Nombres complexes. Chapitre Le corps des nombres complexes Sommes et produits de nombres complexes

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Table des matières 1 Nombres complexes 1 1.1 Le corps des nombres complexes............................ 1 1.1.1 Sommes et produits de nombres complexes.................. 1 1.1. Conjugué et module............................... 1. Représentation géométrique d un nombre complexe.................. 3 1..1 Forme cartésienne................................ 3 1.. Forme trigonométrique.............................. 3 1..3 Forme exponentielle............................... 6 1.3 Solutions d équations polynomiales........................... 8 1.3.1 Équations de premier degré........................... 8 1.3. Racines carrées.................................. 8 1.3.3 Équations du second degré........................... 9 1.3. Racines n-ièmes................................. 11 1. Applications à la trigonométrie............................. 16 1..1 Formules d Euler et de Moivre......................... 16 1.. Formule du binôme de Newton......................... 17 1..3 Applications................................... 19 1.5 Exercices......................................... 1.6 Exercices, sujets années antérieures........................... 1.7 Exercices, rappels et compléments........................... 6 1

Chapitre 1 Nombres complexes Désignons par R l ensemble des nombres réels. Le carré d un nombre réel x R est toujours positif ou nul : x 0. Ainsi, l équation x + 1 = 0 n admet pas de solution dans R. En fait, si x R, alors x + 1 1 > 0. Les nombres complexes, construits comme extension des nombres réels, furent introduits afin que de telles équations aient des solutions. Bien que des références aux racines des nombres négatifs soient déjà apparues dans l antiquité, les nombres complexes furent introduits à la fin du XVIe siècle par les mathématiciens italiens, et successivement formalisés par l école française. 1.1 Le corps des nombres complexes Dans la suite, on note i un nombre imaginaire ayant la propriété i = 1. Le nombre i, dit unité imaginaire, est l une des deux solutions de l équation algébrique x + 1 = 0. Définition 1.1. Un nombre complexe z s écrit de façon unique sous la forme, dite cartésienne, suivante : z = x + iy, avec x, y R. 1.1) Dans l équation 1.1), x s appelle la partie réelle de z, notée x = Rez) ; y s appelle la partie imaginaire de z, notée y = Imz). On désigne par C l ensemble des nombres complexes. Notons qu un nombre complexe z = x + iy est réel si et seulement si y = Imz) = 0. Un nombre z est dit imaginaire pur si x = Rez) = 0. 1.1.1 Sommes et produits de nombres complexes L ensemble des nombres complexes est muni d une somme et d un produit qui étendent somme et produit usuels dans les nombres réels). Définition 1.. Soient z = x + iy et w = u + iv deux nombres complexes. La somme z + w est donnée par z + w = x + iy) + u + iv) := x + u) + iy + v). Le produit zw est donné par zw = x + iy)u + iv) = xu + iyu + ixv + i yv := xu yv) + iyu + xv). 1

