PARTENARIAT SCIENTIFIQUE Projet GDEGeM GIS 3M GECEM. RAPPORT FINAL Rédigé par Julie Jourdan

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1 PARTENARIAT SCIENTIFIQUE Projet GDEGeM GIS 3M & GECEM RAPPORT FINAL Rédigé par Julie Jourdan Septembre

2 Convention de partenariat Ref. : GIS3M/13/001 Entre : Le Groupement d Intérêt Scientifique pour les mammifères marins en Méditerranée et leur environnement (GIS 3M) Castel Sainte Claire Allée du Castel Sainte Claire BP Hyères cedex Représenté par son Président, M. Denis Ody, Et : Le Groupe d Etude des Cétacés de Méditerranée Clinique Vétérinaire du Redon 13, Bd du Redon Chloris A Marseille Représenté par son Président, M. Frank Dhermain. 2

3 SOMMAIRE REMERCIEMENTS... 6 INTRODUCTION... 7 A. Contexte... 7 B. Présentation de l espèce... 8 C. La zone d étude... 9 D. Objectifs des campagnes de photo-identification MATERIEL ET METHODE A. Collecte des données B. Moyens matériels C. Moyens humains D. Traitement et analyse des données E. Réalisation de biopsies RESULTATS A. Effort B. Observations Observations de Grands dauphins Observations d autres cétacés C. Photo-identification D. Recaptures E. Comparaison avec les catalogues des partenaires F. Déplacement des individus G. Biopsies H. Communication réalisée sur le projet DISCUSSION et CONCLUSION A. Effort de prospection B. Méthodologie C. Photo-identification PERSPECTIVES BIBLIOGRAPHIE ANNEXES

4 LISTE DES CARTES Carte 1 Définition des zones de prospection pour les campagnes de photo-identification du projet GDEGeM Carte 2 Répartition des Grands Dauphins en Méditerranée Carte 3 Routes suivies en effort de prospection au cours des 8 campagnes du projet GDEGeM de mai 2013 à mars 2015 par le GECEM dans la zone Golfe du Lion Est Carte 4 Routes suivies en effort de prospection au cours des 8 campagnes du projet GDEGeM de mai 2013 à mars 2015 par le GECEM dans la zone Provence Ouest Carte 5 Routes suivies en effort de prospection au cours des 8 campagnes du projet GDEGeM de mai 2013 à mars 2015 par le GECEM dans la zone Provence Est Carte 6 Répartition des observations de Grands Dauphins (Tursiops truncatus) réalisées au cours du projet GDEGeM par le GECEM. Quatre tailles de groupe sont représentées par des cercles rouges de diamètre croissant en fonction du nombre estimé d individus Carte 7 Répartition des observations de Dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba) réalisées au cours du projet GDEGeM Carte 8 Répartition des observations de Rorqual commun (Balaenoptera physalus) réalisées au cours du projet GDEGeM Carte 9 Répartition des observations de Dauphin de Risso (Grampus griseus) et de Grand cachalot (Physeter macrocephalus) réalisées au cours du projet GDEGeM Carte 10 Répartition des observations de 3 individus parmi ceux à la plus grand amplitude de déplacement (en haut : TTGC014 (maman) ET TTGC015 (petit), en bas TTGC078) LISTE DES FIGURES Figure 1 Observateurs en effort de prospection sur voilier habitable (à gauche) et semi-rigide (à droite) Figure 2 Collecte des données sur une tablette tactile Figure 3 Photographie de l'aileron dorsal des animaux dans la rade de Marseille en mars 2015 (à gauche) et au large de Port St Louis du Rhône en septembre 2014 (à droite) Figure 4 Exemple d'embarcations utilisées lors des campagnes Figure 5 Base de données commune INTERCET Figure 6 Coupe de l'échantillon Figure 7 Répartition du nombre d heures effectuées en effort de prospection et du nombre d observation par mois pour les deux années combinées du projet GDEGeM Figure 8 Profil droit de «PC38» pris (en haut) le 15/09/2005 et (en bas) le 17/06/2014 par le GECEM LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 Critères de notation des photographies Tableau 2 Récapitulatif de l effort réalisé en nombre de jour de prospection pour chaque zone attribuée au GECEM dans le cadre du projet GDEGeM (GDLE : Golfe du Lion Est ; PO : Provence Ouest ; PE Provence Est) Tableau 3 Récapitulatif de l effort réalisé dans chaque zone et secteur au cours du projet GDEGeM Tableau 4 Récapitulatif des observations de Grands Dauphins rencontrés dans chaque zone au cours du projet GDEGeM par le GECEM. *Nombre de jeunes = nombre total de jeunes incluant les nouveau-nés, * nouveau-nés = avec plis fœtaux vus Tableau 5 Récapitulatif des cétacés, autres que Grands Dauphins, rencontrés au cours du projet GDEGeM par le GECEM. *Nombre de jeunes = nombre total de jeunes incluant les nouveau-nés, * nouveau-nés = avec plis fœtaux vus Tableau 6 Récapitulatif du nombre de groupes photo-identifiés et du nombre de photo-identifications réalisées dans chaque zone au cours du projet GDEGeM Tableau 7 Nombre d'individus recapturés intra- et inter-zones Tableau 8 Répartition du nombre d individus contactés en fonction du nombre de contacts, toutes zones confondues, au cours du projet GDEGeM Tableau 9 Reprises de quelques dauphins sur la zone d'étude. Les couleurs indiquent les paires maman/petit. (PC = Port-Cros ; PSL = Port-Saint-Louis-du-Rhône)

