9. TRANSFERT DE CHALEUR PAR RAYONNEMENT.
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- François-Xavier Dubé
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1 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 9. TRANSFERT DE CHALEUR PAR RAYONNEMENT. Tous les corps solides, liquides ou gazeux émettent un rayonnement de nature électromagnétique. Cette émission d énergie représente un flux de chaleur émis par le corps considéré. Ce rayonnement est composé de radiations de longueurs d ondes différentes (0.3 µ m à 00 µ m ) donnant des spectres continus dans le cas des solides et des spectres de bandes pour certains gaz. L intensité dépend de la température du corps. Le vide et la plupart des gaz simples ( O, N, H ) constituent des milieux parfaitement transparents à la propagation de ce rayonnement. Certains gaz composés (en particulier CO, HO,CO, CH ) sont seulement partiellement transparents, car la propagation s accompagne d une diminution de l énergie transportée. Certains liquides et solides (polymères, verres) entrent également dans cette catégorie. Mais la majorité des liquides et solides sont opaques, car ils arrêtent la propagation de tout rayonnement dès leur surfaces. Du point de vue de l émission, on distingue : - le rayonnement de corps opaques provenant de leur seule surface - le rayonnement des corps partiellement transparents qui provient de toute leur masse. Un rayonnement incident φ i, qui arrive sur un corps opaque est en partie réfléchi ( φ r ) et le reste est absorbé sous forme de chaleur au voisinage du lieu de l impact. Comme en optique, la réflexion peut être diffuse, spéculaire ou quelconque. Lorsqu on étudie l équilibre thermique d un système, tout corps doit être considéré de deux points de vue : - comme émetteur, car il envoi toujours un rayonnement lié à sa température (sauf s il est parfaitement transparent). - comme récepteur, car il reçoit des rayonnements émis ou réfléchis et diffusés par les corps qui l entourent. A ce titre, un corps absorbe une partie du rayonnement et en réfléchit le reste, donc le flux de rayonnement provenant d un corps est très souvent la somme du flux émis et du flux réfléchi. La figure 9. montre les rayonnements électromagnétiques ordonnés selon leurs longueurs d onde et selon leurs fréquences. Fig 9. : Rayonnements électromagnétiques ordonnés selon leurs longueurs d onde et selon leurs fréquences.
2 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 9. Le rayonnement de corps opaques 9.. Le corps opaque en tant qu émetteur de rayonnement Définitions a) e : l émittance énergétique ou pouvoir émissif total. L élément de surface ds du corps émet un flux d [ W] φ lié à sa température ( dφ = 0 à 0K). dφ e = ds W / m (9.) e est donc la densité de flux émis par ds dans toutes les directions de l espace. b) L D : luminance dans la direction D. L D est le flux rayonné par unité d angle solide dans la direction D et par unité de surface perpendiculaire à D (figure 9.) Figure 9. Définition de L D L D d φd = ds dω n Wm sr (9.) (Watt par mètre carré de surface normale et par stéradian) c) Loi de Lambert : «La luminance des surfaces dites diffuses est indépendante de la direction D» LD = L (9.3)
3 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 3 C est-à-dire qu on voit ces surfaces avec la même intensité lumineuse quelle que soit la direction d observation. L équation 9. devient donc φ β ω d = LdScos( ) d On peut calculer le flux total d une telle surface en intégrant de ds : d φ D sur le demi-espace au-dessus dφ = espace d φ D En sachant que cos β dw = π et avec l équation 9., on obtient espace dφ = e= π L ds W / m (9.) d) Flux élémentaire dans la direction D. La fraction du flux émise dans la direction D s écrit (en utilisant les équation 9., 9.3 et 9.) e = β ω [ W ] (9.5) π d φd dscos d e étant l émittance de la source. Le flux élémentaire 3 d φ rayonné dans la bande spectrale, + dpermet d écrire D d φ D 3 D = (9.6) 0 d φ d d L émittance monochromatique directionnelle est donc e D 3 d φd = (9.7) ds cos β dωd 9.. Le corps opaque en tant que récepteur de rayonnement a) Eclairement (ou irradiation) L éclairement ϕ est la densité de flux de chaleur «arrivant» sur l unité de surface ds originaire du demi-espace «visible» par cette surface :
4 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement dφ ϕ = ds W / m (9.8) b) Facteur d absorbtion α. dφ α = dφ absorbé α est aussi défini par et D : α, αd, α D. α varie entre 0 et. On appelle corps noir corps pour lequel α D = d où α =. c) Facteur de réflexion ρ. Il est défini de la même manière (corps opaques) dφrefléchi ρ = = α (9.9) dφ 9..3 Les lois du rayonnement thermique (corps noir) a) Emittance monochromatique du corps noir, lois de Planck et de Wien La loi de Planck dit : «L émittance monochromatique du corps noir dépend seulement de et de T». E dφ C = = C ds 5 T e Wm µ m (9.0) où E : e pour un corps noir exprimée en Wm µ m. T est exprimée en Kelvin, et en µ m. C hc C = hc k (k : constante de Boltzmann) 8 = π = (c : vitesse de la lumière, h : constante de Planck) / La figure 9.3 montre des graphes de la fonction 9.0.