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES Notons que 0 = 0 + i0 est l élément neutre de la somme : z + 0 = 0 + z = z. De même 1 = 1 + i 0 est l élément neutre du produit : z 1 = 1 z = z. Notons aussi que si λ R est un nombre réel, le produit λz est donné par λx + iy) = λx + iλy. Pour tout z C, il existe un nombre complexe w := z, dit symétrique de z, tel que z + w = 0. Si z = x + iy, alors z = x + i y). Pour tout z C, z 0, il existe un nombre complexe w := z 1, dit inverse de z, tel que zw = wz = 1. Si z = x + iy, on peut montrer par calcul direct que z 1 = x iy x +y. 1.1. Conjugué et module Définition 1.3. Soit z = x + iy C un nombre complexe. Le conjugué z de z est donné par z = x iy C. Le module z de z est donné par z = x + y [0, + [. Notons que z = zz, ou de même z 1 = z z. À partir des définitions, on obtient les relations suivantes : Propriétés du conjugué Pour tous z, w C, on a z + w = z + w, zw = z w, z = z on dit que l opération z z est involutive), z R est réel si et seulement si z = z, z ir est imaginaire pur si et seulement si z = z. Propriétés du module Rez) = z + z, Imz) = z z. 1.) i Pour tous z, w C, on a z = 0 si et seulement si z = 0, z > 0 pour tout z 0, z = z, zw = z w, Rez) z, avec égalité si et seulement si z R, et de même Imz) z, avec égalité si et seulement si z ir, z + w z + w inégalité triangulaire), z = z si et seulement si z [0, + [. Démonstration de l inégalité triangulaire. D abord, notons que z + w = z + w)z + w) = zz + ww + zw + wz = z + w + Rezw). De plus, Rezw) zw = z w. On en déduit z + w z + w + z w = z + w ). On conclut en utilisant la croissance sur [0, + [ de la fonction racine carrée.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 3 1. Représentation géométrique d un nombre complexe 1..1 Forme cartésienne Définition 1.. Considérons le plan cartésien R, rapporté à un repère orthonormal O, i, j ) donné. L image d un nombre complexe z = x + iy dans le plan R est le point M de coordonnées x, y). Le vecteur OM est le vecteur image de z. Le nombre complexe z s appelle l affixe du point M, ou du vecteur OM. Le module z est la longueur du segment OM, c est-à-dire, la distance entre O et M. L image du conjugué z de z est le symétrique de l image de z par rapport à l axe des abscisses. L image de z est le symétrique de l image de z par rapport à l origine O. Étant donnés deux nombres complexes z, w, l image de la somme z + w est donnée par la somme des vecteurs images de z et w. Si λ R est un nombre réel, l image de λz est donnée par le vecteur image de z multiplié par le scalaire λ. Voir Figure 1.1 pour une représentation géométrique de ces opérations. ir z + w C w z λz R z z Figure 1.1 Représentation géométrique en forme cartésienne, avec z, w C, λ > 1. 1.. Forme trigonométrique Définition 1.5. Lorsque z 0, l image de z est distincte de l origine O. On appelle argument de z, noté argz), une mesure α de l angle i, OM) avec signe), bien défini à un multiple de π près. Si r = z est le module de z, on a donc z = rcos α + i sin α), dite forme trigonométrique, ou forme polaire, de z voir la Figure 1. pour une représentation géométrique des nombres complexes sous formes cartésienne et polaire). Comme on vient de le dire l argument d un nombre complexe n est bien défini qu à un multiple de π près. On aura donc besoin de la définition suivante.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES ir C z = x + iy y = Im z r = z α = argz) x = Re z R Figure 1. Forme cartésienne et polaire d un nombre complexe. Définition 1.6. Soient a, b R deux nombres réels, et h R = R {0} un nombre réel différent de zéro. On dit que a équivaut à b modulo h, et on le note par a b mod h), ou par a = b mod h), si a b est un multiple entier de h. Autrement dit a b mod h) déf k Z tel que a = b + kh. Il y a une définition analogue pour les nombres complexes il suffit de remplacer R par C). Proposition 1.7. Soient a, b R, h, λ R. Alors a b mod h) si et seulement si λa λb mod λh). Démonstration. On a : a b mod h) k Z a = b + kh k Z λa = λb + kλh λa λb mod λh). Étant donnée la forme trigonométrique d un nombre complexe z = rcos α + i sin α), on retrouve facilement la forme cartésienne z = x + iy : x = Rez) = r cos α, y = Imz) = r sin α. D autre part, étant donnée la forme cartésienne z = x + iy d un nombre complexe, on se ramène à la forme trigonométrique z = rcos α + i sin α) comme suit : r = z = x + y, tan α = y x.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 5 Si x = 0, i.e., z ir, on a argiy) = α = { π si y > 0, π si y < 0. Si x 0, on a la fonction arctan sera définie au Chapitre 5) { arctan ) y argx + iy) = α = x si x > 0, arctan y x) + π si x < 0. Exemples 1.8. L argument de 1, ou plus généralement d un nombre réel positif, vaut 0 mod π). L argument d un nombre réel négatif vaut π mod π). L argument de l unité imaginaire i vaut π mod π). Plus généralement, l argument d un nombre imaginaire pur vaut ± π mod π), selon le signe de sa partie imaginaire. L argument de 1 + i est π mod π) ; l argument de 3 i est π 6 mod π). Si λ R = R {0} est un nombre réel non nul et z C est un nombre complexe, on a { argλz) argz) mod π) si λ > 0, argλz) argz) + π mod π) si λ < 0. Remarque 1.9. À partir de l interprétation géométrique de la distance et de l argument d un nombre complexe, on obtient que l inégalité triangulaire z + w z + w est une égalité si et seulement si z = 0, ou w = 0, ou argz) argw) mod π). Propriétés de l argument Pour tous z, w C := C {0}, on a : argz) argz) mod π), arg z) argz) + π mod π), argz 1 ) argz) mod π), argzw) argz) + argw) mod π), argz p ) p argz) mod π), pour tout p Z. La seule relation non triviale est la quatrième, due aux formules d addition trigonométrique. Proposition 1.10 Formules d addition trigonométrique). Soient α, β R. Alors on a cosα + β) = cos α cos β sin α sin β, 1.3) cosα β) = cos α cos β + sin α sin β, 1.) sinα + β) = sin α cos β + cos α sin β, 1.5) sinα β) = sin α cos β cos α sin β, 1.6) Démonstration. On montre d abord la relation 1.). Considérons deux angles α et β, comme sur la Figure 1.3, les points U, A, B, C étant sur le cercle unité. Les coordonnées des points U, A, B, C sont les suivantes : U = 1, 0), A = cos α, sin α), B = cos β, sin β), C = cosα β), sinα β)). Notons que les triangles de sommets AOB et COU sont congruents. En faits, les longueurs OU, OA, OB, OC valent 1, i.e. sont égales au rayon du cercle unité. De plus, les angles ÛOC et BOA sont égaux à α β. Il s en suit que les longueurs UC et AB sont égales. On a donc : UC = cosα β) 1 ) + sinα β) ) = cosα β) ) + 1 cosα β) + sinα β) ) = cosα β),

