Cultes et vie religieuse des cités grecques du Pont Gauche (VII e -I er siècles avant J.-C.)

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1 Europäische Hochschulschriften / European University Studies / Publications Universitaires Européennes 76 Cultes et vie religieuse des cités grecques du Pont Gauche (VII e -I er siècles avant J.-C.) Bearbeitet von Dobrinka Chiekova 1. Auflage Taschenbuch. XVI, 325 S. Paperback ISBN Format (B x L): 15 x 22 cm Gewicht: 520 g schnell und portofrei erhältlich bei Die Online-Fachbuchhandlung beck-shop.de ist spezialisiert auf Fachbücher, insbesondere Recht, Steuern und Wirtschaft. Im Sortiment finden Sie alle Medien (Bücher, Zeitschriften, CDs, ebooks, etc.) aller Verlage. Ergänzt wird das Programm durch Services wie Neuerscheinungsdienst oder Zusammenstellungen von Büchern zu Sonderpreisen. Der Shop führt mehr als 8 Millionen Produkte.

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3 Limites chronologiques Il n était guère plus aisé de fixer le cadre chronologique de notre recherche, car le caractère conservateur des phénomènes relevant de la religion rend conjecturaux le choix et la définition de la période. La fondation de ces cités fournit la limite chronologique supérieure. Pour la limite inférieure nous avons admis la fin du I er siècle av. J.-C., moment où la phase de leur indépendance politique prend fin avec l établissement du pouvoir romain. Nous nous sommes, au départ de la présente étude, proposé comme l objectif central de définir la corrélation entre l héritage des métropoles et le rôle des traditions du pays thrace dans la vie religieuse des cités du Pont Gauche; cet objectif notamment explique notre décision de circonscrire l enquête à l époque pré-romaine. Les traditions religieuses se prolongent, certes, à la période romaine; cependant, les changements spécifiques qui se produisent à cette époque, en particulier la place importante prise par le culte de l empereur, ne concernent pas directement ce problème que nous avons défini comme central pour la présente recherche. Ces changements nous paraissent recommander une séparation claire entre les deux époques. Pontica 3, 1985, pp ; A. Avram, «Beziehungen zwischen Griechen und Geten im archaischen Histria», StudClas 27, 1991, pp ; Id., «Les territoires d Istros et de Callatis», in: Problemi della chora coloniale dall Occidente al Mar Nero, Atti del quarantesimo convegno di studi sulla Magna Grecia, Taranto, 20 settembre-3 ottobre 2000, Tarente 2001, pp , en particulier ; pour Callatis: A. Avram, «Les territoires d Istros et de Callatis» (cit. ci-dessus), notamment pp ; Id., in: ISM III, Etude introductive, pp

4 Base documentaire Notre enquête s appuie principalement sur des documents épigraphiques, numismatiques et archéologiques, les sources littéraires étant rarissimes et, en ce qui concerne les cultes peu susceptibles de fournir autre chose que des témoignages indirects. Dans l ensemble de la documentation, l apport le plus important vient des inscriptions, en raison des informations explicites qu elles procurent au sujet des divinités et de la vie religieuse. La recherche a été facilitée par l existence de corpus épigraphiques récents pour toutes ces cités. 17 A côté de l épigraphie, c est la numismatique qui constitue la source fondamentale. Un outil indispensable pour l étude des monnayages des cités pontiques est le corpus de B. Pick et K. Regling, qui vaut pour Odessos, Tomis, Tyras, Dionysopolis, Callatis, Istros. Les volumes IX et XI de la Sylloge Numorum Graecorum, qui contiennent les monnaies pontiques des collections du British Museum et de W. Stancomb, sont d une grande utilité, ainsi que les études d A. Zograph, d I. Karajotov, de C. Preda et H. Nubar sur les monnayages de Tyras, de Mésambria et d Istros respectivement. 18 Les vestiges architecturaux, à savoir les restes de temples, et plastiques, notamment les statues et les reliefs, apportent une importante contribution à la recherche. Mais les publications, quand elles existent, sont fort dispersées dans des périodiques bulgares, roumains, russes ou autres. Toutefois, les études de G. Bordenache, Z. Goªeva et M. Oppermann, de N. Hampartumian, de M. Tacheva et de M. Alexandrescu-Vianu regroupent une grande partie de ces monuments et sont donc très utiles pour notre recherche. Dans une étude récemment parue, P. Alexandrescu publie d une 17 Pour les inscriptions des cités de la côte bulgare (Bizoné, Dionysopolis, Odessos, Mésambria, Apollonia) l étude s appuie sur le corpus de G. Mihailov, IGB I 2 et IGB V (Inscriptiones novae. Addenda et Corrigenda) (sans traduction; avec lemme et commentaire en latin); pour Istros sur le corpus de D. M. Pippidi, ISM I (avec traduction et commentaire en roumain); pour Tomis sur le corpus d I. Stoian, ISM II (avec traduction et commentaire en roumain); pour Callatis sur le corpus d A. Avram, ISM III (avec traduction et commentaire en français); certaines des inscriptions de Tyras sont publiées par Laty ev, IOSPE I 2, ainsi que dans des diverses revues. 18 Pick, Münzen I, 1; Pick Regling, Münzen I, 2; Karajotov, Monnayage de Mésambria; Karayotov, Coinage; Zograph, Ancient coinage 2; Preda Nubar, Descoperirile monetare.

