SOMMAIRE L ANNÉE 2010 EN BREF STRUCTURE ET MISSIONS LES COLLECTIONS DE NOS HERBIERS

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1 CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES DE LA VILLE DE GENÈVE RAPPORT ANNUEL 2010

2 SOMMAIRE L ANNÉE 2010 EN BREF STRUCTURE ET MISSIONS LES COLLECTIONS DE NOS HERBIERS LES COLLECTIONS DE NOTRE BIBLIOTHÈQUE LE JARDIN : UNE COLLECTION VIVANTE DES MISSIONS D EXPLORATION ET DE RÉCOLTES LES PROJETS DE RECHERCHE LA PROTECTION ET LA GESTION DE LA NATURE LES SYSTÈMES D INFORMATIONS SUR LA BIODIVERSITÉ ÉDITIONS, ENSEIGNEMENT, ÉDUCATION & FORMATION ÉDUCATION ENVIRONNEMENTALE ET COMMUNICATION LES CENTRES HÉBERGÉS AUX CJB CENTRE DU RÉSEAU SUISSE DE FLORISTIQUE (CRSF) PROSPECIERARA COOPÉRATION SUD ADMINISTRATION DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES ACTIVITÉS Page de couverture : association de lichens crustacés saxicoles des montagnes corses.

3 2 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 3 L ANNÉE 2010 EN BREF «L humanité fait partie et dépend de la biodiversité, 2010 doit conduire à se réapproprier cette évidence.» Hubert Reeves D r Pierre-André Loizeau, directeur des CJB ABSTRACT The year 2010 marked the beginning of the work on the construction of a new public reception space, including a permanent buvette, a boutique, a small exhibition room and sanitary facilities, and on the expansion of the herbarium. The project on the renovation of the buildings La Console and Bot. III, which contains the library, was initiated with the Service d architecture et des bâtiments. In this year of Biodiversity, the CJB pursued its energy revolution. The former oil-fired boiler was replaced by a boiler using wood chips, completing the installation, last year, of 200 m 2 of solar panels on the roof of the Maison des jardiniers. The protection of threatened species in collaboration with the canton of Geneva took a large step forward with the creation of an essentially cantonal seed-bank. The development of a dataprocessing site on trees in Geneva, the launch of the online site for the Flora of Swiss Lichens and the publication of 2 works on the vegetation of the canton allowed the diffusion of information to a wide public. 2010, ANNÉE INTERNATIONALE DE LA BIODIVERSITÉ Avec l année 2010 débutent les travaux de construction de Bot. V, c està-dire la création d un espace d accueil du public comprenant une buvette permanente, une boutique, une salle d exposition et des sanitaires, et l agrandissement de l herbier. A cette occasion, des réflexions importantes ont été menées sur la future organisation de l herbier, qui ont conduit à la décision d adopter globalement la nouvelle classification internationale (appelée APGIII) tout en conservant l ordre alphabétique des familles. Au cours de cette année, l herbier a acquis 2 collections qui vont être intégrées progressivement, celle d Ozenda (lichens) et celle de Braun (flore régionale). Dans la perspective des travaux de rénovation à venir, le service a participé aux côtés des services d architecture et des bâtiments aux travaux des bureaux d architectes chargés de la rénovation de la Console et du bâtiment de Bot. III, qui abrite la bibliothèque. La rénovation de Bot. III, construit dans les années septante, devrait permettre d économiser les deux tiers de l énergie nécessaire actuellement à son chauffage. La rénovation de La Console verra l installation d un chauffage spécifique au bois, rendant le site des CJB 80% durable en termes énergétiques. La révolution énergétique des CJB s est poursuivie cette année avec le remplacement de l ancienne chaudière à mazout par une chaudière à copeaux de bois qui chauffe l ensemble du site, y compris les serres, grâce à une conduite à distance. En cette année internationale de la biodiversité, les CJB ont proposé une exposition In Situ Ex Situ de photographies naturalistes, en collaboration avec Pro Natura Genève. En marge de cette exposition, 3 excursions autour de ce thème et de la mobilité douce ont été organisées. Les collaborateurs ont par ailleurs participé à la Journée mondiale de l environnement du 5 juin en guidant, entre autres, des visites dans le parc de l ONU. Les CJB ont également été présents à la manifestation de la Nuit de la Science les 10 et 11 juillet 2010, sur la thématique «Extrêmes & Limites». Le personnel de la Bibliothèque a organisé la 15 e réunion du «Linnaeus Link Project», un projet réunissant 14 institutions ayant créé un catalogue collectif des ouvrages et des archives du naturaliste suédois Carl von Linné. Au cours de cette année axée sur la biodiversité, un effort tout particulier a été consacré à la flore du canton de Genève. La protection des espèces a pris un élan important avec la création d une banque de semences, essentiellement cantonale. Respectant les directives de la Convention sur la diversité biologique, les CJB ont commencé la récolte de graines d espèces menacées du canton. Ainsi 44 sorties sur le terrain ont permis de récolter 65 espèces. Actuellement, la banque de semence contient 104 espèces menacées, soit 32% des espèces figurant dans la Liste rouge du canton de Genève. En ce qui concerne la diffusion de l information par voie électronique, un catalogue des lichens de Suisse ( musinfo/ bd/cjb/cataloguelichen/recherche) a été mis en ligne. Celui-ci donne un aperçu des 1770 taxons de lichens qui poussent en Suisse. Par ailleurs, un don des fondations «Wilsdorf» et «Auxiliaire du Conservatoire botanique» a permis de développer un site d information sur les arbres hors forêts poussant à Genève ( themes/ environnement-urbain-espaces-verts/arbres/). Une carte inter active permet d accéder individuellement aux informations de près de arbres actuellement réperto riés sur le canton. L enseignement universitaire a été marqué cette année par la création d une option «systématique et biodiversité» dans le cadre du master en biologie, fruit d une étroite collaboration entre le Muséum d histoire naturelle, les CJB et les Départements de zoologie et de biologie végétale de l Université de Genève. Enfin, les travaux du secteur Recherche ont conduit à la publication de 50 articles scientifiques et à la description de 10 nouvelles espèces, et fait beaucoup plus rare, à la description de 2 genres (Chautemsia, Gereaua) et d une famille (Xanthoceraceae), tous nouveaux pour la science et poussant à Madagascar et au Brésil. Sur le plan régional, un effort intense a permis de terminer 2 ouvrages importants pour la connaissance de la végétation du canton et de sa protection: l «Atlas de la flore du canton de Genève» et la «Liste des espèces et sites prioritaires du canton de Genève», dont la publication est prévue au début Gagea lutea espèce de la Liste Rouge du Canton de Genève en danger critique d extinction

4 4 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 STRUCTURE ET MISSIONS L esprit naturaliste qui régnait à Genève au XVIIIe siècle permit à Augustin-Pyramus de Candolle de fonder le premier grand Jardin botanique genevois, grâce à un large soutien de la population. Fort de près de 200 ans d histoire et de fidélité à l esprit des fondateurs, notre musée accomplit ses missions, sans cesser d enrichir ses collections qui lui confèrent une des premières places au monde parmi les instituts de botanique. L ORGANISATION STRUCTURELLE DES CJB EST FONDÉE SUR 7 SECTEURS PILOTÉS PAR LA DIRECTION, qui est elle-même entourée d un conseil de direction ainsi que d un conseil scientifique. La répartition des secteurs se présente sous la forme suivante : > un secteur Administration, LES 5 MISSIONS DES CJB EXPLORER CONSERVER RECHERCHER TRANSMETTRE PROTÉGER dirigé par Mme Danièle Fischer Huelin > un secteur Bibliothèque et Editions, dirigé par M. Patrick Perret > un secteur Education Environnementale et Communication, dirigé par M. Didier Roguet > un secteur Enseignement et Recherche, dirigé par le Dr Daniel Jeanmonod > un secteur Herbier, dirigé par le Dr Philippe Clerc et le Dr Laurent Gautier > un secteur Conservation et Systèmes d Informations, dirigé par M. Raoul Palese > un secteur Jardin, dirigé par M. Alexandre Breda Les 7 secteurs des CJB collaborent, avec leurs connaissances respectives dans leur domaine, aux 5 missions de notre musée. Celles-ci sont en constante interrelation. Pour protéger, il faut d abord avoir exploré, puis conservé les données acquises, mais aussi les avoir comprises par la recherche. Transmettre notre savoir devient alors une évidence. 5

5 6 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 7 LES COLLECTIONS DE NOS HERBIERS Les quelque 6 millions d échantillons de phanérogames et cryptogames conservés dans l herbier des CJB placent ces derniers parmi les institutions botaniques les plus importantes au monde. Ils représentent un héritage scientifique et culturel de premier plan. L herbier constitue la base des recherches menées au sein de l institut, mais aussi ailleurs dans le monde. En effet, la communauté scientifique internationale y accède au travers de prêts, par des visites dans nos collections et par la consultation sur la toile des échantillons digitalisés. Par leur expertise, ces chercheurs contribuent à la mise en valeur de nos collections. ABSTRACT With ca. 6 million of specimens the herbarium of the Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève ranks amongst the most important botanical collections worldwide and represents an invaluable heritage. These specimens are used on a daily basis by our scientists, but also by the international scientific community. They access these specimens through loans, during visits, or through the digitized specimens of our website. Scientific research contributes significantly to add value to the collections. Prominent activities in 2010 include the launch of the building of Bot. V (extension of the phanerogamic herbarium); the finalization of the renovation project of the «La Console» building which houses the cryptogamic collections; the acquisition of the lichen herbarium P. Ozenda and the local flora herbarium P. Braun; the launch of the catalogue of the bryophyte general herbarium; the new extended format for mounting of families Palmae and Pandanaceae; and the digitization of around 32,000 specimens. FAITS MARQUANTS > La demande d autorisation de construire pour la rénovation de la Console a été déposée par le bureau d architectes Meier & associés. Le démarrage de la rénovation reste encore incertain tant que les problèmes liés à la sécurité contre le feu (demande de compléments déposée par le Département des constructions et des technologies de l information, service de la police du feu) et ceux liés au patrimoine architectural (préavis du Département des constructions et des technologies de l information, service des monuments et des sites) ne seront pas résolus. Idéalement, le déménagement des collections lié à la fin des travaux de Bot. V devrait avoir lieu à la fin du printemps 2012 afin que les travaux de rénovation du bâtiment puissent commencer. > La construction de l extension de l herbier dans le cadre du projet Bot. V, décrite dans le rapport précédent a démarré. > L herbier général des lichens de Paul Ozenda, Professeur émérite à l Université de Grenoble où il a dirigé le Laboratoire de biologie végétale a été acquis. Grand spécialiste de cartographie et de la végétation alpine, le Prof. Ozenda a écrit, en collaboration avec Georges Clauzade, l ouvrage monumental sur les lichens publié chez Masson en 1970, qui a servi de livre de chevet à toute une génération de lichénologues européens. Après avoir légué en 2002 ses collections de lichens du Népal (environ 1000 spécimens), le Prof. Ozenda a donné aux CJB le reste de sa collection, soit environ 4500 échantillons. Un tiers de cette donation est constitué d échantillons provenant de la fameuse série A. Vezda Lichenes Selecti Exsiccati avec 68 échantillons types. Ces spécimens (1370 lichens) ont déjà tous été montés et intégrés dans la collection générale et la collection des types. > Signalons la réception en don de l herbier privé de M. Paul Braun, membre récemment décédé de la Société botanique de Genève. Cet herbier comporte environ 3000 spécimens dont la plupart d origine suisse (Genève, Grisons, Tessin, Valais) et le reste d origine européenne (France, Grèce, Islande, Italie). Les opérations de montage et d intercalation de ces échantillons commenceront en 2011 après un important travail préliminaire de préparation de données stockées sur du matériel informatique désuet. Ces acquisitions seront comptabilisées au fur et à mesure de leur intercalation. > Un nouveau format de montage pour les Palmae et les Pandanaceae a été mis en place: ces 2 familles se caractérisent par des échantillons systématiquement plus grands que dans les autres familles. Le format général de l herbier ( mm), hérité des collections Delessert, est déjà petit en comparaison des formats en vigueur dans les autres herbiers, ce qui rend le montage des plantes de ces 2 familles particulièrement problématique. Il a donc été décidé d appliquer dans ces familles un format spécial de mm. > Le projet de «Catalogue de l herbier général bryologique» a débuté. Le projet a commencé avec les hépatiques par la saisie de quelque 980 noms d espèces (jusqu au genre Chandonanthus), puis par l élaboration d une liste des noms dans l état actuel du classement de l herbier des bryophytes, incluant le comptage d échantillons pour chaque espèce. > Les différentes opérations de digitalisation des collections qui se font à la faveur de financements extérieurs (principalement la Andrew W. Mellon Foundation) mais aussi au travers des tâches quotidiennes du secteur et des projets, ont donné lieu à la saisie d environ échantillons (dont plus de 8400 types) et au scannage de échantillons. NOTRE HERBIER S ENRICHIT Le total des acquisitions (19683 spécimens) est en nette hausse par rapport aux années précédentes. Cette hausse s explique en particulier par l acquisition de l herbier Ozenda (cf. supra), par de très nombreux échanges reçus de la part du Muséum d histoire naturelle de Paris et du Missouri Botanical Garden et par un important effort de récolte à Madagascar. Quelques chiffres Phanérogames Cryptogames (Plantes à fleurs (Algues, champignons, mousses, & conifères) lichens & fougères) 2010 [2009] 2010 [2009] Acquisitions [8429] 6660 [3020] Achats 2445 [3789] 0 [0] Echanges 4590 [2568] 364 [275] Dons 1309 [851] 6096 [2045] Récoltes institut 4679 [1221] 200 [700] Envois 2486 [4050] 51 [45] Echanges 1645 [3045] 0 [45] Dons 841 [1005] 51 [0] Prêts Consentis 50 (2807 f.) [56 (4666 f.)] 53 (515 spéc.) [66 (822 spéc.)] Retournés 75 (2804 f.) [68 (5202 f.)] 80 (2503 spéc.) [67 (1472 spéc.)] Actifs 353 (31009 f.) [393 (33998 f.)] 281 (9358 spéc.) [301 (11451 spéc.)] Montage [11248] 6200 [2757] Digitalisation Saisie en BD [23382] 3635 [3298] Scannage [11488] 3807 [3044]

