Cire Languedoc Roussillon
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- Sévérine Floriane Archambault
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1 Cire Languedoc Roussillon Etude de la mortalité dans les communes potentiellement exposées à l'activité d'une entreprise de fabrication de mousse polyuréthane. Département de l'aude. Point au 10 juillet /7
2 1. Contexte En septembre 2006, la Cire Languedoc-Roussillon a été saisie par le médecin inspecteur régional du travail et de la main d œuvre dans le cadre du signalement de 3 cas de cancers parmi les travailleurs ou anciens travailleurs d'une entreprise située dans le département de l'aude et spécialisée dans la fabrication de mousse polyuréthane. L'investigation de ce signalement a permis de répertorier 10 cas de cancers parmi les anciens salariés de cette entreprise, dont 5 cancers de l'appareil urinaire (3 cancers de la vessie et 2 cancers du rein). Les conclusions de l'étude suggéraient une possible association entre la survenue des cancers de la vessie et une exposition professionnelle et recommandaient la mise en place d'un suivi médical des anciens travailleurs de cette usine et une information des CHSCT 1 des autres usines du groupe à activité comparable. En 2007, la fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés a saisi le préfet de l Aude en évoquant «de nombreux habitants atteints de cancers aux alentours de l entreprise». Le 6 février 2007, la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (Ddass) de l Aude saisissait la Cire du Languedoc-Roussillon afin d'évaluer l impact éventuel de l activité de l usine sur la santé des riverains du site. Une étude écologique de mortalité était alors proposée. 2. Objectifs L objectif de l étude de mortalité était de mettre en évidence et de quantifier un éventuel excès de mortalité par cancer et pour des pathologies respiratoires non tumorales, au sein de la population d'une zone ayant pu être exposée aux émissions du site industriel, par rapport à une zone non exposée à ces émissions. 3. Méthodes 3.1. Causes de mortalités étudiées L investigation réalisée au sein de la population des anciens travailleurs de l usine suggérait un excès de cancers de la vessie. De plus, deux cancers du rein ont également été recensés parmi les anciens travailleurs de l usine. Plusieurs études font état d'un lien entre la mortalité par cancer du poumon et une exposition professionnelle aux isocyanates parmi les femmes travaillant dans des industries de fabrication de mousse de polyuréthane (1-5). Par ailleurs, les riverains du site ont fait part à la Ddass de leurs inquiétudes concernant les poussières respirées provenant de l usine. Compte tenu de ces éléments et des données de mortalité disponibles, les causes de décès suivantes ont été retenues dans l étude : - tous types de cancers ; - tumeurs malignes du rein et de la vessie ; - tumeurs malignes du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon ; - maladies de l appareil respiratoire. 1 Comité d hygiène, de sécurité et des conditions de travail 2/7
3 3.2. Zones géographiques de l étude La méthode nécessite de définir une zone d intérêt, ayant pu être exposée aux émissions de l usine et une zone de considérée comme non exposée à ces mêmes émissions. La zone d intérêt a été constituée des communes dont le cœur de ville est situé à moins de 2 km de l usine ou d une des trois décharges où des déchets industriels ont été brulés : Espéraza, Campagne sur Aude, Coustaussa, Antugnac, Montazels, Rennes le Château, Couiza, et Fa. La mortalité observée dans la zone d intérêt a été comparée à la mortalité observée dans trois zones de s : - zone 1 : la France métropolitaine ; - zone 2 : la région Languedoc-Roussillon ; - zone 3 : les communes de moins de habitants et les communes rurales de l Aude, hors zone d intérêt et hors communes de la vallée de l Orbiel (où un excès significatif de mortalité tout type de cancer et pour les cancers du système digestif, du poumon et du pharynx, de 1968 à 1994, a été mis en évidence (6)). La définition des zones de 1 et 2 a permis