Qui est Platon? Étudiant de Socrate ( ) Fondation de l académie en 385. Éducateur de Denys II en Sicile en 366

Transcription

1 Qui est Platon? Étudiant de Socrate ( ) Fondation de l académie en 385 Éducateur de Denys II en Sicile en 366 Philosophie de la connaissance : nonfiabilité de la connaissance sensible doctrine des formes (idées) PLATON AV. J.-C. Philosophie politique : la cité idéale analogie du partage de l âme et de l organisation de l état

2 Philosophie de la connaissance: l allégorie de la caverne Sortie de la caverne hommes portant des ustensiles mur Feu ombres Hommes, attachés mur chemin SITUATION ORIGINALE DES «PRISONNIERS» ANALOGIE AVEC «NOUS» LIBÉRATION D UN PRISONNIER LA DOULEUR DE VOIR LE FEU ET LA PERCEPTION TROUBLÉE PRISONNIER LIBÉRÉ PRIS PAR FORCE À LA SORTIE DE LA CAVERNE LA DOULEUR DE VOIR LE SOLEIL HABITUATION ET CHANGEMENT D ATTITUDE - POUVOIR VOIR LE SOLEIL RETOUR À LA CAVERNE RAILLERIE ER HOSTILITÉ DES HOMMES RESTÉS PRISONNIERS

3 Le pouvoir rend-il heureux? Est-ce que l argument suivant est correct : Si l on réussit à faire ce que l on désire faire, alors on est heureux. Si l on a un pouvoir sans limites, alors on réussit à faire ce que l on désire faire. Donc, si l on a un pouvoir sans limites, alors on est heureux.

4 Le pouvoir, la justice et l âme C est l argument de Polos (forme : syllogisme hypothétique ) Socrate (qui représente ici l opinion de Platon) n est pas d accord. Pourquoi? Il dit d abord : Il y a une différence entre (a) agir justement en utilisant son pouvoir, et (b) agir injustement en utilisant son pouvoir Dans le cas (a), s il s agissait d utiliser son pouvoir pour tuer, notre attitude correcte serait de ne pas envier la personne qui agit de telle sorte Dans le cas (b), s il s agissait d utiliser son pouvoir pour tuer, notre attitude correcte serait d avoir pitié de la personne qui agit de telle sorte (car cette personne doit être considérée comme malheureuse)

5 La punition peut-elle diminuer le malheur de celui qui la subit? Mais quelle est La raison de Socrate pour considérer la personne tuée justement comme plus malheureuse que la personne tuée injustement? Réponse indirecte de Socrate : «l homme qui commet une injustice et qui porte l injustice dans son cœur est malheureux en tous les cas, et qu il est plus malheureux encore s il n est point puni et châtié de son injustice, mais qu il l est moins, s il la paye et s il est puni par les dieux et par les hommes.»

6 Le plan de l argumentation de Socrate Les deux réponses de Socrate doivent à leur tour être défendues par un argument. Plan de l argumentation de Socrate : D abord, Socrate développe l argument qui justifie sa position selon laquelle il vaut mieux subir l injustice que de la commettre. Ensuite, il développe l argument qui justifie sa position selon laquelle il vaut mieux être puni pour ses injustices qu échapper à la punition.

7 Premier Argument : Deux qualifications : «mal» et «laid» Polos prétend : subir une injustice est un plus grand mal que de commettre une injustice commettre une injustice est plus laid que de subir une injustice Socrate prétend : «beau» «bon» et «laid» «mauvais»

8 Premier Argument : Quand une chose ou une action est-elle «belle» ou «laide»? Gorgias : La discussion entre socrate et Polos 466c-479d l Analyse de Socrate de «beau» et de «laid» : Si X est beau, alors X est soit utile, soit plaisant, soit les deux. Exemples Si x est laid, alors X est soit soit mauvais, soit douloureux, soit les deux. Logique Si X est plus beau que Y, alors X dépasse Y par l une ou par les deux qualités qui définissent «beau» Logique Si X est plus laid que Y, alors X dépasse Y par l une ou par les deux qualités qui définissent «laid» Logique

9 Premier Argument : l analyse de la position de Polos Socrate analyse la position de Polos à propos de l injustice : si commettre une injustice est plus laid que de subir une injustice, alors c est parce que le premier, comparé au deuxième est plus douloureux ou plus mauvais ou les deux. L injustice commise n est pas plus douloureuse que l injustice subie. Donc, l injustice commise n est pas plus laide parce qu elle est à la fois (a) plus douloureuse et (b) plus mauvaise. Donc, l injustice commise est plus laide parce qu elle est plus mauvaise.

10 Premier Argument : conclusion de l analyse de Socrate Socrate conclut : «Puisque faire une injustice l emporte par le mal, la faire est donc plus mauvais que la recevoir.» Si commettre une injustice est plus mauvais que de subir une injustice, peut-on préférer commettre une injustice à subir une injustice? (s il est vrai que l on préfère toujours le bonheur) Sans autre argument, Socrate conclut : «J avais donc raison de dire que ni moi, ni toi, ni personne au monde ne préférerait commettre l injustice à la subir, puisque c est une chose plus mauvaise.»

