Projet de réseau socioprofessionnel en éducation à la TÉLUQ

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1 Projet de réseau socioprofessionnel en éducation à la TÉLUQ PAR JOËL NADEAU, 29 AOÛT 2014 Capture d écran d une esquisse en ligne de l éventuel Réseau éducation (teluq.reseau.xyz) 1

2 TABLE DES MATIÈRES Introduction Présentation du projet Mon point de départ À propos du réseau socioprofessionnel Intérêts pour l Unité d'enseignement et de recherche en Éducation Défis envisagés Choix technologiques Les réseaux sociaux Les CMS et les LMS Les outils de communication synchrones Les solutions hybrides Devis de réalisation Animation Configurations techniques Base de données des utilisateurs Sécurité Arborescence et outils de la plateforme Aspects graphiques Version mobile Calendrier de réalisation Évaluation continue Proposition de budget Expansions possibles Démonstration de base en ligne Aspects théoriques Apprentissage informel Apprentissage informel Apprentissage social Communautés de pratique Technologies et apprentissage Conclusion Bibliographie Annexe grille d évaluation

3 Introduction Est-il possible d utiliser simplement et efficacement les outils communicationnels pour reproduire certains des aspects qui font des campus universitaires des espaces riches en rencontres, dialogues, et en apprentissages informels? C est là une des questions qui ont mené à l écriture de ces quelques pages, lançant une réflexion sur l utilisation de plateformes virtuelles collaboratives comme complément à un processus de formation, que cette dernière soit à distance, en personne ou bimodale. Il ne sera donc pas directement question de construction d outils technopédagogiques développés pour répondre à des besoins spécifiques d apprentissage dans le cadre d un cours ou d un programme structuré. La réflexion proposée porte avant tout sur les outils communicationnels susceptibles d alimenter la socialisation entre apprenants, l apprentissage informel, le partage de connaissances ainsi que la construction de liens sociaux et professionnels, ceci en complément à une démarche formelle et organisée de formation. Par extension, de tels outils pourraient aussi contribuer à l insertion professionnelle de finissants et mener à des jumelages spontanés et organisés, comme le tutorat, le mentorat ou encore la mise en place d équipes de travail autour de projets spécifiques. Cette proposition s inscrit aussi dans un contexte bien concret, soit celui de l Unité d'enseignement et de recherche en Éducation de la TÉLUQ. Ce projet, qui s adresserait aux étudiants, aux finissants ainsi qu au personnel rattaché à l unité, pourrait prendre la forme d un «réseau socioprofessionnel» tel qu on en retrouve à l UQAM. L hypothèse avancée est qu un tel projet constituerait un outil d apprentissage complémentaire riche pour les étudiants tout en alimentant la cohésion entre les membres. À noter que ce document a été rédigé dans le cadre du cours EDU6022 de la maîtrise en Formation à distance de la TÉLUQ. Il est disponible en ligne sur un blogue à l adresse joelnadeau.net. 3

4 1. Présentation du projet 1.1. Mon point de départ Sur une note personnelle, je porte un intérêt marqué pour cette réflexion, y voyant une avenue pertinente dans divers contextes et qui mérite d être approfondie. Je suis d avis qu il n est pas possible ni souhaitable de reproduire virtuellement l effervescence d un campus universitaire. Ceci dit, je suis persuadé qu il est possible de rendre certaines formations plus dynamiques, vivantes et attrayantes en portant une attention particulière aux relations interpersonnelles et aux dynamiques de groupe en marge des activités structurées d apprentissage. La formation, qu elle soit en personne ou en ligne, qu elle soit académique ou non, m apparaît un prétexte intéressant pour permettre des échanges personnels et professionnels enrichissants et pour susciter un apprentissage informel entre pairs. Cette démarche visant à créer une telle communauté de pratique peut très certainement se dérouler parallèlement à un atelier, à un cours spécifique, à un programme d études ou même à un forum thématique. Diverses approches pédagogiques et outils technologiques ont pour but de favoriser les échanges au sein d un groupe d apprenants, voire l apprentissage dit social. On peut supposer qu à l extérieur de ces formations, les apprenants auraient tout avantage à tisser des liens et à partager des réflexions complémentaires. Que ce soit pour maintenir des relations entre deux formations éloignées dans le temps, pour animer un groupes d étudiants inscrits à un programme et ayant des parcours scolaires différents ou encore pour permettre de faire le pont entre une activité de formation et un groupe professionnel ou communautaire, j estime que le recours aux technologies éducatives peut rester pertinent hors d un contexte d apprentissage formel. Il s agit de bien réfléchir à la complémentarité et à la continuité entre les deux types de contexte. On s en doute, ceci pose des défis sur divers plans : organisationnel, pédagogique, technologique, relationnel, etc. Ces questions m animent et je souhaite initier une réflexion et un dialogue sur le sujet. C est aussi mon parcours éducationnel et professionnel qui me mène à une telle réflexion. Étudiant à l UQAM, j ai eu la chance de démarrer et d animer de 2003 à 2005 un réseau socioprofessionnel lié au programme d animation et recherche culturelles et de mettre en place des outils pour faciliter la communication dans les divers autres réseaux du même type. Plus tard, comme employé des Services à la vie étudiante de l UQAM, j ai été appelé à développer 4