5 Résumé Le présent rapport s inscrit dans le cadre du projet GDEGeM Grand Dauphin Etude et Gestion en Méditerranée ( ), porté et coordonné par le GIS3M (Groupement d Intérêt Scientifique pour les Mammifères Marins en Méditerranée et leur environnement), qui a pour principal objectif l amélioration de la conservation du Grand Dauphin (Tursiops truncatus) en Méditerranée nord-occidentale. Afin de répondre à l Objectif 1 «Amélioration des connaissances sur la population» du projet GDEGeM, l une des deux méthodologies choisies concerne la photo-identification qui permet notamment d identifier les zones de fréquentation et de mouvements des Grands Dauphins. Pour ce faire, le littoral méditerranéen français (continental et corse) a été divisé en plusieurs zones, chacune attribuée à une structure de recherche en charge de la réalisation de campagnes de photo-identification au sein de celle(s)-ci. Le GECEM (Groupe d Etude des Cétacés de Méditerranée), partenaire scientifique du projet, était en charge de la réalisation de campagnes de photo-identification du Grand Dauphin dans les zones Golfe du Lion Est, Provence Ouest et Provence Est. Huit campagnes de photoidentification ont été réalisées par le GECEM, de mai 2013 à mars 2015, totalisant 7194 km parcourus en effort de prospection. Les missions, d environ 12 jours chacune, étaient réalisées sur des voiliers habitables et parfois complétées par des sorties d une journée sur des semirigides. Vingt-six groupes de Grands Dauphins ont été photo-identifiés dans les trois zones d étude du GECEM, révélant la présence de 274 individus différents dont 45 individus connus du GECEM. Parmi les dauphins connus, cinq sont des dauphins précédemment identifiés en Corse. La taille des groupes variaient de 1 à 54 individus avec une moyenne de 14.1 (EC = 7.8) individus par groupe. Soixante et onze individus ont été photographiés au moins 2 fois au cours de l étude et, dans chaque groupe rencontré, au moins un individu avait déjà été observé au cours de l étude ou a été revu subséquemment. Un individu connu avait été photographié pour la première fois par le GECEM il y a 10 ans. Les recaptures mettent en lumière les déplacements de certains dauphins le long des côtes entre la Camargue et la frontière italienne (limites de la zone d étude du GECEM). Une certaine fidélité pour la zone Provence Ouest et Provence Est a pu être mise en évidence pour une dizaine d individus qui ont été photographiés 5 à 9 fois entre le Cap Sicié et les îles de Lérins. A l inverse, 74% des individus n ont été photographiés qu une seule fois au cours du projet, ce qui peut suggérer qu un grand nombre d individus ne fréquente cette zone que de manière transitoire et/ou que les données collectées sont encore insuffisantes. 5

6 REMERCIEMENTS De nombreuses personnes sont venues prêter main forte sur les missions : skippers, photographes ou observateurs. Nous vous remercions vivement pour votre contribution à cette étude qui n aurait pu se faire sans votre bonne humeur et votre implication: Julien AMIC ; Maxime BARBIER ; Arnaud BASTIEN ; Julie BEESAU; Ariane BLANCHARD; Denis BONFORT; Nicolas de la BROSSE; Mathieu CASSIEN; Edwige COCH; Mélissa CONORD; Raphaël COSSON; Frank DHERMAIN; Franck DUPRAZ; Noémie FRACHON; Pascale FRITAYRE; Susan GALLON; Gaël GAUTIER; Julie GERECHT; Pierre GIFFON; Barbara GIORGIS; Jérémie GODEFROY; Dorothée GUENIN; Matthieu HANOTEAUX; Céline JACQUES; Philippe JACQUOT; Hélène LABACH; Isabelle LABACH; Marie LARIVIERE; Anna LENOËL; Oriane LEPEIGNEUL; Clémentine LINARD; Jérôme LOMBARD; Marie LOUIS; Guillaume MARCHESSAUX; Sophie MERIOTTE; Emmanuel MEUNIER; Gilles MICHEL; Laurence MICOUT; Thomas PERRIER; Morgane RATEL; Nadine RANDON; William ROMAN; Irène ROUDIL; Magali ROUX; Christine SCARLINI; Gérard SCHMITT; Soledad TOLOSA; Gérard et Maryse VACCARA; Stanislas ZAMORA. 6

7 INTRODUCTION A. Contexte Ce rapport s inscrit dans le cadre du projet GDEGeM Grand Dauphin Etude et Gestion en Méditerranée. Ce projet a été lancé début 2013 par le GIS3M (Groupement d Intérêt Scientifique pour les Mammifères Marins en Méditerranée et leur environnement) avec le soutien de la Fondation MAVA, de l Agence des Aires Marines Protégées et du Sanctuaire Pelagos. Réalisé grâce à la collaboration de nombreux partenaires, son objectif principal est d améliorer la conservation du Grand Dauphin en Méditerranée nord-occidentale. Se déroulant sur trois ans, il se découpe en trois objectifs spécifiques : 1) Améliorer la connaissance sur la population de Grands Dauphins le long des côtes méditerranéennes françaises. Grâce à un suivi par photo-identification tout le long du littoral méditerranéen français pendant 2 ans, dont les données sont centralisées sur la base de données unifiée INTERCET créée et gérée par l aquarium de Gênes. Grâce à l étude de la structure génétique de la population. 2) Faciliter la mise en place et le suivi de mesures de conservation au sein des Aires Marines Protégées. En testant le suivi du Grand Dauphin dans une aire marine protégée par acoustique passive au sein du Parc national de Port-Cros. Grâce à une réflexion concertée initiée par l envoi d un questionnaire aux gestionnaires, la mise en place de protocoles de suivi standards, la formation du personnel des aires marines protégées, la promotion de mesures systématiques de conservation. 3) Faciliter la conservation du Grand Dauphin à l'échelle de la population méditerranéenne grâce à la création d un réseau efficace. En renforçant la communication et l échange de données entre structures scientifiques, au sein du réseau d AMP et entre la communauté scientifique et les gestionnaires. Dans le cadre de la mise en œuvre de l action «Suivi du Grand Dauphin par photoidentification» du premier objectif spécifique du projet GDEGeM, le littoral méditerranéen français a été divisé en neuf zones (Carte 1), chacune allouée à l une des cinq structures partenaires de l action : - Zone Golfe du Lion Ouest (GDLO) : BREACH - Zones Golfe du Lion Centre Est et Centre Ouest (GDLCE et GDLCO) : EcoOcéan Institut - Zones Golfe du Lion Est ; Provence Ouest et Est (GDLE ; PO ; PE) : GECEM - Zone Corse Nord (CN) : CARI Corse - Zones Corse Sud et Ouest (CS ; CO) : Parc naturel régional de Corse 7