11 Deuxième argument : l analyse de Socrate concernant l action commise et l action subie Rappel de la thèse de Socrate : celui qui subit une punition juste est moins malheureux que celui qui échappe à une punition juste. Première Thèse de Socrate : ce que l agent fait, le patient le subit. Exemples : frapper être frappé ; couper être coupé, etc. Deuxième thèse de Socrate : ce qui qualifie l action de l agent qualifie également ce que subit le patient. Exemple : couper fort subir une coupure profonde

12 Deuxième argument : l analyse de Socrate appliqué à la punition Punir est toujours le fait d un agent, être puni est ce que subit un patient. Ainsi, si un agent punit justement, le patient subit nécessairement «un traitement juste». Ce qui est juste est beau. Ce qui est beau est soit agréable, soit bon (utile), soit les deux. Vu que subir une punition n est pas agréable, subir une punition est bon (utile).

13 Deuxième argument : Pourquoi subir une punition juste serait-ce bon (utile)? Thèse de Socrate : Si quelqu un est puni justement, il est ainsi débarrassé de la méchanceté de son âme. Analogie entre «être injuste» et «être malade» «de deux hommes dont le corps ou l âme sont atteints par le mal lequel est le plus malheureux, celui qu on traite et qu on délivre de son mal, ou celui qui n est point traité et qui le garde?» «payer sa faute, c était se délivrer du plus grand mal, la méchanceté [...] la punition assagit et rend plus juste, [...] la justice est comme la médecine de la méchanceté.»

14 Deuxième argument : Conclusion la hiérarchie des maux 1 S il vaut mieux pour le malade d avoir subi un traitement médical etpar analogie pour l injuste d'avoir subi une punition, et si le signe > signifie est plus malheureux que, alors : la personne injuste qui reste impunie > la personne punie justement S il vaut mieux de ne pas avoir eu besoin d un traitement médical / d une punition (car «Le plus heureux [...] est celui qui n a point de vice dans l âme, puisque nous avons vu que c était le plus grand des maux», et si le signe > signifie est plus malheureux que, alors : la personne punie justement > la personne punie injustement Si subir la mort peut être une punition, et si le signe > signifie est plus malheureux que, alors : Le tueur injuste > la personne tuée justement > la personne tuée injustement

15 Deuxième argument : Pourquoi les hommes injustes fuient-ils si souvent la punition juste? Analogie entre «peur du traitement médical» et «peur de la punition juste» «Ces gens-là [...] se sont à peu près conduits comme un homme qui, atteint des plus graves maladies, se serait arrangé pour ne point rendre compte aux médecins de ses tares physiques et pour échapper à leur traitement, craignant, comme un enfant, qu on ne lui appliquât le feu et le fer, parce que cela fait mal.» Les raisons de la peur du traitement médical et de la punition juste, selon Socrate : Ignorance de la valeur de la santé / de l âme juste Source de cette ignorance : mauvaise analyse de ce qui fait une action belle Conséquence de cette ignorance : un déni de la vérité, soutenu par le confort (a) de la richesse, (b) des personnes qui partagent les mêmes opinions («amis») et (c) par la technique de justification qui permet d avoir toujours raison (c est-àdire la rhétorique, pratiqué par les sophistes comme Gorgias et Polos).

16 Deuxième argument : Résumé des conclusions Conclusion du premier argument : «personne au monde ne préférerait commettre l injustice à la subir, puisque c est une chose plus mauvaise.» Conclusion du deuxième argument : «L homme qui mène la vie la plus malheureuse est donc celui qui garde son injustice, au lieu de s en débarrasser.» Conclusion finale à partir de ces deux conclusions : - «Par conséquent, pour la grandeur du mal, commettre l injustice n est qu au second rang ; mais l injustice impunie est le plus grand et le premier de tous les maux.»

17 Les limites de l argumentation de Platon Une considération générale : Si le bonheur implique le plaisir, Platon semble devoir dire que nous pourrions être parfaitement heureux et souffrir en même temps. Est-ce une conception défendable du bonheur? Si le bonheur n implique pas le plaisir, est-il alors vrai que nous souhaitons tous le bonheur? Une critique possible du premier argument de Socrate : Analyse du «beau» : «bon» («utile») et «agréable» admettent des degrés. Selon Socrate, subir une injustice est moins agréable (plus douloureux) mais meilleur (plus utile). La quantité de douleur ne pourrait-elle pas l emporter sur la quantité d utilité? Une critique possible du deuxième argument de Socrate : Comment la punition au sens d infliger de la douleur pourrait-elle améliorer une personne injuste, plutôt que de l abrutir davantage? La douleur est un effet secondaire du traitement médical. Y a-t-il vraiment une analogie entre «punir» et «guérir»?

18 Questions de révision pour le mini-exposé en classe 1. Expliquez quels sont les désaccords entre Socrate et Polos avant leur discussion. 2. Expliquez de façon détaillée les relations entre «beau», «bon» («utile») et «agréable» selon Socrate et expliquez comment il justifie ces distinctions. 3. Expliquez comment Socrate applique son analyse conceptuelle de «beau» à la question de savoir si «pouvoir faire ce que l on veut faire» est une bonne définition du bonheur. 4. Expliquez d abord pourquoi, selon Socrate, celui qui est puni justement reçoit automatiquement une punition juste. Essayez ensuite de trouver une bonne raison pour critiquer l analyse de Socrate.