5 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 5 Figure 9.3 Emittance d un corps noir La loi de Wien permet d exprimer le fait que les maxima de ces courbes se déplacent : 898 m = [µm] (9.) T b) Emittance totale du corps noir, loi de Stefan Boltzmann. dφ E = = Ed = σt ds 0 W m / (9.) où σ : constante de Stefan Boltzmann = Wm K 8
6 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement Le rayonnement d un corps opaque non noir. Le corps noir est l émetteur idéal. Les corps opaque n émettent qu une fraction de E. a) Facteur d émission monochromatique ε. e ε = (9.3) E b) Facteur d émission totale ε Lorsque dφ e= = e d = ε E d < E d = E ds on peut définir e ε = (9.) E Normalement, ε est une fonction de T. c) Le corps gris Quand ε est constant quelle que soit, on parle d un corps gris. ε = ε = constante (9.5) et, dans ce cas e= ε E d = ε E d = εe 0 0 L émittance du corps gris est donc e = εσt W / m (9.6) d) La loi de Kirchhoff Cette loi établit un rapport entre le coefficient d absorption α et le coefficient d émissionε d une même surface. Soit une surface grise ds à la température T. Cette surface reçoit un flux dφ dont elle absorbe α dφ. Simultanément elle émet un flux dφ = e ds. A l équilibre le bilan est nul : αdφ' εσt ds = 0 (9.7) Si dφ provient d une source noire à la même température, les conditions d équilibre sont satisfaites (échange de chaleur nul) : dφ' = σt ds, donc ασtds εσtds= 0 (9.8)
7 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 7 et α = ε pour les corps gris. Cette loi signifie que quand un corps gris absorbe 30% de l énergie qu il reçoit, simultanément il émet 30% de l énergie qui aurait été émise par un corps noir à la même température. Pour les corps non gris, on obtient avec le même genre d analyse : et, pour des corps noirs α = ε (9.9) e) Facteur d émission et d absorption de corps opaques usuels. Corps non métallique. L hypothèse du corps gris est excellente. α = ε = (9.0) Pour des réfractaires, on prendra ε = 0.8. Pour une plus grande précision, il faut consulter des ouvrages spécialisés. Pour des peinture réfléchissantes, par exemple, on pourra trouver ε = 0.3. Pour le graphite ε. Bien entendu, le facteur d absorption α est égal à ε. - Métaux En toute rigueur, ces corps ne sont pas assimilables à des corps gris car i ε varie fortement avec, i ε dépend de la température i α peut varier avec l angle de rayonnement incident (métaux polis : réflexion spéculaire) iε et α varient avec l état de surface (oxydation, rugosités, etc.) Quelques exemples de valeurs de ε : Fer poli : 0.5 (0 C) à 0.35 (900 C) Fonte oxydée : 0.65 (0 C) à 0.85 (900 C) Aluminium poli : 0.05 Aluminium très oxydé : 0.05 Pour les valeurs de D ε ou ε, la littérature fournit des courbes très irrégulières et très liées à l expérimentation. On peut estimer que l hypothèse ε = α = constante pour chaque surface métallique représente une valeur moyenne acceptable.
