomac, le pancréas et même sur les hémorroïdes. Ballonnements 73% 53% Lourdeur d estomac longtemps après le repas Brûlures d estomac/ reflux acides 67% Renvois 67% 74% Constipation 37% Fatigue persistante 54% 40% 51% Douleurs d estomac 34% 46% Douleurs abdominales 29% Diarrhée 45% 37% Hémorroïdes 31% femmes hommes Quand faut-il consulter? Pour le reflux, les gastrites et les ulcères, trois symptômes d alarme doivent vous mener chez un médecin : une perte de poids significative, du sang dans les selles et des difficultés à avaler. L anémie par manque de fer est aussi un signe de problème digestif. Une autre raison d aller consulter est l apparition d un nouveau symptôme à un âge plus avancé, souvent plus inquiétant qu un dysfonctionnement présent depuis longtemps. S il y a des antécédents familiaux, il est conseillé d être très attentif à ces troubles potentiels. La prise à long terme de médicaments sans ordonnance (antidouleurs, antiacides divers...) peut masquer une pathologie. Si après plusieurs jours ou semaines de traitement les symptômes perdurent ou reviennent, mieux vaut consulter. 22

4 Personne dont le trouble digestif a eu un impact très négatif durant le dernier mois (en %) Sur les activités familiales Sur les activités professionnelles Sur les activités sociales Sur l intégrité personnelle Sur le bien-être général 9 % 11 % 12 % 13 % 17 % D ailleurs les personnes ne pratiquant aucune activité physique en souffrent davantage. Des différences se marquent aussi en fonction du poids. Un indice de masse corporelle (IMC) beaucoup trop élevé (obésité), ou au contraire trop bas, amène aussi son lot de problèmes, tout comme les habitudes alimentaires. Il apparaît clairement que les mangeurs de viandes, de charcuterie, d aliments frits, de margarine, de fast-food, mais aussi de sucré, de salé, de bonbons et de pâtisseries sont plus sujets aux troubles de la digestion que les mangeurs de légumes, de fruits et de poissons. Le café est également souvent pointé du doigt et a la réputation d être néfaste pour le système digestif. Cette croyance est cependant fausse dans bien des cas. Si les sensibles de l estomac préféreront l éviter, une personne saine qui ne souffre pas de ce type de maux aura intérêt à en boire quotidiennement. Notre étude montre en effet que les buveurs réguliers de café s assurent une meilleure santé digestive que les personnes qui n en consomment jamais. Bref, le mode de vie dont l évaluation découle d une classification basée sur les habitudes de sommeil, le tabagisme, la consommation de café et la pratique sportive, est un facteur à ne pas sous-estimer. De fait, ceux et celles qui ont un "très mauvais" mode de vie obtiennent l indice de santé digestive le plus bas. CANCER DU CÔLON LE DÉPISTAGE PEUT ÊTRE UTILE À PARTIR DE 50 ANS 52 % des répondants de 50 ans ou plus n ont jamais fait de dépistage du cancer colorectal. Habituellement, nous ne sommes pas de fervents défenseurs des dépistages, car on a tendance à grossir les avantages et à taire ou minimiser les risques et inconvénients. Néanmoins, dans ce cas-ci, il peut éviter un certain nombre de décès par cancer. En effet, si le cancer colorectal, appelé plus communément "cancer du côlon", est diagnostiqué à son début, le pronostic est excellent. Or, celuici ne donne généralement de symptômes qu à un stade avancé. Le test consiste à déceler la présence dans les selles de sang invisible à l œil nu, et ce par une analyse des selles, par exemple. Ce sang peut être l indice d un cancer ou d un polype précancéreux. Dans ce cas, une colonoscopie peut vérifier ce qu il en est. Une colonoscopie est un examen désagréable et non dénué de risques, mais on peut espérer une réduction du nombre de cancers par l ablation préventive des polypes. Ce dépistage s adresse à toutes les personnes de 50 à 74 ans. Au quotidien, l impact des troubles digestifs est plus important chez les femmes Un impact au quotidien Gênes, restrictions et adaptations quotidiennes, coût des soins de santé, perte de temps de travail et abandon d autres activités productives; les maladies digestives font souvent partie du quotidien de ceux qui en souffrent. Pour 13 % des répondants, ces problèmes ont un impact élevé sur leur intégrité personnelle, et 17 % rapportent un effet très négatif sur leur bien-être général. Dans l ensemble, ce sont les femmes et les personnes ayant une situation financière (très) difficile qui se plaignent le plus de l impact négatif de leur(s) trouble(s) sur leur vie de tous les jours. Les répondants plus âgés (55-74 ans), au contraire, semblent être les moins touchés. Certains troubles sont évidemment plus difficiles que d autres à gérer au quotidien. L intolérance au gluten, le syndrome du côlon irritable, les maladies inflammatoires de l intestin (maladie de Crohn...) et la cirrhose sont bien plus pesants que les calculs biliaires et les hémorroïdes. Plus de 40 % des patients atteints du syndrome du côlon irritable expliquent devoir éviter certaines activités (travail, voyages, vie sociale...). Cirrhose, syndrome du côlon irritable et maladies inflammatoires de l intestin affectent très fortement la santé mentale. Les maladies inflammatoires de l intestin et la cirrhose amènent d ailleurs la plus basse qualité de vie. La médication : une des solutions De nombreux types de traitements existent pour pallier les 23