de tester l hypothèse d un excès de mortalité de la population de la zone d intérêt par rapport à la population française et à la population régionale. La définition de la 3 ème zone de a permis de tester l hypothèse d un excès de mortalité de la population de la zone d intérêt par rapport à une population locale et vivant à priori dans des communes de mêmes caractéristiques populationnelles que les communes de la zone d intérêt Période de l étude La fabrication de mousse polyuréthane sur le site industriel a débuté en 1965 pour s achever en Les données de mortalité étaient disponibles à partir de 1968 et jusqu en Afin de tenir compte du délai d apparition des cancers, soit environ 10 ans, la période d étude s étend de 1975 à Méthodes statistiques La mortalité dans la zone d intérêt a été comparée à la mortalité des populations de par le calcul du ratio standardisé de mortalité (SMR). Le SMR est le rapport du nombre de décès observés dans la zone d intérêt sur le nombre de décès qui serait attendu si la mortalité dans la zone d intérêt était identique à celle de la zone de (7). Les nombres de décès attendus ont été calculés en appliquant les taux de mortalité des populations de à la population d intérêt, par tranche d âge de 5 ans, sexe, et année. Pour chaque cause de décès étudiée et zone de, des SMR ont été calculés pour les 3 populations suivantes : population totale, population masculine, population féminine. La mortalité pouvant être liée à la catégorie socio professionnelle (CSP), un modèle mathématique de régression de Poisson a été utilisé afin de comparer la mortalité dans les différentes zones géographiques en prenant en compte le sexe, l âge, et la CSP. 3/7
4 4. Résultats Cette étude n a pas mis en évidence de surmortalité statistiquement significative pour les pathologies étudiées (tous cancers ; cancers du rein et de la vessie ; cancers du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon ; maladies de l appareil respiratoire hors tumeurs) dans la zone d intérêt par rapport à la France métropolitaine et à la région Languedoc Roussillon. Des différences ont été observées lors de la comparaison de la mortalité dans la zone d'intérêt à celle de la zone de locale, zone constituée de communes de petite taille, proche de la zone d'intérêt en terme notamment d'exposition à la pollution liée aux zones urbaines ou périurbaines. Des surmortalités étaient observées chez les hommes uniquement : pour les décès tous cancers confondus ; pour les décès par cancers du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon ; et pour les décès par maladies de l appareil respiratoire hors tumeurs. Aucune de ces différences ne persistait après prise en compte des différences de catégories socio professionnelles entre les deux zones. En effet, la comparaison de la zone d intérêt et de la zone de locale a montré des différences de répartition des catégories socio professionnelles entre ces deux zones, la proportion d ouvriers étant plus importante dans la zone d intérêt au cours de la période 1975 à La différence de mortalité observée entre ces deux zones chez les hommes, pourrait donc être en partie expliquée par un recours aux soins plus tardif dans cette population, des comportements différents notamment vis-à-vis de conduites à risque connues (tabagisme par exemple) (8), ou encore pourrait traduire une exposition liée à l'activité professionnelle. Cette étude, comme toutes les études de mortalité, présente des limites liées aux données sanitaires disponibles. En effet, ce type d étude nécessite que les personnes soient décédées pour être prises en compte dans l analyse. Or, de nombreuses pathologies graves présentent aujourd hui des taux de guérison ou des durées de survie longues. L analyse des données de mortalité réalisée ici ne porte donc que sur les cas les plus graves et les plus anciens ayant conduit à un décès. Les cas de cancer les plus récents, ou ceux ayant les taux de survie et de guérison les plus favorables ne sont pas pris en compte dans cette étude. Enfin, compte tenu des taux de mortalité observés dans la