6 8 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 9 L herbier général des lichens de Paul Ozenda Les quelque 480 types de Rubiaceae néotropicales mis en évidence lors de l expertise du D r Charlotte Taylor (MO) NOS COLLECTIONS SONT ÉTUDIÉES En 2010, l herbier de phanérogamie a fait l objet de 101 visites de 72 scientifiques différents, totalisant 315 jours de travail, des chiffres en hausse par rapport à Ce sont, entre autres: > Charlotte Taylor, Missouri Botanical Garden (MO), Saint Louis, USA: Rubiaceae de la région néotropicale et de Chine; révision des genres Psychotria et Gaertnera (Rubiaceae) pour Madagascar (16 jours), mise en évidence de 480 types. > Asli Dogru Koca, Department of Botany, Faculty of Science, Hacettepe University (HUB), Ankara, Turquie: Paracaryum (Boraginaceae) de Turquie (31 jours). > Laura Lima, Departamento de Ciências Biológicas, Universidade Estadual de Feira de Santana (HUEFS), Feira de Santana, Brésil: phylogénie du genre Desmodium (Leguminosae) dans la région néotropicale et révision des espèces brésiliennes (12 jours). > Irina Buzunova, Komarov Botanical Institute (LE), Saint Petersburg, Russie: révision taxonomique du genre Rosa (Rosaceae) pour le Caucase et l Asie centrale (10 jours). > Haroldo C. de Lima, Jardim Botânico do Rio de Janeiro (RB), Rio de Janeiro, Brésil: Légumineuses de la Mata Atlântica (Brésil) (10 jours). En 2010, l herbier de cryptogamie à fait l objet de plusieurs visites: > Andreas Beck, Botanische Staatssammlung München, Allemagne: digitalisation de matériel type (lichens) (1 jour). > Len Ellis, The Natural History Museum, London, England: études de la famille des Calymperaceae (bryophytes) (12 jours). > Geir Hestmark, University of Oslo, Norway: études du genre Umbilicaria (lichens) (1 jour). > Pedro Bond Schwartzburg, Instituto de Botânica, Universidade de São Paulo, Brazil: révision taxonomique du genre Hypolepis Dennstaedtiaceae (ptéridophytes) (4 jours). > Reinaldo Vargas, Universidad de Conception, Chili: études du genre Caloplaca (lichens) (5 jours). > Martin Westberg, Swedish Natural History Museum, Stockholm, Sweden: études des genres Candelariella et Acarospora (lichens) (15 jours). > Jean-Claude Mermillod (Nyon) & Mathias Vust (Lausanne): études floristiques de lichens suisses (2 jours). Nos correspondants scientifiques nous adressent chaque jour des demandes de renseignements, d images digitales et de prêts afin de faire progresser leurs recherches sur la base de nos collections. Le traitement de ces demandes occupe une place importante parmi les activités courantes de l équipe des herbiers. Nous avons reçu dans l année 278 demandes dont 27 ont abouti à l envoi de renseignements, 153 à l envoi d images digitales et 97 à l envoi d échantillons en prêt. NOS COLLECTIONS SE DIGITALISENT > Initié en 2006, le projet de digitalisation des échantillons de l herbier G-DC, lié à l ouvrage «Prodromus Systematis naturalis regni vegetabilis» des de Candolle, s est poursuivi grâce au financement de la Andrew W. Mellon Foundation. Au cours de cette année, 9026 parts de cet herbier ont été saisies et digitalisées dans notre base de données SIBG. A ce jour, ce projet a permis de traiter les échantillons liés à 7 volumes du Prodromus sur les 17 que compte l œuvre, représentant au total parts, dont 4918 (13,8%) types identifiés. > Grâce aux fonds obtenus du GBIF.CH en 2009, la saisie de la quasitotalité des échantillons de l herbier Gamisans, représentant 9417 enregistrements, a pu être réalisée. > Les 1491 types de la collection des hépatiques ont été digitalisés, dans le cadre du projet financé par la Andrew W. Mellon Foundation. A ce nombre s ajoutent la saisie et la digitalisation de 496 types d hépatiques décrites par Franz Stephani (G). > La digitalisation des types de phanérogames de l herbier général s est poursuivie par la suite des dicotylédones (monde entier) et le rattrapage de types d Afrique en retour de prêt ou nouvellement identifiés, dont 5412 parts ont été saisies et scannées. > Notons également la suite de la digitalisation des types de lichens de la collection générale dans le cadre du projet financé par la Andrew W. Mellon Foundation, ce qui représente 1820 échantillons. > La poursuite de la saisie des collections des dicotylédones liées au projet Flora del Paraguay a permis de comptabiliser 5406 nouvelles entrées de spécimens et de compléter 1422 entrées existantes. Les données du catalogue sont rendues accessibles au fur et à mesure de leur traitement par le biais de l application Internet Flora del Paraguay correspondante. > La saisie informatique de routine des types et leur digitalisation se poursuit au rythme du travail des conservateurs et en fonction des demandes extérieures. Au total, la digitalisation se solde cette année par environ échantillons saisis en base de données dont plus de 8400 types et près de échantillons scannés. NOS COLLECTIONS S OUVRENT AU PUBLIC > De nombreuses visites guidées ont été organisées dans les herbiers de cryptogamie et de phanérogamie pour des publics divers: stagiaires, collégiens, étudiants, sociétés d amateurs et pour le grand public dans le cadre des Variations botaniques, du Festival La Salamandre et de la Journée Nature en Ville de Genève. > Un Atelier vert conduit par le Secteur éducation environnementale et communication a permis aux enfants de constituer leur herbier. FINANCEMENTS EXTÉRIEURS Nous avons reçu de la Andrew W. Mellon Foundation, la somme de $ (quatrième tranche du projet LAPI pour la digitalisation des types de l herbier phanérogames et cryptogames et pour la suite de la digitalisation de l herbier de Candolle). POUR EN SAVOIR PLUS On trouvera en fin de rapport sous «Activités 2010» en pp , dans la liste exhaustive des projets en cours, ceux liés à l étude de nos collections tant cryptogamiques que phanérogamiques. LES VISITES PUBLIQUES DES HERBIERS Les herbiers des Conservatoire et Jardin botaniques sont d ordinaire un lieu fermé au grand public. Seuls le personnel et les chercheurs ont accès aux locaux à l intérieur desquels sont enfermées les collections. Cependant, ces trésors botaniques sont parfois accessibles à tout un chacun, notamment lors de célébrations ou de manifestations organisées à l intention du public, comme, par exemple, les journées «Portes ouvertes» lors du centenaire de la Console en 2004 ou les visites dans le cadre du programme des «Variations botaniques». En outre, les conservateurs des collections peuvent organiser des visites pour les groupes qui en font la demande. Ainsi, en 2010, ce sont, entre autres, la Société des sciences naturelles de Neuchâtel, l école de fleuristes de Lullier, la Déclaration de Berne, les Amis du jardin botanique et le groupe Nature et Découvertes qui ont parcouru les couloirs des abris antiatomiques hébergeant les 4 à 5 millions de spécimens de plantes vasculaires.

7 10 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 LES COLLECTIONS DE NOTRE BIBLIO THÈQUE La bibliothèque a pour mission d assurer l exhaustivité documentaire dans ses thématiques principales que sont la botanique systématique et la floristique mondiale. Elle doit, d autre part, valoriser et mettre ses collections à la disposition du public, en particulier des chercheurs, tout en se souciant de léguer aux générations futures ses fonds dans le meilleur état de conservation possible. La bibliothèque est aussi engagée dans le signalement des ressources électroniques en botanique, de plus en plus complémentaires aux collections imprimées. > Le projet de reconstruction des locaux de la bibliothèque, en lien avec ABSTRACT The CJB welcomed, on the 30th September and 1st October, the 15th meeting of the partners of the project Linnaeus Link. We exchanged views, most notably, on the pursuit of the development of the collective catalogue of the works of the Swedish naturalist Carl von Linné ( ). We began two large-scale actions, anticipating the moving of the collections : on one hand the weeding-out of our reserves and, on the other hand, the reconditioning of our archives into boxes or non-acid cardboard sleeves. We began the computerized cataloguing with our horticultural catalogues of the 19th Century. Our collection includes several hundred of these catalogues, received mainly from the de Candolle family. le projet d agrandissement des herbiers et la restauration de l ancien conservatoire de «La Console», nécessite de préparer la collection à cette échéance. Deux actions d envergure ont été initiées en 2010, le désherbage de nos réserves et le reconditionnement des archives. Les bibliothèques connaissent toutes ces lieux de stockage où s accumulent, sans être exhaustif, les publications reçues à double, les dons acceptés hors de la thématique maison, les cas ardus que les bibliothécaires laissent de côté en attente de qui saura translittérer un titre «exotique», le vieux matériel obsolète conservé à toutes fins utiles, etc. Le tri et le traitement adéquat de ces documents devient impératif avant un déménagement. Quant au reconditionnement de nos archives, il s agit de se préparer au changement de lieu et de méthode de stockage, tout en améliorant la conservation de notre collection par l utilisation de boîtes ou de chemises en carton non acide. > A côté des flores et des monographies qui constituent l ossature d une bibliothèque spécialisée en botanique systématique et en floristique, il existe toute une littérature méconnue, mais dont la conservation est essentielle pour l histoire et la compréhension de la diffusion des connaissances botaniques. C est le cas des catalogues horticoles. Notre collection comprend plusieurs centaines de ces catalogues, reçus principalement de la famille de Candolle. Le traitement informatisé ainsi que le reconditionnement de nos catalogues horticoles du 19e siècle représentant un apport majeur à la communauté scientifique, attestant une fois de plus de la richesse de nos collections. FAITS MARQUANTS > Les CJB ont accueilli, les 30 septembre et 1er octobre, la 15e réunion des partenaires du projet Linnaeus Link. Sur les 14 institutions partenaires, 10 étaient représentées à cette réunion. Les participants ont échangé leurs expériences en vue de poursuivre le développement du catalogue collectif des œuvres du naturaliste suédois Carl von Linné ( ). Un tel projet présente des difficultés de tous ordres, mais sa finalisation représentera une avancée significative et un modèle pour l histoire des sciences naturelles. Devant inclure à terme la correspondance de Linné, soit environ 5500 lettres, et l ensemble connu de ses manuscrits, le catalogue assurera la diffusion optimale de l œuvre de Linné. Quelques chiffres Acquisitions Abonnements Echanges Dons Prêts Catalogage Reliure Périodiques Ouvrages 3864 fascicules 332 titres 945 titres 159 titres 1312 documents 568 titres (y c. fasc. et art.) 5833 fasc. en 1021 volumes 1183 titres 50 titres 241 titres 2175 documents 75 titres en 88 volumes 11