5 PROBLÈMES DIGESTIFS SATISFACTION PAR RAPPORT AUX TRAITEMENTS DES PATIENTS CONTENTS Dans l ensemble, les répondants apprécient le traitement principal choisi. Tous types de traitements confondus, la facilité d utilisation est souvent très appréciée. Bon point aussi concernant l absence d effets secondaires, l efficacité et les informations reçues. Les aspects les moins agréables sont la durée du traitement, le prix des médicaments, celui de la consultation et la durabilité des résultats. La chirurgie est considérée comme le traitement le plus efficace et le plus durable. Mais, elle ne se justifie que dans des situations graves, telles que les tumeurs. Les médicaments et les plantes médicinales sont considérés comme des solutions moins efficaces. L exercice n a pas non plus droit à une approche très populaire. En ce qui concerne l absence d effets secondaires, l homéopathie est le traitement le plus apprécié. Au niveau des médicaments, les antidiarrhéiques apportent la plus grande satisfaction à tous les niveaux. Les antibiotiques sont également appréciés pour la durabilité de leurs résultats, tandis que les antiacides et les anti-hémorroïdaires le sont grâce au peu d effets secondaires qu ils provoquent. Pourcentage de personnes très satisfaites des traitements suivants Chirurgie Homéopathie Médication Régime particulier Adaptation du mode de vie Sport/exercice physique Remèdes à base de plantes (phytothérapie) 75% 73% 72% 64% 65% 49% 51% 46% 48% 52% 45% 38% 49% efficacité durabilité des résultats satisfaction globale maux digestifs. Cela va de la phytothérapie à la chirurgie. Au cours des 12 derniers mois, la moitié des Belges souffrant de divers troubles ont adopté un de ces moyens de guérison, le plus souvent sur prescription du médecin. Près d un tiers d entre eux suivent un traitement médical et/ou un régime alimentaire spécifique, tandis que 17 % ont changé leurs habitudes de vie (plus de sommeil, moins de stress...) et/ou font de l exercice physique. On voit que les ans sont plus enclins à suivre un traitement que les ans. La médication et un régime spécifique sont les deux méthodes qui sont les plus suivies. Côté médicaments, en cas de maladie chronique, un inhibiteur de la pompe à protons est prescrit dans 57 % des cas. D ailleurs, pour traiter le reflux, l acidité et les maux d estomac, l oméprazole est la substance prise la plus fréquemment. Viennent ensuite le pantoprazole et l ésoméprazole, utilisés pour contrôler les mêmes symptômes. Les patients n ont pas montré de La médication est le traitement le plus utilisé contre les problèmes digestifs différences significatives dans la satisfaction en fonction de l ingrédient actif prescrit. Le médecin a donc la possibilité de choisir le moins cher. Et en parlant de prix, un Belge souffrant de troubles digestifs doit en moyenne débourser 36 / mois pour son traitement. Chez nous, suivre un régime adapté est la solution la plus coûteuse : environ 92 /mois, contre 24 pour les médicaments et 22 pour l exercice physique. Sandrine Bouhy et Peter Kupers 24

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