Henri Clément. échange avec Philippe Bertrand. À la mémoire de l abbé Germain Barthélémy

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1 Henri Clément échange avec Philippe Bertrand À la mémoire de l abbé Germain Barthélémy

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3 Henri Clément est un apiculteur qui sait tout ou presque sur les abeilles. Mais il s interroge sur leur devenir. Avec ses confrères, il constate que leur mortalité est devenue inquiétante. Le Programme des Nations unies pour l environnement confirme ses craintes et indique que la surmortalité est principalement observée dans les pays industrialisés. Les causes sont connues : pollution, pesticides, réduction des aires de butinage. Ce déclin est préoccupant pour la production alimentaire car la plupart des plantes, qu elles soient sauvages ou de culture, ont besoin des insectes pollinisateurs. Les spécialistes estiment que deux tiers des 100 espèces qui fournissent 90 % de la nourriture dans le monde sont pollinisés par les abeilles, dont le nombre a chuté ces dernières années. Henri Clément cite en exemple le département de l Indre où la récolte par ruche est passée de 70 kilos en 1995 à un petit 17 kilos en Henri Clément sait aussi qu une petite bestiole, un acarien appelé Varroa destructor, est l une des causes de mortalité des petites bêtes. Mais lutter contre ce parasite n intéresse personne et les

4 industriels continuent à vendre et à employer des pesticides qui tuent les abeilles mais rapportent des fortunes. Peter Neumann, auteur d un rapport commandé par l ONU a même déclaré que cela est honteux. Il est bien difficile de respecter la nature dans les pays où l argent est roi. Si nos dirigeants pouvaient de temps à autre écouter ceux qui savent, ils apprendraient que les abeilles elles aussi sont source de profit. Leur travail représente chaque année presque 10 % de la valeur de la production mondiale des produits agricoles, soit environ 153 milliards d euros. Mais, au grand dam d Henri Clément, les abeilles ne sont pas cotées en bourse et n intéressent pas plus les financiers que nos gouvernants. Ce déclin catastrophique n affecte pas pour autant les autorités qui ont accepté récemment l utilisation du Protéus, un pesticide pour les cultures de Colza, renouvelé l autorisation sur le marché du Cruiser, un insecticide neurotoxique, et merveilles des merveilles! l imidaclopride, l une des matières actives du Gaucho pour un usage en forêt. Que de bons produits pour les abeilles! J ai participé aux côtés d Henri Clément à l installation des ruches dans le Domaine national de Versailles et grâce à son intervention, le château s enorgueillit aujourd hui de produire du miel. C est lui qui m a expliqué le travail époustouflant de l insecte capable de butiner 700 fleurs chaque jour pour récolter 40 mg de nectar, un nectar qui donnera 10 mg de miel. Je sais maintenant que pour obtenir 1 kilo de miel, une colonie d abeilles aura effectuée entre et déplacements. Henri Clément est un combattant qui milite en faveur de la biodiversité. Syndicaliste agricole, il a contribué à l élaboration de la charte «Abeille sentinelle de l environnement».

5 De sa rencontre avec le journaliste Philippe Bertrand est né cet ouvrage qui nous prouve, si besoin était, que notre apiculteur est un sage, un passeur de savoir et qu il est lui aussi, comme les abeilles, une sentinelle de l environnement. Alain Baraton, Jardinier en chef du Domaine de Versailles, chroniqueur.

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