8 12 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 13 LE JARDIN: UNE COLLECTION VIVANTE Vitrines de la biodiversité régionale et internationale comptant spécimens de la flore sauvage ou cultivée (plantes alimentaires, médicinales ), les collections vivantes constituent un milieu d études privilégié et contribuent ainsi à la recherche, à l enseignement, à l information ainsi qu à la sensibilisation du public. Multiplication d espèces rares, réintroduction en nature, collecte et échange de graines, culture de porte-graines, banque de semences et collections sont autant de moyens de développer nos différents programmes de conservation. Le pavillon d accueil à l entrée de la place Albert Thomas ABSTRACT The Botanical Garden is a showcase of regional and international biodiversity with its 16,000 specimens of wild and cultivated plants. The living collections constitute an important environment for research, education and out-reach to the public. The reproduction of rare species, their reintroduction into nature and the maintenance of outstanding habitats are tools we use to develop our various conservation programmes. Our Seed Bank, a reservoir of diversity gathered throught the collection and exchange of seeds, continues to grow. This year the seeds of species on the Red List collected in our canton have enriched the collection. Within the framework of our commitment to durable development, further to the installation of the solar panels on the roof of the Maison des jardiniers, we have replaced the old oil-fired heating systems by wood-fired ones. The Work began on the extension of the herbarium and on the creation of a new reception building for the public. FAITS MARQUANTS > En phase avec les réflexions du moment qui privilégient les énergies renouvelables, le Service de l énergie a répondu favorablement à notre demande d installation de panneaux photovoltaïques. C est ainsi qu une centrale de 200 m 2 équipe maintenant le toit de la Maison des jardiniers. Les 2 anciennes chaudières à mazout et le groupe chaleur force, hors service depuis plusieurs années, ont été remplacés par 2 chaudières à bois de 300 kw chacune et une chaudière à gaz de 1000 kw. Nos propres équipes ont participé à l aménagement du silo de stockage du bois déchiqueté. > A l entrée de la place Albert Thomas, un pavillon a été construit pour informer le public. > L inventaire des collections a enfin pu être mené à bien. Un grand travail de saisie, d attribution de numéros et d expertise de nomenclature est encore en cours afin d en permettre la publication. > Pour sa deuxième année de participation au concours de la Confrérie du grand apier suisse, le jardin botanique a présenté cette fois 2 produits: un miel de printemps et un miel d été. L or était à nouveau au rendez-vous, puisque nos miels ont remporté les 2 premiers prix! NOTRE JARDIN AU SERVICE DE LA CONSERVATION ET DE LA RECHERCHE > La reprise de l ancienne formule de l Index seminum, proposant un choix de graines récoltées dans la nature et dans le jardin, a permis une très forte progression des commandes de nos correspondants étrangers; 1375 portions de semences ont ainsi été envoyées. Signalons également que l acquisition de nouveau matériel a permis une amélioration générale du travail à la graineterie. > Notre banque de semences s est enrichie d espèces de la Liste rouge genevoise. Nos équipes ont participé par ailleurs à la surveillance des populations d Himantoglossum et à l entretien de Littorella. > La mise en culture des graines ayant servi aux tests de germination sur le gros stock récolté en 2009 a permis la réintroduction à Versoix de 3000 plantons de molinie (Molinia arundinacea) au lieu-dit «Combe- Chappuis» et de 1000 plantons au Bois-Collioud. > Des cultures de conservation, d espèces annuelles (Spergularia rubra, Trifolium scabrum, Geranium bohemicum, ), et de vivaces (Vicia orobus, Rosa agrestis, Allium angulosum, ) sont en cours dans nos couches. > Nos cultivars de pêchers rares, adaptés à la production sous verre, greffés sur prunier en 2008 et formés en U, ont été replantés dans les 3 serres qui leur sont traditionnellement consacrées à Pregny. > Enfin, nous avons produit des stolons de fraisiers pour Pro Specie Rara et récolté 17 kg de semences potagères grâce à nos cultures. NOTRE JARDIN PREND SOIN DE SES AMÉNAGEMENTS > Le Service de l énergie a fait réaliser un local souterrain qui accueillera les pompes de surpression pour l eau d arrosage provenant de la conduite GLN (Genève-Lac-Nation: projet de pompage de l eau du lac pour la régulation thermique des bâtiments internationaux). > Le Service des bâtiments a fait installer des portes coupe-feu pour les accès à tous les herbiers de Bot. III et pour les locaux techniques, améliorant ainsi la sécurité des personnes et des biens culturels. > Certaines serres en bois du domaine de Pregny subissant les ravages du temps ont dû être désaffectées, leur utilisation devenant dangereuse pour le personnel et non conforme sur le plan énergétique. En attendant leur rénovation, les collections qu elles abritaient ont été déplacées dans d anciennes surfaces de production. Enfin, des «serres-tunnels» à double paroi gonflable permettent le maintien de notre production. Un système de récupération d eau, d une capacité de 75 m 3 à partir de cette nouvelle structure, permet désormais l arrosage de nos cultures horticoles. Dans la serre d exposition le réglage du climat a été optimisé par le changement des moteurs d ouvrants. > Les performances accrues dues au nouveau mode de gestion du climat des serres et aux nouvelles bâches de multiplication sont maintenant bien visibles. Les chaudières à gaz de la serre tempérée ont dû être remplacées rapidement suite à une double panne irréversible. Pour suppléer à de futures pannes, un nouvel outil a été aménagé sous forme d une remorque de dépannage, avec des générateurs à air chaud. > Après réfection du drainage et apport d un substrat approprié, la plate-bande de plantes succulentes a été refaite à l aide de 5 tonnes de strates de roche calcaire de Crémieu, disposées obliquement afin de capter la chaleur et de limiter l enherbement. > Une passerelle construite cette année par notre menuisier serpente à travers le massif des Rhododendron et permet au public de pénétrer au cœur des plantations. Le réseau d arrosage automatique de la zone a été agrandi. > La récupération d une pompe de la volière démolie en raison des travaux, permet une meilleure oxygénation de l étang, par le biais d un jeu d eau et lutte également contre le gel hivernal de la surface. > Les 90 m 3 de copeaux de la place de jeux ont été remplacés pour le bien-être des bambins qui la fréquentent. > Des bulbes ont été plantés cet automne dans la grande parcelle de pelouse de la Villa du Chêne, dans les emplacements laissés vides par l œuvre éphémère «Du Cèdre au Chêne».

9 14 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 15 Bassin des Victoria Aménagement des rocailles > Dans les rocailles, la construction de barrières en robinier, solides et rustiques, canalise la fougue de nos visiteurs et protègent ainsi les massifs trop exposés. > Nous constatons malheureusement que toujours plus de malveillances et d incivilités se produisent tant envers nos collections végétales qu animales. NOTRE JARDIN ET SES COLLECTIONS > Les anciens aquariums de la Serre d exposition ont été reconvertis en espaces d exposition dédiés à la présentation d une collection de graines par continents. > Nos plus grands sujets d orangerie ont été rempotés dans des bacs spécialement conçus. Les jardiniers ont installé une énorme souche dans le bassin des Victoria, tandis que la plate-bande voisine des fougères a été entièrement rénovée, tant au niveau du substrat que de l aménagement paysager. > Le massif paysager des espèces potagères PSR s est enrichi de plessis confectionnés par nos jardiniers, ce qui a permis l amélioration de la présentation de diverses cucurbitacées. > L ébauche d une future collection de dahlias a été implantée près du parc animalier, renouant avec une présentation traditionnelle fort appréciée du public, mais abandonnée il y a une dizaine d années pour des raisons sanitaires. > La multiplication de plantes de rocailles est en légère augmentation et un nouveau massif «Steppes valaisannes 1» a vu le jour. Son aménagement a nécessité un façonnement complet, l apport de rochers, la préparation d un substrat spécial avec tamisage d éclats de roches et a permis d augmenter la collection avec de nouvelles espèces. Il accueille désormais les pieds-mères de Ranunculus gramineus qui servaient de porte-graines pour la banque de semences. > Dans les Terrasses des officinales, les plantes PSR ont été supprimées au profit de légumes mal connus. Suite à cette réorganisation, les plantes PSR enlevées sont désormais présentées dans le massif des espèces potagères PSR. > Les cultivars de la plate-bande d Iris germanica ont partiellement été redéterminés, ce qui nécessite de longues recherches dans le cas de vieux cultivars non répertoriés dans les catalogues actuels. > Pour le maintien d un état sanitaire correct, des bouillies à base de prêles ou d orties, fabrication maison, sont utilisées sur la vigne. > L agrandissement de la collection de palmipèdes s est poursuivi par l acquisition de sarcelles élégantes, canard de Barbarie et différentes espèces d oies. En vue d une nouvelle politique pour nos parcs animaliers, nos gardiens d animaux ont participé à des visites prospectives dans des parcs animaliers suisses et français. > Nous déplorons la disparition d un saule près du grand étang des rocailles, dont le tronc a été cassé net lors d une forte bise d octobre. D autre part, nous avons dû procéder à l abatage d arbres devenus trop imposants sur la Terre de Pregny: Fraxinus ornus, Tilia mongolica et Robinia pseudoacacia, de quatre mélèzes (Larix decidua) dans la zone de pique-niques et d autres exemplaires sur l emplacement du chantier Bot. V. Heureusement dans le même temps nous avons planté des fruitiers et de nombreux arbres, dont plusieurs espèces de Betula (bouleau) et des arbustes (nouvelles espèces de Rhododendron et autres acidophiles). > L agrandissement de la collection de palmipèdes s'est poursuivi par l acquisition de sarcelles élégantes, de canards de Barbarie et de différentes espèces d oies. NOTRE JARDIN ACCUEILLE, FORME ET TRANSMET SON SAVOIR > En plusieurs occasions, les jardiniers ont prêté main-forte aux rendez-vous des Ateliers verts, permettant diverses activités pour les enfants. > Une de nos employées aide-horticultrice a entrepris une formation en vue de l obtention d un CFC d horticultrice, option plantes vivaces. Son emploi du temps a été aménagé, afin de lui permettre de réussir au mieux sa formation. > Poursuivant notre rôle de formation auprès des écoles professionnelles également, nous avons accueilli en stage 2 horticulteurs en deuxième année du Centre horticole de Lullier, 2 «jardinièresbotanistes», une jeune fille en apprentissage par l intermédiaire d une structure lausannoise et 12 postulants à l HEPIA. 13 jeunes sont venus tester leurs affinités avec le métier d horticulteur par le biais de l OFPC et 2 autres dans le cadre d un partenariat entre la Ville et leur école (SCAI en ville). Un étudiant de l HEPIA a commencé son travail de bachelor sur un sujet que nous lui avons proposé et sera par la suite encadré au Jardin pour son travail de diplôme. > 14 jeunes venus renforcer nos rangs pendant leur «Job d été» ont pu s initier à l horticulture tandis que 3 jeunes gens diplômés en horticulture ont accompli quelques mois de leur période de service civil au Jardin, renforçant ainsi leur pratique du métier.