8 Carte 1 Définition des zones de prospection pour les campagnes de photo-identification du projet GDEGeM. Le présent rapport présente le bilan et les résultats des campagnes de photo-identification réalisées par le GECEM entre 2013 et 2015 dans les zones Golfe du Lion Est, Provence Ouest et Provence Est (Cf carte ci-dessus). B. Présentation de l espèce Le Grand Dauphin (Tursiops truncatus, Montagu 1821) est l une des espèces de cétacés les plus populaires, fortement représentée en captivité et dans les médias, mais aussi la plus connue des scientifiques. Il est présent dans toutes les eaux tempérées et tropicales du globe. On le rencontre au large et parfois même dans les estuaires et les ports («dauphins ambassadeurs»). La population méditerranéenne, génétiquement isolée de la population atlantique est scindée en deux sous-populations (bassin occidental vs. bassin oriental) dont la répartition coïncide avec les transitions entre différents habitats (Natoli et al. 2005). En Méditerranée, le Grand Dauphin est une espèce décrite essentiellement comme côtière. Bien que morphologiquement les individus méditerranéens se rapprochent de l écotype «offshore» (grande taille, coloration sombre, appendices courts), des groupes strictement pélagiques n ont pas été rapportés en Méditerranée, contrairement à d autres régions du monde. La population est présente le long de presque toutes les côtes de Méditerranée, avec des effectifs principaux autour des archipels (Bearzi et al. 2008) (Carte 2). Il est rencontré sur une grande variété d habitat préférentiellement de profondeur inférieure à 200m et se nourrit principalement de proies démersales. L espèce est caractérisée par une grande adaptabilité dans son mode d alimentation. 8

9 Carte 2 Répartition des Grands Dauphins en Méditerranée. Extrait de REEVES & NOTARBARTOLO di SCIARA, 2006 La structure sociale des Grands Dauphins est de type fission-fusion caractérisée par un haut degré de variation spatio-temporelle dans la taille et la composition des groupes (Connor et al. 2000). La taille des groupes varie selon la localisation géographique, la disponibilité en proies et l activité (alimentation, voyage, socialisation) et est majoritairement inférieure à 10 individus, bien que de grands groupes de plus de 50 individus sont parfois rencontrés (Bearzi et al. 2008). Les menaces pesant sur l espèce sont liées à son habitat côtier l amenant à fréquenter de plus en plus la population humaine qui ne cesse de se développer sur le littoral. La principale pression que subit le Grand Dauphin est liée aux activités de pêche à travers la prise accidentelle, l enchevêtrement dans les filets et la diminution de la ressource alimentaire du fait de l utilisation commune de certaines espèces de poissons (IUCN 2012). Les autres menaces sur l espèce concernent les collisions, les pollutions sonore et chimique et le dérangement, notamment du fait du développement de l activité de whale-watching et de pratiques parfois peu responsables. Listé comme «Vulnérable» en Méditerranée sur la Liste Rouge de l UICN, le Grand Dauphin est à l heure actuelle strictement protégé en France et figure notamment dans l Annexe II de la Directive Habitat du 21 mai C. La zone d étude Le GECEM a été chargé de photographier les Grands Dauphins au sein de trois zones de Méditerranée française délimitées comme suit : la zone Golfe du Lion Est (GDLE) entre la pointe de Beauduc (N43.37/E4.56) et le Cap Croisette (N43.21/E5.34), la zone Provence Ouest (PO) entre le Cap Croisette et le Cap Lardier (N43.16/E6.62), la zone Provence Est (PE) entre le Cap Lardier et Menton (N43.78/E7.53). Au sud, les zones étaient délimitées par l isobathe des 500 mètres. Les zones 9

10 prospectées se trouvent majoritairement sur le plateau continental sur lequel se situe l habitat préférentiel du Grand Dauphin en Méditerranée. Le plateau continental désigne le prolongement sous-marin du continent jusqu au sommet du talus continental, situé à environ 200 mètres de profondeur. Le plateau continental, large dans le Golfe du Lion, se rétrécit vers l est à partir de Marseille. Par ailleurs, le site d étude chevauche ou englobe des zones Natura 2000 en mer, des Parc nationaux (Port-Cros et Calanques), le Parc Marin de la Côte Bleue et le Sanctuaire Pelagos, aires marines protégées pouvant mettre en place des mesures de conservation pour le Grand Dauphin. D. Objectifs des campagnes de photo-identification La photo-identification est une méthode utilisée par de nombreux groupes de recherche qui permet de reconnaître les individus d une espèce au sein d une population donnée. Cette méthode consiste à prendre des photographies de certains caractères corporels uniques et permanents pour chaque individu. Les photographies cataloguées dans une banque de données peuvent ensuite être comparées avec les autres photographies des individus du même groupe, de la même zone et de zones différentes. La photo-identification permet le suivi spatial et temporel des individus et de leurs habitudes de fréquentation d un territoire donné. Elle fournit des informations sur les déplacements d individus entre différents secteurs, sur la structure des groupes observés et de la population, et permet d estimer la taille de la population grâce à la méthode de Capture-Marquage-Recapture. Autre avantage : cette méthode simple et peu coûteuse permet de réaliser un suivi des animaux sur le long terme. Les objectifs principaux des campagnes de photo-identification étaient : 1. D identifier un maximum d individus fréquentant les zones concernées grâce à la photo-identification de tous les individus rencontrés. 2. De caractériser la fréquentation spatio-temporelle des différentes zones à travers : a. une prospection de toutes les zones. b. une prospection au cours des 4 saisons pendant 2 ans sur chaque zone c. la mise en évidence de zones à plus fortes occurrences 3. De caractériser la fidélité aux différents secteurs grâce aux recaptures effectuées dans la zone. 4. De caractériser les déplacements entre les différentes zones grâce aux recaptures effectuées entre celles-ci. 10

11 MATERIEL ET METHODE A. Collecte des données Les campagnes se sont déroulées de mai 2013 à mars Un protocole standard a été suivi par l ensemble des partenaires en charge des missions de photo-identification du Grand Dauphin dans le cadre de la mise en œuvre du projet GDEGeM (Cf. Annexe 1). Quatre jours de prospection étaient prévus par zone et par campagne (un jour équivalant à huit heures de prospection), dans de bonnes conditions d observation (vent inférieur ou égal à 3 sur l échelle Beaufort et visibilité au-delà de 5 miles nautiques). Au minimum douze journées de mission par campagne étaient ainsi organisées pour couvrir les trois zones allouées au GECEM. Les campagnes étaient organisées sous la forme de missions longues parfois complétées de sortie(s) à la journée. Les périodes de mission étaient choisies en fonction des disponibilités des embarcations et de leurs pilotes. Les routes de prospection étaient aléatoires et guidées principalement par la météo. Les routes empruntées variaient d une campagne à une autre pour essayer d obtenir une couverture complète des zones au cours de la période d étude et afin de s assurer qu aucun secteur potentiellement important n ait été négligé. La prospection n était opérée que lorsque les conditions météorologiques étaient conformes au protocole et à une vitesse d environ 9-11 km.h -1 (5-6 nds). L équipage était systématiquement constitué d un skipper, du responsable scientifique et d au moins un photographe et trois observateurs. Les observateurs scrutaient en permanence toute la zone (à l œil nu et aux jumelles) autour de la plateforme en se répartissant en trois secteurs et ce pendant toute la durée de la prospection. Une pause d une heure était effectuée à tour de rôle au bout d une heure trente d observation dans le but de conserver une bonne qualité d observation et de limiter la fatigue visuelle. La hauteur à laquelle se faisait la prospection était en moyenne d 1,50 mètres sur les voiliers et de 50 cm sur les semi-rigides (Figure 1). Sur les missions de deux semaines, un changement d équipage (sauf le skipper et la chargée de mission) était effectué à mi-parcours. Figure 1 Observateurs en effort de prospection sur voilier habitable (à gauche) et semi-rigide (à droite) La position de la plateforme d étude était continuellement enregistrée à l aide d un GPS relevant les coordonnées environ toutes les 30 secondes. L effort de prospection, les données environnementales (état de la mer, force du vent, visibilité, etc.) ainsi que les données relatives aux observations des cétacés (i.e. espèce, taille du groupe, comportement) et d autres 11

