Habitat et modes de vie

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1 Décembre 2012 Habitat et modes de vie Tome 1 Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées Une riche littérature existe sur les relations entre habitat et modes de vie. Nous présentons ici une synthèse générale de travaux émanant d acteurs scientifiques et de professionnels. Quartier de La Duchère à Lyon, avenue Rosa Parks RUCH M-P./Agence d urbanisme de Lyon

2 Sommaire Introduction Etudier et comprendre un phénomène complexe Modes de vie, mode d emploi : essai de définition L habitat au fil du temps Des transformations sociales qui s accélèrent Au-delà du logement : de l habitat à «l habiter» Au cœur d un «sociosystème» Usages et sens des lieux La construction du «chez soi» Vers de nouvelles solutions Quatre travaux récents d Agences d Urbanisme Mieux adapter l offre aux besoins Une transformation progressive des politiques d habitat Conclusion Bibliographie sélective Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

3 Introduction La réflexion sur l habitat est depuis longtemps partagée par plusieurs disciplines aux champs multiples : l architecture et l urbanisme dans la conception du logement et de la ville, les sciences de la nature à travers l approche écologique, puis les sciences humaines. Ces dernières perçoivent souvent le logement comme un microcosme, une version miniature de la société. Les sociologues et les urbanistes s affairent particulièrement à cette démarche réflexive depuis ces vingt dernières années. L habitat a toujours été pensé en relation avec les modes de vie correspondant à une époque et à un groupe social donnés. Mais la seconde moitié du XXème siècle a vu l émergence d un certain nombre de phénomènes sociaux dont l influence sur les usages et pratiques du logement a engendré une diversification des parcours, des relations sociales et des aspirations liées à l habitat. Certains de ces phénomènes étant en accélération, l univers référentiel des professionnels du logement est bouleversé par cette transformation de la demande et par ces nouveaux besoins. Les travaux en sciences humaines et en urbanisme opérationnel apportent un cadre théorique qui permet, d une part, d établir un cadre de référence sur la définition et l étude des «modes de vie», et d autre part qui amène à aller au-delà de la conception actuelle professionnelle et politique du logement pour considérer les notions d habitat et d «habiter», plus appropriées. Enfin, plusieurs Agences d Urbanisme en France ont déjà exploré le sujet en apportant souvent les mêmes constats. Nous en résumons les grandes lignes. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 3

4 4 Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

5 1. Etudier et comprendre un phénomène complexe Rue de la mairie à Feyzin. Ruch M-P./Agence d urbanisme de Lyon. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 5

6 1.1 Modes de vie, mode d emploi : essai de définition Parler de «modes de vie» peut mobiliser un large éventail d interprétations possibles. La sociologie facilite la création d un cadre commun de référence et propose des définitions plus précises. Idées forces Différentes disciplines s intéressent de longue date à l habitat et à sa relation aux modes de vie. Celle-ci tend à se complexifier sous l effet d une certain nombre de phénomènes sociaux récents et/ou en développement. Nous synthétisons, pour commencer, les principaux travaux réalisés sur la question. Piétons av. Jean Jaurès, Gerland, Lyon 7ème. Ruch M-P./Agence d Urbanisme de Lyon. Une notion polysémique La notion de «modes de vie» peut recouvrir une multitude de significations. Nous retiendrons pour cette étude quatre dimensions interprétatives issues des approches développées en sciences humaines. Les modes de vie «objectivés» La dimension la plus commune et la plus accessible consiste à relever des caractéristiques quantifiables, essentiellement par l étude démographique. L analyse statistique de ces données permet la catégorisation de groupes sociaux selon une multitude d indicateurs croisés. Dans notre cas, ces modes de vie «objectivés» révèlent par exemple l évolution de la composition des ménages, du nombre d enfants ou du statut d occupation. Cette première dimension est massivement mobilisée par les institutions publiques à la fois pour son caractère «objectif» et pour sa facilité d accès. Certains domaines tels que le marketing créent et perpétuent des systèmes de représentations cadrés par une forme de catégorisation en fonction des comportements consuméristes. Les modes de vie «rationnels» La seconde dimension relève des modes de vie «rationnels» : un individu est doté d une capacité à construire une stratégie d action et de comportement dans l objectif d atteindre une finalité. Un habitant est ainsi capable de construire des «choix résidentiels» au long de sa trajectoire sociale. Ces stratégies ne sont pas uniquement composées d aspirations. Elles prennent en compte un certain nombre de facteurs déterminants et s adaptent à la réalité du marché. Les modes de vie «intériorisés» Les modes de vies peuvent également être «intériorisés». Cette dimension correspond au cadre socioculturel dans lequel évolue l individu. En d autres termes, il s agit de modes de vie reproduits en fonction de facteurs déterminants tels que son appartenance sociale ou ses modes de socialisation (essentiellement scolaires). Cet «habitus» renvoie à la prédétermination des choix par l application inconsciente d un schéma «culturel» intériorisé, à l insu de Les choix résidentiels «Désigne tout ce qui concerne le choix de localisation, du type architectural, du mode de financement et du statut de son logement. Le choix résidentiel, ainsi entendu, est un acte important dans l histoire d un individu. Les enjeux économiques sont en général considérables et leurs implications sur la vie professionnelle, familiale, sociale, souvent de longue durée.» SEGAUD M., BRUN J., DRIANT J.- C., Dictionnaire critique de l habitat et du logement, Paris, Armand Colin, 2002, p Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

7 l individu. L aspiration à la maison individuelle, par exemple, a longtemps reflété le modèle culturel dominant de l ascension sociale par la propriété. Les modes de vie «imposés» La dernière dimension invite à considérer les modes de vie «imposés» relevant de contraintes extérieures, essentiellement macrosociologiques. Le contexte socioéconomique, par exemple, ne doit pas être éludé dans l étude des modes de vie de l habitat, notamment pour sa valeur hautement contraignante (ou avantageuse pour certains) dans l élaboration des choix de vie. En l occurrence, le marché du logement, engendre certaines dispositions à considérer lorsque l on travaille sur les trajectoires résidentielles (cf. pp ). Un «héritage collectif» Ces quatre dimensions sont en constante interaction. Ce sont ces entrecroisements de facteurs et d options dont l individu dispose qui perpétuent et développent les sociétés. Les modes de vie peuvent donc être le résultat intentionnel des choix de vie d un ménage ou encore d une stratégie construite en fonction des possibilités offertes. Mais toute réflexivité individuelle est néanmoins préalablement déterminée par un «héritage collectif» inconscient et soumise à des contraintes socioéconomiques externes (cf. figure 1). Idées forces Les «modes de vie» ne peuvent être résumés à de simples «façons de vivre». Leur définition est complexe et mobilise plusieurs dimensions interprétatives. Les modes de vie «objectivés» désignent, par exemple, l évolution de la structure familiale en lien avec le type d habitat. Les modes de vie «rationnels» englobent les stratégies mises en œuvre par les ménages pour atteindre un but précis. Les modes de vie «intériorisés» se réfèrent aux règles et aux normes incorporées par les individus. Les modes de vie «imposés» font enfin état des contraintes extérieures, essentiellement macrosociologiques. Ces sphères ne sont pas distinctes et s interpénètrent à travers des interactions permanentes. L habitus «Il fonctionne comme un ensemble de schèmes, intériorisés, capables de susciter et d orienter l ensemble des pratiques [ ], une façon de faire et de penser propre à une société ou un groupe [ ]. En ce sens, écrit Bourdieu, l habitus est ce qui va «transformer l héritage collectif en inconscient», en structures inconscientes génératrices de comportements spécifiques dans une infinité de contextes.» CHAMPAGNE P., CHRISTIN O., Pierre Bourdieu, une initiation, Lyon, éd. PUL, 2012, pp Figure 1 : Des stratégies résidentielles conditionnées par des déterminismes socioéconomiques et culturels. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 7

8 1.2 L habitat au fil du temps Entre aspirations et contraintes, l habitat a toujours été l expression des modes de vie d une société donnée. Idées forces A travers l histoire, le logement est révélateur des configurations socioculturelles de la société dans laquelle il se situe. C est donc un excellent indicateur des modes de vie. Dès la préhistoire, l habitat est approprié de manière à spatialiser la distinction des tâches domestiques. Durant la période antique, on observe pour la première fois un habitat urbain où nait la différenciation entre l espace public et la sphère privée. Le territoire des fonctions domestiques «Dis-moi comment tu habites, je te dirai qui tu es» De tout temps, l habitation fut façonnée à la fois par des déterminismes sociaux et par des choix individuels, faisant de l étude du logement, de sa conception et de son agencement, un révélateur hors pair des «modes de vie» d une société donnée. «Au-delà des conformismes sociaux qui se reflètent souvent dans le décor des lieux habités, [ ] la structure des relations familiales et interindividuelles d une société s inscrit dans le plan des habitations qu elle produit»¹. Un bref regard historique nous permet en effet de constater les changements organisationnels de l habitat au fil des grandes évolutions de nos sociétés. Dès l époque préhistorique, l évolution des modes de vie influence, voire permet la conception de l habitat. Le rapport à l environnement et son exploitation en est le principal élément déclencheur qui, en distinguant la chasse de la cueillette, opère la toute première distinction des rôles domestiques. Cette évolution se poursuit jusqu au paléolithique à travers l apprentissage de l agriculture qui renforce la distinction des tâches domestiques entre les sexes, distinction qui trouve son ancrage dans l espace habité. L Oïkos, le domus et l insulae L habitat antique se caractérise par la sédentarisation des sociétés, qui mène au développement de villages, puis de villes, voire de cités. Ces nouveaux rapports sociaux qui deviennent «urbains», engendrent un phénomène de «domiciliation» : le logement acquiert une importance au point de jouer un rôle dans les relations sociales. Les cités helléniques, puis latines, sont politiquement marquées par la «chose publique», d où nait pour la première fois cette séparation de l espace public et de l Oikos, la sphère privée attachée à l univers domestique. Chez les Romains, la domus incarne un modèle particulier d un processus de domiciliation par le statut qu elle confère à son propriétaire : celui-ci affiche dans la rue ses responsabilités civiques grâce à l architecture de sa villa. L habitat populaire, l insulae, est constitués d immeubles de quatre à cinq étages où cohabitent plusieurs locataires. «Citant les fouilles du site de Malta en Sibérie, Leroi-Gourhan [1964] souligne l existence d un feu collectif pour les hommes et d un foyer pour chaque femme, d une hutte pour les couples, les fillettes et les adolescents, une séparation de l extérieur et de l intérieur, du propre et du sale. [ ] La maison du paléolithique porte les traces d une division des tâches entre les sexes, de «coins» dédiés à chaque type d activité, et d une appropriation de l espace. Cette construction en dur exprime la division des fonctions techno-économiques, les rapports de sexe, les rythmes de vie et la relation au sacré.» FIJALKOW Y., Sociologie du logement, Paris, La découverte, 2011, p. 8 La maisonnée médiévale La longue période du Moyen-Age a vu l idée d un espace privé propre à la vie domestique disparaitre par l attachement de la maison au travail. Celle-ci est constituée d une grande salle commune à usages multiples : elle fait office d atelier, de chambre, de salle ¹ ELEB M., «L habitation entre vie privée et vie publique», in SEGAUD M., BONVALLET C. et BRUN J. (dir.), Logement et habitat : l état des savoirs, Paris, éd. De la Découvert, Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

9 à manger, etc. D ailleurs, la maison n accueille pas qu une famille nucléaire, souvent consanguine : en plus de la famille étendue, serviteurs et compagnons d ateliers sont souvent hébergés. La naissance de l espace privatif Le développement de la société bourgeoise apporte au XVIème siècle un bouleversement majeur dans la conception de l habitat à travers l avènement de l individu et de l intime. Une nouvelle architecture étant portée par un groupe social avant-gardiste fut conçue afin d opérer une séparation entre les membres de la famille afin de s assurer un espace personnel, mais également afin de s éloigner des domestiques. C est alors que l on conçoit pour la première fois l idée d une vie privée, que l on retrouve dans l architecture interne au logement, notamment dans la construction des hôtels particuliers, avec une partie pour les domestiques, une autre pour les appartements privés, et un espace «public» de réception : l art de la distribution est né. L urbanisme haussmannien C est au XIXème siècle, avec l entrée dans l ère industrielle et la division sociale du travail, que le logement devient un espace privatif à part entière. Le travail devenu un élément très structurant du quotidien, «la maison devient le lieu du «ressourcement», de la détente, avec cette possibilité rare de mettre à distance la société et de se mettre à l écart du jeu social»¹. Il s opère donc un cloisonnement rapide du monde domestique comme un pan entier de la vie sociale, mais marqué par la distinction du monde professionnel voire simplement extérieur. L époque dans laquelle nous vivons est depuis lors imprégnée d une séparation nette historique entre la vie privée et l espace public. Au XIXème siècle, l éloignement du lieu de travail et de l habitat participe à une forte densification des logements populaires, ce qui crée des conditions de vie insalubres au sein de ces Cours de la liberté, Lyon 3ème. Guy F./Agence d urbanisme de lyon. «immeubles de rapports». L absence de sanitaires et de luminosité, ainsi que le surpeuplement finit par gagner les discours politiques critiques du moment. Alors que la question du droit au logement voit ses premiers jours, la prise en charge des problématiques urbaines liées à l habitat par le politique dans la seconde moitié du XIXème siècle, donne naissance à un Etat planificateur qui, selon certains, fait du Baron Haussmann le premier urbaniste. L influence de Le Corbusier Le logement du début du XXème siècle caractérise l urbanisme moderne par l influence du taylorisme et son organisation scientifique du travail. L architecture, gagnée par ce mouvement, en vient à introduire des méthodes de perfectionnement du logement. Le Corbusier et sa cuisinelaboratoire en fournit un bon exemple avec l introduction de son «modulor». «La cuisine-laboratoire imaginée de Le Corbusier, inspirée par les hygiénistes, est un lieu fermé de l extérieur, sans fenêtre en raison de la ventilation mécanique, sans table ni chaise, pour ne pas perdre de temps»². Idées forces Au Moyen-Âge, l espace domestique est largement dominé par une vie collective de labeur : l habitat est essentiellement centré sur une pièce commune à usages multiples. C est à partir de la renaissance que l on développe une conception de l espace domestique comme lieu individuel et privé. Le logement est donc organisé en conséquence : c est ce que l on appelle la «distribution». Le XIXème siècle porte la séparation des espaces privés et publics à son apogée. Mais la densification urbaine, cause d insalubrité, contraint l Etat à planifier la ville : l urbanisme est né. Le mouvement hygiéniste qui apparait alors consiste à concevoir un logement adapté aux besoins universels de l homme. ¹ ELEB M., «L habitation entre vie privée et vie publique», in SEGAUD M., BONVALLET C. et BRUN J. (dir.), Logement et habitat : l état des savoirs, Paris, éd. De la Découvert, ² FIJALKOW Y., Sociologie du logement, Paris, La découverte, 2011, p. 11. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 9