10 16 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 17 DES MISSIONS D EXPLORATION ET DE RÉCOLTES Les CJB mènent des expéditions en Suisse, en Europe ou sur d autres continents, en collaboration avec les universités locales et les organismes nationaux ou internationaux de protection de la nature. Liées directement ou indirectement à l un ou l autre de nos projets de recherche, ces expéditions conjuguent le plus souvent des activités multiples: observation de la biodiversité végétale, récolte d échantillons pour nos collections et notre recherche, expertise scientifique, formation d étudiants, échange et mise en place de programmes de gestion et de protection de la biodiversité locale. Pressage et enregistrement de plantes après des récoltes sur l Alpe de Bäll, Valais Relevé de végétation dans le Parc national de Taï en Côte d Ivoire ABSTRACT In order to document the biodiversity, the CJB conducts botanical explorations worldwide in partnership with foreign universities and conservation-oriented NGO s. These expeditions are directly linked to our research programs and encompass several activies: sampling for our collections and research, scientific assessments of biodiversity, implementation of conservation programs. This year, the following botanical expeditions have been conducted: Alps: DNA sampling of selected genera in Switzerland and Italia in the framework of an assessment of markers for the Barcode initiative; Africa: field trip for general collecting and vegetation sampling in Ampasindava peninsula (Northwestern Madagascar) and in the Taï forest (Ivory Coast); Oceania: Participation in a Rapid Assesment Program in Mt. Panié (New Caledonia); North America: Palms collecting in two tropical botanical gardens in the US; South America: collecting trip to Peruvian Amazon for palms, and to Brazil for Gesneriaceae. FLORE RÉGIONALE Entre les mois de mai et de septembre, plusieurs expéditions ont été menées sur 10 jours en Suisse et en Italie par David Aeschimann, Sofia Caetano, Danièle Fischer Huelin, Yamama Naciri et Michelle Price dans le cadre du projet financé par le FNRS sur les codes barres ADN chez les plantes vasculaires. Des collectes ont été effectuées sur plusieurs espèces parmi les véroniques (Veronica), les gentianes (Gentiana), les chèvre-feuilles (Lonicera), les pins (Pinus), les genévriers (Juniperus) et les mousses (Brachythecium, Dicranum et Rhytidiadelphus) pour un total de 161 échantillons. AFRIQUE TROPICALE Côte d Ivoire Plus de 7 km d inventaires floristiques ont été réalisés dans l est du Parc national de Taï par Mathias Scouppe (étudiant en master de l Université de Genève) avec l aide d une équipe d écologistes du Wild Chimpanzee Foundation, de rangers de l Office ivoirien des parcs et réserves, d un botaniste du Centre suisse de la recherche scientifique d Abidjan et d un étudiant ivoirien. Il aura fallu plus de 300 km à pied et 6 missions de 20 jours pour parcourir cette partie méconnue de forêt tropicale dense humide. Plus de 250 récoltes d échantillons fertiles ont été effectuées et 1500 échantillons végétatifs ont été collectés pour confirmation. Les premiers résultats de ce travail montrent que la composition floristique de la partie est du Parc est très différente de la partie ouest, contrairement à ce que l on croyait. Madagascar La deuxième campagne de terrain du projet Flore et Végétation de la presqu île d Ampasindava s est terminée en début d année. Pour mémoire, ce terrain prévu pour la saison a dû être interrompu en raison des troubles politiques à Madagascar et nous avons été contraints de reporter à la saison le reste des missions. En raison des impératifs universitaires, les 2 étudiants malgaches, ont soutenu leur DEA avec succès en août, sur la base des résultats de la première campagne de terrain uniquement. Le dépouillement du reste des données se poursuit et aboutira au dépôt du travail de master de Morgane Ammann dans l année à venir. Près de 1900 échantillons ont été récoltés, ce qui permettra de dresser un premier inventaire floristique de cette zone très mal connue où n ont été récoltés jusqu alors que quelques dizaines de spécimens. Il apparaît d ores et déjà que de nombreuses nouveautés sont à attendre de ce matériel, bien qu il soit prématuré d avancer des estimations sur la diversité, l endémisme local ou le nombre de nouvelles espèces. Récolte dans les forêts de la presqu île d Ampasindava, Madagascar OCEANIE Nouvelle Calédonie Un Rapid Assessment Program (RAP), organisé par l association Dayu Biik et co-financé par «Conservation International» et la Province nord, a eu lieu du 1 er au 30 novembre 2010 dans le massif du Panié au nord-est de la Nouvelle Calédonie. C est le plus grand massif forestier de l île ( ha) et il abrite son plus haut sommet (1629 m). Le but de ce RAP était l étude pluridisciplinaire (botanique, entomologique, herpétologique etc.) de 5 sites pouvant potentiellement agrandir la réserve qui protège aujourd hui 5000 ha. Cette mission représentait donc aussi une première étape vers le lancement d un programme de conservationdestiné à offrir une alternative de développement aux populations. Une vingtaine de scientifiques dont Martin Callmander, chercheur associé aux CJB, ont permis la découverte de nombreuses nouvelles espèces, notamment une nouvelle espèce de Pandanus (Pandanaceae), endémique des forêts sommitales à Kaori (Agathis, Araucariaceae). Forêt dense humide de montagne du massif du Mont Panié (nord-est de la Nouvelle Calédonie)

11 18 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 19 Forêt dense de la réserve naturelle Allpahuayo-Mishana, l un des plus riches hotspots de diversité pour la famille des palmiers dans la région néotropicale Serra negra dans le massif de la Mantiqueira (Brésil) AMÉRIQUE DU NORD Etats-Unis Comme par le passé, des visites aux jardins botaniques de Fairchild Tropical Garden et du Montgomery Botanical Center, dans le sud de l état de Floride aux Etats-Unis, ont été effectuées durant la première semaine d octobre et la dernière semaine de décembre. Ces 2 jardins botaniques conservent la plus riche collection de palmiers vivants, représentant la quasi-totalité des genres de la famille. Dans la tribu des Chryo sophileae, sujet de master d Angela Cano, étudiante de l Université de Genève, environ 50 échantillons destinés à des recherches anatomiques et 120 prélèvements pour des études moléculaires ont été effectués à partir d exemplaires en culture dans ces jardins botaniques. AMÉRIQUE DU SUD Pérou Environ 2 semaines de travail sur le terrain en Amazonie péruvienne ont été effectuées dans la région d Iquitos dans le département de Loreto, suite à des recherches floristiques qui ont démarré en L expédition a été organisée par les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève, avec la participation de botanistes locaux du Muséum d Histoire naturelle de l Université de San Marcos (Pérou) et de l Institut de Recherche de l Amazonie péruvienne. Parmi quelques objectifs scientifiques liés à l expédition nous pouvons souligner la poursuite de l inventaire des palmiers dans la Réserve naturelle Allpahuayo-Mishana, qui dépasse déjà 56 espèces réparties dans 31 genres. Des recherches in situ ont aussi été effectuées, menant à l identification d organes producteurs de fragrances dans les fleurs de palmiers, sujet très peu étudié, bien que d une importance fondamentale pour notre compréhension de la biologie reproductive de la famille. Environ 20 échantillons de palmiers ont été récoltés pour nos herbiers et des structures reproductives de 32 espèces ont été fixées dans l alcool pour être étudiées histologiquement dans l unité de micro-morphologie des CJB et le laboratoire d histologie de l Université de Genève. Brésil Au cours d un voyage au Brésil en mars, des données floristiques ont été récoltées lors de 2 excursions: 2 jours dans la Serra negra dans le massif de la Mantiqueira (Minas Gerais) et un jour dans le nord-ouest de l état de Rio de Janeiro. Une espèce mal connue du fait de sa taille très réduite, Anetanthus gracilis, a été observée et récoltée pour l herbier mais aussi fixée en alcool et en silicagel pour des études anatomiques et moléculaires. Enfin, une étude des collections vivantes de Gesneriaceae (Mauro Peixoto près de Mogi das Cruzes, SP) a été réalisée avec l obtention de 23 échantillons d ADN et de 11 échantillons de matérielvivant (rhizomes ou boutures) pour leur introduction dans les serres des CJB. Ce voyage à aussi été l occasion d une visite du «Jardim botânico Plantarum» nouvellement aménagé par le D r Harri Lorenzi à Nova Odessa, São Paulo et de la consultation de son herbier HPL récemment réaménagé. Récolte d un échantillon du palmier Trithrinax schyzophylla à partir d un exemplaire cultivé au Montgomery Botanical Center (Floride, USA) Palmier de la tribu des Chryosophileae: Coccothrinax borhidiana Anetanthus gracilis, une Gesneriaceae discrète et méconnue du Brésil

12 20 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 21 LES PROJETS DE RECHERCHE Nos recherches sont axées sur l étude de la biodiversité végétale et fongique et permettent aux collections des CJB d être constamment vivifiées, en étant étudiées, adaptées aux connaissances actuelles, mises en valeur et enrichies. La recherche est le garant d une collection vivante, utile à tous. Aujourd hui cette recherche s appuie également sur des techniques innovatrices qui sont celles de notre Laboratoire universitaire de Systématique végétale et Biodiversité avec ses 4 Unités (Phylogénie et génétique moléculaires; Systèmes d informations géographiques et de télédétection; Anatomie et micromorphologie; Microscopie et chromatographie). Nos recherches se font souvent en lien avec l Université de Genève et d autres instituts. Salix herbacea: espèce analysée pour le projet codes-barres Gentiana clusii: espèce analysée pour le projet codes-barres ABSTRACT Seven research projects (over 81 ongoing ones) came to an end in 2010, amongst them the Floristic Atlas of the Geneva Canton that was initiated in 1989! Note that two projects, the analysis of the genus Grimmia and the assessment of DNA barcodes for plants, supported by the Swiss NSF, were also achieved. Among the 50 scientific publications issued during the year, several were devoted to the description of 10 new species, 2 genera (Chautemsia, Gereaua) and one family (Xanthoceraceae), mainly from Brazil and Madagascar. In 2010, the year of Bio diversity, the Town of Geneva was granted the price of the more diverse wall in Switzerland, attributed by the Swiss Systematic Society. The wall (mur de la Treille in the old town) benefited from the expertise of several systematicians from the Museum of Natural History and from our institution. Last but not least, this year has been benched by several breackdowns of the old sequencer machines of the Molecular Phylogenetics and Genetics Unit, which therefore reduced its activity somehow. FAITS MARQUANTS Sept projets de recherche (sur 81 en cours) se sont terminés en 2010 dont celui de l Atlas de la flore du canton de Genève qui avait été initié en 1989! On relèvera également l achèvement de l étude du genre Grimmia, ainsi que celui sur les codes-barres génétiques des plantes, financé par le FNRS. Parmi les 50 publications scientifiques produites dans l année, on notera entre autres la description de 10 nouvelles espèces, 2 genres (Chautemsia, Gereaua) et une famille (Xanthoceraceae), plantes découvertes essentiellement au Brésil et à Madagascar. Dans le cadre de l année de la biodiversité, mentionnons le prix du mur le plus riche de Suisse (en biodiversité) attribué par la Swiss Systematic Society, au mur de la Treille, suite aux relevés effectués par les systématiciens du Musée d Histoire naturelle et des CJB. Enfin, l année 2010 aura été malheureusement marquée par une succession de pannes sur les séquenceurs obsolètes de l Unité de phylogénie et génétique moléculaires, ce qui en a quelque peu réduit l activité. QUELQUES RÉSULTATS DE 2010 On trouvera ci-dessous quelques-uns de nos projets en cours avec les résultats obtenus en 2010 dans les divers domaines de recherche. La liste exhaustive de tous les projets en cours, avec les noms des auteurs, est donnée en pp TAXONOMIE, PHYLOGÉNIE, PHYLOGÉOGRAPHIE Etude morphologique et anatomique du genre Grimmia Un projet de recherche morphologique et anatomique sur le genre Grimmia (Bryophytes, Grimmiaceae) mené depuis plusieurs années par M me Eva Maier, chercheur associé aux CJB, s est achevé cette année par la publication des résultats. Les espèces de Grimmia se rencontrent le plus souvent sur les rochers des montagnes, à haute altitude, où elles forment généralement de petits coussins. Cette recherche se base sur les nombreux échantillons récoltés par l auteur dans les Alpes en Suisse, mais aussi sur l étude de plus de 3000 échantillons provenant de divers herbiers dans le monde. Le genre Grimmia est considéré comme un genre difficile du fait de la très petite taille des espèces et d une variabilité morphologique importante au sein de celles-ci. Dans l ouvrage publié, 52 espèces sont reconnues et traitées avec une clé de détermination, des descriptions taxonomiques détaillées et une très riche iconographie originale (dessins au trait pour chacune des espèces, faits par l auteur en montrent les caractéristiques diagnostiques). A lire dans: MAIER, E. (2010). The genus Grimmia Hedw. (Grimmiaceae, Bryophyta). A morphological-anatomical study. Ed. Conservatoire et Jardin botaniques de Genève. 277 pp. Etudes systématique, floristique et écologique des espèces terricoles du genre Rinodina (Ach.) Gray (ascomycètes lichénisés) de Suisse Valérie Pereira a rendu son mémoire présenté en vue de l obtention d un master bi-disciplinaire. Dix espèces terricoles ont été étudiées au moyen de 151 échantillons d herbier. Quelque cent localités ont été cartographiées et ont permis de compléter les connaissances chorologiques des taxons considérés, en Suisse. A lire dans: PEREIRA, V. (2010). Etudes systématique, floristique et écologique des espèces terricoles du genre Rinodina (Ach.) Gray (ascomycètes lichénisés) de Suisse. Master de l Université de Genève. Les codes-barres génétiques chez les plantes vasculaires Les codes-barres génétiques permettent idéalement, sur la base du séquençage d un ou de plusieurs fragments d ADN, d attribuer de nouveaux spécimens à une espèce connue. Chez les plantes terrestres, la situation s est révélée fort complexe, en premier lieu pour définir les séquences idéales à utiliser. Un consensus s est rapidement dégagé au niveau de la communauté scientifique pour travailler avec des séquences issues du chloroplaste, structure qui assure la photosynthèse dans les cellules des plantes et qui possède une molécule d ADN circulaire. Le projet lancé sur ce thème en mai 2008 avec le soutien du FNRS, s est achevé cette année. L analyse de 7 groupes d espèces (saules nains, érables, adénostyles, gentianes, chèvrefeuilles, véroniques et géraniums), montre qu aucune des 4 séquences chloroplastiques utilisées (trnhpsba, rpoc1, rpob, et matk) ne permet d obtenir un succès d assignation de 100%, sinon pour les chèvrefeuilles (Lonicera). Les résultats de ce projet montrent qu une assignation sans erreur, d un spécimen donné à la bonne espèce, dépend de différents facteurs évolutifs, par exemple une divergence suffisamment ancienne entre espèces proches pour que les séquences d ADN aient pu accumuler suffisamment de divergences. De même, l existence d hybridations interspécifiques, qui conduisent au partage de certaines séquences entre espèces, pose problème pour une bonne assignation. Ce projet a également montré l importance d un échantillonnage conséquent au sein des espèces (20-30 individus géographiquement bien répartis), pour pouvoir caractériser la diversité au sein de chacune d entre elle et éviter de mauvaises assignations par manque de documentation. A lire dans: CAETANO, S., Y. NACIRI & D. AESCHIMANN (2010). Les codesbarres génétiques chez les plantes vasculaires: un pas en avant dans la documentation de la biodiversité? Feuille Verte 41: 10. Histoires de gentianes alpines Dans le contexte du projet code-barre, un travail plus poussé a été mené par Camille Christe sur 4 gentianes du groupe Ciminalis, travail qui a fait l objet de son sujet de master. L utilisation de 5 séquences d ADN (chloroplastiques et nucléaire) sur 343 individus récoltés dans les Alpes, les Pyrénées et la Sierra Nevada a permis de définir les liens de parenté entre espèces et de reconstruire leur histoire respective. Gentiana acaulis et G. angustifolia sont ainsi très proches l une de l autre, alors que G. clusii est beaucoup plus distante des 2 premières. Bien que plus proche de G. acaulis et de G. angustifolia, G. alpina s est vraisemblablement hybridée avec G. clusii par le passé et en garde trace au niveau de l ADN. Ce travail a également montré que chacune des 4 espèces de gentianes a réagi de façon très différente au dernier âge glaciaire, certaines d entre elles montrant des signes d expansion spatiale importante (G. acaulis, G. alpina et G. clusii à l ouest des Alpes seulement) ou d expansion démographique (G. angustifolia). A lire dans: CHRISTE, C. (2010). Révision des relations phylogénétiques entre Gentiana acaulis L., G. alpina Vill., G. angustifolia Vill. et G. clusii E. P. Perrier & Songeon: Analyse morphologique et génétique de la diversité intraspécifique et étude des patterns phylogéographiques. Master en biologie de l Université de Genève.