5 une plateforme Web collaborative pour ces mêmes réseaux socioprofessionnels. Si pour différentes raisons ce projet est resté lettre morte, ce fut pour moi une belle occasion de rencontrer divers intervenants liés au processus et de concevoir avec eux un outil qui réponde à leurs besoins. J ai ensuite fondé mon entreprise en développement Web 1, au sein de laquelle j accumule huit années d expérience en développement et accompagnement autour de différents outils de diffusion et de collaboration. J ai pu développer, entre autres projets, des communautés de pratique dont le Central de RADAR 2 avec Solidarité rurale du Québec, qui permet depuis 2009 aux agents de développement rural répartis à travers le Québec d échanger et de partager leurs connaissances et expériences. J ai travaillé avec nombre d acteurs de la ruralité et je coordonne présentement un projet de formation continue, les Ateliers des savoirs partagés 3, dans la petite communauté de Saint-Camille 4. Les projets en développement ainsi que ma maîtrise en formation à distance m amènent à réfléchir à la mise en place d un projet de formation destiné aux acteurs du développement rural et au recours à différentes technologies éducatives pour appuyer ces formations et maintenir les liens entre les apprenants hors des formations. Outre les formations elles-mêmes, je me questionne sur les manières de favoriser les maillages, le travail en réseau et l émergence d une culture de partage des connaissances. Il s agit là d un projet en gestation et le présent document porte plus précisément sur le contexte de l Unité d'enseignement et de recherche en Éducation de la TÉLUQ. Ce choix est motivé par le sentiment qu un tel projet répondrait à un réel besoin chez les étudiants en éducation de la TÉLUQ ainsi que par des intérêts personnels, à savoir le désir de vivre davantage d interactions avec mes pairs dans le cadre de mes présentes études. De plus, la plupart des réflexions et hypothèses peuvent s appliquer à d autres contextes de formation. En outre, cette démarche se place en continuité avec le document que j ai écrit précédemment, «La formation à distance dans le monde rural québécois», dans lequel j abordais entre autres la question du décloisonnement des modes d apprentissage et de la manière de créer des parcours hybrides pertinents et constructifs pour les apprenants et groupes d apprenants. Je concluais en avançant que «[l] élaboration de projets qui intègrent diverses pratiques, par des aller-retour entre formation et communauté de pratique, entre réseaux de tutorat et 1 projetoeb.net 2 ruralite.qc.ca/central 3 recitsrecettes.org/ateliers 4 saint-camille.ca 5

6 apprentissage social, entre accompagnement et laboratoire d expérimentation par exemple, peuvent mener à de nouvelles formules d apprentissage et de co-construction des connaissances. Il s agit en réalité de mettre en place les conditions qui favorisent l émergence d une culture de l apprentissage et la création de communautés apprenantes. [ ] Quand un atelier de formation deviendra une activité qui s insère dans un continuum plus large incluant d autres formes d apprentissages, qu ils soient autodidactes, dirigés ou sociaux, une réelle culture de l apprentissage se développera et c est possiblement dans cette optique qu on peut réfléchir à la création d une école de la ruralité 5.» L idée de donner un élan supplémentaire aux processus d apprentissage en mettant en place les conditions pour optimiser le partage informel des connaissances s inscrit en continuité avec cette réflexion À propos du réseau socioprofessionnel Depuis le début des années 2000, nous retrouvons à l UQAM des réseaux socioprofessionnels visant à «faciliter le travail des étudiants pour prendre connaissance de leur futur milieu de travail et établir des liens solides entre eux 6». Ils sont toujours rattachés à des programmes spécifiques d études, parfois dans des secteurs où des besoins d aide à l insertion professionnelle ont été identifiés. Relevant des Services à la vie étudiante, division des servicesconseils, des professionnels animent ces réseaux avec l aide d un assistant étudiant pour chacun des réseaux. Les membres, composés d étudiants, de finissants, d enseignants et parfois de professionnels actifs dans le domaine, sont aussi interpelés pour maintenir vivantes ces structures. Chaque réseau est appelé à définir une programmation d activités répondant aux besoins des membres (conférences, midi-rencontres avec des diplômés, tables rondes, etc.). Deux bulletins sont envoyés hebdomadairement aux membres, l un contenant des informations générales sur le milieu (calendrier d activités, nouvelles, ressources) et l autre rassemblant des offres d emploi et de stage, parfois diffusées de manière exclusive pour les membres. Le jumelage entre étudiants ou entre étudiants et diplômés y est encouragé, dans l objectif de favoriser des accompagnements de type tutorat ou mentorat. 5 joelnadeau.net/fad-et-ruralite 6 Sur le site Web des Services à la vie étudiante de l UQAM, consulté en août 2014, goo.gl/apdkvc 6

7 Une plateforme Web, à la conception de laquelle j ai activement participé, devait donner une dimension supplémentaire à ces réseaux en permettant aux membres d interagir en ligne de manière asynchrone. Toutes les informations découlant des activités et des bulletins devaient y être archivées et classées. Des outils allaient être programmés pour favoriser le repérage de membres partageant les mêmes intérêts afin de faciliter le réseautage. Les membres auraient été appelés à contribuer à la mise en ligne de bases de données. Ce projet a finalement été abandonné en cours de route, puisque la gestion des réseaux socioprofessionnels relève maintenant des facultés Intérêts pour l Unité d'enseignement et de recherche en Éducation L Unité d'enseignement et de recherche en Éducation de la TÉLUQ bénéficierait certainement de la mise sur pied d un réseau socioprofessionnel léger, en partie autogéré par les membres et adapté aux besoins de l Unité. Soutenu en bonne partie par une communauté de pratique virtuelle, un tel projet peut être réalisé aisément et être maintenu avec des ressources minimales tout en ayant des retombées concrètes. L intérêt réel pour une telle structure reste à valider auprès du personnel de l Unité et auprès des étudiants. Si le présent document lance quelques pistes de réflexion, le projet bénéficierait aussi d une bonification de nombre de personnes. Ainsi, des consultations pourraient être organisées et les étudiants pourraient être appelés à compléter un formulaire en ligne pour témoigner de leur intérêt et de leurs besoins. À mon avis, une telle structure peut être constructive et avoir des retombées concrètes à divers niveaux : Elle contribuerait aux démarches d animation au sein de l Unité et des programmes d études en facilitant la circulation des informations et la création de liens entre les étudiants. Elle permettrait dans une certaine mesure de recréer l ambiance propre aux campus universitaires physiques, propice aux rencontres et aux échanges informels. Elle aiderait à développer une culture propre à l Unité et un sentiment d appartenance, ce qui pourrait contribuer au dynamisme des programmes et à la motivation. Une 7

