STIMULER L INNOVATION NUMÉRIQUE AU SERVICE DE LA CROISSANCE ET DE L INCLUSIVITÉ
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- Germain Latour
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1 STIMULER L INNOVATION NUMÉRIQUE AU SERVICE DE LA CROISSANCE ET DE L INCLUSIVITÉ LE RÔLE DES POLITIQUES POUR UNE DIFFUSION OPTIMALE DES TIC RÉUNION MINISTÉRIELLE 2016 SUR L ÉCONOMIE NUMÉRIQUE RAPPORT DE RÉFÉRENCE RÉSUMÉ
2 Ce rapport a été approuvé et déclassifié par le Comité de la politique de l économie numérique le 13 mai 2016 et préparé pour publication par le Secrétariat de l OCDE. Note à l intention des délégations : L original anglais du présent document est accessible sur OLIS : DSTI/ICCP/(2015)18/FINAL Ce document et toute carte qu'il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région. Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L utilisation de ces données par l OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international. OCDE (2016) La copie, le téléchargement ou l impression du contenu OCDE pour une utilisation personnelle sont autorisés. Il est possible d inclure des extraits de publications, de bases de données et de produits multimédia de l OCDE dans des documents, présentations, blogs, sites Internet et matériel pédagogique, sous réserve de faire mention de la source OCDE et du copyright. Toute demande en vue d un usage public ou commercial ou concernant les droits de traduction devra être adressée à rights@oecd.org. 2
3 RÉSUMÉ L adoption et l utilisation des Technologies de l Information et des Communications (TIC) stimulent la productivité et la croissance verte et inclusive par le biais de l innovation numérique. Cette dernière se définit comme suit : (i) au sens strict, l introduction d un produit TIC (bien ou service) nouveau ou sensiblement amélioré il s agit là de l innovation de produit TIC ; et (ii) au sens large, le recours aux TIC pour mettre en œuvre un produit, un procédé, une méthode de commercialisation ou une méthode organisationnelle nouveaux ou sensiblement améliorés on parle alors d innovation fondée sur les TIC. L innovation de produit TIC constitue un facteur déterminant de la diminution progressive du prix des technologies, qui reste un moteur phare de l adoption des TIC et, par ricochet, de l innovation fondée sur les TIC, à l échelle de l économie. Les données et leur analyse sont devenues essentielles aux activités d innovation, comme pour la recherche et développement (R-D). Les données sont des ressources d infrastructure une forme de capital inépuisable, qui peut être utilisée à des fins productives théoriquement illimitées. Les éléments factuels disponibles révèlent que les entreprises qui font appel à l innovation fondée sur les données ont enregistré des gains de productivité 5 à 10 % supérieurs à ceux des autres entreprises. Qui plus est, l accès accru aux données a des retombées positives. De fait, l utilisation et la réutilisation des données ouvrent la voie à des opportunités de croissance considérables ; les données sont également porteuses, pour la société, d avantages qu on ne pouvait soupçonner lorsqu elles ont été créées. En ce sens, les données constituent la nouvelle «R-D» des systèmes d innovation du 21 e siècle. L adoption et l utilisation des TIC, notamment de l analytique des données, vont de pair avec une amélioration des performances en matière d innovation. La part des entreprises qui adoptent les TIC est (de 20 % à 70 %) supérieure parmi les entreprises innovantes, selon les années, le type de TIC et le type d innovation considérés. Si les écarts d adoption et d utilisation des TIC de base (telles que le haut débit) tendent à diminuer au fil du temps entre les entreprises innovantes et les autres, ils demeurent, voire s accentuent, pour les TIC plus avancées (telles que l infonuagique). Les faits montrent par ailleurs que les entreprises qui ont recours aux données et à l analytique ont davantage tendance à innover. Enfin, les investissements dans les TIC ont des effets relativement plus marqués sur l innovation dans les services que dans les activités manufacturières (où les investissements dans la R-D continuent d avoir un impact plus significatif sur les performances en matière d innovation). La diffusion des TIC avancées reste en-deçà de son potentiel. On note en particulier un retard d adoption et d utilisation par les petites et moyennes entreprises (PME), dont la productivité est inférieure à celle des grandes entreprises, et les pouvoirs publics. Ainsi, si près de 95 % des entreprises de la zone OCDE disposaient d une connexion haut débit en 2014, 40 % des entreprises de 250 salariés ou plus avaient recours à l informatique en nuage, contre moins d un quart des PME. Une situation préoccupante, puisque les faits montrent qu une moindre diffusion des technologies et des connaissances des entreprises les plus avancées vers celles à la traîne pourrait jouer un rôle important dans l actuel ralentissement de la productivité globale. Par conséquent, la faible diffusion des TIC crée un fossé numérique susceptible de saper les effets des politiques destinées à stimuler la croissance et à ouvrir la voie à des économies résilientes et des sociétés inclusives. 3