13 22 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 23 Chautemsia calcicola: noiuveau genre endémique du Brésil Xanthoceras sorbifolium (Xanthoceraceae): nouvelle famille Monographie des Sinningieae pour Flora Neotropica Six nouvelles espèces de Sinningia (Gesneriaceae) du Brésil ont été décrites. Elles révèlent des caractères morphologiques inédits pour le groupe, tels que des feuilles gaufrées et plusieurs floraisons successives, sans période de repos annuel à l exemple de S. bullata. Toutes possèdent des distributions très restreintes, qui montrent que la flore de la forêt atlantique brésilienne est encore loin d être complètement inventoriée, bien qu elle se situe dans la partie la plus peuplée du pays. En conséquence, elles doivent toutes être classées dans des catégories rares ou en danger selon les critères internationaux de conservation. Leurs qualités ornementales ont déjà favorisé leur diffusion auprès des amateurs, contribuant ainsi à leur conservation. A lire dans: CHAUTEMS, A., T. C. C. LOPES, M. PEIXOTO, & J. ROSSINI (2010). Taxonomic revision of Sinningia Nees (Gesneriaceae) IV: six new species from Brazil and a long overlooked taxon. Candollea 65: Nouveau genre de Gesneriacées, endémique du Brésil Andréa O. de Araújo (Université de São Paulo, Brésil) et Mathieu Perret (CJB) ont joint leurs efforts pour décrire et classifier une nouvelle espèce de plante récemment découverte sur des affleurements rocheux au sein des forêts décidues de l état du Minas Gerais au Brésil. Si l appartenance de cette espèce à un groupe de Gesneriacées les Gloxiniées a pu être rapidement établie sur la base de caractères morphologiques, son rattachement à un genre particulier restait cependant problématique. Afin de résoudre cette énigme, les liens de parenté de cette espèce ont été déterminés grâce à l analyse de séquences d ADN obtenues au laboratoire des CJB. Les résultats de cette étude ont montré que cette espèce, bien qu apparentée à certaines lignées endémiques du Brésil, était phylogénétiquement distincte des genres déjà décrits dans la tribu des Gloxiniées. Pour rendre compte de l originalité phylogénétique et morphologique de ce taxon, ces chercheurs ont proposé de créer le nouveau genre Chautemsia et de décrire cette nouvelle espèce sous le nom de calcicola en référence à sa préférence pour les substrats calcaires. Le nom du genre Chautemsia est dédié au D r Alain Chautems, conservateur aux CJB, qui a contribué depuis plus de 20 ans à améliorer la connaissance des Gesneriaceae brésiliennes et à promouvoir leur étude en formant de nombreux chercheurs. A lire dans: ARAUJO A. O., SOUZA V. C. & PERRET M. (2010). Chautemsia calcicola: a new genus and species of Gloxinieae (Gesneriaceae) from Minas Gerais, Brazil. Taxon 59: Nouvelle famille de plantes à fleurs: les Xanthoceraceae Une nouvelle famille de plantes à fleurs, les Xanthoceraceae Buerki, Callm. & Lowry a été publiée par une équipe scientifique internationale dont fait partie Martin Callmander, chercheur-associé aux CJB. Grâce à une étude approfondie de la famille des Sapindaceae (famille du litchis) basée sur des investigations moléculaires (complétée par des arguments biogéographiques et de datations) et les séquences génétiques de plus de 240 échantillons, les chercheurs ont montré qu un genre de Chine tempérée, Xanthoceras Bunge, fait partie d une lignée à part qui a divergé il y a plus de 90 millions d années! Une nouvelle famille pour ce genre unique a donc été décrite. De plus, les familles des érables (Aceraceae) et des marronniers (Hippocastanaceae), classées sans conviction ces dernières années dans la grande famille, dès lors peu reconnaissable, des Sapindaceae, sont à nouveau considérées comme famille en tant que telle. Les Sapindaceae retrouvent ainsi leur circonscription historique plus étroite et ne poussent plus que dans les régions chaudes du globe. A lire dans: BUERKI, S., P. P. LOWRY II., N. ALVAREZ, S. G. RAZAFIMANDIMBI- SON, P. KÜPFER & M.W. CALLMANDER (2010). Sapindaceae Revisited: Molecular Sequence Data, Morphology and Biogeography Support Recognition of a New Family, Xanthoceraceae. Plant Ecol. Evol. 142: Phylogénie moléculaire des Ilex (Aquifoliacées) Le genre Ilex (les houx) est un groupe difficile, dans la mesure où peu de caractères morphologiques existent, permettant de différencier les espèces. De plus, les relations de parentés entre espèces sont toujours controversées, ainsi que l identification du groupe le plus proche. L utilisation de marqueurs moléculaires, issus du noyau cellulaire et des chloroplastes, sur 106 espèces différentes a permis de retracer une histoire bien complexe. Bien que le plus ancien fossile de houx date de -69 millions d années, il semblerait que la diversité actuelle en espèces soit d origine récente (environ -15 millions d années). D importantes extinctions se sont donc produites, qui expliquent qu il soit difficile de désigner le groupe le plus apparenté au genre. La comparaison des phylogénies nucléaire et chloroplastique a également permis de mettre en évidence un grand nombre d hybridations passées ou en cours. Il semblerait donc que les barrières d espèces sont relativement poreuses chez Ilex, ce qui pourrait expliquer l absence de caractères marqués pour les différencier. A lire dans: MANEN, J.-F., G. BARRIERA, P.-A. LOIZEAU & Y. NACIRI (2010). The history of extant Ilex species (Aquifoliaceae): evidence of hybridization within a Miocene radiation. Molec. Phylogen. Evol. 57: FLORES Atlas de la flore du canton de Genève Initié en 1989, ce projet de cartographie de toutes les espèces de plantes vasculaires du canton de Genève s est achevé en 2010 avec la réalisation d un volume qui paraîtra début Avec observations, dûment répertoriées et vérifiées, chaque taxon de plante vasculaire, si petite soit elle, discrète ou rare dans le canton, est répertoriée au km taxons sont ainsi recensés et cartographiés dans chacune des 302 mailles kilométriques du canton. Ce travail minutieux de terrain a été complété par une recherche tout aussi approfondie de l ensemble des données historiques (littérature et herbiers) qui portent sur 2124 taxons. Ces données ont permis de réaliser des analyses sur la distribution des taxons selon les milieux, les valeurs écologiques, leur origine, leur introduction dans le canton ou encore leur degré de menace. Il ressort entre autres que 24% de la flore est menacée, dont 169 taxons sont en danger critique d extinction. Malgré cela, la flore du canton se révèle particulièrement riche: la plus riche des mailles kilométriques, aux Baillets, compte 603 taxons, et la plus pauvre, située en ville, 243. On constate que 9% de la flore historique a disparu, essentiellement dans les milieux aquatiques et les cultures, mais aussi que 10,5% sont apparues, ce qui n est pas nécessairement un bienfait puisqu il y a parmi elles 20 espèces envahissantes. Avec une partie générale sur la végétation caractéristique du canton, des photos en couleur, des analyses, les cartes de répartition et des commentaires sur chacun des taxons, cet ouvrage est une mine d information et un outil essentiel pour la gestion de la nature dans le canton. A lire dans: THEURILLAT, J.-P, C. SCHNEIDER & C. LATOUR (2011). Atlas de la Flore du Canton de Genève, catalogue analytique et distribution de la flore spontanée. Ed. Conservatoire et Jardin botaniques de Genève, Société botanique de Genève. Nouvelles données pour la Corse Depuis la parution de Flora Corsica en 2007, de nouvelles explorations en Corse ont permis d affiner la connaissance sur la distribution des espèces rares de l île et de découvrir de nouvelles espèces fraîchement arrivées. Douze néophytes ont ainsi été découvertes, certaines simplement échappées des jardins et d autres arrivées involontairement par des transports depuis le continent. De nouvelles stations ont également été découvertes pour des néophytes déjà présentes dont malheureusement la jussie (Ludwigia peploides subsp. montevidensis), un taxon particulièrement envahissant, qui fait déjà l objet de plans de gestion et d éradication.