5 manière claire, détaillée et exhaustive les monuments découverts entre 1915 et 1989 dans le téménos d Istros, la «Zone sacrée». 19 Les noms théophores et les données concernant les calendriers de ces cités fournissent également des indices non négligeables pour l étude des cultes; les annexes mettent davantage en évidence leur apport à cet égard. Il est essentiel de relever dès maintenant que des documents principalement épigraphiques et numismatiques datant de l époque romaine seront également allégués, mais dans le cas seulement où nous admettons qu ils peuvent nous renseigner sur des cultes existants selon toute vraisemblance dès avant la conquête romaine. Ces documents, utilisés avec toute la précaution requise, sont en effet à même d apporter des indications concernant les périodes antérieures. A titre d exemple citons le cas du culte de Dionysos Karpophoros à Istros qui n est attesté qu à l époque impériale et pour lequel on ne dispose jusqu ici d aucun indice suggérant qu il était plus ancien; les documents qui nous renseignent sur ce culte seront donc cités dans le chapitre consacré à Dionysos, mais ils ne feront pas l objet d une présentation spéciale. Par contre, les données fournies par des documents de l époque impériale relatives aux célébrations de Dionysos Bacchos seront prises en compte; le culte bachique dans ces cités remontait sans aucun doute à l époque autonome. Etat des recherches, approche méthodologique Les monuments archéologiques, numismatiques et épigraphiques des cités grecques du Pont Gauche ont, depuis un siècle, attiré l attention de bon nombre de savants, qui ont réussi à mettre à profit ces témoignages épars pour reconstituer plusieurs aspects importants de leur histoire sociale, économique, politique ainsi que de leur vie religieuse. On peut répartir globalement les études abordant des problèmes de la vie religieuse des cités pontiques occidentales en deux groupes. Dans le premier groupe se rangent les études qui portent soit sur la religion grecque soit sur la colonisation grecque en Thrace et sur les rives du Pont-Euxin. Dans ces deux types de travaux, la problématique des cultes des cités ouest- 19 Bordenache, Sculture; Goªeva Oppermann, CCET I et Hampartumian, CCET IV; Tacheva, Eastern Cults; Alexandrescu-Vianu, Statues et reliefs; Alexandrescu, P., Histria VII. La zone sacrée à l époque grecque, Bucarest 2005.