12 animaux étaient enregistrés sur une tablette tactile équipée du logiciel de collecte de données Cybertracker. Au début de chaque sortie était effectué un enregistrement des données mentionnant le jour, l heure UTC, le port de départ, la composition de l équipage et le type d embarcation (Figure 2). Figure 2 Collecte des données sur une tablette tactile Lors d une rencontre avec des cétacés, la route du bateau était modifiée selon si les animaux étaient attirés ou non par le bateau. L approche des animaux était réalisée dans le respect du Code de Bonne Conduite (vitesse adaptée, route parallèle à celle des animaux, etc.), adopté par les Parties de Pelagos et par celles de l ACCOBAMS (Accord sur la Conservation des Cétacés de la Mer Noire et de la Zone Atlantique adjacente). En présence d un groupe de Grands Dauphins, était notée d abord la distance de détection, puis le nombre d individus (minimum, maximum, estimé), la structure du groupe : nombre de jeunes (taille inférieure aux 2/3 de la taille des adultes), et de nouveau-nés (plis fœtaux visibles), et leur comportement (voyage, socialisation, alimentation, repos). La photo-identification était réalisée uniquement sur le Grand Dauphin. Cette espèce se prête bien à une reconnaissance individuelle à partir des marques et de la forme de sa nageoire dorsale. Les animaux étaient approchés de façon à obtenir des images de qualité convenable pour la photo-identification (photo cadrée sur l aileron dorsal, à la perpendiculaire, nette, et bien exposée). Dans la mesure du possible les deux profils de l aileron dorsal étaient photographiés (Figure 3). Figure 3 Photographie de l'aileron dorsal des animaux dans la rade de Marseille en mars 2015 (à gauche) et au large de Port St Louis du Rhône en septembre 2014 (à droite). 12

13 B. Moyens matériels Les missions longues étaient conduites à bord de voiliers monocoques habitables d environ 12 mètres: - Sun Legend 41 «Tapalque» - Atoll 43 «Tetiareva II» - Dufour 41 Classic «Garfield» - Centurion 40 S «Kay-Oti» - Dufour 375 Grand large «Cap Délices» Les sorties à la journée ont été réalisées sur des semi-rigides (Type Capelli Tempest) de 6,50 m environ montés avec un moteur 4T de 100 à 150 cv. Les embarcations étaient louées à des professionnels ou à des particuliers (Figure 4). Figure 4 Exemple d'embarcations utilisées lors des campagnes A gauche, voilier Dufour 375 Grand'Large «Kay-Oti», et à droite un semi-rigide Caribe Avantage 610 «Maévède» L équipement utilisé à chaque sortie comprenait un GPS Garmin GPSmap 60CX, une paire de jumelle pour chaque observateur, une tablette tactile Samsung Galaxy Tab 2, équipée du logiciel Cybertracker. La chargée de mission disposait d un appareil photo numérique Canon EOS 7D monté avec un objectif Canon EF mm f/4-5.6l IS USM. Les photographes bénévoles travaillaient avec leur propre matériel : boîtiers Canon EOS 7d, 1d MkIV, 5dMkIII et des optiques Canon ( mm f:4,5-5,6 L IS USM). C. Moyens humains Cinquante membres adhérents du GECEM ont participé aux missions et/ou aux sorties à la journée, en tant que skipper, observateur et/ou photographe. Deux demi-journées de formation ont été organisées à l intention des adhérents du GECEM afin de se rencontrer avant la mission, de présenter le projet, le déroulement des missions et le rôle des observateurs à bord. La formation avait également pour objectifs de former à la reconnaissance des espèces, leur biologie, les menaces qu elles subissent, avec un accent plus particulier sur le cas du Grand Dauphin. Deux chargées de mission, salariées du GECEM, étaient responsables des campagnes de photo-identifications : Magaly Chambellant (mai 2013 à avril 2014), et Julie Jourdan (mai 2014 à mars 2015). 13

14 D. Traitement et analyse des données Photo-identification Après chaque rencontre avec un groupe de Grands Dauphins, les photos de l ensemble des photographes étaient récupérées. Les photos étaient d abord triées de façon à ne conserver que celles utilisables pour la photo-identification (profils droit et gauche incluant la nageoire dorsale) et de qualité suffisante pour reconnaître un individu. Chaque nouvelle photographie était ensuite recadrée et recentrée sur la dorsale, puis retouchée et traitée à l aide d un logiciel de développement numérique, de manière à mettre en évidence les marques (cicatrices, pigmentation, etc.) présentes sur la dorsale et le haut du dos. La première photographie était nommée «Ind-1» et attribuée à un dossier nommé «Ind-1». Chaque photo suivante était comparée aux photos déjà nommées et était attribuée soit à un dossier déjà créé soit à un nouveau dossier «individu». Enfin, la meilleure photo du profil gauche et du profil droit de chaque individu était conservée dans un nouveau dossier. Suite à ce travail d identification «intra-groupe» les meilleures photos de chaque individu étaient comparées aux photos des groupes rencontrés plus tôt dans le projet (comparaison «inter-groupes»), le but étant de reconnaître les individus connus ou d en identifier de nouveaux. Pour chaque groupe, les meilleures photos des individus se voyaient attribuer une note concernant la qualité de la photo (netteté, angle, exposition, etc.) et une note concernant le niveau de marquage de l individu (présence de marques distinctives) (Tableau 1). Tableau 1 Critères de notation des photographies Note QUALITE DE L IMAGE Image bien éclairée, prise à la perpendiculaire de la dorsale et à courte portée. Image moins bien éclairée, ou légèrement inclinée par rapport à la dorsale et à plus longue distance. Image mal éclairée ou floue formant un angle important par rapport à la dorsale. Note MARQUAGE DE L INDIVIDU Dorsale significativement endommagée ou présentant des cicatrices importantes considérées comme permanentes. Marques composées de profondes traces de dents en râteaux et présence de lésions mineures. Marques composées de lésions superficielles. Seules les photographies dont le score total (qualité + marquage) était inférieur ou égal à 3 ont été chargées sur une base de données commune INTERCET ( dans le but de les comparer avec celles des autres partenaires (Figure 5). De manière à ne pas omettre de potentielles recaptures entre catalogues, les photos qui n ont pas été chargées sur INTERCET du fait d une note insuffisante ont tout de même été comparées entre elles. Les photos réalisées par le GECEM de 1993 à 2012 en Provence et en Corse ont également été comparées aux photos prises durant le projet. 14