14 24 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 25 De nouvelles stations ont cependant aussi été découvertes pour des taxons rares, protégés (13 taxons) ou non (31). D autres découvertes sur des taxons localisés ou peu fréquents donnent une meilleure appréciation de leur répartition dans l île. A lire dans: JEANMONOD, D. & A. SCHLUESSEL (2010). Notes et contributions à la flore de Corse, XXIII. Candollea 65: Murs urbains et biodiversité Les Conservatoire et Jardin botaniques ont participé à un projet national lancé par la Swiss Sytematics Society. Il s agissait, pour chaque ville suisse participant au projet, d inventorier la biodiversité animale, végétale et fongique d un mur urbain. Les CJB ont contribué à la victoire de la Ville de Genève en identifiant 16 plantes à fleurs, 2 fougères, 16 bryophytes, 14 lichens et un champignon non lichénisé sur le mur de la rampe de la Treille. La remise du diplôme par la Swiss Sytematics Society à la Ville de Genève, représentée à cette occasion par M. Patrice Mugny, s est effectuée le 21 décembre dans le cadre d une cérémonie à la Treille. Notes sur la flore de Madagascar Madagascar est réputée pour sa haute diversité biologique et son endémisme, et de nombreux efforts sont en cours pour inventorier sa flore exceptionnelle. Notre connaissance progresse régulièrement, mais est encore loin d être complète. Les données de nomenclature et la synonymie du «Catalogue des plantes vasculaires de Madagascar» développé par le Missouri Botanical Garden ont été récemment intégrées à l African Plant Database développée par les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève et le South African National Biodiversity Institute. Ces travaux ont mis en lumière de nombreuses nouveautés taxonomiques, mais aussi des incohérences nomencla - turales, mettant une fois de plus en lumière la nécessité de mener des révisions taxonomiques et de publier de courtes communications dans de nombreux groupes de plantes. Nous avons donc lancé une série de Notes on the Flora of Madagascar sur la flore de Madagascar qui permettra aux chercheurs étudiant la flore de la Grande Ile de publier des résultats sous la forme de communications brèves. Celles-ci seront éditées par Martin Callmander et Laurent Gautier des CJB ainsi que par Peter B. Phillipson du Missouri Botanical Garden. Les cinq premières notes ont été publiées cette année dans Candollea. Elles serviront la cause de la communauté scientifique internationale qui travaille sur l exceptionnelle richesse biologique de Madagascar. A lire dans: CALLMANDER, M. W., P. B. PHILLIPSON & L. GAUTIER (ed.) (2010). Notes on the flora of Madagascar, 1-5. Candollea 65: INDEX ET BASES DE DONNEES Index synonymique de la flore d Afrique du Nord Issu d un travail de compilation de plusieurs décennies, le premier volume de cet index est paru cette année. Il concerne les fougères, les conifères et les monocotylédones et comporte 6109 noms pour 1675 taxons reconnus. Cet index revêt un intérêt particulier, car aucun document n avait été publié sur l ensemble de cette région depuis la «Flore d Afrique du Nord» de Maire ( ), demeurée largement incomplète. Cet ouvrage synthétise ainsi toutes les références bibliographiques, des plus anciennes aux plus récentes. Il englobe non seulement l Afrique du nord mais également les plantes des Canaries et de Madère. Le second volume contenant les Asteraceae et Caryophyllaceae devrait paraître au début 2011, et les derniers l année suivante. Cette publication a été financée par l Emirates Center for Wildlife Propagation. A lire dans: DOBIGNARD, A. & C. CHATELAIN (2010). Index synonymique de la flore d Afrique du Nord. Volume 1: Pteridophyta, Gymnospermae, Monocotyledonae. Ed. Conservatoire & Jardin botaniques, Genève, 455 pp. La base de données des plantes d Afrique Le projet de «Base de données des plantes d Afrique» a débuté en 2003 avec la fusion des données des plantes d Afrique tropicale et celles des plantes d Afrique australe. On estimait alors le nombre d espèces pour l Afrique au sud du Sahara entre espèces, car aucune liste globale n existait. Cette première fusion a abouti en 2006 à la publication d un index et à la création d un site Web, aujourd hui largement utilisé. Ces informations sont devenues la référence nomenclaturale et synonymique pour de nombreux projets concernant l Afrique. Cette année, une nouvelle étape a été franchie avec l intégration des plantes de Madagascar ( noms pour espèces reconnues), grâce au travail de Martin Callmander et la collaboration du Missouri Botanical Garden qui avait déjà synthétisé cette liste sous forme d un «Catalogue des plantes vasculaires de Madagascar». Cet ajout a permis une première comparaison des 2 flores, la correction de certaines informations sur l endémisme et enfin une vision globale, même si 84% de ces espèces ne sont présentes qu à Madagascar. Le site Web, constamment mis à jour, donne ainsi aujourd hui accès à plus de noms, ce qui représente environ espèces pour l Afrique et Madagascar. VÉGÉTATION Flore et végétation de la région de Loky-Manambato (Madagascar) Les travaux menés dans la région Loky-Manambato (Daraina) ont abouti cette année à la soutenance de la thèse d un des 2 doctorants du projet, Patrick Ranirison, alors que le deuxième doctorant, Louis Nusbaumer est en phase finale de rédaction (modélisation de la répartition des espèces, en collaboration avec A. Guisan de l Université de Lausanne). Dans le cadre de ce projet, commencé en 2002, 3348 récoltes d échantillons fertiles ont été effectuées, plus de 60 espèces nouvelles ont été identifiées dont 16 ont été décrites par les membres du projet ou les spécialistes, ainsi que 3 genres nouveaux.

15 26 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 27 Primula allionii: une espèce endémique des Alpes maritimes Par ailleurs, 102 relevés linéaires de 100 m ont été effectués ainsi que 23 megatransects de 1 à 3,6 km. La grande diversité végétale (richesse spécifique et diversité des milieux) résulte des gradients climatiques observés (climat, orographie). Une typologie forestière a été réalisée sur la base des relevés ainsi qu une cartographie des massifs forestiers de la région. A lire dans: NUSBAUMER, L., P. RANIRISON, L. GAUTIER, C. CHATELAIN, P.-A. LOIZEAU & R. SPICHIGER (2010). Loky-Manambato: Point de rencontre des principales unités phytogéographiques de Madagascar. In: VAN DER BURGT, X., J. VAN DER MAESEN & J.-M. ONANA. Systématique et Conservation des Plantes Africaines. Kew, Royal Botanic Gardens: RANIRISON, P., L. NUSBAUMER, E. ROGER, C. RAJERIARISON & L. GAUTIER (2010). Les principaux facteurs environnementaux déterminant la répartition des groupements végétaux de la région Loky-Manambato (NE Madagascar). In: VAN DER BURGT, X., J. VAN DER MAESEN & J.-M. ONANA. Systématique et Conservation des Plantes Africaines. Kew, Royal Botanic Gardens: RANIRISON, P. (2010). Les massifs forestiers de la région Loky-Manambato (Daraina), écorégion de transition Nord: Caractéristiques floristiques et structurales. Essai de modélisation des groupements végétaux. Thèse de doctorat de l Université d Antananarivo ( Madagascar). Flore et végétation de la Montagne d Ambre (Madagascar) La première phase du projet, consacrée aux altitudes supérieures, s est conclue cette année avec la reddition du master de Sonia Trigui qui vient compléter les DEA des 2 étudiants malgaches soutenus l année précédente. L adjonction de quelque 1266 nouvelles récoltes aux 2250 récoltes antérieures que nous avons recensées a permis de proposer pour la première fois une liste floristique du parc national, liste qui met à jour un genre et 39 espèces endémiques. Le 21% de nos récoltes représentaient des espèces encore jamais récoltées dans le massif. Onze espèces nouvelles ont été identifiées dont une a déjà été décrite. Les 58 relevés linéaires effectués ont débouché sur une classification des types forestiers et ont permis de mieux comprendre la mise en place de la flore dans ce massif volcanique de surrection relativement récente. Les formations humides des altitudes supérieures sont constituées d espèces ombrophiles vraisemblablement arrivées par colonisation à longue distance, avec des phénomènes de spéciation allopatrique pour les endémiques locales. La richesse floristique est plus grande aux altitudes intermédiaires où s effectue la transition vers les végétations sèches mal connues du piedmont. Une deuxième phase du projet, pour laquelle nous avons récemment obtenu un financement, sera consacrée aux altitudes inférieures. Sur le plan de la conservation, bien que le statut de menace UICN ne soit connu que pour une fraction de la flore de Madagascar, nous pouvons estimer que la moitié des espèces de la Montagne d Ambre sont menacées sur le plan national. A lire dans: TRIGUI, S. (2010). Etude floristique et biogéographique des altitudes supérieures de la Montagne d Ambre (nord de Madagascar). Master en biologie de l Université de Genève. HISTOIRE DES SCIENCES Edition du «Journal de Paris» (1782) du botaniste Jean-Pierre- Etienne Vaucher Ce projet s est achevé en 2010 par l édition acceptée pour 2012 du texte original accompagné de 300 notes de bas de pages explicatives. Celle-ci est complétée par une introduction explicative qui s intéresse à la genèse du texte original et à son contexte. Elle a pu être finalisée grâce à la collaboration du D r Nathalie Vuillemin, spécialiste historienne de l écriture scientifique dans les journaux de voyage des naturalistes au 18 e siècle. Ce «Journal de Paris» est le récit du séjour du botaniste Jean-Pierre-Etienne Vaucher mené en 1782 dans la capitale parisienne. Erigé à la gloire du philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau, il s apparente, sous de nombreux aspects, à un véritable pèlerinage sur les traces de ce dernier dans la capitale des Lumières. Sous forme de lettres de voyage, il s inscrit dans la tradition du récit de voyage alors en plein développement et suit ainsi un parcours balisé, sur le plan aussi bien géographique qu imaginaire, par les almanachs, les guides de l époque et d illustres prédécesseurs tels que Rousseau ou Sébastien Mercier. Découvert dans les archives familiales des descendants de Vaucher, ce document certifie historiquement de l influence féconde de Rousseau sur la communauté savante genevoise de la fin du 18 e. Il est aussi le témoignage remarquable d un apprentissage de la vie, de la pratique religieuse, et de l écriture d un botaniste qui, comme de nombreux autres naturalistes genevois, mena une carrière pastorale. Il reflète la situation très particulière de l Eglise protestante genevoise et des mentalités de cette époque en Suisse romande. En ce sens, ce récit peut être envisagé à la fois comme un texte à valeur documentaire et à valeur littéraire où se mêlent de multiples influences, comme celle du voyage sentimental. DE NOUVEAUX PROJETS SONT LANCÉS Analyse des données du Flora alpina L arc alpin est, au cœur de l Europe, une région naturelle dont l inventaire des 4500 plantes vasculaires a été publié en 2004 dans le Flora alpina. Les innombrables données de cet atlas permettent d en dresser aujourd hui une statistique générale. Un historique de la connaissance des plantes recensées dans les Alpes a ainsi été constitué. La biodiversité sera caractérisée et quantifiée, globalement, puis par région et par étage de végétation: familles et genres importants, nombres de taxons, richesse en espèces, endémisme et distributions géographi ques. Les données biologiques, phénologiques, écologiques et phytosociologiques seront aussi analysées. Les résultats s exprimeront sous forme de tableaux, de graphiques et de cartes de l arc alpin. Les patrons de biodiversité et d endémisme seront mis en évidence ainsi que les corrélations permettant de les expliquer. Les premiers résultats confirment que l extrémité méridionale des Alpes occidentales et le sud-ouest des Alpes orientales sont les régions où la densité d endémiques et la biodiversité sont les plus élevées. Une série de 4 à 5 articles sera publiée dans Candollea, les 2 premiers articles paraîtront en Le projet doit s achever en Etude des structures nectarifères dans des palmiers du genre Eugeissona (Calamoideae) Un projet portant sur la structure et le développement floral chez les palmiers a été mis en place dans le cadre du sujet de recherche de Silvia Siegert, étudiante en master. Il envisage l étude des structures nectarifères du genre Eugeissona (Calamoideae) qui comporte 6 espèces et qui est originaire de la péninsule de Malacca et de l île de Bornéo. Eugeissona a fait l objet d études écologiques dans le domaine de la biologie reproductive, du fait de la production exceptionnelle de nectar alcoolisé. Il représente le genre le plus basal dans la phylogénie des palmiers et son étude est fondamentale pour l identification des caractères floraux considérés comme ancestraux pour la famille. Des résultats préliminaires mettent en évidence un type de nectaire non décrit auparavant dans la famille, avec des implications importantes pour la biologie reproductive de l espèce. Etude monographique du genre Trithrinax (palmiers néotropicaux) Ce projet, mené dans le cadre du master d Angela Cano sur le genre néotropical Trithrinax, vise également à définir la position phylogénétique du genre dans la tribu des Chryosophileae. Ce sujet s inscrit dans une collaboration entre l unité d anatomie et de micromorphologie et celle de phylogénie et de génétique moléculaires. Un échantillonnage pour des analyses moléculaires a été récemment effectué dans les jardins du Montgomery Botanical Center et du Fairchild Tropical Garden (Floride, USA), avec lesquels notre institut entretient des collaborations étroites autour de l étude des palmiers.