10 Le «modulor» «L urbanisme moderne est un urbanisme de masse et d urgence. Il ne travaille pas pour le prince, mais pour le commun, pour le plus grand nombre. Il se prend d ailleurs à modéliser une sorte d homme type dont les besoins sont très succinctement typifiés. Ses mensurations servent d échelle de référence, de module (le «modulor» de Le Corbusier).» TRIBILLON J.-F., L urbanisme, Paris, La découverte, 2002, p. 85. Idées forces Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France connait une pénurie de logements qui contraint les pouvoirs publics à traiter l urbanisme en priorité. 8,5 millions de logements sont construits en l espace de deux décennies, notamment par la réalisation des «grands ensembles», basés sur un modèle fonctionnaliste. Ce cadre «dirigiste» et «éducatif» constate son échec devant la fracture sociale engendrée par les «machines à habiter» au cours des années Une priorité politique La seconde guerre mondiale marque une rupture au sein d un grand nombre de disciplines, de la sociologie aux sciences économiques en passant par l urbanisme et l architecture. Les bouleversements politiques d une nouvelle République aux engagements prometteurs apportent un renouveau économique dans un climat de reconstruction du pays. Au lendemain de la guerre, la France connait une grande pénurie de logements suite aux destructions liées au conflit, mais aussi en raison de la vétusté du parc subsistant et, par-dessus tout, une nouvelle grande vague d exode rural combiné à l explosion démographique citadine due au «baby-boom» et à l arrivée d une main d œuvre immigrée sollicitée par la reconstruction. «Volontaire, mais néanmoins forcé à intervenir dans l urgence, étant donné l immensité des besoins, l Etat fait de l urbanisme une prérogative, et propulse la question du logement au rang de priorité absolue à partir de »¹. Des «machines à habiter» Dans ce contexte d une production de logements très politisée, il se développe un impératif de planification portée par une tendance dirigiste et «éducative» qui vise à rationaliser l habitat collectif en termes de productivité et d efficacité sociale. «Cet urbanisme moderne ou progressiste, car en totale rupture avec les modes de faire conventionnel de la ville, prône l autonomie du bâti et la séparation des fonctions urbaines : à chaque espace, une fonction spécifique, de manière à organiser le bien-être de l homme»². Cette façon de concevoir le logement collectif de grande envergure en périphérie des villes s exprime par la volonté de construire des «machines à habiter» pour reprendre l expression de Le Corbusier, devenu l inspiration historique de ces «grands ensembles». L ère du fonctionnalisme qui s étale sur deux décennies a ainsi vu la France construire 8,5 millions de logements. La fin d un modèle Aux alentours de 1968, l année de toutes les contestations, cette tendance architecturale commence à être questionnée par la communauté intellectuelle qui y voit une conception réductrice de «l habiter» à travers cette démarche «hygiéniste» d un logement rationnalisé. Alors que les années 1960 correspondent à l apogée du grand ensemble constitué de «tours» et de «barres», l idée de véritable progrès social que véhicule le modèle fonctionnaliste connait un renversement auprès de l opinion qui considère de plus en plus ses tendances uniformisés Le grand ensemble «Même s il n existe pas, à proprement parler, de définition juridique, dans le milieu professionnel comme dans l opinion publique, on le définit habituellement comme un groupe d immeubles de grandes dimensions, comportant au minimum quatre niveaux au-dessus du rez-de-chaussée et pouvant cinq cent et plusieurs milliers de logements. La monofonctionnalité est donc totale, ou presque, si l on tient compte de la présence éparse de quelques équipements collectifs somme toute élémentaires (école, centre commercial).» SEGAUD M., BRUN J., DRIANT J.- C., Dictionnaire critique de l habitat et du logement, Paris, Armand Colin, 2002, p Réhabilitation des tours de Monmousseau, Vénissieux. Guy F./Agence d urbanisme de Lyon. ¹SEGAUD M., BRUN J., DRIANT J.-C., Dictionnaire critique de l habitat et du logement, Paris, Armand Colin, 2002, p ² Ibid., p Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

11 comme une entrave à la liberté individuelle dans l appropriation du logement. Face à la fracture sociale constatée devant la stigmatisation et à la disqualification grandissante de ces opérations, la circulaire Guichard du 21 mars 1973 «relative aux formes d urbanisation dites «grands ensembles» et à la lutte contre la ségrégation sociale par l habitat» décrète la fin des grands ensembles et instaure un cadre restrictif architectural, notamment en termes de taille. Il s agit désormais de «répondre plus efficacement aux aspirations à une meilleure qualité de l habitat et de l urbanisme, et de lutter contre le développement de la ségrégation sociale par l habitat»¹. Le Sous Péret à Genas. Brun P./Agence d urbanisme de Lyon. L ascension sociale par l habitat A partir des années 1960, beaucoup d études ont également exploré un autre phénomène nouveau, mais qui est demeuré constant. En effet, l accession à la propriété est rapidement devenue le modèle résidentiel dominant en France. L idéologie pavillonnaire développée en parallèle à l utopie du grand habitat collectif, contribue encore de nos jours à entretenir l idée de la propriété d une maison individuelle comme un aboutissement social. La remise en question du logement collectif et de la densité urbaine a engendré un certain discours critique à l égard de la précarisation des populations résidant en grands ensembles, discours qui contribue à la construction d un modèle résidentiel «ascendant» qui promeut l accession à la propriété, et notamment en maison individuelle comme une réponse aux besoins d autonomie, de liberté en matière de modes de vie et, surtout, comme un vecteur de réussite sociale. Le pavillon, une réponse? Or, depuis une cinquantaine d années, ce modèle résidentiel véhicule d une part des idées reçues auprès des institutions et des professionnels, et impose d autre part auprès des individus l accession comme finalité et comme seule réponse à leurs aspirations. Car bien qu il relève d une impulsion idéologique d origine anglo-saxonne, l impact d une telle standardisation est considérable. Il existe tout un discours du marketing de la maison individuelle qui s est construit sur un «besoin» d ancrage identitaire dans un monde incertain et insécuritaire. «La maison individuelle périurbaine serait devenue la réponse à une aspiration à la tranquillité, permettant de mettre à distance le voisinage, et d établir un «tri social» dans le cadre d un système de relations «affinitaires», d urbanité sans citadinit黲. Un combat idéologique Il faut dire que l habitat pavillonnaire est, depuis son apparition, au cœur d un débat technico-politique acharné dont les arguments n ont toutefois jamais fait pencher la balance plus d un côté que de l autre. Les défenseurs de la maison individuelle remettent en cause une culture «collectiviste» trop marquée par un projet républicain-holiste visant à soumettre le «vivre-ensemble» à un espace public pensé, conçu sur mesure dans un souci d intérêt général. C est donc contre une vision «pastorale» d un Etat planificateur que l habitat pavillonnaire est défendu¹. Les critiques de «l utopie pavillonnaire» sont également imprégnées d un certain discours politique construit sur des arguments tout autant «traditionnels» qui perpétuent le débat sur un habitat partagé entre individualisme et collectivisme. La principale remise en cause du pavillon de périphérie concerne bien-sûr son caractère idéologique qui instaure un modèle jugé trompeur de l accession à la propriété individuelle comme finalité sociale. Ce «rêve» amène beaucoup de ménages à associer la maison individuelle à un niveau de vie supérieur et à s endetter par déterminisme social du fait de ce modèle dominant. Idées forces Un autre grand modèle est resté dominant depuis : l accession à la propriété d un logement pavillonnaire. Il représente la maison individuelle comme un aboutissement social. Ancré dans un débat idéologique opposant pensées individualistes et «collectivistes», le pavillon est promu comme un logement laissant libre-court à l appropriation de l espace. Il est cependant qualifié «d utopie» par certains qui y voient une rupture de la cohésion sociale urbaine. ¹Journal officiel de la République Française. 5 avril 1973 page Circulaire du 21 mars 1973 relative aux formes d urbanisation dites «grands ensembles» et à la lutte contre la ségrégation sociale par l habitat, in VAN DE WALLE I. et BRITTON M., «La mobilisation des entreprises dans la politique de développement économique des zones urbaines sensibles, éd. CREDOC, ² VERNAY F., «Comment se construisent les désirs d habiter?», in Conseil Français des Urbanistes, Désirs d habiter, Paris, éd. ADIFF, 2004, p. 45. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 11

12 Le pavillon «Le pavillon est une maison individuelle urbaine ou suburbaine, entourée d un jardin, par opposition à la fois à l immeuble collectif des villes et à la maison rurale.» HAUMONT N., Les pavillonnaires, Paris, L Harmattan, 2001, p. 13. Idées forces L habitat pavillonnaire peut être perçu comme une solution par l individu mais ne représente pas nécessairement une réponse à ses aspirations réelles en matière de modes de vie. Au-delà des grands modèles, les réflexions récentes invitent de plus en plus à raisonner en termes de trajectoires et de choix résidentiels. Cela permet d explorer l habitat par l étude des modes de vie qui s y déploient le long des étapes biographiques d un ménage. La maison individuelle domine toujours les aspirations résidentielles car elle offre une plus grande adaptabilité de l habitat aux modes de vie. Au-delà des polémiques Mais mise à part la confrontation quelque peu militante de ces deux courants, des chercheurs en sciences humaines ont fini par fournir une explication un peu plus complexe des réalités de l habitat. Après plusieurs générations d urbanistes et d architectes partagés entre le logement collectif et la maison individuelle, les professionnels de l habitat s interrogent de plus en plus sur la question des aspirations des individus, non pas en termes de grands modèles, mais en termes de trajectoire et de choix résidentiels. Le premier constat, souligne le fait que, malgré la passion déployée au service de l habitant par beaucoup de professionnels, et bien que beaucoup de concepteurs élaborent ingénieusement des logements afin de répondre aux modes de vie des habitants, ces derniers se trouvent loin des débats intellectuels et techniques qui, pourtant, façonnent leur quotidien¹. Etudier les modes d habiter du point de vue des trajectoires et des choix résidentiels révèle au contraire des systèmes de valeurs divers et des aspirations soumises à l évolution accélérée de nouveaux phénomènes sociaux. Si la maison pavillonnaire connait toujours un grand succès, ce n est vraisemblablement pas dans la poursuite d un idéal social, mais plutôt parce que ce type de logement permet une plus grande adaptabilité aux modes de vie dans sa conception et dans son agencement. Et cette caractéristique offre donc la possibilité de répondre aux trois tendances fondamentales liées aux besoins de l habitat : la nécessité d appropriation de l espace (la constitution du «chez soi»), son agencement socialisateur (la distribution du logement en fonction des aspirations familiales) et l adaptation des déterminismes socioculturels (répartition privé/public, prix accessibles ). Selon beaucoup d enquêtes, ces tendances fondamentales semblent plus facilement frustrées en logement collectif. L habitat dans l air du temps «Les définitions successives de la sphère du privé, l émergence d une convivialité familiale reconnue et valorisée en tant que telle, la maitrise de plus en plus grande des rapports publics dans l habitation sont liées aux caractéristiques des relations interindividuelles privilégiées par chaque société. Les sensibilités évoluent et les objets et dispositifs spatiaux matérialisent ces évolutions et les perpétuent, en faisant découvrir à tous de nouveaux plaisirs, notamment celui de chez soi, et en transformant ces désirs en besoins. La structure de l habitation est un objet de civilisation qui devrait donc évoluer en même temps que nos usages, nos habitus [Mauss, 1960], des turbulences de nos vies et de nos plaisirs.» ELEB M., «L habitation, entre vie privée et vie publique», in SEGAUD M., BONVALLET C., BRUN J., Logement et habitat, l état des savoirs, Paris, La Découverte, Maison mitoyenne à Bourlione, Corbas. Sabaterie G./Agence d urbanisme de Lyon. ¹ GENESTIER P., «L inscription urbaine de l habitat individuel, une maison pour chacun, mais quelle ville pour tous?», in INUDEL-SGAR-CERTU, L habitat face aux évolutions des modes de vie : vers un urbanisme de la maison?, éd. EPIDA, Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

13 1.3 Des transformations sociales qui s accélèrent La période des trente glorieuses apporte de nombreuses reconfigurations des rapports sociaux et des modes de vie. L habitat se présente en «vitrine» de ces évolutions au fil des décennies d après-guerre. Des bouleversements de grande ampleur Quelle que soit l approche disciplinaire empruntée dans l étude des modes de vie, de grands phénomènes sociaux sont identifiables et quantifiables par l outil statistique. Situés dans un contexte économique et social favorable, les modes de vie tels que nous les avons définis sont fortement impactés par des phénomènes «macrosociologiques» qui façonnent encore l habitat et les modes d habiter de nos jours. En 1992, Yvonne BERNARD¹ relevait plusieurs phénomènes majeurs. La modification du groupe domestique Il s agit d une évolution principale des modes de vie liés à l habitat depuis les années On observe essentiellement une diminution nette du nombre de familles nombreuses, et une augmentation lente mais constante des familles à composition variable en fonction des divorces et des remariages, comme, par exemple, les familles monoparentales. En outre, on constate de plus en plus de modes de cohabitation de ménages non mariés. Ces évolutions s opèrent dans un climat d augmentation générale de l espérance de vie, ce qui allonge de manière significative les parcours résidentiels et contribue à la diversification des profils. La diminution du temps de travail Les lois successives sur l encadrement et la diminution du temps de travail, notamment le passage aux 35 heures voté en 1998, ont engendré un gain de temps libre, la plupart du temps passé au domicile. Des enquêtes du début des années 1990 montrent que celui-ci est essentiellement consacré à l écoute de la télévision². De plus, l assouplissement du temps de travail permet un accès plus facile aux services durant la semaine. Ainsi les parents peuvent-ils de plus en plus encadrer la vie scolaire et extrascolaire de leurs enfants durant les jours de travail. Certaines activités professionnelles ne disposent cependant pas encore d une telle souplesse. La généralisation de l activité féminine salariée Le développement de l accès des femmes au marché de l emploi a eu un impact majeur sur les modes de vie liés à l habitat. Le temps consacré aux tâches domestiques par les femmes est de fait amoindri et engendre un autre phénomène: la redistribution des rôles domestiques. Mais bien que les femmes travaillent pour 70% d entre elles, elles demeurent beaucoup plus exposées à une activité partielle ou au chômage. Idées forces La fin du XXème siècle connait de profondes évolutions socioéconomiques et culturelles. Les modes de vie se trouvent bouleversés, notamment en matière d habitat. Les profils des ménages sont de plus en plus diversifiés, avec l augmentation des divorces et remariages, entre autres. La diminution du temps de travail engendre également un gain de temps libre. La généralisation du travail salarié féminin reconfigure par ailleurs les rôles domestiques. Pratiques et déterminismes «Prévoir le futur à partir de la connaissance que l'on a des pratiques d'aujourd'hui suppose que l'on accepte l'hypothèse d'une logique des pratiques, que l'on peut interpréter par référence à un certain nombre de variables qui caractérisent l'individu ou le ménage. Cette compréhension et cette évaluation des déterminismes doit permettre d'anticiper la stabilité ou au contraire la mutation des pratiques.» BERNARD Y., «L'habitat à l'épreuve de la réalité pratique : quelques hypothèses prospectives», in DRIANT J-C., Habitat et villes: l avenir en jeu, Paris, éd. L Harmattan, ¹ BERNARD Y., «L'habitat à l'épreuve de la réalité pratique : quelques hypothèses prospectives», in DRIANT J-C., Habitat et villes: l avenir en jeu, Paris, éd. L Harmattan, ² ROY C., «La gestion du temps des hommes et des femmes», Economie et statistique, n 223, juillet-août 1989, pp Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 13