15 Figure 5 Base de données commune INTERCET. Les catalogues de chaque partenaire y sont comparés deux à deux. Données d effort et d observation Les cartes de ce rapport ont été réalisées à l aide du logiciel de cartographie QGIS Pisa. La taille des groupes représentée sur les cartes d observation de cétacés représente la taille estimée des groupes sauf dans les cas où la photo identification a permis d identifier plus d individus qu initialement estimé, la taille du groupe correspond alors à la taille obtenue par photo-id. Les individus étaient sexés dès lors que la fente génitale était visible sur les photographies. Les individus flanqués d un petit étaient supposées femelles. E. Réalisation de biopsies Dans le cadre de l amélioration des connaissances sur la population de Grand Dauphins, des échantillons de peau et de lard ont été prélevés sur certains individus par biopsie en vue de réaliser des analyses génétiques pour étudier la structure génétique de la population. Le GECEM a accueilli à son bord un membre du GIS3M en charge de la réalisation des biopsies lors des campagnes de photo-identification. Les biopsies étaient réalisées dans le cadre et en conformité avec une autorisation du ministère de l Ecologie, du Développement Durable et de l Energie (13/378/DEROG) à l aide d une arbalète (Barnett Panzer d une puissance de 150 livres) et de flèches carreaux munies de tubes de prélèvements en titane et inox de 0.5 cm de diamètre et 2.5 cm de profondeur. La priorité était toujours donnée à la photo-identification, les biopsies étaient réalisées une fois la photo-identification terminée et uniquement si les conditions et le comportement des animaux le permettaient. Seuls les individus adultes et non accompagnés de petits étaient ciblés. L échantillon de la biopsie était divisé en 3 sous échantillons, avec séparation de la peau et du lard tout d abord, puis à nouveau division en deux morceaux pour la peau uniquement (Figure 6). Un sous échantillon de peau est conditionné dans de l alcool à 90 C et l autre dans des microtubes secs stériles en polypropylène de 2mL. Le lard était conditionné dans du 15

16 papier aluminium. Le tout était regroupé dans un même sac étiqueté avec l espèce, la date, l heure, le code de la biopsie et congelé à bord à -16C. A l écriture de ce rapport les échantillons n ont pas été analysés. Figure 6 Coupe de l'échantillon RESULTATS A. Effort Le GECEM a effectué huit campagnes en mer entre mai 2013 et mars 2015: Campagne 1 : du 27 mai au 09 juin 2013 ; Campagne 2 : du 1 er au 14 septembre 2013 et le 18 juillet 2013 ; Campagne 3 : du 6 au 19 octobre 2013 ; Campagne 4 : du 15 au 22 mars 2014, le 12 janvier et le 13 février 2014 ; Campagne 5 : du 10 au 21 juin et le 17 mai 2014 ; Campagne 6 : du 8 au 17 septembre 2014, le 1 er et le 4 août 2014 ; Campagne 7 : du 20 au 31 octobre 2014, le 19 novembre et le 4 décembre 2014 ; Campagne 8 : du 14 au 28 février 2015, du 14 au 21 mars 2015, le 22 décembre 2014, le 12 février et le 6 mars L effort en zone PO constitue 46% de l effort total contre 27% en GDLE et 27% en PE (Tableau 2). Tableau 2 Récapitulatif de l effort réalisé en nombre de jour de prospection pour chaque zone attribuée au GECEM dans le cadre du projet GDEGeM (GDLE : Golfe du Lion Est ; PO : Provence Ouest ; PE Provence Est) Zone GDLE Nombre de jours de prospection Objectif Réalisés Printemps Eté Automne Hiver Printemps Eté Automne Hiver TOTAL

17 Zone PO Nombre de jours de prospection Objectif Réalisés Printemps Eté Automne Hiver Printemps Eté Automne Hiver TOTAL Zone PE Nombre de jours de prospection Objectif Réalisés Printemps Eté Automne Hiver Printemps Eté Automne Hiver TOTAL Au total, le GECEM a réalisé 110 sorties et parcouru 7194 km en effort de prospection, soit 90 jours d effort (720 heures d effort) (Tableau 3). Sur les 96 jours de mission de prospection initialement prévus pour les 8 campagnes, 6 jours ont donc été perdus, principalement à cause de la météo. La durée prévue initialement était de 8h par sortie mais les caprices météo ont pu réduire certaines prospections à quelques heures, tandis que les plus longues journées s étalaient sur 11 heures. La largeur de la zone GDLE en fait une zone difficile à couvrir dans le temps imparti (Carte 3). La zone PO a, quant à elle, été très bien prospectée (Carte 4) (Tableau 2). Du fait de l étroitesse de la zone PE, celle-ci a été couverte de manière très satisfaisante et nécessitait moins de journées de prospection qu initialement prévu (Carte 5). La durée de prospection a été nettement supérieure en hiver 2015 du fait d une semaine supplémentaire de mission organisée. C est au printemps 2014 que l effort a été le plus réduit. 17

18 Tableau 3 Récapitulatif de l effort réalisé dans chaque zone et secteur au cours du projet GDEGeM Zone Secteur Effort : Temps de prospection (h) Nb de Km parcourus GDLE GDLE GDLE GDLE TOTAL PO PO PO TOTAL PE PE PE TOTAL Cinq mois regroupent 90% des sorties effectuées sur les deux années combinées. Sur 110 sorties, le mois d octobre en regroupe le plus (25) suivi de juin (21), septembre (20), février (16) et mars (16). Aucune sortie n a été organisée en avril et très peu le reste de l année. Le ratio nombre d observation/nombre d heure de prospection est le plus important au mois de mai (0.6) (Figure 7). Figure 7 Répartition du nombre d heures effectuées en effort de prospection et du nombre d observation par mois pour les deux années combinées du projet GDEGeM

