Les titres en couleurs servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.
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- Damien Auger
- il y a 7 ans
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1 La C O R R I G É Les titres en couleurs servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie. Introduction «On façonne les plantes par la culture et les hommes par l éducation», écrit Rousseau dans l Émile. Ainsi, tout homme inscrit dans une culture se voit marqué par elle comme à ce qui va l arracher à sa nature et le faire entrer ainsi dans le «moule de la culture». La culture, en nous déterminant, est-elle ce qui s oppose à notre liberté de faire naturellement tout ce que l on
2 souhaite? Il semble bien plutôt qu un homme laissé à l état de nature ne puisse accéder à sa véritable dignité humaine, dans la mesure où il reste dépendant de son animalité. Est-on alors d autant plus libre qu on est plus cultivé? Ou bien la liberté désigne l absence de contrainte, de détermination extérieure ; or si l état de nature apparaît comme le règne d une liberté infinie, c est une liberté ineffective. Ou bien la liberté désigne la capacité à agir d après sa propre volonté, et non d après de simples pulsions, et en ce sens l éducation qui consiste à intégrer un certain nombre de règles, dont les règles sociales, permet de former sa volonté et donc contribue à libérer l homme de «la» et de «sa» nature. Or certaines cultures sont elles-mêmes paradoxalement esclavagistes. Mais peut-on vraiment hiérarchiser les cultures sans faire preuve d ethnocentrisme? Ne serait-on pas alors d autant plus libre au sein d une même civilisation que l on est cultivé au sens de posséder un savoir? Mais il reste à déterminer quels en sont les critères. 1. L homme ne peut être libre sans culture A. La culture semble exercer une contrainte sur l homme et s opposer à sa liberté La culture (comme la culture d une terre qui consiste à semer, entretenir récolter ) est l ensemble des processus par lesquels l homme transforme la nature. La nature est ce qui croît et pousse par soi-même. La culture désigne l activité humaine qui consiste à faire pousser ce dont l homme à besoin pour vivre. Par la culture, l homme modifie la nature et sa propre nature. En fonction de l endroit où l homme naît, il est modelé, influencé par un certain milieu culturel. En effet, la culture désigne l ensemble des techniques, des institutions et des traditions d un groupe humain. Cela désigne tout ce qui relève de l invention, de l acquis par rapport à l inné. Le long processus d assimilation d une culture (pratiques, langue, coutumes ), ne peut que s accompagner de contrainte, de discipline. L appartenance à une certaine culture, une fois qu on est éduqué, est ellemême contraignante. Kant dit que «nous sommes civilisés au point d en être accablés, pour ce qui est de l urbanité et des bienséances sociales de tout ordre». Faut-il alors croire en un âge d or qui serait un état de nature où régnerait une liberté absolue?
3 B. Mais la «liberté infinie» de l état de nature est ineffective L état de nature est l état dans lequel se trouvent les hommes, abstraction faite de tout pouvoir, de toute loi : ils sont gouvernés par l instinct de conservation. Mais étant égaux, ils ont les mêmes désirs et mêmes moyens d y parvenir : l égalité se transforme en rivalité. Très vite cet état de nature devient un «état de guerre de tous contre tous» selon Hobbes, un monde où l homme est «un loup pour l homme». En effet, comme l homme est intelligent, doté d une raison, il calcule ses possibilités de réaliser ses désirs, anticipe les dangers éventuels et, ainsi mû par la peur de la mort violente, il entre en relation de guerre permanente avec les autres. Pour ces mêmes raisons (peur, calcul) il va vouloir sortir de cet état, qui est un état de contradiction permanente. La seule possibilité de rendre sa liberté effective, même si limitée par des lois, est donc l institution d un état civil avec la culture qu il entraîne. Ainsi il n y a point de liberté sans culture, et l éducation n est autre qu un processus de libération par rapport à la nature donnée, la finalité étant l autonomie de l individu. Cependant, le simple fait d être un être de culture, ou d appartenir à une certaine civilisation ne semble pas suffire pour être libre puisqu il existe des sociétés esclavagistes. Peut-on alors parler d être plus ou moins cultivé dans le sens où l on appartiendrait à une plus ou moins «grande» civilisation? Le sujet La culture La raison et le réel 2. Y a-t-il alors des cultures qui rendent plus libres que d autres? A. On ne peut affirmer la supériorité d une culture sur une autre La culture désigne tout ce qui relève de l invention, de l ingéniosité de l homme, c est-à-dire tous les artifices techniques grâce auxquels l homme améliore ses conditions d existence. En ce sens, la