14 Idées forces Le modèle résidentiel majoritaire de la propriété d une maison individuelle comme «fin sociale» est remis en cause. Un ménage peut aujourd hui être structuré d une multitude de manières, en fonction des modes de cohabitation (famille monoparentale, famille recomposée, colocation ). Le séquençage des cycles de vie et l élargissement des échelles territoriales engendrent de nouveaux facteurs d inégalités : la mobilité et l accessibilité. Le ménage «Un ménage, au sens du recensement de la population, désigne l'ensemble des personnes qui partagent la même résidence principale, sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté. Un ménage peut être constitué d'une seule personne. Il y a égalité entre le nombre de ménages et le nombre de résidences principales.» INSEE, «Ménage (recensement de la population)», Site web: default.asp?page=definitions/menage -recensement.htm, 19/06/2012. La redistribution des rôles Du fait du travail féminin salarié duquel nait une transformation des représentations de genre, les relations domestiques évoluent. Les tâches domestiques sont davantage réparties dans le couple. On constate cependant qu une distinction perdure entre les tâches ménagères à l intérieur du foyer qui restent féminines, et le travail d entretien extérieur plus masculin. La simplification des tâches Avec la généralisation du travail salarié des femmes, le temps passé aux tâches domestiques est moindre. Les repas perdent leur dimension rituelle quotidienne, la cuisine devient une pièce conviviale où l on dine. Ce phénomène est accompagné d une démocratisation massive de l électroménager qui «facilite» la vie domestique grâce à de nouvelles technologies accessibles à tous. La crise du modèle résidentiel Depuis les années 1980, on constate une lente transformation de la composition des ménages. D une manière générale, le modèle résidentiel de la maison individuelle se trouve de plus en plus remis en question par de nouveaux modes de vie à la fois contextuels et rationnels. Bien que l idéal d accession à la propriété demeure dominant (59,8% de propriétaires en 2009¹), les parcours résidentiels ne sont plus aussi structurés par un modèle type d ascension sociale. Cette crise du modèle engendrée par les transformations citées plus haut soulève un grand nombre de nouvelles problématiques auprès des professionnels de l habitat, dont le cadre de référence est brouillé. La fragilisation de la cellule familiale La diversification des parcours résidentiels s observe avant tout par l éclatement des ménages qui multiplie de façon accélérée les modes de cohabitation. Alors que les mariages se font de plus en plus tard et se défont de plus en plus et ce au bout de quelques années seulement, les parcours résidentiels sont de nos jours marqués par des séries de ruptures qui participent au séquençage des cycles de vie. Alors que l on constate la diversification croissante des modes de cohabitation (personnes seules, familles monoparentales, familles recomposées, colocation ), la cellule familial au profil-type «parentsenfants» ne constitue plus un indicateur valide. Au fil de son parcours résidentiel, l individu opère désormais une dynamique transversale de circulation d un statut à l autre. La période durant laquelle on élève les enfants ne constitue plus qu une étape dans une vie de couple. De nouvelles étapes résidentielles sont à prendre en compte: les études, la décohabitation, une vie plus longue à la retraite Des trajectoires résidentielles plus complexes Le modèle résidentiel de l accession à la propriété a fortement contribué à une périurbanisation massive. Le rêve d un habitat individuel est toujours majoritaire, mais de nos jours, vivre en maison périurbaine n est plus forcément l étape finale de la trajectoire résidentielle. Au contraire, de plus en plus de ménages quittent le pavillon pour revenir au centre-ville, par «besoin d une sociabilité libre, typiquement urbaine, hors du confinement domestique»². Cette nouvelle mobilité résidentielle correspond d une part au séquençage des cycles de vie, fortement impactés par l arrivée des enfants, mais également aux nouveaux besoins fondamentaux propre au XXIème siècle de mobilité et l accessibilité. ¹ INSEE, SOeS, compte du logement, 2009, site web: ² PINSON D., «Pour une approche éco-ethno-urbaine de l habiter», in Conseil Français des Urbanistes, Désirs d habiter : quelles réponses des urbanistes aux nouvelles attentes des habitants, Aix-En-Provence, éd ADIFF, Paris Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

15 Des inégalités émergentes Ces deux variables n étaient pas encore prises en compte il y a une vingtaine d années, lors des premières grandes enquêtes sur les modes de vie et l habitat. De nos jours, elles constituent de nouveaux facteurs d inégalités, indépendamment d autres déterminants socio-économiques. La mobilité encadre l ensemble des modes de vie actuels, principalement en lien avec le travail. Travailler inclut de plus en plus la mobilité comme condition pour faire carrière, ce qui limite les possibilités d ancrage territorial durable. Elle est parfois même obligatoire dans certaines professions. De manière générale, les échelles s agrandissent notamment pour la vie quotidienne des individus (courses, loisirs, famille). Mais elles peuvent également s amoindrir au point de créer pour certaines populations un certain besoin de proximité. Les personnes âgées, notamment, sont les plus exposées au manque d accessibilité aux équipements et services nécessaires. Bien que le pavillon permette davantage la possibilité d appropriation de l espace domestique, l habitabilité en termes de mobilité et d accessibilité d une zone pavillonnaire devient rapidement une source de contraintes. L automobile est alors souvent le seul recours possible pour les ménages, à la fois en raison de l absence d une desserte efficace de transports en commun et de l éloignement des services et équipements ainsi que des lieux de loisirs et de consommation. Aspirations versus contraintes Compte tenu de ces différents déterminismes socioculturels, force est de constater l important cadre de contraintes dans lequel se trouve la question des modes de vie de l habitant. Les aspirations résidentielles et les choix qui en découlent sont précisément eux-mêmes très limités par ces contraintes. Partout en France, on constate un décalage considérable entre les aspirations en termes d habitat idéal, et le logement réellement habité. Les attentes mêmes d un Villas individuelles, Albigny-sur-Saône. Sabaterie G./Agence d urbanisme de Lyon. individu s en trouvent volontairement contraintes, pour rappeler le mode de vie de type «rationnel». Les choix résidentiels sont pris en fonction d un certain nombre de critères incluant préalablement ce cadre de contraintes. Entre besoin et demande Les choix résidentiels sont pour la plupart souvent effectués sur la base d un compromis entre l idéal et la réalité de l univers du logement. Alors que le critère économique est trop souvent occulté, son poids majoritaire dans les stratégies résidentielles met en lumière les aléas macroéconomiques du marché du logement. Cette dimension pèse tout autant sur les parcours résidentiels et les modes de vie que sur l urgence de l agenda politique. Ainsi est-il plus approprié de raisonner en termes de besoins plutôt La mobilité, source d inégalités que de demande, les choix résidentiels étant déterminés avant tout par l étude d un rapport «quartier/prix», soit géoéconomique. Si l on considère la flambée récente des prix du logement, les modes de vie liés à l habitat et les aspirations résidentielles des ménages trouveront des difficultés croissantes à s exprimer. Idées forces Les choix résidentiels sont effectués sur la base d un compromis entre l habitat idéal et la réalité des contraintes. Les stratégies des ménages sont confrontées aux tensions du marché du logement. Les aspirations en termes de modes de vie reposent sur un rapport «quartier/ prix» afin de répondre aux besoins de mobilité et d accessibilité tout en tenant compte des limites économiques. «Une recherche est en cours par le laboratoire LaSUR partant des constats des difficultés des personnes âgées à intégrer les rythmes imposés par les transports en commun. Des systèmes d accompagnement de ces personnes ont été imaginés par exemple dans les gares. Mais la difficulté demeure de savoir si on fait accélérer les personnes âgées, ou ralentir les transports publics. Or, pour une raison d efficacité des flux et de compétitivité, il n est pas imaginable de faire ralentir les transports publics. Du coup on a bien une confrontation de valeurs : celle de la vitesse et de l efficacité et celle d autres biens comme la convivialité et l aisance de chacun. Cette problématique nécessite de trouver de nouveaux compromis, de nouveaux systèmes d analyse.» PONS A., ADEUS «Evolution des modes de vie et transformation des territoires», les plateformes de l ADEUS, n 2, Strasbourg, éd. ADEUS, Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 15

16 Idées forces Le nombre de logements construits en France tous les ans est de en moyenne, alors que les besoins sont estimés à Le marché du logement fonctionne selon les mécanismes de l offre et de la demande, mais les stratégies des offreurs font augmenter les prix et les loyers. Les ménages subissent les tensions du marché qui voit naitre des processus de sélection des demandeurs en fonction de leur profil socioéconomique. La dimension ségrégative du marché du logement engendre des phénomènes de paupérisation ou de gentrification. Les ménages élaborent des stratégies résidentielles qui intègrent essentiellement ces contraintes économiques au détriment des aspirations en termes d habitat. Une production insuffisante et inadaptée La «crise» du logement Depuis le début des années 2000, logements sont construits en moyenne tous les ans en France. Or, On estime à le nombre de logements à construire annuellement afin de répondre aux besoins¹. La «crise» actuelle du logement se caractérise par une forte croissance des prix et des loyers. Amorcée par les transformations des ménages et des modes de vie, cette hausse des prix renforce les inégalités socioéconomiques face au logement et contribue à entraver les aspirations en termes d habitat. Un économie de marché Comme tous les marchés, celui du logement présente des logiques et des mécanismes économiques relatifs à l offre et à la demande. Cela implique deux catégories d acteurs réunis dans le cadre d un échange de biens ou de services : un vendeur/constructeur et un acheteur/acquéreur. Cette logique économique considère le juste équilibre «naturel» entre l offre et la demande. Or, le marché du logement est loin d une telle autorégulation. Il fait l objet de stratégies diverses déployées par l une des parties, le plus souvent par l offreur qui fixe les niveaux de valeurs en fonction d une concurrence imparfaite. «La production reste insuffisante et surtout inadaptée à la demande solvable : sur les nouveaux logements construits en 2005, moins de un sur quatre est compatible avec les ressources des deux tiers des Français! On anticipe malheureusement peu la demande, dont l évolution est liée notamment à l évolution de la démographie et des modes de vie. Parce que l offre est inadaptée et insuffisante, les parcours résidentiels des populations fragiles autant que des classes moyennes sont bloqués. Passer du logement social au locatif privé et à l accession constitue un pas de plus en plus difficile à franchir pour les classes intermédiaires ; et l on assiste à l éloignement croissant des ménages les plus modestes des centres-villes. Nous sommes face à une crise du logement social, certes, mais plus largement à un blocage de l ensemble de la chaîne du logement». Tensions et ségrégations Depuis les années 1990, alors que les profils des ménages se diversifient et que les modes d habiter évoluent, on constate le développement de systèmes sélectifs implicites qui renforcent les effets ségrégatifs du marché du logement. Les évaluations sociodémographiques, notamment, conduites à des fins de marketing, ont engendré certains processus d exclusions. Les déséquilibres d un marché tendu (la demande pouvant être, dans certaines zones géographiques, fortement supérieure à l offre), amène les offreurs à élaborer des mécanismes de sélection des plus grandes solvabilités. En outre, les analyses des caractéristiques d un marché évaluent les conditions d échange en fonction de la nature du bien, son confort et son équipement. Mais l environnement immédiat devient vite un facteur discriminant : la localisation géographique inclut une dimension socioéconomique qui impacte la valeur. Il en résulte parfois des phénomènes de paupérisation ou, à l inverse, de gentrification. Une faible marge de manoeuvre Dans un tel contexte, il devient difficile de raisonner exclusivement en termes de «choix» résidentiels, étant donné le niveau de contraintes extérieures que rencontrent les ménages dans leur parcours. Face à un marché aux fortes tensions et aux dimensions discriminantes, les individus développent des stratégies selon leur capital socioculturel et économique afin de répondre au mieux à leurs aspirations. L écart entre celles-ci et la réalité du marché révèle l évidence du déséquilibre social et identitaire créé par de fortes contraintes. POIDEVIN J-L., Institut Nexity, «Une nouvelle gouvernance territoriale», La revue enjeux logement, Paris, n 2, éd. Nexity, 2008, p. 9. ¹ MOUILLART M. et TAFFIN C., «Marchés actifs, tendus ou en croissance?» in. Quel habitat pour les ménages à faibles revenus?, Paris, La documentation Française, Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

17 2. Au-delà du logement : de l habitat à «L Habiter» Salon, Lyon 6ème. Wojtowicz A./Agence d urbanisme de Lyon. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 17