16 28 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 29 Dombeya gautieri, une nouvelle espèce découverte à Madagascar dans le cadre du projet «Flore et végétation du Daraina» Dypsis gautieri, une nouvelle espèce découverte à Madagascar dans le cadre du projet «Flore et végétation du Daraina» Flore et végétation de la forêt d Andrafiamena (Madagascar) Dans le cadre du programme de recherche «Flore et végétation des massifs forestiers du Nord de Madagascar», nous avons initié cette année un projet de recherche dans la région d Andrafiamena. Cette région se situe à mi-chemin entre la Montagne d Ambre et la région Loky-Manambato (Daraina), 2 sites où nous avons récemment mené des inventaires. Elle est très proche également du causse de l Ankarana, réputé pour sa spectaculaire végétation calcicole. C est par ailleurs un des derniers sites où le lémurien Propithecus perrieri existe encore, ce qui a motivé l implantation d un programme de conservation mené par l ONG Fanamby avec laquelle nous avons déjà collaboré. Une étudiante du MUSE, Zuzana Burivalova y conduit son travail de master. Elle y effectue des récoltes en vue d établir un inventaire floristique, ainsi que des relevés de végétation pour en établir une cartographie. Elle collabore par ailleurs avec un étudiant en primatologie de l Université d Antsiranana qui étudie l habitat du propithèque. Les premiers résultats montrent une distinction très nette entre le principal fragment forestier sur grès où croît une végétation de forêt dense humide de transition et un massif sur calcaire (Tsingy) qui porte une forêt sèche comparable au site voisin de l Ankarana. Les résultats de ce projet viendront enrichir notre compréhension de la mise en place des flores sur le nord de la Grande Ile. Zuzana Burivalova est bénéficiaire d une bourse d études de la fondation Leverhulme, complétée pour ce travail par une bourse Augustin Lombard de la SPHN. LES NOUVELLES ESPÈCES DÉCOUVERTES EN 2010 PAR NOS CHERCHEURS Dix nouvelles espèces ont été décrites cette année par nos chercheurs en collaboration avec d autres botanistes. Trois ont été découvertes à Madagascar et sept au Brésil. Arecaceae: Dypsis gautieri Rakotoarin. & J. Dransf. Gesneriaceae: Chautemsia calcicola A. O. Araujo & V. C. Souza Gesneriaceae: Sinningia bullata Chautems & M. Peixoto Gesneriaceae: Sinningia canastrensis Chautems Gesneriaceae: Sinningia gerdtiana Chautems Gesneriaceae: Sinningia globulosa Chautems & M. Peixoto Gesneriaceae: Sinningia helioana Chautems & Rossini Gesneriaceae: Sinningia muscicola Chautems, T. Lopez & M. Peixoto Malvaceae: Dombeya gautieri Dorr & Skema Pandanaceae: Pandanus ankaranensis Callm. & Laivao. De plus, fait rare de nos jours, une nouvelle famille et 2 nouveaux genres ont été décrits. Relevons qu un de ces genres a été dédié à l un de nos conservateurs, spécialiste de la famille des Gesneriaceae, le D r Alain Chautems. Nouvelle famille: Xanthoceraceae Buerki, Callm. & Lowry Nouveaux genres: Gereaua Buerki & Callm. (Sapindaceae) Chautemsia A. O. Araujo & V. C. Souza (Gesneriaceae) Quelques chiffres pour 2010 Séquences d ADN obtenues en laboratoire Marqueurs microsatellites (ADN) analysés en laboratoire 1359 Chromatographie en couche mince (TLC) 322 FINANCEMENTS EXTÉRIEURS POUR 2010 > Catalogue de la Flore d Afrique du Nord. Emirates Center for Wildlife Propagation (ECWP). CHF octroyés en 2010 pour l édition du 1 er volume. > Composition floristique et diversité de la végétation de la côte est du Parc national de Taï (Côte d Ivoire). Fondation de Centre suisse de Recherche scientifique à Abidjan: CHF > Etude des palmiers de la Côte d Ivoire. Conseil de Fondation du Centre suisse de Recherche scientifique en Côte d Ivoire. CHF > Etude monographique du genre Trithrinax (palmiers néotropicaux). Bourse Augustin Lombard de la Société de Physique et d Histoire naturelle de Genève: CHF 4000 et Bourse de l Académie suisse des Sciences naturelles: CHF > Flora and vegetation of Andrafiamena forest as a conservation tool. Bourse Augustin Lombard de la Société de Physique et d Histoire naturelle de Genève: CHF > Intégration des données de Madagascar à l African Plant Database. Andrew W. Mellon Foundation: US$ sur les US$ octroyés pour l ensemble du projet. > Les codes-barres ADN chez les plantes vasculaires: une approche utilisant les outils de la génétique moléculaire. Fonds national de la Recherche scientifique (FNRS) n 3100A : CHF (sur les CHF octroyés jusqu en septembre 2010). > Systematic studies in the lichen genus Usnea Adans. in tropical America. Basler Stiftung für biologische Forschung: CHF 5000 octroyés pour la réalisation des études moléculaires. ÉMISSIONS RADIO ET TV 7 septembre: L herbier effeuillé, émission Impatience sur la RSR la 1 re : P. Clerc et L. Gautier. 27 septembre: Work: Botanist, émission Works sur Radio World Switzerland. L. Gautier. POUR EN SAVOIR PLUS On trouvera en fin de rapport sous «Activités 2010» en pp , la liste exhaustive des projets en cours, des publications scientifiques, des communications scientifiques et des posters présentés lors de congrès.

17 POST TENEBRAS LUX 30 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 31 LA PROTECTION ET LA GESTION DE LA NATURE Les CJB s engagent activement pour conserver et protéger la flore sauvage menacée selon les directives de l Agenda International des jardins botaniques pour la Conservation. Les activités du secteur «Conservation & Systèmes d Informations» concernent essentiellement la flore nationale et régionale. Elles s articulent autour de projets de sauvegarde, d actions et de monitorings in situ, de la conservation ex situ au sein du jardin et de la connaissance des espèces. ABSTRACT The CJB are actively committed for conserving and protecting the wild endangered flora according to the guidelines of the International Agenda for Botanic Gardens in Conservation. The activities of the team Conservation & Information Systems are mainly at the level of the national and regional flora. The team focuses on preservation projects, actions and in situ monitoring, ex situ conservation in the garden and the knowledge of species. In 2010, an agreement confirming the close collaboration led for more than 10 years was signed between the City and the State of Geneva. This convention will sustain the actions undertaken in collaboration and allow to plan them for the longer term. During 2010, the Year of Biodiversity, an effort has been devoted to the collecting of seeds and spores of threatened taxa in Geneva. Over 40 field trips were organized with the cooperation of gardners of the CJB. At the end of this year, 104 species present in the Red List of Geneva were conserved in our seed bank. In addition, the project to establish a priority list of threatened species in the canton of Geneva, initiated to optimize the resources available to protect the considerable number of endangered species, produced a list of priority sites and species ranked according to a priority action that will be published in This illustrated book will feature a general map of priority sites and detailed results for each municipality in the canton. SIGNATURE D UNE CONVENTION ENTRE LES CJB ET LA DIRECTION GÉNÉRALE DE LA NATURE ET DU PAYSAGE (DGNP) DE L ÉTAT DE GENEVE La collaboration instaurée depuis plus de 10 ans avec la DGNP a permis de concrétiser de nombreuses actions en faveur de la bio diversité à Genève (inventaires des espèces menacées, expertises, plans d action, gestion de l information). Elle est aujourd hui officiellement pérennisée par la signature entre la Ville et l Etat de Genève d une Convention qui précise le champ de cette collaboration. Il sera ainsi possible de planifier, d organiser et de financer à plus long terme les actions de sauvegarde de la biodiversité végétale à l échelle du canton. LA LISTE DES ESPÈCES ET SITES PRIORITAIRES; SUITE DE LA LISTE ROUGE En 2006, la Liste Rouge avait recensé 388 espèces menacées dans le canton de Genève. Au vu de ce nombre important, il ne saurait être question d entreprendre toutes les actions de sauvegarde en même temps. C est pourquoi la DGNP, responsable de la conservation de la flore pour le canton, a désiré voir les CJB développer une méthodologie pour optimiser la répartition des moyens et ressources à disposition. La compilation des données floristiques a abouti à la rédaction d une liste qui ordonne les espèces menacées selon un degré de priorité d action. Pour faciliter l élaboration des actions de sauvegarde, 433 sites prioritaires ont été définis, regroupant les espèces en entités de gestion. La taille des sites varie de 10 m 2 à 50 ha et ils regroupent de 1 à 31 espèces. La rédaction de cette nouvelle liste s est achevée cette année et sera publiée très prochainement. La publication comprendra, outre les résultats complets concernant les espèces et les sites, de nombreuses illustrations et une carte annexée au 1/25000 e des sites prioritaires. En seconde partie, les résultats de chaque commune sont présentés sous forme d un cahier pour que celles-ci puissent prendre connaissance de la richesse de leur patrimoine floristique. Cette publication est donc en premier lieu destinée à informer et sensibiliser le public intéressé de manière large, de même qu à faciliter le travail des administrations et des gestionnaires. Conservation des plantes vasculaires du canton de Genève: espèces et sites prioritaires C. Lambelet-Haueter, C. Schneider et B. von Arx REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE UNE BANQUE DE SEMENCES AU SERVICE DE LA FLORE MENACÉE En cette année de la biodiversité, un effort tout particulier a été consacré à la flore menacée du canton de Genève. Nous disposons en effet, depuis la publication de la Liste rouge en 2006, de données précises sur les localités des espèces rares du canton qui ont été recensées à l époque. Une campagne de récolte a donc été planifiée par le groupe «Conservation» du secteur Conservation & Systèmes d Informations (CoSI), en collaboration avec les jardiniers du Secteur des rocailles. Au cours des 44 sorties qui ont pu être organisées, les espèces ont été tout d abord repérées, leur détermination vérifiée, leurs populations dénombrées et leurs semences finalement récoltées une fois arrivées à maturité. La réserve de semences ainsi amassée constitue une «assurance risque» permettant de conserver intact le capital génétique de populations pouvant régresser ou disparaître dans un avenir proche. La banque de semences peut aussi être utilisée par la suite pour des multiplications et réintroductions in situ. 83 lots de semences ont été récoltés en 2010, représentant 65 espèces, toutes menacées, dont 55 sont prioritaires. Au total les semences de 104 espèces figurant sur la Liste rouge genevoise (27% des espèces menacées) ont été récoltées depuis son édition en Lors de cette campagne de récolte, 157 espèces dignes d intérêt ont également été notées et les 454 observations les concernant transmises à la base de données du Centre du Réseau Suisse de Floristique (CRSFwww.crsf.ch). Il est effectivement important de réactualiser périodiquement les données de terrain sur les espèces menacées, de signaler les nouvelles localités, de même que d indiquer si les localités recensées ont été retrouvées ou non. D autres repérages et récoltes d espèces rares ont pu être effectués en Valais et en France voisine.