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 6 ir C A AB B α β β α O UC α β C U R Figure 1.3 Formule d addition trigonométrique. où on a utilisé la relation trigonométrique cosα β) ) + sinα β) ) = 1. De même : AB = cos α cos β ) + sin α sin β ) On en déduit l équation 1.). = cos α) + cos β) cos α cos β + sin α) + sin β) sin α sin β = cos α cos β sin α sin β. Pour montrer l équation 1.3), il suffit prendre l équation 1.) pour α et β et de se rappeler que cos β) = cos β et sin β) = sin β cosα + β) = cosα β)) = cos α cos β) + sin α sin β) = cos α cos β sin α sin β. Pour montrer l équation 1.5), on utilise les rélations cos π α) = sin α et sin π α) = cos α comme suit : π ) π ) π ) sinα + β) = cos α β = cos α cos β + sin α sin β = sin α cos β + cos α sin β, ainsi que 1.). Enfin, l équation 1.6) est obtenue à partir de 1.5), en remplaçant β par β comme précédemment. 1..3 Forme exponentielle La formule d Euler e iα = cos α + i sin α, 1.7) avec α R, nous permet d écrire un nombre complexe sous forme exponentielle. En effet, soit z un nombre complexe écrit sous forme trigonométrique z = rcos α + i sin α) ; la formule d Euler 1.7) permet d écrire z = re iα, où r 0 et α R.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 7 Par les formules d addition trigonométriques, si z = re iα et w = se iβ, on a zw = rse iα+β) ; donc les modules se multiplient, et les arguments s aditionnent. On a obtenu une interprétation géométrique du produit de deux nombres complexes voir Figure 1.). ir C zw w rs s α + β β r z α R Figure 1. Produit de deux nombres complexes. Remarque 1.11. Attention 1.7) est une convention d écriture : on montrera en seconde année que l on peut donner un sens intrinsèque à exp z pour z dans C. Remarque 1.1. Notons que, comme la forme trigonométrique, la forme exponentielle n est pas déterminée de manière unique. En effet re iα et se iβ déterminent le même nombre complexe si et seulement si r = s > 0 et α β mod π), ou r = s = 0. Propriétés de la forme exponentielle. Notons que si z = re iα, alors z = re iα, z = re iα+π), z = r, 1 z = 1 r e iα, z p = r p e ipα pour tout p Z.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 8 1.3 Solutions d équations polynomiales 1.3.1 Équations de premier degré Considerons d abord une équation de premier degré : az + b = 0, où a C, b C. De façon directe, on trouve que l unique solution d une telle équation est donnée par Remarque 1.13. Notons qu on a az + b = a où z 1 est la solution de l équation az + b = 0. z 1 = b a. z + b ) = az z 1 ), a Avant de passer au cas des équations du second degré commençons par un cas particulier, celui des racines carrées. 1.3. Racines carrées Soit w C un nombre complexe. On veut trouver les solutions complexes de z = w. Méthode exponentielle. Écrivons z = re iα et w = se iβ sous forme exponentielle. On a z = w si et seulement si d où on obtient r e iα = z = w = se iβ, r = s, α β mod π), c est-à-dire α = β/ mod π, soit α = β/ mod π ou α = β/ + π mod π Proposition 1.7). Donc les racines carrées de w = se iβ sont données par ± se iβ/, car e iπ = 1 voir aussi Remarque 1.16). Voir Figure 1.5 pour une représentation géométrique de la méthode exponentielle. Méthode cartésienne. Écrivons z = x + iy et w = u + iv sous forme cartésienne. On a z = w si et seulement si { x y = u, xy = v. De plus, on a x + y = z = w = u + v. À partir des première et troisième équations on a : x = u + u + v et y = u + v u ; on obtient donc x et y au signe près rappelons que x, y R). La deuxième équation nous permet de déterminer les signes respectifs de x et y.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 9 ir C w s β z 1 s β R β + π z Figure 1.5 Racines carrées d un nombre complexe w = se iβ. Exemple 1.1. On veut déterminer les racines carrées de w = 1 + i, i.e. on veut trouver les solutions z = x + iy de l équation z = w. Il faut donc résoudre le système x y = Rew) = 1, x + y = w =, xy = Imw) = 1. On a donc x = 1 +, y = 1, et x, y sont de même signe, car xy = 1 > 0. + +. Par conséquent ou bien x =, y =, ou bien x =, y = Si on écrit w sous forme exponentielle, on obtient w = e iπ/. Les racines carrées de w sont données par z 1 = e iπ/8 et z = e i5π/8 = z 1. La formule d Euler 1.7) implique que Comparer les résultats avec la Figure 1.9. 1.3.3 Équations du second degré π ) cos = 1 + 8 Rez 1) = π ) sin = 1 8 Imz 1) =. Pour les équations du second degré, on a l énoncé suivant.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 10 Théorème 1.15. Les solutions d une équation du second degré avec a, b, c C et a 0, sont données par az + bz + c = 0, 1.8) z = b ± δ, 1.9) a où δ est un nombre complexe tel que δ = := b ac. Le nombre est dit discriminant de l équation 1.8). Remarque 1.16. Notons que si δ 1 est une solution de δ =, alors δ = δ 1 est une autre solution de la même équation. En fait, δ = δ 1 ) = 1) δ 1 = 1 =. Cette remarque justifie le signe ± dans 1.9), en accord avec la notation commune 0 quand 0 est un réel positif. Remarque 1.17. En littérature UNIQUEMENT dans la littérature étrangère, en particulier pas dans la littérature française qui est celle qui nous sert de référence), on peut trouver la notation w avec w C un nombre complexe quelconque. Dans ce cas, w indique n importe quelle solution complexe de l équation z = w. Démonstration. Appliquons la méthode de complétion du carré à l équation 1.8), comme suit ) 0 = az + bz + c = a z ba b + z + a b a + c = a z + b ) b ac = 0. a a Notons w = z + b/a. On obtient alors soit d où on déduit w = b ac a = ± δ ), a w ± δ ) = 0 w δ ) w + δ ) = 0, a a a z = w b a = ±δ a b a. Remarque 1.18. Si z 1, z sont les solutions complexes d une équation du second degré az + bz + c = 0, données par 1.9), alors on a On en déduit que z 1 + z = b a et z 1z = c a. az + bz + c = az z 1 )z z ). Remarque 1.19. Soit az + bz + c = 0 une équation du second degré ; notons = b ac son discriminant. Alors les deux solutions z 1, z données par 1.9) coïncident z 1 = z ) si et seulement si = 0. Dans ce cas on dit que l équation admet une solution de multiplicité. En fait, on peut écrire az + bz + c = az z 1 ).