8 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 8 9. Rayonnement de corps partiellement transparents Pour ce genre de corps, on doit introduire la transmission τ, le bilan devient α + ρ+ τ = (9.) Quand un rayonnement φ 0 pénètre dans un milieu semi-transparent, il s éteint progressivement par absorption, entre x et x + dx il aura perdu un certain pourcentage de sa valeur en x. Si ce pourcentage est proportionnel à dx, on aura : ρ dφ = Kdx φ( x) α et après intégration ( x) 0 Kx = e (loi de Beer) (9.) φ φ En fait, le problème peut se décomposer en une somme Σ ( x) chaque longueur d onde : φ ( ) φ0 x e φ avec un coefficient K pour K x = (9.3) τ 9.. Les gaz comme récepteurs de rayonnement Une couche gazeuse d épaisseur L absorbera donc (à ne pas confondre avec L la luminance): KL φabs = φ0 φl = φ 0 e = φ0 αl (9.) KL α L = e est donc le coefficient d absorption de la couche L. Le facteur de transmission sera donc : KL τ = e = α (9.5) 9.. Les gaz comme émetteurs de rayonnement L extension de la loi de Kirchhoff pour les gaz d épaisseur L s écrit L L ε L = α = K (9.6) L L e Les gaz ne sont pas des corps gris : ε L α L. En effet, ε L dépend de la température du gaz, alors que α dépend de la température du rayonnement absorbé. L
9 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement Coefficients d émission et d absorption du gaz carbonique et de la vapeur d eau. Les gaz CO et HO(vapeur d eau) sont présents en grandes quantités dans les gaz de combustion. Leurs rayonnements est parfois essentiel dans les échanges de chaleur entre les flammes ou les gaz chauds et les charges à réchauffer (à l inverse, l air est transparent au rayonnement). Les bandes l absorption et d émission principales de ces gaz sont les suivantes : µ m [ ] CO HO.36 à à.8.5 à 6.5. à à 8.5 à 5 Les diagrammes des figures 9. et 9.5 donne ε en fonction de T g (température du gaz) pour ( atm) différentes valeurs du produit de la pression partielle Ppar et l épaisseur L du gaz. Si la pression totale P t est différente de atm on effectuera une correction en multipliant ε par un facteur de correction C. Les courbes des figures 9. et 9.5 peuvent aussi fournir α pour un rayonnement incident provenant d une source extérieure à la température de rayonnement T R : - si T g > T R, α = ε ' dans les courbes - si T g < T R, on pose ( PL) = PL TR / Tg et on lit ε ' pour le couple ( PL e ) ; puis on calcule α par 0.65 α = ε '( T / T ) (9.7) La même correction que dans le cas de ε. g R Si on a de la vapeur d eau, on peut corriger les valeurs en fonction de partielle de vapeur d eau). Pe + Pt ( Pe : pression En cas de mélange de HOet de CO, on peut corriger les résultats qui se contentent de faire la somme des valeurs en utilisant la figure 9.6 ( PC : pression partielle du CO ). Donc ε = ε + ε ε (9.8) CO HO α = α + α α (9.9) CO HO Certains gaz peuvent véhiculer des particules solides (suies, etc.). Dans ce cas leurs facteurs d émission et d absorption sont totalement modifiés. Les valeurs correspondantes ne peuvent être approchées que par l expérimentation.
10 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 0 Fig. 9. : CO
11 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement Fig 9.5 H O Fig. 9.6 (Fig 9., 9.5 et 9.6 : Thermique théorique et pratique à l usage de l ingénieur, Bernard Eyglunent).