18 2.1 Au cœur d un «sociosystème» La notion d habitat repousse les frontières du logement et considère l individu comme l acteur central d une organisation sociale de l espace. Idées forces L idée d un «produit logement» ne permet pas, à elle seule, de prendre en considération les besoins et les aspirations réelles des ménages en termes de modes de vie. Les mécanismes économiques et politiques du marché du logement à travers les logiques d offre et de demande et de catégorisation administrative occultent certaines réalités. La notion d habitat dépasse celle du logement, trop restreinte aux seules logiques du marché. Elle implique nécessairement la prise en compte des modes de vie. Les limites du «produit logement» Prioritairement pensé à partir de sa définition économique, le logement est un produit échangé sur un marché régi par une logique d offre et de demande. Mais le fait de remettre en question les modes de vie en lien avec l habitat met en évidence les limites de cette acception trop matérielle. On constate l impossibilité de concevoir une offre de logements capable de répondre aux besoins des ménages en termes de modes de vie. Ces besoins sont constitués d aspirations socioculturelles (cf. «modes de vie rationnels et intériorisés») qui sont trop contraintes, voire sacrifiées face aux tensions du marché. L impasse de la catégorisation La demande n est donc pas totalement significative des évolutions des modes de vie, à l inverse des besoins réels. Constater une plus forte demande de colocation ne doit pas mener à la conclusion qu il existe une tendance à la colocation en termes d aspirations. Car celle-ci peut ne représenter qu une solution économique transitoire au cœur d une stratégie résidentielle, étant la plus abordable financièrement. Ensuite, les politiques du logement sont marquées par l urgence des demandes dues à la diversification des ménages et à la croissance démographique de certaines aires urbaines. Mais cette urgence, renforcée par des enjeux politiques, contraint à des catégorisations administratives très restreintes sur la base de critères sociaux comme les revenus, la catégorie socioprofessionnelle ou l origine géographique. Certains étudiants, par exemple, ne peuvent obtenir de bourse, ni l accès aux logements du CROUS, puisqu ils se situent parfois très légèrement audessus des plafonds qui définissent les catégories dites «modestes». Or, les travaux effectués depuis une vingtaine d années montrent que ces critères n abordent qu une partie des réalités de l habitat¹. Logement + modes de vie = habitat Comme présenté dans la première partie, le logement et son organisation sont intimement liés aux modes de vie qui s y déploient. La notion d habitat invite ainsi à dépasser celle du logement, trop imprégnée d une conception purement économique d un produit immobilier. Davantage que quatre murs et un toit, l habitat est beaucoup plus complexe et son étude conduit à la croisée des chemins disciplinaires différents. Les interactions avec l environnement Etymologiquement, l écologie est la science de l habitat. Bien que l écologie urbaine soit un courant relativement ancien, des travaux récents proposent une approche de l habitat comme partie d un écosystème. Cette approche consiste à élargir les échelles de représentations de l habitat. Celui-ci ne se résume pas à un espace ¹ FIJALKOW Y., Sociologie du logement, Paris, La découverte, 2011, p Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

19 intime cloisonné, protégé du monde extérieur que représente l espace public. Au contraire, l habitat s inscrit dans un système d interactions avec son environnement plus ou moins immédiat. Cet environnement est constitué d une panoplie de données qui place l habitat au cœur de relations complexes avec une dimension spatiale (contexte géographique, topographique et climatique), une dimension humaine (données démographiques, économiques et sociales) et une dimension temporelle (l évolution dans le temps) : il est au cœur d un véritable «sociosystème». Un ensemble de «choix spatiaux» Parler d habitat en tant qu «organisation sociale et spatiale de la sociét黹 amène à établir un lien étroit avec une organisation des modes de vie. Cela met en lumière l interaction entre un univers matériel et un univers socioculturel, entre la forme et l usage du lieu. Nos sociétés actuelles très marquées par la mobilité donnent d autant plus de pertinence à l analyse de l habitat que ce dernier propose l étude des agencements des différents espaces sociaux. L habitat est organisé autour d un centre caractérisé par l espace domestique, le «chez soi», mais ses frontières sont floues : il est constitué d un ensemble de «choix spatiaux»². Ces choix spatiaux sont intégrés au sein de stratégies construites par l individu dans l organisation de sa mobilité quotidienne et de sa mobilité résidentielle. Place de la République, Lyon 2ème. Guy F./Agence d urbanisme de Lyon. Un outil de mesure plus large «La notion d habitat [ ] a permis d élargir le regard porté sur le logement et d étendre le champ descriptif en prenant compte, d une part, les différentes dimensions de la relation entre l être humain et le lieu où il réside (usages pratiques, dimensions affectives et identitaires, normes et coutumes) et, d autre part, le contexte social et spatial dans lequel s inscrit le logement. [Les approches qualitatives en sciences sociales] ont été secondées par les grands développements qu a connu l analyse spatiale dès la fin des années 1980 pour tout ce qui touche à la description et la représentation des flux pendulaires. On pouvait ainsi parcourir toutes les échelles de l expérience humaine de son ancrage intime à ses déplacements quotidiens et au fil de sa vie.» PATTARONI L., KAUFMANN V., RABINOVICH A., Habitat en devenir, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2009, p.3. Des espaces de sociabilité A travers une dimension écologique, l habitat constitue donc le point d ancrage social de l individu ou du ménage dans l organisation spatiale de ses rapports sociaux. C est ainsi que certains espaces extérieurs au domicile peuvent trouver une pertinence en termes de sociabilité. La relation entre le «dedans» et le «dehors» joue cependant un rôle très important, notamment dans l expression des modes de vie marqués par une distinction traditionnelle de la sphère privée et de l espace public. L habitat, qui est un système d organisation de l espace vécu, habité, présente donc un réseau d espaces de sociabilité en interaction. La prise en compte de l habitat inclut celle de tout un environnement et de sa multitude de composantes matérielles et sociales. Idées forces L habitat s inscrit dans un système d interactions avec son environnement spatial, social et temporel. Il nécessite une considération parallèle des formes et des usages des lieux. Il se déploie à partir d un centre caractérisé par l espace domestique. Celui-ci interagit avec d autres espaces de sociabilité. ¹ PATTARONI L., KAUFMANN V., RABINOVICH A., Habitat en devenir, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2009, p.5. ² LEVY J., Echelles de l habiter, Paris, éd. PUCA, 2008, p.11. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 19

20 2.2 Usages et sens des lieux L entrée par l habitat permet de traiter l espace en relation avec les usages. Mais parler «d habiter» pose la question du sens donné par les acteurs eux-mêmes à ces usages des lieux. Idées forces Raisonner en terme «d habiter» permet de prendre en compte l action des individus sur l espace à travers les usages et les pratiques. Habiter, ce n est pas seulement résider «Habiter, c est, fondamentalement, la relation que les hommes entretiennent avec le monde. Habiter, c est s approprier un espace de travail, c est animer un espace public, c est entretenir des relations affectives fortes, fussent-elles invisibles ou muettes, à un lieu. L action d habiter conduit à poser, en sens inverse, la question de l être habité. Qu est-ce qu un lieu habité? A quoi savonsnous qu un lieu est plus habité qu un autre, ou différemment? S interroger sur l habitat suppose de ne pas se contenter de projeter sur une étendue vide et inerte une série d actes extérieurs mais implique de placer au centre de sa réflexion la relation homme/espace, chacun des termes constituant une manière d approcher l autoproduction de la société.» LEVY J., Echelles de l habiter, Paris, éd. PUCA, 2008, p.11. Aller plus loin que l habitat L analyse de l habitat permet d approcher la question des modes de vie à partir d une réflexion plus large que celle du logement. Mais la démarche qualitative qu elle mobilise ouvre la voie d une réflexion encore plus approfondie. En effet, une organisation sociale des espaces sous-tend nécessairement l action de l individu sur son environnement. Il s agit donc d appréhender une dimension active de l habitat, à travers les sens donnés aux usages et pratiques des lieux. Les sciences sociales apportent, selon la posture disciplinaire retenue, plusieurs approches de «l habiter». Audelà de l aspect matériel et économique du «produit logement» et outre l analyse écologique de l habitat, «l habiter» focalise la réflexion sur l organisation des modes de vie sous tous leurs aspects, à travers les approches philosophiques, socioanthropologiques et psychosociales. Quid des modes de vie? La condition première d une analyse en termes «d habiter» consiste à reconnaitre le fait qu un individu possède et mobilise une compétence à organiser l espace, à habiter. Or, cette compétence est structurée par des variables socioculturelles et économiques : ce sont les modes de vie dont l habiter est l expression directe¹. C est en ce sens que l étude des modes d habiter permet de relever les caractéristiques d une société donnée. Un certain nombre de mécanismes sociaux se combinent donc aux stratégies des ménages dans l appropriation de l espace. Celui-ci est Salon, Lyon 6ème. Wojtowicz A./Agence d urbanisme de Lyon. ¹ HAUMONT N., Les pavillonnaires, Paris, L Harmattan, 2001, p Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

21 agencé afin de maximiser les possibilités de bien-être dans l habitat : «Même là où l habitant n est pas totalement maître de son logement, comme locataire, il est susceptible d inscrire l expression d un souvenir heureux ou d un rêve qui outrepasse dans leur horizon le lieu même où il est inscrit»¹. Penser l habitat met en avant l existence et l importance des espaces intermédiaires de sociabilité. Penser l habiter remet en question la distinction privé/public à travers le processus d appropriation. En effet, à partir d une conception différente des échelles de l habiter (en termes de quartier ou de ville, par exemple, mais aussi de proximité ou de durée), on parvient à cerner plus précisément la relation étroite entre les modes de vie et l appropriation de l espace comme habitat. On comprend donc que les facteurs de choix résidentiels, notamment, sont multiples et variés. De l urbanisme à l urbanité «S il apparait difficile de définir «l habitant», les sociologues préfèrent définir «l habiter» : on habite l interaction entre son logement, son immeuble, ses abords, son quartier, une ville. Dès lors l urbaniste est «plus un producteur d habiter que d habitat, un producteur d imaginaire et non pas uniquement de fonctionnalités». La qualité de l environnement du logement devient de plus en plus déterminante, pour assurer l interrelation intérieur/extérieur, et à ce titre le traitement de la rue, interface privé/public, comme celui des espaces publics, est essentiel pour passer de l urbanisme à l urbanité.» VERNAY F., «Comment se construisent les désirs d habiter?», in Conseil Français des Urbanistes, Désirs d habiter, Paris, éd. ADIFF, 2004, p. 47. Unité de vie, maison de retraite, Francheville. Laurent J-F./Agence d urbanisme de Lyon. «L habitabilité» du lieu La confrontation idéologique entre le fonctionnalisme des grands ensembles et l individualisme du rêve pavillonnaire, constitue un laboratoire de l habiter. Elle nous amène à nous interroger sur la façon d évaluer un lieu comme habitable. Le «Modulor» de Le Corbusier a constitué autrefois une tentative d établir une «habitabilité standard» en fonction de la mesure précise de l être humain «type». Or, cette démarche implique clairement une standardisation des modes de vie au détriment d une organisation personnelle de l espace individuel. Le constat de certaines tensions sociales engendrées par la construction massive de «grands collectifs» tient du fait que ces logements ne permettent pas l appropriation du logement. La conception technique d un lieu ne suffit donc pas à elle seule à le rendre habitable. Pour ce faire, il est capital de considérer tout espace comme un «milieu de vie» potentiel en laissant la plus grande possibilité d appropriation, même symbolique, de l espace². Le jeu du rapport à l espace de l habiter ne s effectue pas selon une répartition des fonctionnalités (dormir, manger, travailler ) mais selon la distribution de significations. Dans la fabrication de l espace, l individu le fait «sien» en «le gorgeant de sens»³. Ainsi l habite-t-il sans pour autant en être nécessairement propriétaire. Cela renforce l idée que le modèle d accession à la propriété ne correspond pas forcément à l idéal d une réussite sociale mais avant tout à une plus grande marge de manœuvre en termes d appropriation de l espace. Idées forces Considérant le fait qu il n existe pas de «mode d habiter standard», il est nécessaire de permettre une flexibilité du logement afin de faciliter son appropriation. Un lieu est «habitable» selon sa possibilité d être organisé en «milieu de vie». ¹ PINSON D., «Pour une approche éco-ethno-urbaine de l habiter», in CFU, Désirs d habiter : quelles réponses des urbanistes aux nouvelles attentes des habitants?, Paris, éd. ADIFF, 2004, p. 58. ² COUTARD O. & LEVY J-P., Ecologies urbaines, Paris, Economica, 2010, p ³ LEVY J., Echelles de l habiter, Paris, éd. PUCA, 2008, p.99. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 21

22 2.3 La construction du «chez-soi» «Chacun tisse son «chez soi», mais nul n échappe aux facteurs qui influent sur le logement : les maîtriser, c est se donner la chance de mieux habiter le monde»¹. Idées forces «L habiter» s effectue par un processus d appropriation existentielle, sociale et identitaire. La répétition quotidienne des usages et des pratiques permet la constitution progressive d un «chez soi». Habiter par l habitude «Pas d habiter sans routine en quelque sorte (F. Tonnies). L habitable pour chacun d entre nous est le résultat de nos fixations dans l espace. Répéter pour fixer l espace et se fixer dans l espace. S installer dans une demeure ou dans une ville, s installer ou se fixer dans la vie, selon l expression commune bien connue, n est rien d autre que pétrir son existence d habitudes (G. Pérec).» CHALAS Y., «Ce qu habiter veut dire, permanences et ruptures», in INUDEL-SGAR-CERTU, L habitat face aux évolutions des modes de vie : vers un urbanisme de la maison?, éd. EPIDA, Un long processus d appropriation «L habiter», plus encore que l habitat, est un concept complexe qui peut être décliné de plusieurs manières, selon la discipline et selon l époque et la société étudiées. Réfléchir en termes d habiter donne en effet tout son sens à l évolution des modes de vie en lien à l habitat au fil des décennies et des siècles. La distinction des modes de vie se vérifie en effet dans la manière de s approprier l espace et d organiser la relation significative de l individu au lieu. Un espace n est pas habité de fait : il l est dans la mesure où s effectue un certain processus d appropriation. Or, ce processus se réalise, dans le temps et dans l espace, par l articulation de plusieurs dimensions constitutives de l individu et de l habiter. Une dimension existentielle La première dimension relève d une approche philosophique de l habiter. Selon G. BACHELARD, toute maison peut être vue comme un univers : «Un refuge qui nous assure une première valeur de l être : l immobilit黲. Comme la construction de l habitat le montre, l individu construit son habiter autour d un point sécuritaire, immobile, véritable épicentre de son appropriation de l espace. Certes, l appropriation débute par la maitrise d un lieu domestique matériel, mais elle engage par ailleurs l espace dans la construction du soi. Une ambiguïté linguistique L analyse linguistique du verbe «habiter» montre l ambiguïté existant entre l action d habiter un lieu et l existence humaine. Des racines indoeuropéennes dévoilent la dualité des deux notions que l on retrouve dans le verbe «to be» en anglais et surtout en allemand ou les verbes être et habiter sont identiques. On retrouve cette ambiguïté en français dans le verbe demeurer qui évoque de manière encore plus claire la forte relation existentielle qui lie l habiter à l être. Plusieurs travaux relatent l importance des pratiques et des usages quotidiens dans l organisation de l habitat. Ceux-ci sont une manifestation de la créativité de l individu dans l expression de sa singularité. L habitat est donc instrumentalisé aussi bien de manière à se distinguer individuellement qu à s identifier «socio-culturellement»³. «Habiter, c est avoir des habitudes» Le processus d appropriation s effectue également par une pratique rituelle de l espace au quotidien. Parcourir le même trajet pour se rendre au lieu de travail, s assoir toujours à la même table au café du quartier, traverser la route au même endroit et au mètre près On habite un lieu par la répétition de l espace au point d incorporer ses caractéristiques dans ses déplacements. En somme, le «chez-soi» est construit par un processus de familiarisation des composantes d un espace. C est ainsi ¹ SEGAUD M., BRUN J., DRIANT J.-C., Dictionnaire critique de l habitat et du logement, Paris, Armand Colin, ² BACHELARD G., Poétique de l espace, Paris, PUF, 2009, p. 51. ³ VILLELA-PETIT Maria, «Le chez-soi : espace et identité», in Architecture et comportement, vol. 5, n 2, Lausanne, Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

