Pauillac le 21/03/2012

Transcription

1 Pauillac le 21/03/2012

2 Les enjeux de la dictée à l adulte Laurence LENTIN: «Un passage obligé dans l apprentissage du Lire/ Ecrire» Mireille BRIGAUDIOT: «Ecrire c est prévoir : se représenter son destinataire, ce qu on veut lui dire, et pour quoi faire» «Ecrire c est inscrire ce texte sur un papier pour le conserver et le rendre séparable de son producteur» «Ecrire c est énoncer de l écrit et le retravailler au fur et à mesure qu on l écrit ou après s être relu.» «Ecrire c est organiser ce que l on a à dire : choisir par où commencer, choisir un ordre, décider comment on va finir» Ces deux dernières procédures concernent plus particulièrement la Dictée à l adulte

3 1. La dictée à l adulte: définitions Il convient de distinguer la dictée à l adulte de deux situations ou types d activités qu on peut fréquemment rencontrer dans les classes: le maître note les propos des enfants pour les figer (par exemple sous son dessin) Le maître met en forme un texte produit par les élèves, de manière manuscrite ou à l aide des TUIC La dictée à l adulte correspond à des exigences pédagogiques, fait appel à des compétences antérieures et mobilisent des savoirs précis pour en construire de nouvelles.

4 «La dictée à l adulte est un moyen de faire produire des textes à des enfants qui ne savent pas encore écrire seuls. Elle doit permettre aux élèves de comprendre que le langage que l on produit peut s écrire, s il obéit à certaines contraintes. Elle rend visible le passage de l oral vers l écrit quand l adulte aide à franchir ce passage en interagissant avec celui qui dicte, en l aidant à reformuler, en relisant.»:le langage à la maternelle Scéren CNDP CRDP «Il s agit de gérer, en interaction, la production et la mise en forme d un texte, en déchargeant l élève de tout le travail de transcription graphique»:inspection Académique de la Corrèze Groupe départemental «L enfant et l adulte interagissent pour énoncer de l écrit, l un pensant/parlant, l autre écrivant, lisant et relisant à haute voix»:laurence Lentin

5 Des invariants: Il s agit d alléger la tâche de l enfant qui est au début de l écriture ou d être son secrétaire pour les enfants les plus jeunes. Au départ, il s agit d un énoncé oral. Cet énoncé oral va devenir un écrit. Pour cela il y a interaction entre l adulte et l enfant qui ont des tâches différentes: L enfant pense, dit, redit, observe le geste de l écriture, valide. L adulte écoute, écrit, lit, reformule, relit.

6 2. Dans les programmes Quelles sont les compétences visées dans la dictée à l adulte?

7 3. La dictée à l adulte à l école : pourquoi? Comment? a) Les pré-requis: compétences essentielles à développer chez les élèves avant de leur proposer la dictée à l adulte L élève doit maitriser le langage oral de récit et être capable de comprendre des textes lus par l adulte. Ainsi il peut se rappeler un oral bien connu et pourra le réutiliser. Ces compétences doivent être travaillées dès la petite section: En langage oral: *rappeler un récit oralement bien connu *raconter un récit d expérience vécue *discuter quelques minutes avec quelqu un en restant dans le propos de l échange *être compris par un interlocuteur autre que ses proches

8 En langage écrit: *avoir de nombreuses expériences de réception d écrit pour comprendre un récit lu par le maître ou en faire un rappel cohérent. Une fois ces compétences maitrisées, l enseignant pourra mettre l élève en situation de dictée à l adulte. Avec ce dispositif, il permet à l élève de développer de nouvelles compétences essentielles pour entrer dans l écrit: *se construire une première représentation de l acte d écrire *être capable de maitriser la langue de l écrit: «on n écrit pas comme on parle» *repérer la spécificité de l écrit: permanence de l écrit, découverte de la nature de l écrit.

9 b) Les étapes de la dictée à l adulte: Un temps pour dire: à l oral, il s agit de construire le canevas de ce qu on va écrire. Cette activité langagière va clarifier le projet d écriture. Il est indispensable de dire aux élèves ce qu on va faire, quelle forme cela prendra et à qui on destinera cette production. Ils ne donneront pas de sens à la tâche que leur proposera le maître s'il leur manque ces informations. Cette trame peut servir de brouillon pour se souvenir de ce qu on va écrire, pour se rappeler du projet d écriture, qui ne bougera plus. Un temps pour écrire sous dictée: le maître aide les enfants à énoncer en sollicitant des reformulations. Un temps pour relire: oralement, l adulte verbalise ce qu il vient d écrire et relit aussi le début Un temps de correction: le maître intervient pour susciter des reformulations acceptables. Il les respecte et n écrit pas d énoncés impossibles. Un temps de validation: l adulte relit intégralement le texte élaboré dans l interaction, l enfant retrouve l intégralité de ce qu il a dit et a encore la possibilité de modifier le texte pour en parfaire la cohésion.