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 11 Exemple 1.0. Considerons l équation du second degré D après le Théorème 1.15, les solutions sont données par z + z + 1 + i = 0 1.10) z = ± δ = 1 ± δ, où δ = 1 + i) = i. Il nous faut donc calculer les deux racines carrées ±δ/ de i. En suivant la méthode exponentielle, on a i = 1 e iπ/. Par suite les solutions sont données par ±e iπ/. La formule d Euler 1.7) assure que e iπ/ = cos π/) + i sin π/) = / i /. On pouvait aussi suivre la méthode cartésienne. Les solutions de l équation x+iy) = i satisfont x y = Re i) = 0, x + y = i = 1, xy = Im i) = 1, d où on déduit x = y = 1/ et x, y sont de signes opposés car xy = 1/ < 0 ; par conséquent ou bien x = y = /, ou bien x = y = /. Pour résumer, les deux solutions de l équation 1.10) sont données par Notons que z 1 = 1 + i, z = 1 + i. ) z z 1 )z z ) = z + 1 + i z + 1 + ) = z + 1) i = z + z + 1 + i. i ) 1.3. Racines n-ièmes On veut résoudre l équation z n = w pour un nombre complexe w donné. L écriture sous forme exponentielle de z = re iα et w = se iβ permet de montrer que r = n s et nα β mod π). Les solutions sont données par α β ) n mod π n Proposition 1.7), c est-à-dire, par α = β n + kπ n, pour k Z. On constate que lorsque k parcourt Z on obtient n solutions distinctes ; on peut donc par exemple supposer que k = 0,..., n 1. Géométriquement, on peut noter que les solutions de z n = w appartiennent au cercle de centre 0 et rayon n w et forment un polygone régulier à n côtés. Exemple 1.1. On cherche à trouver les racines 3-ièmes de 8i voir la Figure 1.6). On veut donc résoudre z 3 = 8i = 8e i π. On obtient z = re iα avec r = 3 8 = et α = π 6 + kπ 3, avec k = 0, 1,. Ainsi z 1 = e i π 6, z = e i 5π 6, z3 = e i 3π.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 1 Sous forme cartésienne, on obtient π ) π )) z 1 = cos + i sin = 3 + i, 6 ) 6 )) 5π 5π z = cos + i sin = 3 + i, 6 6 ) )) 3π 3π z 3 = cos + i sin = i. On peut verifier directement ces solutions : ± 3 + i) 3 = ±3 3 + 9i ± 3 3 i + i 3 = 8i, i) 3 = 8i 3 = 8i. Remarquons que les trois solutions forment les sommets d un triangle équilatéral centré à l origine voir Figure 1.6). Notons qu on a aussi z 1 z z 3 = 8i et z 1 + z + z 3 = 0. Ces faits sont généraux voir Proposition 1.30). ir w = 8e i π C z = e i 5π 6 z 1 = e i π 6 R z 3 = e i 3π Figure 1.6 Racines 3-ièmes de w = 8i. Racines n-ièmes de l unité Un cas particulier de racine d un nombre complexe est donné par les racines de l unité 1. Comme précédemment, les solutions de z n = 1 sont données par z = e i kπ n, k = 0,..., n 1. Les racines n-ièmes de l unité sont les sommets d un polygone régulier à n côtés, appartiennent au cercle de rayon 1, et l une de ces racines est 1. En notation cartésienne, on obtient z = cos kπ n ) + i sin ) kπ, k = 0,..., n 1. n Exemples 1.. On écrit de façon explicite les racines n-ièmes de l unité pour n = 1,..., 5 voir aussi Figure 1.7).

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 13 La seule solution de z = 1 est z 0 = e 0 = 1. Les solutions de z = 1 sont z 0 = e 0 = 1 et z 1 = e iπ = 1, et elles forment les sommets d un segment qui passe par l origine. Les solutions de z 3 = 1 sont z 0 = e 0 = 1, z 1 = e iπ/3 = 1 + i ) 3 /, z = e iπ/3 = 1 i ) 3 /; elles forment les sommets d un triangle équilatéral. Les solutions de z = 1 sont z 0 = e 0 = 1, z 1 = e iπ/ = i, z = e iπ = 1 et z 3 = e i3π/ = i ; elles forment les sommets d un carré. Les solutions de z 5 = 1 sont z 0 = e 0 = 1, z 1 = e iπ/5, z = e iπ/5, z 3 = e i6π/5 et z = e i8π/5 ; elles forment les sommets d un pentagone régulier. z 1 z 1 z z 1 z 0 z z 0 z 0 z 3 z z 3 z Figure 1.7 Racines 3-ièmes, -ièmes, 5-ièmes de l unité. Remarquons que, si η est une racine n-ième de l unité, alors η k est une racine n-ième de l unité pour tout k. En fait, si η n = 1, on a η k ) n = η kn = η n ) k = 1 k = 1. Définition 1.3. Soit n N. Une racine n-ième η de l unité est dite primitive si η m 1 pour tout 0 < m < n. Proposition 1.. Soit η une racine n-ième de l unité. La racine η est primitive si et seulement si toutes les racines n-ièmes de l unité sont données par {η k k Z}. La Proposition 1. reste valable si on écrit k = 1,..., n à la place de k Z. Démonstration. Pour l implication directe, il suffit de montrer que si η est primitive, alors η k η h pour tout 1 k, h n, h k. Supposons que η k = η h avec 1 k < h n. Alors η h k = 1 avec 1 h k < n, ce qui contredit le fait que η est une racine primitive. Pour l implication inverse, supposons qu il existe m < n tel que η m = 1. Mais alors η k = η k+m pour tout k, et l ensemble S = {η k k Z} contient au plus m éléments différents. Mais il existe n > m racines n-ièmes distintes, donc S ne contient pas toutes les racines n-ièmes de l unité : contradiction. Remarque 1.5. Notons que z 0 = 1 est une racine n-ième de l unité pour tout n N, mais elle n est jamais primitive pour n. Exemples 1.6. Cas n =. La racine z 0 = 1 n est pas primitive, car z 1 0 = 1, mais z 1 = 1 est bien primitive, car z 1 1 = 1 1. Cas n = 3. Soient z 0 = e 0 = 1, z 1 = e iπ/3 = 1 + i 3)/, z = e iπ/3 = 1 i 3)/ les trois racines cubiques de l unité. Notons que z 1 = z et z = z 1. La Proposition 1. assure que z 0 n est pas primitive, par contre z 1 et z sont des racines cubiques primitives.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 1 Cas n =. Soient z 0 = e 0 = 1, z 1 = e iπ/ = i, z = e iπ = 1, z 3 = e i3π/ = i les racines quatrièmes de l unité. Notons que z 1 = z, z 3 1 = z 3. Par la Proposition 1., z 1 est primitive. De même façon, z 3 est primitive. Comme z = 1) = 1, par définition z n est pas une racine quatrième primitive. Enfin z 0 = 1 n est pas non plus primitive. Cas n = 5. Soient z 0 = e 0 = 1, z 1 = e iπ/5, z = e iπ/5, z 3 = e i6π/5, z = e i8π/5. Les racines z 1 et z sont primitives. On note aussi que z = z, z 3 = z 1 et z = z 3, d où on en déduit que z est primitive. De même z 3 est primitive. Considérons les racines 6-ièmes de l unité Figure 1.8). Elles sont données par z k = e iπk/3, avec k = 0,..., 5, soit sous forme cartésienne, on a z 0 = 1, z 1 = 1 + i 3)/, z = 1 + i 3)/, z 3 = 1, z = 1 i 3)/, z 5 = 1 i 3)/. Les racines z 1 et z 5 sont primitives. En effet z k 1 = e iπ/3 ) k = e iπk/3 = z k, et de même z k 5 = e i5kπ/3, donc z k 5 = z 6 k pour k = 1,..., 6. Par contre, z 0, z, z 3, z ne sont pas primitives. En fait, z 0 = z 3 = z 3 = z 3 = 1. On obtient {z k 0 k Z} = {1}, {z k k Z} = {1, z, z } les racines cubiques de l unité), {z k 3 k Z} = {1, 1} les racines carrées de l unité), {z k k Z} = {1, z, z } encore les racines cubiques de l unité). ir C e π 3 i = 1 +i 3 e π 3 i = 1 +i 3 e πi = 1 e 0i =1 R e π 3 i = 1 i 3 e 5π 3 i = 1 i 3 Figure 1.8 Racines 6-ièmes de l unité. Les racines primitives sont entourées Remarque 1.7. À partir de la Proposition 1. on obtient que eiπ/n et e iπ/n sont toujours racines primitives n-ièmes de l unité. Notons aussi que si z est une racine n-ième d un nombre complexe w, les autres racines sont données par les nombres zη, où η varie parmi les racines n-ièmes de l unité. En effet zη) n = z n η n = w 1 = w. Si η est une racine n-ième primitive de l unité, toutes les racines n-ièmes de w sont données par zη k avec k = 0,..., n 1. Remarque 1.8. Notons que e iπk/n est une racine primitive n-ième de l unité si et seulement si k et n sont premiers entre eux.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 15 Exemple 1.9. Dans cet exemple, on va calculer sous forme cartésienne) les racines 6-ièmes de 8i, et on va en déduire les valeurs de cos π 1) et sin π 1). On pourra comparer ces resultats avec la Figure 1.9. Les racines 6-ièmes de 8i sont données sous forme exponentielle par w 0 = e i π 1, w1 = e i 5π 1, w = e i 9π 1, w 3 = e i 13π 1, w = e i 17π 1, w5 = e i 1π 1. Parmi ces solutions, on sait écrire sous forme cartésienne w = e i3π/ = 1+i, et w 5 = w = 1 i. On en déduit que w 0 = e iπ/1 = e i1π/1 e iπ/1 = w 5 η, où η = z 1 = e iπ/3 = 1 + i 3)/ est une des racines 6-ièmes primitives de l unité donnée dans l Exemple 1.6. On a donc π π cos + i sin = 1 i)1 + i 1) 1)) 3)/ = 1 + 3 3 1 + i, d où Propriétés des racines n-ièmes. π + 6 π 6 cos =, sin =. 1) 1) Soient w C un nombre complexe et z 1,..., z n les racines n-ièmes de w. On peut montrer que z n w = n z z k ). k=1 Une preuve de ce résultat suit de l algorithme de division des polynômes, qui nous dit que si pz) est un polynôme tel que pz 0 ) = 0, alors z z 0 ) divise pz). Par récurrence sur le nombre des racines, on obtient le résultat. De cette formule, on déduit les propriétés suivantes. Proposition 1.30. Soient w C un nombre complexe et z 1,..., z n ses racines n-ièmes. Alors on a n z k = 1) n+1 w, z k = 0. 1.11) k=1 Démonstration. Écrivons w = seiβ sous forme exponentielle. On a vu que z k = n se i β+kπ n. D une part n z k = k=1 n k=1 n se i β+kπ n = se iβ e i π n k=1 k k) = we iπn+1) = 1) n+1 w, où on a utilisé la propriété n k=1 k = nn+1). D autre part, soit S = n k=1 z k, et soit η = e iπ/n une racine primitive n-ième de 1. On a d oú S = 0, car η 1. S = z k = k=1 ηz k = ηs, k=1