12 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 9.3 Calcul des échanges de chaleur par rayonnement. En général, dans un cas réel, plusieurs corps sont placés en interaction mutuelle. Chaque corps émet du rayonnement dans toutes les directions de l espace et reçoit un rayonnement complexe qui est la résultante des émissions directes des corps qui l entourent et d un grand nombre de réflexions. Donc, dans la pratique, le problème est de calculer le résultat net des échanges par rayonnement entre tous les corps présent. Dans la plupart des cas, le calcul exact des échanges est matériellement impossible. On a donc été amené à étudier certains cas simples pour lesquels le calcul des échanges entre les corps est possible. Une première approximation consiste à assimiler tous les corps solides rencontrés à des corps gris : La grande difficulté réside dans la «réduction» d un cas réel à un cas connu : c est ce que l on appelle la modélisation du problème Echanges par rayonnement entre deux surfaces noires opaques, séparées par un milieu parfaitement transparent. Figure 9.7 Echanges par rayonnement entre deux surfaces. L équation 9.5 décrit le flux total d φ émis par un élément de surface ds d un corps noir dans l angle solide dω (direction D). Soit un deuxième corps noir dont l élément de surface ds intercepte le rayonnement émis par dω. Alors dscos β dω = ( d = MM) (9.30) d donc σt dscos βds cos β d φ = (9.3) π d Lorsque le corps numéro est un corps noir, ce flux est totalement absorbé. Simultanément, ds (à la températuret ) émet en direction de ds :
13 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 3 qui est aussi totalement absorbé par ds Le bilan de l échange est d σt ds cos β ds cos β = (9.3) π d φ d φ = d φ d φ (9.33) dscos βdscos β dφ = σ ( T T ) (9.3) π d Le flux total échangé entre S et S sera obtenu par une double intégration de d φ : ds cos β ds cos β φ = σ (9.35) ( T T ) π d SS Dans le cas de deux plaques parallèles infinies noires l équation (9.35) devient : ( ) φ = σ T T S ( S = S ) (9.36) Par analogie, le flux échangé entre deux surfaces noires s écrit σ ( ) ( ) φ = T T S F = σ T T S F (9.37) avec SF ds cos β ds cos β = SF = (9.38) π d SS F et Fsont des quantités purement géométriques et sans dimensions : F : facteur d angle sous lequel S voit S F : facteur d angle sous lequel S voit S Ainsi, le problème du calcul des échanges se réduit uniquement au calcul de ces facteurs d angle. Dans la littérature spécialisée, il existe plusieurs exemples pour de calcul de F Echanges par rayonnement entre deux surfaces grises opaques séparées par un milieu parfaitement transparent. Si ϕ = εσ T est le flux par unité de surface émis par S il sera partiellement absorbé par S, le flux réfléchi étant à son tour partiellement absorbé par S et ainsi de suite (voir figure 9.8).
14 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement Il faut donc calculer la fraction du flux ϕ absorbé par S : G = Σ colonne gauche G = ε( ε) ϕ + ( ε)( ε) + ( ε) ( ε) +... ε( ε) = ϕ (9.39) ε ε ( )( ) et la fraction de flux ϕ absorbé par S : D = Σ colonne droite : D = ε ϕ ε ε (9.0) ( )( ) Figure 9.8 Echanges par rayonnement entre deux surfaces grises. Réciproquement, pour le flux ϕ, les quantités G et D sont définies de manière analogue : G =fraction du flux ϕ absorbe par S : G = ε ϕ (9.) ( ε )( ε ) Au total S a émis ϕ et absorbé G+ G, le flux de chaleur ϕ échangé avec S est donc le résultat du bilan : ϕ = ϕ G + G (9.) ( )
