Jean Marie Chupin Transport et bien-être des animaux Paris 5 juin 2002

Transcription

1 L univers sensoriel des bovins et la mesure du bien-être Jean Marie Chupin 1

2 Bien connaître les bovins pour respecter leur bien-être Les bovins ont des caractéristiques comportementales et physiologiques spécifiques. Il faut connaître ces caractéristiques et les prendre en considération afin de respecter leur bien-être. Pour une meilleure approche, il convient d adapter le comportement humain aux perceptions sensorielles des animaux. 2

3 L évolution des systèmes d élevage doit contribuer au bien-être animal La relation homme-animal a évolué Les contacts sont moins fréquents 3

4 Le cheptel bovin français peut être réparti en 4 catégories troupeau laitier vaches en production génisses troupeau allaitant vaches seules vaches + veaux génisses animaux en engraissement peu de contacts, + de risques taureau reproducteur animal calme mais accidents graves 4

5 Il est essentiel de connaître les perceptions sensorielles des bovins Pour mieux les approcher Pour mieux les guider Pour faciliter leur circulation (embarquement) Pour les manipuler en sécurité 5

6 La perception visuelle de l environnement du bovin Les bovins ont une vision panoramique. Ils peuvent voir sans bouger la tête, tout ce qui se passe autour d eux. Mais de manière moins nette vers l arrière. 6

7 La vue Vision très nette binoculaire Vision nette jusqu à l épaule Vision moins nette vers l arrière Ne voit pas derrière lui 7

8 La perception des couleurs Les bovins sont sensibles et peuvent réagir vivement à certaines couleurs dans un environnement nouveau : le blanc, le rouge, le jaune et à tous les reflets de luminosité intense (brillance) Ils perçoivent le noir, le bleu, le vert, etc d un même ton terne. 8

9 L importance des couleurs 9

10 La perception de la luminosité Il faut prendre en compte le fait que les bovins sont très sensibles à la différence d intensité lumineuse. Le temps «d acclimatation» de leur pupille est environ 5 fois plus long que pour l homme. Il est aisé de les «attirer» par un bon éclairage (régulier et non éblouissant) lors des déplacements et embarquements. 10

11 Le contraste de la luminosité perturbe le déplacement des bovins 11

12 Limiter le champ de vision latéral incite les bovins à avancer 12

13 L odorat L odorat a un rôle important dans les comportements des bovins. Les bovins s identifient entre eux grâce à l odeur. L odeur de chaque humain sert de "carte d identité" dans l approche des bovins. Les odeurs connues les rassurent. Les odeurs inconnues peuvent les inquiéter, voire les exciter. 13

14 Les bovins mémorisent les odeurs 14

15 L ouïe Les bovins perçoivent des sons que l homme ne perçoit pas. Classification des sons pour l homme : Ultrasons (> Hz) Infrasons (< 16 Hz) Pour les bovins, cette amplitude est beaucoup plus importante (4 à 5 fois minimum) 15

16 Perception des sons par les bovins Le mouvement des oreilles leur permet d identifier parfaitement les sons (familiers ou non). Les sons graves les calment. Les sons aigus les excitent. Les bovins se conditionnent aisément à certains sons «appels» qui leur deviennent familiers. La manipulation s en trouve ainsi facilitée. 16

17 La satisfaction de la gourmandise récompense la confiance établie 17

18 Le toucher Le toucher ou contact renseigne le bovin sur son environnement proche. Un contact franc identique à celui que les animaux établissent entre eux est recommandé. Les bovins mémorisent les contacts agréables et désagréables. La main sur l épi calme l animal et rassure l homme. 18

19 La main sur l épi calme l animal et met l homme en confiance 19

20 Le bâton, outil d aide à la manipulation des bovins Le BATON est «l outil» de base pour la manipulation des bovins. Le BATON n est pas l outil barbare utilisé seulement pour maltraiter les animaux. Il est le prolongement du bras pour approcher les animaux pour établir un contact pour les guider pour protéger l homme si nécessaire 20

21 Une utilisation du bâton à bon escient 21

22 Le troupeau Le troupeau est une «société». Les bovins vivent en groupe. Ce groupe est constitué : d animaux dominants d animaux dominés d animaux «meneurs». Toute modification du groupe représente une source de stress (cas du transport). 22