10 c) Les principes pédagogiques à respecter: rôle de l enseignant. Ce qu il convient de faire: *communiquer le projet d écriture aux élèves *éclaire l enfant sur les différentes étapes de l écriture *nourrir les représentations sur l acte d écrire : montrer comment on écrit *faire découvrir à l enfant les spécificités linguistiques du langage écrit Le maître a un triple rôle:.scribe.premier récepteur du texte: il relève les ambiguïtés.soutien des enfants Ce qu il faut éviter: *se lancer dans l activité sans l expliquer *faire comme si tout allait de soi *être un magnétophone à plume et un correcteur automatique

11 Comment aider, soutenir, remédier, corriger? Manifester l écart de vitesse entre énoncé oral et écriture Manifester l écart entre langue de l oral et langue de l écrit; il est important que l enseignant change de posture et de positionnement (face aux élèves ou face à la feuille) lorsque le groupe est en langage oral ou quand il devient scripteur (dans l écrit) Dire ce qu il écrit mot après mot et pas syllabe par syllabe (permet de favoriser le repérage de la segmentation de la chaine écrite) Signaler les ambiguïtés et solliciter des éclaircissements Engager un effort de reformulation Proposer certaines corrections (ce que l enfant ne sait pas). Certaines corrections sont indispensables : les mots déformés, les erreurs de syntaxe (pluriel ou conjugaison) Relecture fréquente en cours d activité

12 Le rôle de la relecture? Pour Rébrard «la relecture abondante par le maître au cours du travail est d une importance capitale. Elle seule permet à l enfant de prendre conscience de son énonciation et de la maitriser» Cette relecture permet aussi d acquérir une représentation de l acte de lire mais aussi d acquérir, ou du moins de prendre conscience des réflexes que chaque lecteur scripteur doit développer (se relire, corriger..) Par la relecture, l enfant peut prendre conscience du caractère permanent de ce qui est écrit. La relecture finale permet de repérer des éléments manquants ou inappropriés ou de vérifier que le texte est complet. Elle peut aider l enfant à saisir que ce qui peut se dire peut s écrire (en respectant des codes d écriture) et que ce qui a été écrit peut être verbalisé autant de fois souhaitées par la lecture.

13 d. Les modalités d organisation Dictée individuelle Dictée en petit groupe homogène Dictée en petit groupe hétérogène Intérêts *Tous les enfants osent s engager *Pas d écoute mutuelle: que des compétences en langage *Aide personnalisée *Evaluation individuelle *sollicitation intensive *écoute mutuelle *remédiation ou prévention des difficultés *ajuster les besoins réels de certains enfants (ceux qui vont vite) *Aide personnalisée *Progrès individuels *bien adaptée pour les élèves en difficultés ou les premières fois pour faire comprendre le sens de l activité *situation d initiation : comprendre ce qu il va faire, ce qu on attend de lui, ce qu il va apprendre *mobiliser personnellement des compétences *reprendre à son compte des formulations des plus habiles Limites *Peu adaptée pour les premières fois ou ceux qui n ont pas compris en quoi consiste cette activité *Peu productive pour ceux qui ne font pas la différence entre LO et LE *Peu adaptée pour les premières fois ou ceux qui n ont pas compris en quoi consiste cette activité *Production pauvre ou téléguidée par l adulte (les + faibles) *absence de stimulation par des enfants moteurs *monopolisation de la parole par les grands parleurs

14 L enseignant veille à l authenticité des situations et des projets d écriture: il doit y avoir un véritable destinataire, un véritable message. Une régularité de l activité est indispensable. D autres conditions à mettre en œuvre: Dictée individuelle *maître et élève côte à côte *feuille dans le bon sens: organisation spatio-temporelle propre à l écrit *qualité de la calligraphie *durée: autour de 5 minutes *En GS: au moins 1 fois par quinzaines(2 phrases) Dictée en groupe *1/4 de l effectif *lieu favorable à la concentration *accès aux référents utiles *enfants installés face à la grande feuille verticale *visibilité de l acte d écriture *durée: autour de 20 minutes Propositions d organisation des activités:

15 Organisation de la semaine pour la DAI Organisation de la semaine pour la DAG

16 e. Quelle progressivité? Quels progrès chez les élèves? PS: les enfants voient écrire: le maître produit le langage écrit MS: dicter des messages et des récits simples GS: dicter des textes plus longs MS/GS *prend conscience de la différence entre langue de l oral et langue de l écrit: son énonciation se transforme *intérêt pour l écrit *capable de dicter(groupe de mots puis mot par mot) *Repérer ce qui manque pour que le récepteur comprenne son message GS/CP *percevoir les ambigüités et proposer des solutions pour y remédier *capable d utiliser des connecteurs logiques ou chronologiques qu il a déjà rencontrés ou d opérer un choix parmi les solutions proposées par le maître *première maitrise intuitive de l usage des temps verbaux

17 f. Quelles situations d écriture? Où les conserver? DAI *des légendes de photos, d images, de dessins *les observations en sciences *narration d évènements personnels *résumés des histoires préférées *description de héros *invention individuelle d histoires *invention de devinettes DAG *mini documentaires (plantations, élevages) *narrations sorties, évènements *annonces de nouvelles ou de projets *rédaction de recettes, de fiches techniques *hypothèses à partir d albums *résumés des histoires lues ensemble *description de héros *invention collective de longues histoires par épisode *Correspondance scolaire Dans: Des cahiers de vie Le cahier d expérience ou de DDM Le cahier d écriture ou de production d écrit Le carnet de lecture Les petits albums Les supports numériques: enregistrements audio(gestion autonome), usage des TICE

18 Bibliographie: *Inspection Académique de la Corrèze. Groupe départemental»ecole maternelle»10/2009 *Stage Prog 10/2004 N. Ancian/ C.Beissier/ M. Boursier M.Chabal/ C. Laurent / C. Prost *Julien HEURDIER Université de la Sorbonne «Production d écrit en dictée à l adulte» *Le langage à l école Maternelle Scéren CNDP CRDP