6 pontiques occupe une place très secondaire. Leur vie religieuse ne fait pas l objet d une attention particulière; l originalité et la diversité des traditions qui la composent ne sont pour ainsi dire jamais été mises en valeur. Les principales références aux cultes des cités du Pont Gauche se trouvent, mais en ordre disperse, dans plusieurs ouvrages fondamentaux pour les études de la religion et de la colonisation grecques ainsi Nilsson, Geschichte der griechischen Religion; Hemberg, Die Kabiren; Chapouthier, Les Dioscures au service d une déesse; Bilabel, Die ionische Kolonisation; Hanell, Megarische Studien, Ehrhardt, Milet und seine Kolonien, Isaac, The Greek Settlements in Thrace until the Macedonian Conquest, etc. Nous ferons état à plusieurs reprises de l opinion de ces auteurs sur un ou l autre des problèmes discutés. Le deuxième groupe comprend des études ayant pour l objet soit des documents épigraphiques, numismatiques, archéologiques qui concernent les cultes des cités du Pont Gauche, soit un ou plusieurs cultes, en s appuyant sur différents types de témoignages. Ces études, qui ont le mérite de mettre en valeur et d explorer les documents isolés ou d éclairer maints aspects essentiels de la vie religieuse de ces cités ont pour auteurs des savants dont les noms et les études reviennent souvent dans les pages qui suivent. Nous ne citerons dans ces lignes introductives que ceux dont les recherches sur les cultes «ouest-pontiques» ont jalonné le chemin de notre enquête. Il faut citer en premier lieu les noms de G. Mihailov, D. M. Pippidi, I. Stoian et A. Avram, dont les commentaires dans leur corpus épigraphique respectif représentent un bon point de départ pour l étude des monuments épigraphiques. A cet égard, nous avons profité aussi des observations critiques et des commentaires approfondis de L. Robert, notamment dans son article sur «Les inscriptions grecques de Bulgarie» et de Bulletin épigraphique. Dans plusieurs de ses travaux D. M. Pippidi traite des problèmes de la vie religieuse des cités de la côte roumaine avec beaucoup de compétence et de perspicacité; citons ici les Epigraphische Beiträge zur Geschichte Histrias in hellenistischer Zeit, I Greci nel basso Danubio dall età arcaica alla concesta romana, Studii de istorie a religilor antice et en particulier maintes contributions reprises dans ses Scythica Minora («Pour une histoire des cultes d Istros. Documents d époque hellénistique», «Sur la diffusion des cultes égyptiens en Scythie Mineure», «Décret d Istros pour un prêtre des Dieux de Samothrace», «Inscription oraculaire de Callatis», «Nouveaux documents sur le culte de Dionysos à Callatis»). Plusieurs autres savants Chr. Danov, V. Velkov, Z. Goªeva,

7 M. Alexandrescu-Vianu, A. Avram ont écrit des articles importants sur différentes questions relevant de la vie religieuse de ces cités. La monographie de M. Tacheva-Hitova, consacrée à l étude des cultes orientaux dans les provinces de la Mésie Inférieure et de la Thrace (V e s. av. J.-C. IV e ap. J.-C.), fait état d une riche documentation archéologique et épigraphique provenant des cités ouest-pontiques, accompagnée d une discussion approfondie. Pour ce qui est des relations et des échanges avec la religion thrace, particulièrement intéressantes se sont avérées les études de G. Kazarow, A. Fol, I. Vénédikov, I. Marazov. Toutefois, comme nous venons de le noter, les travaux de ce deuxième groupe n ont pas eu l ambition de réunir et analyser tous les témoignages, actuellement disponibles dans la perspective d une étude d ensemble sur la vie religieuse des cités du Pont Gauche et sur les diverses traditions qui la composent. 20 Nous avons donc estimé qu un travail visant d abord à l analyse des documents et, ensuite, de synthèse, pourrait mettre en lumière les principales tendances qui caractérisent la vie religieuse de cette région. L intérêt de cette démarche réside, à nos yeux, dans la possibilité de déceler les différentes couches des cultes hérités, adaptés ou adoptés, afin de saisir le cas échéant le croisement entre les traditions apportées par les colons milésiens et mégariens et celles du pays qui les a accueillis. La présente étude cherche donc à répondre aux questions suivantes: Quelles sont les rapports entre ces cités et leurs métropoles dans le domaine de la religion? Quelles sont les différences et les similitudes typologiques entre les colonies milésiennes et les colonies mégariennes? La vie religieuse de ces cités se résume-t-elle en une reprise des cultes des métropoles ou, au contraire, est-on conduit à admettre une spécificité et une originalité, fruits des échanges entre elles et des contacts avec les traditions religieuses indigènes? 20 La complexité des questions liées à la religion avait inévitablement engendré une multitude d approches et de discours, d opinions et d hypothèses. Dans les discussions des problèmes concrets de la vie religieuse des colonies du Pont Gauche, se laissent parfois deviner des concepts «idéologiques» plus généraux défendus dans une certaine mesure a priori par les différents auteurs. De tels concepts sont, par exemple, la «pureté» des traditions helléniques dans les colonies ou, au contraire, l importance de l impact des traditions religieuses locales. Il ne s agit pas d exprimer par là une critique, car aucun auteur n est à l abri de tels présupposés. Mais de semblables sujets imposent une certaine prudence et ne permettent pas des réponses indiscutables.