8 communauté de pratique est par ailleurs susceptible de développer une identité collective en lien avec la profession elle-même (voir la section 4.3). Elle offrirait aux étudiants une occasion de découvrir certains aspects de la pratique tout en tissant des liens avec les professionnels actifs dans le milieu. Elle permettrait à l Unité de rester plus facilement en contact avec les diplômés. Une telle communauté de pratique serait aussi une occasion d apprentissage informel potentiellement riche (voir la section 4.1). En complément aux cours structurés offerts par le programme, la plateforme et les activités organisées permettraient des échanges sur nombre de sujets et la co-construction des savoirs. Il s agirait par ailleurs d une belle occasion pour réfléchir collectivement sur cette expérimentation pédagogique et en tirer des conclusions qui peuvent être pertinentes pour la pratique et les parcours professionnels des membres Défis envisagés S il est vrai qu un tel projet peut être réalisé de manière assez simple et légère, il importe de bien réfléchir à chacune des étapes de réalisation, question de s assurer que le réseau soit en mesure de surmonter les divers défis qui se poseront. Assurer la longévité du projet sera en soit un grand défi. À cet égard, le rattachement formel du réseau à la structure administrative de l Unité me semble une piste prometteuse, question d assurer une récurrence dans le développement. Les aspects de l animation (voir la section 3.1) et de la capacité d évolution de la plateforme (voir la section 3.9) sont aussi essentiels pour assurer la longévité du projet. Le coût du projet, bien que minime, peut aussi représenter un obstacle à la survie du projet. Le développement technologique peut être réalisé à des coûts assez faibles, mais l animation du réseau nécessiterait idéalement l embauche d une personne, possiblement un étudiant, à temps partiel. D autres dépenses liées au roulement peuvent être nécessaires pour assurer le bon fonctionnement des activités (voir la section 3.10). La participation active des membres sera une condition essentielle au succès du réseau. Il importe donc que les acteurs soient interpelés dès le début et qu une démarche de 8

9 mobilisation soit entreprise et maintenue à toutes les étapes. Il est à noter que la diversité des profils des étudiants liés à l Unité peut s avérer un défi en soi, puisque chaque membre d un éventuel réseau socioprofessionnel aura des attentes différentes. Si une cible commune est bien identifiée et permet une réelle mobilisation d une proportion intéressante de ces étudiants et diplômés, cette diversité peut s avérer une force en raison des apports et interactions qui seront eux aussi plus diversifiés. Par ailleurs, pour qu une telle communauté de pratique soit concrètement propice à l apprentissage de chacun des membres, il importera de mener une réflexion sur les différentes approches technopédagogiques à entreprendre. Il ne s agit pas de scénariser des parcours d apprentissage dans une formation, mais bien de mettre en place les conditions nécessaires pour favoriser les échanges constructifs entre les membres. Ceci passera sans doute par un choix judicieux des technologies (voir la section 2), par leur adaptation en fonction de l appropriation du réseau par les membres, par une animation stratégique et soutenue ainsi que par une participation active des membres. Une réflexion pédagogique et des évaluations (voir la section 3.9) permettront aussi de s assurer que la communauté puisse générer des retombées concrètes pour les membres en termes d apprentissage. 9

10 2. Choix technologiques Le choix approprié d un outil en particulier ou d une série d outils capables de répondre adéquatement et efficacement aux besoins d un réseau socioprofessionnel est une étape déterminante du processus et une condition essentielle à son succès. Heureusement, il existe aujourd hui une panoplie d outils qui sont à la fois accessibles et malléables, et ce domaine est en pleine expansion. Cette présente section propose un bref survol de différentes solutions possibles pour la réalisation du projet qui nous intéresse. À la lumière de ce survol, une solution sera proposée. Les outils technologiques que l on peut retrouver dans une communauté de pratique virtuelle sont de diverses natures. Le CEFRIO recense trois grandes familles de fonctions auxquelles les participants sont susceptibles de recourir : l interaction (collaborations, discussions, questionnements), la publication («produire, partager et recueillir les artefacts pertinents à leur pratique») et l entretien des liens (pour permettre l évolution du groupe et le maintien de sa cohésion) 7. Les principaux critères retenus ici pour l évaluation des différentes solutions sont l accessibilité en termes de coûts (licences, développement, hébergement et entretien), la simplicité d utilisation pour les participants, la performance des outils ainsi que leur malléabilité, c est-àdire leur capacité à s adapter à des besoins évolutifs. Ce dernier critère, la capacité à adapter les outils en fonction des usages, est toujours important dans la conception d outils en ligne, «mais avec les communautés cela revêt une importance capitale 8», nous dit le CEFRIO, arguant que ces structures collaboratives se réinventent continuellement. Il faut lire cette section en gardant à l esprit qu elle a été écrite à l été 2014 et qu il s agit d un monde qui évolue rapidement. Certains éléments peuvent ne plus être à jour quelques mois plus tard. Il faut interpréter ceci comme un polaroïd d une période précise et d un point de vue donné. 7 Travailler, apprendre et collaborer en réseau, Louis Langelier, CEFRIO, 2005, p bit.ly/1mrdica 8 Idem, p