23 qu il est si aisé de se déplacer chez soi dans l obscurité sans se heurter à un quelconque obstacle. L habitude de l espace projette donc l habitabilité d un lieu au sein d un réseau plus ou moins complexe de trajets, d usages et de pratiques de différents espaces selon le degré d appropriation. Etre ou ne pas être... L habitude, dont le lien étymologique avec l habiter est flagrant, joue un rôle essentiel pour la stabilité de l existence. La répétition consiste à connaitre et reconnaitre l espace et autrui et à se reconnaitre soi-même dans l altérité. L espace habité, en tant que concentré d habitudes, permet donc à l individu de conforter sa propre existence. Cette approche philosophique met en lumière une fonction primaire du lien entre l être humain et l habitat. On constate par ailleurs qu au sein de toutes les civilisations humaines, les rapports sociaux ont toujours été organisés à partir du point central domestique, du foyer, de la maisonnée. Cette dimension existentielle de l habiter remet en question à elle seule les limites du logement comme «produit» ainsi qu une vision fonctionnaliste d un habitat standard. L interface sociale La fonction existentielle de l habiter amène à une seconde dimension plus socio-anthropologique de l appropriation de l espace. L habitude de l espace correspond à un besoin d identification et de distinction, et l individu se construit une image sociale à travers le jeu des espaces de sociabilité. En d autres termes, le lieu d ancrage que représente l espace domestique est un dispositif social de contrôle de son identité sociale. On omet facilement d évoquer le voisinage, qui joue ici un facteur déterminant dans l appropriation de l espace. Afin de maîtriser son image sociale, l individu doit mobiliser ses «compétences à habiter» notamment par le contrôle des accès au «chezsoi». Encore une fois, l opposition entre l immeuble collectif et la maison individuelle est très parlante. Une disposition plus dispersée des logements, telle qu une zone pavillonnaire, permet des relations de voisinages plus développées, alors que la densité du logement collectif est souvent caractéristique d un renfermement au sein de l espace domestique. Ce phénomène s explique par l importance du facteur de proximité/ distance dans l appropriation du lieu. Un espace extérieur plus ou moins large comme un jardin permet l interface entre le point d ancrage domestique, le chez soi, et celui du voisin. Or, l absence d une telle interface en immeuble collectif renforce la neutralité du moindre espace commun¹. Significations et perceptions Les études sur la manière dont l habitabilité est perçue par les ménages eux-mêmes montrent que cette dynamique est très liée à la catégorie socioprofessionnelle. Les cadres, par exemple, ont beaucoup plus tendance à recevoir des personnes extérieures à leur domicile tandis que les catégories au capital social et culturel plus faible privilégient les sorties en ville². On remarque ainsi une inégalité d appropriation de l espace selon les capacités socioéconomiques des ménages. Une certaine culture de l habitat émergerait de manière différente selon les dispositions économiques et l héritage collectif des individus (cf. pp. 8-9). En outre, le sentiment d appartenance au voisinage est également influencé par la question de la proximité. Il se limite souvent à l immeuble dans le cas des logements collectifs, alors qu il s élargit à mesure que l espace d interface éloigne les voisins : le voisinage s étend facilement au village entier, alors qu il se cantonne plutôt à l immeuble, voire au palier au sein d une forte densité urbaine. Idées forces L habiter est une condition première de la vie humaine en société. L articulation des espaces de sociabilité autour de l espace domestique permet le contrôle de l image sociale des habitants. Le long de la D48. Nordier R./Agence d urbanisme de Lyon. Habitat et mixité sociale «Les mobilités résidentielles sont porteuses de ruptures plus ou moins fortes dans la vie relationnelle des citadins, puisque ces derniers sont très inégalement en mesure de s accommoder de la dispersion géographique de leurs anciennes relations, aussi bien que de nouer des contacts dans leur nouveau voisinage. En dépit des effets bénéfiques que l on prête volontiers aux situations de mixité sociale, il reste que l hétérogénéité des origines, des trajectoires et des attentes engendre des tensions dans le partage au quotidien d un même espace de vie. [ ] Pour les populations les plus fragiles, la dissolution des anciens liens de proximité est surtout une source d isolement social, en particulier lorsque l image négative du nouveau lieu de vie nourrit une attitude de défiance généralisée vis-à-vis du voisinage.» GRAFMEYER Y., «Logement, quartier, sociabilité», in SEGAUD M., BONVALLET C. et BRUN J. (dir.), Logement et habitat : l état des savoirs, Paris, éd. De la Découvert, ¹ GRAFMEYER Y., «Logement, quartier, sociabilité», in SEGAUD M., BONVALLET C. et BRUN J. (dir.), Logement et habitat : l état des savoirs, Paris, éd. De la Découvert, ² Ibid. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 23

24 Idées forces Le «chez moi» est l aboutissement du processus d appropriation de l espace. L espace privatif est un besoin qui permet l équilibre entre le «soi» et les autres. Cet équilibre est constitutif de l identité. Un travail de personnalisation du lieu conforte l habitat comme extension identitaire. Le rôle de l architecte «Les limites du rôle de l architecte sont ici en question. Si l architecte est trop présent, s il impose certains modes d occupation, ou s il interdit certaines pratiques décoratives, il peut empêcher les phénomènes d appropriation. Si, en revanche, l architecte restreint son territoire d intervention, c est son rôle qui change : «Si l on peut imaginer un degré de non finition du logement qui deviendrait le champ d expression des habitants, certaines de ces propositions ne peuvent que s accompagner de la régression de la place de l architecte dans le logement» [ ]. ELEB M. et CHATELET A-M., Urbanité, sociabilité et infinité: des logements d aujourd hui, Saint-Etienne, éd. de l Epure, Un enjeu identitaire La troisième dimension, éclaire d un point de vue psychosociologique le rôle clé de «l habiter» dans le processus de construction identitaire. Nous avons vu que l appropriation de l espace qui est en jeu s effectue par l habitude et par l interface d espaces intermédiaires. Or, «le sentiment d appropriation ne peut pas se développer au sein d un logement dans lequel vous ne vous sentez pas vous-même»¹. Le «chez soi» exprime l aboutissement du processus d appropriation de l espace, mais sa constitution repose sur un enjeu identitaire fort. Le terme anglais de «privacy» évoque le besoin fondamental de pouvoir bénéficier d un espace «privatif» permettant à l individu de rompre avec l extérieur, avec le monde social. Cet espace, qualifié «d intime» en français, est dénué de toute contrainte normative qu impose l interaction sociale, au sein des espaces intermédiaires de sociabilité notamment. Cette distinction est une façon de trouver l équilibre entre un rapport à soi et un rapport à l altérité, ce qui oriente la construction d une identité propre. Le contrôle de l espace Lotissement Le Blé en Herbe, Saint Priest. Guy F./Agence d urbanisme de Lyon. Le lien avec l interface sociale se trouve dans le contrôle des espaces. Le processus d appropriation consiste à maximiser le contrôle de l individu sur un espace. Le contrôle des accès par un filtrage physique des visiteurs éventuels est une première frontière instaurée, tel que l explique le besoin d espaces d interface. Considéré comme partie intégrante du soi, la violation de l espace privatif est souvent perçue comme une atteinte à la personne, qu il s agisse des nuisances sonores du voisinage ou d un cambriolage. Mais le contrôle visuel est aussi important dans l élaboration d un «chez soi» le plus «privatif» possible. La fenêtre, par exemple, répond à un besoin primaire, voire primitif, de l homme : elle permet de voir l extérieur de surveiller le monde sans être soimême perçu. C est ainsi que le «vis-àvis» entre deux façades d immeubles rapprochés est souvent considéré comme un critère fortement défavorable dans le choix d un logement. Mais, encore une fois, ce besoin de contrôle de l espace varie en fonction du «degré» d appropriation : le regard d autrui semble perturber davantage les individus utilisant des espaces communs, comme la cour intérieur d un immeuble collectif, que ceux qui habitent une maison individuelle mise à distance par l intermédiaire d un jardin². Le volet psychologique D un point de vue psychologique, l appropriation du logement fait de «l habiter» une extension du «moi» : l individu agence, organise au mieux le lieu qu il habite afin de créer un environnement qui lui est propre. C est ainsi que l habitat peut traduire la personnalité de son habitant. Le choix d un nouveau logement s effectue la plupart du temps en fonction d un sentiment fort d alchimie entre le lieu et l individu : le «coup de cœur» représente un point de départ vers l appropriation. Ce lien affectif étroit avec l habitat comme expression de la personnalité participe à la construction identitaire dans sa dualité distinction/identification. Cela suppose de nouveau qu une standardisation trop poussée du logement entraverait l expression, voire la construction de la personnalité. ¹ BERNARD Y., «Du logement au chez soi», in M., BONVALLET C. et BRUN J. (dir.), Logement et habitat : l état des savoirs, Paris, éd. De la Découvert, ² Ibid. 24 Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

25 3. Vers de nouvelles solutions Mur peint, Place P. Mendès France, Lyon 8ème. Ruch M-P./Agence d urbanisme de Lyon. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 25

26 3.1 Quatre travaux récents d Agences d Urbanisme En bref pour l agglomération toulousaine La question de l habitat face aux évolutions des modes de vie n est pas nouvelle et s impose depuis un certain temps au sein des milieux professionnels et notamment des Agences d Urbanisme. Six tendances se dégagent : - un modèle résidentiel plus complexe - des cycles de vie davantage séquencés - une individuation des parcours ; - une mobilité grandissante liée à l emploi, - des regroupements sociaux «sélectifs», - une priorisation professionnelle des femmes par rapport à la maternité. Ces phénomènes aboutissent à la constitution d un nouveau modèle : «la ville à la carte». Les stratégies résidentielles sont avant tout concernées par la proximité d équipements et services, essentiellement scolaires. Répondre à l habiter «La complexité face à laquelle nous sommes aujourd hui quand on parle de politique locale de l habitat tient à ce qu il ne s agit pas simplement de répondre à des besoins quantitatifs de logement mais de tenir compte de ce que l on peut appeler le désir ou les envies d habiter. Pour la majorité des ménages, en effet, il ne s agit plus seulement de satisfaire ce que l on peut appeler un besoin vital, celui de trouver un logement, mais il s agit d accéder à un logement en adéquation avec un mode de vie, avec des pratiques sociales. L enjeu n est donc pas simplement de produire du logement, mais de répondre à l habiter, ce qui conduit à s interroger sur les comportements, les attitudes, les attentes des ménages». JAILLET M-C., «Comprendre et anticiper les attentes, les besoins des ménages», in Prospective ville, n 2, éd. AUAT, 09/2004. Toulouse «Comprendre et anticiper»¹ L agence d urbanisme de Toulouse relève les limites de la seule conception économique du «produit logement». Un travail d enquête a donc été réalisé afin de rendre compte des aspirations réelles des habitants de l aire urbaine. Un modèle résidentiel plus complexe Bien que le modèle résidentiel «traditionnel» issu des années promouvant la propriété d une maison individuelle soit encore majoritaire, la diversification des parcours montre qu il n organise plus les cycles de vie de manière aussi dominante. Ce schéma, «linéaire et ascendant» a beaucoup contribué à la périurbanisation caractérisée par un mouvement général de la location en collectif vers la propriété individuelle en zone pavillonnaire. Ce modèle «traditionnel» allait de pair avec une idée très normée des cycles familiaux marqués par l arrivée des enfants. Un séquençage des cycles de vie La remise en question de ce schéma tient notamment au fait que les cycles de vie sont devenus transversaux et plus nombreux notamment en raison du vieillissement de la population et de l augmentation des divorces et des remariages. Ainsi, un individu peut connaitre plusieurs mariages et divorces, ce qui implique des besoins changeants en termes de logement. Une individuation des parcours résidentiels On assiste également à une banalisation de l accession à la propriété et à un phénomène d aller-retour avec le parc locatif : les ruptures familiales et les nouvelles recompositions des ménages sont de plus en plus accompagnées d un retour à la ville. De manière générale, l habitat n est plus un facteur d ascension sociale et l on accorde moins d importance à la valeur patrimoniale. Des évolutions liées à l emploi De nos jours, le temps de travail aménagé permet d habiter plus loin du lieu de travail. En revanche, l emploi nécessite un capital de mobilité de plus en plus grand, ce qui limite les possibilités d ancrage territorial durable et notamment l accession à la propriété. Une plus grande mobilité individuelle Le développement de la mobilité engendre un phénomène «d appariement électif». L étalement urbain et le développement des réseaux de mobilité favorisent une liberté de choix du lieu de résidence. Cela remet en cause la question de la mixité sociale par le fait que les individus opèrent une ¹ JAILLET M-C., «Comprendre et anticiper les attentes, les besoins des ménages», in Prospective ville, n 2, Toulouse, éd. AUAT, 09/ Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