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 16 cosπ α) = cosα) sinπ α) = sinα) z z 5π 6 7π 8 11π 1 3π π 3 5π 8 7π 1 π i 6 5π 1 + i 6+ 3π 8 π 3 + 1 + i i 3 π π 6 π 8 π 1 + + i 3 + i 1 + C + i 6+ + i 6 1 π 0 1 13π 1 9π 8 7π 6 3π 1 15π 8 11π 6 cosπ + α) = cosα) sinπ + α) = sinα) z z 5π π 3 11π 8 17π 1 3π 13π 19π 8 1 5π 3 7π cosπ α) = cos α) = cosα) sinπ α) = sin α) = sinα) z z i Figure 1.9 Expression de cosα) et sinα) pour certains angles α [0, π] sous forme cartésienne z = cosα) + i sinα) = e iα. 1. Applications à la trigonométrie 1..1 Formules d Euler et de Moivre La formule d Euler 1.7) et les équations 1.) permettent d exprimer le cosinus et le sinus d un angle en termes d exponentielles complexes : cos α = Ree iα ) = eiα + e iα, sin α = Ime iα ) = eiα e iα. 1.1) i Ces formules sont toujours appelées formules d Euler. De la formule d Euler voir aussi 1.16)), on déduit aussi la formule de Moivre : cos α + i sin α) n = cosnα) + i sinnα) 1.13)

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 17 pour tout n Z. En effet on a cos α + i sin α) n = e iα ) n = e inα = cosnα) + i sinnα). 1.. Formule du binôme de Newton Définition 1.31. Soient 0 k n des entiers. On définit le coefficient binomial parmi n ) le nombre ) n n! := k k!n k)!, où n! = nn 1) 1 est la factorielle de n. On pose ) par convention 0! := 1. n Dans la littérature, la notation Cn k à la place de est également utilisée. k ) n lu k k Le coefficient binomial nous donne le nombre des parties de cardinalité k dans un ensemble de cardinalité n voir Chapitre??). Notons que, directement de la définition, on a n 0 ) = n n ) = 1 et ) ) n n =. k n k De plus, les coefficients binomiaux satisfont la propriété suivante. Lemme 1.3. Soient n, h N avec 1 h n. Alors ) ) n n + = h 1 h n + 1 h ). Démonstration. Par calcul direct, on a : ) ) n n + = h 1 h = = = = n! h 1)!n h + 1)! + n! h!n h)! n! 1 h 1)!n h)! n h + 1 + 1 ) h n! h 1)!n h)! n + 1)! h!n + 1 h)! ) n + 1. h n + 1 hn h + 1) ) Ce lemme nous permet de calculer les coefficients binomiaux, et construire ce qu on appelle le triangle de Pascal :