civilisation indique une supériorité par rapport à un niveau de «sauvagerie» ou de «barbarie», ce qui présuppose qu il y ait différentes cultures hiérarchisées. Or cette idée masque, selon Lévi-Strauss, un préjugé : l ethnocentrisme. Il s agit d une doctrine qui consiste à faire de sa propre culture, de son groupe social ou de son ethnie, une norme, un modèle pour les autres. L ethnocentrique va, face à toute autre culture que la sienne, considérer les pratiques qui lui sont étrangères de «sauvages» ou «barbares». Or ces mots par leur étymologie renvoient à la nature, à l animalité, bref à l absence d humanité. Mais pour l auteur, le barbare, c est justement celui qui croit à la barbarie dans la mesure où il refuse l humanité à l autre, et donc risque de s autoriser un comportement inhumain. La politique
4 B. Mais on s interdit du même coup tout jugement de valeur Mais si refuser d admettre la diversité culturelle engage à la pire des intolérances, à l inverse le relativisme culturel risque d entraîner le relativisme moral. Et Lévi-Strauss voit une nouvelle menace, celle de l éclectisme, qui «nous interdit de rien répudier», c est-à-dire que la misère, la cruauté ou l injustice ne peuvent plus être condamnées sous prétexte de faire de l ethnocentrisme. Ainsi ces abus que nous combattons même chez nous ne pourraient plus être dénoncés pour la seule raison qu ils ont lieu ailleurs? Le problème reste donc entier de savoir si le fait d appartenir à une culture ou à une autre pourrait nous rendre plus libres. Par ailleurs, le fait d appartenir à une certaine culture n est pas nécessairement coloré moralement ou politiquement. En effet, le fait d appartenir à telle culture peut indiquer quelle est sa manière de s habiller, de manger ou même de faire la vaisselle. En ce sens, la culture reste neutre par rapport au degré de liberté. La liberté ne consiste-t-elle pas plutôt à se déterminer soimême, indépendamment de tout déterminisme, y compris culturel? La liberté ne dépend-elle pas alors de l usage que l on est capable de faire de sa volonté, faculté rationnelle? 3. Le degré de liberté dépend-il alors de son rapport à elle, du savoir qu on en extrait? A. La «liberté éclairée» est le plus haut degré de liberté Pour Descartes, il y a du déterminisme, le monde est rationnel et pourtant le libre arbitre existe. La possibilité de choisir, de se déterminer par sa volonté est possible. L homme, selon Descartes, a deux facultés : la volonté infinie qui peut tout vouloir, et un entendement limité. Agir librement, c est faire porter sa volonté sur une représentation, une idée que lui présente l entendement. La liberté est d autant plus grande que l entendement lui présente des idées claires et distinctes. La liberté a donc plusieurs degrés. Le plus bas correspond à la liberté d indifférence, c est-à-dire une liberté qui n a aucune raison de faire un choix plutôt qu un autre. Le plus haut degré est celui de la liberté éclairée, c est-à-dire la possibilité d agir en connaissance de cause, en ayant des raisons de faire tel ou tel choix. Ainsi on serait plus libre en étant plus cultivé, et en ayant de véritables connaissances. B. Mais la liberté ne dépend pas de la quantité de savoirs, plutôt de l usage qu on en fait La culture, l éducation n est pas que transmission d un savoir, c est aussi une formation, une discipline. Pour Hegel, l éducation est un moyen de s opposer à ses propres tendances spontanées, aux désirs immédiats, grâce à un travail
5 sur la subjectivité. La subjectivité formée est capable de justifier ses choix éthiques et esthétiques. L homme véritablement cultivé n exhibe pas des connaissances accumulées, mais se trouve capable de disposer librement des contenus traditionnels et sociaux. Il est arrivé à terme de sa destination morale en pouvant rencontrer autrui de manière désintéressée. Ainsi l homme «cultivé» n est pas celui qui est déformé par son milieu, mais au contraire celui qui a bien digéré ses connaissances et s en est libéré, enrichi. Conclusion Ainsi il semble bien difficile d envisager une liberté, au sens effectif de puissance d autodétermination, sans l appartenance à une forme même minimale de culture, c est-à-dire d éducation. Or on ne peut classer les degrés de liberté selon la culture à laquelle on appartient, soit parce que l on tombe dans un préjugé ethnocentrique, soit parce que les pratiques culturelles sont elles-mêmes moralement neutres. Le degré de liberté semble plutôt dépendre de la richesse de sa culture personnelle, non pas par la quantité de savoir accumulé, mais par la capacité à prendre de la distance vis-à-vis de tout phénomène culturel et donc de considérer autrui de manière désintéressée. En ce sens, la véritable culture libératrice désigne l avènement de la moralité en l homme. Le sujet La culture La raison et le réel La politique
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