27 sélection de leur voisinage. Ce phénomène contribue notamment à la stigmatisation des habitats HLM. Le travail féminin Les femmes ont par ailleurs un plus grand accès au travail salarié. L agglomération toulousaine présente la particularité d une volonté marquée des femmes de faire carrière sans rupture due à l arrivée d enfants. L habiter est ainsi en transformation, puisque les stratégies résidentielles des ménages n incluent plus forcément le facteur «enfants». Les métamorphoses de l habiter En termes d aspirations, la proximité des équipements, notamment scolaires, apparait actuellement comme un critère déterminant dans les stratégies résidentielles des ménages. On observe aussi le développement d un nouveau modèle : «la ville à la carte», qui consiste à choisir la localisation en fonction de la proximité des équipements et services tout en bénéficiant d un cadre calme, sécuritaire et socialement identifié (logique de «l entre soi»). En d autres termes, il s agit d une tendance nouvelle vers «l urbanité sans la citadinité». Strasbourg une «transformation des territoires»¹ En raison de grandes tendances telles que le vieillissement de la population, le séquençage familial voire même le changement climatique, les modes de vie évoluent de manière constante. Il s agit d apprendre à les identifier afin d apporter des premières réponses en termes d habitat. concerne la complexification du séquençage familial marqué par l abandon de la famille «traditionnelle» en raison de l augmentation du nombre de divorces. Ces phénomènes créent des enjeux importants en termes d habitat. Une nouvelle source d inégalités La mobilité quotidienne peut désormais être considérée comme un capital au même titre que le capital social, culturel ou économique, ce qui est donc générateur d inégalités : «Etre mobile, c est être employable, grand dans la société». Les transports en commun, par exemple, ne sont pas adaptés aux différents modes de vie, notamment relatifs à l âge, principal facteur discriminant quant aux capacités mobiles. Le rapport à l espace L étude de l espace est de plus en plus déterminante dans les choix résidentiels. L arrivée d un enfant est de loin le facteur le plus déterminant dans leur élaboration : la parentalité conduit à une plus grande prise en compte du cadre de vie et à un renforcement des aspirations du ménage en termes d éducation et de protection de l enfant. Ainsi la proximité d un bon établissement scolaire devient-elle un critère prioritaire, suivie par la problématique d un environnement de qualité. Le rapport à l espace et ses déterminants «Un quartier séduisant pour un couple, deviendra menaçant avec l arrivée de l enfant. La question de l enfant joue en outre sur le registre de l organisation des déplacements. L individualisation grandissante de la société et le refus croissant des femmes de jouer aux «mamans Taxi» font émerger le désir d autonomisation rapide des enfants. De ce fait la localisation à proximité des transports collectifs devient fondamentale pour les familles.» PATTARONI L., in PONS A., ADEUS, «Evolution des vies, transformation des territoires», in Les plateformes de l ADEUS, n 2, Strasbourg, éd. ADEUS, En bref pour la région Alsace Le territoire est ici marqué par un vieillissement supérieur à la moyenne nationale et par une complexification du séquençage familial. La mobilité quotidienne constitue à la fois un nouveau capital et une nouvelle source d inégalités. L arrivée des enfants est également un facteur très déterminant dans l élaboration des stratégies résidentielles. Elle implique un besoin de proximité des équipements et des services. Deux tendances lourdes En Alsace, le vieillissement de la population est bien supérieur à la moyenne nationale : les projections démographiques annoncent une augmentation de le part des 85 ans et plus de 135 % pour La seconde grande tendance du territoire alsacien Site propre du Tramway à Strasbourg. Olgiati J./Agence d urbanisme de Lyon. ¹ PONS A., ADEUS, «Evolution des vies, transformation des territoires», in Les plateformes de l ADEUS, n 2, Strasbourg, éd. ADEUS, Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 27

28 En bref pour le pays rennais On observe une adéquation très inégale entre le choix de la localisation et le choix du logement : Les ménages «instables» professionnellement et familialement connaissent souvent une immobilité résidentielle. Une grande part des ménages subit une forte contrainte budgétaire menant à sacrifier le choix de localisation ou le choix du logement. Certains ménages ont une bonne maîtrise de leur projet résidentiel et parviennent à un équilibre entre le choix du logement et le choix de la localisation. Le modèle traditionnel de la propriété d une maison individuelle n est plus dominant. Cette dernière constitue toutefois une forte demande mais n exprime plus une aspiration unique. Il existe une très forte attente de proximité des équipements et services scolaires dont les zones pavillonnaires sont moins pourvues. Rennes l inégal accès à l habitat¹ Devant le constat de fortes tensions sur le marché du logement local, l Agence d Urbanisme et de Développement intercommunal de l agglomération rennaise a tenté d aborder la problématique de l habitat par une approche qualitative. Une étude réalisée par le cabinet d étude CERUR tente de rendre compte de la réalité du logement en rencontrant une soixantaine de ménages. L objectif est de recueillir, puis d analyser les comportements et les attentes des individus vis-à-vis de l habitat afin de pouvoir intégrer un nouveau regard aux politiques de logement de l agglomération. Cette étude, «sans prétention statistique», a pu relever trois grandes tendances. Un compromis parfois trop lourd En fonction de l offre immobilière, l adéquation entre les caractéristiques du produit logement et la localisation géographique impose une certaine inégalité d accès à l habitat. Les stratégies résidentielles des ménages sont fortement marquées par la recherche d un compromis entre le choix du logement et le choix de la localisation. La plupart du temps, les décisions se font au prix d un sacrifice de l un des deux critères. Le CERUR relève trois catégories de situations des ménages, face aux tensions du marché du logement. Les ménages fortement fragilisés, d abord, dont la situation professionnelle et/ou familiale est instable, ne peuvent concevoir l accès au logement autonome. Il peut s agir de primolocataires du privé inexpérimentés, certains locataires de logements HLM assignés, ou encore des ménages accédants à la propriété mais contraints d un retour au locatif. Il est difficile pour ces ménages «fragiles» d élaborer tout projet résidentiel. Les ménages en situation limitée. Il s agit d un très grand nombre de ménages dont les contraintes budgétaires limitent de manière conséquente les choix résidentiels. Les accédants à la propriété se retrouvent en périphérie et doivent gérer financièrement et temporellement une plus grande mobilité. Les locataires du centre-ville doivent habiter des logements plus petits que prévu, et restreindre d autres postes de consommation. La dernière catégorie concerne les ménages dont leur habitat correspond à leurs aspirations. Il s agit des ménages qui bénéficie d un capital socioéconomique avantageux par rapport aux prix du marché, ou encore de ménages ayant une bonne maîtrise de leur projet résidentiel et une bonne connaissance des mécanismes du marché. Entre demande et idéal Il circule au sein du pays rennais l idée de la «longère» rurale rénovée. Petite maison individuelle ancienne très médiatisée comme l habitat idéal, il s agit pourtant d un produit inexistant sur le marché. Cette absence de l offre est notamment renforcée par un phénomène de diversification des aspirations liées à l évolution des profils familiaux et professionnels. Le modèle d accession à la propriété n est plus dominant : elle n est plus perçue comme une finalité résidentielle au cœur d une ascension sociale linéaire : on observe par exemple de plus en plus de retours à la ville au bout d un certain nombre d années. Mais la propriété d une maison individuelle demeure inscrite dans le projet résidentiel des jeunes ménages ruraux. Mais bien que l accession demeure majoritaire dans la demande de logement, les trajectoires résidentielles montrent qu elle n est plus significative d un désir d ancrage territorial. L offre foncière et immobilière contraint les jeunes accédants à emménager toujours plus loin en périphérie, mais beaucoup considère l habitat pavillonnaire comme une étape de leur projet résidentiel, l idéal étant finalement de pouvoir trouver un appartement en centre-ville respectant certains critères de qualité (immeuble de petite taille, surface suffisante, flexibilité architecturale, luminosité, intimité et prolongements de qualité comme le balcon ou un jardin ). ¹ Agence d urbanisme de Rennes, REFLEX, CERUR, Evolution de l habitat et des modes d habiter dans le pays de Rennes, Rennes, Agence d urbanisme du pays de Rennes, 07/ Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

29 Une localisation rarement souhaitée Les entretiens de l étude rendent compte d une très forte demande de proximité des équipements et services quotidiens (établissements scolaires, services de garde d enfants, espaces verts, jeux d enfants, commerces, bonne desserte des transports en commun ). On constate l impact important de la présence d enfants dans l habitat et dans les stratégies résidentielles. Mais les jeunes ménages habitant majoritairement en zone pavillonnaire subissent un certain manque d accessibilité aux services et équipements. Par ailleurs, il est important de noter que la question de la forme urbaine est très peu évoquée par les ménages rencontrés. Tours : la question de la taille du logement¹ A Tours, l agence d urbanisme s interroge sur l importance de la taille du logement en rapport avec l évolution des modes de vie. La diversification des ménages de l agglomération tourangelle est due à quatre phénomènes: le vieillissement de la population, la diminution du nombre d enfants par famille, l augmentation du nombre de personnes vivant seules et l allongement de la durée de vie. S en tenir aux études statistiques permettrait de conclure d un besoin grandissant de produire des logements plus petits afin d accueillir des ménages de plus en plus petits. Or, il est nécessaire d accompagner les chiffres d une étude sociologique fine des modes de vie émergents et des usages du logement. Des parcours aux multiples étapes Les étapes au long d une trajectoire résidentielle sont plus nombreuses et plus diverses qu auparavant : jeunesse, «mise en couple», famille, divorce, départ des enfants, vieillesse, etc. Cela remet en question l offre traditionnelle de logement, trop axée sur une définition familiale linéaire de l habitat. Il s agit donc à la fois d adapter les Centre ancien de Rennes. Sabaterie G./Agence d urbanisme de Lyon. L adéquation entre l offre et la demande «- Le parc locatif public est difficile d accès pour les jeunes ménages en début de cycle résidentiel. Les délais d attente et le cloisonnement de l offre par commune de résidence les conduisent à abandonner leurs demandes et à se reporter vers un parc locatif privé, plus disponible, mais plus onéreux. D autre part, la possibilité, pour certains ménages durablement installés dans le parc locatif public, de parvenir par le jeu des mutations à un habitat très satisfaisant, montre l intérêt de la qualité dans l habitat HLM. [ ] logements existants à ces nouveaux modes de vie, puis de proposer une offre plus variée, permettant d accueillir les ménages à chacune des étapes de leur parcours résidentiel. Des besoins différents en termes de surface L augmentation du nombre de divorces, la multiplication des familles recomposées et l apparition de profils très variés (personnes seules, ménages cohabitant ) amènent à «une variation périodique de la taille des ménages». La place de l enfant, par exemple, est déterminante dans la demande de surface habitable par ceux-ci. Ainsi le divorce n engendre-t-il pas forcément une forte demande de logements individuels plus petits puisque les situations de garde alternée nécessite - L attention portée à la proximité des services dans les choix de localisation résidentielle plaide pour l ouverture à l urbanisation du foncier bien situé, calibré en volume selon le niveau hiérarchique des services dans les communes, et bien relié aux réseaux de transports en commun (train, bus, VAL). Il y a là matière à réflexion également pour le futur SCOT du Pays de Rennes.» Agence d urbanisme de Rennes, REFLEX, CERUR, Evolution de l habitat et des modes d habiter dans le pays de Rennes, Rennes, Agence d urbanisme du pays de Rennes, 07/2003. En bref pour l agglomération de Tours Quatre grands phénomènes contribuent à la diversification des modes de vie : le vieillissement de la population, la diminution du nombre d enfants, l augmentation du nombre de personnes vivant seules et l allongement de la durée de vie. Il ne suffit pas de créer davantage de logements plus petits. Il est également nécessaire de comprendre les modes de vie par le biais d études sociologiques. Les cycles de vie sont en effet de plus en plus séquencés. Les ruptures familiales ne sont pas systématiquement synonymes d une réduction de la surface du logement. Le recours à la colocation est par ailleurs en développement. Il est ici nécessaire d éviter une trop forte hausse des loyers. ¹ Agence d urbanisme de l agglomération de Tours, «Evolution des modes de vie et besoins en logement» in Questions d habitat, n 3, Tours, Agence d urbanisme de l agglomération de Tours, 01/2012. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 29

30 de pouvoir accueillir ces enfants quelque part. Dans le cas des familles recomposées, ce besoin de surface peut s accroitre avec l accueil du nouveau conjoint et/ou de ses enfants. Le fait est que l accueil des enfants demeure cantonné en une temporalité plus ou moins longue avant leur décohabitation. Il s agit donc d explorer la piste d un logement adapté à cette période. Les personnes âgées, contrairement aux idées reçues, souhaitent souvent conserver leur logement de grande taille afin d accueillir les regroupements familiaux. 58 % des 60 ans et plus occupent en 2012 des logements de plus de 80m². La «plurirésidentialité» On constate l émergence d une tendance qui consiste à occuper plusieurs logements à des périodes différentes, à des fins professionnelles. Les jeunes apprentis et en alternance sont les plus concernés par ces phénomènes. Or, le logement occupé en semaine par une personne seule, ne répondra pas aux mêmes attentes que celui qu occupe le ménage regroupé le weekend. Certaines expériences offrent des alternatives avec notamment le développement des «Appart hôtels», des logements meublés que l on peut louer de manière quotidienne, hebdomadaire ou encore mensuelle. La colocation Il existe une demande croissante de logements en colocation en raison notamment de la crise économique. Solution appropriée à la variété des modes de vie lorsque les contraintes budgétaires limitent les stratégies résidentielles, elle se concentre sur une certaine demande de grands logements permettant d accueillir plusieurs habitants au prorata de la surface occupée. Ce mode d habiter étant en plein développement, il s agit pour les politiques de l habitat de faire en sorte que les prix des loyers n augmentent pas en parallèle à la demande. Cela nécessite en outre une prise en compte d un besoin de modularité du logement, afin de pouvoir l adapter aux différents rythmes de vie. Renouveler les politiques de l habitat «Au niveau national, la crise du logement (en tant que difficultés des ménages à se loger) n a jamais été aussi forte, alors que la construction neuve se porte plutôt bien. Ce paradoxe interpelle notre capacité à produire une offre adaptée à la demande. L'importance des enjeux pour la société et les intérêts économiques en présence rendent souhaitable une intervention, du moins un positionnement, de la puissance publique. [ ] Les projets de territoire (SCoT, PLH, ) formalisent les ambitions et intentions des collectivités. Il s'agit ensuite de déployer les outils, incitatifs et réglementaires, pour atteindre les objectifs fixés.» Agence d urbanisme de l agglomération de Tours, «Evolution des modes de vie et besoins en logement» in Questions d habitat, n 3, Tours, Agence d urbanisme de l agglomération de Tours, 01/2012. Habitat intérmédiaire, Saint Rambert, Lyon 9ème. Guy F./Agence d urbanisme de Lyon. 30 Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