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 18 n=0 h=0 ) 0 0 h=1 ) ) n=1 1 1 0 1 h= ) ) ) n= 0 1 h=3 ) ) ) ) n=3 3 3 3 3 0 1 3 h= ) ) ) ) ) n= 0 1 3 ) 5 ) 5 ) 5 ) 5 ) 5 ) 5 0 1 3 5 1 1 1 1 1 1 3 3 1 1 6 1 1 5 10 10 5 1 On peut finalement montrer la formule du binôme de Newton. Théorème 1.33. Soient z, w C et n N. Alors z + w) n = k=0 n k ) z k w n k. 1.1) Démonstration. On procède par récurrence sur n. Pour n = 0, 1 = z + w) 0 = 0 0 ) z 0 w 0 = 1 est bien verifié. Supposons que l équation 1.1) soit vérifiée pour n, et montrons-la pour n + 1.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 19 Par hypothèse de récurrence, on a ) z + w) n+1 = z + w)z + w) n n = z + w) z k w n k k k=0 ) n ) = z k+1 w n k n + z k w n k+1 k k k=0 n+1 = h=0 ) n + h 1 k=0 n h )) z h w n+1 h, ) n où on pose = 0 si h < 0 ou si h > n. Le Lemme 1.3 assure que h d où 1.1)). 1..3 Applications Écrire cosnα) et sinnα) en fonction de puissances de cos α et sin α. ) ) n n + = h 1 h ) n + 1 h En utilisant la formule de Moivre, on peut écrire cosnα) et sinnα) en fonction de puissances de cos α et sin α. Pour n =, on obtient d où cosα) + i sinα) = cos α + i sin α) = cos α sin α) + i cos α sin α) Pour n = 3, on obtient On en déduit : cosα) = cos α sin α = cos α 1, sinα) = cos α sin α. 1.15) cos3α) + i sin3α) = cos α + i sin α) 3 = cos 3 α 3 cos α sin α) + i3 cos α sin α sin 3 α). cos3α) = cos 3 α 3 cos α sin α = cos 3 α 3 cos α, sin3α) = 3 cos α sin α sin 3 α = 3 sin α sin 3 α. Des formules analogues peuvent être obtenues pour tout n : cosnα) = ) 1) h n cos n h) α sin h α, h h=0 n 1 ) sinnα) = 1) h n cos n h) 1 α sin h+1 α, h + 1 cosn + 1)α) = sinn + 1)α) = h=0 ) 1) h n + 1 cos n h)+1 α sin h α, h ) 1) h n + 1 cos n h) α sin h+1 α. h + 1 h=0 h=0

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 0 À partir des formules précédentes, on obtient les formules suivantes pour la fonction tangente : tanα) = sinα) cosα) = cos α sin α cos α sin α = tan α 1 tan α, tan3α) = sin3α) cos3α) = 3 cos α sin α sin 3 α cos 3 α 3 cos α sin α = 3 tan α tan3 α 1 3 tan α, n 1 ) 1) h n tan h+1 α tannα) = tann + 1)α) = h=0 h + 1 ), 1) h n tan h α h h=0 ) 1) h n + 1 tan h+1 α h=0 h=0 h + 1 ) 1) h n + 1 tan h α h Notons qu on peut aussi exprimer cosα) et sinα) en fonction de tan α, comme suit : Linéarisation de cos n α et sin n α. cosα) = cos α sin α = cos α sin α cos α + sin α = 1 tan α 1 + tan α, cos α sin α sinα) = cos α sin α = cos α + sin α =. tan α 1 + tan α. On veut exprimer cos n α et sin n α comme combinaison linéaire de coskα) et sinkα) pour certains entiers k. Les formules d Euler et la formule du binôme de Newton permettent d établir que : e cos iα + e iα ) α = = 1 e iα + + e iα) = 1 e iα + e iα ) ) + 1 = 1 cosα) + 1), On retrouve 1.15). e sin iα e iα ) α = = 1 e iα + e iα) i = 1 e iα + e iα ) ) 1 = 1 1 cosα)). De manière analogue, pour n = 3 on obtient

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 1 e cos 3 iα + e iα ) 3 α = = 1 e 3iα + 3e iα + 3e iα + e 3iα) 8 = 1 e 3iα + e 3iα ) e iα + e iα )) + 3 = 1 cos3α) + 3 cos α), e sin 3 iα e iα ) 3 α = = 1 e 3iα 3e iα + 3e iα e 3iα) i 8i = 1 e 3iα e 3iα ) e iα e iα )) 3 = 1 sin3α) + 3 sin α). i i En général, on peut montrer les formules suivantes : cos n α = 1 ) 1 n n 1 + n sin n α = 1 n 1 cos n+1 α = 1 n sin n+1 α = 1 n Exponentielle complexe 1 n h=0 ) n n + h=1 h=1 ) ) n coshα), n h 1) h n n h ) n + 1 cos h + 1)α )), n h n 1) h n + 1 n h h=0 ) ) coshα), ) sin h + 1)α )). La formule d Euler 1.7) nous permet de définir l exponentielle d un nombre complexe z = x + iy comme suit : e z = e x+iy = e x e iy = e x cos y + i sin y). L exponentielle complexe étend l exponentielle réelle voir le Chapitre??), car si z = x + i0, alors e z = e x+i0 = e x cos 0 + i sin 0) = e x 1 + i0) = e x. De plus, étant donnés deux nombres complexes z = x + iy et w = u + iv, grâce aux propriétés de l argument et des formules d addition trigonométrique, on obtient e z+w = e x+u)+iy+v) = e x+u cosy + v) + i siny + v) ) = e x e u cos y cos v sin y sin v) + icos y sin v + sin y cos v) ) = e x e u cos y + i sin y)cos v + i sin v) = e z e w. Par suite l exponentielle complexe d une somme satisfait la même propriété formelle que l exponentielle réelle. On en déduit par récurrence sur n ) la propriété pour tout n Z. e z ) n = e nz 1.16)