15 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 5 ou φ εε ϕ = = σ ( T T ) S ( ε)( ε) W / m (9.3) On peut trouver le même résultat avec ϕ ( D D ) = + ϕ Il existe aussi une autre méthode de calcul basée sur l éclairement (cf. 9. et voir figure 9.9) Figure 9.9 On appelle radiosité J la somme du flux ϕe émis par la surface S et de l ensemble ϕr des flux réfléchis sur la surface S J = ϕ + ϕ e r W / m (9.) où ϕ = εσt e r ( ε ) ϕ = E (E : éclairement) La figure 9.0 montre la situation des deux surfaces. ϕ (-e )J } J ε J εj J } (-e )J ϕ S S Figure 9.0
16 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 6 Pour S on a ϕ = ϕ = εσt (9.5) e r ( ε ) ϕ = J (9.6) J constitue l éclairement de S, J constitue l éclairement de S. Donc J = ϕ+ J( ε) J = ϕ + J ε (9.7) L expression finale des éclairements est : ( ) J + ( ) ( ε )( ε ) ϕ ε ϕ = et J + ( ) ( ε )( ε ) ϕ ε ϕ = (9.8) Le flux ϕ s écrit : ε ε ϕ = J J = σ T T ( ) ( ε)( ε) (9.9) En particulier, si une des surfaces est noire (par exemple, la surface dans un four, ε, T ) rayonnant dans un grand hâle( ε =, Ta ), on obtient ϕ = ε σ T T (9.50) ( ) a Exemples - Deux surfaces grises (de dimensions finies) fermant tout l espace Remarque: Si les deux surfaces S et S sont vis-à-vis comme sur la figure 9. a), il faudrait considérer une surface S 3 fictive, qui formerait avec S et S une enceinte. S 3 contribuerait alors à l ensemble des échanges de chaleur, comme nous le verrons au paragraphe Ce que nous disons ci-dessous ne correspond qu au cas de la figure 9. b), où l espace est totalement fermé par S et S. Figure 9. (a) (b)
17 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 7 Reprenons la méthode des radiosités (éclairement) dans ce cas. Le calcul s applique au cas de la figure 9. Figure 9. J (radiosité de S ), flux total quittant S se compose du: flux ϕ émis par S flux ϕ r réfléchi par S (ce dernier dans le cas où S est concave, provient partiellement de S elle-même et de S ). Le flux total (en watts) quittant S s écrit donc: S J = S ϕ + ( - ε ) [F S J + F S J ] et comme F S = F S On obtient: J = ϕ + ( - ε ) [F J + F J ] de même: J = ϕ + ( - ε ) [F J + F J ] (9.9) Remarquons que la deuxième équation s obtient par permutation des indices et de la première. L ensemble 9.9 de équations du er degré à deux inconnues fournit J et J (expressions assez volumineuses et de peu d intérêt ici). Une fois les radiosités J et J connues, on calcule le flux échangé entre S et S par: φ = F S J - F S J = F S (J - J ) (9.50) On trouve: Φ εε = σ S S F ε ( ε ) + ε ε S F ( T T ) (W/m ) (9.5) Exemples: S = plan S = cavité de forme quelconque
18 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 8 S = solide convexe S = solide concave entourant complètement S (ex: deux cylindres, deux sphères, etc...) Plans parallèles infinis Tous ces cas particuliers sont du ressort de la formule 9.5 avec F = 0 et F =. Pour les plans infinis on a bien sûr S /S =. Ces derniers calculs sont applicables quels que soient S et S pourvu que S ferme totalement l espace vu par S et que S soit convexe. On notera que si la surface extérieure S est noire (ε = ) ou très grande (S /S 0), l expression (9.5) se réduit à: φ = ε S σ (T - T ) (W) (9.5) Cela revient à dire que si un petit corps est placé dans une grande enceinte, cette dernière se comporte comme une surface noire Echanges par rayonnement entre une surface grise et plusieurs surfaces grises opaques formant une enceinte fermée. C est l extension du cas précédant au cas où la surface S est soumise au rayonnement de plusieurs surfaces différentes (p.ex. le sol d un four avec les différentes parois). - Trois surfaces planes Pour simplifier, traitons d abord le cas d une enceinte triangulaire (fig. 9.3). Figure 9.3 Enceinte triangulaire L extension des formules des paragraphe 9.3. est immédiate: J = ϕ + ( - ε ) [F J + F 3 J 3 ] J = ϕ + ( - ε ) [F J + F 3 J 3 ] (9.53) J 3 = ϕ 3 + ( - ε 3 ) [F 3 J + F 3 J ] On obtient un système de 3 équations à trois inconnues qui fournit J, J et J 3.
