Des immobilisations importantes
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- Marie-Noëlle Pruneau
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1 Des immobilisations importantes Comme dans toute industrie capitalistique, les investissements corporels revêtent une importance particulière, puisqu ils alimentent les immobilisations ; ces dépenses s avèrent nécessaires pour moderniser ou renouveler des installations parfois très lourdes. Dans le cas des matériaux, elles permettent aussi de maintenir durablement les niveaux élevés de productivité. Le choix d investir va en partie dépendre des perspectives de développement dans le bâtiment, et le retour sur investissement est déterminé par l activité finalement réalisée. La visibilité sur les différents marchés de la construction est donc essentielle, alors que les fluctuations de ces marchés sont parfois importantes et pas toujours prévisibles À cela s ajoute une réglementation de plus en plus exigeante en matière environnementale (cf. chapitre La protection de l environnement), laquelle est prévisible et inscrite dans la durée. Entre 1997 et 24, à l exception de l année 23, les investissements du secteur n ont cessé d augmenter, dans un contexte favorable de taux d intérêt bas. Deux périodes se dégagent : : l investissement augmente moins vite que dans l ensemble de l industrie. Les entreprises du secteur se désendettent : la part des charges financières dans l EBE passe de 18 à 1 ; : la tendance est à la hausse de l investissement, encouragée par de très bonnes perspectives de croissance dans la construction, à l exception de 23, année correspondant au point le plus bas des perspectives d activité prévues par les entrepreneurs du bâtiment. Au contraire, confrontées à l incertitude de la reprise, les entreprises industrielles dans leur ensemble diffèrent leurs investissements Indices, base 1 en Matériaux Industrie manufacturière * (Investissements corporels + crédit-bail) / (Valeur ajoutée hors taxes + redevances de crédit-bail) Les entreprises de la filière béton concentrent 7 de l investissement des matériaux en moyenne sur ces cinq dernières années - la production de sables et granulats en premier lieu.
2 Des entreprises artisanales aux groupes Sables et granulats Ciment * y compris le crédit-bail, moyenne 2-24 Éléments en béton Béton prêt à l'emploi Indices, base 1 en Sables et granulats Éléments en béton Ciment Béton prêt à l'emploi À l exception de la production de ciment, ces secteurs sont majoritairement composés de petites et moyennes entreprises. Avec des variations positives et souvent de grande ampleur de leurs dépenses - à champ constant -, ces PMI expliquent en grande partie la progression des investissements de la filière entre 1997 et 22. Ce constat peut d ailleurs être étendu à l ensemble du secteur. Sur la même période, le bilan des grandes entreprises est plus mitigé. Les entreprises cimentières, qui réalisent la moitié de l activité de ces grandes structures et ont connu une baisse de leurs investissements corporels, en sont à l origine PMI Grandes entreprises * y compris le crédit-bail
3 Des immobilisations importantes Le crédit-bail pour financer l investissement Un contrat de crédit-bail est un contrat au terme duquel l usage d un bien est octroyé à un locataire par le propriétaire en échange de loyers d un montant spécifié, étalés sur une période donnée. Le crédit-bail est donc une sorte de leasing financier, réglementé par la loi du 2 juillet 1966 puis étendu aux biens incorporels par la loi du 6 janvier Sur les cinq dernières années en moyenne, la proportion d entreprises du secteur ayant eu recours à ce financement est la même que dans l ensemble de l industrie (15,9 ). Cependant, le montant des contrats de créditbail restant à payer en fin d exercice - 4 millions d euros en moyenne chaque année - est proportionnellement moins élevé dans les matériaux que dans l ensemble de l industrie (respectivement 4,7 et 5,6 en moyenne entre 2 et 24, rapportés à l ensemble des investissements * ). De manière générale, cette forme de financement est plus répandue parmi les petites entreprises, dont l accès à l emprunt est plus difficile et la capacité d autofinancement moins élevée que dans les grandes structures. Cela se vérifie dans les matériaux : les 3 activités concentrant 86 des montants des contrats de crédit-bail du secteur sont celles qui regroupent le plus de petites entreprises : la production de sables et granulats (58 ), celle d éléments en béton et le travail de la pierre (14 chacune). * soit la somme des montants de contrats de crédit-bail et des investissements corporels