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES Remarque 1.3. Notons que deux nombres complexes z = x + iy et w = u + iv ont la même exponentielle e z = e w si et seulement si x = u, y v mod π), c est-à-dire y = v + kπ pour un certain k Z. Autres applications 1+i Exemple 1.35. On calcule la forme cartésienne de ) 16. 3 En forme exponentielle, 1+i 3 = e iπ/3. Donc e iπ/3 ) 16 = e i16π/3. Notons que 16π/3 = π + π/3 Donc e i16π/3 = e iπ/3 = cosπ/3) + i sinπ/3) = 1 i 3. Exemple 1.36. On veut calculer la somme trigonométrique de la forme n 1 k=0 coskα). Notons que cette somme est la partie réelle de n 1 n 1 ) coskα) + i sinkα) = e ikα =: S n. k=0 La dernière somme n est autre que la somme des n premiers termes d une progression géométrique 1 de premier terme 1 et raison e iα. Si e iα = 1, c est-à-dire α = 0 mod π), alors S n = n. Supposons que e iα 1. Alors on a et il en résulte que 1.5 Exercices Questions de cours. k=0 S n = 1 einα 1 e iα = einα/ e inα/ e inα/ ) in 1)α/ sinnα/) = e e iα/ e iα/ e iα/ ) sinα/) n 1 coskα) = ReS n ) = cosn 1)α/) sinnα/) sinα/). k=0 a) Donner la définition de nombre complexe sous forme cartésienne ou algébrique). b) Donner la définition de partie réelle et imaginaire d un nombre complexe. c) Définir la somme et le produit de deux nombres complexes sous forme cartésienne. d) Définir le conjugué et le module d un nombre complexe. e) Que signifie deux nombres réels a, b sont équivalents modulo h ]0, + [? f) Donner la définition d argument d un nombre complexe. g) Décrire les formes trigonométrique et exponentielle d un nombre complexe. h) Décrire le produit de deux nombres complexes sous forme exponentielle. 1. Rappelons que si q 1, alors k i=0 q i = 1 qk+1. 1 q

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 3 i) Donner la formule de résolution d une équation de second degré à coefficients complexes. Quel est le discriminant d une telle équation? j) Décrire la méthode cartésienne pour trouver les racines carrées d un nombre complexe. k) Décrire la méthode exponentielle pour trouver les racines n-ièmes d un nombre complexe. l) Donner la définition de racine primitive de l unité. m) n) Énoncer les formules d Euler. Énoncer la formule de Moivre. o) Soit n un entier, définir n!, i.e. factoriel n. Définir les coefficients binomiaux. p) Énoncer la formule du binôme de Newton. Exercice 1.1. a) d) Écrire sous forme algébrique les nombres complexes suivants : 1 i, b) 1 1 i + 1 1 + i, c) + i 3 i, ) 1 + i, e) + 5i + 5i + 5i, f) 5i i 1 i 1 + i 1 i 1 + i. Exercice 1.. Calculer le module et un argument des nombres complexes suivants : a) 3, b) πi, c) 3 i, d) 1 i) 9, e) 5 i) 5 + i), f) e 3+i. Exercice 1.3. Écrire sous forme trigonométrique et exponentielle les nombres complexes suivants : a) 3, b) πi, c) 3 i, d) i 1) 9, e) + 6i, f) 1 i 3 + i, g) i + e i 3π, h) e i π 3 + e i π 3, i) 3i + e iπ, j) 3 + i, k) x + x i, x R. Exercice 1.. Déterminer les nombres complexes z tels que : a) z i = 1, b) z = z, c) zz = z 3, d) i Rez ) Imz ) = z, e) z + z 1 est réel, g) argz + z) = π 3 mod π. f) z + z est imaginaire pur, Exercice 1.5. Soit θ R un nombre réel. Résoudre dans C les équations suivantes : a) z cosθ)z + 1 = 0, b) z cosθ)z + 1 = 0. Exercice 1.6. Soient z 1 = 3 1 + i), z = 3 + i. a) Déterminer les formes exponentielle et trigonométrique de z 1 et z. b) Déterminer la forme cartésienne de z = z1. z