11 2.1. Les réseaux sociaux Plusieurs réseaux sociaux sont en mesure de répondre à certains des besoins exprimés par les communautés de pratique. Les principaux avantages résident dans le fait qu il s agit de solutions «clé en main», que ces réseaux ne nécessitent pas ou peu de développement, qu ils sont généralement gratuits et souvent déjà utilisés et maîtrisés par un nombre important de personnes, ce qui facilite dans certains cas l apprentissage. Ce dernier argument peut revêtir une certaine importance dans quelques contextes : un outil avec lequel on est déjà familier et qui est déjà intégré à nos pratiques quotidiennes sera plus facilement adopté même si les finalités sont différentes. Notons aussi que les réseaux sociaux sont généralement réputés pour leur facilité d utilisation et qu ils sont aisément intégrés à un environnement numérique plus large (utilisation via des applications mobiles, utilisations croisées via des outils permettant un dialogue entre deux applications distinctes, etc.). Mettons d emblée de côté les réseaux sociaux de blogue (comme Blogger ou Wordpress), de micro-blogue (comme Tumblr ou Twitter), de partage de photos (comme Flickr ou Instagram), de partage de vidéos (comme Youtube ou Vine), de partage de musique (comme Last.fm ou Jamendo), de partage de signets ou de curation (comme Diigo ou Scoop.it), de communautés de joueurs (comme Second Life) ou de géolocalisation (comme FourSquare). Ces outils peuvent s avérer intéressants et très pertinents pour certains besoins précis. Ils se démarquent par leur réponse à un besoin particulier et par la capacité qu ils ont eu de mobiliser une vaste communauté. Par contre, les fonctions complémentaires permettant d autres usages connexes sont inexistantes ou limitées. Ainsi, il faut savoir utiliser ces divers outils en complémentarité les uns des autres pour créer un environnement qui réponde à des besoins plus complexes. Ils sont néanmoins utiles ponctuellement en complément d un environnement plus complet. Concentrons-nous sur deux autres types de réseaux : ceux dédiés au réseautage social (comme Facebook, Google Plus ou Pinterest) ou de réseautage professionnel (comme LinkedIn). Ces outils offrent une plus grande panoplie de fonctions permettant de répondre à des besoins plus diversifiés, dont la collaboration. Ils permettent généralement de créer des groupes privés ou semi-privés, introduisant une distinction entre un usage plus personnel ou un usage destiné à un groupe donné. Malgré cette distinction, les deux types d usages se confondent parfois. Denys Lamontagne souligne que «[l]a frontière entre les activités personnelles et professionnelles est 11

12 si ténue que les risques de dérapage sont généralement trop importants pour qu ils soient utilisés à l interne dans les entreprises 9». Le caractère privé d un groupe peut être recherché dans nombre de situations, en permettant l échange libre d information sensible et la création d un climat de confiance. Jean Loisier mentionne que le «capital social» associé à des réseaux varie en fonction du nombre de personnes impliquées, mais aussi en fonction du degré d ouverture du réseau. Un réseau complètement ouvert, comme Facebook (si on exclut les groupes privés), présenterait potentiellement un capital social plus restreint du fait de la valeur de l information, relativement banalisée. «En raison de leurs liens étroits, les membres se font confiance et diminuent le contrôle social; de ce fait l information circule plus ouvertement. La circulation limitée de l information peut donc accroître le capital social des membres du groupe 10». Comme pour les autres réseaux sociaux, les outils mentionnés sont généralement intégrés à une constellation d applications connexes et multiplateformes (accessibles via divers systèmes d exploitation). Ils sont généralement faciles à maîtriser et l adaptation de leur utilisation à un contexte particulier ne demande pas beaucoup de connaissances. Par contre, leur personnalisation s avère limitée, les seuls usages possibles étant ceux qui sont déjà planifiés par l entreprise. Même s ils offrent davantage de fonctions que les réseaux cités précédemment, on constate rapidement les limites de ces plateformes lorsque vient le temps de sortir du canevas proposé. Un fait important à ne pas négliger est qu il s agit d entreprises privées qui ont des objectifs de rentabilité bien assumés. Ainsi, nous nous retrouvons dans un environnement où la publicité est omniprésente et où la collecte de données personnelles (permettant entre autres de mieux cibler les offres publicitaires en fonction des intérêts des utilisateurs) est pratique courante. C est la contrepartie à la gratuité de ces outils. La présence de publicités peut en soi être gênante pour des usages comme ceux souhaités dans le cadre d une communauté de pratique, mais cela soulève aussi des questions de respect de la vie privée. Il faut savoir que certaines personnes vont jusqu à refuser de créer des comptes personnels sur ces plateformes, 9 La systématisation des apprentissages informels, Denys Lamontagne, Thot Cursus, consulté en août 2014, p bit.ly/1kiebag 10 La socialisation des étudiants en fad au Canada francophone, Jean Loisier, REFAD, 2014, p bit.ly/1pxpta9 12

13 notamment sur Facebook et Google Plus. Dans certaines situations, il se peut donc que certains participants potentiels refusent de joindre la communauté. Un important défaut de ces plateformes de réseautage reste la question de l archivage des données. Si ces dernières excellent dans les échanges spontanés et les outils de communication synchrones, la possibilité d effectuer une recherche précise dans des archives est ardue, voire impossible. Il n existe parfois pas de moteur de recherche ni d outils de classification. Il s agit là d une fonction pourtant très utile dans une communauté de pratique. Pour le sujet qui nous intéresse, LinkedIn s avère probablement l outil le plus intéressant. Il est axé sur les relations liées au monde du travail, offre des outils plus flexibles en matière de groupes de collaboration et s est ouvert au monde de l éducation en permettant aux universités de créer des espaces qui leur sont propres ainsi qu en facilitant le réseautage entre les étudiants et le monde du travail. Ces fonctions sont intéressantes et répondent à quelques-uns des besoins liés à un réseau socioprofessionnel. Ces pages d universités sont cependant limitées et peu personnalisables; davantage des vitrines promotionnelles pour contribuer au recrutement que des outils d animation, elles suscitent difficilement la cohésion et l engagement du groupe, comme en témoignent ces paroles de Christina Allen, chef de produit chez LinkedIn :«Nous pensons que ces pages seront particulièrement précieuses pour les étudiants qui doivent prendre une grande décision lorsqu ils choisiront leur université 11». Le maillage entre pairs reste quant à lui soumis aux initiatives personnelles, pour ceux qui connaissent cette fonction et qui souhaitent l utiliser. Malgré tout, LinkedIn héberge des communautés bien vivantes sous forme de groupes thématiques. Dans tous les cas, ces plateformes commerciales sont soumises à une rude concurrence et parfois même à des impératifs financiers, étant parfois présentes en bourse (comme Facebook, LinkedIn et Google). Si ces plateformes sont aujourd hui établies, rien ne nous permet toutefois de prédire leur avenir. Elles peuvent rapidement décroître ou disparaître, comme l a démontré dans le passé MySpace, ou changer certaines de leurs conditions d utilisation. Certains croient 11 «On pourra désormais suivre les carrières des anciens élèves de HEC, Assas... sur LinkedIn», Assma Maad, Le Figaro, bit.ly/1pdbicv 13