31 3.2 Mieux adapter l offre aux besoins Les différents travaux menés à l échelle nationale montrent la nécessité d une meilleure adaptation de l offre aux besoins des ménages. L inadéquation entre les aspirations et les choix Les études accomplies par différentes agences d urbanisme en France permettent de réunir les mêmes constats, d une part en termes d évolution des grandes tendances et, d autre part, en ce qui concerne la prise en compte des modes de vie dans l habitat. La remise en question du modèle de la maison individuelle invite à une étude approfondie des réalités de l habitat. Le séquençage des cycles de vie montre en effet que les besoins sont bien plus complexes que les conclusions économiques des analyses du marché du logement : il s agit d effectuer un travail de traduction de la demande qui suit l offre, celle-ci n étant pas toujours adaptée aux besoins réels et divers des ménages. Le séquençage des cycles de vie implique en outre une nouvelle temporalité du marché, puisque les parcours résidentiels sont de plus en plus marqués par une certaine mobilité. Les différents types de logements du parc existant ont été conçus à partir du modèle standard d un schéma familial linéaire. Mais l analyse des aspirations met en lumière une multitude de besoins à des moments différents. La propriété d une maison individuelle, par exemple, a tendance à ne concerner que la période durant laquelle les enfants sont élevés. C est ainsi que le facteur déterminant dans les choix résidentiels centre l attention sur la question de la présence d équipements et de services scolaires et extrascolaires. Dans ce contexte, on relève partout le problème de la mobilité, devenue discriminante, indépendamment des capitaux socioéconomique et culturels. Dans tous les cas, les études pointent du doigt le même phénomène : il existe une inadéquation entre les aspirations initiales (géographiques, économiques, architecturales, etc.) et le choix final du logement. Concevoir «l habiter» Comme le montre la notion d habitat, puis les déclinaisons de «l habiter», la conception architecturale joue un rôle fondamental dans l appropriation du logement : elle peut l entraver autant qu elle peut la favoriser, selon la marge de manœuvre laissée à l individu. Selon M. ELEB, la production de logements aujourd hui est trop empreinte d une démarche conventionnelle, non pas au sens culturel du terme, mais en matière de normes techniques et politiques. Le temps du «modulor» est certes révolu, mais les opérations urbaines et L architecte et «l habiter» Idées forces Trois constats nationaux émergent au fil des études : le déclin du modèle dominant de la maison individuelle, le séquençage croissant des cycles de vie et la mobilité comme facteur d inégalités. Appartement des années 1930, Saint-Etienne. Nordier R./Agence d urbanisme de Lyon. «Prendre en compte la culture existante n est pas renoncer à toute proposition nouvelle. Mais pour le faire, il faut savoir jouer savamment de la gamme des possibles, des conventions connues et des évolutions souhaitées. Donc agir en toute connaissance de cause, en étant conscient de ce que l on veut faire évoluer et surtout en ayant compris, par la connaissance des différentes façons de vivre actuelles, ce qui peut être accepté, voire, dans le meilleur des cas, ce qui peut être attendu.» ELEB M., «De la complexité de concevoir le logement ordinaire», in INUDEL-SGAR- CERTU, L habitat face aux évolutions des modes de vie : vers un urbanisme de la maison?, éd. EPIDA, ¹ ELEB M., «De la complexité de concevoir le logement ordinaire», in INUDEL-SGAR-CERTU, L habitat face aux évolutions des modes de vie : vers un urbanisme de la maison?, éd. EPIDA, Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 31

32 Idées forces La crise du logement concerne prioritairement le parc existant. Il est difficile d adapter les logements locatifs privés. Un des enjeux pour les politiques publiques réside dans le développement du lien de l habitat avec l espace public. «Répondre à la multiplicité des trajectoires résidentielles» «Les conséquences entraînées par la modification du groupe domestique se posent généralement plus en termes de mobilité et de localisation qu'en termes de conception et d'usage. On sait par exemple que les mères célibataires souhaitent vivre à proximité de leur famille, que les couples divorcés ayant des enfants choisissent d'habiter dans des lieux proches, que les couples de cohabitants sont plus rarement propriétaires que les couples mariés. La réponse aux problèmes posés ne réside donc pas pour l'essentiel dans la conception de nouvelles formes d'architecture, mais dans l'accroissement de la fluidité du parc de logement permettant de répondre à la multiplicité des trajectoires résidentielles.» BERNARD Y., «L'habitat à l'épreuve de la réalité pratique : quelques hypothèses prospectives», in DRIANT J-C., Habitat et villes: l avenir en jeu, Paris, éd. L Harmattan, notamment périurbaine sont jugées par les habitants eux-mêmes comme étant trop «communes et répétitives». Pour la sociologue, l enjeu est de conserver, voire de retrouver un logement conçu en tant qu «objet de civilisation» afin de refléter une manière culturelle de bâtir et d habiter, et non en tant que produit technique dépendant de certains modes de financements¹. Le problème de l existant Mais l enjeu de la crise du logement concerne avant tout le parc du logement existant. Alors que la construction d une maison individuelle laisse une plus grande liberté d appropriation, cette solution exclut une très grande majorité des demandeurs de logement. L occupation du parc privé, notamment en location, impose à «l habiter» une certaine forme de modes de vie, alors qu il subit au préalable un certain nombre de contraintes extérieures au logement lui-même. L adaptabilité du logement est difficilement réalisable au sein du parc existant en termes d architecture. Or, les besoins actuels concernent la modularité temporelle du logement, la mobilité résidentielle et l accessibilité aux services et équipements. En somme, l enjeu primaire réside dans le développement du lien extérieur de l habitat aux espaces de sociabilité. Il s agit donc plutôt d élaborer une articulation plus astucieuse du logement avec son environnement immédiat, à savoir l espace public. La réponse à la problématique de l habitat face aux évolutions des modes de vie ne consiste donc pas à définir de nouveaux types de logement standards destinés à des catégories actualisées des ménages. Logements individuels denses, Vénissieux. Cauhape B./Agence d urbanisme de Lyon. Volets brises-soleil coulissants, Oullins. M-P./ Agence d urbanisme de Lyon. 32 Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

33 3.3 Une transformation progressive des politiques d habitat Construire une nouvelle approche de l habitat implique une prise en compte de trois besoins fondamentaux pour «l habiter» : la «modularité» temporelle, la mobilité résidentielle et l accessibilité aux équipements et aux services. Changer d approche avec des enquêtes qualitatives Construire un langage commun La Fédération Nationale des Agences d Urbanisme (FNAU) a questionné en 2012 la problématique de l habitat en lien avec les modes de vie. Il apparaît qu il n existe aucun cadre de référence commun à tous les acteurs de l habitat. Le fait est qu il existe une culture professionnelle très forte du logement dans sa dimension économique. Or cette étude montre qu il est nécessaire de faire évoluer cette conception vers une prise en compte de l habitat dans ses dimensions écologique, sociologique et psychologique. Pour la FNAU, l enjeu est avant tout de faire émerger une considération légitime de cette «compétence à habiter» des individus. Etudier les modes de vie afin d élaborer des politiques de l habitat nécessite la reconnaissance de la «maîtrise d usage»¹, propre à l habitant. La construction d une «théorie générale de l habiter»² permettrait d adapter les visions de tous les champs de compétences de la chaîne du logement à une prise en compte des enjeux existentiels, sociaux et identitaires. Faire évoluer les méthodologies Raisonner en termes de modes de vie constitue une approche très complexe et les études statistiques ne rendent compte que d une partie seulement de la réalité. Il s agit donc d élaborer une méthode d analyse spécifique à l étude des modes de vie dans le champ de l habitat. Celui-ci est encore marqué par des représentations classiques de catégories en transformation profonde telles que la famille. La notion de ménage ne doit pas par ailleurs être prise pour acquise : elle présente a priori plus de différences que de points communs avec celle de cellule familiale, cette dernière étant surreprésentée statistiquement³. Il est donc primordial de revoir les typologies des ménages lorsque l on traite des modes de vie, surtout lorsqu il est question des nouvelles inégalités dues à la mobilité. A cela s ajoute la nécessité d adopter un regard fondé sur l analyse des trajectoires résidentielles, notamment afin de sortir de la dualité classique locataire/propriétaire, invalidée par la remise en question du modèle résidentiel d ascension sociale par l accession à la propriété. Les choix résidentiels sont le fruit de stratégies complexes et très encadrées par des contraintes économiques. «Conformément à notre approche habituelle, nous avons mis en œuvre des enquêtes qualitatives en nombre limité, considérant, à la suite d Edgar Morin, qu il était bien plus intéressant pour comprendre une tendance de travailler sur ce qui était «significatif» que sur ce qui était, selon l antienne quantitative, de l ordre du «représentatif»». PINSON D.,«Pour une approche éco -ethno-urbaine de l habiter», CFU, Désirs d habiter : quelles réponses des urbanistes aux nouvelles attentes des habitants?, Paris, éd. ADIFF, 2004, p. 61. Idées forces La nécessaire prise en compte des dimensions existentielles, sociales et identitaires de l habitat par les acteurs professionnels, scientifiques et politiques du logement fait consensus. Cela passe par l intégration de la «maîtrise d usage» au cœur des politiques de l habitat et par une actualisation des représentations institutionnelles, notamment des catégories statistiques. ¹ FNAU, compte-rendu de réunion «Modes de vie, réseau FNAU et LABEX», FNAU, 10/04/2012. ² FIJALKOW Y., Sociologie du logement, Paris, La découverte, 2011, p. 94. ³ LEVY J., Echelles de l habiter, Paris, éd. PUCA, 2008, p.9. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 33

34 Idées forces L analyse des trajectoires résidentielles donne une lecture différente du jeu de l offre et de la demande. Elle nécessite le développement d un suivi de la mobilité des ménages. La place de l habitat dans l action publique est en cours de reconfiguration. Il s agit d élargir les cadres de référence en termes d échelle et d implication des parties prenantes. La servitude de taille de logement : un outil pour favoriser l accueil de familles «Afin de favoriser la construction de logements familiaux, les communes de Lille, Hellemmes et Lomme ont mis en place la servitude de Taille de Logements Minimum. Il s'agit de produire une proportion plancher de T3 et plus, en fonction du secteur géographique et du nombre de logements de l'opération. Dans les quartiers présentant déjà une offre en logement familial, il convient de maintenir la diversité typologique. Aussi, dans les projets comprenant plus de 4 habitations, les T3 et plus devront constituer au minimum 25% de la programmation. Par ailleurs, dans les opérations de plus de 25 logements, 15% de la production devra comporter au moins quatre pièces. Dans les secteurs accueillant surtout des petits logements, il s'agit d'infléchir la tendance à la spécialisation. Dans les opérations comprenant 3 à 14 habitations, il devra y avoir au minimum 33% de T3 et plus. Pour tout projet de plus de 15 logements, la programmation devra comprendre au moins 30% de T3 et plus ainsi que 20% de logements de quatre pièces et plus.» Agence d urbanisme de l agglomération de Tours, «Evolution des modes de vie et besoins en logement» in Questions d habitat, n 3, Tours, Agence d urbanisme de l agglomération de Tours, 01/2012. Habitat alternatif, allée des Garennes, Lyon 5e. Ruch M-P./Agence d urbanisme de Lyon. L analyse précise des trajectoires résidentielles permet de faire le lien entre les stratégies élaborées, les aspirations des individus et leur choix de logement¹. Au-delà des démarches participatives déjà en place, l implication de la «maîtrise d usage» est un outil potentiellement très fertile dans la construction d une réponse aux questions de mobilité et d accessibilité². Améliorer la fluidité du marché Jusqu à présent, les politiques de logement ont été conçues essentiellement sur un modèle de ménage de type «familial» (parents avec enfants) comme unité de mesure principale. Les autres catégories de population ciblées par les politiques de logement concernent encore certains profils atypiques comme les jeunes en foyer, les personnes à mobilité réduite, etc. Or, la question essentielle qui se pose ici est : «Comment répondre à une mobilité résidentielle accrue liée à la diversification des étapes du cycle de vie des individus et à l augmentation du nombre de personnes seules, avec ou sans enfants?»³. On ne peut répondre à cette interrogation uniquement en termes de logements et par une logique de stocks. L enjeu étant centré davantage sur le parc existant, il est difficile de concevoir une réponse à la demande de logements, tout en considérant les besoins réels et les stratégies résidentielles des ménages par une simple démarche de «vases communicants». C est ainsi que l on sort de la stricte conception et/ou de l adaptation architecturale du logement aux modes de vie. La piste à explorer consiste davantage à améliorer la fluidité du marché dans le but d accompagner les ménages au fil des étapes de leur trajectoire résidentielle et de leur permettre de changer plus facilement de type de logement, de localisation et de statut d occupation. Transformer l action publique On trouve par ailleurs derrière la notion d habitat un certain rapport au bien commun qui introduit des valeurs comme l égalité, la convivialité, ou encore l accessibilité qui sont au cœur de l élaboration des politiques publiques. Cette étude interroge la place de l habitat, tel que nous l avons défini, dans la décision : «Qui a droit à quel logement? Comment assurer une juste distribution spatiale et sociale du logement? Quel type de logement offrir et quelles qualités minimales lui conférer? Ou encore : comment construit-on? Quels acteurs ¹ BONVALET C. et BRUN J., «Logements, mobilités et trajectoires résidentielles», in BONVALET C. et BRUN J. (dir.), Logement et habitat : l état des savoirs, Paris, éd. De la Découvert, ² ROUXEL F., «Habiter les territoires de projets», in Actes des premières rencontres nationales de l architecture, de l urbanisme et de l environnement, Angers, éd. FNCAUE, 2006, p. 13. ³ SEGAUD M., et HAUMONT N., Famille, modes de vie et habitat, Paris, L Harmattan, 1989, p ⁴ PATTARONI L., KAUFMANN V., RABINOVICH A., Habitat en devenir, Lausannes, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2009, p.8. ⁵ Ibid. 34 Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