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES c) Déterminer les formes exponentielle et trigonométrique de z. d) En déduire les valeurs de cos π 1 et sin π 1. Exercice 1.7. Soit w = 1 + i. a) Déterminer les racines carrées de w sous forme cartésienne. b) Déterminer les formes exponentielle et trigonométrique de w et ses racines carrées. c) En déduire les valeurs de cos π 8 et sin π 8. 1.6 Exercices, sujets années antérieures Exercice 1.8 Partiel, 010). Résoudre dans C l équation : z 1 i)z +i = 0. On exprimera les racines sous forme algébrique ou cartésienne). Exercice 1.9 Partiel, 011). Résoudre dans C l équation : 1 z + z+3+i = 0. On exprimera les racines sous forme algébrique ou cartésienne, c est-à-dire sous forme a+ib, avec a, b des réels). Exercice 1.10 Partiel, 011). Résoudre dans C l équation : z +i)z +1+i = 0. On pourra commencer par résoudre l équation Z + i)z + 1 + i = 0 et on exprimera les racines sous forme algébrique ou cartésienne). Exercice 1.11 Examen, 011). Déterminer les nombres complexes z tels que : z 3 = 8i sous forme polaire, puis sous forme algébrique. Exercice 1.1 Examen, 011). Dans cet exercice θ désignera un nombre réel. a) Trouver les solutions Z complexes de l équation : Z cosθ) Z + 1 = 0. b) Donner les solutions complexes de l équation z 3 = e iθ, et de l équation z 3 = e iθ. c) Calculer le polynôme z e i θ 3 )z e i θ 3 ) et montrer que ses coefficients sont des nombres réels. d) En utilisant les questions précédentes, montrer que le polynôme suivant z 6 cosθ) z 3 + 1 peut s écrire comme produit de trois polynômes à coefficients réels de degré que l on écrira explicitement. Exercice 1.13 Examen, 011). a) Déterminer tous les nombres complexes z tels que z 5 = 16 16 i 3. b) Résoudre dans C l équation z + 1 + i)z 5 i = 0. Exercice 1.1 Partiel, 01). a) Résoudre dans C l équation d inconnue Z C : Z + 1 = 0. b) Résoudre dans C l équation d inconnue z C : z + z + 1) + 1 = 0.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 5 Exercice 1.15 Partiel, 01). On se propose de résoudre dans C l équation d inconnue z C : z 3 3 + i)z + 1 + 11i)z 10i + 10 = 0. a) Chercher d abord une solution imaginaire pure z = iy avec y R. b) Montrer que z 3 3 + i)z + 1 + 11i)z 10i + 10 = z i) z 3 + i)z + 5 + 5i ). c) Finalement calculer toutes les solutions de z 3 3 + i)z + 1 + 11i)z 10i + 10 = 0. Exercice 1.16 Partiel, 01). a) Résoudre dans C, l équation d inconnue z C : Indication : observer que, pour tout z C, on a : 1 + z + z + z 3 + z + z 5 + z 6 = 0. 1 z)1 + z + z + z 3 + z + z 5 + z 6 ) = 1 z 7. b) Soit w une solution quelconque de l équation 1 + z + z + z 3 + z + z 5 + z 6 = 0. Vérifier que 1 + w k 0 pour k = 1,, 3, puis que w 7 = 1, w 8 = w, w 9 = w, w 10 = w 3, w 11 = w, w 1 = w 5. c) Notons encore w une solution quelconque de l équation 1 + z + z + z 3 + z + z 5 + z 6 = 0. En utilisant la question précédente, démontrer que w 1 + w + w 1 + w + w3 1 + w 6 =. d) Déduire de la question précédente la valeur de 1 cos π 7 + 1 cos π 7 + 1 cos 6π 7. Indication : observer que w 1 + w + w 1 + w + w3 1 + w 6 = 1 w + w 1 + 1 w + w + 1 w 3 + w 3. Exercice 1.17 Examen, 01). Déterminer tous les nombres complexes z tels que : z 7 = 6 3 + 6i. Exercice 1.18 Examen, 01). On considère les equations suivantes d inconnue z C : a) Écrire 1 sous forme polaire. b) Résoudre E) dans C. E : z 5 + 1 = 0 E : z + z = 0 c) Montrer que les solutions de E) sont solutions de E ). d) Soit z une solution non nulle de E ), montrer que z = 1 puis que z est solution de E).

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 6 e) Résoudre l équation E ) dans C. Exercice 1.19 Examen, 013). Dans cet exercice, α désigne un nombre réel tel que cosα) 0. a) Rappeler les définitions du module et d un argument d un nombre complexe z 0. b) Écrire sous forme exponentielle le nombre complexe i. c) Écrire sous forme exponentielle le nombre complexe z 0 donné par : z 0 = 1 + i tanα) 1 i tanα). d) Trouver les nombres réels α vérifiant l équation : ) 1 + i tanα) = i. 1 i tanα) Exercice 1.0 Partiel, 013). a) Exprimer les racines 3-ièmes de l unité sous formes exponentielle, trigonométrique et cartésienne. b) Exprimer les racines 3-ièmes de + i sous formes exponentielle et trigonométrique. c) À l aide du point a), exprimer les racines 3-ièmes de + i sous forme cartésienne. d) En déduire les valeurs de cos π 1) et sin π 1). e) Exprimer sinα) en fonction de cos α et sin α. f) Linéariser cos 3 α. g) Vérifier les formules des points e) et f) pour α = π 1. Exercice 1.1 Examen, 01). Les deux parties sont indépendantes. 1. Racines d un nombre complexe a) Calculer le module et un argument du nombre complexe 16 + 16i 3. En déduire la forme exponentielle ou trigonométrique de 16 + 16i 3. b) Déterminer sous forme exponentielle ou trigonométrique) tous les nombres complexes z tels que z 5 = 16 + 16i 3.. Équation de degré deux dans C Résoudre dans C l équation d inconnue z z 3 i)z + = 0. 1.7 Exercices, rappels et compléments Division euclidienne Définition 1.37. Soient n N et m N. Il existe q N et r {0,..., m 1} uniques tels que n = mq + r. Cette écriture est appelée division euclidienne de n par m.

CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES 7 Définition 1.38. Soient n, m N deux nombres entiers positifs. On dit que m divise n, ou que n est un multiple de m on écrit m n) s il existe k N tel que n = km. On dit que n et m sont premiers entre eux si k N \ {0, 1} tel que k n et k m. De même on a : Définition 1.39. Soient n, m N deux nombres entiers positifs. Le plus grand commun diviseur de n et m est pgcdn, m) = max{k N : k n et k m}. Plus généralement le plus grand diviseur commun d un sous-ensemble I N est le plus grand entier positif qui divise tout element dans I. Alors n et m sont premiers entre eux si et seulement pgcdn, m) = 1. Exercice 1. Algorithme d Euclide). Soient n, m N deux nombres entiers positifs. a) Soit n = mq + r la division euclidienne de n par m. Montrer que pgcdn, m) = pgcdm, r). Remarquons que si n m, alors dans la division euclidienne on a n > r. On peut considerer donc l algorithme suivant dit algorithme d Euclide) : i) Si n < m, échanger le rôle de n et m. ii) Soit n = mq + r la division éuclidienne de n par m. Si r = 0, alors on définit d = m. Si r = 1, alors on définit d = 1. Sinon, on remplace n par r et on recommence au i). b) Montrer que l algorithme d Euclide s arrête après un nombre fini d étapes, et que son résultat d donne le plus grand commun diviseur entre n et m. Exercice 1.3. Calculer le plus grand diviseur commun des familles suivantes. a) {1, 9}, b) {1, 1}, c) {13, }, d) {19, 80}, e) {15, 5}, f) {31, 9}, g) {13,, 300}, h) {13, 11, 1}. Exercice 1.. Soient n N et k Z. Soit z k = e iπ k n. Montrer que z k est une racine primitive n-ième de l unité si et seulement si n et k sont premiers entre eux.