19 Carte 3 Routes suivies en effort de prospection au cours des 8 campagnes du projet GDEGeM de mai 2013 à mars 2015 par le GECEM dans la zone Golfe du Lion Est. 19

20 Carte 4 Routes suivies en effort de prospection au cours des 8 campagnes du projet GDEGeM de mai 2013 à mars 2015 par le GECEM dans la zone Provence Ouest. Carte 5 Routes suivies en effort de prospection au cours des 8 campagnes du projet GDEGeM de mai 2013 à mars 2015 par le GECEM dans la zone Provence Est. B. Observations Observations de Grands dauphins Vingt-six groupes de Grands Dauphins ont été observés et photographiés au cours du projet GDEGeM par le GECEM : 2 dans la baie de Marseille, 6 au large de la Côte Bleue (principalement derrière des chalutiers), 10 entre le Cap Sicié et le Cap Bénat et 8 entre le Cap Camarat et St Jean Cap Ferrat (Carte 6). La zone PO comptabilise le plus d observation de Grands Dauphins (10), contre 8 en GDLE et 8 en PE. L hiver est la saison où nous avons fait le plus d observations (9), contre 8 au printemps, 5 en été et 4 en automne (Tableau 4). La fréquence de rencontre d un groupe de Grands Dauphins était d un groupe tous les 275 kilomètres parcourus en effort. Tous les groupes ont été rencontrés sur des fonds inférieurs à 300 mètres. Trois groupes ont été aperçu hors effort de prospection (mauvaise météo, pause déjeuner). Deux individus ont été sexés «mâles» après l examen des clichés de leur fente génitale et 19 individus ont été considérés comme étant des femelles. La présence de jeunes a été notée dans 24 groupes. Dix-neuf paires maman / petit ont été photographiées et deux nouveau-nés (présentant des marques de plis fœtaux) ont été observés en mai 2013 et octobre Deux femelles observées non suitées au début des campagnes (mai 2013) au Cap Bénat ont été observées accompagnées d un petit au Levant 4 mois plus tard (septembre 2013). Une autre femelle a été observée non suitée en mai

21 puis suitée en mars Tableau 4 Récapitulatif des observations de Grands Dauphins rencontrés dans chaque zone au cours du projet GDEGeM par le GECEM. *Nombre de jeunes = nombre total de jeunes incluant les nouveau-nés, * nouveau-nés = avec plis fœtaux vus. Zone GDLE Campagne Nombre d observations Nombre estimé d individu par groupe [Moy (EC)] Nombre estimé de jeunes* par groupe [Moy (EC)] Nombre estimé de nouveau-nés* par groupe [Moy (EC)] Printemps Eté Automne Hiver Printemps Eté (4.9) 1.5 (0.7) 0 Automne Hiver (7.5) 4 (1.5) 0.2 (0.4) Zone PO Campagne Nombre d observations Nombre estimé d individu par groupe [Moy (EC)] Nombre estimé de jeunes* par groupe [Moy (EC)] Nombre estimé de nouveau-nés* par groupe [Moy (EC)] Printemps (3.5) 2.5 (1.2) 0.5 (0.5) Eté (9.5) 8.5 (4.5) 3.5 (0.5) Automne Hiver Printemps Eté Automne Hiver Zone PE Campagne Nombre d observations Nombre estimé d individu par groupe [Moy (EC)] Nombre estimé de jeunes* par groupe [Moy (EC)] Nombre estimé de nouveau-nés* par groupe [Moy (EC)] Printemps Eté Automne Hiver (3.5) 2 (0) 0 Printemps (0) 2.5 (0.7) 0 Eté Automne Hiver Sur tous les groupes observés (n = 26) la taille des groupes estimée est d en moyenne

22 individu (EC = 7.8). La carte ci-dessous représente les tailles de groupes en prenant en compte le nombre d individus identifiés lorsque celui-ci était supérieur au nombre estimé. Ainsi la taille des groupes varie de 1 à 54 individus. Sept groupes (27%) comprennent entre 1 et 5 individus, 10 (38%) entre 6 et 15 ; 6 (23%) entre 16 et 32 ; 3 (12%) entre 33 et 54 (Carte 6). Le groupe de 54 individus a été vu au sud de Port-Cros, sur des fonds de 200m. En zone GDLE les groupes comprenaient en moyenne 21.7 individus (EC = 13.5), contre 15.2 individus (EC = 9.7) en PO et 16.2 individus (EC = 10.8) en PE. Carte 6 Répartition des observations de Grands Dauphins (Tursiops truncatus) réalisées au cours du projet GDEGeM par le GECEM. Quatre tailles de groupe sont représentées par des cercles rouges de diamètre croissant. Observations d autres cétacés Le Dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba) est l espèce qui a été la plus fréquemment rencontrée au cours des campagnes et ce, dans les trois zones (Carte 7). Les observations de Rorqual commun (Balaenoptera physalus) sont localisées dans le Golfe du Lion principalement et deux observations ont été faites très près des côtes (Le Lavandou et Niolon) (Carte 8). Une seule observation de Cachalot (Physeter macrocephalus) a été réalisée dans le canyon des Stoechades ainsi que deux de Dauphin de Risso (Grampus griseus) (Carte 9). 22

23 Tableau 5 Récapitulatif des cétacés, autres que Grands Dauphins, rencontrés au cours du projet GDEGeM par le GECEM. *Nombre de jeunes = nombre total de jeunes incluant les nouveau-nés, * nouveau-nés = avec plis fœtaux vus. Espèce Nombre d observations Nombre estimé d individu par groupe [Moy (EC)] Nombre estimé de jeunes* par groupe [Moy (EC)] Nombre estimé de nouveau-nés* par groupe [Moy (EC)] Grampus griseus 2 8 (5.6) 0.5 (0.70) 0.5 (0.70) Stenella coeruleoalba (9.2) 1(1.5) 0.32 (0.7) Physeter macrocephalus Balaenoptera physalus (0.8) 0.4 (0.7) 0 Carte 7 Répartition des observations de Dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba) réalisées au cours du projet GDEGeM