4 La diffusion des TIC est entravée par des obstacles affectant la décision et la capacité des organisations et des individus de les adopter et de les utiliser efficacement ; ces obstacles peuvent avoir une forte dimension régionale. L absence d accès aux infrastructures numériques à des prix concurrentiels représente un premier obstacle. En particulier, l accès aux TIC telles que le haut débit (mobile), notamment dans les zones rurales et isolées, ainsi que l accès aux données qui tiennent lieu d infrastructure au service de l innovation, sont essentiels. L absence de standards (ouverts) adaptés et la crainte de devenir captif d un fournisseur, du fait, souvent, du recours à des solutions propriétaires, constituent un deuxième type de frein à l adoption, notamment par les PME. Enfin, avec la progression des risques de sécurité numérique et des inquiétudes quant à la violation ou la protection insuffisante de la vie privée et des droits de propriété intellectuelle, le manque de confiance dans l économie numérique peut entraver l adoption et l utilisation des TIC à l échelle de la société. Investir uniquement dans les TIC ne suffit pas. L utilisation des technologies et des données ne pourra être efficace que si elle s accompagne d investissements supplémentaires dans du capital intellectuel (CI) complémentaire, notamment dans les compétences et le savoir-faire (propres aux organisations) et dans le changement organisationnel nouveaux modèles économiques et processus métier, par exemple. Or nombre d entreprises en particulier les PME, d administrations et d individus à plus forte raison avec un faible niveau d instruction ne disposent pas des compétences et du savoir-faire nécessaires, ni de ressources financières suffisantes, pour tirer parti des TIC et introduire les changements indispensables à une utilisation productive des technologies dans les entreprises et à l échelle de la société. Si l innovation numérique est porteuse d avantages pour la société, elle peut également être synonyme de bouleversements perçus comme trop menaçants (au moins à court terme). Les entreprises établies, en particulier, sont parfois trop peu incitées à investir dans les TIC et le capital intellectuel complémentaire nécessaire (notamment le changement organisationnel). L une des raisons tient au fait que les investissements dans les TIC tendent à mobiliser des ressources limitées, aux dépens des unités opérationnelles les plus rentables. C est le cas lorsqu ils doivent être complétés par des investissements supplémentaires dans le changement organisationnel et le capital humain. Qui plus est, ils ne sont pas sans risque. De fait, leur rentabilité n est pas toujours suffisante à court terme et ils sont souvent assortis de coûts fixes irrécupérables du fait du degré élevé de spécificité des organisations. Ce qui conduit au dilemme de l innovateur mis en évidence par C. Christensen, qui explique que des organisations dominantes accordent trop d importance au succès qu elles ont acquis, négligeant l innovation à long terme. La résistance au changement dont font preuve les entreprises établies explique sans doute pourquoi l innovation numérique est souvent l œuvre des start-ups, l accent étant mis sur les conditions cadres qui influent sur la dynamique des entreprises et l entrepreneuriat. Tel est le cas notamment -mais pas exclusivement - des réglementations régissant la concurrence et les marchés de produits, la protection de l emploi, les faillites et l accès au financement. Ces conditions cadres jouent un rôle déterminant dans l adoption des TIC, dans la mesure où elles exercent une influence sur les incitations à expérimenter des innovations (de rupture) et la capacité de transposer à grande échelle les innovations numériques qui ont fait leurs preuves, ou de réduire la voilure si elles ne s avèrent pas concluantes. Elles influent donc également sur la capacité des économies à redéployer des ressources limitées nécessaires à l innovation numérique (telles que des ressources compétentes en TIC) vers des entreprises plus florissantes, et constituent, à ce titre, un déterminant important de la dynamique des entreprises. Les différences de conditions cadres pourraient expliquer l atonie relative de certains pays qui tardent à capitaliser sur la révolution numérique. Les pouvoirs publics ont mis au point des stratégies nationales pour stimuler l innovation numérique. De nombreuses stratégies nationales en faveur de l économie numérique mettent résolument l accent sur la promotion de la diffusion des connaissances liées aux TIC, notamment entre les grandes 4
5 entreprises et les PME, ou auprès de groupes sociaux défavorisés. Certaines initiatives sont centrées sur l adoption et l utilisation des TIC au service de défis sociétaux spécifiques, tels que le changement climatique et le vieillissement de la population. Outre ces stratégies nationales axées sur l économie numérique, de nombreux pays ont également mis en place des stratégies nationales en matière de science, de technologie et d innovation (STI), avec, notamment, de nouvelles politiques industrielles, des politiques de développement de pôles (régionaux) et des stratégies de spécialisation intelligente, dont l innovation numérique est une composante essentielle. Pour autant, la plupart des stratégies des pouvoirs publics restent largement perfectibles. De nombreuses stratégies nationales axées sur le numérique et la STI ne favorisent guère les complémentarités entre les investissements dans les TIC et le capital intellectuel (en particulier le changement organisationnel) et apportent peu de réponses aux difficultés que les entreprises établies rencontrent en matière d investissement dans le capital intellectuel complémentaire. Il convient en outre de poursuivre les efforts afin de mieux coordonner les politiques liées aux TIC et celles affectant plus largement les cadres réglementaires et les conditions de marché, notamment dans les secteurs qui intéressent l action publique et exploitent les TIC, tels que l énergie, la santé et les transports. À cela s ajoute la nécessité de continuer de promouvoir l «ouverture» de l économie numérique, tout en tenant légitimement compte des intérêts contradictoires des individus et des organisations (en matière de protection de la vie privée et des droits de propriété intellectuelle, par exemple). Toutes ces considérations plaident en faveur d approches plus holistiques, qui associent toutes les composantes de la société, articulant des politiques cohérentes et fondées sur des données empiriques afin de stimuler l innovation numérique au service de la croissance économique et de la prospérité sociale à l échelle de la société. 5
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