zone de locale, et des effectifs de l étude, un excès annuel moyen de 2,3 décès tous cancers, aurait pu être mis en évidence dans la zone d'intérêt s'il avait existé, pour une puissance statistique de 80 %. Cette valeur était de 1,2 pour les décès par cancers du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon, et de 1,6 pour les décès liés à des maladies de l appareil respiratoire hors tumeurs. En ce qui concerne la mortalité par cancer du rein et de la vessie, en moyenne un décès supplémentaire survenu tous les 2 ans aurait pu être mis en évidence dans cette étude. Les résultats de l'étude montrent qu'aucune surmortalité de ces ordres de grandeur n est observée sur la période étudiée. 5. Conclusion L étude de mortalité ne met pas en évidence de surmortalité statistiquement significative au cours de la période 1975 à 2005, dans la zone d intérêt par rapport à la France métropolitaine, à la région Languedoc Roussillon, et par rapport à une zone de 4/7
5 locale, pour les pathologies étudiées (tous cancers ; cancers du rein et de la vessie ; cancers du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon ; maladies de l appareil respiratoire hors tumeurs). 6. Bibliographie (1) Sorahan T, Pope D. Mortality and cancer morbidity of production workers in the United Kingdom flexible polyurethane foam industry. Br J Ind Med 1993 Jun;50(6): (2) Hagmar L, Welinder H, Mikoczy Z. Cancer incidence and mortality in the Swedish polyurethane foam manufacturing industry. Br J Ind Med 1993 Jun;50(6): (3) Schnorr TM, Steenland K, Egeland GM, Boeniger M, Egilman D. Mortality of workers exposed to toluene diisocyanate in the polyurethane foam industry. Occup Environ Med 1996 Oct;53(10): (4) Sorahan T, Nichols L. Mortality and cancer morbidity of production workers in the UK flexible polyurethane foam industry: updated findings, Occup Environ Med 2002 Nov;59(11): (5) Mikoczy Z, Welinder H, Tinnerberg H, Hagmar L. Cancer incidence and mortality of isocyanate exposed workers from the Swedish polyurethane foam industry: updated findings Occup Environ Med 2004 May;61(5): (6) Dondon MG, de Vathaire F., Quenel P, Frery N. Cancer mortality during the period in a mining area in France. Eur J Cancer Prev 2005 Jun;14(3): (7) Buisson C, Bourgkard E, Goldberg M, et al. Surveillance épidémiologique de la mortalité et investigation d'agrégats spatio-temporels en entreprise : principes généraux et données nécessaires. Institut de Veille Sanitaire / Institut National de Recherche et de Sécurité; (8) Allonier C, Dourgnon P, Rochereau T. Enquête sur la Santé et la Protection Sociale 2006.: Institut de recherche et documentation en économie de la santé; /7
6 7. Annexe 7.1. Ratios standardisés de mortalité Tableau 1 : Ratios standardisés de mortalité tous cancers pour les hommes et les femmes de la zone d intérêt pour la période Ensemble France ,5 0, Région ,0 1, Zone ,8 1, ,408 Hommes France ,8 0, Région ,9 1, ,687 Zone ,9 1, ,211 Femmes France ,6 0, Région ,1 0, Zone ,9 0, Tableau 2 : Ratios standardisés de mortalité par cancers du rein et de la vessie pour les hommes et les femmes de la zone d intérêt pour la période Ensemble France 36 36,6 0, Région 36 39,8 0, Zone ,9 0, Hommes France 23 25,9 0, Région 23 28,9 0, Zone ,3 0, Femmes France 13 10,8 1, ,687 Région 13 10,9 1, ,687 Zone ,6 1, ,687 Tableau 3 : Ratios standardisés de mortalité par cancers du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon pour les hommes et les femmes de la zone d intérêt pour la période Ensemble France ,2 1, ,687 Région ,7 1, ,687 Zone ,9 1, ,211 Hommes France ,7 1, ,687 Région ,4 1, ,687 Zone ,1 1, ,330 Femmes France 18 15,5 1, ,687 Région 18 14,3 1, ,687 Zone ,8 1, ,687 6/7
7 Tableau 4 : Ratios standardisés de mortalité par maladies de l appareil respiratoire (hors tumeurs) pour les hommes et les femmes de la zone d intérêt pour la période Ensemble France ,5 1, ,687 Région ,3 1, ,687 Zone ,2 1, ,211 Hommes France ,2 1, ,687 Région ,4 1, ,687 Zone ,4 1, ,127 Femmes France ,3 1, ,828 Région ,9 1, ,746 Zone ,8 1, ,687 7/7
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