14 d ailleurs que Facebook amorce sa courbe de décroissance alors que d autres prédisent que sa vocation se transformera en profondeur 12. Les réseaux sociaux sont donc de bons outils pour les communautés de pratique, qui peuvent répondre en partie à certains besoins, mais leur usage est limité et peu adaptable. Ils peuvent constituer des alternatives peu coûteuses ou encore répondre à des besoins spécifiques complémentaires. Ils s avèrent dans certains cas d intéressants outils de recrutement et de diffusion s ils sont utilisés stratégiquement Les CMS et les LMS Si développer une plateforme sur mesure est l avenue retenue, il est possible de la programmer de toutes pièces. Cette solution est coûteuse tant pour le développement initial que pour les ajustements ultérieurs. Elle demande des expertises pointues et offre peu d autonomie pour les gestionnaires. Les besoins de recourir à des programmeurs spécialisés est constant si on souhaite assurer la sécurité de l outil. Ceci dit, il s agit de la solution qui offre la plus grande marge de manœuvre pour adapter une plateforme selon des besoins très précis. La programmation sur mesure permet d aller plus loin et de surpasser certaines limitations des logiciels. Il faut dire que ce type de développement est de plus en plus rare pour la construction de sites Web et de plateformes collaboratives, puisque les logiciels disponibles sont de plus en plus performants et malléables. Ainsi, les systèmes créés de toutes pièces sont encore une pratique courante, mais pour des besoins très pointus et non standards. Dans le cas d une communauté de pratique, les outils disponibles répondent très bien aux besoins. Ces logiciels sont en fait des systèmes installés sur un serveur donné et accessibles sur un navigateur par l entremise d un nom de domaine donné (exemple.com donnera accès à un serveur X permettant d accéder aux contenus et aux fonctions d un site supporté par le logiciel Y). Généralement, ces logiciels sont composés d un nœud de base auquel il est possible de greffer divers «modules» complémentaires pour répondre à des besoins spécifiques. Il est 12 Facebook ne peut pas mourir, il est devenu l'annuaire universel, Vincent Glad, Slate.fr, janvier bit.ly/1yh8ssi 14

15 possible de personnaliser l apparence visuelle du site de manière plus ou moins élaborée, soit en installant un thème déjà créé, soit en développant et intégrant un gabarit graphique créé de toutes pièces. Il existe deux grandes familles de logiciels : les content management system (CMS, ou Système de gestion des contenus, comme Wordpress, Joomla, Drupal ou SharePoint) et les learning management system (LMS, ou plateforme d'apprentissage en ligne, comme Moodle ou Sakai ou Caroline). Les premiers sont généralement utilisés pour les sites Web, les blogues, les magasins en ligne et les communautés de pratique, tandis que les deuxièmes sont déployés presque exclusivement dans des contextes de formation en ligne. Puisque le présent document aborde la question de la communauté de pratique complémentaire à une démarche de formation, le premier réflexe serait d espérer greffer des outils collaboratifs sur un LMS ou encore d intégrer des outils d apprentissage formel sur un CMS dans l objectif d utiliser une plateforme plutôt que deux. Bien que les deux scénarios soient possibles, encore aujourd hui les deux types de logiciels ont leurs forces qui leur sont propres. Il est plus intéressant de développer une communauté de pratique sur un CMS, et ces CMS ne permettent pas de développer des cours avec autant de flexibilité que les LMS (bien qu on voit de plus en plus de cours offerts sur des CMS, comme des MOOC 13 sur Wordpress par exemple). On peut espérer qu une plateforme puisse arriver à bien intégrer les deux dimensions au cours des prochaines années, mais les communautés de développeurs ont tendance à se concentrer, probablement avec raison, sur les forces qui permettent à un système de se démarquer des autres. Pour le développement d un réseau socioprofessionnel tel qu évoqué ici, il n est pas nécessaire d avoir recours à un LMS. Cette question est abordée simplement pour mentionner le fait qu il serait intéressant d envisager, dans certains cas, qu une formation formelle et une communauté de pratique complémentaire soient développées sur deux plateformes distinctes. Le nom de domaine (adresse url) peut rester le même pour les deux sites, et il est possible d implanter un design graphique qui soit le même des deux côtés, mais le problème qui se pose est celui de l authentification. Comme il s agit de deux bases de données d utilisateurs distinctes l une de l autre, l utilisateur devra se connecter deux fois plutôt qu une pour passer d une plateforme à 13 MOOC : Massive open online courses 15