4 Des entreprises artisanales aux groupes Immobilisations, amortissement, dotations : l utilisation du capital dans les matériaux de construction Les immobilisations corporelles constituent la substance d une entreprise, son outil industriel et commercial. Dans les matériaux, les immobilisations corporelles brutes - c est-à-dire avant leur amortissement - des entreprises de 2 salariés et plus s élèvent à 11,8 milliards d euros, soit 4,6 de celles de l industrie manufacturière. Les principales immobilisations corporelles sont les terrains, les constructions, les immobilisations techniques et les matériels et outillages industriels. Les matériaux se distinguent du reste de l industrie par la part élevée des terrains dans les immobilisations brutes (9, contre 2 dans l industrie). C est le volet «extraction» des matériaux qui en est à l origine : pour les sables et granulats, la part des terrains dans les immobilisations s élève à 15. Avec l extraction de sables et granulats (24 des immobilisations corporelles brutes du secteur), la fabrication de ciment et d éléments en béton (respectivement 23 et 13 ) sont les principaux secteurs contributeurs des matériaux Terrains Constructions Matériel Autres Terrains Constructions Matériel Autres Industrie manufacturière Matériaux Sables et granulats Ciment Éléments en béton le matériel représente 67 des immobilisations corporelles brutes des entreprises industrielles de 2 salariés et plus Insee, Suse, 23 - La dépréciation de ces immobilisations est constatée par la technique de l amortissement et de la provision. L amortissement est la constatation comptable de la perte de valeur subie par un bien du fait de son utilisation ou de sa détention par l entreprise. Il recouvre deux phénomènes distincts : l usure due à l utilisation d un bien (machines, agencements, carrières, véhicules, immeubles, etc.) et l obsolescence, due au fait que les actifs de production utilisés par l entreprise peuvent devenir désuets compte tenu de l évolution technologique du secteur d activité. La dotation aux amortissements est donc la constatation comptable de la dépréciation d un actif, due à son utilisation par l entreprise. Les dotations aux
5 Des immobilisations importantes provisions pour dépréciation d actifs immobilisés ont pour objet de constater la perte de valeur d un actif non liée à son utilisation courante, c est-à-dire, a priori, non prévisible. En fin 23, dans les matériaux, la valeur des amortissements et provisions sur immobilisations s établissait à 8,2 milliards d euros (entreprises de 2 salariés et plus uniquement). Sans surprise, ce sont les secteurs aux plus fortes immobilisations brutes qui font le plus l objet d amortissement, les carrières en particulier. Concernant les terrains, le niveau élevé des amortissements des entreprises exerçant dans l extraction de sables et granulats explique l écart observé entre les matériaux et l industrie manufacturière Terrains Constructions Matériel Autres Industrie manufacturière Matériaux Extraction de sables et granulats L impact des amortissements sur les performances du secteur Insee, Suse, 23 - L excédent brut d exploitation (EBE), variable-clé de l analyse du compte de résultat, ne prend pas en compte les dotations aux amortissements et provisions pour dépréciation d actif. Au contraire, l excédent net d exploitation (ENE), obtenu après déduction des dotations aux amortissements de l EBE, prend en compte la politique d amortissement des entreprises. Dans les matériaux de construction, l évolution de l ENE avec le temps conforte celle de l EBE. L excédent net d exploitation a ainsi plus que doublé dans le secteur entre 1996 et 24. En 24, il s élève à 2 milliards d euros, soit 9 du total de l industrie manufacturière.
6 Des entreprises artisanales aux groupes Matériaux Industrie manufacturière L analyse des immobilisations, amortissements et dotations permet d appréhender la politique d amortissement des entreprises. Dans l ensemble du secteur en moyenne, la durée de vie théorique du capital - terrains, constructions et matériel confondus - est de 16 ans. En fin 23, l âge moyen de ce parc d équipement était de 11 ans environ. La part du capital amorti, proche de 7 donc, est un peu plus élevée que dans l industrie manufacturière (68,2 ). L analyse sur la période révèle une tendance à l allongement de la durée de vie de leur capital par les entreprises du secteur. Immobilisations brutes milliards d euros Amortissements et provisions milliards d euros Immobilisations nettes milliards d euros Amortissements et provisions / immobilisations brutes Matériaux 11,8 8,2 3,6 69,5 Industrie manufacturière ,2 Insee, Suse, 23 - Cette analyse se fonde sur les ratios suivants : Durée de vie totale du capital = Immobilisations brutes en fin d exercice / Dotations aux amortissements Pourcentage du capital amorti = Amortissements en fin d exercice / Immobilisations brutes en fin d exercice Ancienneté du capital = Amortissements en fin d exercice / Dotations aux ammortissements
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