35 interviennent dans le processus de production du logement et, plus amplement, de l environnement construit?»¹. Ces questionnements sont à intégrer dans les politiques publiques appliquées à l habitat surtout si l on considère que les cadres juridiques, administratifs et politiques façonnent de près ou de loin les modes d habiter, les rapports sociaux et la relation à l environnement. Au-delà des seules politiques de logement, les deux grands domaines de l action publique traversés par ces valeurs sont l aménagement du territoire d une part, qui est «au centre de la rencontre entre les usages et la forme»², et les politiques sociales d autre part, qui touchent au vivreensemble des populations. Penser l habitat dans sa conception élargie du logement implique donc également l ouverture des réflexions, des échelles de lecture et de l implication des parties prenantes de l habitat. Il s agit de transformer les procédures afin de trouver un équilibre entre la prise en compte des nouveaux modes de vie, des besoins comme des aspirations, tout en gardant pour objectif le développement du lien social et d un espace urbain de qualité. Mais il ne s agit pas d abandonner toute démarche quantitative au profit d une méthode systématique d enquêtes longues et coûteuses en termes de ressources humaines et de temps. Le premier enjeu consisterait à faire la jonction entre la logique actuellement dominante de l offre et de la demande et une prise en compte plus qualitative des modes de vie par le biais de l évaluation de l attractivité résidentielle. celui de l expérience vécue de l habitant et l adéquation entre son logement et ses aspirations, celui des individus susceptibles de venir habiter dans ce logement, puis celui des acteurs économiques comme les investisseurs, les propriétaires, etc. Une transformation des procédures peut inclure l attractivité résidentielle comme outil d évaluation de la demande à travers un regard plus sociologique des modes de vie et des aspirations³. L attractivité d un logement est définie par une série de critères positifs (proximité des services et équipements, distribution architecturale efficace ) ou négatifs (proximité de sources de nuisances, coût du logement ). La confrontation de ces critères détermine l attractivité en fonction du jeu entre le niveau de satisfaction et le taux de rotation du logement ou du quartier, voire de la ville. Ces deux indicateurs clés du marché du logement permettent de placer l attractivité résidentielle au point de rencontre entre l offre et la demande, d où la possibilité et l enjeu de lui conférer un outil destiné à analyser les aspirations et à mesurer l adéquation entre les modes de vie et le logement⁴. Interpréter la demande La demande de logements peut être interprétée de différente manière selon le point de vue adopté. Sur un plan «environnemental», les critères déterminants concernent les caractéristiques architecturales (nombre de pièces, surface, distribution) et géographiques (desserte efficace en transports en commun, accessibilité aux services, proximité des espaces verts) du logement. Mais l offre est essentiellement conçue à partir d un calcul démographique de l adéquation entre la taille du produit et la composition du ménage-client. Cette vision restreinte de l habitat se résume souvent par la question : «Quel type de logement pour qui?». Cette approche est facilement couplée à un critère financier, point de vue «économiste» qui considère l offre comme une réponse à la demande. Il en découle une idée des trajectoires résidentielles comme relevant entièrement des choix individuels⁵. Etudier l attractivité résidentielle Celle-ci est une notion complexe dont les multiples interprétations possibles dépendent du point de vue adopté dans l univers de l habitat. De manière générale, penser l attractivité résidentielle peut amener à considérer trois niveaux d interprétation, à savoir Résidence universitaire, rue Garibaldi, Lyon 7ème. Guy F./Agence d urbanisme de Lyon. ¹ PATTARONI L., KAUFMANN V., RABINOVICH A., Habitat en devenir, Lausannes, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2009, p.8. ² Ibid. ³ RODERICK J-L., «Les politiques de l habitat : agencer un monde en transformation», in PATTARONI L., KAUFMANN V., RABINOVICH A., Habitat en devenir, Lausannes, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2009, pp ⁴ Ibid., p.228. ⁵ Ibid., pp Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 35

36 Idées forces L analyse de l attractivité résidentielle permet une évaluation efficace de l adéquation entre l offre et la demande en termes d aspirations et de modes de vie. L équilibre entre le niveau de satisfaction et le taux de rotation permet de déterminer l habitabilité d un espace résidentiel. La méthode «POE» propose un suivi qualitatif des trajectoires résidentielles en incluant les ménages dans l évaluation de leur habitat. Analyser le motif de déménagement L étude des trajectoires résidentielles donne la possibilité d intégrer le point de vue des individus qui font usage du logement. Collecter les motifs de déménagement, ou de nondéménagement est une piste d analyse à explorer dans l objectif de formuler une demande qualitative sur le marché du logement. A partir de là, il est possible de compléter les connaissances statistiques du marché par une évaluation des aspirations et des modes de vie par la prise en compte du parcours résidentiel. Il résulte de l association entre les motifs de déménagement et le passé résidentiel des ménages une demande qui intègre aussi bien les contraintes socioéconomiques et culturelles que les aspirations. Conduire une «Post Occupancy Evaluation» De manière plus concrète, la transformation des procédures de l univers de l habitat peut passer par l élaboration d un suivi systématique des ménages en élaborant, à l aide de leur propre appréciation, une évaluation de leur parcours résidentiel, et surtout de leur habitat. Cette méthode POE («Post Occupancy Evaluation»)¹, de plus en plus répandue en Europe, peut permettre la constitution d une base de données accessible à tous les acteurs de l habitat en rendant compte de l attractivité résidentielle d un marché local. Le suivi des informations retenues sous forme de «check-list» permet d inclure un certain nombre de facteurs propres aux dimensions larges de l habitat : le loyer, la surface habitable, le taux de vacance, le taux de rotation et la satisfaction des habitants en termes d appropriation, de conditions de location et de gestion². La prise en compte de l attractivité du logement permet donc de construire un outil d évaluation de l adéquation entre le logement et les modes de vie, et peut, à terme, trouver une place centrale dans l aide à la décision en termes de politiques de l habitat. Rez de jardin, passage Mas, Lyon 9e. Ruch M-P/Agence d urbanisme de Lyon. Porte et enfants. Guy F./Agence d urbanisme de Lyon. ¹ «Post-occupancy evaluation» désigne un champ de recherche qui applique une méthode d évaluation systématique de la performance des bâtiments en intégrant le point de vue des usagers avec le but d améliorer l environnement construit», Ibid., p ² Ibid., p Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

37 Conclusion La considération des modes de vie dans leur définition la plus large met en lumière la difficulté d intégrer des problématiques sociologiques aux réflexions sur le logement. En effet, prendre en compte l évolution des modes de vie à partir d une entrée qualitative nécessite un regard sur les mécanismes sociaux d ordre conjoncturels et culturels dont les seules données statistiques ne peuvent entièrement rendre compte. A cela s ajoute la question des stratégies résidentielles des ménages qui demeurent orientées par ces déterminismes sociaux et contraintes par les logiques du marché du logement. L habitat a toujours fourni une image explicite des modes de vie d une société. Mais les évolutions sociétales de la fin du XXème siècle ont bouleversé l appréhension du logement par leur rapidité et par leur diversité. L expérience des grands habitats collectifs de l après-guerre nous montre les limites d une conception très standardisée du logement, alors que le modèle résidentiel de l accession à la propriété d une maison individuelle est de moins en moins dominant en tant que finalité sociale. Penser l habitat, puis «l habiter», invite à élargir les réflexions, en sortant en premier lieu de l idée restreinte du logement comme produit. En effet, la multiplication des modes de vie et le séquençage des cycles de vie montrent que la demande ne correspond pas aux besoins et aspirations réels des ménages. L habitat s inscrit dans un «sociosystème», il est en constante interaction avec son environnement immédiat, ce qui nécessite une redéfinition des échelles de l action publique. De plus, «l habiter» est une composante fondamentale du rapport de l individu au monde social. Il participe à sa construction identitaire par la constitution d un «chez soi» et remplit une fonction d interface sociale. Les études sociologiques, anthropologiques et psychologiques révèlent la nécessité de considérer l impact individuel et collectif des formes architecturales et urbaines du logement. Les grandes tendances observées en France mettent en exergue les besoins grandissants de mobilité tant géographique que résidentielle et de modularité temporelle. Les trajectoires n étant plus linéaires et ascendantes, les stratégies des ménages intègrent davantage les questions de l accessibilité aux équipements et services, notamment scolaires, de la possibilité de changer de logement en fonction des différents cycles de vie et des modes de vie du moment. Il s agit donc aujourd hui d évaluer l équilibre entre la demande de logements, les besoins réels et les aspirations propres aux ménages. Cela nous invite à considérer la «maîtrise d usage» de l habitant dans les politiques de l habitat. L amélioration de la fluidité du marché est sûrement la voie la plus appropriée à explorer pour répondre à l impératif croissant de mobilité résidentielle en facilitant le passage d un type de logement à un autre. La question de l adaptation de l habitat aux nouveaux modes de vie inclut également une transformation des cadres juridiques, administratifs et politiques du logement vers l instauration de procédures de suivi qualitatif des trajectoires résidentielles. Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées 37

38 Bibliographie sélective Essais et ouvrages AUTHIER J-Y. (dir.), Du domicile à la ville : habiter un quartier ancien, Paris, Anthropos, AUTHIER J-Y., BONVALET C;, LEVY J-P., Elire domicile: la construction sociale des choix résidentiels, Lyon, PUL, BACHELARD G., La Poétique de l espace, Paris, PUF, BONVALET C. et MERLIN P., Transformation de la famille et habitat, Paris, PUF, BOURDIEU P., Esquisse d une théorie de la pratique, Genêve, Droz, CHOAY F., L urbanisme utopies et réalités : une anthologie, Paris, Seuil, COLOOS B., Comprendre les marchés du logement, Paris, L Harmattan, COLOOS B., Habitat et ville, quinze questions controverses, La Tour d Aigues, éd. De l Aube, CONSEIL FRANCAIS DES URBANISTES, Désirs d'habiter : quelles réponses des urbanistes aux nouvelles attentes des habitants?, ADIFF, COUTARD O., LEVY J-P., Ecologies urbaines, Paris, éd Economica, DE VILLANOVA R., DUARTE C. R., Nouveaux regards sur l habiter, Paris, Le Manuscrit, 2012 DRIANT J-C, Habitat et villes : l avenir en jeu, Paris, L Harmattan, ELEB M., Les Evolutions de l'habitat et des modes de vie aujourd'hui : lancement de la réflexion prospective «Habitat 2022», Union sociale pour l'habitat, ELEB M., BENDIMERAD S., Vu de l intérieur, habiter un immeuble en Ile-de -France, , Paris, Archibooks, ELEB M., CHATELET A-M., Urbanité, sociabilité et intimité : des logements d'aujourd'hui, Saint-Etienne, Agence d urbanisme de Saint-Etienne, FIJALKOW Y., Sociologie du logement, Paris, La Découverte, coll. «Repères», GRAFMEYER Y., AUTHIER J-Y., Sociologie urbaine, Paris, Armand Colin, GRAVARI-BARBAS M. (dir.), Habiter le patrimoine : enjeux, approches, vécu, Rennes, PUR, GUILLOT X.(dir.), Habiter la modernité, Saint-Etienne, PUSE, 2006 HAUMONT N., SEGAUD M., Familles, modes de vie et habitat, Paris, L Harmattan, HAUMONT N., Les pavillonnaires, Paris, L Harmattan, INUDEL-SGAR-CERTU, L habitat face aux évolutions des modes de vie : vers un urbanisme de la maison?, éd. EPIDA, INSEE, La Société française : données sociales 1999, Paris, éd. INSEE, LE MUET P., Manière de bien bastir pour toutes sortes de personnes, Aix-en -Provence, éd. Pandora, LEGER J-M., Derniers domiciles connus : enquête sur les nouveaux logements , Paris, éd. Créaphis, LEVY J., Echelles de l Habiter, Paris, éd. PUCA, MAUSS M., Sociologie et anthropologie, PUF, Paris. MERLIN P., L urbanisme, Paris, PUF, MORIN E., Commune en France, la métamorphose de Plodemet, Paris, Fayard, PAQUOT T., LUSSAULT M. YOUNES C., Habiter, le propre de l humain, Paris, La Découverte, PATTARONI L., KAUFMANN V., RABINOVICH A. (dir.), Habitat en devenir : enjeux territoriaux, politiques et sociaux du logement en Suisse, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, PINSON D., Usage et architecture, Paris, L Harmattan, SEGAUD M., Anthropologie de l espace, Paris, Armand Colin, SEGAUD M., BONVALET C., BRUN J. (dir.), Logement et habitat, l état des savoirs, Paris, La Découverte, SEGAUD M., BRUN J., DRIANT J-C., Dictionnaire critique de l habitat et du logement, Paris, Armand Colin, SEGAUD M., Espaces de vie, espaces d architecture, Paris, Ministère du logement, SIMMEL G., La tragédie de la culture, Paris, Rivages, TRIBILLON J.-F., L urbanisme, Paris, La découverte, VAN DE WALLE I. et BRITTON M., La mobilisation des entreprises dans la politique de développement économique des zones urbaines sensibles, éd. CREDOC, Etudes et rapports. Agence d urbanisme de Lyon, DDE du Rhône, DRE Rhône-Alpes, Dossier habitat de l agglomération lyonnaise, Lyon, Agence d urbanisme de Lyon, Agence d urbanisme de Rennes, REFLEX, CERUR, Evolution de l'habitat et des modes d'habiter dans le Pays de Rennes : document final, Rennes, Agence d urbanisme de Rennes, BONNET L., BERTRAND L, Mobilités, habitat et identité, Paris éd INED, Direction Générale de l Aménagement, du Logement et de la Nature, Direction de l Habitat, de l Urbanisme et des Paysages, Rapport sur la situation du logement en France, Paris, Ministère de l Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement, EICHENBERGER S., FRENAY N., L'Habitat dans le Grand Lyon : Enquête logement INSEE 1996, Lyon, Agence d urbanisme de Lyon, Habitat et modes de vie - Un état des savoirs théoriques et des pistes de réflexion appliquées

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40 Communauté urbaine de Lyon, Sepal, Etat, Département du Rhône, Région Rhône-Alpes, Villes de Lyon, Villeurbanne, Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Bourgoin-Jallieu, Tarare, Communautés d agglomération Porte de l Isère, ViennAgglo, Communautés de communes du Pays de l Arbresle, du Pays Mornantais, du Pays de l Ozon, de la Vallée du Garon, des Vallons du Lyonnais, Syndicats mixtes du Beaujolais, de la Boucle du Rhône, de l Ouest Lyonnais, des Rives du Rhône, du Scot du Bassin d Annonay, du Scot des Monts du Lyonnais, du Scot Nord-Isère, du Scot Val de Saône-Dombes, Syndicat mixte pour l aménagement et la gestion du Grand Parc Miribel Jonage, CCI de Lyon, Chambre de métiers et de l artisanat du Rhône, Sytral, Epora, Ademe, VNF, Caisse des dépôts et consignations, Opac du Rhône, Grand Lyon Habitat 18 rue du Lac - BP Lyon Cedex 03 Tél Télécopie Directeur de la publication : Damien Caudron Référent : Richard Nordier r.nordier@urbalyon.org Infographie : Agence d urbanisme

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