16 l autre. Un processus permettant une connexion unique entre deux plateformes serait une piste de développement intéressante à explorer. Des développeurs travaillent d ailleurs sur ce type de dialogue entre le LMS Moodle et le CMS Drupal. Si on part du principe qu un CMS est le type de logiciel le plus approprié pour développer une communauté de pratique, encore faut-il choisir le bon logiciel. Or, il en existe plusieurs dizaines 14. Voici les critères retenus ici pour effectuer un choix : logiciel qui soit abordable, performant, malléable, sécuritaire, qui a acquis une bonne crédibilité et qui est soutenu par une vaste communauté. Le logiciel doit être en mesure de répondre aux différentes exigences technologiques énumérées dans le devis (voir la section 3). Excluons donc d emblée les logiciels propriétaires, dont la licence est souvent coûteuse et les développements, plus complexes. C est cas de SharePoint, produit par Microsoft, un CMS payant répandu, mais qui exige une expertise pointue et qui offre en bout de ligne peu de flexibilité en raison du code source fermé. Les logiciels libres sont quant à eux plus accessibles et plus faciles à maîtriser. Comme ces logiciels sont appuyés par de vastes communautés de développeurs et d utilisateurs, ils sont constamment mis à jour, ils sont plus sécuritaires et ils sont toujours à l avant-garde. Ces raisons font en sorte qu ils se démarquent nettement en matière de popularité 15. Ceci dit, la qualité et la performance des CMS varient. Aussi, il faut s assurer que le logiciel soit bien implanté, qu il ait fait ses preuves avec le temps et que son développement à long terme soit assuré. Les outils les plus populaires sont destinés à vivre longtemps puisque plusieurs sites en dépendent. Ce sont donc autant de développeurs qui se consacrent à son amélioration. Les trois plus connus sont Wordpress, Joomla et Drupal 16. Lequel choisir parmi les trois? Les trois systèmes répondent aux besoins exprimés dans la présente démarche et les avis qu on peut retrouver sur le Web sont très variés. J y vais ici d une analyse plus personnelle, en fonction de mon expérience et de mes connaissances. Wordpress, qui s avère le plus populaire de tous les CMS, est dédié aux plus petits sites. Facile à déployer, il offre de plus en plus de possibilités de développement pour des sites plus élaborés. 14 Voir cette liste sur Wikipédia : bit.ly/1pddfpe 15 Usage of content management systems for websites, W3Techs, consulté en août bit.ly/1pde3o6 16 Idem. 16

17 Initialement consacré aux blogues, il permet aujourd hui de développer des communautés de pratique. Joomla et Drupal sont des systèmes davantage modulables que Wordpress et qui offrent un éventail plus large de possibilités. La communauté de Joomla est plus restreinte et la qualité des modules est plus variable. Drupal, un peu plus complexe à maîtriser au départ pour les développeurs (mais aussi simple pour les utilisateurs), s avère à mon avis le plus performant et le plus malléable des trois. Les développeurs qui préfèrent ce logiciel s appuient généralement sur le fait que la plateforme puisse répondre à des contextes très variés, qu il est en mesure de supporter des systèmes complexes et requérant des performances élevées et que la communauté de développeurs est large et bien établie 17. Du côté de la sécurité, Wordpress s avère être le logiciel le plus ciblé par les pirates, ce qui est une conséquence normale découlant de sa popularité. D une manière générale, les trois CMS s avèrent sécuritaires, dans la mesure où les mises à jour sont effectuées de manière fréquente. Un CMS qui n est pas mis à jour régulièrement est susceptible de présenter des failles de sécurité importantes. Mon expérience au cours des dernières années m amène à croire que Drupal est le logiciel le plus approprié pour ce type de projet. Je suis en tout cas persuadé qu il est en mesure de répondre adéquatement et efficacement aux exigences du devis, pour l avoir déjà expérimenté dans divers contextes Les outils de communication synchrones Abordons maintenant la question des outils permettant des communications en direct, que ce soit par écrit, audio ou vidéo, ou encore avec l utilisation de tableaux blancs, de partage de documents et de partage d écran. Certaines plateformes, généralement appelées classes virtuelles, permettent certaines de ces possibilités de communication dans un même environnement. Dans le cadre d un réseau socioprofessionnel, un tel outil peut être très utile, que ce soit pour offrir des webinaires ou encore pour des discussions à deux ou en groupe. Il apparaît donc intéressant d approfondir cette question pour choisir une technologie appropriée. 17 «Where is Drupal Heading?», PC Quest, bit.ly/1sk5upf 17

18 Encore ici, on pourrait espérer qu un jour un LMS ou un CMS soit en mesure d intégrer ce type d outil, mais ce n est présentement pas encore le cas. En fait, certains modules permettent de lier Moodle à des classes virtuelles, ce que je n ai pas eu l occasion de tester. Ceci dit, les outils qu il est possible de lier à Moodle ne sont pas parmi les plus performants disponibles sur le marché et les implantations semblent au stade expérimental si on se fie aux commentaires des développeurs et utilisateurs. Concrètement, ce type de communication synchrone est possible via un logiciel installé sur un ordinateur de table ou un portable (ou directement depuis un navigateur dans de rares cas), et souvent une application permet aussi d utiliser l outil sur un appareil mobile. Le logiciel ou l application est connecté à un serveur central qui assure la communication avec les autres participants. Il est possible d installer soi-même sur un serveur le système nécessaire pour assurer ce type de communication, mais il s agit de systèmes coûteux en licence ou en développement, nécessitant une infrastructure de serveur peu répandue et exigeant beaucoup de développement ainsi qu un soutien technique continu pour en assurer le bon fonctionnement. Les entreprises qui offrent ce type de service sont de plus en plus nombreuses, les prix sont plus abordables, et j estime qu il devient rapidement plus rentable de conclure une entente de services avec l une d elles plutôt que de chercher à être autonome sur ce point. Ceci dit, pour les institutions ou les entreprises qui ont de grands besoins, l implantation à l interne peut devenir intéressante. Aussi, il est à noter que certains projets libres de droits, dont Big Blue Button, seront à surveiller. J ai effectué au cours des dernières semaines une série d évaluations de plusieurs outils offrant plusieurs modes de communication synchrone, qu on appelle «classes virtuelles» ou outils de conférence en ligne. Ils sont utilisés dans un contexte d apprentissage, pour des réunions de travail à distance ou encore pour offrir des webinaires. Voici les critères retenus pour effectuer ces évaluations : logiciel abordable, offrant une connexion stable, une bonne qualité de communication et un bon éventail d outils, facile d utilisation et permettant la connexion simultanée d un grand nombre de personnes. Deux outils, parmi les plus populaires, ont été d emblée exclus en raison de leur coût élevé : Webex et Adobe Connect. Ces outils, malgré leurs imperfections, ont fait leurs preuves, mais ils sont aujourd hui fortement concurrencés par une panoplie de systèmes innovants et abordables. J exclus aussi des outils qui sont intéressants et innovateurs, mais qui ne couvrent 18