18 32 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 33 Pollinisation de l orchis de Spitzel (Orchis spitzelii) en vue de la récolte de semences pour le labo in vitro Culture de la grande androsace (Androsace maxima) dans le secteur des plantes protégées de Suisse Parallèlement, dans le cadre de la mise à jour des méthodes de conditionnement débutée en 2007, le processus de reconditionnement des anciens lots de la banque de semences en tubes de verre scellés à la flamme s est poursuivi. Un peu ralenti par l effort consacrée aux récoltes, il a donc porté sur 103 lots cette année. Il a également été possible, grâce à un personnel d appoint, d augmenter considérablement le rythme des tests de germination des espèces stockées au congélateur, à près de 100 tests pour cette année. Enfin, en décembre de cette année, le dédoublement du stockage des semences, souhaité pour des raisons de sécurité, a pu être réalisé. Les lots conditionnés étant maintenant systématiquement divisés en 2 parties, un premier lot de bocaux a pu être déposé dans le congélateur de l Agroscope Changins Wädenswil près de Nyon. CULTURE IN VITRO D ORCHIDÉES MENACÉES Le laboratoire in vitro des CJB a concentré cette année ses activités sur un projet concernant une espèce très rare en Suisse et ne comportant que des populations isolées dans l Arc alpin, l orchis de Spitzel (Orchis spitzelii). Une seule localité est actuellement connue en Suisse et la technique de culture n est pas encore développée. Avec le soutien de la Commission suisse pour la conservation des plantes sauvages (CPS) et du Service valaisan des forêts et du paysage, une campagne de pollinisation et de récolte a été menée sur cette localité et les semences obtenues mises en culture. Une collaboration avec le Conservatoire botanique national de Franche-Comté a également permis de cultiver des semences de populations très rares originaires de la région jurassienne. Par ailleurs, la culture des bryophytes dans un but de conservation s est poursuivie cette année. CONSERVATION DE LA PETITE MASSETTE Poursuivant les projets menés en collaboration avec la Haute école du paysage, d ingénierie et d architecture (HEPIA), plusieurs communications présentées au colloque de 2009 sur la sauvegarde de la petite massette ont été publiées comme prévu sous forme de 5 articles (voir rapport d activités 2009). La mise au point d une méthode de monitoring des populations naturelles se poursuit également. Par ailleurs, des essais ont été entrepris en collaboration avec le Conservatoire botanique national alpin de Gap-Charance sur la germination de cette espèce. Celle-ci produit en effet des semences perdant très rapidement leur vitalité. Le but est donc de mieux connaître les conditions de germination et de stockage afin de développer une technique de conservation des semences utile à la conservation. Les premiers résultats sont encourageants puisque les semences séchées rapidement en chambre sèche et conservées ensuite au congélateur montrent des taux de germination élevés après déstockage. CULTURES EX SITU Comme chaque année, les cultures ex situ effectuées par le Secteur des rocailles dans les couches de la Console permettent d une part de conserver des exemplaires de populations très menacées in situ et d autre part d effectuer des multiplications destinées à la banque de semences ou à des projets de réintroduction. Elles concernent cette année 29 accessions cultivées en couches, plusieurs accessions ancien nes ayant été maintenant intégrées dans les collections permanentes. Le succès couronne la plupart de ces cultures; il ne faut cependant pas négliger les incidents divers et les difficultés causées par la biologie de certaines espèces, qui nécessitent de la part des horticulteurs, patience, persévérance et imagination. La culture de la renoncule de Rion (Ranunculus rionii), une espèce des mares temporaires dont on ne connaît qu une ou 2 localités en Suisse, rencontre par exemple des difficultés depuis plusieurs années, mais la souche a heureusement toujours pu être maintenue vivante. PROJETS IN SITU Parmi les projets in situ, celui concernant la littorelle à une fleur (Littorella uniflora), mené en collaboration avec le Conservatoire des espaces naturels de Haute-Savoie sur la station française de Messery, a été confirmé comme un succès (voir la Feuille Verte n o 41, pp ). Les populations réintroduites en 2004 et 2008 prospèrent grâce aux mesures de gestion entreprises dès 2005 et la localité est actuellement considérée comme sauvegardée. La première étape de ce projet est donc achevée et celui-ci devrait se prolonger sur d autres bases, notamment dans la perspective de recréer des biotopes adaptés sur les rives du lac Léman. De même, les populations d orchis bouc (Himantoglossum hircinum), réintroduites après chantier sur les talus de la 3 e voie CFF à Genthod et Versoix, sont considérées comme bien établies et leur survie assurée, à condition qu un entretien adapté à leurs besoins soit maintenu à l avenir. Le sort des petites massettes (Typha minima) réintroduites le long du Rhône, notamment à la réserve des Teppes de Verbois, est plus aléatoire: malgré les aménagements de l année 2009, les fluctuations du niveau d eau semblent trop extrêmes pour garantir leur survie à long terme. Dans le cadre de la Coordination romande pour la sauvegarde de la flore, des semences de la sabline gothique (Arenaria gothica) ont été transmises au canton de Vaud pour une réintroduction in situ au bord du lac de Joux, seule localité suisse de cette espèce. Elles avaient auparavant été multipliées en couches aux CJB dès 2004, puis conservées dans la banque de semences (détails sur ce projet sous: coord/arenaria-gothica. pdf). Par ailleurs, le projet d implantation d espèces des prairies à molinies dans les bois de Versoix s est poursuivi cette année. Les plantes ont eu, dans l ensemble, une reprise satisfaisante à quelques exceptions près. Le but est de parvenir à maintenir ces espèces en milieu naturel afin qu elles servent de porte graines dans le cadre des projets de la DGNP. Floraison de la littorelle à une fleur (Littorella uniflora) sur la localité de Messery

19 34 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 35 DOCUMENTATION Cette année, grâce à la mise à disposition d un logiciel adapté, un travail de recherche et de mise en commun des différentes références bibliographiques concernant les activités du groupe «Conservation» du secteur CoSI a pu débuter. Par ailleurs, une mise à jour du Système d informations botaniques de Genève (SIBG volet «JIC» / Jardin Index seminum Conservation) est en route pour adapter la structure de la base de données au nouveau fonctionnement de la banque de semences. FORMATION ET FAIRE SAVOIR Deux collaborateurs du groupe «Conservation» du secteur CoSI ont pu bénéficier d un stage de formation de 2 semaines aux Kew Gardens dans le domaine de la culture in vitro (laboratoire de culture des orchidées terrestres) et de la banque de semences (Millenium seed bank). Le livre du Forum biodiversité «Evolution de la biodiversité en Suisse depuis 1900», auquel nous avons participé pour le chapitre concernant l urbanisation, a été publié en avril. La rédaction de cet ouvrage a été entreprise à l occasion du «compte à rebours» 2010, décidé par les signataires de la Convention de Rio en Ce livre représente donc un bilan, établi par plus de 80 scientifiques et experts à l intention des non initiés, de l évolution de la biodiversité en Suisse depuis un siècle et sur ses perspectives d avenir. A l occasion de la manifestation Swifcob (Swiss Forum on Conservation Biology) 2010, qui, en cette année de la biodiversité, avait une ampleur inhabituelle, la banque de semences des CJB a été présentée dans la session Posters. Dans le cadre des activités de la Commission pour la protection des plantes sauvages (CPS), un exposé a été donné lors d un atelier consacré à la délicate problématique des semis de plantes indigènes à Natura Basel 2010 (dont le thème était cette année la biodiversité). La collaboration à la publication de l Atlas floristique du canton de Genève s est également poursuivie cette année, l ouvrage devant paraître début La Coordination romande pour la sauvegarde de la flore a effectué son excursion annuelle à Genève. Les participants ont pu avoir un aperçu des mesures de gestion entreprises dans les réserves naturelles et des projets de sauvegarde d espèces menacées, menées en collaboration entre la DGNP et les CJB dans la région entre Arve et Lac. Par ailleurs, chaque année, 2 visites sont organisées dans le cadre des variations botaniques. La visite du 18 mai a eu lieu le jour du Plant Conservation Day et les visiteurs ont été sensibilisés à la problématique des semences indigènes lors de la mise en place de prairies ou de gazons. Il leur a été distribué des portions de graines de prairie fleurie à base de semences régionales pour les inciter à contribuer eux-mêmes à la sauvegarde de la biodiversité végétale locale. LES CJB DANS UN RÉSEAU DE COLLABORATIONS En matière de conservation, les CJB collaborent à Genève avec la DGNP et l HEPIA; sur les plans suisse et international avec la CPS (présidence) et le CRSF (présidence), mais aussi avec: Botanic Gardens Conservation International (BGCI), la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d extinction (CITES), le Forum biodiversité, Hortus botanicus helveticus (HBH), Pro Natura, Pro Specie Rara (PSR), l Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), World Wildlife Fund (WWF), etc. FINANCEMENTS EXTÉRIEURS POUR 2010 La Direction générale de la nature et du paysage du canton de Genève a financé, à raison de CHF , la publication de La liste des sites et espèces prioritaires du canton de Genève. POUR EN SAVOIR PLUS De nombreux projets de recherche des CJB incluent des aspects liés à la conservation, notamment au niveau international. On trouvera dans le chapitre «Projets de Recherche» (pp ) davantage de détails sur certains de ces projets, et en fin de rapport sous «Activités 2010» en p. 58 la liste des projets concernant le groupe «Conservation» du secteur CoSI. Iris jaune (Iris pseudacorus)

20 36 Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève Rapport 2010 Conserver Explorer Rechercher Protéger Transmettre 37 LES SYSTÈMES D INFORMATIONS SUR LA BIODIVERSITÉ Quelque d échantillons d herbier à gérer, environ spécimens cultivés à entretenir, plus de 80 projets de recherche à mener: l ensemble de ces activités engendre un nombre important de données à organiser, conserver, exploiter et transmettre. Le secteur Conservation et Systèmes d Informations a pour mission d assurer la mise à disposition d un environnement informatique permettant la réalisation de ces tâches. Distribution par continent des échantillons saisis dans le SIBG Evolution de la saisie annuelle des échantillons dans le SIBG ABSTRACT The CJB have two major information systems: the Geneva s Botanical Information System (SIBG) for the management of living collections, herbarium and scientific projects and the Green Heritage Information System (SIPV) for the integration of the knowledge on plant biodiversity in the canton of Geneva. The SIBG s structure has been adapted to integrate data related to the management of the seed bank. Two new websites are available: a draft catalog of Swiss s lichens and a complete synopsis of isolated trees outside forests in the canton of Geneva. The common tool used for the census of these trees is now available to partners for the inventory of the flora of the canton. The model of automated mapping of natural environments developed by the SIPV team has been applied to a municipality and throughout the canton of Geneva. ORGANISER ET CONSERVER DE L INFORMATION Notre première mission consiste à faciliter la saisie et assurer l organisation et la pérennité des données. C est dans cette perspective que des systèmes d informations spécifiques ont été développés: > le «Système d Informations Botaniques de Genève (SIBG)» pour la gestion des collections vivantes, des herbiers et des projets scientifiques; > le «Système d Informations du Patrimoine Vert (SIPV)» pour l intégration des connaissances sur la biodiversité végétale du canton de Genève ( Gestion de la banque de semences Depuis janvier 2008, la gestion des collections vivantes («Catalogue du jardin») a été intégrée au SIBG volet «JIC» (Jardin Index seminum Conservation). Outre le suivi des collections dans le jardin, cette application permet également la gestion du catalogue de graines et de la banque de semences. Aujourd hui, avec la mise en œuvre d un projet de «banque de semences» à l échelle cantonale, voire nationale un projet porté par le pôle «Conservation» du secteur Conservation & Systèmes d Informations la structure du SIBG a dû être adaptée: y sont maintenant intégrées les informations liées aux tests de germination et de viabilité, ainsi qu à la multiplication et au stockage des semences. Après les arbres, la flore sauvage Dans le cadre du volet «Inventaire Cantonal des Arbres (ICA)» du projet SIPV, une méthode commune de recensement des arbres a été définie et un outil de saisie nomade a été proposé à l ensemble des partenaires intervenant sur le terrain. En parallèle, un système de gestion du flux des informations a été mis en place afin de garantir la cohérence des données et leur rapide mise à disposition. Fort du succès rencontré, le projet SIPV propose aujourd hui le même type d environnement pour faciliter le recensement de la flore sauvage et la circulation des observations entre les organisations concernées (canton, communes, Centre du réseau suisse de floristique, etc.). EXPLOITER ET TRANSMETTRE L INFORMATION Notre deuxième mission consiste à permettre l exploitation et la diffusion des données. C est pourquoi nous participons activement aux processus de publication, que ce soit sous forme papier ou via internet ( Le SIBG en quelques chiffres Type de données Nombre total Nombre d enregistrements Augmentation en d enregistrements saisis en 2010 une année Noms latins de plantes % Noms de personnes % Autorités de noms latins % Collecteurs ou groupes de collecteurs % Noms de localités % Echantillons d herbier % Echantillons de l herbier de Candolle (G-DC) % Echantillons types % Images en lien avec des échantillons % Spécimens en culture (dont 147 morts dans l année) - 0,5% Le catalogue des lichens de Suisse sur le Net Depuis 2004, date de parution d un premier «Catalogue des champignons lichénisés de Suisse», on constate que les connaissances sur la fonge lichénique de notre pays sont en constante évolution: en cinq ans, le nombre de taxons reconnus pour la Suisse est ainsi passé de 1650 à 1700! Un tel catalogue en version papier devient donc rapidement obsolète au fil des années après sa publication et la nécessité de mettre une version électronique de ce catalogue on line sur le Web devient une évidence: une mise à jour régulière à moindre frais et une possibilité de consultation sur le Web partout dans le monde sont les avantages principaux par rapport à la version papier. Les données fournies par ce catalogue sont basées uniquement sur les localités suisses mentionnées dans la littérature scientifique. Pour chaque espèce, les informations suivantes sont mentionnées: nomenclature (avec synonymie), substrat, distribution altitudinale, distribution géographique, remarques éventuelles et littérature.