19 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 9 Les flux échangés par S se calculent alors par: φ = F S (J - J ) φ 3 = F 3 S (J - J 3 ) (9.5) φ,3 = S (J - F J - F 3 J 3 ) = φ + φ 3 Les autres s obtiennent, par permutation des indices. -Trois surfaces concaves On écrira: J = ϕ + ( - ε ) [F J + F J + F 3 J 3 ] (9.55) etc... et on développera des calculs semblables à n surfaces concaves: C est le cas le plus général J = ϕ + ( ε ) n FJ i i i ij i j= ( ) ij ij i i j (pour i = à n) ce qui donne n équations à n inconnues, et Φ = FS J J (9.56) Quelques exemples: a) Deux surfaces plans en vis à vis dans le vide. (fig.9.). S 3 représente ici le vide, caractérisé par: T 3 = 0 (degré K) ε 3 = (corps noir) De plus, F = F = 0 Figure 9. Calcul des radiosités: J = ϕ + ( - ε ) [F J + F 3 J 3 ] J = ϕ + ( - ε ) [F J + F 3 J 3 ] J 3 = ϕ 3 + ( - ε 3 ) [F 3 J + F 3 J ] = 0 soit, ici J = ε σ T + ( - ε ) F J et J = ε σ T + ( - ε ) F J
20 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 0 d où J + ( ) ( ε )( ε ) εσ T ε Fεσ T = et F F J + ( ) ( ε )( ε ) εσ T ε Fεσ T = (9.57) F F Calcul des flux: ( ) Φ = F S J J Φ = FS ( ) ( ) ( ε )( ε ) F F ε F εσt ε F ε σt (9.58) et Φ = S ( J F J F J ),3 3 3 etc... On remarque que si T = T, on obtient φ 0, ce qui peut surprendre et paraître contraire au «deuxième principe». Ce résultat est cependant exact. φ serait égal à zéro si T = T = T 3. En revanche, si T = T, ε = ε et F = F, le problème devient symétrique (deux plaques identiques vis à vis) et φ = 0. Exemple: P = plan infini S = surface finie F = F = S /S 0 Le calcul des radiosités se réduit à: J = ε σ T + ( - ε ) J J = ε σ T et φ = S (J - J ) = ε S σ (T - ε T ). b) Deux surfaces planes en vis à vis dans une pièce à la température ambiante. C est le même jeu d équations que dans l exemple a), mais avec: T K ε 3 = Ici, J 3 0 et le calcul des radiosités fait intervenir les trois équations (9.53)
21 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement c) Deux faces d un cube rayonnant entre elles dans le vide,les autres faces étant absentes (fig 9.5). Figure 9.5 Deux faces d un cube L application de la formule de l'annexe "facteur d'angle": F = Arctg Arctg π + ( ) ( Ln ) 3 0. = F J = ϕ + ( - 0.5) x 0. J = ϕ + 0. J J = ϕ + ( - 0.8) x 0. J = ϕ J avec ϕ = ε σ T Soit ϕ+ 0. ϕ J = et ϕ = ε σ T ϕ ϕ et J = (9.59) d où φ = F S [J - J ] et Φ a 096. ϕ 09. ϕ σT 0. σt = 0. = [W/m ] (9.60) d) Un thermocouple devant une paroi infinie (fig. 9.6) Le thermocouple est représenté par la sphère S (ε, T ). Le plan P (ε, T ) occupe la moitié de l espace visible par la surface S. Donc: F = ½ et F = 0. Mais S échange aussi avec l espace E 3 (T 3 = 0, ε 3 = ) d où provient le flux ϕ 3 = 0 (si on est dans le vide). D où: F 3 = ½ et J 3 = 0. Figure 9.6 Les équations de radiosités deviennent: J = ϕ ( - ε ) ½ J
22 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement d où: J = ϕ ( ε ) J = ϕ+ ϕ + ε Φ = S J J = S ϕ ϕ 3 ( 3 ) ε Φ = S J J = S ϕ ϕ + et ( ) La température d équilibre du thermocouple sera telle que le flux total échangé φ + φ 3 soit nul, ce qui donne: ϕ - ε ϕ = 0 (9.6) et T = ε T (9.6) Cette température lue dépend bien sûr de ε, mais pas de l émissivité ε du thermocouple. Si ε =, cela donne: T = T / Notons que si le thermocouple avait été représenté par une petite surface S, parallèle à P, le résultat aurait été strictement identique (de même que pour S quelconque). Ce calcul explique pourquoi la lecture d un thermocouple «posé» sur une surface est fausse. e) Un thermocouple entre deux plans (fig. 9.7) Représentons le thermocouple par une petite surface S irradiée d un côté (S /) par P et de l autre (S /) par P 3. On a: F = F 3 = ½ F 3 = F 3 = F = F 3 = 0 Figure 9.7
