Rapport au Parlement CORSE. 169 sur 448

Transcription

1 CORSE 169 sur 448

2

3 CORSE Depuis la mise en place de la loi de 2001, cette activité progresse régulièrement, le nombre de dossiers d urbanisme examinés par les services de la Culture est en forte augmentation (100% entre 2000 et 2003). Cependant, la plupart des communes sont en milieu rural et elles accusent un retard dans la mise en place de leurs documents d urbanisme. On doit aussi souligner que la carte archéologique de la Corse est encore très lacunaire, malgré les 5000 entités archéologiques aujourd hui recensées. La prise en compte de l archéologie s est traduite par un nombre de diagnostics qui n a concerné dans la période , que 4,44% des communes. Cet aspect reflète une atonie de l activité économique, en particulier dans le secteur du bâtiment. La répartition géographique de ces diagnostics souligne le dynamisme économique du pôle de Bastia au nord-est de l'île, et plus généralement des localités qui connaissent une relative croissance urbaine, presque toutes situées le long du littoral. Toutefois, cette observation doit être modérée car la mise en place des dispositifs de la loi de 2001 consolidée est toujours en cours. Cet aspect influe directement sur le nombre de dossiers soumis à l examen des services culturels. Enfin, malgré le petit nombre de diagnostics, les surfaces prospectées sont importantes. Peu de zonages archéologiques ont été prescrits, ceci s explique par l absence de documents d urbanisme sur de nombreuses communes rurales. Dans ces communes, les services de l État sont en charge de la gestion des questions d urbanisme et ils sont en capacité de saisir le préfet de Corse grâce aux cartes archéologiques communales, dressées lors de la mise en œuvre des plans locaux d urbanisme (PLU) qu ils instruisent. Un important effort a été mené et cent communes sont aujourd hui renseignées. La qualité de l information reste cependant tributaire de l état d avancement de la Carte Archéologique Nationale. A titre d exemple, pour la ville d Ajaccio, les retards ont été rattrapés. Actuellement une grande partie de la zone urbaine est en ZPPAUP et la commune dispose d une carte archéologique et d un zonage sur quatre îlots urbains. Dans ce nouveau contexte, une fouille préventive prescrite en 2004, lors d un aménagement privé, a livré les vestiges exceptionnels du baptistère paléochrétien de l évêché primitif, daté de la seconde moitié du V e et du VI e siècle. Cette découverte majeure permet à Ajaccio de disposer d un édifice qui témoigne de son existence neuf siècles avant la fondation de la ville génoise en On soulignera enfin que les travaux universitaires privilégient trop souvent les études ponctuelles de sites remarquables. Le développement d une archéologie extensive, à l échelle des territoires, reste en devenir. Les applications d outils d interprétation et de connaissance, comme les systèmes d informations géographiques (SIG), sont un chantier ébauché mais prometteur pour les couches d activités culturelles. Malgré ces incontestables faiblesses, on doit retenir qu elles tendent à se réduire grâce à l engagement de plusieurs jeunes chercheurs, à celui d un plus grand nombre de spécialistes et d institutions dans une recherche pluridisciplinaire. Cette recherche s enrichit aussi par la multiplication des échanges et des transferts d expériences organisés par des programmes transfrontaliers et internationaux. Joseph Cesari Direction régionale des affaires culturelles Service régional de l archéologie de la Corse 171 sur 448

4 CORSE-DU-SUD AJACCIO (ESPACE ALBAN, RUE DEL PELLEGRINO) LE BAPTISTERE DU GROUPE EPISCOPAL PRIMITIF Une fouille préventive a été réalisée par une équipe de l'inrap entre le 14 mars et le 10 juin 2005 préalablement à la construction d un parking souterrain et d un immeuble d habitation non loin du centre de la ville d'ajaccio. Elle a porté sur une superficie d'environ 850 m² et a permis de mettre au jour une partie du groupe épiscopal paléochrétien placé, au moins à partir du XII e siècle, sous le vocable de saint Jean-Baptiste et de saint Euphraise. La localisation précise de la cathédrale primitive reste inconnue, mais son baptistère a été repéré et intégralement fouillé. Il s agit d un édifice de plan polylobé dont ne sont conservées que la moitié d'une petite abside orientée (ouverture environ 3,30 m, profondeur environ 1,20 m) et une nettement plus vaste (ouverture 4,60 m, profondeur 3,50 m) tournée vers le sud. Vues du site et de la fouille. INRAP. Vers l occident, l édifice est fermé par un mur rectiligne contre lequel s appuient des structures qu il n a pas été possible de fouiller. Au centre de l abside méridionale se trouve une grande cuve cruciforme allongée (dimensions intérieures : 2,68 x 1,39 m, profondeur 1,24 m), accessible par deux escaliers de trois marches. Dans l attente d études plus poussées, les comparaisons typologiques 173 sur 448

5 Archéologie préventive avec les baptistères africains et dalmates permettent de situer la construction de cet édifice autour du VI e siècle. Durant le haut Moyen Âge*, la cuve a fait l'objet de trois transformations fondamentales visant à la rendre plus accessible ainsi qu'à réduire son volume, le baptême étant administré par immersion. Finalement, trop modifiée et devenue mal commode, elle est remplacée durant le haut Moyen Âge par un bassin cylindrique plus petit (80 cm de diamètre et 28 cm de profondeur) au moment de l'intégration de l'édifice dans un bâtiment plus vaste de plan basilical dont ne sont conservés que les murs sud et est, englobant une profonde abside semi-circulaire, elle aussi en grande partie détruite. C'est autour d'elle que sont installées les plus anciennes sépultures. Cuves baptismales du premier groupe épiscopal d'ajaccio. INRAP. Tegulae* et céramique provenant des fouilles. INRAP. 174 sur 448

6 Au même moment, à l'est des édifices de culte, est aménagée une zone artisanale dont fait partie un atelier vraisemblablement spécialisé dans le travail des métaux. Il est associé à un énorme volume de «terres noires», riches en céramiques, attribuables, pour l'heure, au VII e siècle. Ces espaces sont rapidement transformés en cimetière dont l'utilisation se prolonge jusqu au XVI e siècle, alors que les édifices de culte semblent être détruits vers la fin du haut Moyen Âge. Quatre-vingt sépultures ont été repérées. Leur typologie est très variée : en amphore, sous tuiles, en coffre de pierres, rupestres et en pleine terre. Il faut y ajouter le sarcophage de marbre blanc du III e siècle, sans doute réutilisé à l'époque chrétienne, découvert sur ce même site en C'est d'ailleurs à ce moment-là qu'une grande partie des vestiges a été détruite pour laisser place a des bâtiments à usage industriel. Bien qu'appartenant à une société immobilière privée, la parcelle contenant les vestiges va être cédée dans les prochains mois à la commune d'ajaccio. Cette démarche, qui s'accompagnera d'une protection au titre des Monuments historiques, devrait permettre une restauration et une mise en valeur rapide du site. Joseph Cesari Direction régionale des affaires culturelles Service régional de l archéologie de la Corse 175 sur 448