23 Les animaux meneurs aident l homme dans le déplacement du troupeau 23

24 Définition du bien-être Basée sur les besoins fondamentaux de l animal Les spécialistes définissent les «5 libertés» de l animal : absences de lésions ou de maladies absences de stress climatique ou physique absence de faim, de soif et de malnutrition absence de peur possibilités d exprimer des comportements normaux Farm Animal Welfare Council (1992) 24

25 L homme et le bien-être des animaux L homme est responsable du bien-être des animaux qu il élève, qu il commercialise et qu il transporte. Il doit assurer toutes ces opérations avec le souci permanent : de bonnes conditions d élevage de bonnes conditions de transport de conditions d abattage «décentes» tout en assurant sa sécurité personnelle, garante de bonnes conditions de manipulation des animaux. 25

26 Les méthodes d évaluation du bien-être Elles sont réalisées par la MESURE de différents paramètres : l ergonomie les paramètres physiologiques les observations et mesures comportementales les mesures climatiques les mesures zootechniques les mesures et observations sanitaires complétées par l expérience et la maîtrise technique de l homme 26

27 La mesure de l ergonomie On considère l animal comme un «acteur» devant réaliser des tâches : - étude du mouvement de lever de la vache en logettes - observation de la montée des animaux sur la rampe d accès de la bétaillère Cela permet d obtenir des renseignements sur les besoins des animaux. 27

28 La mesure de l ergonomie Cette approche doit être complétée par la mesure des préférences qui consistent à proposer des choix aux animaux : - choix de différents revêtements de logettes Ces mesures permettent d obtenir le «point de vue de l animal». 28

29 Les mesures physiologiques Indicateurs d état d hydratation L osmolarité, le sodium*, le potassium*, le phosphore*, l hématocrite* Indicateurs d état nutritionnel Les acides gras libres, le bétahydroxybutyrate, l urée*, la glycémie*, la calcémie* * Paramètres mesurés lors de nos expérimentations 29

30 Les mesures physiologiques (suite) Indicateurs de fatigue La C.P.K. (Créatine phospho kinase)*, le lactate Indicateurs de stress Le cortisol, le glucose* Autres mesures Mesures du rythme cardiaque*, etc * Paramètres mesurés lors de nos expérimentations 30

31 Les observations et mesures comportementales Dans un bâtiment ou un véhicule à l arrêt Interactions entre les animaux Comportements auto-centrés (stéréotypies) Durée et fréquence des prises de boissons et nourriture Comportements et bousculades autour des abreuvoirs et/ou de l aliment Temps passé debout / couché Séquences de rumination (arrêts ou reprises) (Observations vidéo en continu) 31

32 Les observations et mesures comportementales (suite) Pendant les phases de transport Pertes d équilibre et chutes Fréquence des changements d orientations Temps passé debout / couché Interactions entre les animaux Positions par rapport aux autres animaux de la case et aux parois du véhicule (Observations vidéo en continu) 32

33 Les mesures climatiques Mesures indicatrices de l état de confort des animaux pouvant être effectuées : à l extérieur en bâtiment dans un véhicule en mouvement dans un véhicule à l arrêt Pendant le transport des animaux, des mesures régulières de la température, de l hygrométrie, ainsi que de la vitesse de l air à l intérieur et à l extérieur de l habitacle peuvent être effectuées en continu. 33

34 Les mesures zootechniques Pesées de chacun des animaux avant et après le transport Appréciations et interprétations des pertes de poids en fonction du traitement subi entre les deux pesées. 34

35 Les mesures sanitaires Examen des animaux avant, pendant et après le transport pour détecter d éventuelles pathologies, blessures et contusions Prendre les précautions nécessaires pour prévenir les causes de morbidité et éviter les risques de mortalité 35

36 Conclusion Aucun professionnel sérieux ne transportera un animal si celui-ci présente d éventuels signes d inaptitude afin de préserver le bien-être de l animal pour respecter une éthique morale et professionnelle 36

37 Références Plaquette «embarquement des bovins» Institut de l Elevage MSA mars 1997 Présentation posters : 3R 2000 Expérimentation sur le transport de longue durée des bovins La formation des chauffeurs de bétaillères 37