23 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 3 et d où ( ε) ( ) J = ϕ + J + J J = ϕ + J J 3 ( ε ) ( ε ) 3 = ϕ + J ( J + J ) 3 Φ,3 = S J = 0 à l équilibre, J + J3 J = ce qui peut paraître évident; ε ϕ+ J + J3 = J + J3 ε ϕ = 3 J + J ϕ + ( ε) ϕ3 ϕ3 + ( ε3) ϕ J = et J3 = ε ε ε ε donc ( ) ( ) ou ( ) et avec ( )( ) 3 ( )( ) 3 on trouve ( ) ( ε )( ε ) ϕ + ϕ3 εϕ3+ ε3ϕ ϕ = ε 3 En remplaçant ϕ, ϕ et ϕ 3 par leurs valeurs, ϕ = ε σt, ϕ = ε σt, ϕ 3 = ε 3 σt 3, on arrive à: T ε ε ε T + ε T T + T = ( ε )( ε ) ( ) (9.63) C est la température d équilibre du thermocouple. Si les deux plans sont à la même température (T = T 3 ), on obtient T = T = T 3 quels que soient ε et ε. On comprend qu un tel calcul peut être facilement étendu au cas d une enceinte parallélépipède (6 faces différentes) Echanges par rayonnement entre deux surfaces grises opaques séparées par un milieu semi-transparent. Cet exemple est de grande importance pratique puisque c est le cas de l échange entre un gaz rayonnant chauds et les parois du four qui le contient. C est aussi malheureusement un des plus difficiles et nous nous bornerons à quelques exemples de résultats à titre indicatif.
24 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement - Echange entre une paroi et un gaz (fig. 9.8) Figure 9.8 Echange entre une paroi et un gaz ) Paroi noire: On écrit que le flux émis par le gaz (ε gg calculé à la température Tg) moins le flux absorbé par le gaz (α gp calculé à la température Tp) est égal au flux échangé avec la paroi: ϕ = σ ε T α T gp gg g gp p [W/m ] (9.6) Pour le calcul de ε gg et α gp, se reporter au paragraphe 3 ) Paroi grise (ε p ): pg p p gg g ( ) T T ϕ = α ε ε σ α ε σ gp gg p gg g gp p p ϕ = ε σ T ε T (9.65) - Echange entre deux parois parallèles infinies séparées par un gaz (fig. 9.9) Figure 9.9 Parois parallèles séparées par un gaz Quelques formules sont calculables dans les cas les plus simples: [α gi calculé à la température Ti] ) Deux parois noires: ϕ = σ [ε gg T g + ( - α g ) T - T ] reçu par P ϕ = σ [ε gg T g + ( - α g ) T - T ] reçu par P [W/m ] (9.66) ϕ 3 = σ [ ε gg T g - α g T - α g T ] cédé par le gaz.
25 Phénomènes de transfert 9. Rayonnement 5 On a bien: ϕ g = ϕ + ϕ. ) Deux parois grises et gaz gris: (On suppose α g = ε g ) Si on pose: On a: E = flux total arrivant sur P (éclairement), par unité de surface J = flux total quittant P (radiosité) E = flux total arrivant sur P J = flux total quittant P E = (-ε g ) J + ε g σ T g J = (-ε ) E + ε σ T E = (-ε g ) J + ε g σ T g J = (-ε ) E + ε σ T [W/m ] (9.67) Le flux échangé par P avec P et avec le gaz est: ϕ = J - E. On trouve, en séparant la contribution de T et celle de Tg: ( g)( T T ) + ( )( ) g + g ( T Tg ) ( εg ) ( ε)( ε) ε ε ε ε ε ϕ = εσ (9.68) Pour T g = T = T, on retrouve ϕ = 0 Pour T g = T, on a ( εg ) ( ε ) ( T T ) ( εg ) ( ε)( ε) ϕ = εσ et si ε =, on retrouve ϕ = ε σ (T - T ) corps noir). (Flux échangé entre un corps gris et un Pour obtenir ϕ, il suffit d intervertir les indices et. On constate que ϕ -ϕ. Le flux échangé par le gaz avec P et P est ϕ g = ϕ + ϕ : ( g)( ) ( T Tg ) ( g)( ) ( T Tg ) ( εg ) ( ε)( ε) ε + ε ε + ε + ε ε ϕ = ε σ g g
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