19 que certaines des conditions de base qui sont recherchées (Join.me, par exemple, qui offre un très bon outil de communication audio et de partage d écran, mais qui se limite essentiellement à ces fonctions). J exclus aussi les outils dont les performances sont apparues insuffisantes lors des tests. La plateforme Via, un produit québécois, a été testée malgré son coût lui aussi élevé (150 $ par mois). Cet outil est assez complet et professionnel. Un grand avantage est le soutien technique cordial et en français, disponible rapidement. Par contre, les tests ont démontré des problèmes de connexion avec les utilisateurs ayant une bande passante sortante plus limitée. Sur la plupart des logiciels, lorsque la bande passante d un utilisateur sature, la voix et la vidéo de cet utilisateur vont diminuer en qualité ou être coupés un instant, alors que sur Via le signale gèle puis l utilisateur revient en ligne avec un décalage, ce qui rend la conversation impossible à suivre. Certains organismes utilisant ce service m ont signalé éprouver eux aussi des problèmes de connexion, l un d eux préférant même utiliser le téléphone pour la voix et Via pour la vidéo et la collaboration. Une autre plateforme populaire, GoToMeeting, est assez intéressante. Son prix reste élevé (50 $ par mois pour un maximum de seulement 25 participants), mais l interface est graphiquement agréable et ergonomique. Lors d un certain nombre de tests avec plusieurs participants, j ai pu remarquer une qualité de transmission variable, parfois même insuffisante pour assurer une bonne communication. Le principal problème de cet outil est la difficulté, pour les utilisateurs novices, de lancer l application pour un premier usage. Certains n ont pas été en mesure de compléter la démarche sans un certain soutien technique. La raison de la complexité de cette démarche semble essentiellement liée à un choix proposé aux participants quant au mode de communication au moment où ils tentent de joindre la conversation. Le logiciel demande de joindre la conversation soit à partir de l équipement disponible sur leur ordinateur, soit d utiliser le téléphone, ce qui semble créer la confusion. Il est à noter que la presque totalité des plateformes mentionnées offrent la possibilité de se joindre à un groupe par téléphone, moyennant parfois des frais supplémentaires pour l animateur ou le participant. Or, dans le cas de GoToMeeting, cette option ne peut être désactivée et complique le processus, menant parfois à des erreurs pouvant augmenter les frais. C est à se demander si ceci n est pas intentionnel de la part de l entreprise, qui bénéficie ainsi de revenus supplémentaires. 19

20 Il importe de faire mention de deux outils qui ne sont pas des classes virtuelles, mais qui sont parfois utilisés comme tel. S il s agit d outils d abord destinés à la communication pour des fins personnelles ou sociales, Skype et Google Hangouts offrent aussi divers outils complémentaires qui permettent un usage professionnel, collaboratif ou éducatif. Skype, racheté par Microsoft, offre depuis peu la possibilité de faire gratuitement des appels groupés (jusqu à 10 personnes). Jusqu à récemment, cette fonction nécessitait un abonnement payant. Par ailleurs, Skype permet de chater, de partager des fichiers et de partager son écran pour présenter par exemple une présentation PowerPoint. S il n offre pas toutes les fonctionnalités d une classe virtuelle, ces récents ajouts font de ce logiciel une solution intéressante, d autant plus qu il est déjà connu par plusieurs. Skype est aussi une application populaire sur les appareils mobiles. Google Hangouts permet aussi de créer gratuitement des conversations vidéo groupées (jusqu à 10 personnes). Comme Skype, le chat est possible, mais pas le partage d écran. Le partage de fichiers est quant à lui plus intéressant, puisque lié à la suite Google Drive, une série d applications en ligne permettant le stockage et l échange de données (comme Dropbox) ainsi que l écriture collaborative. Une fonction, particulièrement intéressante dans une optique de formation en ligne, permet de diffuser en direct sur Youtube les conversations vidéo. Il est aussi possible de les enregistrer et de les rendre disponibles pour une écoute en différé. Le MOOC francophone ITyPA (Internet, tout y est pour apprendre) a par exemple utilisé cette fonction dans le cadre de ses activités. Les participants qui sont intégrés initialement dans la conversation vidéo peuvent interagit directement avec le formateur ou le conférencier, mais les autres apprenants peuvent écouter en direct la présentation, tout en posant leurs question via une plateforme Web complémentaire, comme Twitter. Skype et Google Hangouts sont ainsi utilisés dans une multitude de contextes. Ils sont parfois même utilisés comme outils de communication dans des salles de vidéoconférence. Ceci dit, l auditoire est limité pour des séances privées et on ne retrouve pas certaines fonctions qui peuvent être utiles dans les classes virtuelles comme la possibilité de demander un droit de parole, les tableaux blancs, et la possibilité d intervenir visuellement sur des présentations de type PowerPoint. De plus, si les démarches nécessaires pour joindre les conversations sont faciles pour ceux qui sont déjà des utilisateurs de ces outils, elles peuvent sembler un peu imposantes pour de nouveaux utilisateurs. C est qu en s inscrivant à l un ou l autre de ces outils, 20