24 Carte 8 Répartition des observations de Rorqual commun (Balaenoptera physalus) réalisées au cours du projet GDEGeM

25 Carte 9 Répartition des observations de Dauphin de Risso (Grampus griseus) et de Grand cachalot (Physeter macrocephalus) réalisées au cours du projet GDEGeM C. Photo-identification Le GECEM a réalisé 421 identifications correspondantes à 274 individus différents. Cent quatre-vingt-huit individus ont été chargés sur la plateforme INTERCET, le reste des individus n ayant pas été chargés du fait d une note insuffisante (mauvaise qualité et/ou pas de marques). Sur les 274 individus identifiés par le GECEM, 147 l ont été en Provence (PE et PO) et 127 en zone Golfe du Lion Est. La zone GDLE est celle où le plus d identifications ont été réalisées (Tableau 6). En gardant uniquement la meilleure photo de chaque profil pour chaque observation d un individu, le catalogue du GECEM comptabilise au total 228 profils gauches et 248 profils droits: 203 individus (74% des individus identifiés) ont été identifiés des 2 côtés. Parmi ces 274 individus, 40 était déjà répertoriés par le GECEM (35 en Provence et 5 en Corse et en Provence). Ainsi, 229 individus (84%) ont été identifiés pour la première fois par le GECEM. 25

26 Tableau 6 Récapitulatif du nombre de groupes photo-identifiés et du nombre de photo-identifications réalisées dans chaque zone au cours du projet GDEGeM Zone GDLE Campagne Nb groupe photo-identifiés Nb de photo-identifications réalisées Printemps Eté Automne Hiver Printemps Eté Automne Hiver TOTAL Zone PO Campagne Nb groupe photo-identifiés Nb de photo-identifications réalisées Printemps Eté Automne Hiver Printemps Eté Automne Hiver TOTAL Zone PE Campagne Nb groupe photo-identifiés Nb de photo-identifications réalisées Printemps Eté Automne Hiver Printemps Eté Automne Hiver TOTAL D. Recaptures Au total, 147 recaptures ont été effectuées concernant 71 individus (soit 26% des individus identifiés dans l ensemble des 3 zones). La zone PE est celle où le plus grand nombre d individus a été recapturé, suivie à égalité des zones PO et GDLE. Cependant si l on ne tient pas compte d un groupe recapturé en zone PE à 24h d intervalle, le nombre d individus recapturés en zone PE est de 13. De même, si l on ne tient pas compte des 11 individus recapturés en zone GDLE au cours de la même campagne à 1 mois d intervalle, le nombre d individus recapturés est de 8 (Tableau 7). 26

27 Tableau 7 Nombre d'individus recapturés intra- et inter-zones. Zones GDLE PO PE GDLE PO PE 36 Toutes zones confondues, une femelle et son petit ont été contactés 9 fois (5 fois en PO et 4 fois en PE). Deux autres femelles ont été contactées 8 fois (6 fois en PO et 2 fois en PE), à chaque fois ensemble. Une femelle et un mâle (PC13) ont été contactés 7 fois (4 fois en PO et 3 fois en PE), également à chaque fois ensemble (Tableau 9). 74% des individus identifiés n ont été observés qu une seule fois 16% observés 2 fois (Tableau 8) et 5% observés 5 fois ou plus. Tableau 8 Répartition du nombre d individus contactés en fonction du nombre de contacts, toutes zones confondues, au cours du projet GDEGeM Nb de contacts Nb d individus

28 Tableau 9 Reprises de quelques dauphins sur la zone d'étude. Les couleurs indiquent les paires maman/petit. (PC = Port-Cros ; PSL = Port-Saint-Louis-du-Rhône). Date 27/05/13 27/05/13 28/05/13 02/06/13 03/06/13 04/09/13 06/09/13 08/10/13 15/10/13 22/03/14 17/06/14 18/06/14 08/09/14 24/10/14 29/10/14 17/02/15 Localisation Levant PC Bénat Camarat Hyères Levant Levant Couronne Camarat Porquerolles Lérins Fréjus PSL Brégançon Beauduc Sicié Zone PO PO PO PO PO PO PO GDLE PO PO PE PE GDLE PO GDLE PO PC13 X X X X X X X X TTGC002 X X X X X X X X X TTGC003 X X X X X X X X TTGC004 X X X X X TTGC006 X X X X X TTGC007 X X X X X X X PQ03 X X X X X TTGC009 X X X X X X X X CS03 X X X X X X X X TTGC014 X X X X X TTGC015 X X X X X X TTGC018 X X X X X X RV20 X X X X X 28

29 E. Comparaison avec les catalogues des partenaires Les 274 individus photo-identifiés par le GECEM ont été chargés dans la base de données commune INTERCET. La comparaison du catalogue GDEGeM du GECEM avec celui des autres partenaires du projet a permis d identifier 87 matchs avec EOI et 76 avec BREACH. Aucun match n a été trouvé avec les catalogues des partenaires corses. Il est à noter cependant que la comparaison du catalogue historique du GECEM en Provence avec les catalogues des partenaires corses a mis en évidence 5 matchs dont une femelle observée suitée sur les deux rives ce qui met en évidence des déplacements d individus entre Corse et continent. L individu nommé «PC38» dans le catalogue historique du GECEM, supposé mâle, a été observé 14 fois par le GECEM entre 2005 et 2012 puis il a été vu 4 fois au cours du projet entre 2013 à Les marques présentes sur la dorsale n ont pas beaucoup changé (la marque blanche caractéristique est toujours présente) bien que les encoches sur le bord de fuite ainsi que le bout de la dorsale se soient un peu modifiés (Figure 8). Figure 8 Profil droit de «PC38» pris (en haut) le 15/09/2005 et (en bas) le 17/06/2014 par le GECEM F. Déplacement des individus Seuls 3% des individus identifiés ont été recontactés entre les zones PE et GDLE. Les plus grandes amplitudes de déplacements concernent donc ces 8 individus et la distance maximale entre deux observations est de 230 kilomètres entre juin et octobre Parmi eux seuls 3 individus ont été contactés également en PO : une paire maman/jeune et le mâle connu par le GECEM sous le nom de RV20. Pour la femelle suitée, la distance entre les points 29

30 d observation les plus espacés est d environ 140 km, pour le mâle, elle est d environ 170 km (Carte 10). Parmi les 71 individus recontactés 35 (50%) ont été observés au moins une fois en zone PO. Sur ces 35 individus, 19 ont été recontactés dans cette même zone. 30

