Non à l anglicisation de la seule université de langue française en Outaouais!

Transcription

1 À l attention de la Direction des communications et du recrutement Non à l anglicisation de la seule université de langue française en Outaouais! Mémoire présenté par Jean Roch Villemaire Étudiant de premier cycle Sciences sociales UQO

2 «Le premier instrument du génie d un peuple, c est sa langue.» Stendhal Je souhaite ici donner suite à l invitation de la Direction des communications et du recrutement concernant la consultation sur un projet de politique linguistique en vous communiquant quelques observations et recommandations. Ma première observation porte sur l objectif de cette consultation qui vise l anglicisation de la seule université de langue française en Outaouais. Cette consultation a lieu suite à d intenses pressions à l UQO en faveur d une extension aux trois cycles de l enseignement en anglais et d une anglicisation par la bilinguisation de l institution. L actuel compromis limite les programmes en anglais au deuxième cycle, mais les partisans de l anglicisation ont une visée très large. Alors que les étudiants québécois en Outaouais souffrent d un sousdéveloppement de l offre de cours en français, il faut que l UQO mette toutes ses ressources financières, déjà déficitaires, en faveur du développement de programmes en français plutôt que de se disperser en dédoublant les programmes actuels en anglais. Cela n ajoute rien aux possibilités de choix d études en français, et la région compte déjà suffisamment de programmes en anglais avec l Université d Ottawa et de Carleton. L anglicisation de l UQO représente un enjeu non seulement éducatif mais aussi culturel et économique. L Outaouais connaît en effet un solde net des transferts linguistiques largement favorable à l anglais. Le rôle de l UQO, dans cette situation, doit être de participer au progrès et à la promotion du français dans

3 toutes les sphères de la vie sociale et non de contribuer à son recul et à l assimilation déjà menaçante. Je tiens tout d abord à réaffirmer sans équivoque le caractère français de l État du Québec, de la région de l Outaouais et de la ville de Gatineau. Ce caractère est largement reconnu par les Gatinois et les Québécois eux mêmes, de même que par les étrangers. Mais dans le contexte nord américain qui est le nôtre, on ne peut ignorer que l'envahissement de l'anglais dans le quotidien québécois fait souvent échec au français. C est encore plus le cas dans une région frontalière comme la nôtre. Je ne vise donc pas, dans le cadre de cette consultation, à accorder encore plus de place à l'anglais. L'UQO doit s inspirer de l esprit de la Charte de la langue française d'origine qui affirme que seul le français occupe la place comme langue officielle et nationale partout au Québec. Les institutions d éducation, principaux fiduciaires des valeurs culturelles de tout peuple moderne, doivent jouer le rôle primordial de foyer de la langue française parlée et écrite et de la vie en français, ce par quoi le peuple québécois se caractérise d'abord en Amérique.

4 L UQO doit donc s abstenir de tout bilinguisme institutionnel, mortel pour la langue française au Québec, et doit respecter l esprit de la Charte de la langue française en pratiquant l unilinguisme français dans ses activités. Il y a deux sortes de bilinguisme : l individuel et l institutionnel. Tout le monde conviendra que le premier constitue un atout. Parler deux langues ouvre bien des portes, en parler plusieurs fait des merveilles. Mais qu en est il du bilinguisme institutionnel, celui qui permet, non pas à une, mais à deux langues de servir de moyens de communication publique? Une fois restauré, le bilinguisme institutionnel décuplera l énorme pression culturelle anglaise qui s exerce sur les Québécois. Il ne faut pas se complaire dans sa petitesse, mais il serait imprudent d oublier sa taille. En Outaouais, plus qu'ailleurs au Québec, nous le savons et nous vivons une situation hors du commun avec la proximité de l'ontario. Le bilinguisme affirme implicitement l insuffisance du français devant les exigences de la vie. Toutes les mesures doivent être prises pour que, selon la normalité d un pays non colonisé, l ensemble des immigrants rallient la majorité québécoise au moment de leur transfert linguistique. C est pourquoi je suis d avis que les efforts de recrutement de l UQO devraient être mis non pas à attirer des étudiants anglophones, mais bien à recruter les francophones et allophones en particulier ceux du Québec qui préfèrent pour l instant l Université d Ottawa et de Carleton.

5 On devrait par ailleurs : (Ré?) Affirmer la nécessité d'utiliser la terminologie française partout, en particulier dans l'enseignement professionnel, technique et scientifique; Rappeler au devoir les professeurs et chargés de cours de se préoccuper de la qualité de la langue écrite et parlée des étudiants; L'obligation formelle pour l administration de rappeler périodiquement au personnel l'importance de l'exemple à donner en matière de qualité de langue orale et écrite; L'instauration d'un comité de la langue (à l'instar du comité de francisation des entreprises) destiné à promouvoir la qualité des communications orales ou écrites et à faire respecter la présence généralisée du français dans le quotidien et dans l'ensemble des activités de l'établissement; Etc. On pourrait penser à plusieurs autres mesures. La région a besoin d une université «bien de chez elle». Une université québécoise pour faire contre pied à «l Université canadienne»! C est pourquoi je suis favorable (en général) au projet de politique linguistique adopté par le Conseil d administration de l UQO.