21 on devient par le fait même un utilisateur de tout un écosystème proposant divers outils complémentaires. C est particulièrement vrai pour Google Hangouts, qui ouvre au nouvel utilisateur un profil personnel sur le réseau social Google Plus. Notons en terminant que certaines personnes préfèrent éviter les outils proposés par Microsoft ou Google pour des raisons éthiques ou pour assurer une meilleure protection de leur données personnelles. Anymeeting est une classe virtuelle qui offre plusieurs fonctions intéressantes. Pour 18 $ par mois, il est possible de réunir 25 personnes. Un gros avantage de cette solution est sa facilité d utilisation : aucun logiciel ne doit être installé. En effet, l interface est disponible directement sur un navigateur. Une application pour les appareils mobiles est disponible et son utilisation est aussi très simple. Ceci dit, les tableaux blancs ne sont pas offerts. De plus, l interface est moins ergonomique et il n est pas possible d en personnaliser les paramètres (redimensionner l espace alloué pour les flux vidéo par exemple). Il est possible de partager des fichiers, mais seulement s ils sont en format PDF ou PowerPoint. À noter qu une version gratuite, avec des options limitées et en échange d affichages publicitaires, permet de réunir pour un webinaire jusqu à 200 personnes. Ceci peut devenir une solution intéressante dans certaines situations. L enregistrement, entre autres options, n est pas possible dans la version gratuite, mais il est toujours possible d enregistrer la conférence à l aide d outils de capture vidéo d écran tel que Camtasia. Fuze Metting est un autre outil qui a retenu mon attention dans cette série de tests. Il est possible de réunir jusqu à 12 personnes en vidéo ou jusqu à 125 participants pour un webinaire, moyennant un abonnement de 8 $ par mois. Une version gratuite du logiciel est disponible, avec certaines fonctions en moins, sans qu aucune publicité ne soit diffusée. Le partage de fichiers est possible ainsi que le partage d écran, la possibilité de demander un droit de parole, le chat et les tableaux blancs. L enregistrement vidéo et l exportation sont aussi offerts. À noter que l application ipad présente parfois des problèmes techniques, que tente présentement de résoudre l équipe de soutien. Les tests effectués ont démontré que le démarrage de l application est simple pour la plupart des utilisateurs, que l interface est facile à comprendre et à personnaliser, et que la qualité reste fiable dans divers contextes. 21

22 2.4. Les solutions hybrides Pour une communauté de pratique, il peut être intéressant de bénéficier d une multitude d outils pour répondre à divers besoins. Par exemple, un blogue Wordpress avec un groupe LinkedIn, un dossier partagé sur Dropbox et le recours à Google Hangouts permettent déjà de couvrir un grand nombre de besoins qui peuvent s exprimer dans le cadre d une formation en ligne ou d une communauté de pratique. Ceci dit, la gestion peut rapidement devenir complexe. Cette approche requiert aussi des efforts d adaptation de la part des apprenants. Dans le cadre du développement d une communauté de pratique pour soutenir un réseau socioprofessionnel, il m apparaît judicieux de choisir une solution hybride simple : l utilisation d un CMS pour l ensemble des communications asynchrones et le recours ponctuel à une classe virtuelle pour les conférences et discussions en direct. Le CMS Drupal m apparaît une solution appropriée dans ce cas-ci, répondant aisément à de nombreux besoins de base, permettant une gestion avancée des groupes d utilisateurs ainsi qu une grande flexibilité pour des développements et ajustements ultérieurs. L adaptation pour de nouveaux besoins exprimés par les utilisateurs serait ainsi simplifiée. Ce choix permettrait aussi d éviter d avoir recours à des solutions tierces pour des fonctions spécifiques. Le recours complémentaire à des médias sociaux peut s effectuer seulement pour des fins de diffusion vers d autres groupes lorsque la situation s y prête. Du côté de la classe virtuelle, j estime qu il serait pertinent de tester certaines des solutions présentées dans le cadre de cette communauté de pratique pour retenir celle qui semblera la plus appropriée aux yeux des utilisateurs. Il pourra aussi être pertinent de maintenir une veille dans ce domaine pour surveiller les innovations à venir. Ceci dit, Fuze Meeting m apparaît la solution la plus appropriée. La plateforme est assez complète et abordable et elle se prête à divers types d usages. Notons qu il est possible de changer facilement d outil en cours de route, alors que pour un CMS, l opération est beaucoup plus complexe. 22

23 3. Devis de réalisation Avant d aller plus loin dans la programmation de la plateforme, une analyse des attentes et besoins devrait être réalisée. Ceci pourrait se faire par des consultations auprès du personnel de l Unité ainsi que par un sondage envoyé aux étudiants. Il est tout de même possible à ce stade-ci d émettre une première hypothèse de travail concernant la structure de la plateforme et les outils à y développer. Le présent devis propose aussi quelques pistes concernant l animation, le calendrier de réalisation, le budget de fonctionnement ainsi que l évaluation Animation L animation d une telle communauté de pratique est essentielle pour assurer son bon fonctionnement et une participation soutenue de la part des membres. Il apparaît donc indispensable qu une personne soit en mesure de publier des informations sur une base régulière, de commenter les publications, de mettre en relation les membres, de gérer les inscriptions, de modérer les interventions, de maintenir et de diffuser une veille sur le domaine, d organiser des rencontres et des webinaires thématiques, d effectuer des opérations de maintenance et de développement de base sur le site Web ainsi que de faire la promotion du réseau Configurations techniques Tel qu avancé en conclusion de la section «Choix technologiques», je propose l utilisation du CMS Drupal pour le développement de cette plateforme collaborative. La version 7 du logiciel est actuellement la version plus appropriée, puisque stable, complète et soumise à un développement actif. Les modules nécessaires au fonctionnement de la plateforme sont disponibles dans la version 7. Les versions 8 et 9 sont actuellement en développement et certains modules ne sont pas encore prêts. Drupal 6 est aussi une version aboutie et en développement actif, mais elle sera éventuellement abandonnée. De plus, certaines nouvelles fonctionnalités de Drupal 7, notamment au niveau de la gestion des contenus, constituent un réel avantage. 23