31 Carte 10 Répartition des observations de 3 individus parmi ceux à la plus grand amplitude de déplacement (en haut : TTGC014 (maman) ET TTGC015 (petit), en bas TTGC078) G. Biopsies Douze biopsies ont été collectées au cours des campagnes de photo-identification organisées par le GECEM dont une de «PC38», individu présumé mâle, connu depuis 2005 par le GECEM. H. Communication réalisée sur le projet Un journal de bord des missions a été rédigé quotidiennement par les équipiers à tour de rôle puis mis en ligne sur le site du GECEM ( Des actualités correspondant aux missions/sorties étaient également postées sur le site du GECEM. Une bannière à l effigie du GECEM était déployée sur le bastingage du voilier afin d être facilement identifiable. 31

32 DISCUSSION et CONCLUSION A. Effort de prospection De manière générale l effort prévisionnel a été respecté et toutes les zones ont été couvertes. D un point de vu spatial, l effort de prospection est relativement homogène en zone PO et PE, bien que le secteur entre le Cap Canaille et le Cap Sicié ait été un peu moins prospecté car la météo y était souvent capricieuse au moment des missions. En zone GDLE la couverture est moins homogène car la zone est très large. De plus les conditions météorologiques qui y règnent sont souvent assez chaotiques (vents violents : principalement mistral et tramontane). Cependant les dernières missions ont permis de rattraper le manque d effort grâce à une semaine de prospection spécialement dédiée à cette zone. De plus, des nuits ont été passées au large afin d en prospecter la partie sud-ouest. Le secteur PO représente à lui seul 50% de la durée totale d effort du fait de sa position centrale et des îles d Hyères connues pour être un secteur fréquenté par Grands Dauphins. Globalement l effort devrait être encore accentué en zone GDLE et mieux réparti entre les zones. D un point de vu temporel, la répartition de l effort est hétérogène avec 5 mois de l année regroupant la majorité des sorties. Les mois d hiver sont moins exploitables mais des missions plus longues, ou à la journée, pourraient être envisagées pour pallier le mauvais temps et récolter des informations sur la fréquentation hivernale des Grands Dauphins. B. Méthodologie Le protocole standard de photo-identification était adapté, clair et précis. L utilisation d un GPS enregistrant les coordonnées en continu couplé à un logiciel de collecte des données permet de corréler efficacement les observations avec la position. Les données collectées sont récupérées en un clic à la fin de la journée ce qui représente un gain de temps considérable et réduit considérablement les risques d erreur lors de la bancarisation des données. L absence de feuilles papier en mer est également appréciable et limite les pertes de données. Bien que quelques difficultés aient été rencontrées concernant le chargement des données sur la base de données INTERCET cette plateforme reste un moyen efficace de partage et de comparaison des données entre partenaires. Il pourrait être intéressant de prévenir certaines structures présentes régulièrement en mer dans le secteur d étude (opérateurs whale-watching, parcs nationaux, navettes maritimes, etc.) afin d être avertis d éventuelles observations au cours des missions et pouvoir se rendre sur un groupe. Cela s est avéré efficace lorsque, au cours de la dernière campagne, des gardes du Parc national des Calanques, en patrouille aux alentours du Frioul, ont appelé le GECEM alors qu ils se trouvaient en présence d un groupe de Grands Dauphins. Cette collaboration nous a permis de photo-identifier un groupe de 25 individus. La présence de photographes aguerris à la photo-identification de dauphin a été un plus indéniable dans la qualité des données récoltées. C. Photo-identification Cette étude a permis d alimenter le catalogue du GECEM d un nombre important de nouveaux individus (229) ce qui porte à plus de 600 le nombre total de Grands Dauphins différents identifiés par le GECEM depuis 1991 sur les côtes provençales. La taille des groupes étaient légèrement plus importante en zone GDLE. 40% des groupes rencontrés dans cette zone se nourrissaient derrière un engin de pêche type chalutier, formant des groupes important. Les résultats confirment l importance de la zone Provence Ouest et plus particulièrement des îles d Hyères pour les Grands Dauphins et la fidélité de certains 32

33 individus pour ce secteur. Il faut cependant pondérer cela avec l effort plus important qui a été alloué à cette zone. Les recaptures mettent en lumière des déplacements conséquents de certains dauphins le long des côtes, de plus de 100 km en quelques mois voire semaines. Ces déplacements illustrent l intérêt d une comparaison avec les catalogues des autres structures travaillant sur l espèce dans le Golfe du Lion et en Italie. A l inverse, certains individus montrent des déplacements assez limités. La mise en évidence de 3 naissances fournit une donnée intéressante pour l étude des traits d histoire de vie de l espèce en Méditerranée et montre l importance écologique du secteur provençal pour le Grand Dauphin. D autre part, le fait que 74% des individus n aient été capturés qu une seule fois suggère que certains individus ne fréquentent pas la zone de manière régulière et soutient l idée que certains individus ne feraient que transiter. Ce fort pourcentage montre l importance de continuer le suivi. PERSPECTIVES Les données collectées dans le cadre du projet GDEGeM seront analysées au niveau de 3 grandes régions : Golfe du Lion, Provence et Corse avant de faire l objet d une analyse globale à l échelle du littoral méditerranéen français. Les analyses sont en cours par les coordinateurs régionaux. BIBLIOGRAPHIE Bearzi, G., Fortuna, C., & Reeves, R. R. (2008). Ecology and conservation of common bottlenose dolphins Tursiops truncatus in the Mediterranean Sea. Mammal Review, 39(2), Connor, R.C., Wells, R.J., Mann, J., & Read, A. (2000). The bottlenose dolphin: social relationships in a fission-fusion society. In J. Mann, R. Connor, P Tyack, & H. Whitehead (Eds.), Cetacean societies: Field studies of whales and dolphins (pp ). Chicago, IL: University of Chicago Press. IUCN (2012). Marine mammals and sea turtles of the Mediterranean and Black Seas. Gland, Switzerland and Màlaga, Spain: IUCN. 32p. Montagu, G. (1821). Description of a species of Delphinus, which appears to be new. Memoirs of the Wernerian Natural History Society 3: Natoli, A., Birkun, A., Aguilar, A., Lopez, A., & Hoelzel, A. (2005). Habitat structure and the dispersal of male and female bottlenose dolphins (Tursiops truncatus). Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, 272(1569), ANNEXES Bilan financier Catalogue photo-id (meilleure D et meilleure G pour chaque individu identifié) Photos d illustrations Photo-ID (1 dossier par observation) Tableau de données (1 par campagne) Matrice individus complétée 33